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Teke (peuple)

Les Teke — ou TĂ©kĂ©[5] — sont des Bantous d'Afrique centrale rĂ©partis, pour l'essentiel de leur population, au sud, au nord et centre de la rĂ©publique du Congo, mais aussi Ă  l'ouest de la rĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, et, minoritairement, au sud-est du Gabon. Le terme bateke dĂ©signe « le peuple des Teke », le prĂ©fixe ba Ă©tant le signe du pluriel.

Teke
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Le Makoko[1] de Brazzaville, assis sur une peau de panthĂšre, et ses proches, vers 1898.
Populations importantes par région
Drapeau de la rĂ©publique dĂ©mocratique du Congo RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo 2 836 593, soit 2,7% de 105 059 000 habitants[2]
Drapeau de la rĂ©publique du Congo RĂ©publique du Congo 937 325, soit 16,9% de 5 546 307 habitants[3]
Drapeau du Gabon Gabon 161 502, soit 6,9 % de 2 340 613 habitants[4]
Population totale 3 935 420
Autres
Langues Langues teke
Ethnies liées Kongos, Yakas, Sukus, Akanigui, Ndumu, Obamba, Humbu

Ethnonymes

Selon les sources et le contexte, on observe de multiples variantes (cf. polyonymie) : Anzicana, Anzichi, Anzicho, Anzika, Anzique, Ateo, Baketi, Bateke, Ba-Teke, Batéké, Mbéti, Tege, Atege, Tégué, Téké, Téo, Téré, Atéré, Otéré, Tio, Tsio, Tyo[6], Manjolo (au Brésil)[7].

Les TĂ©kĂ©s Ă©taient autrefois connus sous le nom d'« Anzico »[8]. Ce nom apparaĂźt en 1535 dans les titres revendiquĂ©s par Alphonse Ier du Kongo[9]. Le terme serait une dĂ©signation pĂ©jorative employĂ©e par les Bakongos et signifiant « petits »[8], en rĂ©fĂ©rence aux PygmĂ©es auxquels les Teke se sont mĂȘlĂ©s en se rĂ©pandant sur l'ancien territoire de ceux-lĂ . De nombreuses autres hypothĂšses sur l'Ă©tymologie d'Anzico ont Ă©tĂ© Ă©mises par divers auteurs sans ĂȘtre plus satisfaisantes.

Ils sont souvent appelĂ©s aujourd'hui « TĂ©kĂ© » (« BatĂ©kĂ© » en kikongo) ou « Teke » selon l’orthographe africaniste. D'une façon comparable Ă  l'ethnonyme « Dioula » en CĂŽte d'Ivoire, le terme signifie ou a pris en kituba la signification de « commerçants ».

Groupes TĂ©kĂ© : Aboma, Akaniki, Foumou, Houm ou Woum, KĂŒkĂŒa (kukuya) ou Koukouya, Lali, Mfinou, Ndzikou, Ndzinzali, Ngoungoulou, NguenguĂ©,TĂ©guĂ©, TiĂ©, Tsayi (Tsaayi), Tswar. Il faut noter que les graphies peuvent varier beaucoup d'un conquĂ©rant occidental Ă  l'autre, et ensuite avec les distinctions Ă©rudites[10].

Langues

Ils parlent les langues teke[11], qui sont des langues bantoues.

On peut distinguer une quinzaine de dialectes teke mutuellement intercomprĂ©hensibles[12] : ibali (sur la rive droite du fleuve Congo), ifuumu (Brazzaville nord), iwuumu (nord-ouest de Brazzaville, Pool), ilaali (Bouenza), iyaa (situĂ© entre les langues Beembe et le Ilaali de la rĂ©gion de LĂ©koumou), etsyee, gecaayi ou tsaayi (district de Bambama. En fait on les trouve Ă  Mossendjo), ityoo (KingouĂ© et Kindamba), iboĂŽ (Boma, Plateaux), inzinzyu (ou nzikou de Djambala), kikĂŒwĂ€ (koukouya du district de LĂ©kana, Plateaux), engungwel (ngangoulou du district de Gamboma, Plateaux), keteye (Teke-Kaki et Njinjini), keteye, ngu ngwoni (Brazzaville sud), nci ncege (Baboma ou MbĂŽ, Djambala sur l’axe Abala-Djambala), tee (Boundji, Ewo et Okoyo, Abala). Ces derniers sont les Teke-Alima (de part et d’autre de l’Alima).

Populations

Les TĂ©kĂ© sont minoritaires au Gabon, 54 000 se trouvent dans la rĂ©gion de la province du Haut-OgoouĂ©, qui constitue leur fief. Feu le prĂ©sident Omar Bongo et l'actuel prĂ©sident Ali Bongo sont TĂ©kĂ©.

C'est en rĂ©publique du Congo qu'ils sont les plus nombreux. Les TĂ©kĂ© forment 16,9% de la population. Ils se trouvent, en gĂ©nĂ©ral, dans les rĂ©gions de savanes trĂšs claires des Plateaux, du dĂ©partement de la LĂ©koumou, de la Cuvette Ouest (oĂč ils sont appelĂ©s MbĂ©ti et TĂ©guĂ©), du Niari, de la Bouenza et la rĂ©gion du Pool. Les TĂ©kĂ© Tsayi occupent la forĂȘt sur les contreforts orientaux du massif du Chaillu[13].

En rĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, 267 000 TĂ©kĂ© sont installĂ©s dans des rĂ©gions de savanes dans le district des Plateaux (situĂ© sur la rive gauche du fleuve Congo, partie Ouest de la province du Bandundu), et dans la ville-province de Kinshasa.

Histoire

Archéologie

Avec la formation d'une nouvelle emprise de la forĂȘt sous un climat devenu chaud et humide (plus humide qu'actuellement) en Afrique centrale, vers 12 000-10 000 ans BP, de la fin du PlĂ©istocĂšne, sec, au dĂ©but de l'HolocĂšne, humide, une nouvelle industrie lithique apparaĂźt : le tshitolien[14]. Ceci n'implique pas un phĂ©nomĂšne uniforme et rĂ©gulier, mais de fortes variations et des adaptations locales en consĂ©quence. N'ont subsistĂ© que quelques traces des anciens habitants chasseurs-collecteurs, et leurs outils marquent peu de diffĂ©rences avec ceux de la fin du PlĂ©istocĂšne, de l'industrie lupembienne. Localement, les assemblages du Nord-ouest de la zone sont proches de ceux trouvĂ©s en Afrique de l'Ouest, il en est de mĂȘme au Sud avec des populations situĂ©es plus au Sud. Le Tshitolien, Ă  dominance de microlithes, recouvre une grande partie du Congo et certaines zones du Gabon (le plateau des BatĂ©kĂ©), ainsi qu'Ă  l'Ouest de la RDC, et au nord-ouest de l'Angola. Ce sont des chasseurs-collecteurs Ă  large spectre, et mobiles. Les populations du tshitolien vont laisser des traces de leur activitĂ© dans l'aire tĂ©kĂ© pendant 10 000 ans[15].

Dans les temps qui suivent 7000 BP, Ă  la frontiĂšre sud-est du Nigeria avec le Cameroun apparaissent la poterie, des meules et la preuve de consommation de fruits du Canarium schweinfurthii (Ă©lĂ©mi, ou Ă©lĂ©mier). On rencontre d'autres indices, ainsi de grands bifaces non tshitoliens et des outils de pierre polie (avec des microlithes). Plus tard, ces outils seront utilisĂ©s pour dĂ©fricher et pour le jardinage. Cet ensemble va dominer toute la rĂ©gion pendant les quatre millĂ©naires suivants, tandis que des plantes semi-domestiquĂ©es, comme le palmier Ă  huile, vont ĂȘtre abondamment utilisĂ©es. On en dĂ©duit que ces populations seront moins mobiles, plus sĂ©dentaires et plus agricultrices, tandis qu'un peu moins chasseurs-collecteurs. La banane et le millet, pourtant originaires d'ExtrĂȘme-Orient, apparaissent dans des fosses, Ă  l'ouest du Gabon et au sud-ouest du Cameroun. Leur dispersion vers le Sud est probablement Ă  associer avec la diffusion des langues bantoues. Une pĂ©riode climatique sĂšche intervient entre 3 500 et 2 000 ans BP dans le Grassland (Cameroun)[16]. Cet Ă©pisode, joint Ă  une surpopulation, pourrait avoir dĂ©terminĂ© la migration bantoue, depuis le Grassland, de ces populations de cultivateurs avec cĂ©ramique possĂ©dant, pour certaines, la technologie du fer - apparue au plus tard vers 2150 BP, et venue du Nigeria (culture Nok) ; c'est d'ailleurs de Nok que proviendraient les dĂ©cors Ă  la roulette que l'on rencontre dĂšs cette Ă©poque sur les cĂ©ramiques. Le retour des populations dans le Grassland aurait limitĂ© la reforestation, l'Ă©pisode sec passĂ©[17]. Les plateaux BatĂ©kĂ© auraient, peut-ĂȘtre, traversĂ© une sĂ©quence semblable qui expliquerait son aspect actuel.

Sur le plateau tĂ©kĂ©, la sidĂ©rurgie se gĂ©nĂ©ralise aux premiers siĂšcles de notre Ăšre. Outils agricoles, flĂšches et armes emploient le fer. On lui donne une valeur symbolique, entre autres, dans le culte des morts. Puis aux alentours de l'an 1 000 cette activitĂ© augmente nettement. On emploie des bas fourneaux Ă  rĂ©duction directe dans des cuvettes creusĂ©es Ă  mĂȘme le sol. On activait la combustion par un ensemble composĂ© de petits soufflets et de tuyĂšres en terre cuite. Un fourneau, Ă  usage unique, permettait de produire quelques kilos de mĂ©tal. Les dĂ©chets pouvaient ĂȘtre entreposĂ©s en monticules de scories, dont certains correspondent Ă  l'extraction de plusieurs tonnes de fer[18].

L'archéologie a révélé, sur les deux rives du Congo et du Pool Malébo une riche tradition céramique depuis le XIe siÚcle, profitant d'une argile locale de qualité. La qualité des décors et la finesse de cette vaisselle se manifestent surtout du XIIIe au XIVe siÚcle. Il s'agirait de témoins de la culture Téké Ndzindzali qui se serait développée depuis de XIe siÚcle. Elle serait le Pombo évoqué par Olfert Dapper comme ayant été un modÚle pour les peuples de la cÎte atlantique[19].

Histoire ancienne

Carte topographique, villes actuelles et principales voies d'eau

Selon les mythes fondateurs, les TĂ©kĂ© descendent de Nguunu, ancĂȘtre de la plupart des populations du sud Congo.

Au XVe siĂšcle, les TĂ©kĂ© sont Ă©tablis[20] dans la savane sur la rive droite du fleuve Congo. Le cƓur du royaume Ă©tant vers MbĂ©, il s'Ă©tend depuis les villes actuelles de Kinshasa et Brazzaville, au sud, jusqu'Ă  proximitĂ© d'Ewo, au Nord, puis de la rive gauche de la LouessĂ© Ă  proximitĂ© de Mossendjo, Ă  l'ouest, jusqu'au-delĂ  de la rive gauche du fleuve Congo, Ă  proximitĂ© de Mushie, Ă  l'Est, soit environ sur 400 x 400 km.

Les Téké tirent à cette époque leur richesse d'importants gisements de cuivre, comme celui de Mindouli. Ils ont des contacts avec les Portugais qui explorent la région cÎtiÚre à partir du XVIe siÚcle. Ils subissent les assauts de l'empire Congo, attiré par cette source de profits et soutenu par le Royaume du Portugal. Une population, à l'origine du royaume de Loango, les chasse vers l'intérieur du territoire. Au XIXe siÚcle leur espace se réduit sous la poussée des Sundi, du grand groupe Kongo, par le sud-ouest et par le sud.

Ils sont les successeurs des pygmĂ©es dans l'occupation de l'intĂ©rieur de l'actuel Congo-Brazzaville - c'est le PygmĂ©e qui apporte le feu aux Teke. Ils s'Ă©mancipent du chef politique du peuple Kongo, le Manikongo au XVIIe siĂšcle et fondent Ă  leur tour le royaume Tio. Une rivalitĂ© s'instaure avec le Kongo qui dominait prĂ©cĂ©demment ce territoire, alors appelĂ© Anzico. Le roi est appelĂ© mikoko ou Makoko par les EuropĂ©ens, tandis que l'État est appelĂ© le Royaume de Anzique et les habitants les Anzicains[21].

Entre le XVIe et le XVIIIe siĂšcle, le royaume tĂ©kĂ© est impliquĂ© dans le commerce triangulaire entre Afrique, Europe et colonies europĂ©ennes d'AmĂ©rique et la traite d'esclaves[22]. Ce commerce s'accompagne de plusieurs autres, Ă  longue distance, comme le tabac et l'ivoire que des chefs TĂ©kĂ© obtiennent des PygmĂ©es. Le commerce du fer produit par les TĂ©kĂ© de la forĂȘt s'effectue sur des centaines de kilomĂštres[23]. La sidĂ©rurgie se dĂ©veloppe chez les TĂ©kĂ© Tsayi avec l'arrivĂ©e d'un hĂ©ros, qui propage des variations dans les techniques de tissage, mais, dans le mĂȘme temps, modifie radicalement le systĂšme politique ancestral. Une partie d'entre eux Ă©chappe Ă  cette rupture et dĂ©veloppe d'autres lieux de production. Des affrontements opposent TĂ©kĂ© et Bobangui, qui culmineront en 1820, avec une victoire des TĂ©kĂ©, prĂšs de M'bĂ©.

Les Teke Tsayi avaient un systÚme politique bicéphale : le nga tsié, maßtre de la terre, qui a des relations avec l'extérieur, fait du commerce, et le nga baté, le maßtre des gens, d'une société qui préserve son étanchéité. Avec une distinction forte entre mpfumu, maßtres, et kéné, dépendants-esclaves. La guerre de l'impÎt (1913-1920) a mis fin à ce mouvement[24].

Histoire moderne

Façade ornée en fibres du palmier à huile. Le seuil surélevé protégeait du petit bétail. Environs du Malebo, entre 1897 et 1909[25]

L'explorateur Pierre Savorgnan de Brazza part, en 1877, depuis les rives du fleuve OgoouĂ© « Ă  la recherche des lacs ou du fleuve par oĂč doit s'Ă©couler la grande masse d'eau qui tombe sous l'Équateur ». Il pĂ©nĂštre en pays tĂ©kĂ© et atteindra les rives de l'Alima, mais il subit l'attaque des Apfourou et doit faire demi-tour. Il entreprend un second voyage subventionnĂ© par le ministĂšre de l'Instruction Publique en tant que reprĂ©sentant de la SociĂ©tĂ© d'Ă©tudes pour l'exploration de l'Afrique Ă©quatoriale. Il fonde Franceville en 1880, puis entre Ă  nouveau en pays tĂ©kĂ©[26].
Le 3 octobre 1880 Ă  MbĂ©, dans la ville dont il est le Makoko, Illoy Loubath Imumba Ier conclut avec Brazza, agissant pour le compte de la France, le traitĂ© dit « TraitĂ© Makoko », aux termes duquel il place son royaume sous la protection de la France. Le traitĂ© autorise l'Ă©tablissement du poste de M'Fa. Avant l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens, le site, trĂšs frĂ©quentĂ©, Ă©tait une plaque tournante du commerce contrĂŽlĂ© par les TĂ©kĂ©. Le lieu est situĂ© sur la rive droite du fleuve Congo, depuis le Pool Malebo (Stanley Pool) jusqu’aux premiers rapides, Ă  la rupture de charge de plusieurs modes de transport, dans l'agglomĂ©ration de Nkuna et sur le village de M'Fa (ou Mfoa), soit Ă  500 kilomĂštres de la derniĂšre station française. En juillet 1881, le poste est baptisĂ© Brazzaville. Ce poste sera gardĂ© pendant des annĂ©es par un unique sergent, le SĂ©nĂ©galais Malamine Kamara[27]. Fin 82 un troisiĂšme voyage est validĂ©. La publication du compte-rendu des « Voyages dans l'Ouest Africain, 1875-1887 Â» (Le Tour du monde de 1887 et 1888) est accompagnĂ©e de nombreuses gravures rĂ©alisĂ©es d'aprĂšs des dessins fondĂ©s sur les photographies prises par son frĂšre, Jacques de Brazza, qui avait rĂ©alisĂ© une mission jusqu'en pays TĂ©kĂ©, sur les rives de la Likouala en 1885. Le pont de liane sur la riviĂšre Mpassa, qu'il a photographiĂ© en pays tĂ©kĂ©, est commentĂ© par Brazza avec admiration[28].

Les colonies avaient leur budget propre, alimentĂ© par l'impĂŽt direct par tĂȘte (difficile Ă  mettre en place dans cette sociĂ©tĂ© non ou peu monĂ©tarisĂ©e) et par les taxes douaniĂšres[29]. L'Ă©conomie de traite des produits agricoles, en Afrique centrale, Ă©tait censĂ©e reposer sur l'Ă©change de biens manufacturĂ©s importĂ©s contre des biens agricoles primaires. En pays tĂ©kĂ©, ce sont de grosses sociĂ©tĂ©s privilĂ©giĂ©es (Ă  charte ou concessionnaires[30]) spĂ©cialisĂ©es sur des produits de "cueillette", comme l'ivoire et le caoutchouc. Les coloniaux, isolĂ©s, avaient tous les pouvoirs, les « indigĂšnes Â» aucun[31]. Cette situation amĂšne, aprĂšs le rapport Casement et le scandale du caoutchouc rouge dans l'État indĂ©pendant du Congo qui s'ensuit, puis l’affaire ToquĂ©-Gaud, Ă  enquĂȘter, en France, sur les bruits de scandales similaires au Congo français. La prise de possession du territoire s'imposait avec la rĂ©quisition de vivres, des travailleurs et de porteurs (entre autres, BatĂ©kĂ©[32]). Le rĂ©sultat de cette enquĂȘte — le rapport Brazza —, menĂ©e par Brazza et son Ă©quipe, ne sera jamais divulguĂ©, trop de personnes et d'intĂ©rĂȘts mis en cause, probablement trop d'exactions "insoutenables" pour l'image de la France[33]. Ce rapport signalait, parmi tant d'autres faits, les questions posĂ©es par l'impĂŽt, incohĂ©rent, excessif, associĂ© Ă  des travaux forcĂ©s (dus au rĂ©gime de l'indigĂ©nat), et amenant Ă  des expĂ©ditions armĂ©es pour contraindre Ă  l'impĂŽt par la force.

Quelques TĂ©kĂ© vivent encore, Ă  la fin du XIXe siĂšcle, dans l'État indĂ©pendant du Congo, qui devient en 1908 Congo belge. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, l'essentiel des groupes TĂ©kĂ© vit sur ce que les français considĂšrent comme deux colonies, le Gabon et le Moyen Congo. En effet, si en 1886, le Gabon Ă©tait devenu une colonie, dĂšs 1888, elle est fusionnĂ©e avec celle du Congo sous le nom de Gabon-Congo puis, en 1898, Congo français. En 1904, Ă  la suite d'un dĂ©cret du 29 dĂ©cembre 1903, le Gabon redevient une colonie distincte, le reste du Congo français formant les deux colonies du Moyen-Congo et d'Oubangui-Chari et le « Territoire militaire du Tchad Â». En 1910, les colonies du Gabon et du Congo sont intĂ©grĂ©es dans l'Afrique-Équatoriale française. Les populations colonisĂ©es sont soumises au rĂ©gime de l'indigĂ©nat jusqu'aprĂšs la Seconde Guerre mondiale.

Depuis des siĂšcles les TĂ©kĂ© Tsayi se sont dĂ©tachĂ©s des savanes pour s'Ă©tablir en forĂȘt, sur la rĂ©gion Est des Monts du Chaillu. La pĂ©nĂ©tration coloniale, dĂ©cidĂ©e en 1909, entraĂźna une rĂ©volte proclamĂ©e par tous les peuples de cette zone, fut suivie d’une rĂ©pression, en 1913-1920, appelĂ©e «guerre de l’impĂŽt ». La guerre, Ă  proprement parler, fut brĂšve, et le pays, aprĂšs avoir Ă©tĂ© soumis fut dĂ©laissĂ© en raison de la premiĂšre guerre mondiale. La guerre de l'impĂŽt, dans les monts du Chaillu (approximativement entre Mbinda, Mossendjo et Zanaga, carte ci-dessus), fut particuliĂšrement brutale et brĂšve, elle entraina dĂ©tresse politique et physiologique de ces populations, l'abandon des villages, l'errance, les famines et des Ă©pidĂ©mies: maladie du sommeil et grippe espagnole de 1918. Cette catastrophe a presque anĂ©anti tous les TĂ©kĂ© Tsayi[34] et le peuple Nzebi, au Gabon et au Moyen Congo de l'Ă©poque. Cette guerre est intervenue alors que les impĂŽts augmentaient et que les populations subissaient la baisse dramatique des cours du caoutchouc (divisĂ© par 3 aprĂšs 1911), baisse liĂ©e au dĂ©veloppement des plantations de l'Indochine française, car Ă  partir de 1900, la culture de l'hĂ©vĂ©a s'y rĂ©vĂ©lait une vĂ©ritable rĂ©ussite commerciale. Les TĂ©kĂ©, en mouvement permanent jusqu'au massif du Chaillu oĂč certains sont restĂ©s au Gabon[35]. Beaucoup en sont venus Ă  mourir de faim pour ne pas se soumettre, n'ayant pas de quoi payer l'impĂŽt et redoutant les reprĂ©sailles de la troupe. À la fin de cette guerre les TĂ©kĂ© Tsayi, pour ne citer qu'eux, ont perdu les neuf dixiĂšmes de leur population.

Société et culture

Vie quotidienne

Une grande part des Téké vit sur des plateaux, entre 300 et 900 mÚtres d'altitude, dans une savane sableuse quasi désertique ainsi que des plateaux inscrits depuis 2005 sur une liste indicative, en vue de son classement au Patrimoine mondial de l'Humanité de l'UNESCO[36]. C'est un milieu apparemment inhospitalier, les femmes marchent plusieurs heures par jour pour apporter l'eau indispensable, le portage est de rigueur, le réseau des sentiers coupe à travers des graminées géantes et blessantes[37].

Le village de taille moyenne se limitait, Ă  la fin du XXe siĂšcle, Ă  une douzaine d'habitations et une trentaine de personnes, quelques animaux, chiens et poules. Les lieux d'habitation, constructions vĂ©gĂ©tales de tailles rĂ©duites et enfumĂ©es, devaient ĂȘtre reconstruites Ă  neuf tous les trois ou quatre ans. Le mobilier se rĂ©sumait Ă  des lits de rondins avec natte tressĂ©e, quelques objets de vannerie et poteries. L'absence de rĂ©serve de nourriture correspondait, alors, Ă  un recul du maĂŻs au profit du manioc.

Les arts du corps se manifestaient avec une réelle diversité. Les scarifications faciales, incisées vers trois ans, n'étaient pas générales et variaient selon les groupes. Certains couvrant leur corps d'huile de palme teinte en rouge. L'élaboration de coiffures complexes occupait une partie du temps libre.

Dans ce contexte la frugalitĂ© Ă©tait un idĂ©al vĂ©cu au quotidien ; le bien-ĂȘtre se montrant dans la santĂ© et la fĂ©conditĂ© des hommes et de la nature, lesquelles dĂ©pendent du bon vouloir de forces invisibles, esprits des eaux, des arbres et des roches, esprits des dĂ©funts. La seule richesse, collective, dĂ©pendait du nombre des humains. La course Ă  la richesse matĂ©rielle, individuelle, y semblait suspecte et dangereuse : « Les biens matĂ©riels sont rĂ©duits Ă  nĂ©ant en accompagnant les dĂ©funts dans la terre lors de funĂ©railles grandioses[38]. Â».

Le feu était essentiel. Dans les récits étiologiques des Téké Tsayi c'est un Pigmée qui invente le feu. Les arts du feu apparaissent l'un aprÚs l'autre, d'abord le feu qui sÚche, pour le tissage, celui qui cuit, pour la céramique, et celui qui transforme, pour la métallurgie.

Chaque village possédait plusieurs métiers à tisser, abrités, mis à disposition des artisans. Du sommet des palmiers on en récupérait la bourre, mise à sécher au soleil et au feu avant d'en tirer des brins. Les feuilles d'ananas fournissaient aussi une fibre appréciée. Le tissage s'effectuait sur un métier vertical à un rang de lisses, métier à tisser que les Nzebi leur ont emprunté. Chaque piÚce tissée couvre, alors, environ 50 x 70 cm, qui seront cousus entre eux en fonction de l'usage. La finesse, les couleurs obtenues par teinture, les franges offrent différents critÚres de qualité. Les Téké Koukouya auraient été les premiers à produire une forme de velours aux motifs polychromes[39].

Art et société

Avant la colonisation et jusqu'au début du XXe siÚcle, les réalisations des Téké sont de grande qualité et en lien direct avec leur culture, avec leur société.

Arts du métal

Toute la région est particuliÚrement riche en minerais, les plateaux batéké étant, depuis toujours, connus pour leur minerai de fer[40].

Certains objets, comme les torques, des colliers de chefs en laiton, ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s Ă  la demande des Occidentaux dĂšs la fin du XIXe siĂšcle d'aprĂšs les originaux qu'ils voyaient portĂ©s, dont celui exĂ©cutĂ© pour Jacques de Brazza en 1884 (Paris, musĂ©e de l'Homme[41]). De nombreuses armes en fer Ă©taient des objets de parade ; certaines armes spĂ©cifiques aux TĂ©kĂ©, des couteaux Ă  lames courbes, aiguisĂ©es sur le cĂŽtĂ© convexe. Les plus anciens, dont la lame forgĂ©e n'est pas lisse, ont un pommeau Ă  la dĂ©coration fixĂ©e avec des agrafes en fer, d'autres avec des punaises de tapissier en laiton, occidentales. Un dessin de Jacques de Brazza de 1883 montre ce type de couteau, tenu dans son Ă©tui, sous l'aisselle gauche[42]. Le fer, en forme de boule, a Ă©tĂ© produit pendant des siĂšcles par les TĂ©kĂ© Tsayi et Lali des monts du Chaillu, et exportĂ© sur des centaines de kilomĂštres avant d'ĂȘtre façonnĂ©. Le forgeron Ă©tait maĂźtre forgeron et aussi, « obligĂ© des esprits[43] Â». Il disposait d'une enclume souvent en pierre, d'un petit foyer Ă  mĂȘme le sol et d'un soufflet actionnĂ© par un apprenti. Sa maĂźtrise l'amenait Ă  pratiquer dans d'autres domaines, la rĂ©alisation de pipes, mĂȘme en cĂ©ramique, il Ă©tait expert dans le maniement des outils, voire scarificateur ou sculpteur sur bois, « toujours proche des guĂ©risseurs, et jamais distant du pouvoir politique[43] Â».

  • Collier de chef en laiton.
    Collier de chef en laiton[44].
  • Appuie-tĂȘte. Bois, punaises laiton, fer. 15.0 x 16.5 x 11.3 cm. RDC (?). 19e-dĂ©b. 20e
    Appuie-tĂȘte. Bois, punaises laiton, fer. 15.0 x 16.5 x 11.3 cm. RDC (?). 19e-dĂ©b. 20e[45]
  • Couteau Ă  lame courbe. Fer, bois, laiton. Congo ou RDC.
    Couteau Ă  lame courbe. Fer, bois, laiton. Congo ou RDC[46].

Arts de la vie quotidienne

Les appuie-tĂȘtes Ă©taient nĂ©cessaires avant la pĂ©nĂ©tration europĂ©enne pour prĂ©server les coiffures Ă©laborĂ©es. Ils sont d'un dessin sobre et Ă©lĂ©gant, ou jouent au « porteur dont la tĂȘte est l'appuie-tĂȘte Â» dans un style gĂ©omĂ©trique parfaitement Ă©quilibrĂ©. L'un d'eux sert d'emblĂšme au musĂ©e Dapper. Les peignes servaient avant tout Ă  rĂ©aliser des coiffures spectaculaires sur une armature circulaire, mwou, ou d'immenses crĂȘtes, mou-pani[47]. Â»

Couple BatĂ©kĂ© de l'État indĂ©pendant du Congo en 1898.

Les potiÚres réalisaient leurs propres céramiques, cuites à feu nu. La plupart de ces poteries étaient montées au colombin, mais parfois c'est une boule d'argile qui était creusée. L'assemblage de deux parties permettait d'obtenir des formes fermées. Des incisions ou des impressions peuvent décorer les parois. Certaines ont été décorées, dÚs le XIXe siÚcle, de bandes rouges ou orangées. Sorties du feu, encore brûlantes les poteries étaient teintes en noir et imperméabilisées par un bain d'huile de palme ou par projection d'une décoction d'écorces. AprÚs 1930, les potiÚres produisirent des formes extraordinaires pour les touristes de passage[48].

Statues et statuettes

Les EuropĂ©ens ont vite confondu sous le terme « fĂ©ticheurs » des personnages dont les fonctions et le travail Ă©chappaient Ă  leur entendement. Il pouvait s'agir de conseillers et mĂ©decins personnels des reprĂ©sentants du pouvoir politique, de devins, de chamans, de guĂ©risseurs voire de mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes ou spĂ©cialistes. Dans tous les cas c’étaient des personnages attentifs et curieux de toute nouveautĂ© efficace. Ils Ă©taient toujours astreints Ă  la rĂ©ussite, ou Ă  la guĂ©rison, et ne se faisaient payer qu'aprĂšs. Dans ce but, ils rassemblaient tout ce qui reprĂ©sentait, de la maniĂšre la plus concentrĂ©e, « les forces invisibles, dĂ©signĂ©es comme esprits de la nature ou des ancĂȘtres[49]. », esprits bienveillants ou malveillants qu'il s'agissait de connaĂźtre et ainsi d'agir en consĂ©quence.

Sculpture Téké. Statuette protectrice bitégué[50].

Les statues et statuettes tĂ©kĂ© mesurent entre 50 et 10 cm de haut[51]. Les statuettes de style classique de la rive droite du fleuve Congo possĂšdent, comme la plupart des statues tĂ©kĂ©, une cavitĂ© sur le ventre qui peut recevoir une substance composite, charge magique qui la consacre Ă  une fonction magique, protectrice, enrobĂ©e d'un tissu bleu. Mais parfois la statuette est simplement prise dans une sorte de "poterie" conique ou tronconique rougeĂątre. Le personnage porte un bonnet reprĂ©sentĂ© dans la sculpture tĂ©kĂ© ancienne, en forme de plateau surmontĂ© d'une crĂȘte[52]. Une barbe exprimĂ©e par une forme trapĂ©zoĂŻdale Ă©voque, en l'amplifiant, la barbiche courte que portaient les dignitaires tels que le Makoko de MbĂ© Illoy Loubath Imumba. La charge en argile, voire en huile de palme et bois rouge pilĂ©, mĂȘlĂ©e Ă  d'autres composants, sert de mĂ©dicament[53]. Parfois, elle pouvait tenir lieu de protection apportĂ©e par le chef de famille vivant, ou tout autre Ă©minent personnage dĂ©funt.

Un chef de village qui possédait l'art de guérir pouvait sculpter ou commander la sculpture, mais, en tant que praticien c'est lui qui consacrait cette sculpture en la chargeant de son pouvoir, aux composants choisis pour leur efficacité supposée[54]. Les maladies courantes, comme la maladie du sommeil, pouvaient donner lieu à création de tels objets.

Pour des voisins, comme les Sundi (Soundi), on pouvait donner Ă  la statuette l'aspect d'un Sundi plutĂŽt que d'un TĂ©kĂ© par des signes Ă©vidents, comme la coiffure[55], peut-ĂȘtre aussi la coiffe (?)[56].

Les relations entre populations voisines, en un temps plus ou moins difficile Ă  dĂ©terminer, se manifestent parfois sous forme d'Ă©changes de solutions sculpturales. Ainsi sur certaines statues de taille et de morphologie tĂ©kĂ©, le raccord entre les joues et le cou semble s'inspirer de la solution prĂ©sente dans la grande statue fĂ©minine des Yanzi, lesquels Ă©taient voisins des TĂ©kĂ© sur la rive gauche du fleuve Congo, alors que les TĂ©kĂ© Ă©taient installĂ©s sur les deux rives. Dans le sens inverse, il ne serait pas impossible que les longues scarifications des TĂ©kĂ© aient Ă©tĂ© transposĂ©es dans cette statue[57]. Un emprunt pouvait d'ailleurs ĂȘtre motivĂ© par le dĂ©sir d'augmenter l'efficacitĂ© de ce que l'on façonnait.

Peintures des Téké Tsayi

Les peintures intervenaient sur les masques Kidoumou et sur les planches mboungou du rituel Nkita, indispensables lors de certains rituels Tsayi.

Les TĂ©kĂ© de l’Ouest, TĂ©kĂ© Tsayi et Lali, vivent dans la forĂȘt, dans la rĂ©gion comprise entre Bambama, Komono, Mossendjo et Mayoko, dans la rĂ©publique du Congo, un carrĂ© d'environ 100 km. de cĂŽtĂ©[58].

Peut-ĂȘtre au dĂ©but du XVIe siĂšcle, les Tsayi ont migrĂ© vers l’Ouest, pour fuir un Makoko trop puissant. Ils quittaient les savanes pour la forĂȘt des monts du Chaillu. Ils Ă©taient nombreux et commerçaient le fer et le raphia tissĂ©. Les Tsayi ont d’abord exploitĂ© le riche gisement de minerai de fer au nord-est de Komono, les mines de Zanaga, Ă  l’est de l’aire Tsayi[59]. Le pouvoir Ă©tait traditionnellement Ă©quilibrĂ© entre maĂźtre de la terre et maĂźtre des hommes. Au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle ou avant, un hĂ©ros, d'origine TĂ©kĂ© KĂŒkĂŒa, introduisit un rĂ©gime autoritaire qui dĂ©truisait l’équilibre prĂ©cĂ©dent en supprimant le rĂŽle du maĂźtre de la terre. La partie Ouest conserva son mode de fonctionnement, se dĂ©veloppa avec l’exploitation les gisements moins riches du mont Obima (dĂ©pt. LĂ©koumou), vers Mbinda. Le commerce, la traite, s’y sont intensifiĂ©s Ă  partir de 1815. Pour les TĂ©kĂ© cette intensification se traduisit par l’arrivĂ©e de groupes de guerriers Kota qui perçaient leur chemin vers l’Atlantique. L’invention du Kidoumou, aux environs de 1860, au mont LĂ©koumou, serait, d’abord, une riposte pacifique Ă  cette culture diffĂ©rente qui dĂ©ferlait, alors et surtout l’affirmation de la dualitĂ© du pouvoir par un masque rond en deux parties symĂ©triques qui danserait, dĂšs lors, en faisant « la roue », pour bien en souligner le sens profond.

Jusqu’en 1920, le sud du Gabon, sur la frontiĂšre, a servi de sanctuaire ultime aux Tsayi, insoumis malgrĂ© la guerre de l’impĂŽt. La forĂȘt correspond au rĂ©servoir d’un certain type de masque Kidoumou, les masques dits de style LĂ©koumou[60]. Le gisement de LĂ©koumou (dĂ©partement de la LĂ©koumou) Ă©tait riche, et son exploitation s’étendit jusqu’à Youlandzami, gros village au sud de la confluence Siniga-LouessĂ©.

Masque kidoumou
Masque kidoumou. Peuple Tsayi, Congo (Paris, Musée de l'Homme).

La partie en bois du masque est en forme de disque, et diffĂšre en tous points des masques kota. Ce disque[61] est peint en rouge minĂ©ral, noir et blanc, en formes graphiques, redoublĂ©es par des incisions profondes. Il figure un visage de maniĂšre « abstraite », ce qui a fascinĂ© les artistes modernes parisiens[62]. Il est divisĂ© en deux, horizontalement. La symĂ©trie gauche/droite se double d’une symĂ©trie haut/bas. C’est « une sorte de Janus horizontal ». Et pourtant quelques signes sortent de la symĂ©trie. Ils opposent discrĂštement le haut et le bas du visage. Au premier regard, seuls les yeux sont visibles, tout le reste est « abstrait ». Et pourtant ces yeux sont aveugles, ils ne coĂŻncident pas du tout avec les petites fentes qui permettent au danseur de voir et se dĂ©placer. Les fentes sont cachĂ©es, tout Ă  fait invisibles, dans une double rupture de niveau entre les moitiĂ©s supĂ©rieure et infĂ©rieure. Une large « chevelure » de plumes l’entoure, redoublĂ©e par une plus large « barbe » de raphia qui descend jusqu’aux Ă©paules. Le danseur acrobatique de Kidoumou porte en plus un vĂȘtement de raphia qui le recouvre entiĂšrement. Il fait la roue : un instant haut et bas s’inversent, un instant seulement le dominant passe en bas. La chorĂ©graphie est pleine de sens et Ă  haut risque, car le masque alourdi par sa chevelure et sa barbe, tient Ă  peine par un lacet entre les dents du danseur. C’est une manifestation Ă©clatante du gĂ©nie culturel tĂ©kĂ©. Trois sont venus Ă  la premiĂšre semaine culturelle de Brazzaville, en juillet 1968, et ils ne venaient pas de Bambama (LĂ©kana) qui avait refusĂ© de se dĂ©placer. La chorĂ©graphie qui eut lieu en 1969 Ă©tait accompagnĂ©e par des chanteurs qui battaient des mains, et par un orchestre composĂ© de trois tambours, d'une double cloche sans battant et d'une autre, simple, frappĂ©e par une tige de bois[63].

Une autre origine des masques kidoumou confÚre à certains d'entre eux de larges « yeux » qui s'étalent d'un bord à l'autre[64] - [65].

L'apogĂ©e du masque Kidoumou correspond Ă  la pĂ©riode oĂč les TĂ©kĂ© (et leurs alliĂ©s) formaient un ensemble riche et actif. Ce masque apparait encore au cours de la guerre de l’impĂŽt, aprĂšs quoi il n’est plus qu’un souvenir dans la mĂ©moire de quelques spĂ©cialistes tĂ©kĂ©.

Ce masque est parfois accompagnĂ© d’un autre, Sanga, qui porte un voile sur une robe longue qui traine et tourbillonne. Une autre version de l’origine de Kidoumou place ce dernier dans l’évolution du masque voilĂ© Sanga, qui lui est antĂ©rieur[66].

En 1967, dans le cadre d’une recherche en ethno-esthĂ©tique faisant suite Ă  l’étude de l’organisation sociale et politique des Tsayi[67], Marie-Claude DuprĂ© photographie un masque, qui n’avait pas Ă©tĂ© fait pour danser, mais pour en garder le souvenir, aprĂšs la vente du prĂ©cĂ©dent[68].

« En 1968, Ă  l’occasion de l’inauguration du chemin de fer qui Ă©vacuait le manganĂšse, en passant par la rĂ©gion de Bambama, et avec la crĂ©ation d’un poste administratif Ă  Bambama, trois Kidoumou « sortirent », trois masques sont allĂ©s Ă  Brazzaville, la semaine culturelle du 14 juillet 1968. Il y avait deux foyers de diffusion en 1968. L'un des deux foyers au Sud,(Ă  Mbama?) ceux qui sont allĂ©s Ă  Brazzaville, et l’un d’eux, qui n’avait pas terminĂ© son masque a refusĂ© de le vendre et l’a complĂ©tĂ© chez lui. J’ai eu la chance de photographier les 2 versions. »

C'est au maĂźtre de la terre, en l'occurrence celui de Bambama, qu'il revint de faire sortir le masque Kidoumou en octobre 1969 : pour la rĂ©solution d'un conflit entre le mĂȘme maĂźtre de la terre et un de ses dĂ©pendants. C'est donc un masque politique - et non "animiste" ou "religieux".

Mais ce masque-ci n'avait pas dansé depuis prÚs de 20 ans. Le second foyer de diffusion se trouvait, encore en 1968, sur deux lieux : à Bambama, avec le village (banlieue) de Lékana, le plus traditionaliste, et au village de Kiboungou avec des masques plutÎt rustiques de ce style.

Le masque Kidoumou Ă©tait, alors, un masque rare et qui ne sortait que trĂšs exceptionnellement. La recherche conduite sur ce masque par l’ethno-esthĂ©ticienne et publiĂ©e en 1968, trouva un Ă©cho dans l’administration locale qui sollicita la production de plusieurs centaines de masques, rĂ©alisĂ©s selon la tradition, de mĂ©moire d'aprĂšs d'anciens modĂšles, diffĂ©rents. Ils Ă©taient destinĂ©s au marchĂ© de l’art. Cependant la diffusion sous forme de dessins, depuis la France, des « vieux » masques publiĂ©s dans la thĂšse, ont conduit Ă  des copies, barbouillĂ©es de couleurs, et Ă  l’extension des lieux de production en dehors du pays tĂ©kĂ© jusqu'Ă , finalement, saturation du marchĂ©[69].

Planche peinte mboungou
Planches de lit rituelles (nkita mboungou). Téké Tsayi[70]

D'abord faut que l'esprit inkita se manifeste chez une femme. S'il ne se manifestait pas on n'utiliserait pas de mboungou. Car elle seule sera, ensuite, susceptible d'utiliser la planche.

Le 15 aoĂ»t 1972 Ă  Zanaga, lors de sa sortie de rĂ©clusion, la jeune Nkita, somptueusement parĂ©e, s'offrait Ă  l'admiration de la foule. Elle Ă©tait encadrĂ©e par ses «  mĂšres Â». Elle entra en transe, et devait ĂȘtre accompagnĂ©e avec soin. Puis la fĂȘte continua, au son du pluriarc jouĂ© par un PygmĂ©e. Dans une autre occasion, dĂ©crite par le missionnaire Siegfrid Sodergren[71] la danse qui entraine le village n'interrompt pas pour autant celle des femmes inkita, accompagnĂ©es jusqu'Ă  la transe par un orchestre nombreux et composĂ© d'instruments Ă  cordes frappĂ©es, de cosses de graines et de hochets.

Les femmes touchées par l'esprit inkita sont recluses dans un petit bùtiment, un peu à l'écart des habitations. La planche est celle qui borde son lit.

Les planches du lit rituel frappent par l'intensitĂ© de leurs couleurs : le bleu Guimet connu pour l'azurage par les blanchisseuses, alterne avec le blanc et l'ocre rouge, ailleurs le noir et le brun rouge jouent avec le blanc pur. La couleur placĂ©e dans les incisions garde longtemps toute son intensitĂ©, tandis que les autres couleurs vont s'attĂ©nuant Ă  l'usage. Les planches sont composĂ©es selon un rythme rĂ©gulier par des incisions et des couleurs vives, depuis le « cƓur Â», le centre ou le « nombril Â», puis vers le cĂŽtĂ© droit, celui de l'homme, ou bien l'inverse, depuis le cĂŽtĂ© gauche, celui de la femme[72]. Le centre peut d'ailleurs ĂȘtre vide, ou simplement signifiĂ© par une ligne entre les deux espaces. La symĂ©trie horizontale se retrouve le plus souvent ; les motifs du masque Kidoumou y trouvent logiquement leur place. Le serpent ou la tortue deviennent des motifs purement graphiques. Mais les herminettes qui servent Ă  rĂ©aliser les planches, le couteau, voire le couteau agricole doivent s'insĂ©rer subtilement parmi des motifs abstraits qui leur font Ă©cho. Les effets de symĂ©trie ne sont pas systĂ©matiques, au contraire, les dĂ©calages, les jeux Ă  contre-temps et les dissymĂ©tries locales crĂ©ent des compositions « abstraites Â» plus ou moins Ă©quilibrĂ©es ou en tension. Enfin, la solution d'une zone de dĂ©sordre peut trouver sa place, ponctuellement, mais parfois ce ne sont qu'enchevĂȘtrements systĂ©matiques sur toute la longueur de la peinture. Selon les auteurs de ces peintures il faut y voir des rĂ©cits en images. Tout semble se passer dans le monde des esprits crĂ©ateurs.

Les jumeaux dans la culture Téké

L'onkira[73] est le rituel célébrant l'arrivée des jumeaux. En pays Tegue, la naissance des jumeaux est un bonheur mais un bonheur redouté. Leur entretiens sont appelés aussi Ayara (pluriel) et Yara (singulier) et leur culte Oyara. AussitÎt arrivés au monde, les jumeaux apprennent à marcher dans un enclos spécial. Durant tout ce temps, le respect strict de plusieurs lois tant naturelles qu'humaine sous l'observation de es parents et d'autres individus. Quand on parle aux jumeaux, il faut s'adresser aux deux, ou alors, si l'on veut d'un, il faut demander l'accord à l'autre. Pas de cadeau à un seul des deux, jamais de style vestimentaire différent avant l'ùge de 15 ans. Les parents des jumeaux sont trÚs respectés dans la société. Ce sont les Tara Ayara ou Tara Ankira (pÚre des jumeaux) et Ngou Ayara ou Ngou Ankira (mÚre des jumeaux). La danse de célébration du rituel des jumeaux s'appelle lama. Cette danse est considérée comme la mÚre de toutes les danses et c'est elle qui a donné naissance à la célÚbre danse tégué Olamaghna. Ainsi, l'onkira Tegue auquel appartenaient les jumeaux et leurs parents. Aussi naquit dans cette vénération des jumeaux, un calendrier et l'attribution des noms. Le premier né est Nkoumou, Mbou,Mbo, Ngambou ou Ngambio et Mpea, Mpiga, Mpia, Ngampika ou Mpi pour le second. Celui qui suit les jumeaux dans l'ordre de naissance est appelé Lekogho ou Lakogho et le quatriÚme Ndzila.

Style vestimentaire

Le tissage du raphia, pratiqué dans de nombreuses régions d'Afrique subsaharienne, est connu de la plupart des populations du bassin du Congo. Bien que, d'une façon générale, l'on ne puisse comparer la production actuelle à l'ancienne, la fabrication et l'utilisation des tissus de raphia conservent dans certaines régions un caractÚre rituel important. Chez les Batéké le pagne de raphia un objet indispensable pour les mariages coutumiers et les enterrements. D'autant plus ces tissus de raphia étaient le principal objet d'échange extérieur avec les Mbochi, les Tékés de l'Alima, les Koukouya..

On distingue plusieurs types de tissage du raphia chez les BatĂ©kĂ© : mboro ou nzoana (maison Ă  quatre) lorsque celles-ci sont rabattues et que l'ensemble est normalement ourlĂ©, mfumfula lorsque la partie libre de chaque bande se termine par une frange ; il est rĂ©servĂ© aux chefs de famille et les notables. Lorsqu'il n'est pas uni, le pagne porte la couleur dominante de ses rayures, le nom de l'animal qui est censĂ© avoir transmis aux hommes la teinte considĂ©rĂ©e ; nzoana-mbi, un pagne oĂč le rouge est dominant, ju ou « la grenouille », un pagne oĂč le noir est dominant ; impalapala ou « le lĂ©zard » un pagne oĂč le gris est dominant et limi appelĂ© ainsi Ă  cause de sa confection qui fait ressortir des stries saillantes comparables Ă  celle dÂŽune lime, loutsoulo, tissĂ© en coupon pour constituter un pagne. Les autres pagnes de raphia sont pogo, pagne rĂ©servĂ© pour la dot, anta, couverture en raphia parfois portĂ©e par les femmes autour du bras.

En plus du raphia, on retrouve des tissus multicolores Ă  effet velour tel que le ntĂą-ngĂČ (prononciation: ntango)[74], le pagne de la panthĂšre, dĂ©corĂ© avec le motif de la panthĂšre, la reprĂ©sentation des champs de manioc, des fleurs et parfois les objets du pouvoir le plus souvent de couleur rouge on le retrouve aussi en gris, bleu et marron. Ces motifs peuvent ĂȘtre aussi de couleur grise. Ce produit remarquable est rĂ©servĂ© aux « seigneurs du ciel Â» dits mfumu a yulu et « seigneurs de la terre Â», dits mfumu a ntsiĂš, et les indĂ©pendants, dits nkani. Eux seuls ont le droit de dĂ©tenir le ntĂą-ngĂČ dans leurs maisons.

On trouve aussi beaucoup d'accessoires féminins et masculins, grelots, coiffes de raphia et de plumes, paniers, corbeilles, chasse-mouches, calebasses, balais


Personnalités issues de l'ethnie Teke

  • Janis Otsiemi, Ă©crivain gabonais
  • Omar Bongo Ondimba, politicien gabonais
  • Lambert Galibali, politicien du Congo Brazzaville
  • Patience Dabany, musicienne gabonaise
  • Gabriel Okoundji, poĂšte et Ă©crivain congolais
  • Ndouna DĂ©penaud, poĂšte et Ă©crivain gabonais
  • ThĂ©o Blaise Kounkou, artiste congolais
  • Nadine Otsobogo, rĂ©alisatrice gabonaise
  • Manouchka Labouba, rĂ©alisatrice gabonaise
  • NadĂšge Mbadou, artiste gabonaise
  • Illoy Ier, Makoko de MbĂ©
  • Ngalifourou (1879-1956), reine du royaume TĂ©kĂ©
  • Hopiel Ebiatsa, historien et Ă©crivain congolais
  • EugĂ©nie Mouayini Opou, Ă©crivaine, poĂšte et romanciĂšre congolaise
  • Serge Ibaka Ngobila, joueur de basket congolais
  • Gentiny Ngobila (Maire de Kinshasa)
  • Pierre Mombele (Homme politique de RDC). Il a Ă©tĂ© le prĂ©sident de l’Union des Bateke et a participĂ© Ă  la Table ronde de Bruxelles en 1960.
  • Stervos Niarcos, Adrien Mombele Ngantshie Ă©tait un chanteur et auteur-compositeur-interprĂšte congolais de la RDC.
  • Ngaliema Insi, aussi appelĂ© Mukoko, qui signifie « prince » est un chef de terre et l'un des nombreux frĂšres du roi Makoko.
  • Beach Ngobila, issu du chef Ngobila qui rĂ©gna sur Nshasa, aujourd'hui Kinshasa.

Notes et références

  1. « Makoko Â» est un titre, ce n'est pas le nom d'une personne (M-C DuprĂ© et E. FlĂ©au, 1998, p. 31). Si l'on veut forcer la comparaison, ce pourrait ĂȘtre un terme "approchant" de « roi Â».
  2. Source https://www.britannica.com/place/Democratic-Republic-of-the-Congo/People, estimation 2021
  3. Source CIA The Word Factbook
  4. Source CIA The Word Factbook
  5. Encyclopédie Larousse.
  6. Source RAMEAU, BnF
  7. (pt-BR) « TRÁFICO DE ESCRAVOS: OS AFRICANOS TRAZIDOS PARA TAUBATÉ », sur Almanaque UrupĂȘs, (consultĂ© le )
  8. Th. Simar, Le Congo au XVIe siĂšcle d'aprĂšs la relation de Lopez-Pigafetta, p. 79 & sq., Simonetti, Bruxelles, 1919
  9. Louis Jadin et Mireille Dicorato, Correspondance de Dom Afonso, roi du Congo, Bruxelles, 1974.
  10. M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 15 non paginée, carte.
  11. « Langues teke », sur idref.fr
  12. Jean-Pierre MissiĂ©, « EthnicitĂ© et territorialitĂ© », Cahiers d'Ă©tudes africaines, no 192,‎ , p. 835-864 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  13. M-C Dupré, 1990, p. 59
  14. (en) Karen Lupo, Chris Kiahtipes et A. Jean-Paul Ndanga, « On Late Holocene Population Interactions in the Northwestern Congo Basin : When, how and why does the ethnographic pattern begin ? », 2013 env. (consulté le ). Voir aussi : (en) Peter N. Peregrine (ed.), Scott MacEachern et al., Encyclopedia of prehistory, vol. 1, Elsevier, , 28 cm. (9 vol.) (ISBN 978-0-306-46255-9 et 0-306-46255-9, lire en ligne), « Central africa : Forageres, farmers and metallurgists », p. 278-286.
  15. M-C DuprĂ© et E. FlĂ©au, 1998, p. 43 et Raymond Lanfranchi, Dominique Schwartz (ed.) et P. de Maret, Paysages quaternaires de l'Afrique centrale atlantique, Éd. de l'ORSTOM, (lire en ligne), « Le "NĂ©olithique" et l'Ăąge du fer ancien dans le sud-ouest de l'Afrique Centrale ».
  16. Lupo (et al.), 2013 env. et Alain Froment, Jean Guffroy (dir.) et Philippe Lavachery, Peuplements anciens et actuels des forĂȘts tropicales (1998), Paris, IRD Ă©d., , 358 p., 24 cm (ISBN 2-7099-1534-0, lire en ligne), « À la lisiĂšre de la forĂȘt 10 000 ans d’interactions entre l’homme et l’environnement dans les Grassfields (Cameroun) »
  17. Philippe Lavachery, 2003
  18. Bruno Pinçon in M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 43
  19. Bruno Pinçon in M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 46
  20. Ils y sont établis depuis cinq siÚcles et plus : M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 42
  21. Olfert Dapper, Description de l'Afrique.
  22. Isidore Ndaywel, Esclavage et traite : pourquoi les Noirs et non les autres ?, Le Potentiel.
  23. Bruno Pinçon dans M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 48
  24. M-C Dupré, 1990
  25. Datation attribuée en fonction de la biographie du photographe
  26. M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 31
  27. J.-C. Rufin, Un explorateur de légende, in Aventuriers du monde - Les archives des explorateurs français - 1827-1914., L'Iconoclaste, Paris, 2013 (ISBN 978-2-91336-660-2), p. 117.
  28. Pierre Savorgnan de Brazza (prĂ©f. Chantal Edel et J.P. Sicre, ill. Riou, Barbant, Thiriat), Au cƓur de l'Afrique 1875-1887, Paris, PhĂ©bus, (1re Ă©d. 1888, paru dans Le Tour du monde), 206 p. (ISBN 2-85940-244-6), p. 192 (np.). Lire en ligne p. 51, sur le site de l'Institut français : Fond Gabon.
  29. Catherine Coquery-Vidrovitch, Petite histoire de l'Afrique : l'Afrique au sud du Sahara, de la Préhistoire à nos jours, Paris, La Découverte, 2011-2016, 226 p. (ISBN 978-2-7071-9101-4), p. 170
  30. Carte des concessions du 01-01-1900 : Histoire de l'Afrique centrale, des origines au milieu du XXe siÚcle, Présence africaine 1971, p. 186. Aucune concession indiquée en pays téké, au nord et à l'ouest de Brazzaville.
  31. Coquery-Vidrovitch, 2016, p. 173. Voir aussi, bien que différent : Catherine Coquery-Vidrovitch Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires : 1898-1930, open-édition EHESS.
  32. Le Monde Illustré, 1884 : gravure reproduite dans M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 31
  33. Mission Pierre Savorgnan de Brazza / Commission Lanessan (prĂ©f. Catherine Coquery-Vidrovitch), Le Rapport Brazza, Mission d'enquĂȘte du Congo, Rapport et documents (1905-1907), Paris, Le Passager clandestin, , 307 p. (ISBN 978-2-36935-006-4, lire en ligne) : prĂ©sentation en ligne sur Fabula. La question de l'impĂŽt : p. 112-113.
  34. Marie-Claude DuprĂ©, « La guerre de l'impĂŽt dans les monts du Chaillu. Gabon, Moyen Congo (1909-1920) », Outre-Mers. Revue d'histoire, no 300,‎ , p. 409-423 (lire en ligne, consultĂ© le ) et Marie-Claude DuprĂ©, « Une catastrophe dĂ©mographique au Moyen Congo: La guerre de l'impĂŽt chez les TĂ©kĂ© Tsaayi, 1913-1920 », History in Africa, vol. 17,‎ , p. 59-76 (lire en ligne, consultĂ© le )
  35. M-C Dupré, 1990, p. 65
  36. UNESCO Centre du patrimoine mondial, « Parc national des Plateaux Batéké - UNESCO World Heritage Centre », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial, (consulté le )
  37. Bruno Pinçon dans : M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 58-61
  38. Idem, Bruno Pinçon, p. 60.
  39. Idem, Bruno Pinçon, p. 61.
  40. Pierre Sirven, « L'Ă©conomie miniĂšre de la RĂ©publique Populaire du Congo », Les Cahiers d'Outre-Mer, vol. 26, no 102,‎ , p. 172-206 (lire en ligne, consultĂ© le ). Carte p. 174.
  41. Torque fabriqué pour Jacques de Brazza en 1884 à Ngantchou, musée du quai Branly.
  42. M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 108-111
  43. M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 64
  44. Musée royal de l'Afrique centrale
  45. Brooklyn Museum
  46. Musée royal de l'Ontario
  47. M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 77.
  48. M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 62-63 et p. 82
  49. Marie-Claude Dupré dans : M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 242-267
  50. Pavillon des Sessions. Louvre.
  51. Étienne FlĂ©au dans : M-C DuprĂ© et E. FlĂ©au, 1998, p. 124 et suivantes. Elles peuvent atteindre 80 cm, comme celle de la Fondation Dapper : Christiane Falgayrette-Leveau (dir.) et al., Afriques : Artistes d'hier et d'aujourd'hui : Fondation ClĂ©ment, HervĂ© Chopin, Fondation ClĂ©ment, Fondation Dapper, , 240 p., 30 cm (ISBN 978-2-3572-0361-7), p. 52-53
  52. Voir la notice de la Statuette masculine assise, avec les rubriques « Description Â» et « Usage Â».
  53. Docteur Mense, en 1887 : M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 172
  54. Étienne FlĂ©au, dans : M-C DuprĂ© et E. FlĂ©au, 1998, p. 126-129
  55. L'administrateur colonial Kiener, en poste en 1913, publia une Ă©tude qui est Ă©voquĂ©e dans M-C DuprĂ© et E. FlĂ©au, 1998, p. 128 : la diffĂ©rence Sundi / TĂ©kĂ© se manifeste dans la coiffure, « le BatĂ©kĂ© s'Ă©tire la peau du crĂąne et la replie sur elle-mĂȘme pour former une couronne; le Bassoundi ramĂšne tous ses cheveux sur la partie mĂ©diane de la tĂȘte et les peigne en forme de casque Â».
  56. La notice rédigée par le musée du quai Branly, à propos d'une statuette téké, évoque une coiffe : Le personnage porte un bonnet trÚs souvent représenté dans la sculpture téké. Page du musée, voir onglet "Description".
  57. Marie-Claude Dupré dans : M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 222-223
  58. M-C Dupré, 1990, p. 450
  59. M-C Dupré, 1990, p. 447
  60. M-C Dupré, 1981, p. 121 qui se réfÚre à des collectionneurs-historiens.
  61. Plusieurs versions anciennes présentent diverses "variantes" sans "original". Marie-Claude Dupré signale qu'un Maßtre de la Terre passait commande, à une certaine occasion, à un de ses amis, lequel envoyait un jeune parent, sportif auprÚs d'un autre sculpteur-danseur qui lui servira de "coach". De retour, le jeune se fera sculpteur de mémoire (les variantes apparaissent toujours), il taillera son costume et deviendra danseur du masque. Voir l'exemplaire décrit par M.-C. Dupré : .
  62. André Derain en possédait un qui est actuellement conservé dans la collection du musée Barbier-Mueller, à GenÚve.
  63. Marie-Claude Dupré dans : M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 245
  64. Marie-Claude DuprĂ© dans : M-C DuprĂ© et E. FlĂ©au, 1998, p. 248 ; voir aussi Marie-Claude DuprĂ©, « Une exposition « patrimoniale » Ă  Paris : BatĂ©kĂ©, peintres et sculpteurs d'Afrique et centrale », Ethnologie française « MusĂ©e, nation : aprĂšs les colonies »,‎ , p. 461-464 (lire en ligne, consultĂ© en ).
  65. « Historique », sur Musée Barbier-Mueller, GenÚve (consulté le ) : photo, « Masque facial. Teke, groupe Tsaayi, république du Congo. Bois léger polychrome. H. 34 cm. Anc. coll. André Derain, Charles Ratton et Josef Mueller. Inv. 1021-20. Musée Barbier-Mueller. Photo Studio Ferrazzini Bouchet. »
  66. Marie-Claude Dupré dans : M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 247
  67. Cette recherche se situe dans l'hĂ©ritage mĂ©thodologique de Pierre Francastel, la « sociologie historique comparative ». M-C DuprĂ©, 1981, p. 106 en rĂ©f. Ă  Peinture et sociĂ©tĂ©, Gallimard, IdĂ©es / art 1965, p. 52 : « L'art explique, en partie, les vĂ©ritables ressorts de la sociĂ©tĂ© Â».
  68. M-C Dupré, 1981, p. 105
  69. Marie-Claude Dupré dans : M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 244-245. Dessins reproduits p. 298 (photographie de 1972).
  70. Musée du Quai Branly
  71. M-C Dupré, 1981, p. 268-273
  72. Marie-Claude Dupré dans : M-C Dupré et E. Fléau, 1998, p. 276 et 276-295
  73. « Memoire Online - Les croyances traditionnelles des Tege Alima et le christianisme (1880-1960) - Louis PraxistÚle Nganga », sur Memoire Online (consulté le )
  74. Pierre BonnafĂ©, « Une grande FĂȘte de la vie et de la mort : le miyali, cĂ©rĂ©monie funĂ©raire d'un seigneur du ciel kukuya (Congo-Brazzaville) », Homme, vol. 13, no 1,‎ , p. 97–166 (DOI 10.3406/hom.1973.367331, lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Bibliographie

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