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Quindecemviri sacris faciundis

Les viri sacris faciundis formaient l’un des quatre collĂšges majeurs de prĂȘtres de Rome. Leur nombre et leur nom Ă©volua au cours de l’histoire.

CrĂ©Ă©s d’aprĂšs la lĂ©gende par Tarquin le superbe, ce collĂšge, tout d’abord composĂ© de deux membres, est appelĂ© duumviri sacris faciundis jusqu’à ce que le nombre de membres soit portĂ© Ă  dix en 367 av. J.-C. (on les appelle alors decemviri sacris faciundis) puis portĂ© Ă  quinze (quindecimviri sacris faciundis) au Ier siĂšcle av. J.-C. Ils gardĂšrent ce dernier nom aprĂšs que leur nombre augmente encore, portĂ© Ă  seize, peu avant le dĂ©but de l'empire.

Ils forment un collĂšge de prĂȘtres chargĂ©s de conserver et de consulter les Livres sibyllins. À travers leurs interventions durant les diffĂ©rentes crises religieuses de la RĂ©publique, ils jouĂšrent un rĂŽle important dans l’introduction officielle de cultes Ă©trangers (Sacra peregrina), comme celui d’Esculape ou de CybĂšle, ainsi que dans l’introduction de rituels nouveaux tel que les lectisternes et les jeux (ludi) dans le culte officiel de Rome. Sous l'empire, leur rĂŽle change et ils sont chargĂ©s de l'organisation des jeux sĂ©culaires et du contrĂŽle des cultes Ă©trangers.

Évolution du collùge au cours de l'histoire romaine

Durant la royauté

Ce collĂšge sacerdotal[1] aurait Ă©tĂ©, d’aprĂšs la lĂ©gende, fondĂ© par le dernier roi de Rome, Tarquin le Superbe. Lorsqu’il acheta les livres sibyllins[A 1] - [A 2] - [A 3], il les dĂ©posa dans le temple de Jupiter et nomma une commission de deux membres, les duumuiri sacrorum ou duumviri sacris faciundis[A 4], chargĂ©s de les consulter seulement sur ordre de l'Ă©tat et exclusivement pour des affaires publiques[2]. D’origine grĂ©co-Ă©trusques, les livres sibyllins, venus, dit-on, de Cumes, recommandaient des prescriptions (procurationes) propres Ă  conjurer l’effet des prodiges (prodigia)[3].

Tarquin, comme d’autres roi de l’AntiquitĂ© Ă©tait intĂ©ressĂ© par les oracles[4] et la crĂ©ation d’un groupe de prĂȘtres chargĂ©s de veiller exclusivement sur ces oracles et de les interprĂ©ter ouvrait une forte possibilitĂ© de contrĂŽle de l’État sur ce type d’oracles[5]. La nature oraculaire des livres sibyllins durant la pĂ©riode royale est appuyĂ©e par la prĂ©sence trĂšs probable d’oracles en Italie durant cette pĂ©riode[6] ainsi que par les nombreuses indications qui nous sont donnĂ©es par le caractĂšre composite et archaĂŻque de certains fragments d’oracles qui nous sont parvenus et qui impliquent une longue tradition et histoire derriĂšre eux[7]. L’adjectif de Sibyllin (Sibyllini) n’a, quant Ă  lui, Ă©tĂ© probablement ajoutĂ© que plus tardivement, sous la RĂ©publique[7].

Une autre caractĂ©ristique de la tradition des duumvirs durant la pĂ©riode royale est l’absence totale de fonctions rituelles (sacris faciundis) en plus de leur rĂŽle de gardien des livres[8]. Ce qui amĂšne certains critiques Ă  penser qu’originellement ce n'Ă©taient peut-ĂȘtre pas des duumuiri permanents mais une commission crĂ©Ă©e chaque fois qu'une consultation paraissait nĂ©cessaire[2].

Au début de la République

AprĂšs l’expulsion des Tarquins en dehors de Rome et la fondation de la RĂ©publique, la charge de gardien des livres fut confiĂ©e Ă  deux patriciens[note 1]. La transition entre la Monarchie romaine et la RĂ©publique semble marquer l’addition de fonctions rituelles au rĂŽle de gardiens des livres, fonctions qui deviendront progressivement de plus en plus grandes, avec l’introduction de rites de plus en plus importants et complexes (purifications, dĂ©dicaces de temples, cĂ©lĂ©brations de jeux, introduction de nouveaux dieux), et de plus en plus liĂ©es Ă  la politique de Rome[9]. Si dans le cas de l’introduction de nouveaux cultes, les prĂȘtres en avaient ensuite la responsabilitĂ©, il n’y par contre aucune Ă©vidence qui indique que les duumvirs aient exercĂ© un contrĂŽle gĂ©nĂ©ral sur les diffĂ©rents cultes Ă©trangers (particuliĂšrement grecs) du mĂȘme ordre que le contrĂŽle que les pontifes ont Ă©tĂ© amenĂ©s Ă  exercer sur les cultes romains[10].

Sous la République, les livres sibyllins, au nombre de trois, sont considérés comme propriété du peuple romain[A 5] et déposés au temple de Jupiter, maßtre des signes[11]. Les livres contenaient des hexamÚtres grecs et l'on peut présumer que le nombre total de vers ne dépassait pas les trois mille[12].

Les premiĂšres rĂ©fĂ©rences Ă  l’action des duumviri apparaissent durant le Ve siĂšcle av. J.-C.. En 496[A 6] pendant une famine, les duumvirs sont invitĂ©s Ă  consulter les livres. Ils recommandent alors d'apaiser les dieux en instituant un culte Ă  CĂ©rĂšs, Liber et Libera, mais ils ne participĂšrent pas eux-mĂȘmes Ă  la cĂ©lĂ©bration de ces rites[13]. En 461, aprĂšs l'observation de plusieurs prodiges inquiĂ©tants, les duumvirs sont de nouveau consultĂ©s et ils mettent en garde le peuple romain contre des dangers extĂ©rieurs imminents[A 7] - [A 8]. En 433 les duumviri sont consultĂ©s Ă  la suite d'une Ă©pidĂ©mie de peste et des tremblements de terre. Le peuple sur leur conseil tient une obsecratio(supplication adressĂ©e aux dieux pour les apaiser)[A 9] - [A 10]. Il reviendra plus tard au magistri des decemviri de diriger cette cĂ©rĂ©monie en 367, lorsque succĂ©dant aux duumvirs[A 10] ils sont amenĂ©s Ă  apaiser de nouveau les dieux. La mĂȘme annĂ©e, ils sont aussi responsables d'aprĂšs Tite-Live[A 11] de la fondation d'un temple Ă  Apollon, et il est possible qu'ils en aient eux-mĂȘmes dirigĂ© la rĂ©alisation[14].

La tendance des duumvirs Ă  Ă©largir le champ des pratiques cultuelles[15] est remarquablement illustrĂ©e Ă  l’occasion du premier lectisterne qu’ils recommandent en 399[A 12] - [A 13]. Environ une dĂ©cennie aprĂšs, le prestige qui avait permis aux duumviri d’introduire ce rite se rĂ©vĂšle de nouveau dans le rĂŽle qui leur est accordĂ© aprĂšs l’invasion gauloise[15]. On leur demanda de trouver dans les livres des formules d’expiation pour purifier les temples qui avaient Ă©tĂ© souillĂ©s en Ă©tant tombĂ©s dans les mains des ennemis[A 14].

Évolution

Du milieu du Ve siĂšcle av. J.-C. jusqu'au premier quart du Ier siĂšcle av. J.-C., le collĂšge des decemvirs tient un rĂŽle de premier plan dans la vie religieuse Ă  Rome[16]. L'importance de leur rĂŽle est reconnu dĂšs 461 par les tribuns[A 15], et en 367 leur influence est suffisamment importante[A 16] pour que lors du compromis entre patriciens et plĂ©bĂ©iens des lois licinio-sextiennes, ils soient Ă©rigĂ©s en collĂšge[17] et le nombre de prĂȘtres portĂ© Ă  dix (d'oĂč le nom de decemviri) pour ĂȘtre composĂ© Ă  Ă©galitĂ© de cinq patriciens et de cinq plĂ©bĂ©iens[A 17] : pour la premiĂšre fois des plĂ©bĂ©iens accĂšdent Ă  l’un des sacerdoces majeurs, composĂ©s jusque-lĂ  uniquement de patriciens. Le collĂšge est alors appelĂ© collĂšge des decemuiri sacris faciundis et prĂ©sidĂ© par un magister[18].

Le collĂšge sert alors en temps de crises, oĂč il est appelĂ© par le SĂ©nat pour consulter les livres sibyllins, donner une explication Ă  la crise traversĂ©e par Rome et fournir une solution religieuse pour la rĂ©soudre. De nombreuses innovations religieuses sont inspirĂ©es par les livres sibyllins, qui servent alors Ă  la fois Ă  amorcer le changement et Ă  donner une lĂ©gitimitĂ© Ă  ce qui aurait pu autrement ĂȘtre vue comme un abandon des traditions romaines[19]. La plĂšbe, portĂ©e aux innovations, se trouve ainsi installĂ©e d'emblĂ©e dans l'organisme le plus propre Ă  en introduire[18].

Introduction de nouveaux cultes et rites religieux

Entre le IVe siĂšcle et le dĂ©but du IIe siĂšcle av. J.-C., les innovations des decemvirs se multiplient. Ils introduisent les ludi scaenici (jeux scĂ©niques) en 363[A 18], jeux dont l'origine n'est trĂšs probablement pas grecque, mais Ă©trusque[20]. En 349 une Ă©pidĂ©mie de peste pousse le sĂ©nat Ă  demander l’examen des livres Sibyllins, et sur le conseil des decemvirs, un nouveau lectisterne a lieu[A 19].

Ils jouent un rĂŽle important durant la dĂ©cennie qui prĂ©cĂšde la dissolution de la ligue latine (en 338 av. J.-C.), et l'influence des decemvirs dans le Latium est clairement montrĂ©e dans le rĂŽle jouĂ© par le collĂšge dans l’établissement ou le maintien de fĂȘtes religieuses que Rome partageait avec ses voisins[21]. D'autres rites sont alors cĂ©lĂ©brĂ©s conjointement par les Romains et les Latins, sur la recommandation des decemvirs[22].

En 293 av. J.-C., aprĂšs avoir consultĂ© les livres Ă  la suite d'une Ă©pidĂ©mie, les decemvirs indiquĂšrent qu'il fallait faire venir Esculape Ă  Rome[A 20] - [23]. En 291, l'ambassade envoyĂ©e Ă  Epidaure et conduite par Quintus Ogulnius (on peut penser qu'il Ă©tait lui-mĂȘme un decemvir[24]), revint avec Esculape Ă  Rome[23].

En 249, durant de la premiÚre guerre punique, les decemvirs furent invités à consulter les Livres aprÚs une série de présages menaçants et ils introduisirent à Rome un couple de dieux impressionnant. Ils conseillÚrent la célébration sur le Champ de Mars, pendant trois nuits consécutives, des ludi Tarentini en l'honneur de Dis et de Proserpine, leur sacrifier des victimes noires et enfin promettre de renouveler la cérémonie aprÚs un saeculum de cent années[A 21] - [A 22] - [25] - [26]. On pense cependant que les ludi saeculares, appelés à cette époque ludi Tarentini[A 21] n'ont probablement été célébrés pour la premiÚre fois en 348 av. J.-C., et non plus tardivement en 249 comme nous le rapporte Tite-Live[21]. On observe aussi que leur développement aboutit à leur donner le statut de stativi (jeux permanents/réguliers) vers le milieu du IIIe siÚcle[27].

Un rĂŽle majeur durant la deuxiĂšme guerre punique

Durant la deuxiĂšme guerre punique, leur rĂŽle d'introducteur de cultes nouveaux est alors pleinement actif[28]. En 218, aprĂšs le dĂ©sastre de la TrĂ©bie, plusieurs prodiges se prĂȘtent Ă  une interprĂ©tation clairement menaçante[29] : on charge les decemvirs de consulter les livres Sibyllins Ă  propos de la pluie de pierres observĂ©e dans le Picenum et ils ordonnĂšrent neuf jours de sacrifices, des lustrations, un lectisterne Ă  CaerĂ©, un autre Ă  Rome dans le temple de la Jeunesse[A 23]. Mais, loin de cesser, les prodiges se multipliĂšrent et l'on justifia la colĂšre prolongĂ©e des dieux par les impiĂ©tĂ©s du nouveau consul, Flaminius, dont Tite-Live[A 24] donne le dĂ©tail et qui devaient bientĂŽt servir aux Romains Ă  expliquer honorablement le dĂ©sastre de TrasimĂšne[30]. En 217, de nouveaux prodiges amĂšnent une nouvelle consultation des decemvirs. Cette fois, Rome entend s'adresser au plus haut pour apaiser les dieux et rĂ©tablir la pax deorum[A 25] : offrandes Ă  Jupiter, Ă  Minerve, Ă  Junon Regina et Ă  Feronia[31]. Les decemvirs ne s'en tinrent pas lĂ  ; ils organisĂšrent Ă  la fois un uer sacrum[A 26], un printemps sacrĂ© (rite rare qui dĂ©jĂ  Ă  cette Ă©poque Ă©tait sorti de l'usage), et un lectisterne collectif, le premier adressĂ©, destination rare, Ă  Jupiter, le second rĂ©unissant, selon une thĂ©ologie grecque, douze grands dieux[A 27] - [32]. On assiste la mĂȘme annĂ©e Ă  la rĂ©forme des Saturnalia qui sont alors transformĂ©es en une fĂȘte comparable au lectisterne de 399[A 28] - [33] - [34].

En 216, aprĂšs la dĂ©faite de la bataille de Cannes[A 29], celle-ci est attribuĂ©e Ă  l’absence de fidĂ©litĂ© de deux vestales. Cette crise Ă  la fois politique et religieuse, amena les decemvirs Ă  recourir pour la seconde fois Ă  un sacrifice trĂšs inhabituel : l’enterrement vivant de deux Grecs et deux Gaulois, homme et femme, cette fois-ci pour des motifs d’expiation[A 29] - [A 30]. L'on sait Ă  partir d'un passage de Pline, oĂč il est dit que le magister des decemviri a dirigĂ© les priĂšres en de telles occasions[A 10], ainsi que la preuve d'un pareil sacrifice en l'an 226, indiquent que ces cĂ©rĂ©monies Ă©taient sous la responsabilitĂ© des decemvirs[35]. Dans les listes de 218-217, on ne peut qu’ĂȘtre surpris par le nombre important de nouveaux rites qui sont prescrits sur le conseil des decemvirs[36].

En 212, des rites sacrificiels en l'honneur d'Apollon et Latone furent prescrits par le sĂ©nat (probablement Ă  la suite d'une consultation des livres) et dirigĂ©s par les decemvirs[A 31] - [A 32] - [37]. La mĂȘme annĂ©e, ils introduisent de nouveaux jeux: les jeux apollinaires[A 31] et leur instauration comme jeux permanents (stativi) suit rapidement, en 208[A 33] - [37]. En 207, les decemvirs, avec le soutien des pontifes introduisent des processions rituelles accompagnĂ©es d’un hymne, de danses rituelles, de sacrifices et de consĂ©crations Ă  Juno Regina[A 34] - [37].

En 205, alors qu'Hannibal, affaibli, Ă©tait toujours en Italie, les decemvirs, invitĂ©s une fois encore Ă  consulter les Livres, y avaient lu un carmen Ă©tonnamment clair, invitant Ă  introduire Ă  Rome le culte de CybĂšle, la Magna Mater[A 35] - [38] - [39]. DumĂ©zil, Ă  la suite d'Henry Graillot, voit dans cette introduction une triple influence : une influence religieuse, les Romains recherchant pour les armes romaines le concours d'une divinitĂ© puissante ; une influence politique, les Romains considĂ©rant la grande dĂ©esse d'Anatolie comme l'auxiliaire indispensable de la diplomatie sĂ©natoriale et une troisiĂšme influence liĂ©e Ă  une arriĂšre-pensĂ©e de vanitĂ© nobiliaire. Par la proclamation publique des origines troyennes de Rome et grĂące Ă  la lĂ©gende d'ÉnĂ©e, CybĂšle n'est pas considĂ©rĂ©e Ă  Rome comme une divinitĂ© Ă©trangĂšre[40] - [41] - [42]. La transuectio (le transport) de la Grande-MĂšre Ă  Rome, dont l’anniversaire fut jour de fĂȘte jusqu'Ă  la fin du paganisme, a donnĂ© lieu Ă  un vĂ©ritable roman[43]. Toutefois, une sĂ©rie de dispositions administratives, publiĂ©es par le SĂ©nat, rĂ©glementĂšrent les manifestations du culte phrygien pour adapter le culte oriental jugĂ© trop exubĂ©rant pour les valeurs romaines[44] - [45] - [46].

Entre 291 (retour de l’ambassade romaine qui Ă©tait allĂ© chercher Esculape Ă  Épidaure) et 249 (le renouvellement des ludi saeculares) et entre 249 et 226 on observe deux pĂ©riodes de silence sur les actes des decemvirs, silences causĂ©s par la perte de la deuxiĂšme dĂ©cade de Tite-Live et par l’état fragmentaire des livres des AntiquitĂ©s romaines de Denys d’Halicarnasse sur cette pĂ©riode[24].

Affaiblissement du collĂšge

À partir de 191, si les decemvirs sont toujours actifs et proposent des rites d'expiations, on observe un arrĂȘt total de leurs innovations en mĂȘme temps qu’une standardisation des pratiques rituelles[47].

Vers le milieu du IVe siĂšcle, une vingtaine d’annĂ©es aprĂšs la crĂ©ation du collĂšge des decemvirs, leur influence Ă©tait visible dans le Latium. Au dĂ©but de la deuxiĂšme guerre punique, cette influence Ă©tait toujours manifeste, et Caere, une ville Ă©trusque, fait partie des villes pour lesquels les decemvirs recommandaient des rites. Vingt ans aprĂšs la seconde guerre punique, leurs rites Ă©taient dĂ©crĂ©tĂ©s pour toute l'Italie, et Ă  la fin de IIe siĂšcle, leur influence se faisait sentir encore plus loin[48] : Ă  la suite d'une Ă©pidĂ©mie, et aprĂšs consultation par le sĂ©nat, ils dĂ©crĂštent en 180 qu'une supplicatio de trois jours ait lieu dans toute l'Italie[A 36] - [49]. À cette Ă©poque, les annĂ©es d’assimilations sont terminĂ©es, et un mouvement contraire s’installe lĂ  oĂč les rites sont ordonnĂ©s par Rome dans les territoires sous contrĂŽle romain[50]. Certaines indications de la perte progressive d’influence des decemvirs peuvent ĂȘtre vues en 104 et un peu aprĂšs, lorsque l'on voit que les haruspices se prononcent sur des politiques rituelles qui relĂšvent normalement de la sphĂšre des decemvirs, tel que les cultes de CĂ©rĂšs, de Proserpine, d’Apollon et le rite de lustration[48] - [51].

À cette pĂ©riode, un Ă©vĂ©nement vient affaiblir le prestige du collĂšge[48]. PrĂ©cĂ©dĂ©e d’une premiĂšre tentative due Ă  Caius Licinius Crassus, tribun de la plĂšbe en 145[A 37] - [52], la lex Domitia tenta en 104-103 de dĂ©mocratiser le processus de nomination des prĂȘtres en confĂ©rant Ă  l’assemblĂ©e spĂ©ciale chargĂ©e de dĂ©signer le grand pontife le droit d’élire tous les membres des quatre collĂšges majeurs. Les candidats Ă©taient toutefois exclusivement dĂ©signĂ©s par les collĂšges sacerdotaux eux-mĂȘmes[53]. La loi enleva Ă  l’assemblĂ©e le pouvoir de coopter ses nouveaux membres et rendit la prĂȘtrise Ă©lective, en plaçant les Ă©lections aux mains du peuple[A 38] - [A 39] - [A 40] - [A 41]. Non seulement des quasi-comices Ă©taient convoquĂ©s, mais encore les quatre sacerdoces en question accĂ©daient Ă  une position brillante en raison de cette procĂ©dure comitiale[54] - [55]. Cette loi sera abrogĂ©e en 81[A 42] - [A 41] et rĂ©tablie en 63[56].

Quindecemviri sacris faciundis

XVuir sacris faciundis en train de faire un sacrifice. DĂ©tail d'une base en marbre du Louvre. Dessin tirĂ© de Clarac, MusĂ©e de sculpture antique et moderne
, II, pl. 216, n° 318.

Jusqu'Ă  la fin de la RĂ©publique

Lorsque le collĂšge est de nouveau mentionnĂ© en 51, leur nombre a Ă©tĂ© portĂ© Ă  quinze, et ils sont appelĂ©s quindecemvirs[A 43]. Sur la base d'un passage de Servius[A 44], on attribue Ă  Sylla cet agrandissement du collĂšge, Ă  partir de la lex Cornelia[57] - [58] - [59] - [60], d’autant plus que nous savons que, dans le mĂȘme temps, celui-ci augmenta aussi le nombre de prĂȘtres d’autres collĂšges sacerdotaux comme les pontifes et les augures[18]. En 63, la lex Labiena rendit aux tribus le droit d’élire les prĂȘtres des quattuor amplissima collegia[56] - [61]. Tout en retournant Ă  la tradition antĂ©rieure Ă  la lex Domitia, Sylla continua en fait Ă  considĂ©rer les prĂȘtres des quatre collĂšges comme des quasi-magistrats[62]. Enfin, leur nombre sera portĂ© Ă  16, trĂšs probablement par CĂ©sar[A 45], par la loi Iulia, mais le collĂšge conserva alors son nom de quindecemvirs[56].

Les rituels habituellement associĂ©s avec les decemvirs continuent aprĂšs 98 ; et il n’y a aucune Ă©vidence qu’ils n’étaient pas entre les mains des quindecemvirs[58]. Un second coup est portĂ© au collĂšge des decemvirs, lorsqu'en 83 av. J.-C., sous Sylla, les Livres furent dĂ©truits par l’incendie du Capitole[63]. En 76 une commission de sĂ©nateurs fut chargĂ©e de collecter par des commissions envoyĂ©es Ă  travers le monde, en Italie et en pays grec des vers sibyllins, partout oĂč il y avait des Sibylles, et notamment Ă  ÉrythrĂ©es[A 46] - [A 47] - [A 48] - [A 49] - [18]. Ils ramenĂšrent un millier de vers qui servirent pour reconstituer les livres sibyllins, ce qui aurait pu donner Ă  Sylla la possibilitĂ© de recrĂ©er une collection d’oracles de mĂȘme type, sous son contrĂŽle[64] - [A 4] - [A 49] - [58]. On observe que les Romains ne dĂ©plorent pas comme une perte irremplaçable la destruction des livres sibyllins mais qu'ils se bornent Ă  reconstituer le fonds. Le seul point qui les prĂ©occupe, c’est le contrĂŽle de la collecte : seront appelĂ©s Livres et vers sibyllins ceux qui auront Ă©tĂ© approuvĂ©s par le collĂšge des quindecemvirs et le sĂ©nat[A 50] - [A 49] - [A 51] - [64].

Durant la fin de la RĂ©publique, le sĂ©nat et des dirigeants politiques, tels que Sylla et CĂ©sar, prennent l'initiative de la promotion de nouveaux cultes[39]. L’incertitude du futur et le dĂ©sir de le manipuler amĂšne certains personnages comme Sylla et Cassius Ă  avoir leurs propres haruspices qui les accompagnaient partout. On observe alors durant les guerres civiles, des manipulations des auspices et des prodiges dans les diffĂ©rents camps. Sous Sylla, un haruspice Ă©tait son intendant personnel et cela plaçait visiblement les quindecemvirs dans une position difficile, eux qui Ă©taient en effet de par leur mode de consultation proches de la politique sĂ©natoriale[58]. On observe durant cette pĂ©riode une diminution de leur importance religieuse et surtout politique jusqu’à la restauration des diffĂ©rents collĂšges religieux par Auguste[58]. Encore ces prĂȘtrises gardaient-elles un certain rayonnement mystique sur les milieux populaires sinon les ambitieux ne se les seraient pas disputĂ©es jusqu’à en faire Ă©talage, au cours des luttes civiles[65].

Sous l'Empire

Auguste accumula progressivement les sacerdoces, particuliĂšrement ceux des quatre collĂšges majeurs de prĂȘtres de Rome, devenant pontife en 48 av. J.-C., augure en 41/40 av. J.-C., quindecimviri sacris faciundis entre 37 et 34 av. J.-C. Auguste Ă©tant dĂ©jĂ  quindecimviri sacris ficiundis en 17 av.J-C, il avait eu en charge la prĂ©sidence des Jeux SĂ©culaires , et septemviri epulonum avant 16 av. J.-C.[66] - [67]. Cette accumulation sur la mĂȘme personne des responsabilitĂ©s civiles et religieuses mit fin Ă  la sĂ©paration radicale du pouvoir religieux et du pouvoir civil, le magistrat suprĂȘme retrouvant ainsi la plĂ©nitude du pouvoir royal[68]. À partir de ce moment, les membres du collĂšge seront cooptĂ©s avec la recommandation de l’empereur[69].

La restauration religieuse d’Auguste redonne un rĂŽle important aux quindecemvirs, qui joueront alors jusqu’à la fin de l’empire un rĂŽle important dans la cĂ©lĂ©bration des jeux sĂ©culaires, dans la gestion des cultes Ă©trangers et dans la cĂ©lĂ©bration du culte d’Apollon. L’autoritĂ© des quindecemvirs, comme celle des autres collĂšges, s’étend gĂ©ographiquement Ă  l’ensemble de l’Empire romain[A 52] - [70].

Les livres Sibyllins, reconstituĂ©s aprĂšs l'incendie, sont contrĂŽlĂ©s et expurgĂ©s Ă  nouveau sur l’ordre d’Auguste lorsqu'ils sont transfĂ©rĂ©s de temple de Jupiter au Capitole Ă  celui d'Apollon au Palatin[18] - [64] Les livres n'ont alors plus rien Ă  voir avec les trois volumes originels[71]. Ils sont de nouveau expurgĂ©s sous TibĂšre. Le collĂšge disparaĂźt lorsque les livres sont brĂ»lĂ©s au dĂ©but du Ve siĂšcle de notre Ăšre par Stilicon, alors tuteur et rĂ©gent d’Honorius[A 53] - [18] - [72].

Le collÚge et la procédure de consultation

Tout d'abord composĂ©s de deux prĂȘtres, les duumvirs, leur nombre est augmentĂ© Ă  dix et ils sont alors Ă©rigĂ©s en collĂšge appelĂ© decemviri sacris faciundis. Ce sont des prĂȘtres permanents[73], dirigĂ©s par un magistrat annuel[18] - [74]. Ils Ă©taient Ă©lus Ă  vie.

Ils sont organisés de maniÚre autonome et le collÚge gardait ses propres archives.

Insigne et tenue

D'aprĂšs Servius, sous l'empire, le trĂ©pied est l’insigne de ces prĂȘtres, en mĂȘme temps que le dauphin[A 54] - [75] - [57]. Cette reprĂ©sentation se retrouve aussi sur les monnaies, oĂč le trĂ©pied est leur symbole[76]. De plus, le commentaire de Servius et le passage de Flavius Vopiscus[A 55] paraissent indiquer que chaque prĂȘtre avait chez lui un trĂ©pied[77].

Ces prĂȘtres Ă©taient dĂ©crits comme portant une couronne de laurier, Ă©lĂ©ment qui a pu tenter certains modernes de les considĂ©rĂ©s comme spĂ©cialistes du Ritus graecus[A 56] - [76] - [73]. Seuls les prĂȘtres de ce collĂšge avaient le droit de toucher les livres sibyllins, et encore ne pouvaient-ils le faire que les mains voilĂ©es (velatis manibus)[A 57] - [A 55] - [78]. On suppose qu'il s'agissait de garder de toute souillure ces Ă©crits sacrĂ©s[79].

Les decemvirs et le Ritus Graecus

Il est exagĂ©rĂ© de s’appuyer sur un passage de Varron[A 58] pour affirmer que tous les cultes cĂ©lĂ©brĂ©s par les (quin)decemvirs Ă©taient cĂ©lĂ©brĂ©s selon le rite grec Ritus Graecus[80] : loin d'ĂȘtre exclusivement limitĂ© aux rites grecs, les decemvirs sacris faciundis, aprĂšs consultation des livres, recommandaient trĂšs souvent, nous pourrions mĂȘme dire habituellement, des rites romains, spĂ©cialement des rites d'expiation[81]. Les Jeux sĂ©culaires, le seul service cĂ©lĂ©brĂ© Graeco ritu par les quindĂ©cemvirs qui soit connu avec prĂ©cision, rĂ©vĂšlent la complexitĂ© de la notion, car le culte s’adresse aussi bien Ă  des divinitĂ©s grecques qu’à la triade capitoline, et comprend un mĂ©lange hautement complexe d’actes religieux « grecs » et romains, quelles que soient les divinitĂ©s honorĂ©es[80].

De plus, mĂȘme si la consultation des livres sibyllins par les dĂ©cemvirs est faite en grec, il s'agit d'un processus entiĂšrement romain. Ce processus est placĂ© sous l'autoritĂ© d'un magistrat cum imperio et du sĂ©nat, et la procĂ©dure elle-mĂȘme est typiquement romaine[81].

Procédure de consultation

ChargĂ©s de les consulter sur ordre exprĂšs et pour le compte de l'État exclusivement[2] quand celui-ci s'inquiĂšte d'un prodige[A 1] - [11]. Cette procĂ©dure de consultation, appelĂ©e procuratio portait seulement sur deux points : en quoi consiste la procuratio requise ? À quels dieux doivent ĂȘtre adressĂ©s les rites - sacrifices, priĂšres, etc. qu'elle comporte[82]?

Tandis que les Libri sont un recueil oraculaire d’origine inconnue, de son cĂŽtĂ© la procĂ©dure est dans son mode opĂ©ratoire tout ce qu'il y a de plus romaine[83]. Et en raison de la procĂ©dure particuliĂšre de consultation, il n’était pas nĂ©cessaire que ces vers fussent les mĂȘmes que ceux que l’incendie avait dĂ©truits[84]. L’essentiel Ă©tait que les vers sibyllins fussent conservĂ©s au temple de Jupiter ou d’Apollon et permissent au rite de la consultation d’avoir lieu[85]. Il s'agit d'une procĂ©dure trĂšs encadrĂ©e, et le sĂ©nat n'y recourt qu'avec prĂ©caution lorsque le nombre ou la gravitĂ© des prodiges observĂ©s dĂ©passent les ressources habituelles des pontifes[A 59] - [86] : les (quin)decemvirs ne sont amenĂ©s Ă  consulter les livres Sibyllins qu'Ă  la suite d'un sĂ©natus-consulte[A 60] - [A 51] - [A 61] - [A 62] - [86].

La procĂ©dure exacte de la consultation des Livres Sibyllins est mal connue. Deux passages de CicĂ©ron et de Denys d’Halicarnasse dĂ©crivent l’opĂ©ration qui est formellement attestĂ©e par deux oracles conservĂ©s dans les Mirabilia de PhlĂ©gon de Tralles (mais l'authenticitĂ© de ces oracles a Ă©tĂ© remise en cause par Hermann Diels[87] - [88]. Le cadre gĂ©nĂ©ral des consultations Ă©tait le suivant. À la suite d’un ou de plusieurs prodiges, le sĂ©nat convoquĂ© par un magistrat dĂ©cide de faire consulter les Livres par les (quin)dĂ©cemvirs[A 63]. Le terme technique est adire ou inspicere libros. Les prĂȘtres lisent Ă  huis clos les Livres et recueillent (inuenire) l’oracle, assistĂ© par deux esclaves publics[89] dans le but d'y trouver Ă  la fois le prodige (fata) et son remĂšde (remedia)[90].

Hertzberg[91] a supposĂ© que, pour construire les acrostiches, auxquels fait rĂ©fĂ©rence CicĂ©ron[A 64], Ă  partir du mot dĂ©signant le prodige Ă  expier - par exemple pestis (la peste), c’est-Ă -dire λοÎčΌός - les (quin)decemvirs rĂ©unissaient Ă  partir des Livres soit des vers commençant par ces lettres, soit un vers tirĂ© au sort dont les lettres ou les initiales des mots qu’il contenait correspondaient Ă  ce terme. Le dĂ©veloppement donnĂ© par Hermann Diels[92], suivi par Georg Wissowa, Ă  l'hypothĂšse dĂ©veloppĂ©e par Hertzberg temps Ă  montrer que celle-ci est exacte[93] - [94] - [90]. Nous ignorons comment les decemvirs sĂ©lectionnaient les vers Sibyllins qui servaient Ă  construire leurs oracles. Il est clair en tout cas que leur dĂ©marche Ă©tait proche de la consultation des sortes ou des oracles alphabĂ©tiques, dans lesquels un signe Ă©tait dĂ©veloppĂ© et interprĂ©tĂ© pour former une phrase[95]. Les decemvirs ne sont pas des prophĂštes ou des oracles, leur rĂŽle est strictement dĂ©limitĂ© Ă  l'intĂ©rieur de la procĂ©dure qui consiste Ă  traduire en vocabulaire religieux, comprĂ©hensible par le SĂ©nat et par le peuple, les formules hermĂ©tiques du recueil[A 65] - [96] - [97].

La procĂ©dure de confection des oracles Sibyllins, fait frĂ©quemment rĂ©fĂ©rence Ă  des scĂ©narios rituels recommandĂ©s auparavant. On pense donc que les prĂȘtres compulsaient le corpus des oracles, sĂ©natus-consultes ou Ă©dits de magistrats, et donc qu’il existait des archives facilement accessibles des dĂ©cisions antĂ©rieures[85]. On peut admettre avec Diels que les archives des decemvris Ă©taient dĂ©posĂ©es sous la RĂ©publique au Capitole, c’est-Ă -dire au lieu mĂȘme oĂč les prĂȘtres rĂ©digeaient leurs oracles. Les (quin)decemvirs se rĂ©fĂ©raient toujours aux oracles prĂ©cĂ©dents[98].

Une fois l’oracle Ă©tabli, les prĂȘtres transmettaient l’oracle au sĂ©nat par Ă©crit sous forme d'Ă©dit ou de responsum[89] - [95] - [99]. AprĂšs avoir reçu cet Ă©dit, les sĂ©nateurs dĂ©cidaient ou non d’accepter l’oracle, et recommandaient le cas Ă©chĂ©ant aux consuls d’en faire appliquer les prescriptions. Un Ă©dit de magistrat en ordonnait l’application[89]. L’acte religieux produisait au moins un Ă©dit sacerdotal, un sĂ©natus-consulte et un Ă©dit de magistrat[100].

Les prĂȘtres consultaient des oracles prĂ©cĂ©dents ainsi que des scĂ©narios rituels composĂ©s par d’autres collĂšges. Ces consultations renvoient Ă  leur commentarii, Ă  ceux des autres prĂȘtres[100]. De tous ces documents et registres seules quelques piĂšces ont survĂ©cu. Elles suffisent cependant pour suggĂ©rer que les archives des prĂȘtres Ă©taient volumineuses[100].

Les archives du collĂšge

Les quindecemvirs devaient avoir, Ă  usage interne, des livres de rituels et de priĂšres. Outre les tĂ©moignages de l’inscription des jeux sĂ©vĂ©riens et d’une monnaie reprĂ©sentant, dans le cadre des Jeux sĂ©culaires, deux hommes en toge dont l’un, peut-ĂȘtre Domitien, tient un volumen et rĂ©cite devant trios femmes une priĂšre qui nous est peut-ĂȘtre connue par l’inscription des jeux augustĂ©ens[101]. Les rites de purification conduits par le prĂȘtre d’Apollon Mopsus dans le chant III des Argonautiques du quindecemvir ValĂ©rius Flaccus paraissent illustrer ces rites trop complexes et sans doute nombreux pour n’avoir pas Ă©tĂ© tĂŽt consignĂ©s par Ă©crit[102]. On observe aisĂ©ment que les priĂšres reproduites par les inscriptions des jeux augustĂ©ens et sĂ©vĂ©riens se distinguent beaucoup plus par leur formes archaĂŻques que la langue administrative. D’autre part, de l’inscription d’Auguste Ă  celle de SĂ©vĂšre, les priĂšres sont restĂ©es les mĂȘmes[103].

Les oracles sibyllins ne prescrivaient pas seulement des sacrifices, des cĂ©rĂ©monies et des dons ponctuels. Ils introduisaient Ă©galement de nouveaux dieux dont le culte devenait permanent. De ce fait, ils suscitaient de nombreux actes administratifs secondaires, dont le culte de la Magna mater offre un bon exemple[84]. La surveillance de l’application de certains oracles suscitait des Ă©changes de lettres, de demandes et de rĂ©ponses rĂ©guliĂšres entre les quindecemvirs et les magistrats des colonies et municipes romains, qui sont attestĂ©s jusqu’à la fin du IIIe siĂšcle de notre Ăšre[64].

Les Commentarii quindecemvirorum dont l’existence nous est attestĂ©e par le tĂ©moignage de Censorinus[A 66] - [104] et confirmĂ© l’épitaphe d’un a commentaris quindecemvirs[A 67] qui confirme d’ailleurs l’existence d’actes indĂ©pendant des jeux sĂ©culaires[105]. Les inscriptions augustĂ©ennes et sĂ©vĂ©riennes des Jeux sĂ©culaires, le Commentarium ludorum est un document proprement quindĂ©cemviral, et n'Ă©mane pas, comme on a pu en faire l'hypothĂšse jadis, du sĂ©nat. Ces comptes rendus enregistraient, dans un rythme sans doute annuel, les dĂ©crets et Ă©dits des quindecemvirs, mais aussi des dĂ©cisions Ă©manant d'une autre autoritĂ© et relatives Ă  leur sphĂšre de compĂ©tence, ainsi que le dĂ©roulement des rites et des cĂ©rĂ©monies[106].

Les (quin)decemvirs et le contrĂŽle des cultes Ă©trangers

CrĂ©Ă©s d’aprĂšs la lĂ©gende par Tarquin, ils forment un collĂšge de spĂ©cialistes, chargĂ©s de conserver les livres Sibyllins et de les interprĂ©ter, avec l’accord du sĂ©nat, pour donner une caution oraculaire Ă  l’adoption de cultes nouveaux[59]. Ils jouent durant les diffĂ©rentes crises religieuses de la RĂ©publique un rĂŽle majeur dans l’introduction officielle de cultes Ă©trangers (les Sacra peregrina)[39]. Leur pratique oraculaire engageait gĂ©nĂ©ralement des procĂ©dures d’extension du panthĂ©on ou du culte romains, comme l'introduction du culte d’Esculape ou de CybĂšle, ainsi que dans l’introduction de rituels nouveaux tel que les lectisternes dans le culte romain officiel[39], extensions parallĂšles Ă  la croissance de l’influence et de l’espace romains[107].

Sous l'empire, s'ils n'introduisent plus de nouveaux cultes, ils sont nĂ©anmoins responsables de la bonne observance d’un certain nombre de rites publics d'origines Ă©trangĂšres, conseillĂ©s ou non par l’oracle sibyllin[57].

Sous la RĂ©publique

À partir du Ve siĂšcle av. J.-C., ils jouent un rĂŽle majeur dans l'introduction de cultes Ă©trangers. Jusqu'au dĂ©but du IIIe siĂšcle les recommandations des decemvirs comprennent l'introduction de nouveaux temples (Ă  la triade CĂ©rĂšs, la dĂ©esse grecque DĂ©mĂ©ter, latinisĂ©e en CĂ©rĂšs, Liber et Libera en 496[A 6], Ă  Apollon) en 431, aprĂšs la peste de 433[A 11] - [108]), ainsi que la cĂ©lĂ©bration du premier lectisterne qu’ils recommandĂšrent en 399[A 12] - [A 13]. CĂ©rĂ©monie qui sera rĂ©pĂ©tĂ©e Ă  de nombreuses reprises sous la rĂ©publique[14].

Durant les guerres puniques, leur rÎle d'introducteurs de cultes nouveaux est alors pleinement actif: en 293 av. J.-C., les decemvirs indiquent au Sénat qu'il faut faire venir Esculape à Rome[A 20], ce qui sera chose faite en 291 lorsque l'ambassade envoyée à Epidaure revint avec le Dieu pour l'installer dans son nouveau sanctuaire[23]. Introduction des ludi Tarentini en l'honneur de Dis et de Proserpine[25], ainsi que des ludi Apollinares en 212, en l'honneur d'Apollon[A 68]. Introduction en 205-204, du culte de la Magna Mater, CybÚle, qui aura un rÎle trÚs important dans la religion romaine sous l'empire[39].

Sous l'empire

Partout dans le monde romain, il y avait des images trĂšs diffĂ©rentes de la religion romaine, les diffĂ©rentes communautĂ©s des provinces doivent avoir construit leurs propres versions de ce qu'ils croyaient ĂȘtre romain. La nĂ©gociabilitĂ© de cette catĂ©gorie de religion romaine officielle, mĂȘme au centre mĂȘme du monde romain, la dĂ©finition changeante de la « romanitĂ© », est manifestement pertinente pour « l'exportation » de la religion romaine aux communautĂ©s des provinces - comme cela est clairement illustrĂ© dans le culte de la Magna Mater. Avant le IIe siĂšcle, en fait le culte en Italie et au moins dans les provinces de l’Ouest Ă©tait sous l’autoritĂ© des quindecemvirs, qui originellement Ă©taient responsable de l’introduction de ce culte Ă  Rome[109]. On comprend, que quindecemvirs puissent s’intĂ©resser de prĂšs aux prĂȘtres du culte phrygien, on les voit contrĂŽler les nominations de ceux-ci d’aprĂšs diffĂ©rentes inscriptions provinciales[110]. Leur rĂŽle dĂ©passait l’assistante lors de la cĂ©lĂ©bration romaine du culte. Il consistait dans la surveillance gĂ©nĂ©rale de l’application de l’oracle de 205[111]. Nous pouvons l’affirmer grĂące au tĂ©moignage d’une sĂ©rie d’inscriptions des IIe et IIIe siĂšcles, provenant de colonies romaines d’Italie, de Narbonnaise, de Lyonnaise et de Numidie[A 69] - [A 70] - [A 71] - [A 72] - [A 73] - [A 74] - [A 75] - [A 76] - [A 77] - [A 78] - [A 79].

Ces documents prĂ©cisent que les prĂȘtres de Magna Mater et des dendrophores Ă©taient investis de leurs fonctions et privilĂšges avec l’approbation des quindecemvirs. Ils portaient le titre de sacerdotes quindecemuirales, ce qui signifie d’aprĂšs l’inscription de Lyon[A 80] que les quindecemvirs lui avaient confĂ©rĂ© le droit de porter le bracelet (occabus) et la couronne sacerdotaux[112]. Un document de l’annĂ©e 289 explicite la procĂ©dure de ces investitures[A 81]. Il transcrit deux textes. Le premier est le protocole de l'Ă©lection d’un nouveau prĂȘtre de la Magna Mater Baiana par les dĂ©curions de Cumes. ce protocole avait Ă©tĂ© envoyĂ© au collĂšge des quindecemvirs Ă  Rome. Le deuxiĂšme document reproduit sur la pierre est la lettre de rĂ©ponse des quindecemvirs: le vice-prĂ©sident du collĂšge prend acte de l’élection et permet au nouveau prĂȘtre, sur la demande des dĂ©curions, de porter l’occabus et la couronne dans les limites de la colonie de Cumes[111].

Les prĂȘtres de Magna Mater en Italie et en Gaule ont parfois mĂȘme le titre de sacerdotes quindecemvirales; et une inscription du territoire de la colonie de Cumes dans le Sud de l’Italie prĂ©serve le texte d’une lettre du collĂšge des quindecemvirs Ă  Rome, autorisant le prĂȘtre local de Magna Mater, que la ville a rĂ©cemment Ă©lu, de porter le bracelet spĂ©cial (occabus) et la couronne (l’insigne sacerdotal de la charge) Ă  l’intĂ©rieur du territoire de la colonie[A 82] - [113]. Les quindecemvirs autorisĂšrent aussi les dendrophores (porteur d’arbres) de Cumes qui servaient le mĂȘme culte[A 83] - [109].

Le plus ancien autel taurobolique connu et datĂ© provient de Lyon[A 80], il est datĂ© du 9 dĂ©cembre 160 et commĂ©more l’investiture d’un prĂȘtre local par le collĂšge des quindecemvirs de Rome[114]. Il fixe le souvenir d'un taurobole accompli en 160 au Phrygianum du Vatican pour consacrer trĂšs probablement le premier archigalle de Lyon, investi rituellement Ă  Rome par les quindĂ©cemvirs sacris faciundis[115].

On voit mal comment les quindecemvirs auraient pu contrĂŽler le recrutement du clergĂ© de la prĂȘtresse pour vĂ©rifier qu’aucun citoyen ne se fĂźt galle. Cette tĂąche incombait aux magistrats. Les quindecemvirs se bornent, conformĂ©ment Ă  leur fonction, Ă  investir officiellement les prĂȘtres de leurs insignes et de leur titre. On suppose que la tĂąche confiĂ©e aux (quin)decemvirs comprenait dĂšs l’origine de vĂ©rifier l’application stricte de l’oracle Ă  Rome et dans les citĂ©s romaines[116].

Comme la portĂ©e juridique des loca religiosa ou sacra, l’oracle de 205 av. J.-C. concernait le peuple romain dans son ensemble, et non seulement Rome. Donc son application, de mĂȘme que le contrĂŽle des lieux cultuels installĂ©s sur les terres du peuple romain, mĂȘme en dehors de Rome, devait ĂȘtre assurĂ©e, Ă  mesure que l’empire du peuple romain croissait[116].

Culte d’Apollon

Le collĂšge avait une forte connexion avec Apollon, en tant que dieu grec et oraculaire. Ces liens entre les (quin)decemvirs et Apollon remontent Ă  l'origine mĂȘme des livres sibyllins : en effet, les oracles font partie du domaine d'Apollon, et la Sibylle Ă  qui Tarquin le Superbe a achetĂ© les livres est souvent prĂ©sentĂ©e comme prophĂ©tesse d’Apollon[59].

DĂšs le Ve siĂšcle av. J.-C., Ă  la suite d’une terrible Ă©pidĂ©mie en 433, ils introduisent le culte d'Apollon Medicus (guĂ©risseur)[A 84] Ă  qui l'on dĂ©die un temple en 431 av. J.-C. On pense que le culte proprement dit Ă©tait antĂ©rieur Ă  cette date et qu'il ne s’agit lĂ  que de l’officialisation, ex libris, du dieu guĂ©risseur[117]. Les decemvirs sont dans le mĂȘme temps considĂ©rĂ©s comme prĂȘtres d'Apollon[73]. En 300, les decemvirs sont prĂ©sentĂ©s par Tite-Live comme carminum Sibyllae ac fatorum populi huius interpretes,antistites eosdem Apollinaris sacri caerimoniarumque aliarum, chargĂ©s des cĂ©rĂ©monies sacrĂ©es, interprĂštes des oracles de la Sibylle et des destins de notre peuple, desservants aussi du culte d'Apollon et d'autres cĂ©rĂ©monies[A 85]. En 212, le sĂ©nat prescrit des rites sacrificiels Ă  Apollon et Latone lors des ludi Apollinares qui sont dirigĂ©s par les decemvirs. Il semble qu'ils soient en mĂȘme temps Ă  l'origine de ces rites[A 86] - [A 32] - [37].

À l'Ă©poque impĂ©riale, ils sont prĂ©sentĂ©s comme prĂȘtres d’Apollon[A 87] - [A 88] - [63]. Sous Auguste, qui Ă©tait membre des quindecemvirs, le culte d’Apollon prit une place de grande importance. Tout d'abord, les Livres sibyllins furent transfĂ©rĂ©s au sanctuaire d’Apollon Palatin[12]. Ensuite, ces quindecemvirs Ă©taient responsables de la cĂ©lĂ©bration des jeux d'Apollon[A 89]. De plus les symboles d'Apollon, un dauphin, une couronne et un trĂ©pied (ce dernier plus tard associĂ© avec la sibylle) sont des symboles frĂ©quents dans les reprĂ©sentations du collĂšge[118].

Les jeux séculaires

Le rĂŽle des decemvirs puis des quindecemvirs comprenait aussi l’organisation et la cĂ©lĂ©bration des jeux sĂ©culaires (ludi saeculares)[A 90] - [A 91] - [119]. MĂȘme si les dĂ©tails des prĂ©cĂ©dentes cĂ©lĂ©brations (sous la rĂ©publique) de ce rituel sont difficiles Ă  reconstruire, il semble suffisamment clair que les quindĂ©cemvirs Ă©taient dans l’ensemble chargĂ©s de leur dĂ©roulement[120]. On suppose que les quindecemvirs avaient Ă  leur disposition des documents anciens relatifs aux jeux de 456[106]. Les quindecemvirs jouĂšrent un rĂŽle essentiel dans l’organisation et la cĂ©lĂ©bration des jeux sĂ©culaires sous l’empire[77] - [121].

Les jeux sĂ©culaires d’Auguste en 17, ont lieu dans le mĂȘme lieu traditionnel (au Nord-Ouest du champ de Mars, prĂšs du Tibre, Ă  un autel connu sous le nom de Tarentum ou Teretum), mais ils diffĂšrent significativement de leurs prĂ©dĂ©cesseurs rĂ©publicains dans plusieurs aspects, notamment dans leur mise en avant de l’empereur lui-mĂȘme et de son gendre et hĂ©ritier, Agrippa[120]. En effet, durant les Jeux SĂ©culaires de 17, Auguste est prĂ©sident (magister) des Quindecemvirs[121]. Ces jeux de 17 nous sont connus par des inscriptions relatant les actes de Ludi Saeculares[A 92].

Ce Commentarium ludorum est un document proprement quindecemviral, et n'Ă©mane probablement pas, comme on a pu en faire l'hypothĂšse jadis, du sĂ©nat, mais des quindecemvirs[106]. Comme l’organisation et la surveillance des cĂ©rĂ©monies Ă©taient Ă  la charge des quindecemvirs, la rĂ©daction du compte-rendu relatif devait relever de leurs services[122]. Il s’agit d’un compte-rendu qui dĂ©crit le dĂ©roulement passĂ©, et non Ă  venir, de telle ou telle phase de la cĂ©lĂ©bration qui a fait l’objet d’un dĂ©cret ou d’un Ă©dit des quindecemvirs[122]. Le document comprend des Ă©dits et dĂ©crets Ă©manant du collĂšge des quindecemvirs, ainsi qu’une lettre d’Auguste au collĂšge[122]. L’inscription indique aussi la liste des membres du collĂšge quindecimviri sacris faciundis qui Ă©taient prĂ©sents aux jeux, Ă  commencer par l’empereur[123] - [124].

On sait que Domitien fit procéder en 88, en avance sur la date prévue, à la suite de calculs plutÎt arbitraires, à la célébration des Jeux[125] - [77].

Au commencement de l'annĂ©e 1930, en creusant les fondations d'un immeuble prĂšs du pont Victor-Emmanuel, on mit au jour environ cent vingt fragments[A 93] du compte-rendu officiel des jeux sĂ©culaires cĂ©lĂ©brĂ©s en 204 par Septime SĂ©vĂšre[126]. Un fragment nous restitue le compte-rendu de la sĂ©ance du SĂ©nat de l'annĂ©e 203, tenue entre mars et aoĂ»t dans laquelle le magister des quindecemviri sacris faciundis, Manilius Fuscus, invite l'assemblĂ©e, au nom du collĂšge, Ă  ordonner les jeux sĂ©culaires pour l'annĂ©e suivante[74]. Il est probable que la tĂąche confiĂ©e aux (quin)decemvirs comprenait dĂšs l’origine de vĂ©rifier l’application stricte de l’oracle Ă  Rome et dans les citĂ©s romaines, et tel fut leur comportement pour les Jeux sĂ©culaires, de 204 : ce sont les prĂȘtres qui informent le sĂ©nat que le saeculum est Ă©coulĂ© et lui suggĂšrent d’organiser de nouveaux Jeux, dont ils auront la charge[116]. Comme tous les Augustes, Septime SĂ©vĂšre et Caracalla ont fait partie du collĂšge quindecemviral, mais il est Ă©vident que leur rĂŽle dĂ©passe encore plus largement celui de simples prĂȘtres que celui d'Auguste et d'Agrippa aux jeux de 17 av. J.-C.[127].

Ces jeux servent aussi Ă  renforcer l’empereur. En effet un carmen saeculare Ă©voque, dans les premiers jours de juin 204, la naissance rĂ©cente d’un enfant, l'enfant de la mĂ©daille de Plautille et l'enfant de Caracalla, dont les quindecemvirs de 203 prĂ©voient officiellement la naissance, ne sont qu'un seul et mĂȘme enfant impĂ©rial, issu, probablement dans la seconde moitiĂ© de 203, au plus tard au dĂ©but de 204, de ce mariage rĂ©putĂ© stĂ©rile[128]. ⇒ Ils servent sous l’empire, liĂ©s au culte impĂ©rial, analysant les prodiges et les justifiant. CoĂŻncidence que souligne le quindecemvir de 203 entre la cĂ©lĂ©bration des jeux sĂ©culaires et la naissance d'un enfant impĂ©rial[129].

Quelques (quin)decemvirs célÚbres

De nombreux membres de ce collĂšge nous sont connus, soit par des sources littĂ©raires, soit par l’épigraphie. Jörg RĂŒpke dans un ouvrage rĂ©cent, Fasti sacerdotum[130], a publiĂ© la liste des prĂȘtres de chaque sacerdoce annĂ©e par annĂ©e d'aprĂšs l'Ă©tat de la recherche actuelle. On y trouve le dĂ©tail des membres des (quin)decemvirs.

Parmi les plus célÚbres (quin)decemvirs on peut noter :

Notes et références

Notes

  1. Les duumvirs sont des patriciens, puisque ce n'est que la création des décemvirs qui donne accÚs aux plébéiens à ce sacerdoce.

Références antiques

  1. Aulu-Gelle, Noctes Atticae, I, 19
  2. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, III, 67 et IV, 62
  3. Servius, Commentaire sur l’ÉnĂ©ide, VI, 72
  4. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, IV, 62
  5. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, IV, 62, 7
  6. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, VI, 17
  7. Tite-Live, Ab Urbe Condita, III, 10, 7
  8. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, X, 2, 5 et X, 9, 1
  9. Tite-Live, Ab Urbe Condita, IV, 21
  10. Pline l'Ancien, Naturalis Historia, XXVIII, 12
  11. Tite-Live, Ab Urbe Condita, IV, 25
  12. Tite-Live, Ab Urbe Condita, V, 13
  13. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, XII, 9
  14. Tite-Live, Ab Urbe Condita, V, 50, 2
  15. Tite-Live, Ab urbe Condita, III, 10
  16. Tite-Live, Ab urbe Condita, VI, 37
  17. Tite-Live, Ab urbe Condita, VI, 42
  18. Tite-Live, Ab urbe Condita, VII, 2
  19. Tite-Live, Ab urbe Condita, VII, 3
  20. Tite-Live, Ab urbe Condita, X, 47
  21. Varron, Censor 17, 8
  22. Censorinus, De die natali, XVII, 8
  23. Tite-Live, XXI, 62, 6-11
  24. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXI, 63, 6-14 ; XXII, 1, 5-7
  25. Tite-Live, XXII, 1, 17-19
  26. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXII, 9, 9-11
  27. Tite-Live, XXII, 10, 2-6
  28. Tite-Live, XXII, 1, 19-20
  29. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXII, 57, 1-6
  30. Plutarque, Quaestiones Romanae, 83
  31. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXV, 12, 13
  32. Macrobe, Saturnales, I. 17, 27-29
  33. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXVII, 23, 7
  34. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXVII, 37
  35. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXIX, 10,4-12; 14, 5-14
  36. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XL, 37
  37. Cicéron, Laelius, De Amicitia, 96
  38. Cicéron, de Lege Agraria, II, 18
  39. Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 12
  40. Suétone, Vie des douze césars, Neron, II
  41. Dion Cassius, Historia Romana, XXXVII, 37
  42. Pseudo Asconius, Div. VIII
  43. Cicéron, Ad familiares, VIII, 4.
  44. Servius, Commentaire sur l'ÉnĂ©ide, VI, 73.
  45. Dion Cassius, Historia Romana, XLII, 51, 4
  46. Fenestella et Varron chez Lactance, Institutions divines, I, 6, 11-14.
  47. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, IV, 62, 6.
  48. Plutarque, Vie de Sylla, XXVII.
  49. Tacite, Annales, VI, 12
  50. Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, XXXI.
  51. Lactance, Institutions divines, I, 6, 13.
  52. Une inscription (Inscriptiones Latinae Selectae, 4037) datant de 213 apr. J.-C. enregistre la restauration d'un autel de Circé à Circeii, au sud-ouest de Rome, en accord avec un décret des quindecemvirs sacris faciundis
  53. Rutilius Namatianus, De reditu suo, II, 51-54
  54. Servius, Commentaire sur l'ÉnĂ©ide, II, 332
  55. Flavius Vopiscus, Aurelien, 20
  56. I.G., XIV, 1020: ΔÎčς ΎΔÎșÎŹÏ€Î”ÎœÏ„â€™ αΜΎρώΜ ΊοίÎČÎżÏ… ÏƒÏ„Î”Ï†Î±ÎœÎ·Ï†ÏŒÏÎżÏ‚ ÎŻÏÎ”ÏÏ‚.
  57. Tibulle, ÉlĂ©gies, II, 5, 17
  58. Varron, De Lingua Latina, VII, 88
  59. Tite-Live, XXII, 9, 8
  60. Cicéron, De Legibus, II, 30
  61. Denys d’Hallicarnasse, AntiquitĂ©s romaines, IV, 62, 5
  62. Jean le Lydien, De Mensibus, IV, II, 30
  63. Tite-Live en donne plusieurs exemples: Ab urbe Condita, VII, 28, 6-8; XLI, 21, 5-11
  64. Cicéron, De Divinatione, II, 111-112
  65. Aulu-Gelle, Noctes Atticae, IV, 1, 1 : interpres et arbiter Sibyllae oraculorum
  66. Censorinus, De die natali, XVII, 11
  67. CIL 06, 2312
  68. Tite-Live, Ab Urbe Condita, XXV, 12
  69. AE 1969-70, 119-120 (Gaeta)
  70. CIL 05, 4400 (Brixia)
  71. CIL 09, 981 (Compsa)
  72. CIL 09, 1538
  73. CIL 09, 1541 (Beneventum)
  74. CIL 10, 129 (Potentia)
  75. CIL 10, 3699 (Cumae)
  76. CIL 10, 3764 (Suessula)
  77. CIL 12, 1567 (Narbonnaise, Dea Augusta)
  78. CIL 13, 1751 (Lyonnaise, Lugdunum)
  79. CIL 08, 7956 (Numidie, Rusicade)
  80. CIL 13, 1751
  81. CIL 10, 3698
  82. ILS 4175 = 10.4b (en 289); cf. ILS 4131 = 6.7b (en 160)
  83. ILS 4174 (en 251)
  84. Tite-Live, Ab Urbe Condita, IV, 21, 62; 25, 3
  85. Tite-Live, Ab Urbe Condita, X, 8, 2
  86. Tite-Live, XXV, 12, 13
  87. Plutarque, Vie de Caton, IV : ÎŻÎ”ÏÎżÏƒÏÎœÎ· Ï„ÎżÏ‹ Î‘Ï€ÏŒÎ»Î»Ï‰ÎœÎżÏ‚
  88. Tite-Live, X, 8, 2 : antistites Apollinaris sacri caerimoniarumque aliarum
  89. Tite-Live, Ab Urbe Condita, X, 8
  90. Tacite, Annales, XI, 11
  91. Horace, Carmen Saeculare, 70
  92. CIL 06, 32323 = Dessau, 5050
  93. CIL 06, 32326; CIL 06, 32327 ; CIL 06, 32328 ; CIL 06, 32329 ; CIL 06, 32332

Références modernes

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Voir aussi

Bibliographie

Sources antiques

Ouvrages

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Articles

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  • Franz Cumont, « Les actes des jeux sĂ©culaires de Septime SĂ©vĂšre », Comptes-rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 76e annĂ©e, no 1,‎ , p. 120-124 (lire en ligne)
  • Caroline FĂ©vrier, « De l'usage des Livres : le decemvir, prĂȘtre ou uates ? », Latomus, vol. 61,‎ , p. 821-841
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  • John Scheid, « Les livres Sibyllins et les archives des QuindĂ©cemvirs », Collection de l’École française de Rome, École Française de Rome, no 243 « La mĂ©moire perdue, Recherches sur l'administration romaine »,‎ , p. 11-26 (ISBN 2-7283-0393-2)
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