Principauté d'Albanie
La principauté d'Albanie est le régime politique de l'Albanie de 1914 à 1925. La Principauté est instituée à la suite des deux guerres balkaniques, lors de la conférence de Florence à la fin de l'année 1913 ; son territoire est rapidement occupé lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale par les troupes serbes et monténégrines, tandis que le prince Guillaume de Wied est accueilli par les puissances centrales. En 1915, lors de la conquête de la Serbie par les Puissances centrales, les unités serbes en déroute traversent l'Albanie enneigée pour rejoindre les ports de l'Adriatique, où elles sont évacuées par les Alliés. Le territoire de la principauté est alors occupé et administré par l'Autriche-Hongrie, jusqu'à la fin du conflit. Évacué en , à la suite de la défaite austro-hongroise, la principauté ne retrouve pas sa stabilité, tout comme le prince, d'origine allemande, ne retrouve pas son trône. La principauté est alors régie par un conseil de régence, tandis que les luttes entre clans albanais rivaux se déchaînent, entretenues par les puissances voisines, l'Italie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
Principata e Shqipnis
1914–1925
Statut | Principauté |
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Capitale | Durrës |
Langue(s) | Albanais |
Monnaie | Franc albanais |
Population (1923) | 804 000 hab. |
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Superficie (1923) | 28,748 km2 |
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31 janvier 1914 | Proclamation de la monarchie |
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31 janvier 1925 | Proclamation de la république |
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L'Albanie avant l'indépendance
Constituée en 1913, proclamée en 1914, la principauté apparaît rapidement comme une création destinée surtout à équilibrer la région entre la sphère d'influence austro-hongroise et la sphère d'influence italienne dans la région et à contrer la politique serbe de recherche d'un accès à la mer[1].
Les Albanais au XIXe siècle
Dès le début du XXe siècle, les territoires peuplés d'albanophones, alors dépendants de l'Empire ottoman déclinant, suscitent de longue date les appétits de l'Italie unifiée dans les années 1860, de la Russie, de la double monarchie, et des petits états balkaniques nouvellement indépendants[2].
Ainsi, dès le milieu du XIXe siècle, les consuls autrichiens puis austro-hongrois en poste à Scutari exercent depuis cette période une sorte de protectorat sur les catholiques albanais, tandis que les Italiens considèrent le littoral albanais comme leur zone d'expansion privilégiée[3].
Cependant, en 1878, lors du Congrès de Berlin, les grandes puissances ont souhaité neutraliser ces territoires[4]. D'autres dispositions visant à neutraliser le territoire albanais sont prises en 1909, entre la double monarchie habsbourgeoise et le royaume de Rome[5]. Ainsi, les représentants italiens et austro-hongrois s'engagent à défendre l'indépendance de l'Albanie dans le cas d'un effondrement de la domination ottomane dans la région, sans préjuger des modalités du partage du pays en zones d'influence italiennes et austro-hongroises[3]. Le mouvement national albanais, qui se manifeste dans la ligue de Prizren constituée en 1878, vise à obtenir l'autonomie des territoires majoritairement albanais, principalement dans le vilayet de Shkodër et le nord du vilayet de Ioannina[N 1] - [6] ; cette revendication suscite l'opposition de Bismark, et, à ce titre, n'est pas étudiée à Berlin[7].
De plus, le loyalisme envers le sultan ottoman s'avère très prégnant au sein des populations[N 2] - [8]. De plus, ce mouvement national concerne dans un premier temps les populations urbaines alphabétisées et le clergé, la culture des Albanophones étant jusque dans les années 1840 essentiellement orale[9]. Ensuite, la diaspora albanaise, très présente dans les Balkans et en Anatolie, constitue un vivier de recrutement pour l'administration ottomane[10], qui s'appuie sur les Albanais pour gouverner et coloniser l'empire ottoman avec des sujets supposés fidèles[11]. Enfin, les trente-cinq dernières années de tutelle ottomane sur les territoires peuplés d'Albanais, entre l'échec de la ligue de Prizren et l'indépendance, sont marquées par une ébullition politique et culturelle : de nombreuses révoltes, toutes réprimées par le pouvoir ottoman, rythment le délitement ottoman en Europe, tandis que les régions albanophones connaissent un essor culturel important, rendu possible par les progrès de l'alphabétisation dans la région[12].
Enfin, les Albanais, majoritairement musulmans, comptent en leur sein une proportion non négligeable de chrétiens ; le recensement italien[N 3] de 1942 fournit une répartition confessionnelle de la population, que Gilles de Rapper estime proche de celle des années 1920 : les Italiens ont ainsi dénombré dans la population albanaise 68,9 % de Musulmans, 20,7 % d'Orthodoxes et 10,4 % de Catholiques[13].
Les guerres balkaniques dans les territoires albanophones
Entre 1910 et 1913, les territoires albanophones sont en état d'insurrection permanente, les insurgés bénéficiant rapidement du soutien des Italiens, engagés dans une guerre contre les Ottomans, et très actifs dans la région[14].
À l'issue de la première guerre balkanique, les Ottomans sont pratiquement chassés du continent européen[15]. Les territoires albanais, conquis au terme de profondes opérations conjointes gréco-serbo-monténégrines[16], sont confiés aux grandes puissances, qui doivent procéder à leur partage[17]. Les représentants des puissances participant à la conférence de Londres souhaitent alors maintenir la suzeraineté ottomane en Albanie, mais échouent à en fixer les limites territoriales[18]. De plus, les Serbes comme les Bulgares souhaitent disposer à leur profit de la Macédoine, principal butin de la guerre qui vient de s'achever[19], tandis que la dévolution des territoires albanais constituent durant les années 1913 et le début de l'année 1914 un facteur de déstabilisation des relations entre grandes puissances[20].
Isolés des territoires ottomans par les conquêtes monténégrines, serbes, grecques et bulgares de la première guerre balkanique, les animateurs du mouvement national albanais, notamment Ismail Qemal Bey, se prononcent alors en faveur de l'indépendance de l'Albanie, afin de s'opposer aux ambitions des vainqueurs sur la région[N 4] - [8].
Dans le même temps, Nicolas, l'ambitieux roi du Monténégro, souhaitant réaliser ses ambitions albanaises[N 5] - [21], met le siège devant Scutari le [22] - [17] ; les troupes monténégrines occupent la ville le , mais doivent l'évacuer devant la pression des grandes puissances, solidaires pour la dernière fois avant le déclenchement du conflit mondial[23].
De plus, à l'issue des conflits balkaniques, les troupes du royaume de Belgrade, soutenues par l'ensemble des représentants serbes[N 6] - [24], interviennent en Albanie, s'installant dans la région, non seulement afin de disposer d'un port sur l'Adriatique[25], mais aussi pour protéger les populations serbes, victimes de massacres perpétrés par les Albanais[26] : cette intervention matérialise les ambitions serbes dans la région, exprimées depuis 1908[N 7] - [27]. Ainsi, au cours du conflit face aux Ottomans, les Serbes s'assurent le contrôle de Durazzo et les Monténégrins celui de Scutari[28] - [29], Face à cette politique entreprenante, l'Italie et la double monarchie, pour des raisons différentes, unissent leurs efforts pour chasser les Serbes du littoral adriatique, obtenant des autres grandes puissances, en , la création d'une Albanie indépendante[30] : l'Italie souhaite contrôler le détroit d'Otrante[31] ; la double monarchie, quant à elle, aspire à la fois à interdire à la Serbie l'accès direct à la mer et à se faufiler dans les Balkans jusqu'à Salonique[32], ce qui revient à contrôler la région avec un État client totalement soumis à la tutelle austro-hongroise[31]. Le diplomate français Paul Cambon, alors en poste à Londres, n'est pas dupe de l'objectif que se sont assignés les responsables austro-hongrois en Albanie : dans les courriers adressés à son frère Jules Cambon entre 1912 et 1914, il analyse la politique locale, notamment les initiatives d'Ismail Qemali, fonctionnaire ottoman à la tête du mouvement national albanais, comme le moyen utilisé par la double monarchie pour s'immiscer plus avant dans les Balkans[7].
Pour obliger le royaume de Belgrade à évacuer des territoires dévolus à la principauté, le gouvernement austro-hongrois, soutenu par le Reich, tente, dans un premier temps, d'obtenir un arrangement sur l'évacuation du territoire albanais par la Serbie, mais se heurte à Nikola Pasic, le retors président du conseil serbe[33] : la double monarchie cède le Sandjak à la Serbie, permettant aux royaumes serbe et monténégrin d'avoir une frontière commune, en échange d'une frontière terrestre commune entre l'Albanie et le Monténégro, obstacle à la constitution un débouché maritime pour le royaume de Belgrade[22] ; dans un second temps, après des mois de négociations entre grandes puissances, le ministre austro-hongrois des affaires étrangères fait parvenir, le , un ultimatum au gouvernement serbe, le sommant d'évacuer sous huit jours les territoires dévolus à la future principauté. Abandonné par les Russes, le gouvernement du royaume de Serbie s’exécute[34].
Des débuts difficiles
Modalités de création
Le congrès national albanais proclame l'indépendance de l'Albanie dès le [35]. Quelques semaines plus tard, lors de la session du de la conférence des ambassadeurs, les puissances reconnaissent le nouvel État[36]. Érigée en principauté, le nouvel État est le fruit de la collaboration politique austro-hongroise et italienne dans les Balkans ; de plus, lors de sa session du , les puissances constatent la rupture de tous les liens entre l'empire ottoman et le nouvel État encore en devenir[35].
État reconnu internationalement, la principauté se voit assigner par les diplomates de la double monarchie le statut de satellite, et est instrumentalisé par Vienne comme un moyen légal d'empêcher le royaume de Belgrade de disposer d'un port sur l'Adriatique[37]. Enfin, la double monarchie souhaitant s'étendre vers le Sud, soutient les velléités d'indépendance albanaise contre la politique serbe[38]. Ainsi, lors de la séance du de la conférence des ambassadeurs, les représentants austro-hongrois obtiennent certes de leurs homologues la création d'un État albanais, mais ne parviennent cependant pas à imposer au nouvel État des frontières conformes aux souhaits de la double monarchie[39].
Durant la période qui s'écoule entre les traités de paix qui mettent un terme aux guerres balkaniques et la proclamation effective de la principauté, le chaos semble régner sur les territoires albanophones non formellement annexés à la Serbie[40], accentuant l'importance numérique de la diaspora albanaise installée dans l'empire ottoman[8].
Le , le statut définitif du territoire est fixé : les puissances européennes érigent le territoire en une principauté autonome et neutre, dont le maintien de l'ordre intérieur est confié dans un premier temps aux troupes hollandaises, notoirement non intéressées au contrôle de territoires albanais[5].
DĂ©volution de la Couronne
Dès sa création, l'État albanais est conçu par les principales puissances européennes, ses promoteurs, comme destinée à devenir une monarchie[41].
Guillaume de Wied, un prince luthérien issu de la vieille famille rhénane des comtes de Wied, est choisi par les puissances pour ceindre la couronne princière. Il appartient à l'armée prussienne, dans laquelle il sert comme officier dans le corps des uhlans[42]. Ce prétendant est parfaitement ignorant des réalités de la principauté sur laquelle il s'apprête à régner, le rendant ainsi plus malléable aux yeux de ses protecteurs[42].
Son protestantisme ne constitue nullement un obstacle à son règne à la tête d'une principauté en majorité peuplée de musulmans : en effet, dès sa création, la principauté s'affirme laïque et ne définit aucune religion d'État[43].
Un règne sous influence
De plus, installé à l'issue d'âpres négociations entre les grandes puissances et entre ces puissances et les différents clans albanais, le prince Vidi ne parvient cependant pas à consolider son pouvoir[44], apparaissant rapidement comme un « souverain fantôme »[45]. Le prince et son épouse, Sophie de Schönburg-Waldenburg, ayant fait le voyage sur un navire de guerre austro-hongrois, débarquent dans leur pays d'adoption le [42]. Aussitôt, il érige Durres en capitale de la principauté[46].
Maintenu sur le trône par une intervention des puissances en , le prince Vidi voit ses soutiens internationaux l'abandonner les uns après les autres : la gendarmerie hollandaise, la dernière force garante du maintien de l'ordre dans la principauté, quitte le pays le tandis les contingents des puissances européennes, engagées dans le conflit qui commence quittent le pays au début du mois[5]. Opposé à une intervention de la principauté aux côtés des puissances centrales contre la Serbie et le Monténégro, Guillaume proclame la neutralité de la principauté[42], perdant ainsi le soutien de la double monarchie, dernier garant de son maintien sur le trône d'Albanie[47].
Définition des frontières
Les frontières du nouvel État constituent en réalité un compromis négocié à Londres en , puis à Florence en décembre, entre les représentants des grandes puissances et des États voisins, tandis que le gouvernement provisoire albanais émet lui aussi des propositions de tracés frontaliers.
Au terme de ces conférences, les puissances accordent au nouvel État un territoire de 29 000 km2[48], habité par 800 000 Albanais[18]. Cependant, les frontières de la principauté, premier État national des Albanais, laissent près de la moitié du million et demi d'Albanais à l'extérieur du nouvel État[18], ces populations habitant des territoires dévolus au royaume de Serbie[N 8] - [49]. De plus, au sein de la population, on compte 70 % de musulmans, 20 % de chrétiens orthodoxes, localisés essentiellement le Sud du pays et 10 % de catholiques romains, résidant essentiellement dans le Nord-Ouest et dans le centre du pays[50]. Enfin, ces frontières ne sont pas conçues par les puissances pour faire de la nouvelle principauté un État viable[35].
Elles sont fixées, en deux temps, au cours de l'année 1913, lors de la conférence des ambassadeurs en [51], puis lors de la négociation du protocole de Florence en [38] qui aboutit à la conclusion définitive de la paix de Londres, à l'issue de la seconde guerre balkanique[51]. Conformément aux vœux des diplomates austro-hongrois, la principauté obtient une frontière terrestre avec le Monténégro[N 9] - [38]. La délimitation des frontières orientales de la principauté reste floue, la conférence de 1913 définit cependant certaines frontières : le monastère Saint Naoum, sur le lac d'Ohrid, constitue la limite extrême garantie par les puissances[52].
Les frontières du Sud, avec la Grèce sont fixées en 1913, tenant en compte certaines conclusion du traité de 1864, par lequel la Grande-Bretagne acte la cession des Îles ioniennes au royaume de Grèce[53]. Elles remettent en cause l'unité de l'Épire, ainsi que les structures économiques de la région, en dépit du souhait du gouvernement d'Athènes de créer une frontière garantissant à la fois la constitution d'unités territoriales économiquement viables et un voisinage paisible entre les deux États[54] - [55]. Ainsi, les diplomates grecs dépêchés à Londres plaident pour une frontière au Sud de la région de Valona, dictée selon eux par les motifs stratégiques, la défense de l'île de Corfou, et économiques (la nécessité de disposer d'un territoire hiérarchisé en Grèce même)[54]. De plus, l'absence de tracé précis des frontières facilite la formulation revendications grecques sur certaines îles de la côte albanaise, Sazan dans la baie de Valona par exemple[53]. Durant l'automne 1913, les arpenteurs fixent la frontière avec la Grèce dans un contexte local et général tendu, tentant de satisfaire à la fois les revendications grecques et celles portées, pour des motifs similaires mais concurrents, par l'Italie et l'Autriche-Hongrie[56].
Cependant, en 1914, après le déclenchement de la Grande Guerre, les frontières terrestres avec la Serbie ne sont toujours pas précisément fixées : ainsi, en septembre, un accord entre le gouvernement serbe et un clan albanais précise qu'une commission doit se réunir pour résoudre ce problème[57]. En 1915, à la suite de l'invasion serbo-monténégrine du Nord du pays, un nouvel accord, le Traité de Tirana, est signé entre le royaume de Belgrade, fixant de nouvelles frontières, favorables à la Serbie et au Monténégro[58].
Fuite du souverain
Ayant débarqué dans la principauté en , il doit affronter une révolte des paysans mécontents de sa politique favorable aux grands propriétaires[42]. Face aux multiples révoltes de ses remuants sujets, il ne se maintient que grâce à un débarquement conjoint de troupes, principalement italiennes et austro-hongroises, à Durrës le suivant[5].
Rapidement abandonné par les puissances européennes, ayant proclamé la neutralité de son pays dans le conflit qui débute, Guillaume de Wied prend la fuite dès le [44]. Ce départ précipité transforme le pays en champ clos des conflits entre clans albanais rivaux, soutenus à distance par les États engagés dans le conflit ; leurs luttes internes créent les conditions du développement de l'anarchie à l'intérieur du pays[57].
La principauté durant la Première Guerre mondiale
Durant la Première Guerre mondiale, le territoire de la principauté, mal défini, suscite de forts appétits de la part de tous les acteurs du conflit. Ainsi, dès les premiers jours de la crise de juillet, les principaux acteurs de la politique de la double monarchie hésitent à promettre à la principauté, réputée extrêmement instable, de nouveaux territoires annexés par ses voisins en 1912 et 1913 [59].
Un pays livré au chaos
La fuite du prince constitue le point de départ d'une lutte acharnée entre clans rivaux pour le contrôle du pouvoir. Les clans albanais en lutte les uns contre les autres appuyés par les belligérants, favorisent la la fragmentation du pouvoir[60].
Ainsi, les Serbes favorisent le retour d'Essad Pacha Toptani, ancien ministre de la guerre dans le gouvernement provisoire. Ce dernier organise alors un gouvernement à Durazzo et se rapproche du royaume de Belgrade, ayant signé, le , un traité d'alliance militaire et politique avec le gouvernement du royaume replié à Nič. Cet accord permet aux Serbes d'intervenir dans le pays et d'organiser la gendarmerie albanaise ; de plus, une commission bilatérale se réunit afin de fixer définitivement le tracé de la frontière serbo-albanaise[57].
Cette politique serbe suscite des contre-mesures des puissances centrales, notamment de la double monarchie. Ainsi, Vienne finance les clans albanais hostiles à Essad Pacha Toptani et fomente des troubles aussi bien en Albanie qu'au sein de la population albanophone du royaume de Belgrade. Dans le même temps, l'entrée en guerre de l'empire ottoman aux côtés des puissances centrales favorise le développement, dans la population albanaise, d'un courant dirigé contre la politique serbe et ses soutiens locaux ; cette hostilité se manifeste par le développement de mouvements de guérilla, réduits à grand peine au printemps 1915[57].
Un but de guerre
Dès les premiers jours du conflit, le territoire de la principauté se trouve au centre des négociations entre chacun des blocs d'alliance. De plus, le chaos qui y règne favorise les entreprises austro-hongroises, serbes et italiennes.
En effet, dès le mois de , le tsar Nicolas II propose aux Français un plan de partage de l'Albanie : la Serbie recevrait le Nord du pays, les Italiens Valona et sa région, la Grèce le Sud du pays, sauf Valona[61]. Ces projets de partition constituent des signes avant-coureurs d'âpres négociations entre les Serbes, les Monténégrins, les Grecs et les Italiens sur le devenir des territoires de la principauté[62].
Les territoires de la principauté constituent pour le royaume de Belgrade un objectif supplémentaire dans le conflit. Ainsi, occupé en 1914, le territoire de la principauté se trouve au centre des rivalités entre la Serbie et l'Italie, les Italiens accusant même les Serbes d'avoir privilégié leurs objectifs au détriment de la coordination des opérations contre les unités germano-austro-hungaro-bulgares[63]. Au printemps 1915, les troupes serbes envahissent le pays, parviennent à Tirana et signent avec leurs alliés albanais un traité légalisant une rectification de frontières au profit des Serbes et mettant en place une union politique entre les deux pays[58].
L'Italie ne reste pas inactive devant la politique serbo-monténégrine. Ainsi, dès le , appuyée sur les accords internationaux de 1909 et de 1913, l'Italie, sous prétexte de maintenir l'ordre dans le pays[47], occupe certaines îles du littoral albanais, tout en exposant aux belligérants ses revendications sur la région, dès avant son entrée dans le conflit : dès le , lors des négociations devant aboutir à l'intervention directe du royaume de Rome dans le conflit, Sidney Sonnino, alors président du conseil, affirme la volonté italienne d'annexer directement le port de Valona, tout en souhaitant disposer de la liberté d'action en Albanie[64] - [65] ; une prééminence italienne est ainsi reconnue sur le royaume[N 10] - [66]. De plus, dès l'entrée en guerre de l'Italie, les unités italiennes occupent Durazzo, renforçant le contrôle italien sur la côte adriatique de la principauté[67]. Cependant, les opérations serbo-monténégrines en Albanie en bouleversent les rapports de forces, non seulement en Albanie, mais aussi dans les rapports en Alliés, les zones occupées par les Serbes ont été promises aux Italiens en échange de leur intervention aux côtés des Alliés[68]. De plus, à partir du déclenchement du conflit, l'Italie s'affirme comme la principale source de ravitaillement de la population albanaise, affectée par le déclenchement du conflit[69].
La politique française visant à développer le pays rencontre l'hostilité italienne, le gouvernement italien s'attache alors à soutenir les clans albanais hostiles à la présence française sur place[70].
Parallèlement à cette présence italienne, le gouvernement serbe, replié à Corfou à partir du début de l'année 1916, poursuit la politique menée par le royaume de Belgrade. En effet, des zones d'influence ont été fixées lors du Pacte de Londres, grecque au Sud, italienne au centre et serbe au Nord de la principauté[71]. Ainsi, le gouvernement serbe appuie-t-il la constitution d'un gouvernement dirigé par Essad Pacha Toptani, associé aux opérations militaires dans la région[72].
Les Puissances centrales sont aussi intéressées par des portions du territoire albanais. En 1916, lors des conversations entre diplomates allemands, austro-hongrois et bulgares sur la dévolution des conquêtes de l'automne précédent, Burian, le ministre austro-hongrois des affaires étrangères défend la primauté austro-hongroise dans la principauté[73]. Plus tardivement dans le conflit, au printemps 1917, le territoire de la principauté est promis à la double monarchie[74] ; cependant, lors de ces mêmes conférences, le Reich réaffirme son souhait de disposer librement d'une base navale sur l'Adriatique, Valona dans la principauté, ou Kotor, dans le Monténégro voisin[75].
Un champ de bataille
Le 29 mai 1915, désirant s'assurer le contrôle de la principauté[N 11], le Monténégro, puis la Serbie déploient des unités de leur armée respective sur le Nord de la principauté, les Monténégrins contrôlant le littoral jusqu'à Scutari[N 12] - [76], les Serbes le Nord et le centre du pays[61]. Les Serbes lancent ainsi 20 000 soldats sur l'Albanie ; le déploiement de ces troupes ne rencontre aucune résistance organisée : Tirana est occupée par les Serbes le 9 juin, Scutari par les Monténégrins le 27 juin[58]. Rapidement installée, cette occupation se heurte à une opposition sporadique, menée par les populations locales, encouragée par les agents austro-hongrois et ottomans, présents sur place de longue date[76] - [77].
Cette occupation serbo-monténégrine est de courte durée. En effet, dès l'entrée en guerre de la Bulgarie, l'offensive conjointe des troupes germano-austro-hongroises, venant du Nord, et Bulgares, venant de l'Est, oblige les stratèges serbes à ordonner la retraite générale de leurs unités à travers l'Albanie, puis à abandonner le territoire de la principauté aux troupes d'occupation des puissances centrales : les unités serbes s'y engagent à partir du 23 novembre 1915[78]. En dépit de la poursuite des unités serbes en retraite, les unités des puissances centrales ne parviennent pas conquérir l'ensemble du territoire de la principauté[73]. Dans le même temps, la base navale italienne de Durazzo, établie sur le territoire de la principauté, est bombardée par la marine de guerre austro-hongroise, puis occupée par les troupes de la double monarchie[79].
Cette occupation austro-hongroise ne met pas un terme aux opérations militaires en Albanie. Ainsi, au début de l'année 1917, les Alliés multiplient les offensives dans la région, renforçant leur contrôle sur les voies de communications reliant la côte albanaise à Salonique : en février, Koritza, dans le Sud-est du pays, est définitivement sécurisée par les manœuvres alliées, qui repoussent les Austro-hongroises à 30 kilomètres de la ville[80] ; en septembre, la ville de Progadec, au Sud-Ouest du lac d'Ochrida, est conquise par les Alliés[81].
Dans le même temps, les Alliés, principalement les Serbes, encouragent le développement d'une guérilla contre les occupants austro-hongrois[72] : les Serbes parviennent notamment à envoyer une force significative, sous le commandement de Toptani, mener la guérilla contre les Austro-hongrois dans la vallée du Skumbi[81].
En 1918, le territoire albanais est occupé par des troupes austro-hongroises, réorganisées par Karl von Pflanzer-Baltin. Cette réorganisation permet à l'armée austro-hongroise de remporter de nombreuses victoires dans l'Ouest des Balkans durant l'été 1918 : cette armée parvient à reconquérir face aux unités italiennes, au mois d'août, les positions conquises de haute lutte par les troupes françaises un mois auparavant[82]. Ces succès incitent le général austro-hongrois à planifier une offensive visant à occuper Valona ; ce projet est remis en cause par l'armistice bulgare, menaçant les flancs de l'armée austro-hongroise d'Albanie. Rapidement, une ligne de retraite est planifiée, passant par Scutari et Nič, vite remise en cause par l'évolution de la situation militaire[83]. Face à l'avancée alliée, qui s'enfonce toujours plus profondément à l'intérieur des territoires serbes occupées par la double monarchie, dans les derniers jours du mois de , l'armée d'Albanie reçoit l'ordre du haut-commandement austro-hongrois de battre en retraite à l'intérieur des frontières de la double monarchie. La retraite de l'armée d'Albanie se fait en bon ordre, et son commandant parvient à ramener ses 160 000 soldats à l'intérieur des frontières de la double monarchie, malgré les attaques conjuguées des troupes alliées et des partisans serbes[84].
Un État occupé
Dès la fin de l'année 1914, le royaume de Belgrade a détaché une partie des effectifs de son armée afin de contrôler une partie importante du territoire albanais[85].
Parallèlement à ces initiatives serbes, le gouvernement italien fait occuper le port de Valona au mois de , contrôlant ainsi le Canal d'Otrante[86], avoir pris le contrôle du Sud de la principauté au mois d'octobre[85]. Cette occupation demeure symbolique en raison des effectifs alors déployés sur place[87].
À l'issue de la campagne de 1915, le territoire albanais est de nouveau partagé selon la ligne de front, les Alliés, Français et Italiens, contrôlant le Sud du pays, les puissances centrales, le Nord[61].
Dans chacune des zones d'occupation, chaque belligérant met en place des institutions étatiques autonomes, placées sous son contrôle[60]. Ainsi Dans le Sud du pays, les Alliés occupent et administrent la région, après en avoir expulsé les troupes grecques[N 13] - [44]. En 1916, Sarrail, commandant du front d'Orient, fait occuper la région de Kortcha, afin de permettre la jonction entre les unités franco-serbes déployées en Macédoine et les unités italiennes venues de Valona, créant ainsi une zone d'occupation française sur le territoire de la principauté[88]. Dans cette zone occupée par la France, une politique de partage du pouvoir est mise en place entre les responsables locaux et les autorités d'occupation : la gestion locale est ainsi confiée à un conseil de quatorze membres, sept musulmans, sept chrétiens, tandis que les forces d'occupation françaises se consacrent également au développement de la région, notamment en mettant en place une administration destinée à éviter les pénuries alimentaires, des dispensaires et des écoles[89]. Les Austro-hongrois, quant à eux, mettent en place un maillage territorial de type colonial, leur permettant non seulement de contrôler efficacement le pays, mais aussi d'en approfondir leur connaissance[61] ; cette occupation austro-hongroise prend fin avec la retraite des unités de l'armée de la double monarchie durant l'automne 1918.
Pays libéré, la principauté demeure occupée par les Alliés, notamment par l'Italie, selon les clauses de l'armistice de Villa Giusti[90]. Ainsi, L'occupation de la principauté prend officiellement fin en lors de la signature d'un traité, à Tirana, le gouvernement de Rome s'engageant à faire évacuer le pays par ses troupes, à l'exception de l'île Saseno, en face de Valona[91]. Cette occupation italienne répond à l'occupation grecque de plusieurs localités du Nord de l'Épire en [62]. Ce n'est cependant que le qu'une résolution de la Société des Nations demandant l'évacuation du territoire de la principauté est adoptée, obligeant la France, l'Italie et le royaume des Serbes, Croates et Slovènes à retirer leurs troupes du territoire albanais[92].
La principauté après le conflit
Conformément aux accords mettant fin au conflit, les territoires albanais sont évacués durant l'été 1920, par les Alliés, en conformité avec les accords interalliés de l'automne 1918[93]. Cependant, cette évacuation ne met pas un terme aux luttes de factions[94].
Vie politique
Le Prince Vidi ayant soutenu les puissances centrales, il n'est pas rappelé par le conseil de régence ; cependant, le caractère monarchique de l'État albanais n'est pas immédiatement remis en cause après la fin du conflit.
Rapidement, la vie politique s'organise autour de partis politiques qui masquent mal les divisions claniques et ethniques entre Albanais : le parti progressiste s'organise autour de chefs claniques musulmans et défend une politique conservatrice, tandis que le parti populaire, d'inspiration libérale, regroupant en majorité les orthodoxes, aspire à moderniser le pays[95].
Soumise aux aléas des luttes de clans, la principauté connaît depuis le retrait des forces alliées une forte instabilité, en dépit des élections de 1921, supposées permettre la mise en place d'une assemblée nationale[96]. Cette instabilité est encouragée par les multiples insurrections qui rythment la vie de la principauté : le , Fan Noli renverse Ilias Bey Vrioni, dont le ministre de l'intérieur, Ahmet Zogou, se réfugie dans le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, puis, de là , organise la reconquête du pays par des bandes armées amalgamant ses fidèles et des mercenaires, armées et entraînées par les Yougoslaves. Au terme de quinze jours de guerre civile, Zogou s'installe à Tirana le [97].
Gouvernement provisoire
Le prince Widi ayant fui le pays en , les principaux chefs de clans albanais organisent un conseil de régence, mais, en 1925, à la faveur d'une révolution orchestrée par Zogou depuis le royaume voisin, la république est proclamée.
En , un congrès est convoqué à Durrës, un gouvernement provisoire nommé et chargé de défendre les intérêts de la principauté à la conférence de paix, mais, rapidement, ces organes apparaissent comme des créations italiennes ; ce gouvernement ayant cédé à l'Italie l'île de Sazan, au large de Vlorë, un autre assemblée albanaise se réunit en et élit un nouveau gouvernement qui s'installe à Tirana, afin d'émanciper la principauté de la tutelle italienne[98].
Ce gouvernement convoque une assemblée constituante, élue en 1923. L'éviction du gouvernement de Fan Noli en 1924 ne remet pas en cause cette évolution, mais contribue à vider l'assemblée des opposants d'Ahmet Zogu, nouvel homme fort de la principauté[99]. Une fois son pouvoir établi, Zogu proclame la république fait adopter une constitution destinée à garantir sa mainmise sur les institutions et la vie politique albanaises[99].
Politique de modernisation
Durant les années qui suivent la reconnaissance définitive de la principauté en 1921, les principaux responsables mettent en œuvre une politique de modernisation du pays.
De plus, durant les années 1920, un certain nombre de réformateurs albanais de confession musulmane, assignent à cette politique l'objectif de garantir la présence d'un État à majorité musulmane en Europe, la modernisation du pays devant donner à cet État la solidité propice à la modernisation du pays et de ses structures[N 14] - [100]. Un embryon d'État commence ainsi à se développer, mais il demeure soumis aux luttes de clans pour son contrôle ; Ahmed Zogou, alors ministre de l'Intérieur, tente de mettre en place les attributs de l'exercice de la souveraineté étatique de la principauté, notamment en menant une ambitieuse politique scolaire[N 15] - [101].
Cependant, cette politique de modernisation, menée au milieu des rivalités entre clans albanais, suscite de nombreuses oppositions ; ainsi, Fan Noli, proclamé régent en , lance une politique hardie, aboutissant à la mise en place d'une vingtaine de réformes, devant permettre la création d'un État moderne appuyée sur une économie moderne et une population éduquée, mais il se heurte aux féodaux, soutenu par les clans locaux. Sans soutien financiers, Noli se tourne vers l'Union Soviétique pour trouver les moyens financiers de sa politique. Ce soutien soviétique provoque l'hostilité des voisins de l'Albanie, puis, six mois plus tard, son renversement par son ancien ministre de l'intérieur, Ahmed Zogu, soutenus par les Yougoslaves[99].
La reconnaissance de l'indépendance albanaise
En 1921, la Société des Nations reconnaît de jure l'Albanie, qui demeure une principauté, au trône vacant[91] ; en effet, ayant sollicité son adhésion au sein de la SDN, la principauté est admise après un vote solennel le [52].
Bénéficiant d'une reconnaissance internationale, le pays reste cependant occupé par des troupes grecques et serbes, en dépit de sa demande d'évacuation soumise à la SDN dès le début de l'année 1921[52] ; la principauté d'Albanie se trouve alors au milieu des espaces convoités par l'ensemble des alliés, garantissant ainsi le maintien de son indépendance[66]. Cependant, l'évacuation du territoire par les armées alliées est obtenue au terme de plusieurs années de tractations : les Français évacuent la région qu'ils occupaient à la fin de l'année 1919 ; l'année suivante, les Italiens évacuent le littoral après un soulèvement organisé en sous-main depuis Tirana par le gouvernement albanais[102].
Parallèlement à cette reconnaissance internationale, la définition des frontières de la principauté, interrompue par le conflit, fait l'objet de pourparlers reprennent entre les représentants alliés et les plénipotentiaires albanais chargés de ce dossier. Les frontières orientales de la principauté demeurent mal définies jusque tardivement durant les années 1920 : le , la conférence des ambassadeurs, convoquée dans le cadre de la Société des Nations, décide de se saisir du problème posé par les frontières de la principauté. Une commission d'enquête est alors dépêchée sur place[52]. Appuyée sur les conclusions de la conférence de Londres, les Albanais réclament pour leur pays le territoire le plus vaste garanti en 1913, puis reconnu le par la cour de justice de La Haye[52]. La prise du pouvoir par Zogou, soutenu par les Yougoslaves, remet en cause cette orientation. des négociations s'ouvrent à Tirana le avec des représentants du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes[103]. Ce n'est que le à Florence, que sont fixées de façon définitive les frontières entre l'Albanie, devenue entre-temps une république, et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, par un acte présenté par les signataires comme un échange de territoires[N 16] - [104].
De fortes pressions extérieures
L'évacuation de la principauté par les troupes alliées ne met cependant pas un terme aux appétits extérieurs, en dépit des pressions britanniques[105].
Ainsi, les voisins immédiats de la principauté, Italie, Grèce et royaume yougoslave se montrent des protecteurs empressés du petit pays. Ainsi, au cours de l'année 1920, l'Italie expose ses revendications sur le territoire de la principauté, officiellement dans le respect de son indépendance : le programme exposé par les Italiens à la conférence des ambassadeurs le est destiné à donner à l'Italie le contrôle de la politique de maintien de l'ordre[N 17] - [105]. La prise du pouvoir par les fascistes en 1922 ne remet aucunement en question cette orientation de la politique italienne visant à vassaliser la principauté : seuls les projets de partage de l'Albanie en zones d'influence contrôlées l'une par le royaume d'Italie, l'autre par le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, sont formalisés au cours de l'année 1923[106].
Parallèlement à la politique italienne en Albanie, en 1920, l'État grec expose, dans un mémoire sur l'Épire du Nord ses revendications sur la totalité de l'Épire, partagée depuis 1913 entre le royaume d'Athènes et la principauté[107]. La Grèce appuie ses revendications par la mise en place d'un clergé orthodoxe lié à la métropole de Ioannina, alors située dans le royaume d'Athènes[108].
À l'issue de ce processus de reconnaissance internationale, un État centralisé tend à se mettre en place dans le cadre d'une action de modernisation du pays[60].
Notes et références
Notes
- Le bey ottoman de Ioannina demande en 1877 la formation d'un vilayet unique destiné à régir l'ensemble des Albanais, alors sous tutelle ottomane.
- Cette fidélité ne disparaît pas avant les années 1920, en dépit l'indépendance du pays.
- Entre 1939 et 1943, l'Albanie constitue un royaume, dont le roi règne aussi sur l'Italie, dans le cadre d'une union personnelle.
- Celui-ci, fonctionnaire ottoman, se montre au départ favorable l'autonomie des territoires albanais dans le cadre d'un empire ottoman profondément réformé.
- Ses ambitions sont connues dès 1908.
- Les députés serbes de la diète de Bosnie-Herzégovine proposent l'adoption d'une résolution en faveur de l'acquisition par la Serbie d'un débouché sur l'Adriatique.
- En 1908, le gouvernement serbe, devant faire face à l'hostilité de la double monarchie, imagine la réalisation d'une ligne de chemin de fer reliant Belgrade à la côte adriatique, empruntant les territoires albanophones.
- Le royaume de Belgrade pratique Ă l'Ă©gard des Albanais inclus dans le royaume de Serbie une politique intensive d'assimilation Ă la population serbe.
- Cette disposition empĂŞche la Serbie de disposer d'un port sur l'Adriatique.
- Cette prééminence perdure au-delà du conflit, puisque, en 1921, la conférence des ambassadeurs concède à Rome une influence prépondérante dans la principauté.
- Le territoire de la principauté se trouve au centre d'un contentieux entre les Serbes, les Monténégrins et les Italiens.
- Le Monténégro rencontre alors des difficultés de ravitaillement pour son armée, rendant impérieux le contrôle de Scutari.
- En 1916, la Grèce est encore neutre ; le royaume d'Athènes a cependant profité du conflit pour annexer de vastes zones en Albanie.
- Le territoire albanais cesserait d'être la proie des États voisins.
- Chassé du pouvoir en 1924, réinstallé en 1925 par l'intervention du royaume de Belgrade, Zogou proclame la république en 1925, mais continue la politique lancée dans les années précédentes.
- Dans les faits, l'Albanie cède à son voisin des portions de territoire dont la dévolution n'avait pas été clairement établie auparavant.
- Ces revendications sont globalement avalisées par les Français, mais suscitent l'opposition frontale des Britanniques.
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Voir aussi
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