Mariela Castro
Mariela Castro EspĂn, nĂ©e le Ă La Havane, est une femme politique et militante associative cubaine, notamment engagĂ©e en faveur des droits LGBT.
Député | |
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Directrice Centre national de l'Ă©ducation sexuelle | |
depuis | |
Directrice SexologĂa y Sociedad (en) | |
depuis |
Naissance | |
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Nom de naissance |
Mariela Castro EspĂn |
Nationalité | |
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MĂšre | |
Fratrie | |
Conjoint |
Juan Gutiérrez Fischmann (d) (jusqu'en ) |
ParentĂšle |
Fidel Castro (oncle) |
Biographie
Origines, vie privée et études
Elle est la seconde fille de l'ancien prĂ©sident du Conseil d'Ătat de la RĂ©publique de Cuba, RaĂșl Castro (Ă l'Ă©poque de sa naissance commandant des forces armĂ©es, connu pour son organisation et sa cruautĂ© envers les opposants au rĂ©gime communiste) et la niĂšce de Fidel Castro. Sa mĂšre est Vilma EspĂn. Son frĂšre Alejandro Castro EspĂn est colonel et conseiller au ministĂšre de l'IntĂ©rieur et sa sĆur aĂźnĂ©e occupe de hautes fonctions au ministĂšre de l'Ăducation. Alors qu'elle n'est qu'un bĂ©bĂ©, la crise de Cuba Ă©clate et elle est confiĂ©e Ă ses grands-parents[1].
Mariée d'abord avec un guérillero chilien rencontré au Nicaragua, Juan Gutiérrez Fischmann (depuis recherché pour l'assassinat d'un sénateur du régime de Pinochet et qui vivrait toujours à Cuba), et qui lui donne une fille, elle est ensuite en couple avec Paolo Titolo, un photographe italien. Elle est également la mÚre d'un garçon et d'une autre fille[1].
Elle est diplÎmée en psychologie et a fait une thÚse sur la transidentité[1].
CarriĂšre politique et associative
Au dĂ©but des annĂ©es 1980, elle souhaite partir pour la guerre d'Angola, oĂč des milliers de Cubains combattent. Mais Ă©tant mĂšre avec un enfant en bas Ăąge, elle est contrainte de rester Ă Cuba. Elle peut nĂ©anmoins se rendre au Nicaragua oĂč a lieu un autre conflit et oĂč elle rencontre son premier mari[1].
Elle a participĂ© aux campagnes pour le droit des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et personnes trans), participant notamment Ă la gay pride cubaine. DĂšs ses 18 ans, alors prĂ©sidente de la fĂ©dĂ©ration des Ă©tudiants du parti et Ă©tudiante, elle participe Ă un dĂ©bat oĂč l'on dĂ©cidait ou non de l'exclusion des homosexuels, dans un contexte oĂč on les envoyait encore quelques annĂ©es plus tĂŽt (entre 1965 et 1967) dans des camps, les UnitĂ©s militaires d'aide Ă la production (les UMAP), comme alternative au service militaire, avec de nombreux non-homosexuels[2], comme des hippies, des tĂ©moins de JĂ©hovah et des artistes idĂ©ologiquement « diversionnistes », des catĂ©gories de citoyens dont la conduite est jugĂ©e « impropre » par le rĂ©gime cubain explique le sociologue Vincent Bloch[3]. Elle se lĂšve et dĂ©clare : « On ne peut pas exclure ces camarades, ce n'est pas une politique rĂ©volutionnaire. Parmi les combattants de la Sierra Mestra, il y avait des homosexuels et dans le gouvernement, il y en a encore ». Avec sa mĂšre Vilma EspĂn, elle participe Ă insuffler un climat de tolĂ©rance Ă partir des annĂ©es 1980 (l'homosexualitĂ© a Ă©tĂ© dĂ©pĂ©nalisĂ©e en 1979 et la sodomie en 1989). Elle est depuis devenue la directrice du Centre national d'Ă©ducation sexuelle de Cuba situĂ© dans la capitale cubaine[1].
En 2008, elle a permis aux Cubains d'avoir le droit de changer de sexe dans leur pays sans payer aucune charge. Elle milite également pour le mariage homosexuel. Elle est également députée. Le , elle s'oppose à un projet de loi à l'Assemblée contre les discriminations, qu'elle juge inefficace[1].
Ce combat en faveur des homosexuels lui vaut d'ĂȘtre invitĂ©e Ă une confĂ©rence Ă Los Angeles au printemps 2002, fait important car elle est la deuxiĂšme membre de la famille Castro (aprĂšs Juanita) Ă remettre officiellement les pieds aux Ătats-Unis depuis longtemps. Elle acquiert ainsi aux Ătats-Unis une certaine notoriĂ©tĂ© mĂ©diatique. Elle en profite pour participer Ă la campagne en faveur de la libĂ©ration des cinq espions cubains arrĂȘtĂ©s en 1998. Elle accorde des interviews Ă des mĂ©dias tels que le The New York Times, le Der Spiegel ou CNN, et prĂ©pare une autobiographie avec une journaliste amĂ©ricaine[1]. En revanche, en , Ă Madrid oĂč elle assiste Ă un forum, elle refuse de rĂ©pondre au journaliste du mĂ©dia HispanoPost et le traite de « moco pegado» (morve collĂ©e)[4].
Offrant un visage acceptable de Cuba dans le monde, elle n'en est pas moins critiquĂ©e par des dissidents cubains. Yoani SĂĄnchez a ainsi Ă©crit : « Je ne comprends toujours pas que nous acceptons le droit pour chacun de faire l'amour avec l'ĂȘtre de son choix et que nous nous soumettions encore Ă la monogamie idĂ©ologique imposĂ©e par le rĂ©gime », dĂ©plorant qu'elle ne se batte pas pour la libertĂ© d'expression Ă Cuba. Mariela Castro rĂ©fute ces critiques et dĂ©clare que la dissidente n'est qu'une « mercenaire des Ătats-Unis »[1]. Lâactiviste cubain pour les droits LGBTI LĂĄzaro Mireles, aujourdâhui interdit de retourner dans son pays, qui a travaillĂ© avec elle, critique son action, et la qualifie de « manipulatrice »[5].
Pour Carlos Manuel Ălvarez, journaliste et Ă©crivain cubain, le Cenesex, organisme dirigĂ© par Mariela Castro « fut une fenĂȘtre de tolĂ©rance ouverte par la direction du pays [âŠ] comme fer de lance dâune stratĂ©gie publicitaire Ă©vidente, laver la face du rĂ©gime homophobe »[6].
Mariela Castro a approuvĂ© la rĂ©pression de la manifestation LGBT interdite du ainsi que les persĂ©cutions qui lâont suivie[7].
Notes et références
- Sophie des Déserts, « La First Lady de La Havane », Vanity Fair n°26, août 2015, pages 108-115 et 154-155.
- (es) « "Claro que imagino a una mujer gobernando Cuba" », sur clarin.com, ClarĂn, (consultĂ© le ).
- Annabelle Laurent, « Quand Cuba envoyait les homosexuels dans des camps », lesinrocks.com, 2 septembre 2009.
- « Hija de RaĂșl Castro insulta a reportero de HispanoPost en Madrid », sur www.hispanopost.com (consultĂ© le )
- « "El trabajo de Mariela Castro es basura y manipulación" », sur www.hispanopost.com (consulté le )
- (es) Carlos Manuel Ălvarez, « AnĂĄlisis | Miedo, fiesta y represiĂłn: una pelea cubana contra el demonio », El PaĂs,â (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) Patricio FernĂĄndez, « La Cuba de Trump », El PaĂs,â (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consultĂ© le )