Siège de Valenciennes (1567)
Le siège de Valenciennes, qui a lieu du au , oppose les troupes de Philippe de Noircarmes, gouverneur du comté de Hainaut, et la ville de Valenciennes, insurgée au cours de la révolte des Pays-Bas espagnols, dite « révolte des Gueux », contre le roi Philippe II et ses représentants.
Date | du au |
---|---|
Lieu |
Valenciennes (France actuellement) |
Issue | Victoire espagnole |
Changements territoriaux | Valenciennes passe aux Espagnols |
Gueux | Monarchie espagnole |
Pérégrin de la Grange | Philippe de Noircarmes |
Batailles
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Coordonnées | 50° 21′ 29″ nord, 3° 31′ 24″ est |
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Cette bataille, qui s'achève par la prise de Valenciennes, est un prélude à la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), qui aboutira à la sécession, puis à l'indépendance des Provinces-Unies.
Contexte
Les Pays-Bas espagnols en 1566
En 1566, les Pays-Bas espagnols, issus de l'empire bourguignon de Charles le Téméraire, sont constitués de 17 provinces, allant de la Frise à l'Artois, dont le souverain (duc de Brabant, comte de Flandre, etc.) est, par le jeu des mariages et héritage, le chef de la maison des Habsbourg d'Espagne, le roi Philippe II. Depuis le règne de son père Charles Quint, ces 17 provinces constituent une entité spécifique, séparée du royaume de France[1] ou du Saint-Empire, officiellement appelée « cercle de Bourgogne ».
Philippe II est représenté dans chaque province par un gouverneur (en néerlandais stathouder), et, pour l'ensemble, par le gouverneur général, à cette date sa demi-sœur Marguerite de Parme (la « gouvernante »). Les habitants sont représentés par les états de chaque province et par les états généraux des 17 provinces. La noblesse néerlandaise est représentée par plusieurs personnalités (notamment Guillaume d'Orange et le comte Lamoral d'Egmont) dans le conseil d'État, conseil de gouvernement qui assiste la gouvernante.
Les sujets de tension entre Philippe II et ses sujets néerlandais sont nombreux depuis son avènement en 1555 : politiques et fiscaux, mais aussi religieux (problème du traitement de la religion protestante, qui se développe fortement aux Pays-Bas). aboutissent à une crise grave en 1566, qui se transforme en une révolte, la « révolte des Gueux » (août 1566).
La crise de 1566
Le 5 avril 1566, un groupe de nobles présente à la gouvernante une pétition, le « Compromis des Nobles », proposant des solutions pour maintenir la paix dans le pays ; les pétitionnaires reçoivent à cette occasion le surnom injurieux de « gueux », qu'ils reprennent à leur compte pour s'en glorifier (« banquet des Gueux », du 6 avril). Le soir de cette entrevue, le conseil d'État se prononce pour la modération des activités de l'Inquisition et des placards (édits).
Cet épisode provoque un relâchement de la discipline religieuse, une intensification de la prédication protestante ; au mois d'août, cela aboutit à deux semaines de furie iconoclaste des calvinistes les plus radicaux, marquées par des destructions d'édifices religieux catholiques ou de leur mobilier. C'est le début de la révolte des Gueux. Dans l'ensemble, ce sont les régions situées au sud d'Anvers qui sont les plus touchées.
Historique
La rébellion de Valenciennes (août-décembre 1566)
À Valenciennes, ville du comté de Hainaut, la furie iconoclaste a lieu le 24 août, puis un parti de calvinistes se retranche en ville sous la direction de Pérégrin de la Grange et de Guy de Brès (installé à Valenciennes depuis 1566).
La gouvernante propose aux villes atteintes de se faire protéger par des troupes royales, ce qui suppose l'installation d'une garnison. Valenciennes ne donnant pas son accord, est déclarée rebelle le 17 septembre. Les magistrats municipaux seraient plutôt enclins à céder, mais dans la nuit du 5 au 6 décembre, Pérégrin de la Grange prononce un discours où il s'élève contre la venue des « cruels mercenaires », et, compte tenu de son succès auprès de la population, la garnison est formellement refusée, ce qui déclenche les opérations militaires du gouverneur Philippe de Noircarmes.
Le 14 décembre, la gouvernante proclame officiellement la rébellion de Valenciennes et sa mise en état de siège.
Le siège
Noircarmes met d'abord en place un siège passif (sans canonnade) autour de la ville, qui est tout de même isolée du reste du pays. Les assiégés font des sorties, mais sans résultats ; ils manifestent malgré tout un moral d'acier, se moquant de la menace qui leur est faite d'utiliser des canons. Une colonne de secours est battue à Wattrelos le 27 décembre, une autre à Lannoy le 29. Les leaders de l'opposition (Guillaume d'Orange, notamment) soutiennent le refus de la garnison, mais ne font rien de plus.
En mars 1567, a lieu une concentration de troupes protestantes sous la direction de Jean de Marnix[2], mais le 13 mars, elle est battue de façon décisive par Philippe de Lannoy (Marnix est tué).
À ce moment, les assiégeants ont progressé vers les murs de la ville, mais toujours sans attaquer. Le gouverneur demande au comte d'Egmont et à Philippe de Cröy d'aller négocier une reddition, mais ils ne réussissent pas à convaincre Pérégrin de la Grange et Guy de Brès, qui à ce moment, refusent de croire à la défaite de Jean de Marnix.
La canonnade commence le 20 mars et dure jusqu'à la capitulation de la ville le 23 (dimanche des Rameaux).
Conséquences
Nombre de rebelles sont arrêtés et exécutés, dont Guy de Brès et Pérégrin de la Grange, pendus le .
Suites
En août 1567, la répression de la révolte des Pays-Bas est confiée au duc d'Albe à la tête de 10 000 soldats espagnols. Beaucoup de gens sont arrêtés, même sans avoir participé activement à l'insurrection (le comte d'Egmont est condamné à mort et sera exécuté en 1568), et beaucoup d'autres se réfugient à l'étranger, dont Guillaume d'Orange, qui lancera dès 1568 une offensive contre le duc d'Albe, début de la guerre de Quatre-Vingts Ans.
Galerie
- Le siège de Valenciennes, gravure de Frans Hogenberg (vers 1570)
- Le siège de Valenciennes, gravure de Johann Wilhelm Baur (vers 1630)
- Prise de Valenciennes, gravure de don Juan de Ledesma (entre 1670 et 1699)
Notes et références
- Le comté de Flandre et le comté d'Artois étaient des fiefs français jusqu'au traité de Madrid de 1526 ; les autres provinces relevaient de l'Empire.
- Frère de Philippe de Marnix.
Voir aussi
Bibliographie
- Collectif, Le Nord, de la préhistoire à nos jours, ed Bordessoules, , p. 142