Accueil🇫🇷Chercher

Mont MĂ©gantic

Le mont Mégantic est la montagne centrale du massif du Mont-Mégantic, une montérégienne située en Estrie, au Québec (Canada). L'observatoire du Mont-Mégantic est situé sur son sommet. Il est le centre géographique approximatif du parc national du Mont-Mégantic et de la réserve internationale de ciel étoilé.

Mont MĂ©gantic
Le mont MĂ©gantic vu du mont Saint-Joseph
Le mont MĂ©gantic vu du mont Saint-Joseph
GĂ©ographie
Altitude 1 105 m
Massif Massif du Mont-MĂ©gantic
CoordonnĂ©es 45° 26′ 57″ nord, 71° 09′ 49″ ouest
Administration
Pays Drapeau du Canada Canada
Province Québec
RĂ©gion Estrie
Ascension
Voie la plus facile Route asphaltée jusqu'au sommet
GĂ©ologie
Âge Crétacé
Roches Granite
GĂ©olocalisation sur la carte : Canada
(Voir situation sur carte : Canada)
Mont MĂ©gantic
Géolocalisation sur la carte : Québec
(Voir situation sur carte : Québec)
Mont MĂ©gantic

Toponymie

Vue de l'observatoire au sommet

Le mont Mégantic emprunte son nom au lac du même nom[1]. Mégantic est un mot originaire de la langue abénaquise. En 1884, le chef abénaqui Jos Laurent lui donnait le nom de Namakottik ou bien sous une forme plus ancienne Namagwottik qui signifie « lieu où il y a de la truite de lac ». En 1979, la linguiste Janet Warne, au cours de son inventaire toponymique en milieu abénaqui, proposa comme origine Namagôntekw qui a pour signification « au camp des truites saumonées ». Cette signification a été reprise par le Grand conseil de la nation Waban-Aki en 1985 sous la forme Namagôtegw[2].

La plus vieille mention de la montagne sous ce nom apparaît dans la description du canton de Marston par l'arpenteur Frederic William Blaiklock « ... the north-east slope of Megantic Mountain »[1]. Elle est aussi connue localement sous les noms de Saint-Joseph, de Saint-Léon, de Chesham ou de Val-Racine ou bien en anglais sous le nom de Saddle Mountain[1] - [3]. D'autres lieux portent un nom semblable au Maine comme le lac Mooselookmeguntic (en) et le mont Megunticook[3].

GĂ©ographie

Situation

Vue depuis le flanc du mont MĂ©gantic.

Le mont MĂ©gantic est situĂ© dans le Sud-Ouest du QuĂ©bec, Ă  l'Est de l'Estrie, Ă  la limite des municipalitĂ©s rĂ©gionales de comtĂ© du Granit et du Haut-Saint-François. Il se trouve Ă  60 km Ă  l'est de Sherbrooke et Ă  25 km au sud-ouest de Lac-MĂ©gantic. Il n'est qu'Ă  une quinzaine de kilomètres de la frontière canado-amĂ©ricaine. Avec ses 1 105 m d'altitude, il est le plus haut des huit sommets du massif du Mont-MĂ©gantic, et l'un des trois du massif Ă  dĂ©passer 1 000 m. Il est le 16e plus haut sommet du QuĂ©bec et le plus haut lieu de la province accessible en automobile[4].

Topographie et hydrographie

Le massif du Mont-MĂ©gantic est un massif isolĂ© situĂ© sur un haut-plateau dont l'altitude varie entre 450 et 600 m. Le massif lui-mĂŞme prend la forme d'une crĂŞte circulaire ayant un diamètre de huit kilomètres entourant un relief central, le mont MĂ©gantic. La crĂŞte est composĂ©e de sept sommets dont deux autres (les monts Victoria et Saint-Joseph) franchissent les mille mètres. La crĂŞte et le relief central sont sĂ©parĂ©s par trois vallĂ©es dont la plus importante est celle du ruisseau de la Montagne[5].

Bassins versants du mont MĂ©gantic

La quasi-totalité des eaux du mont Mégantic s'écoule vers la rivière au Saumon, un affluent du Saint-François. Une petite partie du flanc nord-est s'écoule vers la rivière Victoria, qui se jette dans le lac Mégantic. Les trois principaux sous-bassins sont ceux du ruisseau de la Montagne au nord du massif, du ruisseau Fortier au sud-ouest et du ruisseau Deloge au sud-est[6].

GĂ©ologie

Le massif du Mont-Mégantic doit son origine à un pluton qui se serait arrêté à environ à deux kilomètres sous la surface. Composé de roche plus dure que les roches qui l'encaissent, l'érosion subséquente a ensuite révélé au grand jour la montagne. Le massif est aussi considérablement plus jeune que l'orogenèse qui a créé les Appalaches, lesquelles ont entre 450 et 290 millions d'années. Les différentes datations estiment l'âge des roches à 125 millions d'années, soit presque exactement celui des collines Montérégiennes. Elle est aussi dans le prolongement de l'axe est-ouest que ces dernières forment à partir de Montréal[7].

L'interprétation la plus répandue de l'origine des plutons montérégiens est celle du point chaud. Un point chaud est une région du manteau terrestre ayant une température plus élevée. Cette bulle de chaleur favorise l’apparition d’intrusion dans l'écorce terrestre. Le déplacement des plaques tectoniques par rapport à ce point provoque la création d'un chapelet de volcans ou de plutons. Suivant cette théorie, les collines Montérégiennes seraient reliées à certains plutons des montagnes Blanches ainsi qu'aux monts sous-marins de la Nouvelle-Angleterre. Cependant, certains géologues pensent que l'origine des plutons montérégiens résulterait plutôt de la réactivation de failles lors de l'ouverture de l'océan Atlantique[8].

À la différence des crêtes périphériques et des vallées qui les séparent du massif central, le mont Mégantic est composé de granite. La raison de cette différenciation a longuement été débattue. L'hypothèse dominante était autrefois que le massif est un dyke annulaire et que le pluton a été une succession rapide de trois intrusions différenciées qui se sont insérées de façon concentrique. L'autre hypothèse est que l'intrusion est à l'origine gabbroïtique, mais que les couches superficielles ont été contaminées par la roche encaissante sur le kilomètre supérieur. Les analyses du champ gravitationnel du massif tendent à corroborer la seconde hypothèse[9].

Lors de la glaciation du Wisconsin, il y a 20 000 ans, le massif a Ă©tĂ© recouvert par un inlandsis ayant une Ă©paisseur d'environ trois kilomètres. Il est raisonnable de penser, vu que le retrait allait du sud-est vers le nord-ouest, que le mont MĂ©gantic a Ă©tĂ©, avec le mont Gosford, parmi les premières « terres Ă©mergĂ©es Â» du QuĂ©bec, il y a environ 12 000 ans. Les sommets des monts MĂ©gantic et Saint-Joseph ont alors percĂ© le dĂ´me du glacier formant des nunataks. La dĂ©glaciation totale du massif a durĂ© entre deux et trois siècles[10].

Climat

Le mont MĂ©gantic en paysage hivernal le 17 mai 2016.

Le massif est Ă©galement l'un des sites les plus enneigĂ©s au QuĂ©bec, semblable aux monts Valin situĂ©s au nord de la rivière Saguenay et aux monts Chic-Chocs en GaspĂ©sie, mĂŞme s'il est au sud de la province ; une rĂ©cente Ă©tude de l'UniversitĂ© de Sherbrooke Ă©value les prĂ©cipitations de neige et des prĂ©cipitations orographiques (le gel de l'air humide près du sommet) entre 600 et 635 cm annuellement Ă  1 000 m d'altitude[11].

Histoire

Carte des expéditions de Montgomery et d'Arnold en 1775.

Aucun site archĂ©ologique de la pĂ©riode prĂ©-contact n'a Ă©tĂ© trouvĂ© au mont MĂ©gantic. La montagne est cependant visible du lac aux AraignĂ©es, oĂą ont Ă©tĂ© trouvĂ©es les plus anciennes traces de l'occupation humaine au QuĂ©bec, qui datent d'environ 12 000 ans. La rĂ©gion est situĂ©e au carrefour de voies navigables importantes reliant le Connecticut au Saint-François et la Kennebec Ă  la Chaudière[12].

Le premier Européen à fréquenter la région du mont Mégantic est un émissaire envoyé par Samuel de Champlain en 1629 pactiser avec les Abénaquis via la Chaudière et la Kennebec. Ces derniers occupaient, grosso modo, un territoire comprenant le Maine, le Nouveau-Brunswick et le Québec au sud du Saint-Laurent. Cette route fut ensuite empruntée par de nombreux explorateurs, trafiquants, espions et des expéditions militaires. La plus célèbre d'entre elles est celle de Benedict Arnold en 1775 qui, en tentant de conquérir Québec par la Chaudière, s'enlisa dans les marais du lac Mégantic et perdit une bonne partie de ses hommes. Il arriva à Québec en novembre, affaibli. Quant aux Abénaquis, décimés par les colons anglais et les maladies, ils se réfugièrent à Odanak et Wôlinak dans la vallée du Saint-Laurent. La population de Wôlinak pourrait ainsi provenir en particulier de la région de Mégantic[13]. En 1820, David Thompson a recensé la région dans le but de cartographier la frontière nouvellement établie avec les États-Unis[14].

La première tentative de colonisation est celle de la British American Land Company (BALC). Cette dernière s'est vu offrir 260 000 ha de terre dans la rĂ©gion dans le but d'y Ă©tablir des colons. Un contingent de colons loyalistes anglais s’installe en 1836 dans le village de Victoria, Ă  trois kilomètres Ă  l'ouest de Scotstown. L’effort fut un Ă©chec et le village a Ă©tĂ© abandonnĂ© en 1838. En 1838 et en 1841, deux contingents de colons Ă©cossais provenant de Lewis qui avaient Ă©tĂ© chassĂ©s de leur Ă®le se sont Ă©tablis dans les cantons canadiens au nord du massif. Par leur travail acharnĂ©, la communautĂ© a prospĂ©rĂ© avant de connaĂ®tre un dĂ©clin Ă  partir du dĂ©but du XXe siècle. Il reste de nombreuses traces de la prĂ©sence Ă©cossaise en particulier dans le village de Gould[15].

Village de Notre-Dame-des-Bois vu du sommet du mont MĂ©gantic

Il faut attendre les années 1870 pour voir le début de l'établissement des Canadiens français dans la région. C'est l'Acte de rapatriement de 1875 qui stimule surtout l'établissement de colons francophones dans les cantons au sud du massif. Le village de La Patrie est fondé en 1871, les villages de Chartierville et Notre-Dame-des-Bois en 1876 et finalement le village de Val-Racine en 1900. Dans le but de prendre possession du pays, les noms anglais des cantons, Ditton, Emberton et Chesham, sont renommés selon la nomenclature actuelle. L'effort de colonisation s’essouffle durant les années 1920 et la population francophone de la région se stabilise[16].

La rĂ©gion a connu après 1860 l'exploration des chercheurs d'or. Seul le ruisseau Deloge a Ă©tĂ© explorĂ© activement sur la montagne[17]. Au dĂ©but du XXe siècle, la ville de Scotstown amĂ©nage un barrage et un aqueduc en bois sur le ruisseau de la Montagne, lequel alimente la ville durant près de 100 ans. C'est en 1900 que commence l'exploitation forestière du massif. Cette mĂŞme annĂ©e, la Lake Megantic Pulp obtient du gouvernement le cadrant nord-est du massif et exploite la montagne pour ses conifères et ses bois durs. Elle exploite la montagne jusqu'en 1950, après cette date l'exploitation sera marginale. La compagnie qui a le plus intensĂ©ment exploitĂ© le sud de la montagne est la Brompton Pulp & Paper. Le bois Ă©tait souvent coupĂ© Ă  blanc. Le bois dur Ă©tait transformĂ© Ă  Scotstown et le bois mou dravĂ© sur le Saint-François jusqu'Ă  East Angus. Les principaux vestiges sont les sites d'Andromède et de la Grande Ourse, qui correspondent Ă  d'anciens camps de bĂ»cherons qui ont Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ©s Ă  la fin des annĂ©es 1970, et le « chemin de la Brompton Â», un ancien chemin forestier traversant le massif d'est en ouest qui est maintenant utilisĂ© comme sentier de ski de fond ou de chemin de service pour le parc. Durant les annĂ©es 1970, le gouvernement provincial, vu la faible valeur de la forĂŞt qui Ă©tait en rĂ©gĂ©nĂ©ration et au fait des propositions de projets de parc ou d'aire rĂ©crĂ©ative pour le massif, rĂ©voque les baux de concession forestière[18].

Ă€ partir de la fin des annĂ©es 1970, le territoire devient peu Ă  peu le terrain de jeu des habitants de la rĂ©gion. En 1983, un groupe de bĂ©nĂ©voles fonde le Club de ski de randonnĂ©e du Mont-MĂ©gantic, qui deviendra trois ans plus tard Sentiers Mont-MĂ©gantic. Il amĂ©nage rapidement 26 km de sentiers reliant le site actuel de l'ASTROLab et Notre-Dame-des-Bois. Il installe au cours de la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1980 quatre refuges (Orion, Andromède, Grande Ourse et les PlĂ©ĂŻades). En 1994 la montagne est intĂ©grĂ©e dans le nouveau parc du Mont-MĂ©gantic. Sentiers Mont-MĂ©gantic garde la gestion jusqu'en 1999, annĂ©e oĂą le gouvernement rapatrie les activitĂ©s vers la SociĂ©tĂ© des Ă©tablissements de plein air du QuĂ©bec[19].

Observatoire astronomique

Au dĂ©but des annĂ©es 1970, un projet de tĂ©lescope professionnel au QuĂ©bec est lancĂ©, en parallèle avec celui de l'observatoire Canada-France-HawaĂŻ sur le Mauna Kea. La mission du projet est de permettre le dĂ©veloppement de l'astronomie professionnelle au QuĂ©bec ainsi que de promouvoir cette dernière dans la population en gĂ©nĂ©ral. Le projet est amorcĂ© en 1971 par les professeurs de physique Gilles Beaudet et Georges Michaud de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al, auxquels se joignent rapidement d'autres professeurs, dont RenĂ© Racine. L'UniversitĂ© Laval rejoint le projet en 1974[20]. Le choix des sites potentiels est dĂ©terminĂ© principalement selon deux critères, soit l'Ă©loignement des villes, pour Ă©viter la pollution lumineuse, et l'altitude, pour augmenter la transparence du ciel. Les finalistes sont le mont Tremblant, dans les Laurentides, et le mont MĂ©gantic. Le mont MĂ©gantic est finalement choisi et la construction de l'observatoire dĂ©bute durant l'hiver 1976. Ă€ l'origine, un tĂ©lescope ayant un miroir primaire de 1,4 m est prĂ©vu, mais la sociĂ©tĂ© Perkin-Elmer, qui Ă©tait en train de rĂ©aliser un miroir de 1,6 m pour l'observatoire Pico dos Dias du BrĂ©sil[21] - [22], propose de rĂ©aliser un miroir jumeau pour le mĂŞme prix. Les travaux sont rĂ©alisĂ©s au coĂ»t de M$CAN et la première observation est effectuĂ©e le [23].

Ă€ la suite de la synergie de l’établissement du parc national du Mont-MĂ©gantic en 1994, un musĂ©e consacrĂ© Ă  l'astronomie, l'ASTROLab, est crĂ©Ă© en 1996. Grâce notamment au don d'un tĂ©lescope de type Cassegrain de 61 cm par AndrĂ© Saint-Hilaire, un astronome amateur, le musĂ©e commence la construction de l'observatoire populaire du Mont-MĂ©gantic en 1997[24].

Sports

Les sentiers de randonnée du parc national du Mont-Mégantic donnent accès à des points de vue exceptionnels sur les sommets du mont Mégantic. L'hiver venu, ces sentiers sont utilisés par les fondeurs et les raquetteurs. Le mont Mégantic est aussi un lieu privilégié pour le Tour de Beauce qui y fait étape presque chaque année.

Notes et références

  1. « Mont Mégantic », Banque des noms de lieux du Québec, sur Commission de toponymie (consulté le )
  2. « Lac-Mégantic », Banque des noms de lieux du Québec, sur Commission de toponymie (consulté le )
  3. Giguère 2012, p. 41
  4. Giguère 2012, p. 8-11
  5. Giguère 2012, p. 7-11
  6. Giguère 2012, p. 30
  7. Giguère 2012, p. 12-13
  8. Giguère 2012, p. 14-15
  9. Giguère 2012, p. 16-17
  10. Giguère 2012, p. 28-29
  11. Patrick Graillon (responsable du Service de la conservation, parc national du Mont-MĂ©gantic), « Mieux connaĂ®tre la neige au parc national du Mont-MĂ©gantic », p.13
  12. Giguère 2012, p. 30-33
  13. Giguère 2012, p. 39-40
  14. Giguère 2012, p. 42
  15. Giguère 2012, p. 41-43
  16. Giguère 2012, p. 43-46
  17. Giguère 2012, p. 51
  18. Giguère 2012, p. 46-50
  19. Giguère 2012, p. 59-60
  20. Giguère 2012, p. 70-71
  21. (en) « eRittenhouse | Pico dos Dias Observatory and its instrumentation », sur www.erittenhouse.org (consulté le )
  22. (en) « Programme | 24th International Congress of History of Science, Technology and Medicine », sur www.ichstm2013.com (consulté le )
  23. Giguère 2012, p. 73-74
  24. Giguère 2012, p. 98-102

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • SĂ©bastien Giguère, La parc national du Mont-MĂ©gantic : De la Terre aux Ă©toiles, MusĂ©ologie In Situ, , 164 p. (ISBN 978-2-9809019-4-2)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.