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Ouvrage du Col-de-Crous

L'ouvrage du Col-de-Crous est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, situĂ© entre 2 180 m et 2 220 m d'altitude, de part et d'autre du col de Crous (2 202 m), sur la commune de PĂ©one dans le dĂ©partement des Alpes-Maritimes.

Ouvrage du Col-de-Crous
La casemate à deux créneaux pour mitrailleuses.
La casemate à deux créneaux pour mitrailleuses.

Type d'ouvrage Petit ouvrage d'infanterie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur Mounier,
quartier Haut-Var
Année de construction 1932–1939
RĂ©giment 74e BAF
Nombre de blocs 3 (inachevé)
Effectifs 98 hommes et deux officiers
CoordonnĂ©es 44° 10′ 00″ nord, 6° 54′ 22″ est

Il s'agit d'un petit ouvrage d'infanterie[n 1] servant d'abri actif, construit sur la « position de rĂ©sistance Â» en arrière de la ligne d'avant-poste dans le secteur fortifiĂ© des Alpes-Maritimes.

Description

L'ouvrage est installĂ© sur l'ubac et l'adret du col de Crous, situĂ© Ă  2 202 mètres d'altitude, assurant le passage entre la vallĂ©e du TuĂ©bi avec PĂ©one au sud et le vallon de Roya et donc la vallĂ©e de la TinĂ©e au nord.

Position sur la ligne

Les fortifications françaises construites le long des frontières orientales de la mer du Nord jusqu'Ă  la mer MĂ©diterranĂ©e dans les annĂ©es 1930, surnommĂ©es la « ligne Maginot », Ă©taient organisĂ©es en 24 secteurs, eux-mĂŞmes subdivisĂ©s hiĂ©rarchiquement en plusieurs sous-secteurs et quartiers. L'ouvrage du Col-de-Crous Ă©tait situĂ© dans la partie la plus au nord du secteur fortifiĂ© des Alpes-Maritimes formant le quartier du Haut-Var. Dans ce secteur, le relief du massif du Mercantour favorise Ă©normĂ©ment le dĂ©fenseur, avec deux barrières montagneuses entre la vallĂ©e de la Stura (cĂ´tĂ© italien) et la vallĂ©e du Haut-Var (cĂ´tĂ© français) : la première ligne de crĂŞtes (qui culmine au mont TĂ©nibre Ă  3 031 mètres d'altitude) que suit la frontière franco-italienne n'est franchissable que par deux sentiers muletiers ; la seconde barrière est Ă  15 km plus au sud, culminant au mont Mounier (2 817 m). Entre les deux, la TinĂ©e a creusĂ© une vallĂ©e orientĂ©e du nord-ouest au sud-est.

Les dĂ©fenses du quartier du Haut-Var Ă©taient organisĂ©es en profondeur : la première sĂ©rie se trouvait dans la haute-vallĂ©e de la TinĂ©e, composĂ©e des petits points d'appui tenus par les sections d'Ă©claireurs-skieurs (SES) ainsi que de l'avant-poste de Saint-Dalmas-le-Selvage (le seul du quartier). La seconde sĂ©rie devait ĂŞtre composĂ©e de trois ouvrages bĂ©tonnĂ©s servant d'« abris actifs » bloquant le passage par les cols de Gialorgues (44° 13′ 22″ N, 6° 48′ 31″ E), de Pal (44° 11′ 35″ N, 6° 50′ 36″ E) et de Crous : les deux premiers furent remplacĂ©s par de simples abris en tĂ´le mĂ©tro[2] - [3] et le troisième fut inachevĂ©. Enfin, encore un peu plus en arrière, Ă©taient implantĂ©es les positions de tir de l'artillerie de position, les postes de commandement, les dĂ©pĂ´ts de munitions, les casernements, etc.

Le petit ouvrage avait pour mission d'arrêter les assaillants italiens éventuels qui, venus du col de la Lombarde et du vallon de Chastillon (en territoire italien de 1860 à 1947), se seraient d'abord emparés d'Isola et de son avant-poste avant de remonter la Tinée puis le vallon de Roya jusqu'au col de Crous pour, ensuite, occuper Péone et, de là, le reste du Haut-Var avec Guillaumes et la haute vallée du Cians avec Beuil.

Composition

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui du Col-de-Crous est conçu pour résister à un bombardement d'obus de gros calibre. Les organes de soutien sont donc aménagés en souterrain, creusés sous plusieurs mètres de roche, tandis que les organes de combat, dispersés en surface sous forme de blocs, sont protégés par d'épais cuirassements en acier et des couches de béton armé. Les installations souterraines abritaient un casernement pour l'équipage, un système de ventilation, une cuisine, un poste de secours, des latrines, des lavabos, un petit stock de munitions, un stock de vivres, une usine (mais le petit groupe électrogène n'a pas été installé), ainsi que des réservoirs d'eau.

Initialement prĂ©vu avec quatre blocs, le petit ouvrage est constituĂ© de deux blocs sur l'ubac et d'une entrĂ©e en « tĂ´le mĂ©tro Â» (aujourd'hui Ă©crasĂ© par un Ă©boulement) sur l'adret du col :

  • bloc 1 : entrĂ©e nord-ouest non rĂ©alisĂ©e ;
  • bloc 2, partiellement rĂ©alisĂ© : entrĂ©e sud-est mixte (hommes, matĂ©riels et munitions) protĂ©gĂ©e par un simple abri en « tĂ´le mĂ©tro Â» ;
  • bloc 3 : un observatoire sans sa cloche d'observation (le cuirassement n'a pas Ă©tĂ© installĂ©) ;
  • bloc 4 : une casemate Ă  deux crĂ©neaux pour jumelage de mitrailleuses (deux MAC 1931 F montĂ©es ensemble, tirant alternativement pour permettre le refroidissement des tubes) protĂ©gĂ©s par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat).

Les mitrailleuses de l'ouvrage tirent la cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[4]. Pour la mitrailleuse MAC modèle 1931 F, la portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en Ă©lĂ©vation Ă  15°), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[5], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[6]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac.

Histoire

Construction

Le projet date de 1932, modifié en 1933. Le petit ouvrage a été construit de 1932 à 1939[7] par la main-d'œuvre militaire (MOM), plus précisément par un détachement du 27e régiment de tirailleurs algériens (en garnison à Avignon) sous la supervision du personnel du 7e régiment du génie[8].

Mais les conditions climatiques en haute-altitude, le manque de moyens et le caractère non-prioritaire du chantier retardent l'avancement des travaux. En , les combats contre les Italiens annulent tous les travaux prévus pour la saison estivale.

Les combats

Le petit ouvrage n'a pas participé directement aux combats de 1940 car les militaires italiens ont été arrêtés à Isola et sur la rive gauche (est) de la haute Tinée.

État actuel

Les installations du petit ouvrage du Col-de-Crous et le camp de Peira-Grossa sont actuellement Ă  l'Ă©tat d'abandon.

Notes et références

Notes

  1. L'appellation d'« ouvrages » pour désigner les abris actifs est sujet à débats. Selon Philippe Truttmann, « les abris-actifs jouent, dans le Sud-Est, le rôle dévolu aux ouvrages d'infanterie ; ils s'appellent d'ailleurs parfois petits ouvrages »[1].

Références

  1. Truttmann 2009, p. 235.
  2. « COL DE GIALORGUE ( Casernement ) », sur http://wikimaginot.eu/.
  3. « COL de PAL ( Casernement ) », sur http://wikimaginot.eu/.
  4. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  5. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  6. Mary et Hohnadel 2009, tome 2, p. 110.
  7. André Clary, « Le col de Crous ou les militaires à Péone (06) », dans Péone au fil des siècles, Éditions IPAAM, coll. « Mémoires de l'Institut de Préhistoire et d'Archéologie » (no volumes 52 à 53), , 543 p. (ISBN 978-2-9518478-9-7), p. 454 et 455.
  8. « COL de CROUS (C) ( Ouvrage d'infanterie ) », sur http://wikimaginot.eu/.

Voir aussi

Bibliographie

  • AndrĂ© Clary (colonel d'infanterie de marine er) , « Le col de Crous ou les militaires Ă  PĂ©one (06)  », dans PĂ©one au fil des siècles, t. LII/LIII, Nice, Institut de prĂ©histoire et d'archĂ©ologie Alpes mĂ©diterranĂ©e (IPAAM), , 543 p., grand format 21x29 (ISBN 978-2-9518478-9-7), p. 449 Ă  468.
  • Jean-Louis Panicacci, « Le secteur fortifiĂ© des Alpes-Maritimes (SFAM) Â» - carte lĂ©gendĂ©e des gros et petits ouvrages ou avant-postes et des casemates de 2e position - page 28 du numĂ©ro 207 de juin- de la revue « Sourgentin-Le magazine du pays niçois Â», Nice. NumĂ©ro consacrĂ© Ă  « La dĂ©couverte des fortifications Â» des Alpes-Maritimes. ISSN 1243-0773.
  • Jean-Louis Panicacci, Les Alpes-maritimes de 1939 Ă  1945, Édition Serre, Nice, 1989, 399 pages, (ISBN 2-86410-134-3).
  • Gil Emprin et Jacques Loiseau, Alpes en guerre 1939-1945 - Une mĂ©moire en partage, collection « Les patrimoines Â», Éditions Le DauphinĂ© LibĂ©rĂ©, 52 pages petit format 15x21.
  • Carte topographique TOP 25 Ă©ditĂ©e par l'Institut gĂ©ographique national (IGN) : n° 3640 OT « HAUT-CIANS - Valberg - Parc national du Mercantour » au 1/25000.
  • Carte topographique TOP 25 Ă©ditĂ©e par l'Institut gĂ©ographique national (IGN) : n° 3639 OT « HAUTE TINÉE 1 - Auron - Parc national du Mercantour » au 1/25000.
  • Carte gĂ©ologique au 1/50000 n° XXXVI-40 « ST-ÉTIENNE-DE-TINÉE » Ă©ditĂ©e par le Bureau de recherches gĂ©ologiques et minières (BRGM).
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).
  • Philippe Truttmann (ill. FrĂ©dĂ©ric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'Ă©volution des systèmes fortifiĂ©s d'Europe occidentale de 1880 Ă  1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (rĂ©impr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X).

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