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Pleurodèle de Waltl

Pleurodeles waltl

Pleurodeles waltl
Description de cette image, également commentée ci-après
Pleurodèle de Waltl

Espèce

Pleurodeles waltl
Michahelles, 1830

Synonymes

  • Salamandra funebris Bory de Saint-Vincent, 1828
  • Triton costatus Wagler, 1830
  • Salamandra major Gray in Cuvier, 1831
  • Salamandra fenestrata Gray in Cuvier, 1831
  • Salamandra pleurodeles Schlegel, 1837
  • Bradybates ventricosus Tschudi, 1838
  • Pleurodeles exasperatus DumĂ©ril, Bibron & DumĂ©ril, 1854
  • Triton pleurodelus Schulze, 1891

Statut de conservation UICN

( NT )
NT : Quasi menacé

Pleurodeles waltl, le pleurodèle de Waltl, est une espèce d'urodèles de la famille des Salamandridae[1]. Il vit dans la péninsule ibérique et au Maroc.

Morphologie

Les côtes passent à travers la peau lorsque la salamandre est menacée.
Les côtes passent à travers la peau lorsque la salamandre est menacée.

C'est le plus grand triton d'Europe : il peut atteindre 30 cm en libertĂ©, et 20 cm en captivitĂ©. Sa peau verruqueuse est brune, son ventre beige Ă  pois noirs. Sa longue queue reprĂ©sente environ la moitiĂ© de sa longueur totale. En cas d'attaque, il est capable de faire saillir ses cĂ´tes hors de son corps. Ce système de dĂ©fense est Ă  l'origine de sa dĂ©nomination commune en anglais et en portugais (triton Ă  cĂ´tes saillantes). Ce fut le zoologiste allemand Franz von Leydig qui dĂ©couvrit ce mĂ©canisme de dĂ©fense, en 1879. Quand l'amphibien se sent menacĂ© et acculĂ©, il fait le dos rond et gonfle son thorax pour faire jaillir hors de sa peau des petites pointes, qui sont en fait les extrĂ©mitĂ©s de ses cĂ´tes, et commencent Ă  secrĂ©ter une substance laiteuse toxique[2].

Presque exclusivement aquatique, il préfère les eaux calmes et propres. Il est doté de poumons, et remonte régulièrement en surface. C'est un animal diurne, actif à des températures allant de 15 à 25 °C. Il hiberne entre 5 et 10 °C, et peut également estiver en cas de manque d'eau. Sa longévité atteint 20 ans.

RĂ©partition

Cette espèce se rencontre en Espagne, au Portugal et dans le nord du Maroc[1].

Conservation de l'espèce

L'UICN classe le pleurodèle de Waltl comme espèce quasi menacée dans sa liste rouge de 2006. Cette classification est due au déclin significatif de sa population sauvage, pour cause de réduction de son habitat naturel et de l'apparition d'espèces envahissantes; l'espèce est même proche d'être classée vulnérable. En 2004, l'espèce était classée Préoccupation mineure (LC) et en 2006 Espèce quasi menacée (NT).

Cette espèce est généralement menacée par le drainage de son habitat aquatique, la pollution agricole, le bétail (en Afrique du nord), l'eutrophisation, la pollution industrielle et domestique, et le développement des infrastructures. Il a largement disparu du littoral ibérique et marocain, autour des zones touristiques et très peuplées (tel Madrid). L'introduction d'espèces invasives de poissons et d'écrevisses (Procambarus clarkii) prédateurs des larves et des œufs de cette espèce, contribue à la menace. La mortalité sur les routes est également un danger sérieux pour certaines populations.

Différenciation sexuelle

La différenciation sexuelle est initialement entrainée par les chromosomes sexuels, mais peut changer en fonction de la température. La femelle porte les chromosomes Z et W (ZW), le mâle deux copies du chromosome Z (ZZ). Cependant si des larves ZW sont élevées à une température de 32 °C à certaines étapes de leur développement (étapes 42 à 54), elles deviennent des mâles.

Les hormones jouent un rôle important pour la différenciation sexuelle : il est ainsi possible de changer le sexe des pleurodèles de Waltl en ajoutant des hormones ou des inhibiteurs d'hormones dans l'eau.

L'aromatase, une enzyme synthétisant un œstrogène agissant comme un stéroïde, joue un rôle clé dans la différenciation sexuelle comme pour de nombreux vertébrés non-mammifères[3] Elle se trouve a plus forte concentration dans les gonades des larves ZW que dans celles des larves ZZ, mais pas dans celle des larves ZW soumises à une température élevée. Cette augmentation a lieu vers la fin des étapes où le changement de sexe est possible (étape 52).

Expérimentations spatiales

Un satellite bion, comme le Bion 7, qui emmena le premier dans l'espace le pleurodèle de Waltl en 1985. Le hublot fut installé après le vol, pour les besoins de l'exposition.

Le pleurodèle de Waltl a été étudié dans l'espace lors d'au moins 6 missions. La première fut conduite en 1985 à bord de Bion 7[4]. Les 10 pleurodèles étaient accompagnés de deux macaques rhésus et de 10 rats, dans une capsule inhabitée. En 1992, Bion 10[5] - [6] transportait également des pleurodèles, ainsi que Bion 11[7] en 1996. Les recherches furent poursuivies en 1996 par des expériences françaises sur Mir (expédition Mir Cassiopée[8]), suivies d'études en 1998 (expédition Mir Pégase) et en 1999 (expédition Mir Perseus). Foton-M2[9] hébergea aussi des pleurodèles en 2005.

Pleurodèles de Waltl en aquarium (sur Terre)

Les pleurodèles furent choisis pour leur organisme se prêtant bien à l'étude de la micro-gravité [10]. La femelle est en effet capable de conserver du sperme dans son cloaque pendant 5 mois, permettant une insémination sur Terre puis une fertilisation dans l'espace par stimulation hormonale. De plus leur développement lent permet d'observer les étapes clés de l'ontogenèse, de l'ovocyte aux larves.

Des études ont porté sur la capacité de régénération des pleurodèles (plus rapide dans l'espace, jusqu'à 2 fois dans les premières étapes[11]), ainsi que sur les étapes de développement et la reproduction dans l'espace[12].

Sur Terre, les effets de l'hypergravité (jusqu'à 3G) sur la fertilité des pleurodèles de Waltl ont également été étudiés[13], ainsi que sur la fertilité des pleurodèles nés dans l'espace de retour sur Terre[14] (ils étaient fertiles, et sans problème particulier).

D'autres amphibiens ont été envoyés dans l'espace, dont les tritons Lissotriton vulgaris et Cynops pyrrhogaster, le xénope du Cap, ainsi que plusieurs grenouilles Hyla japonica, Lithobates pipiens et Rana temporaria.

Élevage

Environnement

Le pleurodèle de Waltl peut ĂŞtre installĂ© dans un aquarium d'eau froide, de prĂ©fĂ©rence d'au moins 80 litres pour un couple par exemple. Animal amphibie, il est capable de s'Ă©chapper en l'absence de couvercle, ou de se rĂ©fugier dans le filtre de l'aquarium. Veiller Ă  ne pas utiliser de pierres ou de gravier tranchant, le pleurodèle pourrait alors se blesser. L'Ă©clairage, les plantes, et la duretĂ© de l'eau sont prĂ©fĂ©rables, mais non indispensables. Il est nĂ©cessaire de filtrer l'eau et de la renouveler rĂ©gulièrement (environ 1/4 toutes les deux semaines par exemple). Il peut ĂŞtre placĂ© dans un bassin extĂ©rieur pendant l'Ă©tĂ©.

Cohabitation

La cohabitation avec des poissons est pacifique, mais de trop petits animaux risquent de devenir des proies pour le pleurodèle, et de trop gros (carpe Koï) risquent de gober les plus petits tritons. Il est conseillé de fournir des abris aux pleurodèles (tubes, morceaux de pots...), voire d'interdire aux poissons une partie de l'aquarium par un grillage à mailles large.

Alimentation

La nourriture du pleurodèle est essentiellement carnĂ©e (vers, insectes, viande, poisson, crustacĂ©s, granulĂ©s Ă  cichlidĂ©s...) : il accepte tout ce qui a la taille de sa bouche. Le rythme des repas passe de 2 fois par jour pour les jeunes Ă  une fois tous les 2 ou 3 jours chez l'adulte (15 cm). Les granulĂ©s sont bien Ă©quilibrĂ©s : les jeunes apprĂ©cient les granulĂ©s pour cichlidĂ©s, les adultes les granulĂ©s pour poissons de fond. En cas de nourriture congelĂ©e ou vivante, veiller Ă  apporter de la variĂ©tĂ© pour Ă©viter les carences.

Reproduction

Les pleurodèles se reproduisent assez facilement en captivité. Il n'est pas nécessaire d'isoler le couple, mais il est préférable d'isoler les jeunes. Les parades sont favorisées par une eau à 15 °C environ. Après accouplement, la femelle pond en grappes des centaines d'œufs qui éclosent après une dizaine de jours. Les larves n'acceptent que la nourriture vivante de très petite taille (plancton). Elles peuvent également se nourrir de leurs congénères. À partir de cm, les têtards acceptent une nourriture plus grosse, voir congelée. La métamorphose a lieu vers 3 mois : la perte des branchies entraîne un risque de noyade. La maturité sexuelle est atteinte vers 16 mois.

Étymologie

Cette espèce est nommée en l'honneur de Joseph Waltl.

Publication originale

  • Michahelles, 1830 : Neue sĂĽdeuropäische Amphibien. Isis von Oken, vol. 23, p. 189-195 (texte intĂ©gral).

Liens externes

Notes et références

  1. Amphibian Species of the World, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. Mangin, L., (2010). Le triton qui se prenait pour un X-man. Biologie animale, Pour la Science.
  3. Kuntz, Chesnel, Flament & Chardard, 2004 : Cerebral and gonadal aromatase expressions are differently affected during sex differentiation of Pleurodeles waltl. Journal of Molecular Endocrinology vol. 33, p. 717-727 texte.
  4. Mitashov, V.; et al. La régénération de la cornée et des membres chez la pleurodèle durant et après un vol spatial de 13 jours
  5. Grinfeld, S.; et al. Régénération des tissus dans l'espace (moelle épinière, muscles et os) chez l'amphibien Pleurodèle de Waltl. Life Sciences Research in Space, ESA SP-366. European Space Agency, 1994., p.181
  6. Experience Triton on BION-10: Study of peptidase-1 expression in embarked Pleurodeles females and detection of genetic abnormalities in their progeny
  7. Grigoryan, E. N, et al. Urodelean amphibians in studies on microgravity: effects upon organ and tissue regeneration. Advances in Space Research, vol. 30, n. 4, p. 757-764 .
  8. Dournon, Durand, Tankosic, Membre, Gualandris-Parisot, Bautz, 2001 Effects of microgravity on the larval development, metamorphosis and reproduction of the urodele amphibian Pleurodeles waltl Development, Growth & Differentiation, vol. 43, n. 3, p. 315–326
  9. Domaratskaya et al, Studies on hemopoietic tissue of ribbed newt, Pleurodeles waltl, after the flight on board Russian satellite "Foton-M2" in 2005
  10. Gualandris-Parisot L, et al. Adv Space Res. 2001;28(4):569-78. Pleurodeles waltl, amphibian, Urodele, is a suitable biological model for embryological and physiological space experiments on a vertebrate.
  11. Grigoryan EN, Mitashov VI, Anton HJ. Urodelean amphibians in studies on microgravity: effects upon organ and tissue regeneration. Adv Space Res. 2002;30(4):757-64.
  12. Dournon C & Houillon C 1985 Thermosensibilité de la différenciation sexuelle chez l’Amphibien Urodè le, Pleurodeles waltlii Michah. Conditions pour obtenir l’inversion du phénotype sexuel de toutes les femelles génétiques sous l’action de la température d’élevage. Reproduction Nutrition Développement vol. 25, p. 671–688.
  13. Aimar C, et al. Microgravity and hypergravity effects on fertilization of the salamander Pleurodeles waltl (urodele amphibian). Biol Reprod. 2000 Aug;63(2):551-8. « Copie archivée » (version du 5 décembre 2005 sur Internet Archive)
  14. Dournon C, Durand D, Tankosic C, Membre H, Gualandris-Parisot L, Bautz A. Effects of microgravity on the larval development, metamorphosis and reproduction of the urodele amphibian Pleurodeles waltl Dev Growth Differ. 2001 Jun;43(3):315-26.
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