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Maurice Chabas

Maurice Chabas est un peintre symboliste français, né le à Nantes, et mort le à Versailles.

Maurice Chabas
Maurice Chabas, Néméa, 1894 (Salon de la Rose-Croix, 1896)
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  85 ans)
Versailles
Nom de naissance
Maurice Frédéric Marie Athanase Chabas
Nationalité
Formation
Activité
Fratrie
Enfant
Germaine Chanteaud-Chabas (d)
Autres informations
Mouvement
Maîtres
Genre artistique
Distinction
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 1916-1920, 5 pièces, -)[1]
Ĺ’uvres principales
Portrait du père de l'artiste (d)

Biographie

Maurice Chabas, troisième des quatre enfants de Charles Oscar Chabas et de son Ă©pouse nĂ©e Marguerite Ferrus, naĂ®t au 1, rue de la Casserie Ă  Nantes dans une famille de commerçants drapiers cultivĂ©s ; son père, peintre amateur, encourage la vocation artistique de ses deux fils Maurice et Paul, tandis que leur frère aĂ®nĂ©, Charles, reprendra l'affaire de commerce familial, le magasin Ă  l'enseigne Le Rat goutteux situĂ© dans le quartier du Bouffay, Ă  l'angle du cours des 50-Otages et de la rue de la Barillerie[2]. Maurice effectue ses Ă©tudes secondaires au lycĂ©e Georges-Clemenceau, puis est Ă©lève d'Alexandre-Jacques Chantron Ă  l'AcadĂ©mie des Beaux-arts de Nantes avant son service militaire dans un rĂ©giment de zouaves Ă  Chalon-sur-SaĂ´ne[3].

En 1883, Maurice et Paul s'inscrivent à l'Académie Julian à Paris, où ils ont pour enseignants le professeur en titre Tony Robert-Fleury (1837-1911) ainsi que William Bouguereau (1825-1905), Gustave Boulanger (1824-1888), Jules Lefebvre (1836-1911) et, entre autres, Jules Adler (1865-1952) pour condisciple.

Peintre de chevalet et d'art monumental, Maurice Chabas est un artiste prolifique. Il débute au Salon des artistes français de 1885 où il présentera ses œuvres jusqu'en 1913. Il y découvre Pierre Puvis de Chavannes qui l'influencera par son style et ses sujets. Il expose aussi au Salon des Amis des beaux-arts de Nantes de 1890 à 1907, et à divers salons d'inspiration chrétienne.

Artiste sensible et mystique, il adhère aux pensées développées par Joséphin Peladan et participe à tous les Salons de la Rose-Croix de 1892[4] à 1897. Il y rencontre Alphonse Osbert, membre du groupe des Inquiets (plus tard appelé l'Éclectique) qui y expose en 1894 et dont certaines œuvres lui sont proches par l'inspiration et la technique[5]. Ses peintures symbolistes se parent de titres aux noms évocateurs d'un idéal mystique qu'il pense être nécessaire à l'être humain : Celsa (Phase extatique) ou Mélété (Mélodie du soir-sensation de calme et de recueillement). Sa notoriété s’étend et, dès 1895, son œuvre est l'objet d'une exposition à la galerie des Arts réunis, avenue de l'Opéra à Paris. Le divisionnisme lui fait adopter un style moins classique pour ses paysages de rêve et ses ciels éthérés. Parallèlement, il réalise de nombreux décors comme celui de la mairie de Montrouge en 1884, et de la mairie 14e arrondissement de Paris en 1889.

Paris, 3, rue Joseph-Bara
Maurice Chabas, L'Élégante dans l'atelier, huile sur toile, vers 1900

En 1895, il obtient la commande de la décoration du buffet de la gare de Lyon-Perrache avec quatre grandes toiles marouflées représentant des Allégories à la gloire de la soierie lyonnaise[6].

En 1898, il remporte le concours ouvert pour la décoration de la salle des mariages de la mairie de Vincennes. Il y réalise un ensemble de sept toiles marouflées en 1902[7]. Il demeure alors au no 3 rue Joseph-Bara à Paris.

À partir de 1900, il s'installe au no 3 villa Sainte-Foy à Neuilly-sur-Seine, où son atelier devient un salon où se retrouvent l'écrivain Léon Bloy (lequel s'installera en 1911 à Bourg-la-Reine), Lucien Lévy-Bruhl, le père Antonin Sertillanges (1863-1948), alors secrétaire de la Revue biblique après en avoir été le censeur, l'astronome Camille Flammarion, passionné de spiritisme, l'écrivain Maurice Maeterlinck, le professeur de médecine Charles Richet, Joséphin Peladan, fondateur du Salon de la Rose-Croix. René Guénon, Édouard Schuré et autres confrères du groupe fréquentent également son atelier[8].

La même année, il réalise la toile de Marseille pour la grande salle du restaurant Le Train bleu de la gare de Lyon à Paris.

En 1915, il fait la connaissance en Belgique de Gabrielle Castelot, née à Anvers en 1888, mère de deux garçons, André Castelot (né en 1911), qui deviendra un historien de renommée, et Jacques Castelot (né en 1914), qui sera comédien. De cette union naîtra plus tard une fille, Germaine Chanteaud-Chabas, qui sera également férue d'astronomie.

La déclaration de la Première Guerre mondiale les force à quitter la Belgique pour se réfugier en Angleterre, puis ils rentrent en France au cours du dernier trimestre de l'année 1914 et résident au no 42 rue de Lubeck à Paris. Maurice Chabas s'oriente dès lors vers une simplification stylistique, soumise à une pensée spirituelle et cosmique qui aboutit vers 1920 à une abstraction totale, dont il présentera les travaux à Nantes en 1925, ainsi qu'à la galerie Devambez en 1913, laquelle édite un recueil de lithographies accompagné d'un texte du peintre, Vers l’Amour suprême, destiné à élever les âmes et les aimanter vers les états supérieurs de la « vie universelle ».

Il participe aux Salons et aux Expositions universelles de Paris en 1900 et de Bruxelles en 1910. En , il reçoit Judith Gautier dans son atelier de Neuilly-sur-Seine, celle-ci étant la seule femme peintre à avoir obtenu une dérogation pour exposer au Salon de la Rose-Croix ; leurs entretiens sont d'ordre spirituel. En 1918, il vient vivre au 8, avenue Saint-Philibert à Paris et y résidera jusqu'en 1925, année où il s'installera définitivement au 3, rue de la Paroisse à Versailles[3].

En 1923, il est un des cofondateurs du Salon des Tuileries avec, entre autres, Bessie Ellen Davidson et Charles Dufresne, et participe le au déjeuner organisé par Ambroise Vollard pour remettre le premier et unique prix littéraire des peintres, dit prix des Peintres : parmi les membres du jury se trouvent Louise Hervieu, Jacqueline Marval, Marie Laurencin, Albert Besnard, Georges Besson, Pierre Bonnard, Antoine Bourdelle, Marc Chagall, Maurice Denis, André Derain, Jean-Louis Forain, Henri Gervex, Albert Laprade, Henri Matisse, Pablo Picasso, Georges Rouault, Rousse, Sem, Paul Signac, Kees Van Dongen, Maurice Vlaminck et Édouard Vuillard, et le lauréat en est Paul Valéry.

Il devient membre du Salon d'automne, ainsi que de la Société idéaliste et de la Société moderne, et expose au Carnegie Institute of Pittsburgh. Il restera fidèle à un spiritualisme exalté qu'il défend encore en 1935 dans une lettre au directeur des Beaux-arts[9] : « L'Humanité actuelle a besoin d'un idéal supérieur. Nous ne pouvons plus vivre dans le déséquilibre créant la dysharmonie qui mène à la destruction et à la mort. Il faut l'Esprit pour donner la vie à la matière et aux œuvres. »[10]. Son ami Alphonse de Chateaubriant lui écrit la préface de son ouvrage Sur les Routes du Lot qu'il a entrepris en 1935 à la demande d'un autre ami, l'écrivain Anatole de Monzie (1876-1947), sénateur et député du Lot, ancien ministre. En 1937 meurt Paul, son frère cadet. Bien que vivant modestement, il renâcle à se séparer de ses toiles. C'est dans ces années-là qu'il fait la connaissance de Jean Marchand, dit « Mercator », avec lequel il aura des entretiens d'ordre spirituel.

Sur la fin de sa vie, il ne peint plus pratiquement que des sujets religieux dans une grande luminosité vaporeuse qui tend vers l'abstraction. Il ne voit pratiquement plus personne et vit replié loin des siens, et s'éteint ainsi le chez lui à Versailles.

Le sculpteur Jacques Louis Robert Villeneuve a modelé son portrait en buste de bronze, acquis en 1917 (Paris, Archives nationales)[11]. Myriam Reiss-de-Palma a réalisé le catalogue raisonné de l'artiste, où elle recense 903 numéros, dont 873 sont illustrés dans son ouvrage.

Ĺ’uvres

Illustrations

  • Vers l'amour suprĂŞme, recueil de lithographies, Éditions de la galerie Devambez, 1913.
  • Psaumes d'amour spirituel, prĂ©face de Camille Flammarion, Éditions de la Revue contemporaine, 1920, 219 p.
  • Gabrielle Castelot, Flamme divine, prĂ©face d'Édouard SchurĂ©, illustration de Maurice Chabas, 1922.
  • Les Trois activitĂ©s humaines. Esprit scientifique et sentiment religieux. Occultisme et mysticisme. Leurs rapports avec les Ă©tats sociaux et l'Ă©volution humaine, six dessins Ă  la plume et au lavis de Maurice Chabas, 1928.
  • Roger Toziny, Montmartre et sa commune libre, photographies de Maurice Chabas, Éditions la Vache enragĂ©e, 1934.
  • Sur les routes du Lot, prĂ©face d'Alphonse de Chateaubriant , Paris, Éditions Gigord, 1936 ; rĂ©Ă©dition en 2005.
  • Pinson-Buzon, La Joie intĂ©rieure, prĂ©face de Jean Albert-Sorel, illustration Maurice Chabas, 1946.

Estampes

  • Les Amis des Artistes, 1916, affiche, Devambez, Paris, 9,06 Ă— 148,84 cm.
  • Exposition d'art dĂ©coratif en faveur de l'aiguille française et du soldat dans la tranchĂ©e, 1917, rĂ©alisĂ©e au profit d'une Ĺ“uvre caritative, bibliothèque universitĂ© de MontrĂ©al, Canada.

Ĺ’uvres dans les collections publiques

États-Unis
Drapeau de la Finlande Finlande
France
  • Bourgoin-Jallieu, musĂ©e municipal.
  • Brest, musĂ©e des beaux-arts de Brest[13]
    • Vers des cieux nouveaux, pastel et rehauts de gouache sur papier, 41,5 Ă— 57,4 cm ;
    • SpĂ©culation spatiale, pastel sur papier, 43,3 Ă— 58,5 cm.
  • Chambourcy, mairie : Paysage, huile sur toile.
  • Laval :
    • Chapelle Saint-Julien, peinture du chĹ“ur.
    • musĂ©e du Vieux-Château :
      • Femme et enfant, dessin Ă  la mine de plomb, craie blanche sur papier ;
      • IdĂ©al pays, paysage imaginaire, 1896, huile sur toile.
  • Lyon, gare de Lyon-Perrache : AllĂ©gories Ă  la soierie Lyonnaise, vers 1895, quatre huiles sur toile marouflĂ©es ornant la salle de restaurant de la brasserie, plusieurs toiles ont disparu au cours de travaux de transformations.
  • Moirans, Ă©glise Saint-Pierre et Saint-Paul, Saint-Pierre, cinq toiles marouflĂ©es de l'abside[14].
  • Abside de l'Ă©glise Saint-Pierre et Saint-Paul de Moirans
  • Nantes, musĂ©e des Beaux-Arts[15] :
    • Paysage, encre de Chine, mine de plomb et lavis d'aquarelle, 38x53cm, avant 1925 ;
    • Regret sur ce qui fut, encre de Chine, mine de plomb et lavis d'aquarelle, 38x53cm, avant 1925.
    • Études de salon, dessins, sĂ©rie de 18 Ă©tudes pour les panneaux dĂ©coratifs de la gare de Lyon-Perrache ;
    • Portrait d'Ernest Pironneau, huile sur toile 61x50cm.
  • Neuilly-sur-Seine, hĂ´tel de ville : La Navigation, 1908, huile sur toile marouflĂ©e.
  • Paris :
  • Poissy, musĂ©e d'Art et d'Histoire, Le pont de Poissy vu depuis le cours du quatorze-juillet, huile sur toile[20].
  • Quimper, musĂ©e des beaux-arts : RĂŞverie, pastel 73 Ă— 92 cm[21].
  • Saint-Germain-en-Laye, MusĂ©e dĂ©partemental Maurice Denis « Le PrieurĂ© », Scène symboliste, huile sur toile 81 Ă— 62,5 cm[22].
  • Vincennes, hĂ´tel de ville, ensemble d'Ĺ“uvres classĂ©es aux monuments historiques en 1982 :
    • Passerelle entre les Iles du lac Daumesnil, 1902, huile sur toile ;
    • Enfants et leurs mères devant la mairie de Vincennes, 1902, huile sur toile ;
    • Distribution du repas aux soldats dans le bois de Vincennes, 1902, huile sur toile ;
    • Promeneuse au bord du lac Daumesnil, 1902, huile sur toile ;
    • Au Bord du lac Daumesnil, 1902, huile sur toile ;
    • Le Château de Vincennes, la Tour du Village, 1902, huile sur toile ;
    • La Marne aux environs de Vincennes, 1902, huile sur toile ;
    • Jeux d'enfants devant le Donjon de Vincennes, 1902, huile sur toile ;
    • Barques et canards au bord du lac Daumesnil, 1902, huile sur toile ;
    • La Pyramide dans le bois de Vincennes, 1902, huile sur toile ;
    • Temple de l'Amour sur les rives du lac Daumesnil, 1902, huile sur toile ;
    • Rives du lac Daumesnil, 1902, huile sur toile.

Œuvres dans les collections privées

Salons

Affiche du 5e Salon de la Rose-Croix, 1896

Expositions

  • 1892 : galerie Durand-Ruel, groupe de 69 exposants.
  • 1895 : galerie des Arts RĂ©unis, avenue de l'OpĂ©ra Ă  Paris.
  • 1900 : Exposition universelle, Paris, L'art de la pierre, mĂ©daille de brpnze[3].
  • 1910 : Exposition universelle, Bruxelles.
  • fĂ©vrier-mars 1912 : Les artistes membres de la SociĂ©tĂ© moderne, galerie Durand-Ruel, Paris.
  • fĂ©vrier 1913, puis 1921, 1922 : galerie Devambez, Paris[3].
  • avril 1914 : Maurice Chabas - Calme, sĂ©rĂ©nitĂ©, mĂ©ditation, galerie Georges Petit, Paris[3].
  • 1925 : Maurice Chabas - La poĂ©sie dans la nature (paix, calme et sĂ©rĂ©nitĂ©) et quelques grandes visions, galerie PrĂ©aubert, Nantes.
  • avril 1926 : L'art religieux de Maurice Chabas, La Palette française, Paris, 1926.
  • janvier-fĂ©vrier 1928 et janvier-fĂ©vrier 1929 : Exposition Maurice Chabas, salle LutĂ©tia, Liège[3].
  • dĂ©cembre 1928 : Maurice Chabas - Le calme et la poĂ©sie dans la nature, galerie des Artistes français, ChaussĂ©e d'Ixelles, Bruxelles[24].
  • 1929 : galerie Brachot, Belgique.
  • 1929 : exposition Ă  Liège.
  • avril 1932 : Exposition Maurice Chabas, galerie Mignon-Massart, Nantes[3].
  • 1951 : exposition rĂ©trospective, galerie Ex-Libris, Bruxelles[24].
  • 1952 : galerie Bernheim-Jeune, exposition rĂ©trospective du au .
  • 1er octobre 1972, Blache, hĂ´tel des ventes de Versailles, vente de l'atelier Maurice Chabas.
  • 1982 : musĂ©e des Beaux-Arts de Nantes, exposition de groupe, Les peintres de la gĂ©nĂ©ration d'Aristide Briand dans les collections du musĂ©e de Nantes.
  • 1999 : Les peintres de l'âme, le symbolisme idĂ©aliste en France, musĂ©e d'Ixelles, Museum van Elsene, Bruxelles.
  • 2002 : exposition de groupe, From Puvis de Chavannes to Matisse and Picasso au Palazzo Grassi Ă  Venise .
  • 2003 : musĂ©e du Montparnasse, Paris-Marseille de la Cannebière Ă  Montparnasse, exposition de groupe.
  • 2004 : château BorĂ©ly, Marseille, Paris-Marseille de la Cannebière Ă  Montparnasse, exposition de groupe.
  • octobre 2006 - janvier 2007 : Les peintres du rĂŞve en Bretagne - Autour des symbolistes et des Nabis du musĂ©e, musĂ©e des beaux-arts de Brest[25].
  • 2009 : exposition Ă  Pont-Aven du au 1er fĂ©vrier.
  • 2009 : galerie Freimeaux Ă  Vincennes.
  • 2009 : galerie Fleury, avenue Matignon Ă  Paris (RĂŞverie).
  • octobre 2009 - janvier 2010 : Maurice Chabas, peintre et messager spirituel, musĂ©e des Beaux-Arts de Pont-Aven[26] - [27].
  • avril-aoĂ»t 2010 : Maurice Chabas, peintre et messager spirituel, musĂ©e de Bourgoin-Jallieu[28].
  • octobre 2010 - fĂ©vrier 2011 : Le symbolisme en RhĂ´ne-Alpes - De Puvis de Chavannes Ă  Fantin-Latour, 1880-1920 : entre ombre et lumière, musĂ©e Paul-Dini de Villefranche-sur-SaĂ´ne.
  • mars-juillet 2017 : Au-delĂ  des Ă©toiles - Le paysage mystique de Monet Ă  Kandinsky, musĂ©e d'Orsay, Paris.
  • juillet-novembre 2017 : Les retrouvailles, musĂ©e des Beaux-Arts de Brest[29].

Réception critique et témoignages

  • « Chabas, dans son tableau de l'ErracitĂ©, nous transporte en plein monde astral avec sa grande chevauchĂ©e des âmes dans l'immensitĂ© Ă©thĂ©rĂ©e. Il est un des premiers Ă  voir carrĂ©ment abordĂ© l'occulte avec son pinceau. » - Comte LĂ©once de Larmandie[30]
  • « De tous les paysages de Maurice Chabas Ă©manent la sĂ©rĂ©nitĂ©, la paix, comme un dĂ©tachement suprĂŞme. Les choses semblent avoir perdu leur matĂ©rialitĂ©. Leur beautĂ© tend au dĂ©sir du beau absolu, de celui qui sera Ă  la fois harmonique et gĂ©omĂ©trique ; leur apaisement prĂ©dispose au silence mental nĂ©cessaire pour percevoir le verbe cachĂ© sous les apparences. » - LĂ©on de Saint-ValĂ©ry[31]
  • « Maurice Chabas apporte quelques-unes de ses apparitions sĂ©raphiques irradiantes comme des fleurs de feu et de larges paysages dont le calme harmonieux s'Ă©panouit comme la plus sereine musique de l'Ă©tĂ©, paysages si calmes que l'impression en est religieuse autant que celles des belles figures de Maurice Denis ou des orageuses mĂ©ditations de Georges Desvallières. » - Le Mercure de France[32]
  • « La qualitĂ© de l'exĂ©cutant et celle du penseur sont Ă©gales chez Maurice Chabas. Ce peintre est un voyant, mais qui voit juste. La qualitĂ© de ses ciels, traversĂ©s de nuĂ©es empourprĂ©es, rose feu, jonquille, Ă©meraude Ă  tendre lointain, il les a sillonnĂ©s de courses d'anges. L'Edgar Poe d'Ulalume ou d'Israfil eut Ă©tĂ© ravi de ces peintures. Mais aussi quelques grands dĂ©corateurs d'Italie, un Tiepolo ou quelque matĂ©rialiste ne voulant vois dans l'Ĺ“uvre d'art que sa valeur d'exĂ©cution loueraient cette très habile polychromie et cette sorte de vĂ©ritĂ© du vol des habitants du ciel. Prestige oĂą la technique a autant de part que la crĂ©ation esthĂ©tique. » - Gustave Kahn[33]
  • « Tandis que Paul Chabas, chaque matin, besognait en faisant joliment tremper les charmes enfantins de son jeune modèle dans les criques paisibles de Belle-ĂŽle-en-Mer, Maurice, avant de se mettre Ă  peindre, "contemplait". Je le verrai toujours les bords de son chapeau rabaissĂ©s sur les yeux, la tĂŞte levĂ©e, la barbe au vent, s'imprĂ©gnant de l'âme du paysage, de cette terre, de cette eau, de ce ciel qu'il allait faire revivre de ses doigts de magicien... Il y avait entre les deux frères l'abĂ®me qui sĂ©pare le peintre de l'artiste. » - AndrĂ© Castelot[34]
  • « Maurice Chabas cherche "la rĂ©alisation d'un idĂ©al supĂ©rieur et revendique le titre d'artiste idĂ©aliste" comme l'expriment bien les titres de ses toiles. Ses premiers paysages (les bords de la Loire, les gorges du Lot,, les cĂ´tes bretonnes) sont s'abord classiques puis, dans la rĂ©gion parisienne, prennent un ton divisionniste. Il brosse alors de grandes dĂ©corations (L'Art de la soie Ă  la gare de Lyon-Perrache) qui prĂ©sentent d'harmonieuses surfaces centrĂ©es par une dominante vive. Sa pĂ©riode la plus intĂ©ressante est celle des "compositions philosophiques" dont les grands rythmes effleurent l'abstraction. » - GĂ©rald Schurr[35]
  • « Maurice Chabas, tel un PromĂ©thĂ©e des temps modernes, se voyait comme ce porteur d'Ă©tincelle qui se doit par son art, ses Ă©crits et sa parole d'offrir au monde la chaleur et la richesse de son message spirituel. Il s'engageait ainsi Ă  participer Ă  la construction d'un univers futur meilleur. On ne peut comprendre l'esthĂ©tique complexe de cet artiste si l'on ne garde pas en permanence Ă  l'esprit la singularitĂ© de ses convictions, le caractère messianique et promĂ©thĂ©en de sa pensĂ©e. L'Ĺ“uvre de Chabas se rattache donc aux tendances idĂ©alistes et symbolistes de la fin du XIXe siècle et du dĂ©but du XXe siècle. ImprĂ©gnĂ© de mysticitĂ©, le peintre s'appliqua inlassablement Ă  la transmettre par le biais de son art... La forme Ă©tant pour lui soumise au message spirituel, Maurice Chabas cherchait Ă  transmettre la multiplicitĂ© de formes de divin en multipliant son apparence. Le message spirituel habite l'Ĺ“uvre de l'artiste ; lui seul permet de comprendre un Ĺ“uvre qui, au-delĂ  de la forme mais Ă  travers lui, tente d'atteindre Ă  une "autre lumière". » - Myriam de Palma[3]
Maurice Chabas, Le Retour à Cythère, huile sur toile 60x120cm, vers 1896 (coll. particulière)
  • « Proche de Pierre Puvis de Chavannes, il partage un goĂ»t pour la narration contemplative qui Ă©voluera vers un symbolisme dont toute la puissance de suggestion s'allie Ă  une pensĂ©e, oscillant de l'AntiquitĂ© Ă  un idĂ©al mystique. Son militantisme intellectuel ne freine pas une Ĺ“uvre dont le succès ne cesse de croĂ®tre dans les annĂ©es 1920. L'artiste est admirĂ© et fĂŞtĂ© Ă  chacune de ses nombreuses expositions en France et Ă  l'Ă©tranger. Sa foi en une humanitĂ© religieuse et spirituelle s'assombrira lorsque Ă©clatera la Seconde Guerre mondiale. Cette quĂŞte de perfection imprègne tout son Ĺ“uvre. Son esthĂ©tique complexe et multiforme est la consĂ©quence de ses convictions spiritualistes qu'il cherche Ă  intĂ©grer dans sa peinture. Des premières peintures proches de l'impressionnisme Ă  la presque non-figuration, sa peinture est indĂ©pendante de toute conviction stylistique. D'oĂą sans doute ces expĂ©rimentations simultanĂ©es, de la division de la touche sous-tendue par un vif chromatisme, Ă  un synthĂ©tisme Ă  partir de larges aplats de couleurs puissamment cernĂ©s. Une simplification de la forme s'imposera dans son dĂ©sir de transmettre les mystères du christianisme. » - Lydia Harambourg[36]

RĂ©compenses et distinctions

Notes et références

  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom CHABAS Maurice (consulté le )
  2. « Chabas et le Rat goutteux », Presse Océan, 1er novembre 2009
  3. Myriam de Palma, Maurice Chabas, peintre et messager spirituel (1862-1947), Somogy Éditions d'art, 2009.
  4. Jean-Jacques Lévêque, « 1892 : Le Salon de la Rose-Croix, une secte », La Belle Époque, ACR Édition internationale, Courbevoie, 1991, p. 234.
  5. Jean-David Jumeau-Lafond, Les Peintres de l'âme, le Symbolisme idéaliste en France, [catalogue de l'exposition éponyme au Musée d'Ixelles], 1999.
  6. Œuvres non localisées depuis les travaux de rénovation.
  7. Les fresques réalisées par Maurice Chabas à la mairie de Vincennes pour la salle des mariages ont été classées monument historique en 1982. Sur la façade sud, six tableaux marouflés évoquent l'histoire de Vincennes : on y reconnaît le donjon, la porte du village, l'obélisque du bois, le polygone d'artillerie, la vallée de la Marne et l'hôtel de ville. La façade nord est occupée par un décor mural de vingt-cinq mètres de long, représentant le lac Daumesnil. Ces tableaux aux tons doux et fondus sont environnés de boiseries, de vitraux et de plafond à caissons.
  8. Laurence Plenven, « Maurice Chabas », Mémoires et photos du Moelan, février 2020
  9. Archives nationales.
  10. Serge Lemoine (dir.), De Puvis de Chavannes à Matisse et Picasso, [catalogue d'exposition], Venise, Palazzo Grassi, Éditions Flammarion, 2002.
  11. Paul Guermond, Maurice Chabas, symboliste mystique, Centre national des arts plastiques
  12. Detroit Institute of Art, Maurice Chabas dans les collections
  13. Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p.
  14. Merveilles cachées, aperçu de Moirans en Isère
  15. Musée des Beaux-Arts de Nantes, Maurice Chabas dans les collections
  16. Dossier IA75000167 de l'Inventaire du Patrimoine de l'Île-de-France — « Ensemble de 3 peintures monumentales : Les Fiançailles, le Repas de Noces, La Famille », sur le site inventaire.iledefrance.fr.
  17. Petit Palais, "Repas nuptial" dans les collections
  18. Petit Palais, "Contemplation" dans les collections
  19. Petit Palais, "Esquisse pour la mairie de Vincennes" dans les collections
  20. Musée d'Art et d'Histoire de Poissy, Maurice Chabas dans les collections
  21. Musée des Beaux-Arts de Quimper, "Rêverie" dans les collections
  22. Musée départemental Maurice Denis, "Scène symboliste" dans les collections
  23. Galerie Drylewicz, Paris, Maurice Chabas
  24. Galerie Ary Jan, Paris, Maurice Chabas
  25. « Peintres du rêve en Bretagne : le musée cultive l'imaginaire », Le Télégramme, 27 octobre 2006
  26. Olivier Chapuis, « Les toiles de Chabas hissées à Pont-Aven », Voiles et voiliers, 25 octobre 2009
  27. Manuel Jover, « Maurice Chabas, peintre spiritualiste », Connaissance des arts, 13 novembre 2009
  28. Jean-David Jumeau-Lafond, « Maurice Chabas (1862-1947), peintre et messager spirituel », La Tribune de l'art, 14 octobre 2009
  29. Musée des Beaux-Arts de Brest, Les retrouvailles, présentation de l'exposition, 2017
  30. Comte Léonce de Larmandie, « Le premier Salon de la Rose-Croix de 1892 », L'entr'acte idéal, Chacornac, 1903.
  31. Léon de Saint-Valéry, « Toutes les formes d'art : calme, sérénité, méditation », Revue des Beaux-Arts, mai 1914.
  32. « Le Salon des Tuileries », Le Mercure de France, 18 juillet 1924.
  33. Gustave Kahn, Maurice Denis - Le calme et la poésie dans la nature, catalogue d'exposition, galerie des Artistes français, Bruxelles, 1928.
  34. André Castelot, Maurice Chabas, éditions Galerie Bernheim-Jeune, 1952.
  35. Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1972, vol.2, pp. 104-107.
  36. Lydia Harambourg, « Maurice Chabas, peintre et messager spirituel - Musée des Beaux-Arts, Pont-Aven », La Gazette de l'Hôtel Drouot, octobre 2009.

Annexes

Bibliographie

  • LĂ©on Bazalgette, « Le Salon de la Rose-Croix », Essais d'art libre, Girard, Paris, 1892.
  • Henry Frantz, « Les peintures dĂ©coratives de la nouvelle gare de Lyon », L'Art dĂ©coratif, 1901, pp. 94-106.
  • Comte LĂ©once de Larmandie, L'entr'acte idĂ©al, Chacornac, Paris, 1903.
  • Ulrich Thieme et Felix Becker, Allgemeines Lexikon der Bildenden KĂĽnstler von der Antike bis zur Gegenwart, E. A. Seemann, Leipzig, 1912.
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