Peuples algonquiens
Les peuples algonquiens ou Algonquiens[1] sont des PremiĂšres Nations appartenant Ă un vaste ensemble de nations autochtones du Canada et des Ătats-Unis (incluant notamment la nation des Algonquins), qui sont de souche commune et de langues apparentĂ©es et qui sont rĂ©partis depuis la cĂŽte atlantique jusqu'aux contreforts des Rocheuses.
2 : Algonquiens du Nord ou du Subarctique
3 : Algonquiens du Centre
4 : Algonquiens de l'Ouest
Ils sont l'un des plus nombreux et des plus étendus groupes de peuples autochtones d'Amérique du Nord. Ils rassemblaient à l'origine des centaines de tribus, et des centaines de milliers d'individus se réclament d'un peuple algonquien. Ce groupement est constitué des peuples qui parlent une langue algonquienne.
Langues
Le fait d'utiliser les noms de tribus pour identifier des groupes particuliers de peuples algonquiens et leurs langages est souvent trompeur. MĂȘme de nos jours, les mariages entre membres de groupes diffĂ©rents et les alliances Ă©troites entre communautĂ©s sont communes parmi ces populations. Leur langues sont Ă©galement similaires.
à travers le Canada, les locuteurs Cri pourront se comprendre sans trop de difficulté, et la langue ojibwé est assez proche des langues Cris de l'ouest pour demeurer partiellement compréhensible.
Ces divisions ont souvent été imposées par les efforts européens pour contrÎler les peuples indigÚnes, et leur donner une identité politique à l'européenne, mieux adaptée aux objectifs des colonisateurs. Mais dans ces communautés, les identités sont souvent beaucoup plus fongibles.
Le terme Algonquin a été imposé par les colons, alors que la nation algonquienne se désigne à l'aide du nom de Anishnabe[2].
Histoire
Avant l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens, la plupart des tribus algonquiennes vivaient de la chasse et de la pĂȘche, mĂȘme si certaines complĂ©taient leur alimentation en cultivant du maĂŻs, des haricots, des courges, et (particuliĂšrement chez les OjibwĂ©s) du riz sauvage.
Ă l'Ă©poque de l'Ă©tablissement des premiĂšres colonies en AmĂ©rique du Nord, les tribus algonquiennes occupaient la Nouvelle-France, ce qui est devenu la Nouvelle-Angleterre, le New Jersey, le sud-est de l'Ătat de New York, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Ăcosse, tout le Canada Ă l'est des montagnes Rocheuses, le Minnesota, le Wisconsin, le Michigan, l'Illinois, l'Indiana et, occasionnellement, le Kentucky. Ils Ă©taient principalement concentrĂ©s dans la rĂ©gion de la Nouvelle-Angleterre. La patrie des peuples algonquiens n'est pas connue.
à l'arrivée des Européens, ils étaient réguliÚrement en guerre avec leurs voisins de la Fédération iroquoise, ce qui les forçait à s'installer dans des régions non occupées par les Iroquois.
Pendant prĂšs de deux siĂšcles, la cohabitation entre les Algonquiens et les colons dâorigine europĂ©enne fut source de nombreux conflits donnant lieu Ă des centaines de traitĂ©s de paix. Cornstalk, Tecumseh et Pontiac Ă©taient des chefs algonquiens.
Politique
Les Algonquiens vivaient dans des communautés égalitaires et dirigées par des anciens respectés et des chefs de clan[3].
Les bonnes qualitĂ©s dâun chef Ă©taient la force, lâhabiletĂ©, le courage, les talents de chasseur, la sagesse et la plus importante, la gĂ©nĂ©rositĂ©. Effectivement, cette derniĂšre qualitĂ© Ă©tait primordiale pour un bon chef puisquâil ne prenait jamais de dĂ©cisions seul. Il devait convaincre les membres du conseil de ses dĂ©cisions, ce qui correspondait Ă son principal pouvoir. Cela menait donc Ă de trĂšs longues discussions[4].
Les nations et les bandes Ă©taient les principaux acteurs de la vie politique des Algonquiens. Le peuple Ă©tait divisĂ© en nations, qui pour leur part, Ă©taient subdivisĂ©es en clans, puis ces derniers Ă©taient Ă nouveau sĂ©parĂ©s en bandes. Chaque bande Ă©tait constituĂ©e de 35 Ă 75 personnes, ce qui correspondait Ă deux ou trois familles Ă lâĂ©poque. De plus, chaque clan possĂ©dait son propre territoire de chasse et de pĂȘche[5].
RĂŽles des hommes et des femmes
Hommes
Les hommes Ă©taient responsables de la chasse, de la pĂȘche, de la construction des maisons et du portage des canots. Les hommes Ă©taient aussi chargĂ©s du commerce se dĂ©roulant lâĂ©tĂ©, lors de la rencontre entre plusieurs bandes[6].
Femmes
Chez les Algonquiens vers 1500, les femmes Ă©taient les gardiennes de la culture et des traditions. Elles transmettaient de façon orale leurs savoirs Ă leurs filles, tels que lâutilisation de plantes mĂ©dicinales, les colorants, le tannage de peau et lâartisanat. Elles Ă©taient responsables dâentretenir les rĂ©serves de bois pour le chauffage, de la confection de vĂȘtements, de la cueillette de fruits sauvages et de la conservation des aliments. Lorsque la bande se dĂ©plaçait, les femmes devaient sâoccuper du transport des bagages[6].
Outils
Les Algonquiens utilisaient plusieurs outils pour la chasse comme des arcs et des flĂšches, des massues, des lances, des haches, des filets et des piĂšges[7]. Ils fabriquaient ces derniers avec ce quâils trouvaient dans la nature comme des branches en bois, de la pierre, des os et de lâĂ©corce[8].
Identités et répartition
Les Algonquiens sont généralement regroupés en quatre catégories.
Algonquiens de l'Est
Les Algonquiens de l'Est ou Algonquiens maritimes, Micmacs, Malécites et Abénaquis sont établis principalement le long des cÎtes, depuis les provinces Atlantiques, Québec jusqu'en Caroline du Nord.
Les Abénaquis étaient installés dans le Maine et l'est du Québec. Ces tribus pratiquaient l'agriculture.
Les Cheyennes sont des Algonquins originaires du sud des Grands Lacs. Lâexplorateur français Cavelier de La Salle les rencontre en 1680 dans le nord de lâactuel Illinois, habitant des villages permanents faits de grandes maisons de terres semblables Ă ceux des Mandans et des Arikaras. Ils fabriquent de la poterie et cultivent le tabac, le maĂŻs, le haricot et la courge.
Ă la fin du XVIIe siĂšcle, les Cheyennes se dĂ©placent vers lâouest, atteignant le Missouri, peut-ĂȘtre poussĂ©s par le dĂ©placement des Chippewas et des Sioux. Les Arapahos leurs alliĂ©s, un autre peuple algonquin, suivent la mĂȘme route. InstallĂ©s le long du Haut-Missouri et de ses affluents, les Cheyennes pratiquent toujours lâagriculture autour de leurs villages.
Les MalĂ©cites du Maine, du QuĂ©bec et du Nouveau-Brunswick, et les tribus Micmacs, des Provinces maritimes canadiennes vivaient principalement de la pĂȘche.
Les tribus algonquiennes de la Nouvelle-Angleterre comptent aussi les Mohicans, les Pequots, les Narragansetts, les Wampanoags, les Massachusetts, et les Penacock ou Pennacooks.
Algonquiens du Nord
Les Algonquiens du Nord ou du Subarctique, les Innus (Montagnais ou Naskapis), les Attikameks, et les Cris, qui occupent la zone subarctique canadienne, depuis le Labrador et le QuĂ©bec jusqu'au centre de l'Alberta, oĂč ils vivaient autrefois en petites bandes nomades.
Plus au nord se trouvaient les Betsiamites, les Attikameks et les Montagnais (Innus).
On croit que le peuple Beothuk de l'ßle de Terre-Neuve est aussi un peuple algonquien. Toutefois, les Beothuks ont disparu au début des années 1800 et peu de témoignages de leur langue et de leur culture subsistent.
Algonquiens du Nord-Ouest
Les Lakotas vivent dans le Dakota du Nord et le Dakota du Sud (Ătats-Unis) et aussi au Canada. Les sept branches lakotas sont : BrĂ»lĂ©s, Oglalas, Sans-Arcs, Hunkpapas, Miniconjous, Sihasapas (Pieds-Noirs/Blackfeet, Ă ne pas confondre avec l'homonyme peuple algonquien des Pieds-Noirs/Blackfoot) et Two Kettles.
En dĂ©cembre 2007, une dĂ©lĂ©gation conduite par Russell Means et disant reprĂ©senter les Lakotas a dĂ©clarĂ© rompre les traitĂ©s qui les lient aux Ătats-Unis, proclamant ainsi leur indĂ©pendance (voir RĂ©publique Lakota), et annonçant qu'ils allaient produire leurs propres passeports et permis de conduire. PrĂšs de la moitiĂ© du territoire de l'Ătat sĂ©cessionniste se situe dans le Dakota du Sud.
Les Arapahos étaient de proches alliés des Cheyennes et généralement des Sioux.
Une fois établi dans son nouveau territoire, le peuple a commencé à étendre sa présence sur les plaines par le commerce, la guerre et les alliances avec les autres tribus.
Ils formaient avec les Cheyennes une enclave de langue algonquine dans l'Ouest. Les Arapahos du Nord habitent aujourd'hui sur la réserve indienne de Wind River au nord de Lander dans le Wyoming. Une partie du peuple Arapahos fut séparée du groupe et forma un peuple indépendant appelé « Atsinas » ou « Gros Ventres ».
Il semblerait que les Arapahos habitaient dans le Minnesota et le Dakota du Nord avant l'arrivée des Européens. L'expansion de ces derniers les aurait poussés vers l'ouest dans le Colorado, le Wyoming et le Kansas.
Algonquiens du Centre
Les Ojibwés, Miamis et Illinois sont établis depuis la région des Grands Lacs jusqu'au Mississippi.
Ă l'ouest, les OjibwĂ©s â ou Chippewa â et quelques groupes Crees vivaient dans le Minnesota, le Wisconsin, le nord du Michigan, l'ouest de l'Ontario et les Prairies canadiennes.
Algonquiens du Sud
Vers 1830, certains clans cheyennes sâĂ©loignent vers le sud, atteignant lâest du Colorado et du Kansas. Ils deviendront les Cheyennes du Sud. Une partie des Arapahos suivra la mĂȘme voie. Les Cheyennes demeurĂ©s au Wyoming et au Montana sâunissent Ă©troitement aux Lakota et aux Arapaho restĂ©s au nord. Ils sont connus comme les Cheyennes du Nord.
Il faut ajouter au nombre des peuples algonquiens :
- les Mohicans, les Ojibwés, les Lenapes (ou Delaware) ;
- les Mohegans, les Powhatans, les Pamlico ;
- les Nanticokes, les Montauks, les Menominee ;
- les Chaouanons (ou Shawano), les Mesquakies, les Potéouatamis (ou Potawatami) ;
- les Sauks (ou Sac, ou Sack, ou Asakiwaki), les Outaouais et les Kickapous.
Algonquiens de l'Ouest
Les Arapahos, Pieds-Noirs et Cheyennes sont installés dans les plaines de l'Ouest canadien et américain.
Comparatif entre Iroquoiens et Algonquiens
Tableau comparatif | Iroquoiens | Algonquiens |
---|---|---|
Structure sociale | Matriarcale | Patriarcale |
Mode de vie | SĂ©dentaire | Nomade |
Aliment de base | MaĂŻs, courges, fĂšves (agriculture) | Gibier, poisson (chasse et pĂȘche) |
Habitation | Maisons longues dans un village entouré d'une palissade (bois) | Wigwams ou tipi dans un campement (bois) |
Habillement | Fait en peaux d'animaux | Fait en peaux d'animaux |
Statut politique | Décisions prises par consensus, droit de déclarer la période de guerre, droit de parole puissant | Chef de bande choisi par la tribu, décisions prises par consensus, droit de parole faible |
RĂŽle des femmes | TĂąche domestique, enfants, dĂ©cisions, rĂ©coltes, confection de vĂȘtements, prĂ©paration des repas | TĂąches domestiques, enfants, confection vĂȘtements, cueillette, prĂ©paration de la viande |
Références
- Claude Poirier (dir.), Dictionnaire historique du français québécois (lire en ligne).
- (en-US) « Origin of the name âAlgonquinâ? | Conseil Tribal » (consultĂ© le ).
- Peuples algonquiens sur L'Encyclopédie canadienne.
- « Choisir son chef », sur primaire.recitus.qc.ca (consulté le ).
- « Les nations et les bandes », sur primaire.recitus.qc.ca (consulté le ).
- « BibliothĂšque virtuelle Algonquiens (notions avancĂ©es) », sur www.alloprof.qc.ca (consultĂ© le ).
- « Des vĂȘtements et des objets adaptĂ©s », sur primaire.recitus.qc.ca (consultĂ© le ).