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Provinces de la Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle-Calédonie est découpée en trois collectivités, appelées provinces : la Province Sud, la Province Nord et la Province des îles Loyauté. Sur le plan légal, ces provinces sont à la fois des subdivisions administratives de la Nouvelle-Calédonie et des collectivités territoriales de la République française avec une administration propre. Chaque province dispose d'une assemblée de province élue qui détient le pouvoir législatif et d'un président qui détient le pouvoir exécutif. Statutairement, elles exercent toutes les compétences qui ne relèvent ni de l'État ni de la Nouvelle-Calédonie. Le président de chaque province a également un pouvoir de contrôle sur le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, il peut demander une deuxième lecture de toute loi votée ainsi que saisir le Conseil constitutionnel de la République française. Chaque province regroupe plusieurs communes. On dénombre trente-trois communes actuellement.

Création

La Nouvelle-Calédonie a été pour la première fois divisée en plusieurs subdivisions administratives internes par le statut Fabius-Pisani mis en place par la loi du : ce sont les régions Sud, Centre, Nord et Îles. Elles sont remplacées, sous le statut Pons II mis en place en janvier 1988, par quatre nouvelles régions : Sud, Ouest, Est et Îles.

Mais les provinces actuelles (la Province des Îles Loyauté, la Province Nord et la Province Sud) ne sont créées qu'à la suite des Accords de Matignon de 1988, par la loi no 88-1028 du portant dispositions statutaires et préparatoires à l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie en 1998 (Art. 6)[1], et sont maintenues, après l'Accord de Nouméa, par la loi no 99-209 organique relative à la Nouvelle-Calédonie (Titre IV). Elles ont le statut de « Collectivités territoriales de la République »[2].

Composition

Carte des subdivisions administratives de la Nouvelle-Calédonie

Les provinces sont :

Emblème Nom Chef-lieu Population
(2019[3])
Superficie Densité Nb. de
communes
Province des Ă®les LoyautĂ©WĂ© (Lifou)18 353 hab.1 980,9 km29,26 hab./km²3
Province NordKonĂ©49 910 hab.9 582,6 km25,21 hab./km²16,5[4]
Province SudNoumĂ©a203 144 hab.7 303 km227,82 hab./km²13,5[4]

Compétences

L'article 20 de la loi organique de 1999 précise que : « Chaque province est compétente dans toutes les matières qui ne sont pas dévolues à l'État ou à la Nouvelle-Calédonie par la présente loi, ou aux communes par la législation applicable en Nouvelle-Calédonie ». Elles sont au centre du dispositif institutionnel à la suite de la signature des Accords de Matignon en 1988, l'article 2 du texte déclarant clairement : « l’administration et le développement du Territoire fédéral de la Nouvelle –Calédonie sont organisés dans le cadre des trois provinces », tandis que l'accord complémentaire d'Oudinot assure que « les provinces reçoivent une compétence de droit commun afin de les mettre en mesure d’être l’élément moteur de la nouvelle organisation du Territoire ». La création d'un réel échelon intermédiaire entre elles et l'État à la suite de l'Accord de Nouméa de 1998 et la loi organique de 1999, la Nouvelle-Calédonie, limite toutefois leur importance même si elles disposent toujours d'un champ d'action particulièrement vaste et conséquent[5].

Les compétences provinciales incluent, par domaines d'action :

  • Ă©conomie et agriculture : chaque province se dote gĂ©nĂ©ralement pour le dĂ©veloppement Ă©conomique d'un bras financier sous la forme d'une sociĂ©tĂ© de dĂ©veloppement et d'investissement qu'elle gère entièrement (SociĂ©tĂ© de DĂ©veloppement et d'Investissement des ĂŽles LoyautĂ© SODIL aux ĂŽles[6], SociĂ©tĂ© de financement et d’investissement de la Province Nord SOFINOR dans le Nord[7] et PromoSud au Sud[8]) :
    • aides financières ou, pour le dĂ©veloppement rural, aides en nature (fourniture de plants ou d'animaux) pour les projets de crĂ©ation et d'investissement des entreprises,
    • capital-investissement par participation financière dans certains projets de dĂ©veloppement Ă©conomique afin d'aider la sociĂ©tĂ© considĂ©rĂ©e Ă  se constituer des capitaux propres ainsi que dans le but d'assurer des retombĂ©es financières pour la collectivitĂ© des grands projets industriels (usine du Sud, usine du Nord),
    • permis de recherche (et donc d'exploitation) sur les massifs miniers,
    • politique de dĂ©veloppement touristique,
    • mise en valeur (touristique, agricole ou autre) du domaine provincial.
  • enseignement[9] :
  • culture :
    • organisation de manifestations culturelles,
    • aide, initiation et promotion de l'enseignement artistique,
    • identification, protection, conservation et promotion du patrimoine historique et culturel, et gestion et entretien des bâtiments historiques appartenant Ă  la province,
    • aides financières et subventions aux organismes publics, associations, artistes et propriĂ©taires de monuments classĂ©s.
  • jeunesse, sports et loisirs :
    • construction, entretien et gestion administrative du personnel des installations sportives dĂ©veloppĂ©es sur le domaine provincial (stades, pistes cyclables, bases nautiques et autres infrastructures sportives),
    • aides et subventions aux associations sportives, clubs, ligues et associations jeunesse organisatrices de centres de vacances et de loisirs,
    • aides Ă  la formation des animateurs,
    • attribue l'autorisation de constituer un centre de vacances ou de loisirs,
    • organisation d'animations rĂ©crĂ©atives de proximitĂ© pendant les pĂ©riodes de vacances scolaires.
  • santĂ© et action sociale :
    • logement social : Ă©tablit le programme de construction, les conditions et règles d'accès Ă  l'habitat social, participe Ă  son financement, Ă  la dĂ©cision de la dĂ©lĂ©gation de service public pour la construction et la gestion des logements avec les communes, lutte contre l'habitat prĂ©caire, insalubre et les « squats »,
    • aides sociales : aux personnes âgĂ©es, handicapĂ©es, aux familles (allocations prĂ© et post-natales, allocations aux parents d'enfants handicapĂ©s, aide sociale Ă  l'enfance), au logement, Ă  l'emploi et Ă  la formation,
    • insertion : crĂ©ation et gestion des chantiers d'insertion, programmes d'insertion des jeunes en difficultĂ©s ou sans emploi,
    • santĂ© : installation et gestion de centres mĂ©dico-sociaux, prise en charge des personnes en difficultĂ© (aide mĂ©dicale qui leur permet d'accĂ©der aux soutiens, adaptation des infrastructures aux personnes âgĂ©es et handicapĂ©es) et des difficultĂ©s internes aux familles (relations parents-enfants, violences conjugales),
    • soutien technique et financier, aides et subventions aux structures et associations pour la petite enfance, les personnes âgĂ©es, les personnes handicapĂ©es, l'hĂ©bergement et la rĂ©insertion sociale.
  • environnement :
    • crĂ©ation, mise en valeur (notamment par des sentiers de randonnĂ©es), gestion et entretien de parcs et rĂ©serves terrestres et maritimes sur son domaine,
    • gestion et amĂ©nagement de la ressource en eau,
    • aides financières Ă  la pĂŞche et l'aquaculture,
    • attribution des permis d'Installation classĂ©e pour la protection de l'environnement (ICPE) et contrĂ´le ces installations (usines, dĂ©chèteries, exploitations agricoles ou aquacoles).
  • domaine public maritime : propriĂ©taire, gestionnaire et chargĂ© de la prĂ©servation et de la valorisation du :
    • littoral : zone des cinquante pas gĂ©omĂ©triques (bande littorale de 80 m) et espaces gagnĂ©s sur la mer, sauf « emprises affectĂ©es » avant la publication de la loi organique de 1999 Ă  l'État et les propriĂ©tĂ©s privĂ©es ou coutumières,
    • sol et sous-sol des eaux intĂ©rieures et territoriales, Ă  l'exception de ceux du plan d'eau du port autonome qui appartient au domaine maritime de la Nouvelle-CalĂ©donie au mĂŞme titre que les Ă®les non incluses dans le domaine terrestre provincial.
  • infrastructures :
    • urbanisme : octroi de permis de construire et d'autorisations de lotissement et de division, Ă©tablissement des règles de construction notamment pour les Ă©tablissements recevant du public,
    • transports : gestion, construction et entretien du rĂ©seau routier provincial, gestion des rĂ©seaux de transports en commun intercommunaux (rĂ©seau interurbain CarSud dans l'agglomĂ©ration du Grand NoumĂ©a, essentiellement du transport scolaire dans les autres provinces, jusqu'en 2019). Pour ce qui est de la Province Sud, depuis 2010, la compĂ©tence des transports en commun urbains est gĂ©rĂ©e conjointement avec les quatre communes du Grand NoumĂ©a Ă  l'intĂ©rieur du Syndicat mixte des transports urbains (SMTU), le rĂ©seau commun ainsi constituĂ© prenant le nom, Ă  partir du , de TanĂ©o.

Administration et politique

Assemblée de province

Chaque province est dirigée par une Assemblée dont les membres (14 pour les Îles Loyauté, 22 pour la province Nord et 40 pour la province Sud) sont élus pour cinq ans à la proportionnelle de liste à un seul tour de scrutin et selon la règle de la plus forte moyenne, chaque formation devant rassembler au minimum 5 % des inscrits de la province pour pouvoir obtenir au moins un siège. Une proportion de chacune des trois assemblées est également choisie pour constituer le Congrès de la Nouvelle-Calédonie (7 des Îles Loyauté, 15 du Nord et 32 du Sud). La fonction de conseiller provincial est incompatible avec celles de membre du Gouvernement, du Sénat coutumier, du Conseil économique et social et en règle générale d'une assemblée délibérante d'une autre collectivité territoriale de la République (élu d'une autre assemblée de Province, d'une assemblée territoriale d'une collectivité d'outre-mer, d'un conseil général, d'un conseil régional ou du conseil de Paris).

L'Assemblée de Province élit en son sein un président et trois vice-présidents pour la totalité de la mandature, le vendredi suivant le scrutin de l'élection provinciale le jour de la séance d'installation de l'institution présidée par son doyen d'âge assisté des deux benjamins, sauf si le quorum de 3/5e de ses membres n'est pas réuni à cette occasion. Si la majorité absolue est nécessaire pour obtenir un vainqueur aux deux premiers tours, la majorité simple suffit au troisième tour. En cas d'égalité des voix au troisième tour, le plus âgé des candidats l'emporte.

Ses membres se répartissent ensuite entre huit (aux Îles Loyauté[10] et au Nord[11]) et quatorze (au Sud[12]) commissions spécialisées dans ses différents domaines de compétence.

Elle se réunit au moins 1 fois tous les deux mois (art 162 de la loi organique) sur convocation de son président, et chaque fois que celui-ci le juge utile, sauf si en même temps a lieu une séance du Congrès. Le Haut-commissaire, son Commissaire délégué dans la Province ou le tiers des conseillers provinciaux peuvent demander une convocation extraordinaire de l'Assemblée, forçant le président à la réunir dans un délai de quinze jours sauf si le Haut-commissaire ou le Commissaire délégué décide de raccourcir ce délai pour raison d'urgences. Et si le président ne s'est pas exécuté dans ce laps de temps, le représentant de l'État convoque lui-même l'assemblée. Le quorum nécessaire à l'ouverture d'une séance est fixé à la moitié au moins des membres de l'assemblée provinciale. Les séances sont publiques, sauf décision contraire des membres de l'assemblée à la majorité absolue des votants, se font en présence du Haut-commissaire ou de son représentant qui y ont un droit de parole et ont lieu à l'Hôtel de Province situé au chef-lieu de la collectivité.

L'assemblée légifère dans les champs de compétence de la Province en votant le budget et les projets de délibérations préparés par son président, l'approbation des comptes et son règlement intérieur. Elle peut déléguer une partie de ses prérogatives (sauf le vote du budget, des comptes et du règlement intérieur) à son bureau. En contrepartie, elle contrôle les activités de ce dernier et de l'administration provinciale par le biais de rapports réguliers que le président doit leur rendre notamment le projet annuel d'arrêté des comptes de l'exercice budgétaire de l'année écoulée chaque 1er septembre, sur les activités des services administratifs et des participations financières aux capitaux de certaines sociétés ou sur les activités des entreprises déléguées de l'exercice d'un service public.

Président de province

Étant l'exécutif de la Province, le président dispose de compétences particulières :

  • prĂ©sident du bureau (qui, outre lui-mĂŞme, comprend les trois vice-prĂ©sidents) et des sĂ©ances de l'AssemblĂ©e qu'il convoque et dont il fixe l'ordre du jour, il y joue aussi un rĂ´le de police en y faisant assurer l'ordre,
  • lĂ©gislateur : prĂ©pare les projets de dĂ©libĂ©ration, participe aux dĂ©bats et aux votes de l'assemblĂ©e dont il reste un membre Ă  part entière et, en cas d'Ă©galitĂ© lors d'un scrutin, sa voix est prĂ©pondĂ©rante et tranche en faveur ou contre le texte,
  • exĂ©cutant : exĂ©cute les dĂ©libĂ©rations une fois votĂ©es et assure la publication au journal officiel de la Nouvelle-CalĂ©donie des actes de la Province,
  • trĂ©sorier de la collectivitĂ© : il est l'ordonnateur des dĂ©penses, prescrit l'exĂ©cution des recettes et prĂ©pare le budget (et participe donc Ă  son vote),
  • chef de l'administration provinciale : il nomme ainsi Ă  tous les emplois dĂ©pendant de la collectivitĂ©, tout en pouvant dĂ©lĂ©guer sa signature Ă  un certain nombre d'agents de la Province (le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, les chefs de service concernĂ©s, personnels de grade Ă©quivalent mis Ă  sa disposition),
  • reprĂ©sentant de la collectivitĂ© et de l'institution : il gère son domaine public (et nĂ©gocie ainsi les contrats de vente ou d'achat, dĂ©livre les permis et les dĂ©lĂ©gations de service public liĂ©s Ă  sa mise en valeur), la reprĂ©sente en justice, auprès des autres institutions, du grand public et Ă  l'Ă©tranger,
  • contrĂ´le du Congrès : chaque prĂ©sident de province peut, dans un dĂ©lai de 15 jours après qu'une loi de pays a Ă©tĂ© votĂ©e par le Congrès, demander qu'elle soit rĂ©examinĂ©e par l'assemblĂ©e territoriale. Si le deuxième choix de cette dernière ne lui paraĂ®t toujours pas satisfaisant, il peut saisir le Conseil constitutionnel dans les 10 jours suivants.

Il peut déléguer tout ou partie de ses prérogatives à ses vice-présidents. Ceux-ci, en cas d'absence, le remplacent (dans l'ordre de préséance établi au moment de l'élection du bureau) pour présider aux débats de l'assemblée. En cas de démission, de décès ou d'incapacité, l'assemblée doit lui élire un successeur dans un délai d'un mois au cours duquel les vice-présidents, ou à défaut le doyen d'âge, assurent l'intérim.

Les présidents successifs des assemblées de Province depuis 1989 ont été :

Tendances politiques

La provincialisation s'est faite en 1989 dans l'optique d'une partition politique de la Nouvelle-Calédonie :

Références

Voir aussi

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