Obamba (peuple)
Le peuple Obamba est un peuple bantou d'Afrique centrale, établi à l'est du Gabon dans la province du Haut-Ogooué, à Okondja, Ondili... non loin du chef-lieu de province Franceville ; il est également représenté en République du Congo.
Il est considéré comme un sous-groupe des Mbede-Teke[1]. Il a été longtemps considéré par certains comme appartenant au groupe Kota[2].
Ethnonymie
Selon les sources, on observe plusieurs variantes : Ombamba, Mbamba, Abamba, Obamba[3].
Obamba est un singulier, le pluriel est Ambama.
Langues
Sa langue est le lembaama (ou obamba, lambama), une langue bantoue dont le nombre de locuteurs était estimé à prÚs de 25 000 au début des années 2000[4]. On en recensait 15 100 en République du Congo en 2000 et 9 700 au Gabon en 2004.
Le français est également utilisé par une partie de la population.
Histoire
Culture ancienne
Le cuivre et le laiton étaient des signes de richesse, pour les Obamba jusqu'au début du XXe siÚcle. Ces métaux trouvaient l'origine de leur emploi dans les mines que les anciens habitants du Gabon avaient découvertes et qu'elles ont gardé secrÚtes le plus longtemps possible, jusqu'en pleine époque de colonisation.
De nombreux Ă©changes[6] avec les populations voisines ont Ă©tĂ© favorisĂ©s par la cohabitation. Souvent des groupes diffĂ©rents se retrouvent, actuellement, dans le mĂȘme village et la langue des Obamba, le lembaama, constitue la langue vĂ©hiculaire dans la rĂ©gion. Des mariages mixtes entre des personnes de groupes diffĂ©rents sont possibles. Cependant l'empreinte de l'ensemble kota est surtout visible Ă travers le rite de la circoncision. Des influences rĂ©ciproques se manifestent dans les associations coutumiĂšres ou organismes de rĂ©gulation sociale : ndjobi, culte « Mademoiselle » et ngo.
Les Obamba avaient coutume, comme les Kota, de placer dans une case-sanctuaire, Ă l'abri des regards, les ossements des fondateurs du clan soigneusement dĂ©posĂ©s dans un panier. Ce panier Ă©tait, alors, surmontĂ© d'une figure [de bois] Ă placage de cuivre[7]. L'usage de la boĂźte ou du panier Ă ossements Ă©tait trĂšs rĂ©pandu au Gabon, chez les Kota (en usage lors du rite du Bwiti ou BwĂ©tĂ©), mais aussi chez les Fang, oĂč il prend le nom de Byeri, et chez les Mitsogho et Mashango, avec la dĂ©nomination de bumba, et aussi chez les Punu. Ă certaines occasions, pour renouer les liens avec les ancĂȘtres et obtenir leur protection,les reliques Ă©taient sorties du panier et on leur offrait le sang d'un animal. Cette forme de reliquaire Ă©tait donc Ă la fois figure de protection et gardien de la prospĂ©ritĂ© de la communautĂ©. Elle Ă©tait Ă©galement associĂ©e Ă certains rites propitiatoires et aux cĂ©rĂ©monies d'initiation masculines[8]. L'ethnologue Louis Perrois prĂ©cise ainsi leur prĂ©sence au sein de la culture des Kota [mais il assimile aussi les Obamba aux Kota] : « La figure de reliquaire mbulu-ngulu Ă©tait une icĂŽne, le repĂšre visuel dâun monde oĂč les ancĂȘtres continuent Ă veiller sur leurs descendants. CâĂ©tait, en pays Kota, un « outil » essentiel pour la survie des groupes, permettant une communication rĂ©currente entre les vivants et les morts. »[9]. Le reliquaire exprime aussi la nĂ©cessitĂ© symbolique, pour ces peuples, d'utiliser le cuivre, matiĂšre rare, donc marque de richesse. En ce qui concerne le choix des motifs qui constituent les reliquaires, la plupart des motifs dĂ©coratifs Ă©taient des signes liĂ©s au systĂšme dâorganisation familiale ou aux croyances religieuses.
Des similitudes fortes entre les anciennes figures d'ancĂȘtres, gardiens de reliquaires, du groupe bakota et celles des Obamba, ont permis leur comparaison lors de l'exposition, en 2017-2018, au musĂ©e du quai Branly, Ă Paris. Trois types ont Ă©tĂ© dĂ©gagĂ©s par Louis Perrois au sein des figures de reliquaires Obamba : celles qui sont Ă plaques et lamelles des Obamba du Nord, celles de la vallĂ©e de la SĂ©bĂ©, celles Ă plaques des Obamba du Sud, et celles Ă petit visage en « Ă©cu » ou en cĆur avec un certain degrĂ© de naturalisme.
- Figure d'ancĂȘtre, gardien de reliquaire. RĂ©gion d'Okondja, au Nord-est de la RĂ©publique gabonaise[10]
- Figure d'ancĂȘtre, gardien de reliquaire. Plaques et lamelles. Obamba du Nord. Gabon[10].
- Figure d'ancĂȘtre, gardien de reliquaire. Plaques et lamelles. Obamba du Nord. Gabon[10]
- Figure d'ancĂȘtre, gardien de reliquaire. Rives de la SĂ©bĂ©, Gabon[10].
- Figure d'ancĂȘtre, gardien de reliquaire. Obamba (influence Kota du Sud (?), Gabon[11]
La gravure reproduite dans le numĂ©ro 55 de l'hebdomadaire Le Tour du monde en 1888, pour illustrer le texte de Savorgnan de Brazza lors de son voyage dans l'Ouest africain[12] met, cĂŽte Ă cĂŽte, des figures de styles diffĂ©rents sur des paniers d'un style diffĂ©rent aussi, dans le mĂȘme abri.
Personnalités
- Jean-Pierre Lemboumba-Lepandou[13]
- JĂ©rĂŽme Okinda, ancien ministre des Finances[13]
- Paul Toungui, ancien ministre des Finances[13]
- Jean FĂ©lix Mamalepot, ex-gouverneur de la Beac[13]
DieudonnĂ© Pascal Ndouna Okogo Ăcrivain cĂ©lĂšbre et auteur de plusieurs Ćuvres dramaturge.
Notes et références
- « Informations pratiques », sur Direction générale des statistiques du Gabon
- Voir sur cette question Langues et peuples Kota.
- Georges Bruel, Notes géographiques sur le Bassin de l'Ogoouée, Augustin Challamel, , p. 52
- (en) Fiche langue
[mbm]
dans la base de données linguistique Ethnologue. - Tiré de Alfred Marche, Trois voyages dans l'Afrique occidentale : Sénégal, Gambie, Casamance, Gabon, Ogooué, Paris, Hachette, 1879, p. 292, [lire en ligne].
- Guy Claver Loubamono-Bessacque in Yves Le Fur (dir.), 2017, p. 118
- Alain et Françoise Chaffin, 1979, p. 19. Voir aussi : Marie-Claude Dupré, 1980.
- Extrait d'un cartel correspondant, au Muséum de Toulouse.
- Louis Perrois, présentation du livre Kota aux éditions 5 Continents.
- Musée du quai Branly.
- Brooklyn Museum
- Brazza, Voyage dans l'Ouest africain, dans Le Tour du monde, 1888, n° 55, p. 50. Gravure reproduite dans Louis Perrois, Les Kota in Yves Le Fur (dir.), 2017, p. 109. Textes et illustrations en ligne sur le site Institut Français - fonds Gabon. La population des Kota Ndumu y est évoquée en tant qu'Ondoumbo, sur la riviÚre Mpassa.
- Georges Dougueli, « Gabon : Jean-Pierre Lemboumba, le dernier dinosaure », Jeune Afrique,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
Voir aussi
Bibliographie
- (en) David E. Gardinier et Douglas A. Yates, « Obamba », dans Historical dictionary of Gabon, Lanham (Md.), Plymouth, Scarecrow Press, (ISBN 9780810849181)
- Jean-JĂ©rĂŽme Adam, « Sagesse Obamba (Haut-OgoouĂ©) », Muntu. Revue scientifique et culturelle du CICIBA, no 7,â , p. 109-119
- Guy Claver Loubamono-Bessacque in Yves Le Fur (commissaire et directeur de la publication), Louis Perrois (conseiller scientifique) et al. (Exposition : MusĂ©e du quai Branly, 2017-2018), Les forĂȘts natales : Arts d'Afrique Ă©quatoriale atlantique, Actes Sud et MusĂ©e du quai Branly, , 367 p., 33 cm (ISBN 978-2-35744-097-5), p. 18-25, Panorama des dĂ©placements en particulier p. 20-21, et Les Kota de la SĂ©bĂ©, p. 118-119
- Pierre Savorgnan de Brazza (prĂ©f. Chantal Edel et J.P. Sicre, ill. Riou, Barbant, Thiriat), Au cĆur de l'Afrique 1875-1887, Paris, PhĂ©bus, (1re Ă©d. 1887-1888, du rĂ©cit paru dans Le Tour du monde), 206 p., 20 cm (ISBN 2-85940-244-6, lire en ligne), p. 151-163, en ligne sur Gallica: 1887 et 1888, recherche Brazza, 1887 (p. 305-320) et 1888 (p. 1-64) Voir aussi, bonnes gravures : PDF p. 33-41 et 52.