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Reynaldo Bignone

Reynaldo Bignone, nĂ© le Ă  MorĂłn et mort le Ă  Buenos Aires, est un militaire et homme d'État argentin.

Reynaldo Bignone
Illustration.
Reynaldo Bignone en 1982.
Fonctions
Président de la Nation argentine
(de facto)
–
(1 an, 5 mois et 9 jours)
Prédécesseur Alfredo Oscar Saint-Jean (de facto)
Successeur RaĂșl AlfonsĂ­n
Biographie
Nom de naissance Reynaldo Benito Antonio Bignone
Date de naissance
Lieu de naissance MorĂłn, province de Buenos Aires (Argentine)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  90 ans)
Lieu de décÚs Buenos Aires, province de Buenos Aires (Argentine)
Nationalité argentine
Profession militaire

Signature de Reynaldo Bignone

Reynaldo Bignone
Présidents de la Nation argentine

Il occupe de facto la présidence de la Nation entre le et le comme dernier dirigeant de la junte militaire.

AprĂšs le retentissant Ă©chec de son prĂ©dĂ©cesseur, Leopoldo Galtieri, dans la guerre des Malouines, Reynaldo Bignone reçoit de ses pairs militaires la charge de mener la transition vers la dĂ©mocratie. Il cĂšde le pouvoir Ă  RaĂșl AlfonsĂ­n, premier prĂ©sident Ă©lu dĂ©mocratiquement aprĂšs une terrible pĂ©riode de sept ans de dictature militaire.

Jugé à partir d'octobre 2009 avec d'autres anciens cadres du régime militaire, il est finalement condamné pour crimes contre l'humanité, dont des disparitions forcées et tortures commises sur des prisonniers politiques, le , à la prison à perpétuité et, la peine est alourdie de 15 ans supplémentaires le suivant. Le , il est à nouveau condamné à la prison à perpétuité pour crimes contre l'humanité[1].

Biographie

Formation

Reynaldo Bignone entre dans l’infanterie Ă  l’ñge de 19 ans. Il Ă©tudie Ă  l’École supĂ©rieure de guerre ainsi qu'en Espagne franquiste, avant d'ĂȘtre nommĂ© chef du VIe rĂ©giment d’infanterie en 1964, deux ans avant le coup d'État militaire. Lors de la promotion de 1975, qui Ă©lĂšve Jorge Rafael Videla au poste de commandant en chef des Forces armĂ©es, il est nommĂ© secrĂ©taire de l’état-major de l'armĂ©e de terre.

Son rĂŽle dans les crimes de la junte

Reynaldo Bignone participe activement Ă  la destitution de la prĂ©sidente Isabel PerĂłn, et aux opĂ©rations de la « guerre sale ». Peu aprĂšs le coup d’État de , il occupe l’hĂŽpital Alejandro Posadas, utilisĂ© par la dictature comme camp de concentration. Il est plus tard nommĂ© chef de l’Área 480, une zone du centre de dĂ©tention de Campo de Mayo. En 1980 il est nommĂ© responsable des Instituts militaires, remplaçant le gĂ©nĂ©ral Santiago Omar Riveros.

AprĂšs la chute de Jorge Rafael Videla en 1981, remplacĂ© par le gĂ©nĂ©ral Roberto Eduardo Viola, il demande sa mise Ă  la retraite[2]. Sa distanciation face aux dirigeants militaires ultĂ©rieurs, durant les gouvernements de Viola et de Galtieri, en fait un candidat de choix pour assumer la prĂ©sidence lorsque l’armĂ©e, ridiculisĂ©e lors de la guerre des Malouines, se rĂ©signe Ă  envisager une restitution du pouvoir aux civils.

Président de la Nation

Malgré l'intention du commandant des forces terrestres, le général Cristino Nicolaides, de retarder le plus possible la passation du pouvoir aux civils, Reynaldo Bignone annonce déjà, dans son premier discours public, son intention d'organiser des élections au début de 1984.

La situation Ă©conomique est alors catastrophique, tout comme d'ailleurs la situation politique. JosĂ© MarĂ­a Dagnino Pastore (es), ministre de l'Économie, dĂ©clare l'« Ă©tat d'urgence » face aux faillites conduisant Ă  de multiples fermetures d'usines, ainsi qu'Ă  l'hyperinflation — celle-ci dĂ©passait les 200 % en chiffre annuel — et Ă  la dĂ©valuation incessante de la monnaie.

Les pressions politiques s'accroissent simultanĂ©ment ; la junte multisectorielle fondĂ©e par le radical Ricardo BalbĂ­n, dĂ©cĂ©dĂ©, et dirigĂ©e par son successeur, RaĂșl AlfonsĂ­n, essaie d'obtenir une passation anticipĂ©e et inconditionnelle du pouvoir. Les organisations des droits de l'homme, dirigĂ©es par le futur laurĂ©at du prix Nobel de la paix Adolfo PĂ©rez Esquivel, fondateur du SERPAJ, intensifient la campagne pour l'Ă©claircissement du lieu de dĂ©tention des desaparecidos, tandis que des plaintes d'autres pays, concernant les « disparus » Ă©trangers, arrivent par voie diplomatique. Le , une manifestation massive convoquĂ©e par la junte multisectoriellelle, est rĂ©primĂ©e par la police, causant la mort d'un manifestant.

Loi d'amnistie et destruction d'archives

Le , aprĂšs avoir fixĂ© la date des Ă©lections pour octobre, Reynaldo Bignone promulgue le dĂ©cret 2726/83, ordonnant la destruction des archives recensant les crimes de la dictature, ainsi que celle du « Document final sur la lutte contre la subversion et le terrorisme » qui planifiait explicitement l'assassinat de tous les « dĂ©tenus disparus ». — Ce document est l'une des raisons majeures ayant conduit la justice argentine, dans les annĂ©es 2000, Ă  parler de gĂ©nocide[2].

Le , il promulgue la loi 22.924 d'Amnistie ou de « pacification nationale » pour les membres des forces armĂ©es, pour tous les actes commis dans le cadre de la « guerre contre la subversion ». — Le CongrĂšs de la Nation dĂ©clare plus tard la nullitĂ© de cette loi, mais la perte d'archives est irrĂ©parable.

Cependant, les dĂ©couvertes, en 2006, dans la base navale Almirante Zar, dans le cadre d'enquĂȘtes sur le massacre de Trelew (1972), de dossiers concernant l'espionnage de civils, montre que bien des archives considĂ©rĂ©es comme dĂ©truites existent toujours.

La transition démocratique

Le se dĂ©roulent les Ă©lections lĂ©gislatives et prĂ©sidentielle qui mettent fin Ă  un septennat de dictature militaire. RaĂșl AlfonsĂ­n, candidat de l'Union civique radicale (UCR), remporte l'Ă©lection prĂ©sidentielle avec 52 % des voix. Le , le nouveau CongrĂšs se rĂ©unit et le , Bignone quitte le pouvoir quand AlfonsĂ­n est installĂ© Ă  la prĂ©sidence.

Condamné en 1985, libéré et amnistié en 1986

Reynaldo Bignone est jugé en 1985, avec d'autres hauts responsables de la dictature, lors du ProcÚs de la Junte. Inculpé de séquestrations, de tortures et d'assassinats commis durant sa direction du camp de concentration de Campo de Mayo. Il est reconnu coupable de crimes contre l'humanité. Toutefois, en 1986, il est amnistié et libéré[2], avec les autres militaires, de par les lois du « point final » et de « l'obéissance due » (Punto final et Ley de Obediencia Debida).

Assigné à résidence en 1999

En 1999, Ă  la suite de la rĂ©ouverture de dossiers concernant la sĂ©questration de mineurs, crime non amnistiĂ© par la loi du Point final, Reynaldo Bignone est mis de nouveau Ă  la disposition de la justice. Étant donnĂ© son Ăąge avancĂ©, il bĂ©nĂ©ficie d'un simple « arrĂȘt domiciliaire ».

Condamné à 25 ans de prison en 2010

Le prĂ©sident NĂ©stor Kirchner observe le retrait du portrait de Reynaldo Bignone Ă  l'École de mĂ©canique de l’armĂ©e en mars 2004.

AprĂšs l'abrogation des lois d'amnistie jugĂ©es inconstitutionnelles par la Cour suprĂȘme argentine en 2007, un nouveau procĂšs est ouvert.

Le , Reynaldo Bignone, alors ĂągĂ© de 82 ans, est reconnu responsable de l’assassinat de 56 personnes et condamnĂ© Ă  25 ans de prison, dans un centre pĂ©nitentiaire ordinaire, pour dĂ©tentions illĂ©gales, torture de prisonniers politiques et crimes contre l’humanitĂ©[3], Ă  la suite d'un procĂšs entamĂ© en , aux cĂŽtĂ©s de plusieurs hauts militaires, tous octogĂ©naires, dont le gĂ©nĂ©ral Santiago Omar Riveros, dĂ©jĂ  condamnĂ© en pour crimes contre l'humanitĂ©. Ils sont inculpĂ©s de la disparition forcĂ©e et de torture sur 56 personnes au centre clandestin de dĂ©tention de Campo de Mayo. Outre Omar Riveros, alors chef du Comando de Institutos Militares du camp de Mayo, et Bignone, sont aussi condamnĂ©s Exequiel Verplaetsen, chef des renseignements de Campo de Mayo, ainsi que Carlos Alberto Tepedino (Ă  20 ans de prison), l'ex-chef du Bataillon d'intelligence 601 de l'État-major gĂ©nĂ©ral de l'ArmĂ©e de terre, Eugenio Guañabens PerellĂł (Ă  17 ans de prison) et Jorge Osvaldo GarcĂ­a (Ă  18 ans de prison)[4]. L'ex-commissaire GermĂĄn Montenegro est acquittĂ©.

Reynaldo Bignone continue Ă  revendiquer la « guerre sale » et persiste Ă  nier le chiffre de 30 000 disparitions forcĂ©es, la qualification de « gĂ©nocide » et le chiffre de 500 bĂ©bĂ©s volĂ©s[4]. Campo de Mayo abritait une maternitĂ© clandestine, El Campito, qui servait Ă  la sĂ©questration des bĂ©bĂ©s des dĂ©tenues-disparues[2].

Condamné à perpétuité en avril 2011

Le , Reynaldo Bignone est condamné à la prison à perpétuité, ainsi que notamment Luis Patti (es)[5].

Condamné à 15 ans de plus en décembre 2011

Le , Reynaldo Bignone est de plus reconnu coupable d'autres crimes contre l'humanitĂ© et condamnĂ© Ă  15 annĂ©es de prison supplĂ©mentaires, pour avoir mis sur pied un centre de torture secret dans un hĂŽpital lors du coup d'État de 1976 : il a personnellement supervisĂ© la prise de l'hĂŽpital Posadas de Haedo de la province de Buenos Aires, il y a 35 ans, dirigeant les opĂ©rations pour retrouver les membres du personnel mĂ©dical qui auraient soignĂ© des guĂ©rilleros. Onze employĂ©s de l'hĂŽpital ont disparu[6].

ProcÚs pour vol de bébés

Le , Reynaldo Bignone est condamné dans l'affaire du vol de bébés d'opposantes détenues à 15 ans de prison pour avoir mis en place un plan systématique[7].

Condamnation au titre de l'opération Condor

Le , Reynaldo Bignone est de nouveau condamné, cette fois au titre de son rÎle dans l'opération Condor, pour le meurtre de 105 personnes, parmi lesquelles 45 Uruguayens, 22 Chiliens, 13 Paraguayens et 11 Boliviens vivant en exil. La peine prononcée cette fois contre lui est de 20 ans de prison[8] - [9].

Mort

Le , alors qu'il purge une peine de prison Ă  vie, il meurt, Ă  la suite d'une insuffisance cardiaque, alors qu'il venait d'ĂȘtre victime d'une fracture de la hanche peu de temps auparavant[10].

Notes et références

  1. https://fr.news.yahoo.com/dernier-dictateur-argentin-condamn%C3%A9-%C3%A0-prison-%C3%A0-perp%C3%A9tuit%C3%A9-205451574.html
  2. GĂ©rard Thomas, « Le bourreau Bignone rattrapĂ© par ses juges », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne).
  3. Flore Galaud, « Le dernier dictateur argentin condamnĂ© pour tortures », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  4. (es) « Condena para el ultimo dictator: Bignone deberĂĄ pasar 25 años en una cĂĄrcel comĂșn », Pagina/12,‎ (lire en ligne).
  5. (es) « PrisiĂłn perpetua para Bignone y el ex comisario Patti », ClarĂ­n,‎ (lire en ligne).
  6. Michael Warren, « Argentine : 15 ans de prison de plus pour l'ex-dictateur Reynaldo Bignone », Associated Press,‎ (lire en ligne).
  7. Juan Mabromata, « Vols de bébés en Argentine: lourdes peines de prison pour deux anciens dictateurs », Yahoo! Actualités, publié le 6 juillet 2012
  8. (en) « Argentina's last military dictator jailed for role in international death squad », The Guardian, 27 mai 2016.
  9. (en) « Operation Condor: Former Argentine Junta Leader Jailed », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  10. « DécÚs du dernier dictateur argentin, Reynaldo Bignone », sur RTBF Info (consulté le )

Liens externes

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