Taureau (constellation)
Le Taureau est une constellation du zodiaque traversĂ©e par le Soleil du 14 mai au 22 juin. Dans l'ordre du zodiaque, la constellation se situe entre le BĂ©lier Ă l'ouest et les GĂ©meaux Ă l'est. Le Taureau Ă©tait lâune des 48 constellations identifiĂ©es par PtolĂ©mĂ©e.
Taureau | |
Vue de la constellation. | |
DĂ©signation | |
---|---|
Nom latin | Taurus |
GĂ©nitif | Tauri |
Abréviation | Tau |
Observation | |
(Ăpoque J2000.0) | |
Ascension droite | Entre 49,25° et 88,25° |
Déclinaison | Entre -1,75° et 30,67° |
Taille observable | 797 deg2 (17e) |
Visibilité | Entre 90° N et 65° S |
MĂ©ridien | 15 janvier, 21h00 |
Ătoiles | |
Brillantes (mâ€3,0) | 4 (α, ÎČ, η, ζ) |
Ă lâĆil nu | 224 |
Bayer / Flamsteed | 15 |
Proches (dâ€16 al) | 0 |
La plus brillante | Aldébaran (0,87) |
La plus proche | ? (? al) |
Objets | |
Objets de Messier | 2 (M1, M45) |
Essaims météoritiques | Taurides Beta taurides |
Constellations limitrophes | Baleine BĂ©lier Cocher Ăridan GĂ©meaux Orion PersĂ©e |
Le Taureau est également un signe du zodiaque correspondant au secteur de 30° de l'écliptique traversé par le Soleil du 20 avril au 21 mai.
Histoire et mythologie
En MĂ©sopotamie"
Le Taureau est une crĂ©ation mĂ©sopotamienne. Nous le lisons sur la tablette dite MUL.APIN, le premier traitĂ© d'astronomie mĂ©sopotamienne, dĂ©couvert Ă Ninive dans la bibliothĂšque d'Assurbanipal et datant au plus tard de 627 av. Ăš. c., que lâĂ©toile Alpha Tauri est nommĂ©e mul.GU4.AN.NA = IlĂ» ĆĄamĂȘ, « le Taureau cĂ©leste »[1].
Par la suite, au dĂ©but du 1er millĂ©naire Ăš.c., le ciel est organisĂ© en constellations, câest-Ă -dire que les Ă©toiles sont dĂ©sormais nommĂ©es par leur situation dans les figures cĂ©lestes, comme cela est attestĂ© dans les fameux Ă©phĂ©mĂ©rides qui sâĂ©talent de 652 av. Ă©.c Ă 61 de notre Ăšre, apparaĂźt la constellation du Taureau, dans laquelle alpha Tau est nommĂ©e is-le10, « la MĂąchoire du Taureau ». Mais il faut noter que la figure mĂ©sopotamienne apparaĂźt sous la forme dâun protomĂ© de Taureau, le reste de lâespace de la constellation qui nous est familiĂšre depuis les Grecs Ă©tant occupĂ© par GIGIR = Narkabtu, « le Chariot »[2] - [3].
Dans lâĂpopĂ©e de Gilgamesh, rĂ©cit mythologie qui est une des Ćuvres les plus anciennes de lâhumanitĂ©, GU4.AN.NA = IlĂ» ĆĄamĂȘ, « le Taureau cĂ©leste », est envoyĂ© sur terre par Anu, le pĂšre des dieux, pour dĂ©vaster la ville dâUruk Ă la demande de sa fille IĆĄtar, dĂ©pitĂ©e que GilgameĆĄ, le roi de cette citĂ©, ait pu refuser ses avances amoureuses[4].
En GrĂšce
Les Grecs hĂ©ritĂšrent de façon sĂ©parĂ©e de la constellation et du mythe. La constellation de ΀αÏÏÎżÏ est connue au plus tard au Ve s. av. Ăš. c. avec PhĂ©rĂ©cyde de Syros[5]. Pour ĂratosthĂšne, le Taureau pourrait ĂȘtre soit la forme bovine utilisĂ©e par Zeus afin de commettre le rapt dâEurope, soit le taureau blanc envoyĂ© par PosĂ©idon Ă Minos[6].
Dans la mythologie grecque, le Taureau pourrait ĂȘtre soit la forme bovine utilisĂ©e par Zeus afin de commettre le rapt dâEurope, soit le taureau blanc envoyĂ© par PosĂ©idon Ă Minos. Pour d'autres, il serait le Taureau d'airain (selon les versions, seuls les sabots seraient d'airain ou le corps entier), la gorgone qui inspira le tyran Phalaris pour la construction d'un instrument de torture de mĂȘme nom, dominĂ© par Jason et qui sera tuĂ© plus tard par ThĂ©sĂ©e Ă Marathon. D'un autre cĂŽtĂ©, on trouve un Ă©cho du rĂ©cit de ĂpopĂ©e de Gilgamesh dans lâun des douze travaux demandĂ©s par EurysthĂ©e, roi dâArgolide, Ă dâHĂ©raclĂšs. Le septiĂšme dâentre eux consiste en effet Ă dompter le taureau que le dieu PosĂ©idon a dĂ©chaĂźnĂ© pour saccager lâĂźle de CrĂšte afin de punir le roi Minos de ne pas avoir tenu sa promesse de le lui sacrifier un taureau[7].
Chez les Arabes
Les Arabes en hĂ©ritĂšrent de la figure babylonienne sous le nom de ۧÙŰ«Ù۱ al-áčźawr par le canal de lâaramĂ©en áčźawrÄ pour le signe du zodiaque. Câest seulement ensuite quâils adoptĂšrent lâarpentage grec du ciel et connurent la constellation grecque de ΀αÏÏÎżÏ, Ă son tour nommĂ©e ۧÙŰ«Ù۱ al-áčźawr. Il faut surtout savoir que les Anciens Arabes plaçaient sur cet espace la figure dâal-áčźurayyÄ, dont le centre est situĂ© sur la IIIe des stations lunaires ou manÄzil al-qamar, correspondant aux PlĂ©iades, dont lâimage dĂ©veloppĂ©e dâun personnage fĂ©minin sâĂ©tend de la TĂȘte de la Baleine Ă CassiopĂ©e, et qui sâĂ©tend encore sur la IVe station, soit al-DabarÄn, « la Suivante », qui correspond aux Hyades grĂ©co-latines.
Notons que, dans le ciel arabe traditionnel, nous avons deux manÄzil al-qamar ou « stations lunaires » dabs l'espacge du Taureau" grĂ©co-arabe:
La IIIe, qui correspond Ă lâamas des ââPlĂ©iadesââ grĂ©co-latines, soit M 45, est nommĂ©e ۧÙ۫۱ÙÙۧ al-áčźurayyÄ. Quant Ă la IVe, elle correspond à α Tau, soit l'Ă©toile brillante des Hyades. Son nom, ۧÙŰŻŰšŰ±Ű§Ù al-DabarÄn, « la Suivante », lui vient du fait qu'elle suit ۧÙ۫۱ÙÙۧ al-áčźurayyÄ, dont l'importance vient du fait que cet astĂ©risme Ă lâallure trĂšs caractĂ©ristique et bien situĂ© sur lâĂ©cliptique dans la Haute AntiquitĂ©, marquait chez les Arabes comme chez dâautres peuples, les MĂ©sopotamiens et les Indiens, le dĂ©but du calendrier.
Par la suite, quand les constellations se forment dans le ciel arabe traditionnel, ۧÙ۫۱ÙÙۧ al-áčźurayyÄ devient une immense figure. Elle commence dans le TĂȘte de la Baleine, passe par le Taureau, oĂč lui sont intĂ©grĂ©es est intĂ©grĂ©e l'Ă©toile primitive de la constellation, soitۧÙ۫۱ÙÙۧ al-áčźurayyÄ, et sa suivante, ۧÙŰŻŰšŰ±Ű§Ù al-DabarÄn. Elle se continue dans PersĂ©e et coĂŻncide pour finir avec le W de CassiopĂ©e.
Observation des Ă©toiles
Localisation de la constellation
Grande constellation majeure du ciel hivernal de lâhĂ©misphĂšre nord, le Taureau est situĂ© entre le BĂ©lier Ă lâouest et les GĂ©meaux Ă lâest. Le Cocher et PersĂ©e se trouvent au nord, la Baleine et lâĂridan au sud-ouest, et Orion au sud-est.
AldĂ©baran se repĂšre soit Ă partir d'Orion (dans le prolongement des « trois rois mages »), ou par sa proximitĂ© avec les PlĂ©iades. C'est l'Ă©toile brillante qui domine l'axe Orion - PlĂ©iades. AldĂ©baran peut Ă©galement ĂȘtre identifiĂ©e directement par le « V » dont elle marque une des extrĂ©mitĂ©s.
Forme de la constellation
AldĂ©baran (α Tauri), rouge et brillante, lâune des Ă©toiles de premiĂšre magnitude, se trouve au milieu de cette constellation. DerriĂšre elle se trouvent les Hyades, lâamas ouvert le plus proche de la Terre, qui, avec AldĂ©baran, forme un « V » marquant la tĂȘte du Taureau. Les cornes sâĂ©tendent Ă lâouest, marquĂ©es par Elnath (ÎČ Tauri, traditionnellement partagĂ©e par le Cocher) et ζ Tauri. Vers le milieu de la constellation se trouve un des amas ouverts les plus connus, facilement visible Ă lâĆil nu, les PlĂ©iades.
La partie Nord-Est de la constellation contient deux Ă©toiles brillantes mais assez isolĂ©es, qui ne paraissent pas rattachĂ©es au centre. En prolongeant la branche du « V » oĂč se trouve AldĂ©baran, on tombe sur ζ Tau, le nez du Taureau, qui semble se regrouper avec la massue d'Orion et les pieds des GĂ©meaux. De son cĂŽtĂ©, Elnath (ÎČ Tau), la corne Est, se situe dans le prolongement de l'autre branche du « V », et semble plutĂŽt se regrouper avec le Cocher pour former un petit hexagone.
La « colonne vertébrale » est dans le prolongement arriÚre de Aldébaran et sa branche du « V ». On tombe successivement sur λ Tau et ο Tau, qui marque la fin de la constellation. Entre la colonne vertébrale et l'arc d'Orion, la partie Sud-Ouest ne contient pas d'alignement. On peut y voir un corps de taureau et quelques pattes, la forme imaginée variant avec les conditions de visibilité.
Ătoiles principales
Aldébaran (α Tauri)
AldĂ©baran est lâĂ©toile la plus brillante de la constellation du Taureau avec une magnitude apparente de 0,87 (soit la 13e du ciel). Distante de soixante-cinq annĂ©es-lumiĂšre, câest une gĂ©ante rouge dâun Ăąge avancĂ©, quarante fois plus grande que le Soleil.
AldĂ©baran est proche de lâĂ©cliptique et est parfois occultĂ©e par la Lune.
Objets célestes
La constellation du Taureau contient, entre autres, deux amas dâĂ©toiles proches, les Hyades et les PlĂ©iades, suffisamment lumineux pour ĂȘtre clairement visibles Ă lâĆil nu.
Les Hyades sont distantes dâenviron cent-cinquante annĂ©es-lumiĂšre, ce qui en fait lâamas ouvert le plus proche du SystĂšme solaire (si on exclut lâamas de la Grande Ourse qui semble nâĂȘtre quâun ensemble dâĂ©toiles individuelles non liĂ©es). La plupart de ses membres se situent dans un diamĂštre de dix annĂ©es-lumiĂšre et se dĂ©placent Ă peu prĂšs dans la mĂȘme direction. Bien quâAldĂ©baran se trouve apparemment au centre de lâamas, elle nâen fait pas partie et est en fait deux fois plus proche.
Les PlĂ©iades (Ă©galement notĂ©es M45) sont probablement lâamas le plus connu. En fait, on peut distinguer Ă lâĆil nu de six Ă douze Ă©toiles distinctes, parmi les cinq cents qui le composent. Lâamas est distant de trois cent quatre-vingts annĂ©es-lumiĂšre.
Un autre objet visible au tĂ©lescope est la nĂ©buleuse du Crabe, un vestige de supernova au nord-est de ζ Tauri. Lâimmense explosion, visible le 4 juillet 1054, a Ă©tĂ© assez brillante pour ĂȘtre observĂ©e de jour. On en trouve des mentions dans des recueils historiques chinois et dans des poteries amĂ©rindiennes.
Annexes
Références
- Roland Laffitte, « Série MUL.APIN (BM 86378), Tab. I, ii, l. 1, sur le site URANOS. »
- Roland Laffitte, « Les étoiles de comput dites 'normales' dans les Journaux astronomiques (652-61 av. J.-C.) site URANOS. »
- Roland Laffitte,, « Constellations mĂ©sopotamiennes : GU4.AN.NA = Alap ĆĄamĂȘ, site URANOS »
- Roland Laffitte,, « La figure cĂ©leste du Taureau, de Babylone Ă aujourdâhui, article paru dans le numĂ©ro de 2016 de PlanĂ©tariums, revue de lâAPLF (Association des PlanĂ©tariums de Langue Française), p. 50, repris sur le site URANOS »
- Roland Laffitte,, « LâhĂ©ritage mĂ©sopotamien des Grecs en matiĂšre de noms astraux (planĂštes, Ă©toiles et constellations, signes du zodiaque), in Lettre SELEFA n° 10 (dĂ©cembre 2021), pp. 16-19. »
- ĂratosthĂšne, Le Ciel, mythes et histoires des constellations, Pascal Charvet (dir.), Paris : Nil Ăditions, 1998, p. 83.
- AndrĂ© Le BĆuffle, Les Noms latins dâastres et de constellations, Ă©d. Paris : Les Belles Lettres, 1977, pp. 154-155.