Accueil🇫🇷Chercher

Ouvrage de Restefond

L'ouvrage de Restefond est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située sur la limite entre les communes de Jausiers et de Saint-Dalmas-le-Selvage, c'est-à-dire la limite entre les départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes.

Ouvrage de Restefond
Bloc 1 : entrée de l'ouvrage de Restefond.
Bloc 1 : entrée de l'ouvrage de Restefond.

Type d'ouvrage Gros ouvrage d'artillerie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié du Dauphiné
└─ sous-secteur Jausiers,
quartier Restefond
Numéro d'ouvrage O 1235 ?
Année de construction 1932-1939 (inachevé)
RĂ©giment 73e BAF et 162e RAP
Nombre de blocs 7 (8 prévus)
Type d'entrée(s) Entrée mixte
Effectifs 216 hommes et 10 officiers ( commandant l'ouvrage : capitaine Dalstein, capitaine Benony le 19 mars 1940, capitaine Gilotte le 29 mai)
CoordonnĂ©es 44° 19′ 48,98″ nord, 6° 48′ 32,02″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Alpes-Maritimes

Il s'agit d'un gros ouvrage d'artillerie, situĂ© Ă  2 733 mètres d’altitude entre le col de la Bonette et le col de Restefond, au pied du Restefond et de la cime des Trois Serrières, Ă  proximitĂ© de la route D 64. Construit pendant les annĂ©es 1930, il ne fut jamais terminĂ© avant les combats de juin 1940.

Construction

Le gros ouvrage du Restefond correspond à un projet de la CORF validé fin 1929. Cependant, à la déclaration de guerre, il était loin d’être achevé et l’on termina donc précipitamment les blocs commencés ; les cloches, et d’autres équipements, non installés sont restés depuis à l’abandon près des écuries du fortin du Restefond.

Le gros ouvrage du Restefond aurait dû avoir huit blocs mais, en raison des difficultés de construire à cette altitude et des nombreuses modifications (en 1930, 1932, 1934 et 1937) demandées par la CORF, seuls les blocs 3 et 6 étaient construits en 1939. Les autres blocs n’étaient pas achevés, voire pas commencés, et la construction du bloc 7 fut reportée à un programme complémentaire. Les aménagements souterrains n’avaient pas non plus été terminés.

Mission

La mission du bloc d’artillerie (bloc 6) d’action frontale[1] était d’interdire les cols frontaliers de Pouriac et du Fer (deux canons-obusiers 75/32) ainsi que le Pas de la Cavale, le ravin du Salso Moreno et le col des Fourches (Un mortier 75 Mle 1931). L'ouvrage fournissait donc l'appui d'artillerie nécessaire à la défense de l'ensemble du quartier Restefond.

Le bloc d’infanterie (bloc 4) avait pour mission de battre les pentes du vallon de la Tinée, jusqu’à Bousiéyas (une cloche GFM et une cloche JM).

Composition

Vue générale des blocs de combats de l'ouvrage de Restefond.

La composition théorique de l’ouvrage était la suivante :

  • Bloc 1 (entrĂ©e) : en 1939, le bloc n’avait pas Ă©tĂ© construit et il n’y avait qu’une entrĂ©e provisoire qui utilisait la galerie amĂ©nagĂ©e pour construire les souterrains. La porte actuelle, en bordure de route, n’existait donc pas ; elle a Ă©tĂ© construite en 1956 seulement. Le bloc prĂ©vu devait ĂŞtre une entrĂ©e du type alpin : une seule porte servant au passage des hommes et du matĂ©riel, un pont-levis d’accès, deux crĂ©neaux en caponnière de protection et deux cloches (Cloche lance-grenades et cloche GFM)[2].
  • Bloc 2 : ce bloc d’artillerie devait ĂŞtre construit Ă  l’extrĂ©mitĂ© Nord de l’ouvrage. Il devait ĂŞtre Ă©quipĂ© d’une cloche GFM, de deux mortiers de 81 mm tirant vers le col des Granges Communes et ĂŞtre utilisĂ© comme point de dĂ©part de la galerie menant Ă  l’issue de secours de l’ouvrage sur la pente ouest.
  • Bloc 3 : ce bloc, qui fait face au ravin de la Bonette, Ă  contre-pente, est Ă©quipĂ© d’une cloche GFM et d’une cloche JM seulement.
  • Bloc 4 : situĂ© juste au sud du prĂ©cĂ©dent, Ă  contre-pente Ă©galement, il est Ă©quipĂ© successivement d’une cloche JM type A, d’une cloche VDP d’observation pour l’artillerie de l’ouvrage et d’une cloche GFM.
  • Bloc 5 : il devait ĂŞtre situĂ© au sommet de la crĂŞte, entre les blocs 2 et 3, et croiser ses feux avec le gros ouvrage de Rimplas (secteur fortifiĂ© des Alpes-Maritimes) pour protĂ©ger de ses feux les avant-postes de Las Planas et de Saint-Dalmas-le-Selvage. Il Ă©tait prĂ©vu d’y installer deux canons-obusiers 75/32 et un mortier 75/31[3].
  • Bloc 6 : il a le mĂŞme armement que celui prĂ©vu pour le bloc 5, deux canons-obusiers 75/32 et un mortier 75/31 avec, comme pour tous les blocs CORF, un lance-grenades et deux crĂ©neaux FM de dĂ©fense.
  • Bloc 7 : reportĂ© Ă  un programme complĂ©mentaire, sa construction a en fait Ă©tĂ© annulĂ©e car la vieille tourelle de 75 mm R modèle 1905, modifiĂ©e en tourelle pour deux armes mixtes, dont il devait ĂŞtre Ă©quipĂ©, ne permettait pas de battre les cols frontières de Larche, de Pouriac et du Fer.
  • Bloc 8 : situĂ© sur la contre pente ouest, ce bloc n’est en fait que la cheminĂ©e d’aĂ©ration de l’ouvrage ; il servait Ă©galement d’issue de secours, celle prĂ©vue par le bloc 2 n’ayant pas Ă©tĂ© construite.
L'usine Ă©lectrique.

Comme tous les ouvrages CORF, il disposait dans ses dessous de tous les aménagements prévus : casernement, cuisine, latrines, PC, poste de secours, stocks de munitions, d'eau, de gazole et de nourriture. L'électricité était fournie par le réseau civil, mais en cas de coupure l'ouvrage dispose de trois groupes électrogènes, composés chacun d'un moteur Diesel CLM 308 (fournissant 75 ch à 750 tr/min)[4] couplé à un alternateur. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau.

  • Galerie principale.
    Galerie principale.
  • Chambre de troupe.
    Chambre de troupe.
  • Chambre de troupe.
    Chambre de troupe.
  • Les sanitaires.
    Les sanitaires.
  • Les sanitaires.
    Les sanitaires.
  • Les sanitaires.
    Les sanitaires.
  • L'infirmerie.
    L'infirmerie.
  • La chaudière au fioul.
    La chaudière au fioul.
  • L'usine Ă©lectrique : le groupe auxiliaire CLM.
    L'usine Ă©lectrique : le groupe auxiliaire CLM.
  • Le central tĂ©lĂ©phonique.
    Le central téléphonique.
  • Vestiges d'un coffrage, partie non achevĂ©e de l'ouvrage de Restefond.
    Vestiges d'un coffrage, partie non achevée de l'ouvrage de Restefond.
  • La partie inachevĂ©e de l'ouvrage de Restefond.
    La partie inachevée de l'ouvrage de Restefond.
  • La partie inachevĂ©e.
    La partie inachevée.
  • Bloc 6, le monte charge du bloc (Ă©tage infĂ©rieur).
    Bloc 6, le monte charge du bloc (étage inférieur).
  • Bloc 6, la machinerie d’ascenseur.
    Bloc 6, la machinerie d’ascenseur.
  • Bloc 6, magasin Ă  munitions.
    Bloc 6, magasin Ă  munitions.
  • Bloc 6, le rĂ©ceptacle Ă  douilles.
    Bloc 6, le réceptacle à douilles.
  • Bloc 6, Le PC du bloc.
    Bloc 6, Le PC du bloc.
  • Bloc 6, Le PC du bloc.
    Bloc 6, Le PC du bloc.
  • Bloc 6, Le PC du bloc.
    Bloc 6, Le PC du bloc.
  • Sortie de secours dans le fossĂ© diamant.
    Sortie de secours dans le fossé diamant.

Son effectif théorique était de 10 officiers et de 216 hommes. En 1940, il était commandé par le capitaine Gilotte. L’artillerie de l’ouvrage était rattachée au 162e RAP et l’infanterie à la 157e DBAF[5].

Les combats

Le commandant de l'ouvrage était le capitaine Dalstein, puis le capitaine Benony le , enfin le capitaine Gilotte le . Le gros ouvrage du Restefond est intervenu dans les combats de , avec son seul bloc d’artillerie actif (B6), pour interdire le passage des cols frontaliers et battre le ravin du Salso Moreno afin de bloquer la progression des Alpini vers l’avant-poste du Col-des-Fourches.

  • Bloc 6, chambre de tir pour obusier de 75 mle 32.
    Bloc 6, chambre de tir pour obusier de 75 mle 32.
  • Bloc 6, chambre de tir pour obusier de 75 modèle 1932.
    Bloc 6, chambre de tir pour obusier de 75 modèle 1932.

État actuel

Galerie principale avec la neige.

Comme tous les ouvrages du secteur, le gros ouvrage du Restefond est totalement abandonné.

Les objets métalliques facilement transportables ainsi que le cuivre contenu dans les moteurs ont disparu lors de l'envolée du prix des métaux de 2006.

Ce phénomène touche la majorité des ouvrages facilement accessibles.

Notes et références

  1. C’est-à-dire face à l’axe de progression de l’ennemi et non en flanquement comme c’était la règle dans la fortification CORF.
  2. En 1976, cette cloche gisait encore à proximité de l'ouvrage (Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, Gérard Klopp éditeur, 1985, p. 213.). Il semble qu'elle ait aujourd'hui disparu.
  3. Le mortier de 75 mm, modèle 1931, avait une portĂ©e de 6 000 m seulement et il n’a Ă©tĂ© employĂ© que dans les Alpes.
  4. La CLM, Compagnie lilloise de moteurs, produit Ă  Fives-Lille des moteurs dĂ©veloppĂ©s par Junkers : les CLM 308 ont trois cylindres fonctionnant en deux temps, avec chacun deux pistons en opposition, ayant un total de 7 750 cm3 de cylindrĂ©e (alĂ©sage de 108 mm).
  5. Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu'elle Ă©tait, ce qu'il en reste, Sercap, 1985, p. 295.

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri BĂ©raud, La Seconde Guerre mondiale dans les Hautes-Alpes et l'Ubaye, SociĂ©tĂ© d'Ă©tudes des Hautes-Alpes, 1990.
  • Philippe Lachal, Fortifications des Alpes, leur rĂ´le dans les combats de 1939-1945, Ubaye-Ubayette-Restefond, Éditions du Fournel, 2006.
  • Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu'elle Ă©tait, ce qu'il en reste, Sercap, 1985.
  • GĂ©nĂ©ral Étienne Plan et Eric Lefevre, La bataille des Alpes, 10-, Charles Lavauzelle, 1982.
  • Claude Raybaud, Fortifications de l'Ă©poque moderne dans les Alpes-Maritimes, Serre Ă©diteur, 1992.
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2), , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.