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Santo António de Tanna

La Santo António de Tanna était une frégate-vaisseau et le navire amiral de la flotte de l'Inde portugaise qui a coulé le face au fort Jesus à Mombasa. Découverte par deux plongeurs dans les années 1960, l'épave a fait l'objet de six saisons de fouille et a été classée le , par le Parlement kényan, comme monument national.

Santo António de Tanna
Type frégate-vaisseau de 4e rang
Histoire
A servi dans Pavillon de la flotte portugaise flotte de l'Inde portugaise
Commanditaire Drapeau du Royaume du Portugal Royaume de Portugal
Constructeur chantiers de Bassein
Lancement 1680
Armé 1681
Statut coulé le face au fort Jesus
Équipage
Commandant Domingos Pereira de Gusman
Équipage environ 125 marins et soldats
Caractéristiques techniques
Longueur 37,89 m
Maître-bau 11,3 m
Tonnage 770 tjb
Propulsion à voile
Caractéristiques militaires
Armement 50 canons à chargement par la bouche
Carrière
Port d'attache Goa
Localisation
Coordonnées 4° 03′ 43″ sud, 39° 40′ 52″ est
Géolocalisation sur la carte : Mombasa
(Voir situation sur carte : Mombasa)
Santo António de Tanna
Santo António de Tanna
Géolocalisation sur la carte : Kenya
(Voir situation sur carte : Kenya)
Santo António de Tanna
Santo António de Tanna

Historique

La frégate

La construction du bateau débute à Bassein en . Cependant, par suite de difficultés financières, la coque n'est achevée qu'en . Celle-ci est alors remorquée sur 630 km jusqu'à Goa où elle reçoit son gréement et autres équipements, dont 42 canons[1]. Baptisée en l'honneur de saint Antoine de Padoue et de la localité de Tanna[2], la frégate effectue son voyage inaugural en 1681 et vient renforcer la flotte de l'Inde portugaise déjà composée de onze autres vaisseaux de guerre de haut-bord et de plusieurs navires de plus petites tailles[3].

Peu d'informations sur les missions de la frégate pendant ses premières années nous sont parvenues et son carnet de bord n'a pas été retrouvé. Dans un document daté du , elle reçoit l'ordre de transporter des canons en bronze de Diu à Goa. En , elle emmène, au départ de Goa, une cargaison de 424 barils de salpêtre vers Lisbonne; cependant, le chargement est débarqué à Vigo où la frégate reste à quai, pour une raison inconnue, pendant plusieurs mois. Entre la fin de 1694 et , le navire est à Lisbonne. Le , il appareille pour l'Inde portugaise, fait escale en Afrique orientale portugaise puis parvient à Goa[3].

Consécutivement à un appel d'aide du capitaine du fort Jesus assiégé par les Omanais, la Santo António de Tanna, sous le commandement du capitaine Domingos Pereira de Gusman, prend la tête d'une flotte composée, hormis d'elle-même, d'une autre frégate, la Nossa Senhora do Vale, et de plusieurs navires de plus petite taille. Partie de Goa en , cette flotte arrive à Mombasa le jour de Noël 1696 et débarque, dans le port, des troupes de renfort. Cependant, à la suite d'une avarie, la Santo António de Tanna doit prendre la route, le , de l'Afrique orientale portugaise pour réparation[4].

À la suite d'un nouvel appel de détresse, reçu par le gouverneur de l'Afrique orientale portugaise le et envoyé par les défenseurs de fort Jesus, il est décidé de renvoyer la Santo António de Tanna à la tête de la flotte de l'Inde portugaise pour secourir la place forte. Après un arrêt à Zanzibar pour embarquer des troupes, l'escadre parvient à Mombasa le et est directement prise sous le feu des Omanais. Ancrée au port, la frégate perd plusieurs aussières mais continue à débarquer ses troupes jusqu'au , où lors d'une attaque omanaise, elle perd sa dernière aussière. À la dérive, l'équipage, avec l'aide de la garnison du fort, parvient à mouiller à une vingtaine de brasses de la rive et sous le fort. Jugeant les dégâts trop importants, les Portugais décident du transbordement de l'artillerie et de tout ce qui peut l'être avant de saborder le navire[5]. Cependant, il n'est pas clair de connaître si la frégate a effectivement été sabordée ou si, par suite de la précipitation des manœuvres de transbordement, elle a chaviré et coulé avant. Un texte contemporain des faits relate que « le poids accumulé sur la proue a soulevé la poupe et la frégate a chaviré puis coulé sur le récif... »[6].

L'épave

Le site de l'épave est découvert dans les années 1960 par deux plongeurs en apnée qui rapportent leur découverte à James Kirkman, le conservateur du musée du fort Jesus, et lui présentent quelques artéfacts qu'ils ont ramenés[7]. Cette découverte donne naissance à six saisons de fouille[8].

  • 1970
Avec l'intervention de deux plongeurs autonomes des Corps de la Paix américains et de plusieurs plongeurs locaux ainsi qu'avec l'aide d'un compresseur mécanique, les éléments subsistants de la coque sont dégagés de la vasière et de nouveaux artéfacts sont remontés à la surface grâce à une pompe à air.
  • 1976 - 1977
Cette saison de fouille, à cheval sur deux années civiles, est dans un premier temps conduite par l'association britannique AINA[9] dirigée par l'archéologue Hamo Sassoon[10]. En 1977, ils sont rejoints par la Nautical Archeology Society dirigée, elle, par l'archéologue sous-marin Robin Piercy[11]. La saison complète implique 32 personnes dont 22 plongeurs autonomes et le rapport technique est publié dans l’International Journal of Nautical Archaeology en 1977[12]. C'est aussi en 1977 qu'il est confirmé que l'épave est bien celle de la Santo António de Tanna grâce à la découverte de sa figure de proue dont la description était connue[13].
Le , le Parlement kényan classe l'épave comme monument national[14].
  • 1978
Le site est complètement carroyé, mesuré par photogrammétrie et tous les objets sont localisés par trilatération. Le rapport technique de la saison est encore publié dans l’International Journal of Nautical Archaeology[15].
  • 1979
La découverte la plus importante est celle de 600 boulets en fonte. Le rapport technique de la saison est, une fois de plus, publié dans l’International Journal of Nautical Archaeology[16].
  • 1980
Le rapport technique de la saison est toujours publié dans l’International Journal of Nautical Archaeology[17].
  • 1982 -1983
Bien que des fouilles ont aussi lieu en 1982 et 1983, aucun rapport technique n'a été publié[8].

Toutes ces fouilles ont permis de découvrir et répertorier plus de 15 000 artéfacts[13] dont certains sont exposés dans le musée du fort Jesus. Parmi les objets répertoriés[18] - [19] :

Caractéristiques

La frégate

La conclusion des quatre saisons de fouille effectuées entre 1976 et 1980 et ayant abouti à un rapport technique[21] propose que la Santo António de Tanna est une frégate-vaisseau de 4e rang à deux ponts-batterie agencés, à l'origine, en deux fois onze pièces sur le pont principal et deux fois dix pièces sur le pont supérieur. Huit pièces d'artillerie sont ajoutées, vraisemblablement en 1696, par l’adjonction d'autant de nouveaux sabords[22]. Les dimensions de la coque sont de 37,89 sur 11,3 m avec une hauteur de 6,53 m entre la quille et les poutres du pont supérieur ainsi qu'une hauteur maximale de 3,5 m en cale. Le gaillard d'arrière mesure 17,5 m, ce qui place le grand mât à la même distance de la partie supérieure de l'étambot. Sa jauge brute est d'environ 770 tjb et le poids maximum du lest embarqué est compris entre 175 et 200 t.

L'épave

Une partie des artéfacts provenant de la frégate
Une partie des artéfacts provenant de la frégate (musée du fort Jesus)

L'épave est située dans l'estuaire de Tudor à hauteur du fort Jesus. Elle git entre 15 et 17 m de fond sur un pendage simple de 30° et à 40 m de la rive droite[22]. Ses coordonnées géographique sont 4° 03′ 43″ S, 39° 40′ 52″ E. Étant un monument national, les plongées sous-marines sont interdites sur le site.

Musée

Une des salles du musée du fort Jesus est consacrée à la Santo António de Tanna. Outre un diorama évoquant les fouilles, divers artéfacts, dont deux canons en bronze, deux des sculptures qui ornaient le château arrière, plusieurs jarres de Pégou, de la vaisselle en grès et en faïence y sont exposés.

Notes et références

Notes

  1. Il était d'usage courant dans l'empire colonial portugais d'utiliser des objets de valeur appelés liberdades, comme du Dalbergia melanoxylon, en tant que complément de salaire.

Références

  1. Vieira de Castro et Custer 2008, p. 201-202
  2. (en) Dipesh Karmarka, « Santo António de Tanna » [html], sur bacaimportuguese.org, The Baçaím Português Cultural Society, (consulté le ) : « § 1 »
  3. Fraga 2010, p. 46
  4. Ibid., p. 48
  5. Ibid., p. 48-50
  6. (en) James S. Kirkman, Fort Jesus : A Portuguese fortress on the East African Coast, , 327 p. (ISBN 978-0-19-920035-1, OCLC 489944309), p. 4
  7. Morris 2011, chap. « Project Design »
  8. Ibid., « Methodology – The Excavations »
  9. (en) « Home page » [html], sur aina.org.uk (consulté le ) : « Site de l'AINA »
  10. (en) Sancho, « Hamo Sassoon: A belated salute » [html], sur tiltingatwindmillsblog.blogspot.be, (consulté le ) : « Biographie de Hamo Sassoon »
  11. (en) « Robin C. M. Piercy » [html], Key figures, sur nauticalarch.org, Institute of Nautical Archeology (consulté le ) : « Biographie de Robin Piercy »
  12. (en) Robin C. M. Piercy, « Mombasa wreck excavation : Preliminary report, 1977 », International Journal of Nautical Archaeology, Portsmouth, Nautical Archaeology Society, vol. 6, no 4,‎ , p. 331-347 (ISSN 1057-2414 et 1095-9270, OCLC 5155490044)
  13. Fraga 2004, p. 3
  14. (en) N. W. Munoko, « Declaration of Monuments : Portuguese shipwreck », The Kenyan Gazette, Nairobi, Kenya Government Press, gazette notices, vol. LXXIX, no 2,‎ , p. 40, notice no 117 (OCLC 234153581, lire en ligne [PDF])
  15. (en) Robin C. M. Piercy, « Mombassa Wreck Excavation : Second preliminary report, 1978 », International Journal of Nautical Archaeology, Portsmouth, Nautical Archaeology Society, vol. 7, no 4,‎ , p. 301-319 (ISSN 1057-2414 et 1095-9270, OCLC 5155490044)
  16. (en) Robin C. M. Piercy, « Mombassa Wreck Excavation : Third preliminary report, 1979 », International Journal of Nautical Archaeology, Portsmouth, Nautical Archaeology Society, vol. 8, no 4,‎ , p. 303-309 (ISSN 1057-2414 et 1095-9270, OCLC 5155490044)
  17. (en) Robin C. M. Piercy, « Mombassa Wreck Excavation : Fourth preliminary report, 1980 », International Journal of Nautical Archaeology, Portsmouth, Nautical Archaeology Society, vol. 10, no 2,‎ , p. 109-118 (ISSN 1057-2414 et 1095-9270, OCLC 5155490044)
  18. Fraga 2004, p. 3-5
  19. Vieira de Castro et Custer 2008, p. 205-206
  20. Fraga 2010, p. 165-166
  21. Fraga 2010, p. 123-213
  22. Fraga 2004, p. 2

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Hamo Sassoon, « Ceramics from the wreck of a Portuguese ship at Mombasa », Azania : Archaeological Research in Africa, Nairobi, British Institute in Eastern Africa, vol. 16,‎ , p. 97-130 (ISSN 0067-270X)
  • (en) Robin C. M. Piercy, « The Mombasa Wreck Excavation », Museum International, Paris, UNESCO, museums and the Underwater Heritage, vol. 35,‎ , p. 27-29 (ISSN 1350-0775)
  • (en) Tiago Miguel Fraga, Santo António de Tanna (Document présenté à la conférence de 2004 du First Centre for Portuguese Nautical Studies Maritime Archaeology), , 8 p. (lire en ligne [PDF]) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Tiago Miguel Fraga, Santo António de Tanna : Story and reconstruction (Thèse de maîtrise universitaire ès lettres en décembre 2007), College Station, Université Texas A&M, , 231 p. (OCLC 609411535, lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Luis Filipe Vieira de Castro et Katie Custer, Edge of Empire, Casal de Cambra, Caleidoscópio, , 294 p. (ISBN 978-989-8129-49-9, OCLC 869368446, lire en ligne), chap. 8 (« Santo António de Tanna »), p. 201-213 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Cassandra Morris, « The Santo António de Tanna : An Overview », Popular Archaeology Magazine, Morgantown WV, Popular Archaeology, vol. 4,‎ (lire en ligne [html]) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Article connexe

Liens externes

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