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Sexisme dans la science moderne

Le sexisme dans la science moderne se traduit par une représentation biaisée des hommes et des femmes dans le discours scientifique, censé pourtant respecter un principe de neutralité. Les femmes sont définies par rapport à l'homme, ou inscrites dans une hiérarchie et infériorisées, ou assignées à un rÎle unique (celui de reproductrices par exemple) ; le choix des thÚmes de recherche peut également révéler un parti pris sexiste. Les sciences modernes, tout particuliÚrement les sciences de la vie, ont ainsi perpétué des stéréotypes de genre, et justifié quelquefois les inégalités entre hommes et femmes[1] - [2]. L'intervention de valeurs sociales androcentriques dans la production du savoir scientifique a été mise en lumiÚre depuis les années 1990 par les gender studies[1]. Cet article aborde ces questions pour la période du XIXe au XXIe siÚcle.

Les biais de genre qui affectent la connaissance peuvent éventuellement s'expliquer par la prépondérance des hommes dans les milieux scientifiques ; le problÚme de la sous-représentation des femmes dans les échelons supérieurs des institutions scientifiques est traité dans un article séparé, Place des femmes en sciences.

La question de la neutralité de la science

L'Ă©tude du sexisme dans le discours scientifique s'est longtemps heurtĂ©e Ă  une forte rĂ©sistance parce qu'elle suppose que des valeurs ou des idĂ©ologies interviennent dans la production, l'acceptation et la validation d'hypothĂšses savantes, en contradiction avec l'idĂ©al de neutralitĂ© de la science[3]. Quelques avancĂ©es ont eu lieu dans ce sens dĂšs les annĂ©es 1950-1960 ; le philosophe des sciences Ernest Nagel esquisse en 1961 une rĂ©flexion gĂ©nĂ©rale (sans rapport avec le sexisme) sur cette question, affirmant : « les difficultĂ©s gĂ©nĂ©rĂ©es dans l’enquĂȘte scientifique par des biais inconscients et des orientations tacites en matiĂšre de valeur sont rarement rĂ©solues par de pieuses rĂ©solutions d’éliminer les biais. Elles sont en gĂ©nĂ©ral surmontĂ©es, et souvent seulement progressivement, par les mĂ©canismes auto-correcteurs de la science, en tant qu’entreprise sociale »[3]. Ce sont surtout les historiennes fĂ©ministes des sciences qui ont montrĂ© l'importation des valeurs dominantes dans le contenu des sciences, et soulignĂ© la prĂ©gnance d'une idĂ©ologie sexiste dans le discours acadĂ©mique[3].

MalgrĂ© ses prĂ©tentions Ă  l'objectivitĂ©, le discours scientifique subit les effets des rapports sociaux ; dans un contexte de domination masculine, la pratique de la science tend Ă  promouvoir les intĂ©rĂȘts et le point de vue des hommes[2]. Plus le groupe producteur du savoir est homogĂšne, plus les biais risquent d'ĂȘtre prononcĂ©s[2].

Biais au XIXe siĂšcle

Au XIXe siÚcle se met en place dans la science une hiérarchisation des différences entre les sexes ; l'homme apparaßt comme un modÚle achevé, tandis que la femme est présentée en comparaison comme physiologiquement immature, intellectuellement inférieure et moins évoluée[4].

Immaturité physique de la femme

Le naturaliste Julien-Joseph Virey (1775-1846) est un de ceux qui fondent la dévalorisation des femmes sur l'idée de leur croissance physiologique incomplÚte : la femme est semblable à l'enfant et condamnée à demeurer dans la dépendance de l'homme[4]. « La femme se rapporte à l'enfance en beaucoup de choses », écrit Virey, qui compare à titre d'exemple la dentition des hommes et des femmes : « On a remarqué, dit-il dans son Histoire naturelle du genre humain (1800), que la femme avait souvent un plus petit nombre de dents molaires que l'homme (les dents dites de sagesse ne sortant pas toujours dans plusieurs femmes) »[4].

L'absence de sperme est un autre exemple de l'incomplĂ©tude des femmes toujours selon Virey : « la femme est semblable Ă  l’individu privĂ© de sperme, ou telle que l’eunuque ou l’enfant » ; or pour ce mĂȘme auteur le sperme dont la femme est dĂ©pourvue est la condition de l'accomplissement physique et moral : « le sperme, et l’ardeur, l’énergie qu’il imprime Ă  tout le corps viril, fortifie les muscles, tend le systĂšme nerveux, grossit la voix, fait sortir les poils et la barbe, (
) inspire le courage, les hautes pensĂ©es, rend le caractĂšre franc, simple, magnanime »[5]. L'homme donne, la femme reçoit ; elle a besoin d'un partenaire masculin, lequel jouit d'une surabondance de force[5].

Influence du physique sur le moral

L'infĂ©rioritĂ© intellectuelle des femmes est prĂ©sentĂ©e au dĂ©but du XIXe siĂšcle comme la consĂ©quence d'une croissance physiologique avortĂ©e — avant que l'Ă©tude du crĂąne et du cerveau des femmes n'apporte dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle de nouvelles « preuves » en ce sens —[4] - [5]. Ainsi toujours selon Julien-Joseph Virey, « toute la constitution morale du sexe fĂ©minin dĂ©rive de la faiblesse innĂ©e de ses organes ; tout est subordonnĂ© Ă  ce principe par lequel la nature a voulu rendre la femme infĂ©rieure Ă  l’homme ». La femme sera nĂ©cessairement « toujours au-dessous de la perfection dans les sciences, les lettres ou les arts »[5]. InfĂ©rieure par la faiblesse de la physiologie de ses organes, la femme l’est donc aussi par ses capacitĂ©s intellectuelles : « par nature, sensibilitĂ©, mobilitĂ© et maternitĂ© rendent la femme incapable de raison ; Ă  l’inverse, force, profondeur, persĂ©vĂ©rance font de l’homme un ĂȘtre principalement crĂ©Ă© pour l’exercice de la pensĂ©e et de l’industrie » (Virey, article « homme Â»)[5].

CrĂąne et cerveau

Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle la craniologie (Ă©tude des formes du crĂąne) prend son essor ; les comparaisons de crĂąnes d'EuropĂ©ens et de non-EuropĂ©ens conduit Ă  mettre au point des critĂšres « scientifiques » qui dĂ©valorisent des peuples dits primitifs ; ces mĂȘmes critĂšres, repris dans des Ă©tudes comparatives de crĂąnes d'hommes et de femmes, servent ensuite Ă  Ă©tablir l'infĂ©rioritĂ© intellectuelle des femmes.

Le prognathisme, ou projection en avant de la mùchoire, est ainsi promu comme un indice caractéristique des « nations les plus dégradées d'Afrique et des sauvages de l'Australie » selon les termes du médecin anglais James Cowles Prichard en 1849 ; puis le prognathisme devient le propre des femmes : « les femmes sont dans l'humanité plus prognathes [...] que les hommes », écrit Paul Topinard dans les années 1870 ; le biais raciste et le biais sexiste se conjuguent en définitive, et Topinard peut conclure que les femmes sont moins intelligentes que les hommes : « la femme est à l'homme, ce que l'Africain est à l'Européen, et le singe à l'humain »[4].

Les scientifiques de l'Ă©poque reproduisent cette dĂ©marche dans leur analyse d'autres traits physiologiques comme le poids du cerveau, le degrĂ© de dĂ©veloppement des lobes[6] ou de la moelle Ă©piniĂšre[7]. Le poids du cerveau par exemple, dĂ©clarĂ© supĂ©rieur chez les individus des nations europĂ©ennes, est prĂ©sentĂ© comme la marque d'une supĂ©rioritĂ© intellectuelle des Blancs par rapport aux non-Blancs ; ensuite Gustave Le Bon, Paul Broca et d'autres en dĂ©duisent que les femmes blanches, dotĂ©es d'un cerveau moins lourd que celui des hommes, sont moins intelligentes que les hommes, et la classification des races renforçant la hiĂ©rarchie entre les sexes, ces scientifiques ajoutent que les capacitĂ©s intellectuelles des femmes blanches sont comparables Ă  celles des Noirs[4].

Certaines de ces théories craniologiques ont été réfutées par des scientifiques dÚs le XIXe siÚcle, notamment par Léonce Manouvrier.

Femmes reproductrices

« Les femmes sont destinĂ©es Ă  la procrĂ©ation » est un axiome fondamental de la science au XIXe siĂšcle[5]. « La femme ne vit pas pour elle-mĂȘme, mais pour la multiplication de l’espĂšce, conjointement avec l’homme. VoilĂ  le seul but que la Nature, la SociĂ©tĂ© et la Morale avouent », Ă©crit Virey[5]. Pour le mĂ©decin Paul Julius Möbius Ă©galement, « la procrĂ©ation et le soin apportĂ© aux enfants » constituent le but ultime de l'existence fĂ©minine, c'est pourquoi « la Nature a dotĂ© la femme de tous les attributs utiles Ă  sa destinĂ©e et lui a refusĂ© les facultĂ©s spirituelles et intellectuelles de l’homme »[8].

Maladies des femmes

Au cours du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle, des mĂ©decins et psychiatres misogynes ont prĂ©sentĂ© la fonction reproductrice comme un facteur favorisant la folie fĂ©minine[9]. Dans un ouvrage intitulĂ© De la DĂ©bilitĂ© mentale physiologique chez la femme (1900) le neurologue allemand Paul Julius Möbius Ă©crit : « tout en n'Ă©tant pas une vĂ©ritable maladie, les menstruations et la grossesse troublent profondĂ©ment l'Ă©quilibre mental et portent atteinte Ă  la capacitĂ© de discernement et au sens juridique »[10] ; il Ă©tait contre l'accĂšs des jeunes filles aux Ă©tudes de mĂ©decine ; son argumentation visait Ă  mettre en doute les aptitudes intellectuelles des femmes tentĂ©es par la carriĂšre mĂ©dicale[8].

L’hystĂ©rie, analysĂ©e au XIXe siĂšcle comme une affection de l’utĂ©rus, renforce l'association entre fĂ©minitĂ© et pathologie[5]. En 1840, le neurophysiologiste anglais Thomas Laycock est un de ces scientifiques qui contribuent Ă  fĂ©miniser et sexualiser l'hystĂ©rie[9] - [11]. Alors mĂȘme que des hommes, certes minoritaires, Ă©taient diagnostiquĂ©s hystĂ©riques au XIXe siĂšcle[5], la thĂšse utĂ©rine connaissait une telle vogue que le philosophe autrichien Otto Weininger pouvait dĂ©clarer en s'y rĂ©fĂ©rant, en 1903 : « l'hystĂ©rie est la crise organique de la duplicitĂ© organique des femmes »[9].

Les hommes aussi sont, pour les mĂ©decins du XIXe siĂšcle, affectĂ©s par une maladie qui leur est propre : il s'agit de l'hypocondrie ; cependant, cette affection touche surtout les littĂ©rateurs et les savants, c'est une maladie noble, liĂ©e Ă  un surmenage intellectuel, Ă  la diffĂ©rence de l'hystĂ©rie expliquĂ©e parfois par une « surexcitation de la matrice » et associĂ©e Ă  une sexualitĂ© lascive[5].

Les menstruations ont pu ĂȘtre prĂ©sentĂ©es comme un handicap et une cause de pathologie ; ainsi l'anthropologue anglais James McGrigor Allan (en) affirme en 1869 devant la London Anthropological Society : « Dans ces moments-lĂ , les femmes souffrent d'une langueur et d'une dĂ©pression qui les disqualifient pour la pensĂ©e ou l'action ; il est douteux que l'on puisse les considĂ©rer comme des ĂȘtres responsables, tant que la crise dure. Une grande partie de la conduite inconsĂ©quente des femmes, leur pĂ©tulance, leur caprice et leur irritabilitĂ© sont directement liĂ©s Ă  cette cause. Des cas de cruautĂ© fĂ©minine (qui nous surprennent comme incompatibles avec la douceur normale du sexe) peuvent probablement ĂȘtre attribuĂ©s Ă  l'excitation menstruelle causĂ©e par cette maladie pĂ©riodique
 »[9].

Biais aux XXe et XXIe siĂšcle

L'idéologie sexiste qui imprégnait les discours scientifiques au XIXe siÚcle continue d'exercer une action également sur les contenus de la science du XXe et du XXIe siÚcle, selon plusieurs spécialistes[12] - [13] - [14].

RĂŽle des neurosciences

Les nouvelles techniques d’imagerie cĂ©rĂ©brale par rĂ©sonance magnĂ©tique (IRM) ont permis d'accomplir de grands progrĂšs notamment dans l'analyse des fonctions cognitives, toutefois, ces techniques d'exploration donnent lieu Ă  une utilisation mĂ©diatique qui vise le sensationnalisme et qui conforte bien souvent les stĂ©rĂ©otypes de genre. Certaines interprĂ©tations hĂątives des diffĂ©rences entre les sexes dans le fonctionnement du cerveau ne tiennent pas compte du dynamisme cĂ©rĂ©bral ; l'IRM ne donnant qu'une image instantanĂ©e du cerveau ne permet pas d'affirmer que telle diffĂ©rence entre des hommes et des femmes Ă©tait inscrite dans leur cerveau depuis leur naissance ; cette diffĂ©rence peut avoir Ă©tĂ© induite par l'Ă©ducation[15]. De plus, la portĂ©e des expĂ©riences d'IRM demeure limitĂ©e, parce qu'elles sont effectuĂ©es sur un petit nombre de sujets (entre 10 et 40 personnes)[15]. De nombreux biais peuvent affecter certaines conclusions. Catherine Vidal parle de « dĂ©rive sexiste » Ă  propos des mĂ©thodes de chercheurs comparant les cerveaux pour y trouver des traits psychologiques prĂ©tendument « fĂ©minins » et « masculins »[16]. Cette dĂ©rive est accentuĂ©e lorsque des chercheurs en neurosciences Ă©tablissent des rĂ©sultats propres au fonctionnement du cerveau, sans mesurer les diffĂ©rences cognitives ou comportementales qui pourraient y ĂȘtre liĂ©es, mais suggĂšrent qu'un tel lien existe : les mĂ©dias retiennent en prioritĂ© cette suggestion, l'affirmant comme « prouvĂ©e » ou en inventent d'autres[note 1] - [17]. Le terme de « neurosexisme » est passĂ© dans l'usage[18] ; il a Ă©tĂ© forgĂ© en 2010 par Cordelia Fine qui dĂ©signe par lĂ  des « mythes neuroscientifiques » ayant pour effet de catĂ©goriser les hommes et les femmes[19] - [20].

Perception de l'espace, mathématiques

D'anciennes Ă©tudes d’imagerie cĂ©rĂ©brale par rĂ©sonance magnĂ©tique menĂ©es dans les annĂ©es 1990 ont diffusĂ© l'idĂ©e selon laquelle les hommes auraient une meilleure perception des relations spatiales et qu'ils seraient plus douĂ©s pour les mathĂ©matiques que les femmes[15] - [21].

Cette prĂ©tendue infĂ©rioritĂ© des femmes est allĂ©guĂ©e pour justifier leur sous-reprĂ©sentation dans les plus hauts Ă©chelons des carriĂšres scientifiques ; ainsi, Lawrence Summers, prĂ©sident de l'universitĂ© de Harvard, affirme en 2005 : « Le faible nombre de femmes dans les disciplines scientifiques s'explique par leur incapacitĂ© innĂ©e Ă  rĂ©ussir dans ces domaines »[15] - [22]. Cette thĂ©orie a Ă©tĂ© contestĂ©e[23]. Selon Catherine Vidal, la dĂ©couverte de la plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale ne permet plus de dĂ©finir des capacitĂ©s cognitives spĂ©cifiquement masculines ou fĂ©minines ; l'apprentissage dispensĂ© aux garçons et aux filles est diffĂ©rent, c'est lui qui favorise chez les filles un intĂ©rĂȘt plus grand pour le langage que pour les mathĂ©matiques ou la physique[24] - [25]. Cette plasticitĂ© du cerveau qui Ă©volue en fonction de l'environnement entraĂźne d'importantes variabilitĂ©s individuelles indĂ©pendamment du sexe ; en revanche, « parmi les milliers d'Ă©tudes rĂ©alisĂ©es, moins de 3 % ont montrĂ© des diffĂ©rences entre les sexes » d'aprĂšs Catherine Vidal[24], et il est possible que ces 3 % d'Ă©tudes aient nĂ©gligĂ© les effets des expĂ©riences vĂ©cues par les sujets analysĂ©s[15]. A contrario, les chercheurs Franck Ramus et Nicolas Gauvrit considĂšrent que la synthĂšse que fait Catherine Vidal des recherches scientifiques portant sur le cerveau et sur les diffĂ©rences entre les sexes « est extrĂȘmement biaisĂ©e, incomplĂšte, et que les arguments qu’elle utilise ne viennent pas Ă  l’appui de ses conclusions »[26]. Selon eux, si la plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale montre que « la culture et l’éducation ont un impact parfois flagrant sur le cortex, elle ne montre en aucun cas que cet impact explique toutes les diffĂ©rences entre les individus. »[26]

Jugement moral, empathie

Des chercheurs ont voulu montrer en se fondant sur des Ă©tudes d’IRM que les femmes avaient une apprĂ©ciation moins sĂ»re du caractĂšre moral ou immoral des conduites humaines, parce qu'elles activaient des zones cĂ©rĂ©brales impliquĂ©es dans les Ă©motions, Ă  la diffĂ©rence des hommes, qui activent des aires cĂ©rĂ©brales impliquĂ©es dans les processus rationnels. Ainsi Harenski et Kiehl concluent en 2009 que cette comparaison « confirme le clivage entre les sexes dans le jugement moral, les femmes Ă©tant portĂ©es sur le care et l’empathie, et les hommes sur l’évaluation rationnelle des rĂšgles de justice ». Ces Ă©tudes sont considĂ©rĂ©es comme peu probantes, en raison de leur protocole expĂ©rimental discutable[15].

Hormones « mùles » et « femelles »

Les hormones stĂ©roĂŻdes ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es dĂšs leur dĂ©couverte au dĂ©but du XXe siĂšcle comme des hormones mĂąles et femelles, et appelĂ©es par consĂ©quent androgĂšnes (« qui dĂ©veloppent le caractĂšre masculin ») et ƓstrogĂšnes (en rapport avec la fĂ©conditĂ© fĂ©minine). MalgrĂ© les recherches ultĂ©rieures qui ont montrĂ© qu'androgĂšnes et ƓstrogĂšnes sont prĂ©sents chez tous les individus et qu'ils sont importants pour l'organisme entier, ils sont toujours catĂ©gorisĂ©s comme hormones « sexuelles ». Pour Anne Fausto-Sterling, la « loyautĂ© envers le systĂšme Ă  deux genres » explique la persistance de la dichotomie entre hormones mĂąles et femelles ; selon cette chercheuse, l'endocrinologie contribue Ă  « imprĂ©gner le corps de signification genrĂ©es »[27]. Rebecca Jordan-Young, auteur de Testosterone. An Unauthorized Biography (2020), montre que la testostĂ©rone, rĂ©putĂ©e favoriser l'agressivitĂ© masculine, produit des effets trĂšs variĂ©s, et intervient notamment dans la fertilitĂ© des femmes[28].

Le dĂ©sir de naturaliser la diffĂ©rence entre hommes et femmes s'est traduit notamment par l'Ă©laboration de la thĂ©orie hormonale de l'organisation cĂ©rĂ©brale ; selon cette thĂ©orie, l'exposition aux hormones pendant la pĂ©riode de dĂ©veloppement prĂ©natal expliquerait les centres d'intĂ©rĂȘt « masculins » et « fĂ©minins » de l'individu et ses orientations sexuelles. Cette thĂ©orie est contestĂ©e ; Rebecca Jordan-Young, auteur de Hormones, sexe, cerveau (2016), rappelle qu'elle a Ă©tĂ© conçue Ă  partir d'expĂ©riences sur les animaux, et qu'elle n'a pas Ă©tĂ© validĂ©e pour les humains ; elle souligne le fait que les Ă©tudes sur cette question passent sous silence le rĂŽle de l'environnement[29].

Femmes victimes de leurs hormones

Le discours scientifique a prĂ©sentĂ© les femmes comme « victimes de leurs hormones »[30], et le corps fĂ©minin comme dĂ©faillant, fragile, nĂ©cessitant une rĂ©paration hormonale. Les chercheuses fĂ©ministes ont critiquĂ© notamment la pathologisation de la femme mĂ©nopausĂ©e dans les annĂ©es 1960, pĂ©riode oĂč le traitement hormonal substitutif (THS) a Ă©tĂ© prĂ©conisĂ© pour toutes les femmes mĂ©nopausĂ©es, mĂȘme pour celles qui ne souffraient d'aucun symptĂŽme, dans le but de pallier un manque d'ƓstrogĂšne ; le gynĂ©cologue Robert Wilson par exemple, auteur du best-seller Feminine Forever (Eternellement fĂ©minine, 1966) avait prĂ©sentĂ© la femme Ă  l'Ăąge de la mĂ©nopause comme un « ĂȘtre dĂ©pourvu de sexualitĂ©, misĂ©rable, apathique, ayant perdu la joie de vivre », du fait de la carence en ƓstrogĂšne[31]. Les fĂ©ministes amĂ©ricaines se sont opposĂ©es Ă  la gĂ©nĂ©ralisation de ce traitement hormonal, arguant du fait que la mĂ©nopause n'est pas une maladie[31]. Selon la spĂ©cialiste de mĂ©decine prĂ©ventive et sociologue Maria De Koninck, l'image rĂ©pandue par les scientifiques d'un corps fĂ©minin inadĂ©quat « colore bien des attitudes sociales »[30].

RĂŽle de la psychologie Ă©volutionniste

La psychologie Ă©volutionniste a pour objectif d'expliquer les comportements humains en prenant appui sur la thĂ©orie de l'Ă©volution de Charles Darwin. Pendant la longue pĂ©riode de la prĂ©histoire, la sĂ©lection naturelle aurait favorisĂ© certains types de comportement et en aurait Ă©liminĂ© d'autres ; les adaptations qui se seraient produites Ă  cette Ă©poque se seraient inscrites gĂ©nĂ©tiquement[32]. La psychologie Ă©volutionniste s'est dĂ©veloppĂ©e Ă  partir des annĂ©es 1990 ; elle est issue d'un rapprochement entre une approche Ă©volutionniste de l’esprit humain et la psychologie cognitive[33].

L'Ă©tude des hommes et des femmes par la psychologie Ă©volutionniste privilĂ©gie la trĂšs longue durĂ©e (l'Ă©chelle est celle de centaines de milliers d'annĂ©es) ; elle minimise l'effet des variations historiques. Selon certains spĂ©cialistes, la psychologie Ă©volutionniste aurait mĂȘme tendance, notamment dans sa version vulgarisĂ©e, Ă  nier le rĂŽle de l'Histoire et des facteurs sociaux, et Ă  tout expliquer par le dĂ©terminisme gĂ©nĂ©tique[33] - [15]. Dans son approche des diffĂ©rences de sexe, en particulier, la psychologie Ă©volutionnisme marquerait le retour d'une pensĂ©e essentialiste, qui figerait les « identitĂ©s » masculine et fĂ©ministe, et procĂšderait Ă  leur renaturalisation[33].

Qualités liées à la sélection génétique

Les psychologues Ă©volutionnistes affirment que « l’évolution aurait forgĂ© diffĂ©remment les cerveaux des femmes et des hommes pour une meilleure adaptation Ă  l’environnement »[15]. Ainsi, les hommes ayant pratiquĂ© la chasse pendant des centaines de milliers d'annĂ©es auraient dĂ©veloppĂ© pour cette raison une meilleure reprĂ©sentation de l'espace, et cette habiletĂ© spatiale se serait transmise gĂ©nĂ©tiquement[34], de mĂȘme que le goĂ»t pour la compĂ©tition[33].Les femmes de leur cĂŽtĂ©, demeurĂ©es dans les grottes pour s'occuper de leurs enfants, auraient dĂ©veloppĂ© plutĂŽt des aptitudes langagiĂšres, ainsi qu'un talent particulier pour la coopĂ©ration ; lĂ  encore les gĂšnes transmis auraient prĂ©servĂ© de telles prĂ©dispositions. IrĂšne Jonas critique une « dichotomie rigide Ă  fondements biologiques », et voit dans l'apparente valorisation des femmes, prĂ©tendument plus humaines, conciliantes et pacificatrices que les hommes, un sexisme bienveillant[33]. Les qualitĂ©s dites fĂ©minines seraient selon cet auteur acquises au cours de l'Ă©ducation, Ă  l'Ă©chelle d'une vie humaine, et non innĂ©es, contrairement Ă  ce que prĂ©tend la psychologie Ă©volutionniste. La philosophe de la biologie Elisabeth Lloyd a contestĂ© l'approche rĂ©ductrice de l'Ă©volution telle qu'elle est mise en Ɠuvre par la psychologie Ă©volutionniste, selon laquelle seuls les gĂšnes favorisant une meilleure adaptation Ă  l'environnement seraient sĂ©lectionnĂ©s au cours du temps ; l'Ă©volution fait intervenir d'autres facteurs que la seule sĂ©lection naturelle (la dĂ©rive gĂ©nĂ©tique alĂ©atoire par exemple)[35].

Choix d'un partenaire protecteur

La psychologie Ă©volutionniste, comme la sociobiologie dont elle a pris la suite, analyse l'infidĂ©litĂ© et la violence des mĂąles comme des stratĂ©gies de reproduction naturelles : les premiers hommes auraient augmentĂ© leur succĂšs reproductif en s'accouplant avec des partenaires multiples, par le moyen de la coercition si nĂ©cessaire, et ces prĂ©dispositions se seraient transmises Ă  leurs descendants masculins[23]. Les femmes, quant Ă  elles, auraient dĂ©veloppĂ© des stratĂ©gies pour Ă©viter le viol, comme la prĂ©fĂ©rence accordĂ©e au partenaire qui est un garde du corps efficace contre d'autres hommes ; elles prĂ©fĂšreraient ainsi les hommes physiquement et socialement dominants. Le psychologue Ă©volutionniste David Buss (auteur de The Evolution of Desire) Ă©crit Ă  ce sujet : « Ă  ce stade de l'histoire, nous ne pouvons plus douter que les hommes et les femmes diffĂšrent dans leur choix d'un conjoint : l'homme privilĂ©gie principalement dans son choix, la jeunesse et l'attractivitĂ© physique ; la femme privilĂ©gie le statut, la maturitĂ© et les ressources Ă©conomiques »[36]. La recherche fĂ©ministe a critiquĂ© les biais sexistes qui sous-tendent cette vision des relations entre hommes et femmes[23]. Mari Ruti (en) en particulier (auteur de The Age of Scientific Sexism) reproche Ă  la psychologie Ă©volutionniste son dĂ©terminisme biologique : les conduites masculines et fĂ©minines s'expliqueraient ainsi exclusivement par le dĂ©sir de reproduction et la sĂ©lection gĂ©nĂ©tique, alors mĂȘme que les recherches en sciences sociales montrent le caractĂšre prĂ©pondĂ©rant des facteurs historiques et culturels[36]. Mari Ruti souligne le caractĂšre rĂ©trograde des stĂ©rĂ©otypes de genre dans les versions vulgarisĂ©es de la psychologie Ă©volutionniste, qui glorifient le mariage, stigmatisent les cĂ©libataires, et refusent d' «envisager diffĂ©rentes façons de vivre et d'aimer»[36].

Soumission au mĂąle dominant

Des scientifiques fĂ©ministes ont reprochĂ© aux primatologues d'avoir longtemps proposĂ© une description biaisĂ©e des primates non-humains ; cette description faisait des mĂąles les individus dominants, agressifs, par opposition aux femelles effacĂ©es et dĂ©pendantes, et servait Ă  justifier la division genrĂ©e des rĂŽles dans les sociĂ©tĂ©s humaines[37]. Selon Donna Haraway, la primatologie « reconstruit rĂ©guliĂšrement l'hĂ©tĂ©rosexualitĂ© et la famille monogame comme modĂšle social », elle est « gangrenĂ©e par l'hĂ©tĂ©rosexisme »[38]. Des femmes primatologues ayant observĂ© le comportement des primates femelles ont montrĂ© qu'il pouvait ĂȘtre Ă©galement dominant ; de plus, les guenons pouvaient avoir des rapports sexuels entre elles, ainsi, leur sexualitĂ© n'Ă©tait pas soumise Ă  l'impĂ©ratif de la reproduction[38]. La diversitĂ© des comportements sexuels des primates ne permet pas d'en proposer un modĂšle unique, affirme Donna Haraway[39]. Quant Ă  l'analogie entre les sociĂ©tĂ©s de primates non-humains et les sociĂ©tĂ©s humaines, qui a alimentĂ© certaines thĂ©ories de la sociobiologie, elle relĂšverait de l'amalgame[38] - [39].

Effacement des premiĂšres femmes

La palĂ©oanthropologie a traditionnellement « retrouvĂ© » dans l'organisation sociale des premiers hominidĂ©s (Homo habilis etc.) l'Ă©quivalent du patriarcat et a postulĂ© une domination de l'homme chasseur qui relĂ©guait les femmes dans une position subalterne[38]. Ainsi, le palĂ©ontologue Jean Chaline attribue l'acquisition de la bipĂ©die aux mĂąles[40], qui apparaissent toujours comme les principaux acteurs l'Ă©volution. Selon Pascal Picq, « la palĂ©oanthropologie reproduit les reprĂ©sentations les plus archaĂŻques de la femme » dans le but de lĂ©gitimer la prĂ©Ă©minence actuelle des hommes : « Voyez, disent les scientifiques, il en Ă©tait ainsi dans la prĂ©histoire ; par consĂ©quent le statut infĂ©rieur des femmes est un fait de nature »[41].

DÚs les années 1970, des chercheuses comme Nancy Tanner et Adrienne L. Zihlman ont contesté l'idéologie de la domination masculine immémoriale ; à la théorie du chasseur masculin, elles ont opposé celle de la femme cueilleuse[39], et montré que nombre des premiÚres sociétés dépendaient pour leur subsistance de la cueillette plus que de la chasse ; en outre, pour ces deux activités la séparation des rÎles n'était pas systématique[42] ; les femmes pouvaient chasser également[40].

Description de la fécondation

La philosophie féministe des sciences a décelé l'intervention de biais androcentriques dans l'élaboration de modÚles reproductifs, et d'une « saga du sperme » (« sperm saga ») en biologie jusqu'au début des années 1980 ; la fécondation mettait en jeu d'une part des spermatozoïdes « actifs », assimilés par le langage métaphorique à de « vaillants héros » conquérants et, d'autre part des ovules « passifs », « endormis »[43] - [44] - [1]. Ce type de discours confÚre une autorité scientifique aux stéréotypes de genre, estime l'anthropologue Emily Martin (en)[45].

Des analyses rĂ©centes ayant prĂ©sentĂ© l'ovule comme pleinement acteur dans le processus de fĂ©condation — les spermatozoĂŻdes Ă©tant, quant Ă  eux, piĂ©gĂ©s par l'ovule —, ce modĂšle a donnĂ© lieu Ă  une nouvelle forme de dĂ©valorisation du gamĂšte femelle : l'ovule correspond dĂ©sormais au clichĂ© de la « femme fatale » qui, de maniĂšre agressive, capture un gamĂšte mĂąle[1]. Une description dĂ©pouillĂ©e de ces stĂ©rĂ©otypes de genre a conduit Ă  mettre en Ă©vidence « un processus beaucoup plus interactif entre le spermatozoĂŻde et l’ovule »[43].

Alors que dans les discours scientifiques, la sĂ©crĂ©tion des spermatozoĂŻdes est toujours un signe de vitalitĂ©, la menstruation au contraire apparaĂźt comme un Ă©chec — parce que la fĂ©condation de l’ovule aurait Ă©tĂ© « manquĂ©e ». Emily Martin suggĂšre qu'il est tout aussi lĂ©gitime d'envisager la menstruation comme une rĂ©ussite : la femme qui a ses rĂšgles a pu garder le contrĂŽle de sa maternitĂ©[1].

Analyse de la différenciation sexuelle

La diffĂ©renciation sexuelle, processus par lequel se dĂ©veloppent les ovaires et les testicules, fait l'objet de recherches scientifiques qui privilĂ©gient l'Ă©tude du dĂ©veloppement des testicules, bien que les ovaires jouent un rĂŽle tout aussi important dans la reproduction[46]. Les testicules sont prĂ©sentĂ©es comme des « Ă©vĂ©nements supplĂ©mentaires » qui produisent du mĂąle ; le sexe femelle est, lui, le sexe par dĂ©faut. Ainsi, les scientifiques de maniĂšre quasi unanime parlent de « gĂšne de dĂ©termination du sexe » pour dĂ©signer en rĂ©alitĂ© le « gĂšne de dĂ©termination du sexe mĂąle »[4] ; cet usage linguistique suggĂšre que « le sexe vĂ©ritable » est le sexe mĂąle. Les biais qui grĂšvent la biologie du dĂ©veloppement sexuĂ© expliquent selon Nicolas Mathevon que pendant plus de vingt-cinq ans, la dĂ©termination du sexe femelle n'ait pas Ă©tĂ© un sujet de recherche, et qu'il ait fallu attendre les annĂ©es 2000 pour que la diffĂ©renciation ovarienne commence Ă  ĂȘtre Ă©tudiĂ©e[46].

Dans le diagnostic et la recherche médicale

Les mĂ©decins ont tendance Ă  sous-diagnostiquer chez les femmes les maladies cardiovasculaires, selon Catherine Vidal, auteur de Femmes et santĂ©, encore une affaire d’hommes ?[47] ; pourtant, ces maladies sont la premiĂšre cause de mortalitĂ© chez les femmes dans le monde, loin devant le cancer du sein, qui arrive en dixiĂšme position[48] ; 56% des femmes meurent des suites de maladies cardiovasculaires, contre 46% des hommes[48]. Cependant l’infarctus du myocarde demeure considĂ©rĂ© comme « une maladie « masculine Â», caractĂ©ristique des hommes d’ñge moyen stressĂ©s au travail »[48]. Ce biais diagnostique entraĂźne une prise en charge mĂ©dicale plus tardive. Il existe toutefois des biais inverses qui conduisent Ă  sous-diagnostiquer certaines maladies chez les hommes, en particulier la dĂ©pression et l'ostĂ©oporose[48].

Les femmes sont sous-reprĂ©sentĂ©es dans les essais cliniques d'aprĂšs une Ă©tude de 2019 portant sur 43 000 articles de recherche ; or la pratique mĂ©dicale consistant Ă  prescrire les mĂȘmes doses pour les hommes et les femmes expose les femmes Ă  des effets secondaires plus graves, selon une Ă©tude, publiĂ©e en 2020 dans Biology of Sex Differences[49]. En France, comme au niveau international, les femmes sont incluses dans les protocoles de recherche mĂ©dicale Ă  hauteur de 33,5% seulement[48]. Les causes de ce biais affectant les essais cliniques pourraient ĂȘtre en partie liĂ©es Ă  des raisons pratiques : certains tests conduits dans les annĂ©es 1970-80 aux États-Unis avaient eu des consĂ©quences par la suite sur les fƓtus ; et le cycle hormonal des femmes peut faire varier les rĂ©sultats[47].

Formes du biais de genre

Les biais de genre en sciences peuvent intervenir à différentes étapes d'un travail de recherche, au moment de l'élaboration des hypothÚses de départ, de la sélection des objets étudiés, de la collecte des données, ou de l'analyse et de l'interprétation de ces données[50].

La sociologue Margrit Eichler a proposé une typologie des formes que prend le sexisme scientifique[51] - [52] ; elle distingue en particulier les procédés suivants :

  1. la « généralisation d'une perspective masculine » : les données concernant les hommes sont étendues à l'ensemble de l'humanité ; la norme est masculine[53] ;
  2. la « dichotomisation sexuelle » : les différences entre hommes et femmes sont présentées comme fondamentales et réifiées aux dépens des ressemblances[53] ;
  3. le double standard homme-femme : le recours à des critÚres différents selon le sexe, pour aboutir à des résultats plus favorables aux hommes[53] ;
  4. l'« insensibilité à la sexuation » : ce type de distorsion, à l'opposé de la « dichotomisation sexuelle », repose sur une négation de la variable sexuelle et de son importance sociale ou médicale[53].

La plupart des descriptions des biais de genre relĂšvent principalement deux cas de figures : « une uniformitĂ© supposĂ©e entre les femmes et les hommes quand il y aurait en fait des diffĂ©rences »; et « des diffĂ©rences supposĂ©es lorsqu’il n’y en aurait pas en rĂ©alitĂ© »[54] - [55].

Moyens de remédier au biais de genre

La philosophe des sciences Helen Longino suggĂšre de favoriser le dĂ©bat dans les communautĂ©s de chercheurs et de chercheuses dans le but d'identifier les biais sexistes et de les soumettre Ă  la discussion. Plus grande est la diversitĂ© des points de vue, plus les interactions critiques auront de chances de dĂ©tecter l'effet de prĂ©fĂ©rences subjectives dans le choix des thĂšmes de recherche et des thĂ©ories. La communautĂ© scientifique doit donc mieux intĂ©grer les femmes, ainsi que les divers groupes minorisĂ©s, pour que soient remplies les conditions de dialogue favorables Ă  la production d’une science plus objective[3].

Un exemple souvent invoquĂ© est celui de la primatologie, oĂč l'intervention de scientifiques ayant une « conscience fĂ©ministe » a permis de corriger des biais et modifiĂ© l'orientation des recherches. Auparavant, les primatologues Ă©tudiaient principalement le comportement des primates mĂąles, dont le rĂŽle Ă©tait considĂ©rĂ© comme dĂ©cisif dans la structuration des sociĂ©tĂ©s de primates. L'arrivĂ©e de scientifiques qui ne partageaient pas les stĂ©rĂ©otypes de genre dominants a conduit Ă  dĂ©construire cette description qui ne faisait que projeter le fonctionnement des sociĂ©tĂ©s humaines sur celui de sociĂ©tĂ©s animales[3].

Notes

  1. Ainsi, à partir d'une étude portant sur la connectivité intra et interhémisphÚre, mais ne comportant aucune donnée cognitive ou comportementale, les médias ont affirmé que cette étude prouvait :
    * une plus grande propension des femmes aux activités multitùches, tandis que les hommes seraient plus volontiers mono-taches ;
    *que les femmes intégrait des composantes émotionnelles dans leurs processus de pensées, tandis que les hommes distinguaient strictement pensées rationnelles et pensées émotionnelles ;
    *une prĂ©disposition des hommes aux activitĂ©s de plein air contre une prĂ©disposition des femmes Ă  prĂȘter attention aux poussiĂšres et donc aux activitĂ©s mĂ©nagĂšres.

Références

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    « L'anatomiste allemand Carl Vogt Ă©crit en 1864 : « Par son apex arrondi et par son lobe postĂ©rieur moins dĂ©veloppĂ©, le cerveau du Noir ressemble Ă  celui de nos enfants et, par le caractĂšre protubĂ©rant du lobe pariĂ©tal, Ă  celui de nos femmes. [
] Le Noir adulte participe, pour ce qui est de ses facultĂ©s intellectuelles, de la nature de l’enfant, de la femme et du vieillard blanc sĂ©nile Â» »
  7. Stephen Jay Gould, La mal-mesure de l'homme (lire en ligne), p. 128 :
    « L’anthropologue allemand Emil Huschke affirme en 1854 : «  Le cerveau du Noir possĂšde une moelle Ă©piniĂšre du mĂȘme type que celle que l’on trouve chez les enfants et les femmes et, en allant plus loin, s’approche du type de cerveau que l’on trouve chez les singes supĂ©rieurs » »
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    « Si les approches et les contenus scientifiques se sont modifiés, l'idéologie sexiste qui régnait sur les travaux au XIXe siÚcle, continue, en revanche, d'influencer bien des chercheurs du XXe siÚcle. »
  13. «Le XIXe siĂšcle Ă©tait celui des mesures physiques du crĂąne ou du cerveau pour justifier la hiĂ©rarchie entre les sexes, les races et classes sociales. Les critĂšres actuels sont les tests cognitifs, l’imagerie cĂ©rĂ©brale et les gĂšnes», Catherine Vidal, « Cerveau, sexe et idĂ©ologie », DiogĂšne, 2004/4 (n° 208), p. 146-156, lire en ligne
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    « Au dix-neuviĂšme siĂšcle, la phrĂ©nologie est venue Ă©tayer les assertions aristotĂ©liciennes sur l’infĂ©rioritĂ© intellectuelle des femmes par rapport aux hommes [
]. Un siĂšcle plus tard encore, la recherche sur la diffĂ©rence des sexes a redonnĂ© de la crĂ©dibilitĂ© aux thĂ©ories sur les diffĂ©rences psychologiques en capacitĂ© intellectuelle »
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    « L’ovule est cantonnĂ© dans un rĂŽle passif tandis que les spermatozoĂŻdes se livrent Ă  une course trĂšs compĂ©titive. Ce faisant, le discours scientifique ne se contente pas de reflĂ©ter les stĂ©rĂ©otypes culturels des comportements fĂ©minins et masculins, il tend Ă©galement Ă  les renforcer et Ă  les lĂ©gitimer »
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Bibliographie

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