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Sabbat (religion)

jour de repos hebdomadaire du judaĂŻsme

Pour les articles homonymes, voir Sabbat et Shabbat (homonymie).

Le sabbat ou shabbat (hébreu : שבת) est le jour de repos hebdomadaire dans des religions qui reconnaissent l'Ancien Testament (ou Torah) : le judaïsme, quelques branches du christianisme, du vendredi soir au samedi soir. Il est consacré à Dieu, en souvenir de la création.

Des chrétiens dans la suite de l'Église de Jérusalem continuent d'observer les prescriptions de l'Ancien Testament et en particulier le shabbat. On parle alors de judéo-christianisme. La chrétienté, subdivisée en trois principales confessions (catholicisme, orthodoxie et protestantisme), a décalé ce jour de repos, souvent nommé « jour du Seigneur », vers le dimanche, jour du repos dominical.

Cependant, divers mouvements religieux chrétiens sabbatistes (Adventisme, Église de Dieu (Septième Jour), Baptistes du Septième Jour) continuent de garder le samedi au lieu du dimanche comme « jour à part ».

Histoire du sabbat dans le christianisme religieux

  • Le samedi est le jour saint de Dieu. C'est un jour considĂ©rĂ© comme hors du temps et des contingences matĂ©rielles pour les Juifs et comme « Jour du Seigneur » pour les chrĂ©tiens. Les Juifs le perçoivent comme le mĂ©morial de la CrĂ©ation (le septième jour de la Genèse), et comme un jour de repos sacrĂ© (shabbat). Il est observĂ© entre le coucher du soleil du vendredi et celui du samedi selon le mode biblique de comptage des jours. Le sabbat est Ă©galement observĂ© par certains ChrĂ©tiens : Les ChrĂ©tiens juifs messianiques, l'Église adventiste du septième jour, les Baptistes du Septième Jour, l'Église de Dieu (Septième Jour), notamment.
  • Le Samedi saint est appelĂ© le « Grand Sabbat » selon un usage ancien qui remonte aux Pères de l'Église. JĂ©sus-Christ est ressuscitĂ© le premier jour après le Sabbat. Ă€ noter que la fĂŞte de Pâques, d'une annĂ©e sur l'autre n'est pas cĂ©lĂ©brĂ©e le mĂŞme jour, selon les calculs du comput.
  • Pendant la journĂ©e du Samedi saint, selon l'usage catholique romain, les cloches des Ă©glises ne sonnent pas.
  • Les « samedis des âmes » sont les jours oĂą la liturgie orthodoxe prĂ©voit qu'on prie pour les dĂ©funts. Ce sont :
    • le samedi avant la Saint-Dimitri ().
    • les troisième et quatrième samedis du Grand CarĂŞme.
    • le samedi, veille de la PentecĂ´te.
  • Le samedi de l'Acathiste : cinquième et dernier samedi du Grand CarĂŞme dans l'Église orthodoxe.
  • Le Baron Samedi est le dieu des morts du panthĂ©on vaudou (mais ce n'est pas l'Ă©quivalent de Satan pour les catholiques romains).
  • Le sabbat, est dans l'Ancien Testament, le quatrième des Dix commandements donnĂ©s par Dieu Ă  MoĂŻse dans le dĂ©sert. Dans le judaĂŻsme, le septième jour de la semaine (de la tombĂ©e de la nuit le vendredi Ă  celle du samedi), est un jour de repos. Il renvoie Ă  la crĂ©ation. La Bible condamne le non-respect du sabbat. Pour les millĂ©naristes, comme IrĂ©nĂ©e de Lyon, il rappelle au croyant le règne de Christ promis pour les justes lors de la première rĂ©surrection [1] C'est un point de vue Ă©galement adoptĂ© par Papias. Au tout dĂ©but du christianisme, un courant rapidement minoritaire, le judĂ©o-christianisme, garda le samedi comme jour de repos.
  • Au IIe siècle certains Pères de l'Église jouèrent un rĂ´le important dans l'adoption du dimanche. BasĂ©s sur une Ă©pitre apocryphe de Saint BarnabĂ© dit Barnabas, ils attestent de l'importance et de la non rĂ©vocation du sabbat, mais dans la dernière partie, ils contredisent radicalement ses propos premiers, laissant croire Ă  une falsification de l’épĂ®tre, car après avoir plaidĂ© de façon non Ă©quivoque Ă  la continuation du Sabbat, ils affirment tout Ă  coup que « nous cĂ©lĂ©brons le huitième jour avec joie, car en celui-ci JĂ©sus ressuscita des morts, et apparut, et monta aux cieux », alors que tous les autres textes affirment en langages originaux que JĂ©sus est ressuscitĂ© le premier jour de Sabbat - dans la fĂŞte Juive de Pâque il y a 10 jours de Sabbat - et est cĂ©lĂ©brĂ© non pas en fonction des jours de semaine mais en fonction de la Lune. Ainsi, une annĂ©e sur l'autre, le premier jour de Sabbat n'est jamais cĂ©lĂ©brĂ© le mĂŞme jour. L'empereur romain Constantin Ier, converti au christianisme, apprĂ©ciait Ă©galement le culte solaire. Il imposa donc le dimanche comme jour de repos dans l'Empire romain par dĂ©cret le . Ainsi le jour du soleil chez les romains devient le jour du seigneur. Samuele Bacchiocchi montre l'importance du culte solaire dans le choix du dimanche. En 364, le concile de LaodicĂ©e interdit aux chrĂ©tiens de « judaĂŻser » en observant le sabbat sous peine d'anathème. Dans l'Église d'Angleterre, les «sabbatarians» cĂ©lèbrent le dimanche en s'appuyant sur le sabbat du Quatrième commandement. C'est une tendance longtemps associĂ©e au puritanisme, mais qui serait une idĂ©e bien Ă©tablie dans l'histoire du christianisme anglais. Cependant, on observe aussi quelques saturday-sabbatarians, peu nombreux.

Les Églises observant le sabbat

Le shabbat est d'abord respecté le samedi par le judaïsme. Après Jésus de Nazareth, il est observé par certains courants du christianisme, souvent dans la perspective d'une théologie unitaire, parfois binitarianiste ou trinitaire. Selon les églises et congrégations, certains observateurs du Sabbat respectent également les lois juives (dans le cas du Judaïsme messianique notamment) : Le principal argument en sa faveur est que le Décalogue, dont il est le Quatrième commandement, et dans lequel il occupe une place centrale[1] donc s'applique nécessairement aux disciples de Jésus.

Il s'agit des courants suivants :

  • Le judĂ©o-christianisme autour de Jacques le Juste, qui trouvera une continuation en ce que l'on nomme Ă©galement le judĂ©o-nazarĂ©isme[2].
  • Les chrĂ©tiens de Grande-Bretagne observèrent le sabbat du septième jour jusqu'Ă  ce qu'en 597 l'Ă©vĂŞque de Rome, GrĂ©goire Ier, envoie une première mission pour les convertir au catholicisme romain. S'il semble que la majoritĂ© de la population ait fini par adopter le dimanche en 777[3], l'observance du sabbat persista, notamment dans les Ă©glises celtiques d'Écosse[4].

Au cours du Moyen Âge, le sabbat est parfois fêté par la population en France, dont des paysans[5], comme en témoignent les nombreuses mesures prises par l'Église à l'encontre de l'observance du sabbat par des chrétiens[6].

Quelques églises restées locales :

Les Églises observant le sabbat ont parfois d'autres points communs relatifs à l'observance de l'Ancien Testament, et qui ont fait l'objet de disputes virulentes dans les premiers siècles du christianisme. Elles observent parfois les fêtes vétéro-testamentaires, en particulier la Pâque fêtée à la manière quartodécimaine et sont parfois unitaires, mais pas toujours[8] ; certaines croient en la Trinité[9], d'autres pourrait être qualifiés de binitaires.

Les Baptistes du Septième Jour

Les Baptistes du Septième Jour sont la plus vieille confession chrétienne à pratiquer le sabbat littéral sans discontinuer, la plus vieille de leurs Églises étant celle de Londres (l'Église Millyard, fondée en 1617 et toujours en activité). C'est une Baptiste du Septième Jour, Rachel Oakes Preston, qui a convaincu les pionniers de l'Église adventiste du septième jour d'observer le sabbat. Toutefois, les églises "B7J" se sont peu développées jusqu'à présent et ne comptent aujourd'hui que 50 000 fidèles, principalement, en Inde, au Brésil, au Malawi et aux États-Unis. Les Baptistes du Septième Jour considèrent que le Quatrième commandement du Décalogue, relatif au sabbat, est un commandement comme les autres, qu'à ce titre il doit être observé comme les autres dans la marche et l'obéissance chrétienne mais ils ne font pas de cette observance une condition du salut.

L’Église de Dieu (Septième Jour)

L’Église de Dieu (Septième Jour) est l'héritière de congrégations sabbatariennes venues d’Europe (Angleterre, Hollande, Moravie, Hongrie). L’Église retrace son histoire en remontant aux apôtres, en passant par divers congrégations médiévales gardant le sabbat, comme les Vaudois, apparus avec les disciples de Pierre Valdo, et le paulicianisme[10].

Adventisme

Les adventistes affirment que le sabbat est le «sceau de Dieu»[11]. Dans l'énoncé du Quatrième commandement figure ce qu'ils appellent le «sceau de Dieu», c’est-à-dire son titre, son nom et l'espace dans lequel il est valable[12]. Ils opposent ce sceau à la marque de la bête[13]. Ils se fondent sur l'Evangile selon Matthieu 5:17-18 (Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir) pour soutenir l'idée de la continuité du jour de sabbat. Ils affirment également que le sabbat sera toujours en vigueur aux jours de la fin, se référant au chapitre 24 de Matthieu.

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours

Le plan de salut de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours comporte parmi ses étapes le “perfectionnement des saints” qui, entre autres, commémore le repos de Dieu après la création, le sabbat permet, de leur point de vue, le renouvellement des alliances et nourrir l'âme des nourritures spirituelles.

Église orthodoxe monophysite d'Éthiopie

L'Église éthiopienne orthodoxe connaît aussi dans certaines régions une pratique du « Sabbath », un jour de repos qui ne se confond pas avec le dimanche[14]. Cette pratique est liée à la revendication du « double sabbat » portée par le mouvement dirigé par Ewostatewos aux XIIIe – XIVe siècles.

Église copte orthodoxe

De même que l'Église orthodoxe monophysite d'Éthiopie, l'Église copte orthodoxe "stipule que le Sabbat du septième jour, avec le dimanche doit être continuellement regardé comme un jour de fête pour les célébrations religieuses."[15]

Dans les textes

Codex Bezae

Le Codex Bezae présente un passage supplémentaire du chapitre 6 de Luc, relatif au sabbat [16] :

  1. Il arriva, un jour de sabbat appelé second-premier, que Jésus traversait des champs de blé. Ses disciples arrachaient des épis et les mangeaient, après les avoir froissés dans leurs mains.
  2. Quelques pharisiens leur dirent : Pourquoi faites-vous ce qu'il n'est pas permis de faire pendant le sabbat ?
  3. Jésus leur répondit : N'avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu'il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ;
  4. comment il entra dans la maison de Dieu, prit les pains de proposition, en mangea, et en donna à ceux qui étaient avec lui, bien qu'il ne soit permis qu'aux sacrificateurs de les manger ?
  5. Et il leur dit : Le Fils de l'homme est maître même du sabbat.
  6. le même jour, regardant quelqu'un travaillant le sabbat, il lui dit : humain, si vraiment tu sais ce que tu fais, tu es heureux. Par contre si tu ne le sais pas, tu es maudit et transgresseur de la loi !

Références bibliques au sabbat

Notes et références

  1. Roland Meynet, Appelés à la liberté, coll. « Rhétorique sémitique 5 », Lethielleux, Paris, 2008
  2. « Eglise Ethiopienne Orthodoxe »
  3. Leslie Hardinge, The Celtic Church in Britain, Teach Services, 1995.
  4. Celtic Sabbath Keeping
  5. comme en témoigne le concile de Frioul en 796, cité dans Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Remi Ceillier, 1758, p. 551
  6. Juifs et chrétiens dans le monde occidental, 430-1096, Bernhard Blumenkranz, Peeters Publishers, 2006, (ISBN 9042918799) p. 175
  7. Alain Cabantous, Le dimanche, une histoire : Europe occidentale (1600-1830), Seuil, , 355 p. (ISBN 978-2-02-101182-1 et 2-02-101182-8)
  8. (fr) « Les croyances fondamentales », sur adventiste.org (consulté le )
  9. (fr) « Éditorial : Pâque 2010 », sur Pistis.org (consulté le )
  10. A history of the True Religion Traced From 33 A.D. to Date, A. Dugger and C.O. Dodd
  11. se basant sur Ex. 20:8,10,11; Deut. 5:12
  12. IHWH, ton Dieu, les cieux la terre et la mer. sevendayweek
  13. (en) « Mark of the Beast (no 25) », sur ccg.org (consulté le )
  14. The Ethiopian Orthodoxe Church, Addis Abeba, 1970, p.123-124.
  15. (en) Gary Hullquist, Sabbath Diagnosis : A Diagnostic History and Physical Examination of the Biblical Day of Rest, TEACH Services, Inc., , 495 p. (ISBN 978-1-57258-262-0, lire en ligne), p. 93
  16. Chapitre 6 de l'Ă©vangile selon Luc dans le Codex Bezae

Bibliographie

  • Willy Rordorf, Sabbat et dimanche dans l'Église ancienne
  • Samuele Bacchiocchi, Du sabbat au dimanche : une recherche historique sur les origines du dimanche chrĂ©tien, 1984
  • Anne Maillard, Dimanche et fĂŞtes chrĂ©tiennes : histoire de leurs origines
  • Robert Beylot, La controverse sur le sabbat dans l’Église Ă©thiopienne
  • F. Prunier, Le quatrième commandement est-il aboli ? ou devons-nous encore nous reposer un jour sur sept et sanctifier ce jour-lĂ ?

Sabbat anglo-saxon

  • Sergio Becerra, ous la dir.de Marc Lienhard, Racines puritaines de la doctrine du Sabbat adventiste du Septième jour
  • David S. Katz, Sabbath and sectarianism in seventeenth-century England
  • Kenneth L. ParkerThe English sabbath : a study of doctrine and discipline from the Reformation to the Civil war
  • Bryan W. Ball, The seventh-day men : Sabbatarians and Sabbatarianism in England and Wales, 1600-1800

Aspects théologiques

  • Les sens du shabbat, Ă©changes juifs et chrĂ©tiens autour du 7e jour, colloque organisĂ© par la CommunautĂ© des BĂ©atitudes, 20-
  • Marie Vidal, Le juif JĂ©sus et le shabbat : une lecture de l'Évangile Ă  la lumière de la Torah
  • AndrĂ© WĂ©nin, Le Sabbat dans la Bible
  • FrĂ©dĂ©ric Maret, Le Commandement oublié : existe-t-il un sabbat chrĂ©tien ?, Éditions Foi vivante, Roybon, 2017.


Articles connexes