James Murray (gouverneur)
James Murray ( – ), officier de l'armée britannique et administrateur colonial, fut le premier gouverneur civil de la province de Québec.
James Murray | |
Fonctions | |
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1er Gouverneur de la Province de Québec | |
– (1 an, 10 mois et 20 jours) |
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Monarque | George III |
Prédécesseur | Thomas Gage (Nouvelle-France occupée) |
Successeur | Paulus Æmilius Irving |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Ballencrieff, Écosse, Royaume-Uni de Grande-Bretagne |
Date de décès | (à 73 ans) |
Lieu de décès | Battle, Angleterre, Royaume-Uni de Grande-Bretagne |
Nationalité | Anglais |
Profession | Officier |
Gouverneurs de la Province de Québec | |
Biographie
Jeunesse et début de carrière
James Murray était le cinquième fils et quatorzième enfant d’Alexander Murray, 4e baron Elibank, et d’Elizabeth Stirling. Sa famille faisait partie de la petite noblesse écossaise. Il s'enrôla dans l'armée en 1736 et fut muté en 1741 au 15e régiment d'infanterie avec lequel il demeura jusqu'en 1759. Il parvint au grade de lieutenant-colonel de son régiment. Il participa à plusieurs campagnes : aux Antilles de 1740 à 1742, et en Flandre en 1745 (il fut sérieusement blessé à Ostende). Il participa à une expédition contre Lorient en 1746.
La Guerre de Sept Ans
En 1758, Murray vint en Amérique du Nord et participa au siège de Louisbourg sous les ordres de James Wolfe. L'année suivante, il participa au siège de Québec, et lors de la Bataille des plaines d'Abraham, il fut l'un des premiers à débarquer et à gravir l'escarpement de l'Anse au Foulon[1]. Une fois l'armée déployée, il commanda le centre de la ligne de combat. Murray était quatrième en grade lors du siège et de la bataille, après Wolfe, Monckton et Townshend, mais à la suite de la mort de Wolfe sur le champ de bataille et du départ des deux autres au cours de l'automne, il prit la responsabilité de conserver Québec durant l'hiver 1759-1760, toujours sous la menace d'une attaque des Français commandés par Lévis.
Campagne de 1760
De fait, l'hiver fut rude, et la maladie fit passer de 7 500 à 4 000 le nombre d'hommes valides dont disposait Murray à Québec[2]. Le , il affronta Vaudreuil et Lévis lors de la bataille de Sainte-Foy et dut se réfugier, assiégé, dans les murs de Québec. Cependant il fut sauvé par l'arrivée de la flotte britannique en mai. Les Français levèrent alors le siège.
L'objectif des Britanniques pour la campagne de 1760 était la prise de Montréal, et à cet effet, le commandant en chef, Amherst, ordonna à Murray de remonter le Saint-Laurent avec ses troupes. Murray débarqua a Varennes le 31 aout avec des troupes régulières, des grenadiers et des rangers et y établit un avant-poste. Le lendemain, les milices canadiennes n’opposèrent qu’une résistance éparse; et décidèrent par centaines de rendre leur armes et prêter le serment de neutralité et de fidélité au roi d’Angleterre[3]. La jonction de son armée avec celles de Amherst et de William Haviland devant Montréal entraîna la capitulation de la ville le 8 septembre. C'en était fait de la colonie française au Canada. Ralph Burton sera responsable de Trois-Rivières et du désarment des milices de cette région.
Gouverneur de Québec
Pour le reste de la guerre, soit jusqu'à la signature du traité de Paris le , la Nouvelle-France fut soumise à une administration militaire britannique. Murray exerça une politique répressive afin de réduire toute velléité de résistance de la part des Canadiens-français. L'affaire Joseph Nadeau fut un des évènements tragiques de cette politique d'occupation militaire. Murray fit pendre Joseph Nadeau, capitaine de la milice canadienne qui participa activement aux combats contre les Anglais lors de la Bataille de Québec en 1759 et de Montréal en 1760. Meunier de profession, Joseph Nadeau brava les restrictions imposées par l'occupant britannique afin de nourrir la population canadienne. Murray le fit arrêter et pendre à une poutre extérieure du moulin à blé de Nadeau. Le corps resta exposé plusieurs jours avant d'être décroché secrètement[4].
Trois gouverneurs anglais
Jeffery Amherst conserva les trois districts existants de Québec, Trois-Rivières et Montréal, plaçant respectivement à leur tête Murray, Ralph Burton et Thomas Gage. Des points de contrôles militaires britanniques contrôlaient le passage d'un district à l'autre et les canadiens ne pouvaient traverser sans une autorisation du gouverneur[5].
Gouverneur de la Province de Québec
C'est par la Proclamation royale de 1763 que les autorités britanniques organisèrent leur nouveau territoire, qui devint la province de Québec. Murray en fut désigné gouverneur, avec prise d'effet le . Il n'avait cependant juridiction qu'en matière civile, les troupes étant sous le commandement de Burton. Les frictions furent nombreuses entre les deux hommes.
Instructions au gouverneur Murray, 7 déc. 1763
Murray, qui parlait couramment le français[5], tenta d'administrer l'ancienne Nouvelle-France en respectant la majorité canadienne-française, qui formait la presque totalité de la population. Mais il avait reçu de Londres des directives possiblement secrètes qui modifiait certains détails de la Proclamation royale; les Instructions au gouverneur Murray, 7 déc. 1763. Les articles 28 et suivants concernent la disparition de la langue française, et la religion catholique afin de parvenir à établir l'Église anglicane et les écoles anglaises[6]. Constatant le peu de succès de l'immigration britannique, il essaya d'appliquer une politique de conciliation dans le but de s'assurer de la fidélité des Canadiens envers les conquérants et d'éviter la confrontation, mais il en était empêché par la loi britannique que son gouvernement avait mise en place et qui était fort discriminatoire envers les catholiques, ceux-ci étant écartés de toutes fonctions civiles ou judiciaires[7]. Il méprisait les marchands britanniques qui n’étaient aucunement intéressés à se concilier les français et qui se comportaient en conquérants.
D'abord méfiant envers les curés et les ordres religieux, il changea peu à peu d'attitude et en vint à se fier à eux pour la préservation de l'ordre dans les paroisses, en échange de son assistance financière ou autre. La succession épiscopale au diocèse de Québec fut un des plus épineux problèmes durant son mandat. D'abord opposé à toute présence d'un représentant de la « hiérarchie papiste » dans la province, il acceptait cependant la nomination d'un « surintendant de la religion romaine » élu par le chapitre, approuvé par le gouvernement britannique et consacré par le pape. Il favorisa en 1764 l'élection de Jean-Olivier Briand à ce titre, et celui-ci fut sacré en France en 1766, mettant fin à six ans de vacance du siège épiscopal.
Bien que la Proclamation royale de 1763 prévoyait la création d'une Chambre d'assemblée, Murray ne mit jamais à exécution cette provision. En effet, les lois britanniques excluaient les catholiques de toute fonction s’exerçant sous l’autorité de la couronne, et Murray imaginait mal 200 propriétaires anglais (estimation de 1764) légiférant pour une population de quelque 70 000 catholiques canadiens.
Il perdit l'appui du gouvernement britannique avec l'arrivée au pouvoir des whigs en 1763, et fut de plus dénigré à Londres par les agents et associés des commerçants britanniques. Un incident survenu en , l'«affaire Thomas Walker», cristallisa les protestations des marchands, et ils obtinrent le rappel de Murray en . Celui-ci quitta Québec le . Il fut lavé des accusations portées contre lui, et conserva officiellement son poste de gouverneur jusqu'au , mais ne revint jamais au Canada.
Guy Carleton, qui remplaça James Murray, poursuivit la politique de conciliation envers les Canadiens.
Fin de carrière
Une fois en Angleterre, il continua sa carrière militaire, fut promu lieutenant général en 1772, et fut nommé en 1774 lieutenant-gouverneur, puis gouverneur de Minorque jusqu'en 1782. Il se comporta bravement lors du siège du fort Saint-Philippe par une armée franco-espagnole très supérieure en nombre, et se retira dans sa propriété du Sussex où il vécut les douze dernières années de sa vie.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Batailles 1759-1760
- (en) Les archives de James Murray (James Murray collection, R6395) sont conservées à Bibliothèque et Archives Canada
- Fonds James Murray à la Division de la gestion de documents et des archives de l'Université de Montréal.
Bibliographie
- G. P. Browne. « Murray, James », dans Dictionnaire biographique du Canada en ligne, University of Toronto et Université Laval, 2000
- (en) Arthur C. Murray. The Five Sons of "Bare Betty", Londres : John Murray, 1936, 211 p.
- (en) Mahon Reginald Henry. Life of General the Hon. Murray, a Builder of Canada: With A Biographical Sketch of the Family of Murray of Elibank, London : Murray, 1921, 457 p. (en ligne)
- (en) James Murray. Report of the State of the Government of Quebec in Canada, June 5, 1762, Québec : Dussault & Proulx, 1902, 64 p. (en ligne)
- James McPherson LeMoine. Le premier gouverneur anglais de Québec, le général James Murray, 1759-66: étude historique lue à Ottawa, le , Royal Society of Canada, 1890, 18 p.
- (en) James Murray. Journal of the Siege of Quebec, 1760, Quebec : Middleton & Dawson, 1871, 45 p. (en ligne)
- (en) William Draper. The Sentence of the Court-martial... for the Trial of the Hon. Lieut. Gen. James Murray, Late Governor of Minorca, on the Twenty-nine Articles Exhibited Against Him by Sir William Draper, London : Gurney Bookseller, 1783, 100 p. (en ligne)
- Dans Haldimand Collection « [* G. P. Browne. « Murray, James », de nombreuses références à la correspondance du Général Murray
Notes
- Les Britanniques passent à l’action, Commission des Champs de bataille nationaux.
- cf. biographie de LĂ©vis au DBC
- All Canada in the Hands of the British. par Cubbison, Douglas R. p.83-84
- Gaston Deschênes, L'année des Anglais : la côte-du-sud à l'heure de la conquête, , 180 p. (ISBN 978-2-921114-00-4, lire en ligne), p. 117.
- « Histoire (2): Le Régime britannique (1760-1840) », sur www.axl.cefan.ulaval.ca (consulté le )
- http://www.canadiana.ca/view/oocihm.9_03422/3?r=0&s=1, p.166
- Lionel-Groulx, Lendemains de conquête, Édition 10-10, 1977, page 132