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Palier (mécanique)

Les paliers sont des organes utilisés en construction mécanique pour supporter et guider, en rotation, des arbres de transmission.

Représentation 3D d'un palier lisse.

Suivant l’usage désiré, ces paliers peuvent être :

  • lisses, oĂą les arbres qui reposent sur des coussinets sont soumis au frottement de glissement entre les surfaces en contact ;
  • Ă  roulement, oĂą le contact s’effectue par l’intermĂ©diaire de billes, d'aiguilles ou de rouleaux contenus dans des cages. On a lĂ  un phĂ©nomène de rĂ©sistance au roulement (parfois appelĂ© improprement « frottement de roulement ») qui permet une plus grande charge sur les paliers et une plus grande vitesse de rotation.

Paliers lisses

Les paliers lisses sont classés suivant la direction de l’arbre et le sens de la charge auxquels ils sont soumis. Chaque type de palier peut se différencier par un type de lubrification particulier et adapté à l’emploi.

  • discontinu Ă  huile perdue ;
  • continu avec graisseur Ă  mèche ;
  • continu avec graisseur sous pression (ressort) ;
  • par bague trempant dans un bain d’huile ;
  • par huile ou graisse sous pression.

Paliers porteurs

C’est le palier le plus simple qui peut être composé :

  • d’un boĂ®tier en fonte et d’un coussinet en une seule pièce. L’arbre se montant dans le sens axial convient pour de petites mĂ©caniques facilement dĂ©montables ;
  • d’un boĂ®tier muni d’un couvercle (fig. A) et d’un coussinet en deux parties s’ajustant dans le palier. Ce montage dans le sens radial rend l’entretien plus aisĂ© et donne de meilleures conditions de travail ;
  • d’un boĂ®tier et d’un coussinet usinĂ©s en forme de rotule. Ce palier articulĂ© permet un alignement plus prĂ©cis de l’arbre sur les paliers qui le soutiennent. Il existe des paliers munis de roulements (fig. B) montĂ©s sur rotule qui permettent un dĂ©faut d'alignement de 3° et dont la bague intĂ©rieure est rendue solidaire de l'arbre par une vis-pointeau (rep.3).

Paliers de butée

Ces paliers doivent assurer le maintien de l’arbre dans le sens axial et éviter tout déplacement de long de son axe. Le type de butée varie selon les efforts et les conditions de marche du système :

  • arbre muni d’une collerette taillĂ©e dans la masse et s’appuyant sur une face interne du palier et un contre-grain lubrifiĂ© ;
  • arbre muni d’une collerette rapportĂ©e en une ou deux parties dans une gorge et s’appuyant sur un contre-grain ; pour les gros efforts axiaux :
    • le contre-grain est en acier traitĂ© et peut ĂŞtre muni de gorges pour crĂ©er un film d'huile qui facilite le frottement de glissement,
    • pour les vitesses de rotations Ă©levĂ©es et gros efforts, la butĂ©e peut ĂŞtre Ă  billes ;
  • pour les efforts peu importants, l’arbre peut ĂŞtre simplement Ă©quipĂ© d’un anneau Ă©lastique ou circlip.

Boitards

Ces paliers sont utilisés pour un guidage radial des arbres montés verticalement. Ils n’assurent pas le maintien dans le sens axial et demandent un système de graissage un peu plus élaboré que les paliers lisses traditionnels.

Crapaudines

La crapaudine assure le maintien axial de l’arbre ou du pivot monté verticalement. Les crapaudines sont montées selon deux orientations :

  1. En bas, cas le plus fréquent, le pivot repose dans un boîtier fixé au sol et muni d’une butée (grain et contre-grain, coussinet) ;
  2. En haut, l’arbre est suspendu à sa partie supérieure dans un boîtier appelé crapaudine de Mitchell. Sur l’arbre est fixé un collet qui pivote sur un grain et un coussinet qui assure le maintien radial.

Généralement la lubrification est assurée par bain d’huile, les coussinets sont en bronze autolubrifiants.

Coussinets

Les coussinets peuvent être d’une seule pièce ou en deux parties pour faciliter le montage. La matière employée est fonction de l’usage et du prix de revient.

Économiques, souvent utilisés, les coussinets sont des bagues cylindriques, de forme tubulaire, avec ou sans collerette, interposés entre un arbre et son logement pour faciliter le mouvement de rotation.

Construits à partir de matériaux présentant de bonnes qualités (bronze, étain, plomb, graphite, Téflon, PTFE, polyamide), ils peuvent, suivant les variantes, être utilisés à sec ou avec lubrification.

Il existe de nombreuses familles aux dimensions normalisées et de nombreux produits dérivés : rondelles, rotules, bandes de frottement, pièces sur mesure.

  • MĂ©tallique : fonte douce (ou fonte grise) ou bronze phosphoreux, pour les faibles charges et vitesse rĂ©duite.
  • MĂ©tallique antifriction :
    • bronze ou fonte avec revĂŞtement antifriction ;
    • rĂ©gule, alliage de plomb, Ă©tain et/ou antimoine, utilisĂ© surtout dans la grande sĂ©rie comme l’automobile (montage bielle-manivelle ou paliers d’arbre Ă  cames), excellent rapport qualitĂ©-prix.
  • Matière frittĂ©e , avec des poudres mĂ©talliques imprĂ©gnĂ©es de lubrifiant ou des cĂ©ramiques. Permet d’obtenir des formes complexes et d’épaisseur rĂ©duite.
  • Matière plastique : elle prĂ©sente, par rapport au bronze, un faible coefficient de frottement, une meilleure rĂ©sistance Ă  l’usure, l’absence de grippage et une simplification de la lubrification qui peut mĂŞme ĂŞtre rĂ©alisĂ©e avec de l’eau. Ces coussinets ont leur utilisation aussi bien dans les très petites mĂ©caniques que dans les grosses applications telles que les paliers de laminoir ou les paliers d’arbre porte hĂ©lice qui travaillent dans l’eau.
  • Bois : pour les coussinets en gaĂŻac pour arbre d’hĂ©lice de bateaux, oĂą il est lubrifiĂ© directement par l'eau de mer.
  • Bois compressĂ© : gĂ©nĂ©ralement pour des coussinets auto-graissĂ©s par injection d’huile dans la matière.
  • Ă€ film d’huile (lubrification hydrodynamique[1]): pour les paliers de grands diamètres d’arbre oĂą on veut rĂ©duire la tempĂ©rature due au frottement, en lubrifiant avec un film d’huile total obtenu par la vitesse de rotation et des coussinets spĂ©cifiques (paliers Mitchell). Ils permettent des charges très Ă©levĂ©es et une plus grande vitesse de rotation tout en rĂ©duisant les pertes d’énergie dues au frottement.
    • Le coussinet est pourvu de petites gorges oĂą La vitesse de rotation vient « coincer Â» l'huile entre celui-ci et l'arbre, qui est automatiquement centrĂ© sur le palier.

Une application bien connue et très répandue est l'utilisation du palier à bain d'huile des turbocompresseurs qui équipent nos véhicules et supportent des vitesses et des températures très élevées. Dans l'aéronautique, ces paliers sont utilisés pour les moteurs qui peuvent avoir plus de 100 paliers de tous types et dont l'énergie totale consommée par frottement est inférieure à 1 % de l'énergie des moteurs.

  • Ă€ film d’air : les coussinets sont pourvus de fines perforations par oĂą l’air envoyĂ© sous pression permet la rotation de l’arbre sur un coussin d’air, supprimant le contact direct matière sur matière et donc le frottement, l’usure, l’échauffement et la lubrification.

Paliers hydrostatiques

La fontaine-boule est un exemple de palier hydrostatique : la boule glisse sur un film d'eau sous pression.

Dans les paliers à lubrification hydrostatique, la charge est transmise par un film lubrifiant maintenu sous pression par une pompe[2]. Ce type de palier est utilisé lorsque la vitesse relative entre les surfaces n'est pas suffisante pour assurer une pression sustentatrice[1].

Paliers Ă  roulements

Les paliers sont réalisés en fonction du type de roulement employé : à billes, à rouleaux ou à aiguilles. Le montage des roulements dans les paliers demandait une précision d’alésage qui a fortement été diminuée par l’adoption des colles de scellement. Cette colle, après positionnement correct de l’arbre, maintient solidement (dans le sens radial) le roulement dans son logement.

Le maintien des roulements dans le sens axial peut être assuré par des collerettes vissées ou des anneaux élastiques. Tous ces montages dépendent de l’utilisation, des efforts et du coût de revient.

Supports de paliers

La forme du support dépend de la position de l’arbre par rapport aux éléments extérieurs sur lesquels il est fixé :

  • les semelles : plaque, gĂ©nĂ©ralement en fonte, qui permet de fixer celui-ci sur par l’intermĂ©diaire de lumières pour un rĂ©glage transversal ;
  • les chaises :
    • chaises pendantes pour des arbres suspendus Ă  un plafond ou Ă  une charpente, les chaises pendantes peuvent ĂŞtre Ă  une seule jambe (en forme de L) ou Ă  deux jambes (en forme de U),
    • chaises au sol pour les arbres horizontaux placĂ©s Ă  une certaine hauteur du sol,
    • chaises console fixĂ©es sur une paroi ;
  • les niches : support palier scellĂ© dans l’épaisseur d’un mur ;
  • les pendarts : ils ont le mĂŞme rĂ´le que les chaises pendantes mais permettent une orientation dans plusieurs plans (selon les trois axes). Ils sont gĂ©nĂ©ralement composĂ©s de trois pièces emboĂ®tĂ©es les unes dans les autres et rendues solidaires par des vis après rĂ©glage correct de l’alignement de l’arbre.

Graissage

La lubrification ou le graissage dépend du mode de fonctionnement et du type de palier. Simple pour les paliers coussinets autolubrifiants ou plastiques, le graissage devient plus complexe pour la lubrification des coussinets de type régule où un échauffement anormal détruirait celui-ci (ce que par exemple, dans l’automobile, on appelle couler une bielle). Les paliers à roulements ordinaires demandent aussi un graissage étudié en fonction des vitesses de rotation et des charges supportées. Les roulements autolubrifiés (à vie) évitent, dans bien des cas, le recours à un graissage additionnel.

Étanchéité

L’étanchéité aux poussières et aux fuites de lubrifiant est assurée par des joints mis de chaque côté des paliers. Les joints peuvent être montés sur l’arbre ou plus généralement sur les paliers dans des gorges alésées spécialement. Autrefois, ces joints étaient en feutre placés dans des gorges aux dimensions très précises, donc onéreuses à réaliser, de plus hors utilisation, ces joints séchaient et perdaient leur pouvoir d’étanchéité. Ces joints feutres furent remplacés par des joints et principalement par des joints à lèvre en matière synthétique. Le montage de ce matériau est plus aisé et moins coûteux depuis l’utilisation des colles de scellement qui réduit la tolérance de précision des alésages.

Notes et références

  1. J.-L. Ligier, Lubrification des paliers moteurs, Paris, Éditions Technip, coll. « Publications de l'institut français du pétrole », (ISBN 978-2-7108-1092-6, lire en ligne), p. 72
  2. Daniel NICOLAS, « Butées et paliers hydrostatiques », sur Ref : TIP152WEB - "Fonctions et composants mécaniques", (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • EncyclopĂ©die pratique de mĂ©canique et d’électricitĂ©, Ă©dition Quillet, 1961

Articles connexes

Liens externes

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