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Pierre du Calvet

Pierre du Calvet, né en France à Caussade en 1735, disparu en mer le , est un commerçant, magistrat, prisonnier politique et épistolier québécois d'origine française[1].

Pierre du Calvet
croquis exécuté en 1792
par François Malepart de Beaucourt
Fonction
Juge de paix (en)
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs

Disparu dans l'océan Atlantique
Activité

Biographie

Famille

Pierre du Calvet naĂźt Ă  l'Ă©tĂ© de 1735 Ă  Caussade dans l'ancienne province française de Guyenne (aujourd'hui dans le dĂ©partement de Tarn-et-Garonne). Il est l'aĂźnĂ© d'une famille de cinq enfants. Son pĂšre, Pierre Calvet, de confession calviniste, fait baptiser ses enfants Ă  l'Église catholique. Il leur transmettra cependant la foi protestante. Sa mĂšre est Anne Boudet. Sa famille est dite de souche noble et possĂ©dait un domaine Ă  Montalzat, au nord de Toulouse.

Un ancĂȘtre, François Calvet, Ă©tait montĂ© sur l'Ă©chafaud le pour avoir introduit la RĂ©forme Ă  Montauban[2].

Éducation

Pierre du Calvet reçoit une Ă©ducation catholique sans jamais renoncer au calvinisme[2]. D'aprĂšs ses Ă©crits, il est clair qu'il a Ă©tudiĂ© les humanitĂ©s, le droit français, le droit des gens et la philosophie de son siĂšcle, celle des LumiĂšres. Son Appel Ă  la justice de l'État cite de long extraits de Pufendorf, Gratien, Grotius, Locke et Machiavel.

Émigration en Nouvelle-France

Un cousin par alliance, un certain Guireaud, lui fournit le capital nécessaire à l'achat de marchandises qu'il compte échanger en Nouvelle-France. Du Calvet s'embarque pour Québec à bord du navire marchand Le Lion qui quitte Bordeaux en . Son bateau fait naufrage à 100 milles de sa destination[3] ; la cargaison est perdue et il est forcé de se trouver un emploi à son arrivée dans la capitale vers la mi-juin.

Il sera, pour le compte du gouvernement de la Nouvelle-France, garde-magasin à Miramichi et à Restigouche en Acadie. Il est chargé de pourvoir au besoin de trois à quatre mille Acadiens déportés par le gouvernement britannique en 1755[3]. Il y sera jusqu'à l'automne 1759.

À l'Ă©tĂ© de 1759, on le charge de transfĂ©rer des prisonniers de guerre britanniques Ă  Halifax aux cĂŽtĂ©s de l'officier Jean-François Bourdon de Dombourg. Le lieutenant William CĂŠsar McCormick lui Ă©crira une lettre d'apprĂ©ciation datĂ©e du , pour le bon traitement des quelque trente prisonniers. Il lui remet Ă©galement un certificat le .

Du Calvet se rend par la suite à Montréal aprÚs avoir appris, en passant par Québec, que le gouvernement Vaudreuil s'y trouve à la suite de la capitulation et la reddition de la capitale. Il reste à Montréal jusqu'en .

Il est Ă  nouveau chargĂ© d'une mission en Acadie, cette fois pour recenser la population dĂ©portĂ©e et lui venir en aide. Ainsi, il quitte MontrĂ©al le , Ă  la tĂȘte d'un groupe d'environ 60 Acadiens et de quelques guides amĂ©rindiens. Avec lui se trouve le commandant en chef de l'Acadie française, M. BoishĂ©bert. À son retour, il est presque aussitĂŽt envoyĂ© Ă  Sainte-Foy pour la derniĂšre bataille importante entre les armĂ©es française et britannique avant la capitulation et la reddition de MontrĂ©al le . Il part pour QuĂ©bec le , accompagnant l'expĂ©dition que commande de LĂ©vis. Dans une lettre Ă  son pĂšre datĂ©e du , du Calvet fait le rĂ©cit de cette bataille historique et du siĂšge qui s'ensuit[4]. Le siĂšge est levĂ© le , et du Calvet rentre Ă  MontrĂ©al comme tout le monde.

À la suite de la capitulation du gouvernement de la Nouvelle-France Ă  MontrĂ©al le , il reste Ă  MontrĂ©al. C'est au cours de l'hiver qu'il retrouve le lieutenant britannique William CĂŠsar McCormick qui le recommande au gĂ©nĂ©ral Jeffrey Amherst. Du Calvet, est dĂ©terminĂ© Ă  retourner en Europe et doit par consĂ©quent se rendre Ă  QuĂ©bec pour obtenir un passeport du gouverneur James Murray, mais pas sans avoir d'abord obtenu un passeport du gouverneur Thomas Gage l'autorisant Ă  quitter le district de MontrĂ©al. Le gouverneur Murray demande cependant Ă  du Calvet de retarder son dĂ©part pour dĂ©nombrer les Acadiens encore en Acadie afin de les faire transporter Ă  QuĂ©bec. Cette derniĂšre mission humanitaire, qu'il accepte, l'occupe de juillet Ă  . Il semble qu'il ait abandonnĂ© son projet de rentrer en France, puisqu'en , il est Ă  MontrĂ©al[5].

Commerçant et juge de paix

En , il s'installe Ă  MontrĂ©al oĂč il met enfin sur pied son commerce d'import-export. Il exporte du blĂ© et des pelleteries qu'il charge Ă  bord des navires marchands de la compagnie Watson & Rashleigh (Brook Watson et Robert Rashleigh) Ă  destination de l'Angleterre et de l'Espagne. Il importe en Ă©change diverses marchandises d'Europe telles des spiritueux et des produits d'usage domestique. Son commerce sera prospĂšre. Entre 1772 et 1776, il exporte environ 35 000 minots de blĂ©, 800 minots de pois et des pelleteries et importe de grandes quantitĂ©s de marchandises qu'il Ă©coule dans le district de MontrĂ©al. Le , il achĂšte la seigneurie de la RiviĂšre-David prĂšs de Sorel.

En 1763, il apprend la mort d'un de ses oncles Ă©tabli en Caroline du Sud et deux mois plus tard celle de son pĂšre en France.

À l'Ă©tĂ© 1764, il quitte la province de QuĂ©bec pour Londres, oĂč doit se rĂ©gler la succession de son oncle. Il passe ensuite en France pour y vendre le domaine familial de Montalzat et n'est de retour chez lui Ă  MontrĂ©al qu'en . Durant son absence, Jean Dumas-Saint-Martin et Pierre Jusseaume dit Saint-Pierre conduisent ses affaires privĂ©es en AmĂ©rique[5].

Durant ce long voyage en Europe, il se fait plusieurs contacts dans le monde anglo-saxon. MĂȘme si son anglais est dĂ©ficient, il est bien accueilli un peu partout, aidĂ© de prĂ©cieuses lettres de recommandations du gouverneur Murray. Il rencontre entre autres le frĂšre de celui-ci, Lord Elibank, qui rĂ©side Ă  Greenock en Écosse. À Londres, il s'entretient avec George Montagu-Dunk, 2e Comte d'Halifax, secrĂ©taire d'État britannique responsable des colonies amĂ©ricaines.

À Paris, il dĂ©barque muni de lettres de recommandations pour le comte Hertford, ambassadeur britannique en France et son secrĂ©taire, David Hume, le philosophe dĂ©jĂ  cĂ©lĂšbre, qui intercĂšdent tous deux auprĂšs du comte de Saint Florentin. Cet appui lui est nĂ©cessaire pour assurer la liquidation de sa succession car il est protestant et les lois françaises lui sont dĂ©favorables. En , aprĂšs un an, l'affaire est rĂ©glĂ©e et il retourne Ă  Londres. Au printemps, il s'embarque pour QuĂ©bec Ă  bord d'un vaisseau nommĂ© General Conway.

Le , le gouverneur Murray le nomme juge de paix Ă  la nouvelle Cour des plaids communs dans le district de MontrĂ©al. À peine de retour, il quitte Ă  nouveau le ci-devant Canada, en novembre, pour des affaires commerciales en Angleterre et ne revient finalement qu'en , appelĂ© par son devoir de juge de paix.

Du Calvet semble mettre un grand zÚle dans l'exercice de ses responsabilités publiques et s'attire bientÎt l'éloge du juge en chef de la province William Hey. Il traite un trÚs grand volume de causes et n'exige pas d'honoraires.

Mariage

Le , Ă  l'Ăąge de 36 ans, il Ă©pouse Marie-Louise Jusseaume. ÂgĂ©e de 20 ans, elle est la fille de son ami Pierre Jusseaume et Marie-Louise BrulĂ©-Jusseaume. Le nouveau couple s'installe dans une maison de ville au coin des rues Saint-Paul et Bonsecours. Un premier enfant, un garçon, naĂźt le . Le petit Jean-Pierre meurt le suivant. Le , Marie-Louise accouche d'un deuxiĂšme garçon, qu'ils nomment Jean Dumas, en l'honneur du parrain Jean Dumas Saint-Pierre. Le couple a un troisiĂšme garçon qui naĂźt le . Il est nommĂ© Guy, en l'honneur du gouverneur Guy Carleton. Tristement, ce dernier enfant meurt le , ayant eu un hiver trop difficile. La mĂšre rejoint son premier et son dernier dans la tombe en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e.

Du Calvet déniche une nourrice, dame La Prise, pour s'occuper de Jean Dumas, son deuxiÚme fils.

Engagement politique

En 1769, il soumet au nouveau gouverneur Guy Carleton un projet de rĂ©forme visant l'uniformisation de l’administration de la justice dans la Province de QuĂ©bec. Les nouvelles mesures d'administration promulguĂ©es le 1er fĂ©vrier ne le satisfont pas et prĂŽne davantage de rĂ©formes. Il rĂ©dige un certain nombre de lettres ouvertes, publiĂ©es dans la Gazette de QuĂ©bec, un journal bilingue.

Le , il soumet au secrĂ©taire d'État des Colonies amĂ©ricaines, Wills Hill, comte de Hillsborough, un document intitulĂ© MĂ©moire sur la forme judiciaire actuelle de la Province de QuĂ©bec.

Sa dénonciation publique des abus de justice de la part de certains juges parmi ses collÚgues lui attire à la fois des amis et des ennemis. Ses actions en vue d'une amélioration du systÚme d'administration de la justice sont louées par le gouverneur Carleton, le procureur général Francis Maseres et le juge en chef William Hey. Il se met cependant à dos quelques-uns de ses confrÚres de magistrature, dont son voisin d'en face John Fraser, ainsi que Edward Southouse et René-Ovide Hertel de Rouville.

John Fraser, capitaine du 60e régiment royal britannique, devient juge de paix en 1765, peu de temps aprÚs avoir été acquitté, faute de preuve, dans une cause de violence l'impliquant lui et le marchand Thomas Walker, ami de du Calvet, qui le perdit une oreille lors d'une attaque menée contre sa personne. Selon du Calvet, John Fraser entretient de l'animosité envers lui à compter de cette période.

Le , Fraser et du Calvet se battent Ă  coups de poing devant la maison de ce dernier, donc en face de celle de Fraser.

Guerre d'indépendance américaine

La relation entre l'Angleterre et ses colonies amĂ©ricaines se dĂ©tĂ©riore durant la pĂ©riode qui suit tout juste la ConquĂȘte britannique du Canada. EndettĂ©e Ă  la suite de la guerre, la mĂ©tropole anglaise adopte une sĂ©rie de lois commerciales visant Ă  renflouer ses coffres. Les dĂ©cisions de Londres ne plaisent guĂšre aux colonies amĂ©ricaines qui jusqu'alors avaient joui de la libertĂ© de se taxer elles-mĂȘmes via leur propres parlements. Aux Sugar Act (1764), Stamp Act (1765), Townshend Act (1767), Tea Act (1773) vinrent s'ajouter, en 1774, Ă  la suite de l'incident du Boston Tea Party, des lois qui furent nommĂ©es les Intolerable Acts. Au nombre de ces lois, le Quebec Act, qui, justement, concerne les nouveaux sujets britanniques, anciennement sujets canadiens du roi de France.

En réponse au Quebec Act, le premier CongrÚs continental rédige, le , une lettre qu'il adresse aux habitants de la province de Québec. Traduite en français, celle-ci est distribuée dans les villes dont Montréal et est lue par Pierre du Calvet et plusieurs autres. La question constitutionnelle du Québec sera dÚs lors l'objet d'un débat fondamental parmi les gens lettrés habitant la province.

Le premier , un monument public, un buste de George III, situĂ© Ă  MontrĂ©al, est vandalisĂ© et finit au fond d'un puits. La situation est suffisamment alarmante pour que le gouverneur Guy Carleton exige de l'Ă©vĂȘque de QuĂ©bec, Jean-Olivier Briand, qu'il Ă©mette un mandement contre l'appui aux congressistes ; ce qu'il fait le . Du cĂŽtĂ© britannique, on commence Ă  recruter des miliciens parmi les hommes de la population quĂ©bĂ©coise.

Dans un climat de haute suspicion de tous les éléments opposées à l'administration de la province, du Calvet se fait accuser, avec d'autres, de sympathiser avec les colonies « rebelles ». C'est Joseph Simon Léonard, alors sergent de milice à Pointe-aux-Trembles, qui met du Calvet en accusation. Le , un tribunal entend la cause et le , un jury rejette l'accusation.

Le CongrÚs envoie deux armées d'invasion au Québec, l'une vers Montréal l'autre vers Québec. Richard Montgomery atteint Montréal avec son armée au mois de novembre. Elle ne rencontre aucune opposition ; au contraire, un comité de citoyens dont font partie Pierre du Calvet et plusieurs autres notables de Montréal les accueille et facilite son installation. La ville capitule sans combat le et Montréal devient dÚs lors briÚvement ville « américaine ». Pierre du Calvet fait partie des quelque cent signataires de la lettre d'appui au CongrÚs continental rédigée par Valentin Jautard le .

La seconde armée du CongrÚs, dirigée par Benedict Arnold, n'atteint Québec que le , au terme d'une expédition plus difficile que prévu. Ville fortifiée et bien défendue par sa géographie, siÚge du gouvernement britannique en Amérique, Québec se défend contre l'envahisseur. Réalisant que ses troupes sont insuffisantes pour la victoire, il demande les renforts de Montgomery. Le , les deux armées du CongrÚs continental subissent la défaite. Montgomery meurt au combat. AprÚs cet échec, les armées retournent à Montréal et à New York.

À partir du , un corps de miliciens, le Congress' Own est levĂ© Ă  MontrĂ©al et dirigĂ© par Moses Hazen.

Le , les renforts britanniques commandĂ©s par John Burgoyne arrivent Ă  QuĂ©bec. À la suite de la dĂ©faite de ses troupes Ă  Trois-RiviĂšres le , Benedict Arnold abandonne MontrĂ©al le 15 du mĂȘme mois.

Au printemps 1777, Guy Carleton dĂ©missionne de son poste de Gouverneur de la province de QuĂ©bec. Lord George Germain, secrĂ©taire d’État aux Colonies amĂ©ricaines, nomme Frederick Haldimand, vĂ©tĂ©ran de la guerre de la ConquĂȘte et ancien gouverneur militaire des Trois-RiviĂšres, pour le remplacer. Il ne dĂ©barque Ă  QuĂ©bec que le .

Au mois de , Fleury Mesplet, imprimeur des lettres envoyées aux habitants du Québec, arrive dans la province et fonde La Gazette du commerce et littéraire, pour la ville et district de Montréal, premier journal de la ville et premier journal exclusivement de langue française dans la province. Pierre du Calvet se sert de ce véhicule public pour dénoncer les abus de justice dont il est témoin.

Le , du Calvet produit un réquisitoire prenant à partie les deux juges de la Cour des plaids communs, Edward Southouse et René-Ovide Hertel de Rouville.

James Monk, procureur général, poursuit du Calvet pour libelle. Du Calvet est défendu par l'avocat William Dummer Powell et acquitté.

Prisonnier politique

Le , le gĂ©nĂ©ral de brigade Allan Maclean fait arrĂȘter du Calvet. Il sera incarcĂ©rĂ© pendant 3 ans, du au . DĂšs le premier jour de son arrestation, il n'a de cesse de clamer son innocence et demande qu'on lui fasse un procĂšs lĂ©gal.

Le , Haldimand accepte la demande de libération de Du Calvet que lui soumet le conseiller législatif François Lévesque. Il revient sur sa décision le lendemain.

Le , il sort de prison.

Appel à la justice de l'État et mort tragique

Sorti de prison, du Calvet quitte le continent Ă  destination de Londres oĂč il entend faire le procĂšs du gouverneur Haldimand, tout comme l'avaient fait, en 1766, les marchands britanniques de QuĂ©bec avec le gouverneur Murray.

Il fait publier, en , un factum juridique intitulé The Case of Peter du Calvet et destiné à faire connaßtre sa cause à Londres. Il reçoit l'aide de Francis Maseres, ancien procureur général, et Peter Livius, ancien juge en chef, de la Province de Québec, pour la rédaction du factum. Le document contient le récit détaillé de ses mésaventures avec le juge Fraser, son arrestation, sa séquestration, ses nombreuses lettres demandant qu'on lui fasse un procÚs devant jurés etc.

En juillet, il publie son Appel Ă  la justice de l'État, recueil de lettres destinĂ© cette fois Ă  ses compatriotes du Canada.

La mĂȘme annĂ©e, le pĂšre FĂ©lix de Berey, pris Ă  partie dans le recueil de lettres de du Calvet, publie RĂ©plique par le P. de Berey aux calomnies de Pierre du Calvet.

Pour financer son procĂšs contre Haldimand, il a besoin d'argent. Il dĂ©cide alors de traverser l'Atlantique afin de se rendre Ă  Philadelphie et recouvrer l'argent que lui doit le gouvernement de la confĂ©dĂ©ration amĂ©ricaine. Il se prĂ©sente en personne devant le CongrĂšs continental afin de rĂ©clamer la somme qu'il croit lui ĂȘtre due. Il en recouvre seulement une partie. Le , le navire espagnol qui doit le transporter Ă  Paris quitte le port de New York ; il sombre en mer le 15.

HĂ©ritage politique

Bien que le procÚs de Haldimand n'ait jamais eu lieu, les actions entreprises par du Calvet influencÚrent grandement le cours de l'histoire du Québec. Il contribua indubitablement à la mobilisation des citoyens, protestants et catholiques, francophones et anglophones, en vue d'obtenir un régime parlementaire pour la Province of Quebec. En effet, quelques mois aprÚs l'arrivée probable des premiÚres copies de son pamphlet politique dans la province, des citoyens de la ville de Québec signent, le , L'humble pétition des sujets anciens et nouveaux de Votre Majesté demandant une chambre d'Assemblée.

Louis-Joseph Papineau Ă©voqua briĂšvement sa mĂ©moire lors de sa confĂ©rence de 1867. Comme bon nombre de personnes de son Ă©poque, il connaissait bien l'histoire du procĂšs qu'intenta du Calvet contre le gouverneur Haldimand et il est fort probable qu'il ait lu son Appel Ă  la justice de l'État comme Papineau pĂšre l'avait fait.

En 1877, Louis Fréchette lui dédie un poÚme intitulé Du Calvet dans son recueil La Légende d'un peuple. Relatant en vers le récit de son histoire, il en fait un héros national, le « premier champion de nos luttes civiques ».

Ève Circé-CÎté dédie le chapitre V de son livre Papineau - Son influence sur la pensée canadienne à « celui qui inaugura la période la plus glorieuse de nos annales ».

Redécouverte contemporaine

Précurseur du long combat mené par des citoyens de la Province de Québec pour la reconnaissance de leurs droits politiques à l'intérieur de l'Empire britannique, du Calvet n'en reste pas moins un grand oublié de l'histoire québécoise. Ses actions et jusqu'à son nom seront et sont encore largement ignorées par la postérité.

Pas moins de 202 ans sĂ©parent la premiĂšre publication, Ă  Londres, de Appel Ă  la justice de l’État de sa premiĂšre rĂ©Ă©dition, partielle, en 1986 dans l'ouvrage Pierre du Calvet, Appel Ă  la Justice de l'État de Jean-Paul de Lagrave et Jacques G. Ruelland. Ce n'est que 16 ans plus tard, en 2002, que l'ouvrage est rĂ©imprimĂ© intĂ©gralement par les Éditions du Septentrion dans Appel Ă  la justice de l'État de Pierre du Calvet, Champion des droits dĂ©mocratiques au QuĂ©bec de l'historien Jean-Pierre Boyer.

En 2007, l'auteure Renée Blanchet lui consacre une biographie romancée.

Chronologie

  • 1735 - Naissance de Pierre du Calvet Ă  Caussade dans la province de Guyenne.
  • 1758 - En avril, il s'embarque pour QuĂ©bec Ă  partir de Bordeaux.
  • 1758 - En juin, il arrive Ă  QuĂ©bec.
  • 1758 - En juillet, il se rend au port de Miramichi.
  • 1759 - Le , il reçoit une lettre du lieutenant britannique William Caesar McCormick le remerciant d'avoir protĂ©gĂ© les prisonniers britanniques.
  • 1760 - Le , par ordre du Gouverneur de Vaudreuil, il accompagne le commandant BoishĂ©bert dans une mission visant Ă  connaĂźtre l'Ă©tat de l'Acadie, recenser la population acadienne et lui fournir des vivres.
  • 1760 - Le , il quitte MontrĂ©al avec l'armĂ©e du commandant de LĂ©vis qui se rend Ă  QuĂ©bec pour essayer de reprendre la ville tombĂ©e aux mains des Britanniques.
  • 1760 - Le , l'armĂ©e du commandant est forcĂ©e de lever le siĂšge de QuĂ©bec.
  • 1761 - Le , par ordre du gĂ©nĂ©ral Murray, du Calvet est envoyĂ© en mission pour convaincre les Acadiens de s'installer au Canada.
  • 1761 - En octobre, il est de retour Ă  QuĂ©bec ; sa mission est accomplie avec succĂšs.
  • 1762 - En janvier, il lance un commerce d'import-export Ă  MontrĂ©al.
  • 1763 - DĂ©cĂšs de son oncle en Caroline du Sud et de son pĂšre en France.
  • 1764 - À l'Ă©tĂ©, il quitte QuĂ©bec en direction de la Grande-Bretagne (Greenock, puis Londres).
  • 1764 - Puis il quitte Londres pour la France.
  • 1766 - En janvier, il quitte la France et retourne Ă  Londres.
  • 1766 - Au printemps, il s'embarque pour QuĂ©bec Ă  bord du General Conway.
  • 1766 - En juin, il est de retour Ă  MontrĂ©al.
  • 1766 - Le , le gouverneur Murray nomme du Calvet juge de paix de la Cour des plaidoyers communs du district de MontrĂ©al.
  • 1768 - Le , le gouverneur quitte le Canada pour l'Angleterre afin d'y ĂȘtre jugĂ©.
  • 1766 - En novembre, il quitte QuĂ©bec en direction de Londres pour des affaires commerciales.
  • 1767 - En avril, il est de retour Ă  MontrĂ©al.
  • 1767 - Le , le gouverneur Murray est reconnu non coupable de toutes les charges portĂ©es pesant sur lui.
  • 1768 - Le , Guy Carleton succĂšde officiellement Ă  James Murray au poste de Capitaine gĂ©nĂ©ral et Gouverneur en chef de l'AmĂ©rique du Nord britannique.
  • 1769 - Il soumet un projet d'uniformisation des systĂšmes judiciaires français et britannique au gouverneur Carleton.
  • 1770 - Le 1er fĂ©vrier, le gouverneur Carleton promulgue de nouvelles mesures judiciaires qui ne satisferont pas du Calvet.
  • 1770 - Le , il fait parvenir au gouvernement colonial un document intitulĂ© MĂ©moire sur l'administration de la justice.
  • 1770 - Le , il soumet un document intitulĂ© MĂ©moire sur la forme judiciaire actuelle de la Province de QuĂ©bec Ă  Lord Hillsborough, secrĂ©taire d’État des Colonies amĂ©ricaines.
  • 1771 - Le , il Ă©pouse Marie-Louise, fille de son ami Pierre Jusseaume Ă  la Christ Church de MontrĂ©al.
  • 1772 - Le , naissance de son premier fils, Jean-Pierre.
  • 1772 - Le , son fils dĂ©cĂšde.
  • 1773 - Le , naissance de son deuxiĂšme fils, Jean Dumas.
  • 1774 - Le , naissance de son troisiĂšme fils, Guy.
  • 1774 - En ?dĂ©cembre?, sa femme, Marie-Louise du Calvet, dĂ©cĂšde Ă  l'Ăąge de 24 ans.
  • 1775 - Le ??, son troisiĂšme fils, Guy, dĂ©cĂšde.
  • 1775 - Les 7 et , il comparaĂźt devant un jury de neuf commissaires sous l'accusation de sympathiser avec les rebelles. La preuve Ă©tant insuffisante, il est relĂąchĂ©.
  • 1776 - En avril, il reçoit un des reprĂ©sentants de la dĂ©lĂ©gation envoyĂ©e par le CongrĂšs amĂ©ricain.
  • 1778 - Le , Frederick Haldimand arrive Ă  QuĂ©bec pour remplacer Guy Carleton au poste de Capitaine gĂ©nĂ©ral et Gouverneur en chef pour la province.
  • 1779 - Le , du Calvet produit un rĂ©quisitoire prenant Ă  partie les deux juges de la Cour des plaids communs, Edward Southouse et RenĂ©-Ovide Hertel de Rouville.
  • 1779 - James Monk, procureur gĂ©nĂ©ral, poursuit Du Calvet pour libelle.
  • 1780 - Du Calvet, dĂ©fendu par l'avocat William Dummer Powell, est acquittĂ©.
  • 1780 - Le , Du Calvet est arrĂȘtĂ© puis incarcĂ©rĂ© sans procĂšs sur ordre de Allan Maclean gĂ©nĂ©ral de brigade.
  • 1780 - Le , Haldimand accepte la demande de libĂ©ration de Du Calvet que lui soumet le conseiller lĂ©gislatif François LĂ©vesque.
  • 1783 - Le , il sort de prison.
  • 1783 - En octobre, Ă  Paris, il rencontre Benjamin Franklin ambassadeur des États-Unis en France.
  • 1784 - En mars, The case of Peter Du Calvet [...] est publiĂ© Ă  Londres.
  • 1784 - En juin, Appel Ă  la justice de l’État [...] est publiĂ© Ă  Londres.
  • 1785 - En juin, il rencontre Benjamin Franklin une deuxiĂšme fois.
  • 1785 - Par trois fois durant le mois de septembre, il se prĂ©sente en personne devant le CongrĂšs continental afin de rĂ©clamer la somme qu'il croit lui ĂȘtre dĂ».
  • 1786 - Le , le navire espagnol qui doit le transporter Ă  Paris quitte le port de New York.
  • 1786 - Le , le navire espagnol sombre en mer.

Ouvrages

  • MĂ©moire sur la forme judiciaire actuelle de la Province de QuĂ©bec, QuĂ©bec, 1770
  • Province de QuĂ©bec, district de MontrĂ©al, Cour des plaidoyers communs, Brook Watson & Robert Rashleigh, nĂ©gociants de Londres, stipulant pour eux, Pierre Panet, Ă©cuyer, fondĂ© de leur procuration, demandeurs contre Pierre du calvet, de MontrĂ©al, Ă©cuyer, dĂ©fendeur : dĂ©fenses, 1778
  • MĂ©moire en rĂ©ponse Ă  l'Ă©crit public, de Me Panet, fondĂ© de procuration de Watson & Rasleigh de Londres, demandeurs, contre Pierre du Calvet de MontrĂ©al, Ă©cuyer, dĂ©fendeur [...], QuĂ©bec, 1779
  • The Case of Peter Du Calvet, Esq., of Montreal in the Province of Quebeck, containing, amongst other things worth notice, an account of the long and severe imprisonment he suffered in the said province [...], Londres, (Ă©crit en collaboration avec Francis MasĂšres et Peter Livius)
  • Appel Ă  la justice de l’État ; ou recueil de lettres au roi, au prince de Galles, et aux ministres ; avec une lettre Ă  messieurs les Canadiens, ..., Londres,

Citations

De du Calvet

  • « Bataille, premiĂšre bataille de QuĂ©bec, nous frapperez-vous toujours? Vos coups sont-ils donc faits pour ĂȘtre Ă©ternels, toujours reproduits et renaissants de nos blessures? », Appel Ă  la justice de l'État, p. 167

Sur du Calvet

Alors on vit, devant le spectre au front hideux,
Un homme se lever et crier :
― À nous deux !
C’était toi, Du Calvet, qui, mĂ©prisant la rage
Du despote, osait seul tenir tĂȘte Ă  l’orage,
Et brandir, au-dessus de tous ces fronts Ă©troits,
À ton bras indignĂ© la charte de nos droits.

— Louis FrĂ©chette, La LĂ©gende d’un peuple, 1877 (TroisiĂšme Ă©poque : Du Calvet

« Un qu'il faut restituer à l'histoire, c'est du Calvet, un huguenot, qui inaugura la période la plus glorieuse de nos annales. [...] Mais il partage avec Papineau l'honneur de ce silence éloquent dont on enveloppe comme d'un suaire ceux que l'on veut rouler dans le néant. »

— Ève CircĂ©-CĂŽtĂ©, Papineau. Son influence sur la pensĂ©e canadienne, p. 59-60

Notes

  1. Pierre Tousignant et Madeleine Dionne-Tousignant. « du Calvet, Pierre », dans le Dictionnaire biographique du Canada en ligne, Université de Toronto et Université Laval, 2000, consulté le 10 juillet 2008
  2. Jean-Pierre Boyer., p. 15
  3. ibid., p. 18
  4. La lettre est retranscrite intégralement dans l'ouvrage de Jean-Pierre Boyer, p. 97-101
  5. Jean-Pierre Boyer., p. 24

Bibliographie

Voir aussi

Liens externes

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