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Spitzenkandidat

Le Spitzenkandidat (prononcĂ© en allemand : /ˈʃpÉȘtÍĄsnÌ©kandiˌdaːt/[alpha 1]) est un terme allemand qui peut se traduire par « tĂȘte de liste » ; dĂ©signant initialement le candidat d'un parti allemand Ă  la direction du gouvernement d'un Land, il Ă©voque dĂ©sormais, dans le jargon institutionnel europĂ©en, le mode de dĂ©signation du prĂ©sident de la Commission europĂ©enne mis en place par le Parlement europĂ©en Ă  la suite des Ă©lections europĂ©ennes de 2014.

Processus

Jean-Claude Juncker, premier président de la Commission élu dans le cadre du systÚme du spitzenkandidat.

Dans sa recommandation du sur le renforcement de la conduite dĂ©mocratique et efficace des Ă©lections du Parlement[1], la Commission europĂ©enne demande aux partis politiques europĂ©ens et nationaux de mettre en place des mesures afin de « renforcer le rĂŽle que jouent les partis politiques europĂ©ens en contribuant Ă  la formation d'une conscience politique europĂ©enne et Ă  l'expression de la volontĂ© des citoyens de l'Union europĂ©enne ». L'une des mesures prise est l'introduction du principe de candidats tĂȘtes de liste (spitzenkandidaten au pluriel) de chacun des partis au sein du Parlement afin de les reprĂ©senter et de dĂ©fendre leur programme politique au niveau europĂ©en ; ce changement vise notamment Ă  permettre « aux Ă©lecteurs de choisir en connaissance de cause entre plusieurs plateformes politiques pour l'Europe, plutĂŽt que de se prononcer sur la base de questions politiques exclusivement nationales ». Cette recommandation a Ă©tĂ© renforcĂ©e par le rĂšglement no 1141/2014[2].

Ainsi, prĂ©alablement Ă  l'Ă©lection de 2014, le Parti populaire europĂ©en (PPE), le Parti socialiste europĂ©en (PSE) ou encore l'Alliance des libĂ©raux et des dĂ©mocrates pour l'Europe (ALDE) ont chacun prĂ©sentĂ© un candidat chargĂ© de reprĂ©senter les listes nationales au niveau europĂ©en ; Jean-Claude Juncker pour le PPE, Martin Schulz pour le PSE, Guy Verhofstadt pour l'ALDE, etc. Avec la victoire du PPE, arrivĂ© en tĂȘte, le choix de confier le poste Ă  Jean-Claude Juncker a Ă©tĂ© confirmĂ© par son groupe parlementaire puis validĂ© par cinq des sept groupes et par un vote de la nouvelle lĂ©gislature[3].

Avant cette transformation, le pouvoir de nomination du prĂ©sident de la Commission Ă©tait dĂ©volu aux dirigeants des États membres qui dĂ©signaient gĂ©nĂ©ralement une personnalitĂ© politique du parti majoritaire au sein du Conseil europĂ©en qui n'avait pas nĂ©cessairement la lĂ©gitimitĂ© auprĂšs du Parlement, de leurs propres partis politiques ou des citoyens[4]. Le systĂšme du spitzenkandidat se rapproche davantage des Ă©lections primaires que l'on retrouve dans un certain nombre de partis politiques dans la plupart des États membres et qui Ă©chappe ainsi au contrĂŽle des membres du Conseil europĂ©en.

Critiques

Avec la prĂ©pondĂ©rance des groupes du PSE et du PPE (ce dernier est en tĂȘte de toutes les Ă©lections europĂ©ennes depuis celles de 1999), ce systĂšme de dĂ©signation ne favorise pas les partis moins reprĂ©sentĂ©s et l'alternance politique peut ĂȘtre faible si les principaux groupes politiques s'entendent sur une rĂ©partition des postes clĂ©s (ce qui a Ă©tĂ© le cas en 2014 − la prĂ©sidence de la Commission revenant au PPE et la prĂ©sidence du Parlement au PSE)[5].

L'un des objectifs initiaux était également de rendre le processus de désignation du président de la Commission davantage « démocratique » et d'attirer plus de citoyens aux élections européennes ; cela n'a pas fonctionné en 2014 car le taux de participation est resté quasi identique[6].

Les politologues notent Ă©galement le risque de se retrouver dans une situation oĂč le prĂ©sident de la Commission est rattachĂ© Ă  un parti ou Ă  un groupe politique diffĂ©rent de celui de la majoritĂ© des membres du Conseil europĂ©en crĂ©ant une situation de cohabitation politique[4].

Lors des Ă©lections europĂ©ennes de 2019, ce systĂšme est remis en place mais sa pĂ©rennitĂ© n'est pas assurĂ©e car le processus de dĂ©signation du prĂ©sident de la Commission tel que dĂ©fini dans le traitĂ© de Lisbonne n'oblige pas les dirigeants du Conseil europĂ©en Ă  s'y plier ; s'ils doivent « tenir compte du rĂ©sultat des Ă©lections europĂ©ennes », le choix peut leur revenir s'ils le dĂ©cident[4]. Ainsi, pour les Ă©lections de 2019, ce systĂšme du Spitzenkandidat, mettant comme favori l'Allemand Manfred Weber, n'enthousiasme pas les dirigeants des États europĂ©ens. En effet, il s'agirait d'un « compromis sur le moins bon candidat » (Emmanuel Macron, prĂ©sident français). Toutefois, le prĂ©sident du Parlement europĂ©en, Antonio Tajani, tempĂšre en rappelant que le Spitzenkandidat est le rĂ©sultat du choix des Ă©lecteurs et que, s'ils « sont d'accord pour dire que le PPE est le premier parti, nous devons accepter son candidat »[7]. Pour Macron, un bon chef europĂ©en se doit de rassembler diverses qualitĂ©s. Il mentionne parmi d'autres la lĂ©gitimitĂ©, l'engagement, l'expĂ©rience, l'appartenance Ă  une coalition progressiste, etc. rappelant qu'« il y a des dirigeants parmi [l]es candidats qui ont les qualitĂ©s que j’ai Ă©voquĂ©es »[8].

Notes

  1. En allemand, le mot est toujours Ă©crit avec une majuscule initiale, comme tous les substantifs.

Sources

Références

Bibliographie

  • RĂšglement 1141/2014 du Parlement europĂ©en et du Conseil relatif au statut et au financement des partis politiques europĂ©ens et des fondations politiques europĂ©ennes, 32014R1141, adoptĂ© le 22 octobre 2014, JO du 4 novembre 2014, p. 1-27, entrĂ© en vigueur le 5 novembre 2014 [consulter en ligne, notice bibliographique]

Compléments

Articles connexes

Liens externes

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