Raymond Vergès
Raymond Vergès, né et mort à Saint-Denis de La Réunion ( – ) est un ingénieur, médecin et homme politique français, élu de La Réunion. Il est le père de l'avocat Jacques Vergès et de l'homme politique Paul Vergès.
Raymond Vergès | |
Fonctions | |
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Maire de Saint-André | |
– (9 ans, 3 mois et 12 jours) |
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Prédécesseur | Hervé Grondin |
Successeur | Henri Morange |
Député de La Réunion | |
– (10 ans, 1 mois et 10 jours) |
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Législature | Ire (Assemblée nationale constituante) Ire et IIe (Quatrième République) |
Groupe politique | Communiste |
Maire de Saint-Denis | |
– (1 an, 1 mois et 13 jours) |
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Prédécesseur | Roger de Villecourt |
Successeur | Roger de Villecourt |
Maire de Salazie | |
– (6 ans, 7 mois et 15 jours) |
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Prédécesseur | Xavier Fontaine |
Successeur | Maurice Payet |
Biographie | |
Nom de naissance | Marie Adolphe Raymond Vergès |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Saint-Denis (La Réunion) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Saint-Denis (La Réunion) |
Nationalité | Française |
Parti politique | CRADS, PCF |
Profession | Ingénieur Médecin |
Biographie
Famille
Son père Charles Raymond Joseph Aristide Vergès, né le à Saint-Denis, est propriétaire d'une officine de pharmacie[1] - [2], et est également secrétaire du Conseil de Santé à l'hôpital militaire de Saint-Denis à partir de 1876. Il se marie le à Saint Denis avec Marie Louise Noémie Langoit[3], née le à Saint Denis, décédée le à Tamatave (Madagascar). Il a un frère, Charles, né le à Saint-Denis et décédé le à Saint Denis[4].
Son grand-père, Adolphe François Joseph Vergès, est originaire de Morlaix, dans le Finistère. Fils de Raymond Vergès, chef de bataillon, et de Reine Marie Scoarnec, il devient, une fois arrivé à La Réunion, lieutenant puis capitaine d'infanterie de Marine. Il se marie le avec Marie Florentine Hermelinde Millon-Des Marquets, née en 1832, fille d'un aristocrate terrien de Saint-Louis, Charles Pierre de Millon des Marquets, né en 1805 à La Réunion à Saint-André. Adolphe lui-même était fils de Raimond Vergès, un Catalan de Villefranche de Conflent (66), et nommé Gouverneur de l'Île Sainte-Marie en 1840[5] - [2].
Enfance et études
Né à Saint-Denis de La Réunion, il est élevé par ses grands-parents à La Réunion, après l’installation de ses parents à Madagascar[2].
Il commence sa scolarité au petit lycée de Saint-Denis et en 1895, puis entre au lycée Leconte-de-Lisle en qualité d’interne et de boursier de la colonie. Élève brillant, il obtient son baccalauréat en 1901[2].
Il poursuit des études supérieures en métropole grâce à l'obtention d'une bourse. Il entre au lycée Saint-Louis à Paris, et obtient au bout de cinq années d’études une licence en sciences ainsi que de divers certificats[2].
En 1906, il entre à l’École nationale supérieure d'agriculture coloniale (ENSAC) où il prépare avec succès en diplôme d’ingénieur en agronomie tropicale[2].
En 1908, Raymond Vergès se marie avec Jeanne-Marie Daniel, qui lui donne deux enfants : Jean, né en 1913, et Simone, née en 1916[2].
Carrière de médecin et ingénieur
Il obtient un premier emploi de dessinateur auprès de « Société de construction et d’exploitation des chemins de fer en Chine » pour un contrat de trois ans. Il reste finalement en Chine durant cinq ans où la moitié de son temps est consacré à la formation d'ingénieurs locaux[2].
En 1912, il entre à la faculté de médecine de Paris ; ses études sont interrompues par le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il est mobilisé en tant qu'infirmier militaire, puis en 1915 comme médecin auxiliaire auprès du 94e RI. Plusieurs fois blessé, notamment lors de la bataille de Verdun, il se replie à Paris puis Rennes pour se faire soigner ; il est déclaré inapte à regagner le front[2].
Après l’armistice, il poursuit ses études de médecine à la faculté de Rennes. Celles-ci s’achèvent le , par la soutenance d'une thèse. Il ouvre ainsi son premier cabinet de médecin à Rochefort-sur-Loire en Maine-et-Loire[2].
En 1920, Raymond Vergès repart en Chine, où il devient de professeur à l’Institut technique franco-chinois d’industrie et de commerce à Shanghai, ville dans laquelle il séjourne un peu plus d’un an, avant de se rendre au Laos en 1922 où il occupe le poste de médecin-chef de l’hôpital de Savannakhet à la frontière du Siam (actuelle Thaïlande)[2].
En 1923, sa première épouse Anne-Marie meurt. Il rencontre Pham Thi Khang, une institutrice vietnamienne qui devient sa seconde femme. Celle-ci donne naissance à deux fils prénommés Jacques et Paul, à Ubon Ratchathani, ville thaïlandaise située à 150 km au sud de Savannakhet, et dans laquelle Raymond Vergès est également médecin et consul de France de 1925 à 1928[2]. En réalité, Jacques et Paul Vergès présentés comme jumeaux, ne seraient pas nés le même jour : si la date de naissance de Paul est bien le , celle de Jacques est fausse puisqu'il serait né un an plus tôt le au Laos, et non au Siam comme son frère. Raymond Vergès aurait profité de sa position de consul pour réaliser un « vrai-faux » état civil, afin de cacher sa relation adultère avec Pham Thi Khang, alors qu'Anne-Marie était encore vivante (elle meurt en 1923)[6].
Il profite d'un congé administratif de six mois entre mars et , pour se rendre à La Réunion avec ses deux fils de trois ans et son épouse Pham Thi Khang. C'est dans l'île que cette dernière meurt, le laissant seul avec ses enfants. À l'issue de son congé, il repart en Indochine[2] et confie ses fils à sa famille[7] - [8].
À son retour en Indochine, il se heurte à l’hostilité de son remplaçant, Jules Rougni, et obtient sa mutation en 1929 au royaume d’Annam comme médecin-chef de la province de Quảng Trị. Atteint par le paludisme, il retourne en métropole en , et séjourne à Paris durant quelques mois[2].
En 1931, il revient à La Réunion, où il est muté comme médecin de la station thermale d’Hell-Bourg, puis il est nommé en 1934 directeur du service de santé de la colonie[2].
À cette époque, il se met à admirer Abd el-Krim, anticolonialiste marocain exilé dans l'île. Il fréquente par ailleurs la famille impériale d'Annam, également exilée sur place.
Carrière politique, associative et syndicale
Dès son retour à La Réunion, il s'engage dans la défense des pauvres et se syndique à la CGT. Il participe également aux activités de la Ligue des droits de l'homme et de la loge maçonnique L’amitié. Il rejoint aussi le Comité républicain d'action démocratique et sociale (CRADS) présidé par Léonus Bénard. Son engagement le positionne à la gauche de ce rassemblement[2].
En , il est élu maire de Salazie. Après l'arrivée au pouvoir du Front populaire en 1936, il appuie la politique de ce dernier dans la colonie, adhère au Parti réunionnais d'action démocratique et sociale (PRADS), et se rapproche des communistes[2].
En 1940-1942, le gouverneur de l'île, Pierre Aubert, impose la fidélité au maréchal Pétain. Le , Raymond Vergès écrit au gouverneur Aubert :
« J’ai l’honneur de vous rendre compte que si je voulais mener une action contre le Gouvernement qui m’emploie, je commencerais par démissionner. Je m’engage donc personnellement à suivre, avec un entier loyalisme, le gouvernement français, ainsi que son chef le maréchal Pétain[9] - [10]. »
Aubert le jugeant loyal, Raymond Vergès conserve l'ensemble de ses fonctions et mandats électoraux. Le , Raymond Vergès prononce un discours portant sur le progrès de la médecine dans l'empire colonial, un des nombreux événements promouvant la France d'outre-mer supervisés par Pierre Aubert[11]. Le , les troupes gaullistes prennent le contrôle de La Réunion et nomment André Capagorry comme nouveau gouverneur. Les relations entre les deux hommes sont excellentes. Raymond Vergès adhère à l'Association bourbonnaise de la France combattante, fonde le , le quotidien engagé Témoignages et affirme son attachement au général de Gaulle. Il s’impose alors comme un leader politique dans l’île[2].
Le , il est élu maire de Saint-Denis sous la bannière du CRADS, puis est élu député de la deuxième circonscription de La Réunion à l'Assemblée nationale constituante le de la même année. Membre de la commission des territoires d’Outre-mer de l'assemblée, il siège au groupe communiste avec un autre député réunionnais Léon de Lépervanche[2]. Il sera réélu deux fois : aux élections de 1945 et de 1951[7].
En 1946, Vergès et de Lepervanche proposent une loi pour faire de La Réunion un département français. Deux autres propositions de loi, l'une pour la Guyane (proposée par Gaston Monnerville), l'autre pour les Antilles (proposée par Léopold Bissol), sont présentées dans le même temps. Les trois propositions sont fondues en une seule, présentée par Aimé Césaire, alors le plus jeune député d'outre-mer, et est adoptée officiellement le 19 mars 1946 pour les quatre anciennes colonies devenant départements d'outre-mer (la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion)[2].
En pleine campagne législative devant renouveler l'assemblée constituante, Raymond Vergès est mêlé à la mort d'Alexis de Villeneuve, un de ses adversaires politiques : son fils Paul Vergès, désigné par des témoins comme étant l'auteur des coups de feu, est arrêté, et l'arme du crime retrouvée est au nom de Raymond. Le conseil municipal de Saint-Denis a été dissous par le gouverneur de La Réunion André Capagorry, et Raymond perd son siège de maire, puis celui de député dans l'élection qui suit. Il fait jouer ses appuis au Parti communiste français pour aider son fils, en dépaysant le procès en métropole[12]. Aux assises de Lyon, en , Paul est jugé coupable (il ne sera toutefois condamné que pour « coups et violences sans intention de donner la mort », lui infligeant cinq ans de prison avec sursis)[13] - [14]. Raymond récupère lors des élections législatives de novembre son fauteuil de député[7].
En 1951, il devient maire de Saint-André, puis est élu membre du Conseil général de La Réunion en . Le , il n’est pas candidat sur la liste du PCF aux élections législatives, et passe le relais à son fils, Paul Vergès, qui conduit victorieusement la liste d’Union pour la défense des ouvriers et des planteurs[2].
Raymond Vergès meurt à son domicile de Saint-André, dix-huit mois plus tard, le [2].
Notes et références
- VERGÈS (Raymond)
- « Raymond Vergés. Médecin et homme politique. Maire, Député », sur mi-aime-a-ou.com (consulté le )
- Monsters and revolutionaries: colonial family romance and métissage par Françoise Vergès
- « Arbre de Noémie Louise Marie Langoit », sur http://geneatique.net (consulté le )
- Vergès père, frères et fils: Une saga réunionnaise, Robert Chaudenson, p. 207
- « Le dernier souper de Jacques Vergès », sur Paris Match, (consulté le ).
- « Raymond Vergès », sur Assemblée Nationale (consulté le ).
- Jacques Vergès et Jean-Louis Remilleux, Le Salaud lumineux : conversations avec Jean-Louis Remilleux, Librairie générale française, , 412 p. (ISBN 978-2-253-05893-9).
- « Les Réunionnais sous le gouvernement Aubert ».
- « Les vérités multiples de Jacques Vergès ».
- La Réunion vous parle, 15-21 juillet 1941.
- Jacques Tillier, Une plume libre : De Mesrine à Sarkozy, souvenirs d’un journaliste pas comme les autres, Pygmalion, coll. « Documents et témoignages », , 422 p. (ISBN 978-2-7564-0975-7, lire en ligne)
- Hervé Schulz, « Le sénateur Paul Vergès, figure politique de La Réunion, meurt à 91 ans », Le Monde,‎ (lire en ligne).
- Mathias Bernard, « Inégibilité et incidents au lendemain de la Seconde Guerre mondiale », dans Philippe Bourdin, Jean-Claude Caron & Mathias Bernard, L'incident électoral : de la Révolution française à la Ve République, Presses Universitaires Blaise Pascal, coll. « Histoires croisées », , 330 p. (ISBN 9782845162082, lire en ligne), p. 268 :
« Au cours d'une réunion électorale, le candidat MRP Alexis de Villeneuve est assassiné par des hommes présentés comme des proches du député-maire de Saint-Denis, candidat communiste, Paul [sic] Vergès : son Conseil municipal est dissous et son fils est arrêté »
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Voir aussi
Bibliographie
- Chantal Lauvernier, « Ban-Bai » Raymond Vergès 1882-1957, éditions Lauvernier, 1994
Article connexe
Liens externes
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