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Fan Noli

Theofan (Fan) Stilian Noli (pron. « Fann Nolyi Â», Qyteza, - Fort Lauderdale, ) est un Ă©vĂŞque orthodoxe et homme politique albanais qui fut Premier ministre et rĂ©gent de la principautĂ© d'Albanie en 1924.

Fan Noli
Fan Noli
Biographie
Naissance

Ä°briktepe (en) (Empire ottoman)
Décès
(Ă  83 ans)
Fort Lauderdale
Nom dans la langue maternelle
Fan Stilian Noli
Nationalités
Formation
Activités
signature de Fan Noli
Signature

Vie de Fan Noli

Les premières années

Fan Noli est nĂ© le Ă  Qyteza (pron. « TchutĂ©za Â», (« le fort Â») nom turc Ibrik Tepe (« colline de la Bouilloire Â»), dans un village peuplĂ© d'Albanais, se trouvant au sud d'Andrinople (Edirne) en Thrace, alors dans l'Empire ottoman. Son père, Stylian Noli, cĂ©lèbre chantre de l'Église orthodoxe, lui transmet son amour pour la musique orthodoxe ainsi que pour les traditions byzantines.

C'est après des études secondaires effectuées à Edirne que le jeune Fan Noli, après un court séjour à Constantinople, s'installe en 1900 à Athènes. Gagnant d'abord sa vie comme traducteur, copiste et souffleur, il rejoint une troupe de comédiens, avec laquelle il parcourt le bassin méditerranéen.

En il quitte sa troupe à Alexandrie et devient chantre répétiteur dans les églises grecques orthodoxes locales. Installé à Shibîn el Khôm de à , il se joint ensuite à une petite colonie albanaise établie à El Faiyoûm, avec laquelle il reste jusqu'en . C'est dans cette communauté qu'il rencontre Nilos, un moine qui éveille sa vocation de prêtre et affine son instruction sur la musique et la liturgie byzantines.

C'est aussi Ă  cette Ă©poque que Noli Ă©crit de nombreux articles en grec, et traduit dans la langue hellĂ©nique le texte de Sami FrashĂ«ri ShqipĂ«ria - Ç’ka qĂ«nĂ«, ç’ështĂ« e ç’do tĂ« bĂ«hetĂ«? (« L'Albanie — qu'a-t-elle Ă©tĂ©, qu'est-elle et qu'en adviendra-t-il ? Â»), travaux qui furent publiĂ©s par la presse albanaise de Sofia, capitale de la Bulgarie.

En contact avec plusieurs membres du mouvement national albanais Rilindja (pron. « Rilyinndia Â», « la renaissance Â»), Noli cĂ´toie A.Z. Çajupi, Spiro Dine (1846 (?)-1922), Jani Vruho (1863-1931) et Athanas Tashko (1863-1915). Ces derniers l'encouragent Ă  partir pour les États-Unis oĂą il pourrait mettre Ă  profit ses talents au service des communautĂ©s albanaises Ă©migrĂ©es.

Émigré aux États-Unis

En , avec un ticket de seconde classe payĂ© par Spiro Dine, Fan Noli part via Naples pour le Nouveau Monde, arrivant le Ă  New York. C’est après avoir travaillĂ© trois mois Ă  Buffalo dans une scierie que Noli se pose Ă  Boston. La-bas, il rencontre l'Ă©diteur Sotir Peci (1873-1932), directeur du Kombi (« la nation Â»), un journal publiĂ© pour les Albanais de Boston. Ainsi Noli parvient Ă  obtenir un poste de RĂ©dacteur en chef adjoint et se met Ă  publier des articles et Ă©ditoriaux sous le pseudonyme d'Ali Baba Qyteza. Il travaillera dans ce journal jusqu'en .

Les premiers mois sont difficiles, financièrement comme personnellement. Fan Noli doit en effet faire face Ă  une certaine hostilitĂ© et songe sĂ©rieusement Ă  partir pour Bucarest. Cependant, il finit par trouver sa place dans la communautĂ© albanaise et, le , participe mĂŞme Ă  la crĂ©ation de l'association Besa-BesĂ«n (« la foi jurĂ©e Â») Ă  Boston.

La création de l'église orthodoxe albanaise

Ă€ l'Ă©poque, les orthodoxes albanais dĂ©pendent du patriarcat de l'Église orthodoxe grecque, laquelle souhaite recueillir l'hĂ©ritage ottoman et s'oppose Ă  tout mouvement national albanais. Alors lorsqu’en 1907 Ă  Hudson, Massachusetts, un prĂŞtre orthodoxe grec refuse d’administrer les rites funĂ©raires Ă  un membre de la communautĂ© albanaise, « excommuniĂ© Â» en raison de ses activitĂ©s dans le mouvement national, Fan Noli, convoque un groupe de nationalistes de Nouvelle-Angleterre et dĂ©cide de fonder une Ă©glise orthodoxe albanaise autocĂ©phale dont il serait le premier prĂŞtre.

Le Ă  Brooklyn, Ă  l'âge de 26 ans, Fan Noli est fait diacre. Et le , Platon, Ă©vĂŞque orthodoxe russe de New York, l'ordonne prĂŞtre. Deux semaines plus tard, le , Noli cĂ©lèbre pour la première fois la liturgie en albanais dans le Knights of Honor Hall de Boston, transformĂ©e en Église Orthodoxe Albanaise de Saint Georges (seuls les Croates pouvaient alors, dire la messe dans leur langue propre). Deux ans plus tard, il devint le premier Ă©vĂŞque de cette nouvelle Ă©glise.

Le , Noli part pour trois mois en Europe, inaugurer la célébration des messes en albanais dans les communautés de Kichinev, Odessa, Bucarest et Sofia.

Activités politiques

De Ă  , Fan Noli devient RĂ©dacteur en chef du Dielli (« le soleil Â»), l'organe de la communautĂ© albanaise de Boston. Et le , il fonde avec FaĂŻk bey Konitza le Vatra (« le foyer Â»), une association pan-albanaise pour les Ă©migrĂ©s d’AmĂ©rique. Celle-ci devient rapidement l'organisation albanaise la plus puissante d'AmĂ©rique. Ainsi Fan Noli est reconnu comme un des Ă©crivains et journalistes les plus actifs du mouvement national, et devient de fait le chef de la communautĂ© orthodoxe albanaise aux États-Unis.

En , un État albanais indépendant est proclamé. Fan Noli, alors âgé de trente ans et diplômé d’un BA de l'université Harvard, se dépêche de retourner en Europe, soutenir l’indépendance.

La consolidation de l'État d'Albanie

En , Noli assiste au Congrès albanais de Trieste organisĂ© par son ami et rival politique FaĂŻk bey Konitza. En juillet, il visite pour la première fois de sa vie le nouvel État albanais. La confĂ©rence de Londres vient enfin de reconnaĂ®tre l’indĂ©pendance, tout en laissant la Serbie et le MontĂ©nĂ©gro annexer l'autre moitiĂ© des territoires et population albanaise. En 1914 il accueille au port de DurrĂ«s (pron : « Dourrss Â» en roulant les « r Â») le premier souverain d'Albanie, le prince allemand Guillaume de Wied.

La Première Guerre mondiale éclate quelques mois après, et Noli retourne aux États-Unis reprendre la rédaction de son journal à Boston. Il est alors élu en 1917, à la tête du Vatra, ce qui le désigne de fait dirigeant de la diaspora albanaise. En il fonde l’Adriatic Review, un périodique en anglais à l'usage des Albanais. C'est cette même année qu'il est présenté au président américain Woodrow Wilson, dont les idées sur le Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes lui font une forte impression.

Ses efforts diplomatiques aux États-Unis et à Genève lui valurent le soutien du président Wilson aux négociations de Paris, et en 1920 il obtint que l'Albanie soit admise à la Société des Nations nouvellement créée. Cette action vaut certainement à l’Albanie son salut étant donné les prétentions impérialistes de la Serbie, de l'Italie et de la Grèce sur le nouvel État.

De député à Premier ministre

En 1921 Fan Noli est Ă©lu au Parlement de Tirana comme dĂ©putĂ© du « Parti Populaire », le plus grand parti d'inspiration social-dĂ©mocrate. Obtenant une forte majoritĂ©, le chef du parti, Xhafer Ypi (pron. « Djafèr Upi Â»), forme un gouvernement en , oĂą Noli est ministre des Affaires Ă©trangères et Ahmed Zogu (Zogu, qui veut dire « l'oiseau Â», et se prononce « Zogou Â», Ă©tait une abrĂ©viation du nom initial de Zogolli), ministre de l’IntĂ©rieur. Mais Noli dĂ©missionne quelques mois après, dĂ©sapprouvant les mĂ©thodes conservatrices et rĂ©pressives de Zogu. Il crĂ©e un parti en opposition le parti dĂ©mocrate » avec Avni Rustemi, l’assassin d’Essad Pacha. Le , il est nommĂ© Ă©vĂŞque de Korça devenant ainsi le chef de l’Église orthodoxe albanaise.

Le , un attentat manque de peu le nouveau Premier ministre, Ahmed Zogu. Aussi les reprĂ©sailles ne tardent pas, et deux mois plus tard Avni Rustemi est assassinĂ©. L’opposition est profondĂ©ment choquĂ©e, et lors de son enterrement Noli s’exprime avec une telle force qu’une insurrection Ă©clate. Shefqet Verlaci (pron. « Cheftchet Verlyatsi Â») beau-père de Zogu lui succède au poste de Premier ministre mais la rĂ©bellion les oblige Ă  s'enfuir en Yougoslavie voisine : c'est ce qu'on a appelĂ© la rĂ©volution de Juin (Revolucioni i Qershorit).

C’est ainsi que le , Fan Noli devient régent et Premier ministre d’Albanie. Sa première décision est de dissoudre l’Assemblée nationale et de s’octroyer les pleins pouvoirs pour réformer l’Albanie. Il instaure alors une sorte de dictature temporaire lui permettant de se lancer dans le programme des Vingt Réformes qui a pour but d’abolir la féodalité, de moderniser et de démocratiser le pays. Il améliore ainsi la santé publique et le système routier. Il est soutenu par des militants révolutionnaires, tel que Ali Kelmendi, futur organisateur du Parti communiste albanais. Toutefois, ses méthodes jugées trop radicales, trop modernes et trop occidentales, s’opposent aux traditions. De plus, les réformes agraires lui valent la haine de l’aristocratie. Et Noli devint, au fil des mois, de plus en plus impopulaire.

Le , un coup d’État le renverse et remet au pouvoir Ahmed Zogu. Il aura, lors de ses six mois au pouvoir, mis en place avec de nombreuses réformes, une sorte d’idéologie communiste modérée et avancée.

L'opposition en exil

Son exil commence en Italie d’oĂą il parvient Ă  rejoindre les États-Unis. Mais il quitte ces derniers pour voyager en Europe du Nord et en Union soviĂ©tique, en 1927 au sein d'une dĂ©lĂ©gation des Amis de l'URSS. RentrĂ© aux États-Unis, il fonde en 1930 Republika (« la rĂ©publique Â»), journal de gauche quoique nationaliste, en opposition Ă  Zogu qui s'est autoproclamĂ© roi en 1928 sous le nom de Zog Ier. Son secrĂ©taire, Mehmet Shehu, deviendra le futur Premier ministre d'Enver Hoxha sous le rĂ©gime communiste. Mais le visa de Noli ne dure que six mois : il se voit obligĂ© de retourner en Allemagne. Finalement en 1932, grâce Ă  ses nombreux livres publiĂ©s, Noli arrive Ă  se payer un nouveau voyage aux États-Unis oĂą cette fois ci, il obtient la rĂ©sidence permanente.

L'évêque de l'Église orthodoxe albanaise

En , Noli tombe gravement malade et ne peut se payer un traitement. Le roi Zog souhaitant une réconciliation avec l’opposition, lui envoie l’argent nécessaire à son hospitalisation (pendant son exil, le roi Zog se réconciliera avec lui, par l'entremise de la reine Géraldine, en visite aux États-Unis). Après cet épisode, Noli se retire de la politique pour se consacrer à l'Église orthodoxe albanaise, se donnant la tâche ambitieuse de perfectionner la liturgie. Le , le patriarche de Constantinople reconnaît officiellement son Église.

Sa deuxième grande passion Ă©tant la musique, il obtient en 1938 un diplĂ´me de l'universitĂ© de Boston, lui permettant de donner des cours sur la musique byzantine. Et en 1945, Ă  l’âge de 63 ans, il soutient une thèse de doctorat sur Scanderbeg, le grand hĂ©ros albanais du XVe siècle.

L'après-guerre

Après la Seconde Guerre mondiale, il maintient des contacts avec Enver Hoxha, poussant le gouvernement américain à reconnaître le nouveau régime de Tirana. Surnommé dès lors « l’Évêque Rouge », il prend néanmoins ses distances au cours des années.

Vers la fin de sa vie, Fan Noli achète une maison en Floride où il meurt le à Fort Lauderdale.

Il aura au cours de sa vie, publié des milliers d'articles et poèmes divers en grec et en albanais.


Ĺ’uvres

  • (el) Le RĂ©veil (pièce de théâtre), non publiĂ©e.
  • (sq) IzraelitĂ« e FilistinĂ« [« IsraĂ©lites et Philistins »] (pièce de théâtre), Boston, .
  • (sq) LibrĂ« e shĂ«rbesave tĂ« shĂ«nta tĂ« kishĂ«s orthodoxe [« Livre des saintes liturgies de l'Église orthodoxe »], Boston, .
  • (sq) LibrĂ« e tĂ« kremteve tĂ« mĂ«dha tĂ« kishĂ«s orthodoxe [« Livre des grandes cĂ©rĂ©monies de l'Église orthodoxe »], Boston, , 315 p.
  • (sq) Historia e SkĂ«nderbeut (Gjergj Kastriotit), mbretit tĂ« ShqipĂ«risĂ« [« L'Histoire de Scanderbeg (Gjergj Katriot), le roi d'Albanie »], , 285 p.
  • Georg Castrioti Scanderbeg (1405-1468) (thèse de doctorat), New York, .
  • (en) Beethoven and the French Revolution, New York, .
  • (sq) Albumi [« L'Album »] (recueil de poèmes), .
  • (sq) Vepra [« Ĺ’uvres »] (compilĂ© et mis en forme par Ali Rexha), Prishtina, .

Traductions par Fan Noli

  • William Shakespeare (trad. Fan Noli), Hamleti princ i DanemarkĂ«s [« Hamlet, Prince of Denmark »], Bruxelles, .
  • Three liturgies of the Eastern Orthodox Church, Boston, .

Notes et références

    Bibliographie

    • (sq) Mehmet GĂ«zhilli, Fan S. Noli, 120 vjet, jetĂ« dhe veprimtari [« Fan S. Noli, 120 ans, vie et activitĂ© »], Tirana, .
    • (sq) Nasho Jorgaqi, Fan S. Noli : antologji fotografike [« Fan Noli, anthologie photographique »], Tirana, .
    • (sq) Behar Shtylla, Fan Noli, siç e kam njohur — Kujtime [« Fan Noli, comme je l'ai connu — Souvenirs »], Tirana, .
    • (de) Hasan Kaleshi, « Noli, Fan Stylian », dans Biographisches Lexikon zur Geschichte SĂĽdosteuropas, Munich, (lire en ligne), vol. 3, p. 334–338.
    • (en) Avni Spahiu, Fan Noli's American Years: Notes on a Great Albanian American, Jalifat Group, , 220 p. (ISBN 9780976714026).

    Articles connexes

    Liens externes

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