Accueil🇫🇷Chercher

Romantisme Ă©cossais

Le romantisme écossais est un mouvement artistique, littéraire et intellectuel apparu en Écosse entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Il fait partie du mouvement romantique en Europe, lequel s’opposait, en partie, au Siècle des Lumières. Il met en valeur les sentiments individuels, nationaux et émotionnels, se détachant ainsi des modèles de la Renaissance et du classicisme pour se rapprocher du Moyen Âge.

Dans le domaine des arts, et plus précisément dans la littérature et le théâtre, le Romantisme se manifeste à travers le succès de l’œuvre du barde mythique Ossian, l’exploration de la poésie nationale dans l’œuvre de Robert Burns et les romans historiques de Walter Scott. Scott a aussi contribué considérablement au développement d’un théâtre national écossais. De plus, le domaine des arts a été profondément influencé par Ossian ainsi que par une nouvelle représentation des Highlands en tant que paysage sauvage et dramatique. Scott a marqué l’architecture en reconstruisant Abbotsford House au début du XIXe siècle, déclenchant ainsi une renaissance du style architectural « Scottish Baronial ». Dans le domaine de la musique, Burns a participé à une tentative de produire un canon des chansons écossaises, ce qui a mené à une influence réciproque entre la musique écossaise et la musique classique de l’Europe continentale. Par la suite, la musique Romantique s’est imposée en Écosse et est restée dominante jusqu’au XXe siècle.

Sur le plan intellectuel, Scott, ainsi que d’autres personnalités comme Thomas Carlyle, ont contribué au développement de l’historiographie et de la notion de l’imagination historique. Le Romantisme a également influencé les sciences, en particulier la biologie, la géologie, l’optique et l’astronomie, ce qui a accordé à l’Écosse un rôle important dans ces domaines - un rôle qu’elle a préservé jusqu’à la fin du XIXe siècle. La philosophie en Écosse était dominée par l’École Écossaise du Sens Commun. Celle-ci partage certains éléments avec le Romantisme et a exercé une grande influence sur le développement du transcendantalisme. Scott a également joué un rôle important dans la politique écossaise et britannique en contribuant à la création d’une représentation romantisée de l’Écosse et des Highlands, autant de projets qui ont essentiellement changé l’identité nationale de l’Écosse.

Le mouvement du Romantisme a commencé à décliner dans les années 1830, mais son influence a néanmoins persisté dans certains domaines comme celui de la musique jusqu’au début du XXe siècle. Il a également façonné l’identité écossaise, ainsi que la perception internationale du pays.

DĂ©finitions

Le Romantisme est un mouvement artistique, littĂ©raire et intellectuel complexe qui s’est formĂ© pendant la deuxième moitiĂ© du XVIIIe siècle en Europe de l’Ouest et qui a gagnĂ© en influence pendant et après la RĂ©volution Industrielle et la RĂ©volution française[1]. Il s’agit, en partie, d’une rĂ©volte contre le mouvement des Lumières, qui rationalise la nature ; mais le Romantisme a Ă©galement influencĂ© l’historiographie[2], la philosophie[3] et les sciences naturelles[4].

Le Romantisme a Ă©tĂ© dĂ©crit comme “la renaissance de la vie et de la pensĂ©e du Moyen ge”, car il se dĂ©marque des modèles rationalistes et classicistes. Il promeut le mĂ©diĂ©visme et des Ă©lĂ©ments de l’art et du rĂ©cit considĂ©rĂ©s comme Ă©tant authentiquement mĂ©diĂ©vaux, pour tenter d’échapper aux contraintes de la croissance dĂ©mographique, l’expansion urbaine et l’industrialisation. Ainsi, l’exotisme, l’inconnu et le lointain constituent des Ă©lĂ©ments clĂ©s du Romantisme[5]. Le mouvement est aussi associĂ© Ă  des rĂ©volutions politiques, notamment celles en AmĂ©rique et en France, ainsi que des mouvements d’indĂ©pendance, en particulier en Pologne, en Espagne et en Grèce. On attribue souvent au Romantisme les notions de l’affirmation Ă©motionnelle de soi et de l’expĂ©rience individuelle, liĂ©es aux notions de l’infini, du transcendantal et du sublime. Dans l’art, l’accent est mis sur l’imagination, le paysage et une correspondance spirituelle avec la nature. Margaret Drabble a dĂ©crit le Romantisme comme « une rĂ©volte constante contre la forme classique, la moralitĂ© conservatrice, le gouvernement autoritaire, l’insincĂ©ritĂ© personnelle et la modĂ©ration humaine »[6].

Littérature et théâtre

Portrait de Robert Burns réalisé par Alexander Nasmyth en 1787

Bien que l’union avec l’Angleterre en 1707 ait menĂ© en Écosse Ă  une adoption intensifiĂ©e de la langue et de la culture anglaise, la littĂ©rature Ă©cossaise a nĂ©anmoins dĂ©veloppĂ© une forte identitĂ© nationale et a commencĂ© Ă  bĂ©nĂ©ficier d’une rĂ©putation internationale. Allan Ramsay (1686-1758) a jetĂ© les bases d’un intĂ©rĂŞt renouvelĂ© pour la littĂ©rature Ă©cossaise plus ancienne ; il a Ă©galement dĂ©clenchĂ© la tendance de la poĂ©sie pastorale en crĂ©ant la forme de strophe « Habbie »[7]. James Macpherson (1736–96) est le premier poète Ă©cossais Ă  acquĂ©rir une rĂ©putation internationale. Après avoir revendiquĂ© la dĂ©couverte de poèmes inĂ©dits du poète ancien Ossian, Macpherson a publiĂ© des traductions qui ont joui d’une popularitĂ© internationale et qui ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©es l’équivalent celtique des poèmes Ă©piques classiques. Le poème intitulĂ© Fingal (1762) a rapidement Ă©tĂ© traduit dans de nombreuses langues europĂ©ennes et, grâce Ă  son Ă©vocation de la beautĂ© naturelle et son traitement de la lĂ©gende ancienne, il est considĂ©rĂ© comme ayant dĂ©clenchĂ© le mouvement Romantique en Europe, en particulier dans la littĂ©rature allemande, par son influence sur Johann Gottfried von Herder et Johann Wolfgang von Goethe[8]. Le poème a Ă©galement Ă©tĂ© popularisĂ© en France par des personnages comme NapolĂ©on[9]. Plus tard, les poèmes se sont avĂ©rĂ©s ne pas ĂŞtre des traductions directes du gaĂ©lique, mais des adaptations fleuries, crĂ©Ă©es pour convenir aux attentes esthĂ©tiques du public[10].

Robert Burns (1759–96) et Walter Scott (1771–1832) ont Ă©tĂ© considĂ©rablement influencĂ©s par le cycle ossianique. Burns, un poète du Ayrshire, est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme le poète national d’Écosse, ainsi qu’un personnage clĂ© du Romantisme. Son poème « Auld Lang Syne » (qui est aussi une chanson) est souvent chantĂ© lors de la fĂŞte de Hogmanay (le dernier jour de l’an) et « Scots Wha Hae » a longtemps servi d’hymne national non officiel du pays[11]. Scott, lui, a commencĂ© sa carrière littĂ©raire avec la poĂ©sie, et a Ă©galement rassemblĂ© et publiĂ© des ballades Ă©cossaises. Sa première Ĺ“uvre de prose, Waverley(1814), est souvent dĂ©crite comme le premier roman historique[12]. Ainsi a commencĂ© une carrière littĂ©raire couronnĂ©e de succès, suivi par d’autres romans historiques comme Rob Roy (1817), Le CĹ“ur du Midlothian (1818) et IvanhoĂ©(1820). Scott est sans doute le personnage qui a le plus contribuĂ© Ă  la dĂ©finition et la popularisation de l’identitĂ© culturelle Ă©cossaise pendant le XIXe siècle[13]. D’autres personnalitĂ©s littĂ©raires importantes sont associĂ©es au Romantisme : le poète et romancier James Hogg (1770-1835), Allan Cunningham (1784-1842) et John Galt (1779-1839)[14]. Un des personnages les plus influents du mouvement Romantique, Lord Byron, a grandi et vĂ©cu en Écosse jusqu’à ce qu’on lui accorde son titre anglais[15].

De plus, deux des plus importants magazines de l’époque, le Edinburgh Review (fondé en 1802) et le Blackwood’s Magazine (fondé en 1817), avaient leur siège en Écosse. Ceux-ci ont profondément influencé le développement de la littérature et du théâtre britannique pendant l’époque du Romantisme[16] - [17]. Ian Duncan et Alex Benchimol indiquent que des publications comme les romans de Scott, ainsi que les magazines littéraires, faisaient partie d’un Romantisme écossais hautement dynamique grâce auquel Édimbourg est devenu la capitale culturelle de la Grande-Bretagne et un lieu central pour le développement d’un « nationalisme des Îles Britanniques »[18].

Le Théâtre Royal d’Édimbourg entre 1769 et 1830

Le « théâtre national » écossais est apparu au début du XIXe siècle quand des pièces de théâtre aux thèmes spécifiquement écossais ont commencé à dominer la scène écossaise. Auparavant, les théâtres avaient été découragés par L’Église d’Écosse et la crainte des assemblées Jacobines. Pendant la fin du XVIIIe siècle, de nombreuses pièces de théâtre ont été écrites pour des petites compagnies de théâtres indépendants ; ces pièces n’ont pas été publiées, ce qui a entraîné la disparition de la plupart d’entre elles. Vers la fin du siècle, les « spectacles dans un fauteuil », écrits pour être lus plutôt qu’interprétés sur scène, deviennent populaires. Ils sont influencés par la tradition de la ballade et par le Romantisme gothique[19].

Le théâtre national Ă©cossais, apparu pendant le dĂ©but du XIXe siècle, a un caractère majoritairement historique. Les pièces sont basĂ©es sur des adaptations des romans de Scott[19]. Au rĂ©pertoire existant de pièces de théâtre aux thèmes Ă©cossais figuraient entre autres Macbeth de Shakespeare (1605), Marie Stuart de Friedrich Schiller (1800), Douglas de John Home (1756) et The Gentle Shepherd de Ramsay (1725). Parmi les ballets inspirĂ©s par l’Écosse, on compte Jockey and Jenny et Love in the Highlands[20]. Scott avait un intĂ©rĂŞt particulier pour le théâtre et Ă©tait actionnaire du Théâtre Royal d’Édimbourg[21]Family Legend, pièce de Baillie sur le sujet des Highlands, est produite pour la première fois Ă  Édimbourg en 1810, avec l’aide de Scott, pour tenter dĂ©libĂ©rĂ©ment de stimuler le théâtre Ă©cossais national[22]. Scott a lui aussi Ă©crit cinq pièces de théâtre, dont Hallidon Hill (1822) et MacDuff’s Cross (1822), qui sont des histoires Ă©cossaises patriotiques[21]. Certains romans de Scott, comme La Dame du lac (1817), Le CĹ“ur du Midlothian (1818) et Rob Roy ont Ă©tĂ© adaptĂ©s pour le théâtre. Ces adaptations ont d’abord Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©es dans des petits théâtres. Guy Mannering, La FiancĂ©e de Lammermoor et L’AbbĂ© ont Ă©galement Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©s sur scène. Ces pièces très populaires ont attirĂ© un public plus grand et plus diversifiĂ© sur le plan social et a, jusqu’à la fin du siècle, contribuĂ© au dĂ©veloppement des pratiques de théâtre Ă©cossaises[20].

Art

Les cascades du Clyde : Corra Linn par Jacob More, c. 1771

Le cycle ossianique est devenu un sujet commun dans l’art Ă©cossais, par exemple dans les Ĺ“uvres d’Alexander Runciman (1736–85) et de David Allan (1744–96)[23] - [24]. Pendant cette pĂ©riode, on perçoit un changement d’attitude envers les Highlands et les paysages montagneux en gĂ©nĂ©ral ; ceux-ci n’étaient plus considĂ©rĂ©es comme des rĂ©gions hostiles et dĂ©sertes, habitĂ©es par des personnes marginalisĂ©es, mais plutĂ´t comme de beaux exemples d’une nature habitĂ©e par des personnes Ă  la nature sauvage qu’on dĂ©peignait maintenant de façon dramatique[25]. Les quatre tableaux « Les Cascades du Clyde », que Jacob More a crĂ©Ă©s avant son dĂ©part pour l’Italie, ont Ă©tĂ© dĂ©crits comme « une sorte de monument national naturel » par l’historien d’art Duncan Macmillan et sont considĂ©rĂ©s comme une influence prĂ©coce sur le dĂ©veloppement d’une sensibilitĂ© Romantique pour le paysage Ă©cossais[25]. Runciman Ă©tait probablement le premier artiste Ă  peindre des aquarelles de paysages Ă©cossais, se servant ainsi du style plus Romantique apparu vers la fin du XVIIIe siècle[26].

L’impact du Romantisme se manifeste aussi dans les Ĺ“uvres d’artistes de la fin du XVIIe et du dĂ©but du XIXe, comme Henry Raeburn (1756–1823), Alexander Nasmyth (1758–1840) et John Knox (1778–1845). Raeburn est l’artiste le plus important de son Ă©poque Ă  avoir poursuivi sa carrière en Écosse. Il est nĂ© Ă  Édimbourg et y est retournĂ© après son voyage en Italie en 1786. Il est connu pour ses portraits intimes de personnages influents d’Écosse (aristocrates, avocats, mĂ©decins, professeurs, Ă©crivains et ministres)[27] crĂ©Ă©s en ajoutant Ă  la tradition de Reynolds des Ă©lĂ©ments du Romantisme[28]. Il a Ă©tĂ© Ă©levĂ© au rang de chevalier en 1822, ainsi qu’à celui de Limner du Roi et peintre pour l’Écosse en 1823[27]. Nasmyth, lui, a visitĂ© l’Italie et travaillĂ© Ă  Londres, mais retourne en Écosse, son pays natal, pour la plus grande partie de sa carrière. Il a produit une diversitĂ© d’œuvres, comme par exemple son portrait du poète Romantique Robert Burns, dans lequel il le met en scène devant un arrière-plan Ă©cossais dramatique. Il est, cependant, plus connu pour ses paysages et a Ă©tĂ© dĂ©crit comme « le fondateur de la tradition Ă©cossaise du paysage »[29]. L’œuvre de Knox a, elle aussi, perpĂ©tuĂ© le motif du paysage, en le mettant en relation directe avec les Ĺ“uvres Romantiques de Scott[30]. Il est Ă©galement l’un des premiers artistes Ă  dĂ©peindre le paysage rural de Glasgow[31].

Architecture

La renaissance gothique dans le domaine de l’architecture est considĂ©rĂ©e comme une expression du Romantisme et, d’après Alvin Jackson, le style Scottish Baronial est « une interprĂ©tation Ă©cossaise du style gothique »[32]. Une partie des premières sources d’une renaissance de l’architecture gothique provient d’Écosse. Le Château d’Inveraray, construit d’après les plans de William Adam, incorpore des tourelles au style palladien. Son fils, Robert Adam, a crĂ©Ă© des bâtisses dans le mĂŞme style architectural, comme par exemple Mellerstain House et Wedderburn dans la rĂ©gion de Berwickshire, ainsi que Seton House dans l’East Lothian. La tendance est particulièrement reconnaissable dans le Château de Culzean dans l’Ayrshire, modifiĂ© par Robert en 1777[33].

Abbotsford House, reconstruit pour Walter Scott, a contribué à la renaissance du style Scots Baronial.

Abbotsfort House, la rĂ©sidence privĂ©e de Scott, joue un rĂ´le clĂ© dans la renaissance du style Scottish Baronial au dĂ©but du XIXe siècle. Après avoir Ă©tĂ© reconstruit en 1816, le bâtiment devient un modèle du mouvement. Des Ă©lĂ©ments typiques copiĂ©s sur des maisons du XVIe et XVIIe siècle sont entre autres les entrĂ©es en forme de remparts, des pignons Ă  redans, des tourelles pointues et des mâchicoulis. Ce style devient populaire Ă  travers l’Écosse et est mis en pratique sur des demeures modestes par des architectes comme William Burn (1789–1870), David Bryce (1803–1876)[34], Edward Blore (1787–1879), Edward Calvert (c. 1847–1914) et Robert Stodart Lorimer (1864–1929). On en trouve des exemples dans des milieux urbains, comme la construction de la rue Cockburn Ă  Édimbourg (Ă  partir des annĂ©es 1850) ou le Monument William Wallace Ă  Stirling (1859–69)[35]. La reconstruction du Château de Balmoral en tant que palais baronial et son adoption comme demeure royale par la Reine Victoria de 1855 Ă  1858 confirmĂ© la popularitĂ© de ce style architectural[36].

Dans le domaine de l’architecture ecclésiastique, on a adopté un style semblable à celui développé en Angleterre. Parmi les personnages importants de ce mouvement se trouve Frederick Thomas Pilkington (1832–98), qui a développé un nouveau style d’église qui s’accordait avec le très populaire style haut gothique, tout en l’adaptant aux besoins liturgiques de L’Église Libre d’Écosse. L’Église Barclay Viewforth à Édimbourg (1862–64) en est un exemple[37]Robert Rowand Anderson (1834–1921), qui a été formé dans le service de George Gilbert Scott à Londres avant de retourner à Édimbourg, a travaillé en première ligne sur des petites églises dans le style "First Pointed" (ou Early English) qui est caractéristique des anciens assistants de Scott. En 1880, a atelier conçu certains des bâtiments privés et publics les plus prestigieux d’Écosse comme la Galerie Nationale des Portraits, les coupoles du Old College, de la Faculté Médicale et de McEwan Hall, bâtiments appartenant à l’Université d’Édimbourg ; l’Hôtel Central à la gare de Glasgow ; l’Église Catholique Apostolique à Édimbourg; et Mount Stuart House sur l’Île de Bute[38].

Musique

George Thomson peint par Henry Raeburn

La crĂ©ation dĂ©libĂ©rĂ©e d’art nationaliste dans le domaine de la musique est l’un des Ă©lĂ©ments typiques du Romantisme. En Écosse, cette forme a Ă©tĂ© dominante Ă  partir de la fin du XVIIIe et jusqu’au dĂ©but du XXe siècle[39]. Dans les annĂ©es 1790, Robert Burns a tentĂ© de produire un recueil de musique nationale Ă©cossaise en s’appuyant sur le travail d’antiquaires et de musicologues comme William Tytler, James Beattie et Joseph Ritson[40]. Avec la collaboration de James Johnson, vendeur et expert en notation musicale, il a contribuĂ© Ă  un tiers des chansons de la collection « The Scots Musical Museum », publiĂ©e en six volumes entre 1787 et 1803[41]. Burns a collaborĂ© avec George Thomson pour la crĂ©ation d’une « SĂ©lection d’air originaux Ă©cossais », publiĂ©e de 1793 Ă  1818, dans laquelle des chansons folkloriques Ă©cossaises sont adaptĂ©es avec des arrangements « classiques ». Thompson a trouvĂ© son inspiration dans l’interprĂ©tation de chansons Ă©cossaises par des castrats italiens lors des Concerts de la Sainte CĂ©cile Ă  Édimbourg. Il a recueilli des chansons Ă©cossaises et obtenu des arrangements musicaux des meilleurs compositeurs europĂ©ens, comme Joseph Haydn et Ludwig van Beethoven. Burns Ă©tait chargĂ© de la rĂ©daction des textes. La « SĂ©lection d’air originaux Ă©cossais » a Ă©tĂ© publiĂ©e en cinq volumes entre 1799 et 1818. La collection a contribuĂ© Ă  l’incorporation de chansons Ă©cossaises dans le canon de musique classique europĂ©en[42]. De plus, le travail de Thompson a apportĂ© des Ă©lĂ©ments de Romantisme, comme par exemple les harmonies basĂ©es sur l’œuvre de Beethoven, Ă  la musique classique d’Écosse[39]. Scott a, lui aussi, contribuĂ© Ă  la collection et la publication de chansons Ă©cossaises ; Les Chants de mĂ©nestrels de la frontière Ă©cossaise, publiĂ©s en trois volumes (1802–03), sont de fait son entrĂ©e dans le monde littĂ©raire. Grâce Ă  cette collection, il a pu, pour la première fois, attirĂ© l’intĂ©rĂŞt d’un public international. De plus, certains de ses textes ont Ă©tĂ© adaptĂ©s Ă  la musique de Schubert, qui a crĂ©Ă© une interprĂ©tation d’Ossian[43].

Le compositeur le plus influent de la première partie du XIXe siècle est peut-être l’Allemand Felix Mendelssohn. À partir de 1829, il a entrepris dix voyages en Grande-Bretagne et il y a passé, en tout, vingt mois. L’Écosse a inspiré deux de ses œuvres les plus connues, l’ouverture La Grotte de Fingal (ou les Hébrides), ainsi que la Symphonie Écossaise (Symphonie No. 3). Lors de sa dernière visite en Écosse en 1847, il a dirigé sa propre œuvre Symphonie Écossaise avec l’Orchestre Philharmonique devant la Reine Victoria et le Prince Albert[44]Max Bruch (1838–1920), lui, a composé la Fantaisie Écossaise (1880) pour violons et orchestre ; l’œuvre comprend un arrangement de l’air « Hey Tuttie Tatie », connu pour avoir été utilisé par Burns dans sa chanson Scots Wha Hae[45].

Pendant la fin du XIXe siècle, il y avait en Écosse une Ă©cole nationale de musique orchestrale et opĂ©ratique. Parmi ses compositeurs les plus importants figurent Alexander Mackenzie (1847–1935), William Wallace (1860–1940), Learmont Drysdale (1866–1909), Hamish MacCunn (1868–1916) et John McEwen (1868–1948)[39]. Mackenzie, qui a Ă©tudiĂ© en Allemagne ainsi qu’en Italie et qui a mĂ©langĂ© des motifs Ă©cossais avec le Romantisme allemand[46], est surtout connu pour ses trois rhapsodies Ă©cossaises (1879–80, 1911), Pibroch pour violon et orchestre (1889) et Concerto Ă©cossais pour piano (1897) ; celles-ci comprennent tous des motifs Ă©cossais ainsi que des mĂ©lodies folkloriques[39]. L’œuvre de Wallace comprend une ouverture, In Praise of Scottish Poesie (1894) ; son poème symphonique novateur sur son homonyme mĂ©diĂ©val nationaliste William Wallace 1305–1905 (1905); et sa cantate, The Massacre of the Macpherson (1910)[47]. L’œuvre de Drysdale traitait souvent de motifs Ă©cossais, comme dans son ouverture Tam O’ Shanter (1890), sa cantate The Kelpie (1891), son poème symphonique A Border Romance (1904), et sa cantate Tamlane (1905)[48]. L’ouverture The Land of the Mountain and the Flood (1887), Six Scotch Dances (1896), les opĂ©ras Jeanie Deans (1894) et Dairmid (1897) et les Ĺ“uvres chorales sur des sujets Ă©cossais[39] de MacCunn ont Ă©tĂ© dĂ©crits par I. G. C. Hutchison comme l’équivalent musical d’Abbotsford et de Balmoral[49]. L’œuvre manifestement nationaliste de McEwen comprend Grey Galloway (1908), Solway Symphony (1911) et Prince Charlie, A Scottish Rhapsody (1924)[39].

Historiographie

Portrait de Walter Scott par Raeburn, 1822

En opposition Ă  l’histoire envisagĂ©e par les Lumières, qui tente de tirer des leçons du passĂ© et de les appliquer Ă  l’humanitĂ©, von Herder introduit le nouveau concept de Volksgeist, un esprit patriotique unique qui entraĂ®nerait un changement historique. ConsĂ©quemment, la production Ă©crite d’une histoire nationale apparaĂ®t soudain en Europe[50]. La nature et l’existence d’une historiographie Ă©cossaise nationale a Ă©tĂ© dĂ©battue parmi les historiens : ceux qui considèrent qu’une histoire nationale existe dès la pĂ©riode du Romantisme arguent qu’elle peut-ĂŞtre trouvĂ©e non pas dans la production de livres d’histoire majeurs, mais plutĂ´t dans les ouvrages d’antiquaires et dans la fiction historique[51].

L’émergence d’une histoire nationale Ă©cossaise se base notamment sur l’intĂ©rĂŞt portĂ© aux antiquitĂ©s, par exemple chez John Pinkerton (1758 - 1826), qui collectionne les balades, pièces de monnaie, mĂ©dailles, artĂ©facts et des chansons Ă©cossais[52]. Les historiens des Lumières considĂ©raient l’histoire de l’Écosse comme barbare, particulièrement sa fĂ©odalitĂ© du Moyen- ge et les intolĂ©rances religieuses datant de la RĂ©formation. Au contraire, les historiens du dĂ©but du XIXe siècle rĂ©habilitent ces pĂ©riodes et les introduise comme objets d’étude sĂ©rieux[53]Cosmo Innes, avocat et antiquaire, auteur de Scotland in the Middle Ages (1860) et de Sketches of Early Scottish History (1861), a Ă©tĂ© comparĂ© Ă  l’historien Georg Heinrich Pertz, l’un des premiers chercheurs Ă  compiler une histoire nationale de l’Allemagne[54]. Histoire de l’Écosse, en neuf volumes, Ă©crite par Patrick Fraser Tytler, et notamment la description favorable qu’il fait de Mary Stuart, a souvent Ă©tĂ© comparĂ©e Ă  l’œuvre de Leopold von Ranke, considĂ©rĂ© comme le père de l’histoire scientifique moderne[54]. Tytler devient aussi le cofondateur, en 1823, de la SociĂ©tĂ© des Bannatyne, laquelle a motivĂ© la recherche historique en Écosse[55]. Thomas M’Cries (1797–1875) publie les biographies de deux personnages dĂ©testĂ©s sous les Lumières, John Knox et Andrew Melville, qu’il rĂ©habilite[56]. L’Écosse Celte, Ă©tude en trois parties menĂ©e par W. F. Skene (1809–92), est quant Ă  elle considĂ©rĂ©e comme la première enquĂŞte sĂ©rieuse de la rĂ©gion et participe Ă  la renaissance de la culture celtique en Écosse[56].

Thomas Carlyle, figure majeure du Romantisme en Écosse

Thomas Carlyle (1795–1881) est l’une des figures majeures du Romantisme Ă©cossais. Il est nĂ© en Écosse mais passe une partie de sa vie Ă  Londres. Il fait dĂ©couvrir au public britannique les Ĺ“uvres des Romantiques allemands comme Schiller et Goethe[57]. Historien et philosophe, il fait notamment l’éloge des grands hommes politiques comme NapolĂ©on Ier ou Oliver Cromwell[58]. Son Histoire de la RĂ©volution Française met en scène les souffrances de l’aristocratie française mais fait de l’Histoire elle-mĂŞme une force indĂ©pendante[59]. Il est souvent comparĂ© Ă  l’historien français Jules Michelet, qui use lui aussi d’”imagination historique” dans ses traitĂ©s[60]. L’historiographie Romantique tend Ă  encourager la subjectivitĂ© du lecteur et son identification aux personnages historiques[61]. NĂ©anmoins, Carlyle, contrairement Ă  de nombreux historiens Romantiques, reste cynique dans sa description de la nature humaine. Il considère que l’histoire est une forme de prophĂ©cie dont les motifs rĂ©currents peuvent prĂ©dire le futur[62].

Les Ă©crivains Romantiques se positionnent pour la plupart contre l’empirisme invoquĂ© par l’histoire des Lumières, et mettent en avant le rĂ´le du “poète-historien”, qui sert de mĂ©diateur entre les sources historiques et le lecteur. Le poète-historien use de ses propres rĂ©flexions dans ses Ă©crits, plutĂ´t que de relater exclusivement les faits connus. Pour cette raison, certains historiens Romantiques comme Thierry considĂ©raient Walter Scott, dont les efforts ont permis de dĂ©couvrir de nombreux nouveaux documents et sources pour ses romans, comme une autoritĂ© de l’écriture historique[63]. Scott est aujourd’hui connu comme romancier, mais a tout de mĂŞme publiĂ© une biographie de NapolĂ©on en neuf volumes[64], et a eu une profonde influence sur la façon dont l’histoire, et particulièrement l’histoire de l’Écosse, est perçue et Ă©crite aujourd’hui[65]. Parmi les Ă©crivains qui ont reconnu son influence, on compte Châteaubriand, Macaulay, et Ranke[66].

Science

Mary Somerville, chef de file de la science Humboldtienne en Grande-Bretagne.

Le courant Romantique a aussi eu une influence directe sur la recherche scientifique. Cependant, le comportement des Romantiques face Ă  la science varie beaucoup, de la mĂ©fiance pure et jusqu’à la promotion de la science non-mĂ©canique, laquelle rejette les thĂ©ories abstraites associĂ©es Ă  Newton. La Naturphilosophie(littĂ©ralement “Philosophie de la Nature”), est une tendance majeure de la science continentale associĂ©e au Romantisme; elle est dĂ©veloppĂ©e par Friedrich Schelling (1775 - 1854) et s’intĂ©resse Ă  la nĂ©cessitĂ© de rĂ©unir l’homme et la nature[67]. Elle se base notamment sur les thĂ©ories de Alexander von Humboldt (1769 - 1859). Selon Susan Cannon, cette forme de recherche se basait sur l’observation, sur des instruments de mesures et de nouveaux outils scientifiques, et sur un travail de terrain plutĂ´t que dans un laboratoire[68]. En privilĂ©giant l’observation plutĂ´t que les calculs, les scientifiques Romantiques se sont souvent concentrĂ©s sur des axes de recherche permettant l’enquĂŞte et l’empirisme plutĂ´t que la thĂ©orie; c’est-Ă -dire la biologie, la gĂ©ologie, l’optique et l’astronomie[69].

James Allard considère que les origines de la mĂ©decine Romantique Ă©cossaise se trouvent dans les travaux des Lumières, et notamment ceux des frères William (1718-83) et de John Hunter (1728-93), lesquels travaillaient comme chirurgiens et anatomistes Ă  Edimbourg[70]. John Brown (1735–88), Thomas Beddoes (1760–1808) et John Barclay (1758–1826) ont Ă©tĂ© particulièrement influencĂ©s par le Romantisme et les travaux d’Hunter. Brown, dans son Elementa Medicinae (1780), argue que la vie est une “énergie” ou “excitation” essentielle et qu’une maladie serait consĂ©quemment la redistribution soit excessive, soit diminuĂ©e de l’intensitĂ© normale appartenant Ă  l’organe humain —une thĂ©orie connue sous le nom de Brunonianisme. Son travail a particulièrement influencĂ© la mĂ©decine allemande et le dĂ©veloppement de la Naturphilosophie[71]. Dans la continuitĂ© de cette idĂ©e, Barclay a identifiĂ© la physiologie comme la branche de la mĂ©decine la plus proche de la mĂ©taphysique dans son article pour l’encyclopĂ©die Britannica de 1810[72]. Les frères John (1763–1820) et Charles Bell (1774–1842) ont, quant Ă  eux, entraĂ®nĂ© des avancĂ©es importantes dans les domaines du système vasculaire et nerveux[73] - [74].

Un croquis extrait d’un article de Robert Brown : "On the natural order of plants called Proteaceae" (1810)

L’universitĂ© d’Edimbourg a aussi fourni de nombreux chirurgiens pour la Marine Royale, et Robert Jameson (1774 - 1854), en tant que professeur d’histoire naturelle Ă  l’universitĂ©, s’est assurĂ© que bon nombre de ses chirurgiens soient aussi naturalistes, afin qu’ils puissent poursuivre leurs recherches empiriques et Humboldtiennes Ă  travers le monde[68] - [75]. Parmi eux, Robert Brown (1773-1858), l’une des figures majeures de l’exploration Australienne. Il est notamment le chercheur qui a dĂ©couvert le noyau des cellules et le premier Ă  avoir observĂ© la Motion de Brown[76]. Il doit beaucoup aux principes de la science Humboldtienne[77] et, d’après Noah Heringman, use de la “rhĂ©torique du sublime”, si caractĂ©ristique des considĂ©rations Romantiques, notamment concernant le paysage[78].

La pensĂ©e Romantique est aussi palpable dans les Ă©crits de Hugh Miller, gĂ©ologiste qui, dans la tradition de la Naturphilosophie, argue que la nature est une progression prĂ©-ordonnĂ©e vers la nature humaine[79]Robert Chambers (1802–71), ami et traducteur des travaux de Scott, devient lui aussi gĂ©ologue, poussant ses recherches jusqu’en Scandinavie et au Canada. Son Vestiges de l’Histoire Naturelle de la CrĂ©ation (1844) est l’un des travaux les plus exhaustifs en faveur de l’évolution avant Charles Darwin (1809 - 82)[80]. Son travail Ă©tait aussi fortement influencĂ© par l’anatomie transcendantale, laquelle s’intĂ©ressait aux motifs idĂ©aux et Ă  la structure prĂ©sente dans la nature (en s’inspirant des thĂ©ories de Goethe et Lorenz Oken (1779–1851)[81] - [82]. Ces thĂ©ories sont apparues en Écosse avec Robert Knox (1791–1862)[83].

David Brewster (1781–1868), physicien, mathĂ©maticien et astronome, a, quant Ă  lui, entrepris un travail fondamental dans le domaine de l’optique, et a notamment fourni un compromis entre les Ă©tudes de Goethe influencĂ©es par la Naturphilosophie et le système de Newton, que Goethe avait rĂ©futĂ©[84]. Son travail a ensuite influencĂ© de nombreuses dĂ©couvertes gĂ©ologiques[85], biologiques et astrologiques. Thomas Henderson (1798–1844) a, de son cĂ´tĂ©, menĂ© des enquĂŞtes diligentes en Afrique du Sud, lesquelles l’ont amenĂ© Ă  calculer la distance nous sĂ©parant d’Alpha Centauri, avant de retourner Édimbourg pour devenir le premier Astronome Royal d’Écosse Ă  partir de 1834[86]Mary Somerville (1780–1872), influencĂ©e et admirĂ©e par Humboldt lui-mĂŞme, est l’une des rares femmes scientifiques connues de l’époque, et a menĂ© des travaux dans les domaines des mathĂ©matiques, de la gĂ©ographie, de la physique et de l’astronomie[87]. Enfin, contribuant Ă  la “croisade magnĂ©tique” invoquĂ©e par Humboldt, l’astronome Ă©cossais John Lamont (1805–79) a notamment dĂ©couvert une dĂ©cennie dans le terrain magnĂ©tique de la Terre[88].

Politique

Un portrait flatteur du roi George IV portant un kilt, par David Wilkie

Après les révoltes Jacobines, le mouvement politique visant à ré-instituer le Roi James II d’Angleterre, le gouvernement britannique a introduit une série de lois pour tenter d’accélérer l’élimination du système clanique présent en Écosse. Ces mesures incluaient l’interdiction de porter le blason du clan ainsi que leur tartan, et une limitation des activités de l’Église Épiscopale. La majorité de cette législation a ensuite été révoquée, à la fin du XVIIIe siècle, lorsque la menace Jacobine a disparu.

C’est dans ce contexte qu’apparaĂ®t la renaissance de la culture des Highlands. Dans les annĂ©es 1820, le tartan et le kilt sont adoptĂ©s par l’élite sociale, en Écosse et partout en Europe[89] - [90]. La tendance internationale du tartan, et la romanticisation systĂ©matique des Highlands, a certainement Ă©tĂ© entraĂ®nĂ©e par le Cycle Ossianique[91] - [92] et les autres Ĺ“uvres populaires de Walter Scott. Sa rendition de la visite royale du Roi George IV en Écosse en 1822 et le fait que le roi lui-mĂŞme portait un tartan engendra une croissance fulgurante de la demande pour les kilts et les tartans, demande que l’industrie Écossaise ne pouvait seule prendre en charge. Les tartans individuels claniques se sont pour la plupart dĂ©finis Ă  cette pĂ©riode, devenant un symbole majeur de l’identitĂ© Ă©cossaise[93]. L’Écosse entière a rapidement Ă©tĂ© dĂ©finie par la culture des Highlands aux yeux des continentaux, tendance encore cĂ©mentĂ©e par l’intĂ©rĂŞt que la Reine Victoria a ensuite montrĂ© pour le pays, le choix de faire du château de Balmoral l’une des retraites royales les plus frĂ©quentes, et son intĂ©rĂŞt pour l’art du tartan[90].

L’engouement pour les Highlands et l’adoption du Jacobinisme dans la culture populaire ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme ayant contribuĂ© Ă  l’harmonisation des relations avec l’Angleterre et le gouvernement Whig[94]. Dans de nombreux pays, le Romantisme a jouĂ© un rĂ´le majeur dans l’émergence de courants d’indĂ©pendance radicaux, notamment grâce Ă  l’émergence d’identitĂ©s nationales. Tom Nairn considère cependant que le Romantisme en Écosse ne s’est pas dĂ©veloppĂ© de la mĂŞme façon qu’en Europe, et que l’intelligentsia Ă©cossaise, devenue nomade, a prĂ©fĂ©rĂ© s’expatrier en Angleterre et en Europe et n’a de ce fait pas communiquĂ© aux classes ouvrières leur nationalisme culturel[95]. Graeme Moreton et Lindsay Paterson arguent que c’est l’absence d’interventionnisme de la part de l’état britannique qui a permis cette harmonie, car la classe ouvrière n’avait rien a reprocher Ă  l’Union[95]. Atsuko Ichijo parle de l’existence d’un nationalisme Ă©cossais, mais sous la forme d’un nationalisme “unioniste”[96] - [51]. Une forme de radicalisme politique a nĂ©anmoins existĂ© pendant le courant Romantique en Écosse, et notamment Ă  travers la fondation des Amis du Peuple en 1792, et la crĂ©ation de l’Association Nationale pour la Vindication des Droits de l’Écosse en 1853[97] - [98]; cependant, l’identitĂ© Ă©cossaise n’était pas le sujet central des considĂ©rations politiques radicales avant le XXe siècle[97].

Philosophie

Dugald Stewart, figure majeure de l’École du Sens Commun

Le courant de pensĂ©e philosophique le plus important en Écosse Ă  la fin du XVIIIe siècle et pendant la première moitiĂ© du XIXe siècle est connu sous le nom de L’École du Sens Commun. Elle prĂ´ne l’idĂ©e que certains concepts, comme notre existence, l’existence des objects tangibles et des principes moraux les plus naturels sont fondamentaux. Les idĂ©es subsĂ©quentes et système de moralitĂ© doivent donc en dĂ©river directement. Cette philosophie peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme un compromis entre les nouvelles avancĂ©es scientifiques et la croyance religieuse[99]. Elle naĂ®t en rĂ©action au scepticisme des Lumières, et notamment celui du philosophe Ă©cossais David Hume (1711-76). C’est Thomas Reid (1710-96) qui est le pionnier de ce mouvement, avec son volume sur les Principes du Sens Commun (1764)[100], ensuite popularisĂ© par des professeurs comme Dugald Stewart, qui compte Walter Scott et Walter Chambers parmi ses Ă©lèves[101]. Cette branche philosophique a aussi influencĂ© Charles Darwin[102] - [103].

L’École du Sens Commun a non seulement dominĂ© la pensĂ©e Ă©cossaise, mais a aussi eu un impact majeur sur les intellectuels français[104], amĂ©ricains, allemands, etc. Victor Cousin (1792–1867) a participĂ© Ă  la diffusion de cette pensĂ©e en France lorsqu’il l’intĂ©gre au curriculum de philosophie lors de son mandat en tant que ministre de l’Education[101]. En Allemagne, le Sens Commun a inspirĂ© Humboldt et encouragĂ© la naissance de l’IdĂ©alisme allemand[105]. James McCosh (1811-94) a diffusĂ© les thĂ©ories de l’École du Sens Commun aux États-Unis, et notamment Ă  l’universitĂ© de Princeton, dont il Ă©tait prĂ©sident[101]. Par consĂ©quent, le Sens Commun est devenu une des influences majeures du dĂ©veloppement de l’une des ramifications philosophiques du Romantisme en Nouvelle Angleterre, le Transcendantalisme, et notamment dans les Ă©crits de Ralph Waldo Emerson[101].

DĂ©clin

La TempĂŞte, par William McTaggart

En littĂ©rature, il est commun de considĂ©rer que le Romantisme prend fin dans les annĂ©es 1830[106] - [107], mĂŞme si quelques critiques comme Margaret Drabble vont jusqu’à 1848[6]. Le Romantisme a cependant perdurĂ© beaucoup plus longtemps dans certains domaines, et notamment en musique, oĂą son dĂ©clin semble commencer au dĂ©but du XXe siècle[108]. La mort de Walter Scott en 1832 est l’une des Ă©tapes qui marquent la fin de la grande gĂ©nĂ©ration Romantique[109], et la littĂ©rature et la culture Ă©cossaises en gĂ©nĂ©ral ont perdu de leur prominence internationale Ă  cette Ă©poque. La rĂ©putation de Scott a aussi dĂ©clinĂ© pendant le XIXe siècle, mais a repris son essor pendant le XXe[110]. Les avancĂ©es Ă©conomiques et sociales et le dĂ©veloppement des technologies ferroviaires ont contribuĂ© Ă  diminuer l’influence culturelle d’Édimbourg, qui avait Ă©tĂ©, jusque-lĂ , considĂ©rĂ©e comme une alternative Ă  la capitale Londonienne. Nombre de maisons d’éditions ont consĂ©quemment dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  Londres[111], et le manque d’opportunitĂ©s politiques et littĂ©raires en Écosse ont poussĂ© de nombreux autochtones Ă  rejoindre l’Angleterre ou le continent[112].

Dans le domaine des arts, la peinture des paysages Ă©cossais a continuĂ© pendant le XIXe siècle, mais le mouvement Romantique a fait place aux influences de l’impressionnisme français, au post-impressionnisme et, finalement, au modernisme[113]. Bien que le Romantisme ai persistĂ© en musique plus longtemps que dans d’autres domaines culturels, des mouvements anti-Romantiques en Angleterre ont fini par attaquer le courant Romantique pendant le XXe siècle[114] - [47] - [115]. Marinel Ash note qu’après la mort de Walter Scott, l’engouement pour l’histoire nationale Ă©cossaise a perdu de son momentum; Colin Kidd note un changement d’attitude envers l’écriture historique, changement qui pourrait expliquer l’absence d’enthousiasme pour le nationalisme politique[51]. Dans le monde scientifique, l’expansion rapide du savoir et de la technique a encouragĂ© la tendance Ă  la spĂ©cialisation et professionnalisation des chercheurs, avec un dĂ©clin du rĂ´le polyvalent d’homme de lettres et d’amateur scientifique qui dominait encore pendant le Romantisme[116]. Enfin, l’École du Sens Commun s’est vu disparaĂ®tre face Ă  l’Empirisme Anglais, dĂ©veloppĂ© par John Stuart Mill dans son Examen de la Philosophie de Sir William Hamilton (1865)[117].

Influence

Léon Tolstoï jeune; Tolstoï est un des nombreux écrivains directement influencé par le Romantisme écossais

Avec des Ă©crivains comme Burns et Macpherson, L’Écosse peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme l’une des pionnières du mouvement Romantique[118]. Walter Scott est, quant Ă  lui, devenu une figure internationale de la littĂ©rature. En dĂ©veloppant le roman historique, il a influencĂ© de nombreux Ă©crivains de renom international Ă  travers le monde, et notamment Alexandre Dumas et HonorĂ© de Balzac en France, LĂ©on TolstoĂŻ en Russie, et Alessandro Manzoni en Italie[119]. Les paysages Ă©cossais, en peinture, a inspirĂ© les peintres anglais, et notamment J. M. W. Turner[120]. Le style baronial Ă©cossais a, en architecture, Ă©tĂ© imitĂ© en Angleterre, aux États-Unis[121], en Australie[122] et en Nouvelle-ZĂ©lande[123]. Enfin, dans le domaine de la musique, les efforts de Burns, Scott ou Thompson ont permis d’accroĂ®tre le rayonnement de la musique classique Ă©cossaise, et l’influence tardive de compositeurs comme MacCun ont participĂ© directement Ă  la renaissance de la musique classique britannique Ă  la fin du XIXe siècle[124].

Le concept de puissance historique et le concept Romantique de rĂ©volution ont fortement influencĂ© les transcendantalistes comme Emerson, et la littĂ©rature amĂ©ricaine en gĂ©nĂ©ral[59]. Les recherches des Romantiques dans le domaine de la science ont encouragĂ© et maintenu la prominence et la rĂ©putation internationales de l’Écosse, lesquelles avaient dĂ©jĂ  pris leur essor pendant le siècle des Lumières. Elles ont Ă©galement permis de nombreuses avancĂ©es dans le domaine de la gĂ©ologie et de la biologie[125]. Selon Robert D. Purington, le XIXe siècle « semble ĂŞtre le siècle de la science Ă©cossaise Â». Politiquement, le Romantisme a permis de dĂ©samorcer de nombreuses tensions au sein de du nouveau Royaume-Uni, et d’assurer tout Ă  la fois la survie d’une identitĂ© nationale Ă©cossaise distincte, identitĂ© qui jouerait un rĂ´le capital dans la politique Ă©cossaise de la fin du XXe siècle[126]. Ă€ l’international, la perception de l’Écosse, de sa nature, sa culture, ses avancĂ©es scientifiques et ses Ĺ“uvres d’art sont encore aujourd’hui largement dĂ©finis par ce que l’Écosse a produit pendant la pĂ©riode Romantique[127].

Références

  1. A. Chandler, A Dream of Order: the Medieval Ideal in Nineteenth-Century English Literature (London: Taylor & Francis, 1971), p. 4.
  2. David Levin, History as Romantic Art: Bancroft, Prescott, and Parkman (1967).
  3. S. Swift, Romanticism, Literature And Philosophy: Expressive Rationality in Rousseau, Kant, Wollstonecraft And Contemporary Theory (Continuum International Publishing Group, 2006), (ISBN 0826486444).
  4. Ashton Nichols, "Roaring Alligators and Burning Tygers: Poetry and Science from William Bartram to Charles Darwin", Proceedings of the American Philosophical Society 2005 149(3): 304–315
  5. R. R. Agrawal, The Medieval Revival and its Influence on the Romantic Movement (Abhinav, 1990), p. 1.
  6. M. Drabble, The Oxford Companion to English Literature (Oxford: Oxford University Press, fifth edn., 1985), pp. 842–3.
  7. J. Buchan, Crowded with Genius (London: Harper Collins, 2003), (ISBN 0-06-055888-1), p. 311.
  8. J. Buchan, Crowded with Genius (London: Harper Collins, 2003), (ISBN 0-06-055888-1), p. 163.
  9. H. Gaskill, The Reception of Ossian in Europe (Continuum, 2004), (ISBN 0826461352), p. 140.
  10. D. Thomson, The Gaelic Sources of Macpherson's "Ossian" (Aberdeen: Oliver & Boyd, 1952).
  11. L. McIlvanney, "Hugh Blair, Robert Burns, and the Invention of Scottish Literature", Eighteenth-Century Life, vol. 29 (2), Spring 2005, pp. 25–46.
  12. K. S. Whetter, Understanding Genre and Medieval Romance (Aldershot: Ashgate, 2008), (ISBN 0-7546-6142-3), p. 28.
  13. N. Davidson, The Origins of Scottish Nationhood (Pluto Press, 2008), (ISBN 0-7453-1608-5), p. 136.
  14. A. Maunder, FOF Companion to the British Short Story (Infobase Publishing, 2007), (ISBN 0816074968), p. 374.
  15. P. MacKay, E. Longley and F. Brearton, Modern Irish and Scottish Poetry (Cambridge: Cambridge University Press, 2011), (ISBN 0521196027), p. 59.
  16. A. Jarrels, "'Associations respect[ing] the past': Enlightenment and Romantic historicism", in J. P. Klancher, A Concise Companion to the Romantic Age (Oxford: John Wiley & Sons, 2009), (ISBN 0631233555), p. 60.
  17. A. Benchimol, ed., Intellectual Politics and Cultural Conflict in the Romantic Period: Scottish Whigs, English Radicals and the Making of the British Public Sphere (Aldershot: Ashgate, 2010), (ISBN 0754664465), p. 210.
  18. A. Benchimol, ed., Intellectual Politics and Cultural Conflict in the Romantic Period: Scottish Whigs, English Radicals and the Making of the British Public Sphere (Aldershot: Ashgate, 2010), (ISBN 0754664465), p. 209.
  19. I. Brown, The Edinburgh History of Scottish Literature: Enlightenment, Britain and Empire (1707–1918) (Edinburgh: Edinburgh University Press, 2007), (ISBN 0748624813), pp. 229–30.
  20. I. Brown, The Edinburgh History of Scottish Literature: Enlightenment, Britain and Empire (1707–1918) (Edinburgh: Edinburgh University Press, 2007), (ISBN 0748624813), p. 231.
  21. I. Brown, The Edinburgh History of Scottish Literature: Enlightenment, Britain and Empire (1707–1918) (Edinburgh: Edinburgh University Press, 2007), (ISBN 0748624813), pp. 185–6.
  22. M. O'Halloran, "National Discourse or Dischord?
  23. I. Chilvers, ed., The Oxford Dictionary of Art and Artists (Oxford: Oxford University Press, fourth edn., 2009), (ISBN 019953294X), p. 554.
  24. The Houghton Mifflin Dictionary of Biography (Houghton Mifflin Harcourt, 2003), (ISBN 061825210X), pp. 34–5.
  25. C. W. J. Withers, Geography, Science and National Identity: Scotland Since 1520 (Cambridge: Cambridge University Press, 2001), (ISBN 0521642027), pp. 151–3.
  26. E. K. Waterhouse, Painting in Britain, 1530 to 1790 (Yale University Press, fifth edn., 1994), (ISBN 0300058330), p. 293.
  27. D. Campbell, Edinburgh: A Cultural and Literary History (Signal Books, 2003), (ISBN 1902669738), pp. 142–3.
  28. C. C. Ochterbeck', ed., Michelin Green Guide: Great Britain Edition (Michelin, 5th edn., 2007), (ISBN 1906261083), p. 84.
  29. I. Chilvers, ed., The Oxford Dictionary of Art and Artists (Oxford: Oxford University Press, fourth edn., 2009), (ISBN 019953294X), p. 433.
  30. R. J. Hill, Picturing Scotland Through the Waverley Novels: Walter Scott and the Origins of the Victorian Illustrated Novel (Aldershot: Ashgate, 2010), (ISBN 0754668061), p. 104.
  31. D. Kemp, The Pleasures and Treasures of Britain: A Discerning Traveller's Companion (Dundurn, 1992), (ISBN 1550021591), p. 401.
  32. A. Jackson, The Two Unions: Ireland, Scotland, and the Survival of the United Kingdom, 1707–2007 (Oxford: Oxford University Press, 2011), (ISBN 019959399X), p. 152.
  33. I. D. Whyte and K. A. Whyte, The Changing Scottish Landscape, 1500–1800 (London: Taylor & Francis, 1991), (ISBN 0415029929), p. 100.
  34. L. Hull, Britain's Medieval Castles (London: Greenwood, 2006), (ISBN 0275984141), p. 154.
  35. M. Glendinning, R. MacInnes and A. MacKechnie, A History of Scottish Architecture: from the Renaissance to the Present Day (Edinburgh: Edinburgh University Press, 2002), (ISBN 978-0-7486-0849-2), pp. 276–85.
  36. Henry-Russell Hitchcock, Architecture: Nineteenth and Twentieth Centuries (Yale University Press,, fourth edn., 1989), (ISBN 0300053207), p. 146.
  37. G. Stamp, "The Victorian kirk: Presbyterian architecture in nineteenth century Scotland", in C. Brooks, ed., The Victorian Church: Architecture and Society (Manchester: Manchester University Press, 1995), (ISBN 0719040205), pp. 108–10.
  38. M. Glendinning, R. MacInnes and A. MacKechnie, A History of Scottish Architecture: From the Renaissance to the Present Day (Edinburgh: Edinburgh University Press, 1996), (ISBN 0-7486-0849-4), p. 552.
  39. M. Gardiner, Modern Scottish Culture (Edinburgh: Edinburgh University Press, 2005), (ISBN 0748620273), pp. 195–6.
  40. H. Matherson, "Robert Burns and national song", in D. Duff and C. Jones, eds, Scotland, Ireland, and the Romantic Aesthetic (Associated University Presse, 2007), (ISBN 0838756182), p. 77.
  41. Donald A. Low, ed., The Songs of Robert Burns (London: Routledge, 1993), (ISBN 0203991117), p. 1054.
  42. D. A. Low, ed., The Songs of Robert Burns (London: Routledge, 1993), (ISBN 0203991117), pp. 16–18.
  43. A. E. Hull, Music; Classical, Romantic & Modern (Ayer Publishing, 1927), (ISBN 0836958039), p. 99.
  44. D. Conway, '"Short, Dark and Jewish-Looking": Felix Mendelssohn in Britain', The Jewish Year Book (2009), ed.
  45. Simon P. Keefe, ed., The Cambridge Companion to the Concerto (Cambridge: Cambridge University Press, 2005), (ISBN 052183483X), p. 130.
  46. "Alexander Mackenzie" Scottish Composers: the Land With Music, retrieved 11 May 2012.
  47. J. Stevenson, "William Wallace", Allmusic, retrieved 11 May 2011.
  48. "Learmont-Drysdale" Scottish Composers: the Land With Music, retrieved 11 May 2012.
  49. I. G. C. Hutchison, "Workshop of Empire: The Nineteenth Century" in J. Wormald, ed., Scotland: A History (Oxford: Oxford University Press, 2005), (ISBN 0191622435), p. 197.
  50. G. J. Williams, ed., Theatre Histories: An Introduction (London: Taylor & Francis, 2nd edn., 2010), (ISBN 0415462231), p. 274.
  51. A. Ichijo, Scottish Nationalism and the Idea of Europe: Concepts Of Europe and the Nation (London: Routledge, 2004), (ISBN 0714655910), pp. 3–4.
  52. C. Kidd, Subverting Scotland's Past: Scottish Whig Historians and the Creation of an Anglo-British Identity 1689–1830 (Cambridge: Cambridge University Press, 2003), (ISBN 0521520193), p. 251.
  53. T. M. Devine and J. Wormald, Introduction, in T. M. Devine and J. Wormald, The Oxford Handbook of Modern Scottish History (Oxford: Oxford University Press, 2012), (ISBN 0199563691), pp. 2–3.
  54. M. Bently, "Shape and pattern in British historical writing, 1815–1945, in S. MacIntyre, J. Maiguashca and A. Pok, eds, The Oxford History of Historical Writing: Volume 4: 1800–1945 (Oxford: Oxford University Press, 2012), (ISBN 0199533091), p. 206.
  55. M. Santini, The Impetus of Amateur Scholarship: Discussing and Editing Medieval Romances in Late-Eighteenth and Nineteenth-Century Britain (Peter Lang, 2009), (ISBN 3034303289), p. 195.
  56. I. Brown, The Edinburgh History of Scottish Literature: Enlightenment, Britain and Empire (1707–1918) (Edinburgh: Edinburgh University Press, 2007), (ISBN 0748624813), p. 9.
  57. M. Cumming, The Carlyle Encyclopedia (Fairleigh Dickinson University Press, 2004), pp. 200ff and 223.
  58. G. W. Stocking, Romantic Motives: Essays on Anthropological Sensibility (University of Wisconsin Press, 1996), (ISBN 0299123642), p. 132.
  59. M. Anesko, A. Ladd, J. R. Phillips, Romanticism and Transcendentalism (Infobase Publishing, 2006), (ISBN 1438118562), pp. 7–9.
  60. T. Elsaesser, Weimar Cinema and After: Germany's Historical Imaginary (London: Routledge, 2000), (ISBN 041501235X), p. 195.
  61. P. A. Westover, Traveling to Meet the Dead 1750—1860: A Study of Literary Tourism and Necromanticism (ProQuest, 2007), (ISBN 0549497250), p. 101.
  62. Chris Vanden Bossche, ed., Writings of Thomas Carlyle, Historical Essays (University of California Press, 2002), (ISBN 0520220617), pp. xxii–xxiii.
  63. S. Evdokimova, Pushkin's Historical Imagination (Yale University Press, 1999), (ISBN 0300070233), pp. 33–4.
  64. C. Harvie, Scotland, a Short History (Oxford: Oxford University Press), (ISBN 0192100548), p. 148.
  65. E. T. Bannet and S. Manning, Transatlantic Literary Studies, 1660–1830 (Cambridge: Cambridge University Press, 2011), (ISBN 1107001579), p. 265.
  66. H. Ben-Israel, English Historians on the French Revolution (Cambridge: Cambridge University Press, 2002), (ISBN 0521522234), p. 122.
  67. M. Bossi and S. Poggi, eds., Romanticism in Science: Science in Europe, 1790–1840 (Springer, 2010), (ISBN 9048142849), p. 31.
  68. J. L. Heilbron, The Oxford Companion To the History of Modern Science (Oxford: Oxford University Press, 2003), (ISBN 0195112296), p. 386.
  69. W. E. Burns, Science in the Enlightenment: An Encyclopedia (ABC-CLIO, 2003), (ISBN 1576078868), p. xviii.
  70. J. R. Allard, "Medicine", in J. Faflak and J. M. Wright, eds, A Handbook of Romanticism Studies (Oxford: John Wiley & Sons, 2012), (ISBN 1444356011), pp. 379–80.
  71. D. Berthold-Bond, Hegel's Theory of Madness (Suny, 1995), (ISBN 0791425053), p. 13.
  72. H. De Almeida, Romantic Medicine and John Keats (Oxford: Oxford University Press, 1991), (ISBN 0195063074), p. 68.
  73. H. De Almeida, Romantic Medicine and John Keats (Oxford: Oxford University Press, 1991), (ISBN 0195063074), p. 3.
  74. H. M. Dingwall, A History of Scottish Medicine: Themes and Influences (Edinburgh: Edinburgh University Press, 2003), (ISBN 0748608656), p. 3.
  75. J. Browne, "A science of empire: British biogeography before Darwin", Revue d'histoire des Sciences, vol. 45 (1992), p. 457.
  76. H. De Almeida, Romantic Medicine and John Keats (Oxford: Oxford University Press, 1991), (ISBN 0195063074), p. 323.
  77. S. F. Cannon, Science in Culture: The Early Victorian Period (New York, NY: Science History Publications, 1978), p. 83.
  78. N. Heringman, Romantic Rocks, Aesthetic Geology (Cornell University Press, 2004), (ISBN 0801441277), p. xiv.
  79. A. Cunningham, N. Jardine, Romanticism and the Sciences (Cambridge: Cambridge University Press, 1990), (ISBN 0521356857), p. 136.
  80. R. G. Olson and R. Olson, Science And Religion, 1450–1900: From Copernicus to Darwin (JHU Press, 2006), (ISBN 0801884004), p. 187.
  81. A. Bates, The Anatomy of Robert Knox: Murder, Mad Science and Medical Regulation in Nineteenth-Century Edinburgh (Sussex Academic Press, 2010), (ISBN 1845193814), p. 23.
  82. J. McLarren Caldwell, Literature And Medicine In Nineteenth-Century Britain: From Mary Shelley To George Eliot (Cambridge: Cambridge University Press, 2004), (ISBN 0521843340), p. 14.
  83. A. Cunningham and N. Jardine, Romanticism and the Sciences (Cambridge: Cambridge University Press, 1990), (ISBN 0521356857), pp. 134–5.
  84. F. Burwick, The Damnation of Newton: Goethe's Color Theory and Romantic Perception (Walter de Gruyter, 1986), (ISBN 0899252079), p. 34.
  85. D. A. Young, Mind Over Magma: The Story of Igneous Petrology (Princeton University Press, 2003), (ISBN 0691102791), p. 145.
  86. R. Hutchins, British University Observatories, 1772–1939 (Aldershot: Ashgate, 2008), (ISBN 0754632504), p. 180.
  87. K. A. Neeley, Mary Somerville: Science, Illumination, and the Female Mind (Cambridge: Cambridge University Press, 2001), (ISBN 0-521-62672-2), p. 230.
  88. M. T. BrĂĽck, Women in Early British and Irish Astronomy: Stars and Satellites (Springer, 2009), (ISBN 9048124727), p. 102.
  89. J. L. Roberts, The Jacobite Wars: Scotland and the Military Campaigns of 1715 and 1745 (Edinburgh: Edinburgh University Press, 2002), (ISBN 1902930290), pp. 193–5.
  90. M. Sievers, The Highland Myth as an Invented Tradition of 18th and 19th Century and Its Significance for the Image of Scotland (GRIN Verlag, 2007), (ISBN 3638816516), pp. 22–5.
  91. P. Morère, Scotland and France in the Enlightenment (Bucknell University Press, 2004), (ISBN 0838755267), pp. 75–6.
  92. W. Ferguson, The identity of the Scottish Nation: an Historic Quest (Edinburgh: Edinburgh University Press, 1998), (ISBN 0748610715), p. 227.
  93. N. C. Milne, Scottish Culture and Traditions (Paragon Publishing, 2010), (ISBN 1899820795), p. 138.
  94. F. McLynn, The Jacobites (London: Taylor & Francis, 1988), (ISBN 0415002672), p. 211.
  95. A. Ichijo, Scottish Nationalism and the Idea of Europe: Concepts Of Europe and the Nation (London: Routledge, 2004), (ISBN 0714655910), pp. 35–6.
  96. A. Ichijo, Scottish Nationalism and the Idea of Europe: Concepts Of Europe and the Nation (London: Routledge, 2004), (ISBN 0714655910), p. 37.
  97. N. Davidson, The Origins of Scottish Nationhood (Pluto Press, 2008), (ISBN 0-7453-1608-5), p. 187.
  98. D. Hempton, Religion and Political Culture in Britain and Ireland: From the Glorious Revolution to the Decline of Empire (Cambridge: Cambridge University Press, 1996), (ISBN 0521479258), p. 69.
  99. Paul C. Gutjahr, Charles Hodge: Guardian of American Orthodoxy (Oxford: Oxford University Press, 2011), (ISBN 0199740429), p. 39.
  100. E. J. Wilson and P. H. Reill, Encyclopedia of the Enlightenment (Infobase Publishing, 2nd edn., 2004), (ISBN 0816053359), pp. 499–501.
  101. B. W. Redekop, "Reid's influence in Britain, Germany, France and America", in T. Cuneo and R. van Woudenberg, eds, The Cambridge Companion to Thomas Reid (Cambridge: Cambridge University Press, 2004), (ISBN 0521012082), pp. 313–40.
  102. C. Loring Brace, Evolution In An Anthropological View (Rowman & Littlefield, 2000), (ISBN 0742502635), p. 51.
  103. J. Skorupski, The Cambridge Companion to Mill (Cambridge: Cambridge University Press, 1998), (ISBN 0521422116), p. 143.
  104. A. Hook, "The French taste for Scottish Romantic literature", in D. Dawson and P. Morère, eds, Scotland and France in the Enlightenment (Bucknell University Press, 2004), (ISBN 0838755267), p. 93.
  105. M. Kuehn, Scottish Common Sense in Germany, 1768–1800: A Contribution to the History of Critical Philosophy (McGill-Queens, 1987), (ISBN 0773510095), pp. 144 and 166.
  106. P. Poplawski, English Literature in Context (Cambridge: Cambridge University Press, 2008), (ISBN 0521839920), p. 306.
  107. J. P. Klancher, A Concise Companion to the Romantic Age (Oxford: John Wiley & Sons, 2009), (ISBN 0631233555), p. 1.
  108. M. Hinson, Anthology of Romantic Piano Music (Alfred Music Publishing, 2002), (ISBN 0739024094), p. 4.
  109. G. E. Paul Gillespie, Romantic Drama (John Benjamins, 1994), (ISBN 1556196008), p. 32.
  110. I. Duncan, "Walter Scott" in D. S. Kastan, The Oxford Encyclopedia of British Literature, Volume 1 (Oxford: Oxford University Press, 2006), (ISBN 0195169212), p. 462.
  111. I. Duncan, Scott's Shadow: The Novel in Romantic Edinburgh (Princeton University Press, 2007), (ISBN 0691043833), p. 306.
  112. A. Blaikie, The Scots Imagination and Modern Memory (Edinburgh: Edinburgh University Press, 2010), (ISBN 0748617868), pp. 111–12.
  113. F. Fowle, "Patterns of taste: Scottish collectors and the making of cultural identity in the late nineteenth century", in F. Cullen, J. Morrison, eds, A Shared Legacy: Essays On Irish And Scottish Art And Visual Culture British Art and Visual Culture Since 1750, New Readings (Aldershot: Ashgate Publishing, Ltd., 2005), (ISBN 0754606449), pp. 181–2.
  114. J. Gifford, Perth and Kinross (Yale University Press, 2007), (ISBN 0300109229), p. 83.
  115. T. S. Martin, Green History: The Future of the Past (University Press of America, 2000), (ISBN 0761816100), p. 85.
  116. A. Walton Litz, Modernism and the New Criticism (Cambridge: Cambridge University Press, 2000), (ISBN 0521300126), p. 378.
  117. Walter A. Elwell, ed., Evangelical Dictionary of Theology (Baker Academic, 2nd edn., 2001), (ISBN 0801020751), p. 1079.
  118. G. Carruthers and A. Rawesin "Introduction: romancing the Celt", in G. Carruthers and A. Rawes, eds, English Romanticism and the Celtic World (Cambridge: Cambridge University Press, 2003), (ISBN 052181085X), p. 6.
  119. P. Melville Logan, O. George, S. Hegeman and E. Kristal, The Encyclopedia of the Novel, Volume 1 (Oxford: John Wiley & Sons, 2011), (ISBN 1405161841), p. 384.
  120. F. M. Szasz, Scots in the North American West, 1790–1917 (University of Oklahoma Press, 2000), (ISBN 0806132531), p. 136.
  121. B. Marshall and C. Johnston, France and the Americas: Culture, Politics, and History: a Multidisciplinary Encyclopedia, Volume 2 (ABC-CLIO, 2005), (ISBN 1851094113).
  122. M. D. Prentis, The Scots in Australia (UNSW Press, 2008), (ISBN 1921410213), p. 166.
  123. "Larnach's Castle", An Encyclopedia of New Zealand, retrieved 9 January 2008.
  124. W. Apel, Harvard Dictionary of Music (Harvard University Press, 2nd edn., 1969), (ISBN 0674375017), p. 760.
  125. Robert D. Purrington, Physics in the Nineteenth Century (Rutgers University Press, 1997), (ISBN 0813524423), p. 14.
  126. N. Davidson, The Origins of Scottish Nationhood (Pluto Press, 2000), (ISBN 0745316085), pp. 162–3 and 200-1.
  127. G. Jack and A. M. Phipps, Tourism And Intercultural Exchange: Why Tourism Matters (Channel View Publications, 2005), (ISBN 1845410173), p. 147.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.