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Mandans

Les Mandans sont un peuple des premiĂšres nations qui vivaient historiquement sur les rives du Missouri et de deux de ses affluents, la Heart River et la Knife River, dans les États actuels du Dakota du Nord et du Dakota du Sud. Locuteurs du mandan, une langue siouane, les Mandans dont la particularitĂ© Ă©tait d’avoir crĂ©Ă© des villages permanents se distinguaient des autres tribus de la rĂ©gion des Grandes Plaines qui menaient une existence nomade en suivant les troupeaux de bisons. Ces Ă©tablissements permanents Ă©taient composĂ©s d’habitations rondes, des huttes en terre entourant une place centrale. Alors que la chasse au bison constituait Ă  l’origine l’essentiel du quotidien alimentaire des Mandans, les ressources qu’elle apportait ont ensuite Ă©tĂ© complĂ©tĂ©es par l'agriculture et le commerce.

Mandans
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Représentation de deux Mandans par Karl Bodmer.
Populations importantes par région
Population totale 30 (1971)
Autres
Langues Anglais, Mandan, Hidatsa
Religions Mandan
Ethnies liées Hidatsa, Arikara

Les recherches archĂ©ologiques suggĂšrent que le peuple mandan a Ă©migrĂ© des rives de l’Ohio vers la vallĂ©e du Missouri. Leur premiĂšre rencontre avec les EuropĂ©ens dans nos archives occidentales, remonte Ă  1738 et leurs valeurs de partage et d'inclusion a amenĂ© de nombreux nĂ©gociants en fourrures et trappeurs dans leurs villages, au cours du siĂšcle suivant. Au tournant du XIXe siĂšcle, les Ă©pidĂ©mies volontaires de variole et de coqueluche, ont entraĂźnĂ© une diminution significative de la population mandan. En 1837, des draps et couvertures infectĂ©es et volontairement troquĂ©es, a crĂ©Ă© une grande Ă©pidĂ©mie de variole, ce qui a rĂ©duit leur nombre Ă  environ 125 survivants[1]. Avec des effectifs aussi faibles, les Mandans ont dĂ» se regrouper avec deux tribus voisines, les Arikaras et les Hidatsas.

Au cours des dĂ©cennies suivantes, les trois tribus ont vu la superficie de leurs terres rĂ©duite par diffĂ©rents traitĂ©s, par la force. Dans un effort visant Ă  Ă©tablir de bonnes relations, le gouvernement amĂ©ricain, a fondĂ© la Fort Berthold Agency pour isoler les trois tribus et leur retirer leur possibilitĂ© de se dĂ©placer, ce qui a dĂ©tĂ©riorĂ© la qualitĂ© de vie des trois tribus nomades. L'Agence a aussitĂŽt mis en place la rĂ©serve de Fort Berthold dotĂ©e Ă  l'origine d'environ 8 millions d'acres (32 000 km2) mais en 1910, la taille de la rĂ©serve Ă©tait d'environ 900 000 acres (3 600 km2). Avec l’Indian Reorganization Act de 1934, la nation Mandan a officiellement fusionnĂ© avec les peuples Hidatsa et Arikara pour former la « Nation des trois tribus affiliĂ©es », connue sous le nom de nation Mandan, Hidatsa et Arikara. Le dernier Mandan non metisse est mort en 1971, parmi les autres membres de sang mĂ©tissĂ©s de la nation. Environ la moitiĂ© des Mandans rĂ©sident encore sur le domaine de la rĂ©serve, les autres Ă©tant dispersĂ©s aux États-Unis et au Canada. .

Ethnonymie

Le nom anglais Mandan est issu du mot exonyme des langues sioux voisines, comme le mot Teton Miwatani, le mot Yanktonai Miwatani, des peuples Yankton MawĂĄtani ou MąwĂĄtanÄŻ, des peuples Dakota MawĂĄtąna ou MawĂĄtadą, etc. Les Mandans ont utilisĂ© plusieurs termes Ă  des moments diffĂ©rents pour se dĂ©signer eux-mĂȘmes :

  • RĆłwą́ʔka‱ki, « les hommes, le peuple » : avant 1837 (transcrit par les Occidentaux en Numakaki, Numangkake) ;
  • WÄŻÌÊ”ti ĆČ́tahąkt, « l’East Village » (d’aprĂšs le village du mĂȘme nom) : Ă  la fin du XIXe siĂšcle (transcrit par les Occidentaux en Metutahanke ou Mitutahankish) ;
  • RĆłÌÊ”eta, « Nous-mĂȘmes, notre peuple », (Ă  l'origine le nom d'une tribu spĂ©cifique) : c’est le terme couramment utilisĂ© actuellement.

Les Mandans utilisaient probablement le terme RĆłwą́ʔka‱ki pour dĂ©signer une entitĂ© tribale. Plus tard, ce mot est tombĂ© en dĂ©suĂ©tude et deux noms ont Ă©tĂ© utilisĂ©s Ă  sa place, Nuweta ou Ruptare (c'est-Ă -dire en Mandan RĆłÌÊ”eta). Plus tard, le terme, RĆłÌÊ”eta a Ă©tĂ© Ă©tendu pour dĂ©signer une entitĂ© tribale. Le nom Mi-ahÂŽta-nēs enregistrĂ© par Ferdinand Vandeveer Hayden en 1862, pourrait signifier « le peuple des berges de la riviĂšre », mais il peut s’agir d’une Ă©tymologie populaire. Plusieurs autres termes et variantes orthographiques sont retrouvĂ©es dans la littĂ©rature, y compris : MayĂĄtana, MayĂĄtani, MąwĂĄdanÄŻ, MąwĂĄdąήį, Huatanis, Mandani, Wahtani, Mantannes, Mantons, Mendanne, Mandanne, Mandians, Maw-dĂąn, Meandans, les Mandals, Me-tooÂŽ-ta-hĂ€k, Numakshi, RĆłwąʔkĆĄi, WĂ­hwatann, Mevatan, Mevataneo[2]. Gloria Jahoda dans son livre The trail of tears (la piste des larmes) prĂ©tend qu’ils s’appelaient eux-mĂȘmes Ă©galement le « Pheasant people » (peuple du faisan)[3]. Ce trait est confirmĂ© par le tĂ©moignage de George Catlin en 1844 (les indiens d’AmĂ©rique du Nord[4], lettre 11).

Langue

Le mandan appartient Ă  la famille des langues sioux. On a d'abord pensĂ© qu’elle Ă©tait trĂšs proche de la langue des Hidatsas et de celle des Crows. Toutefois, du fait que le mandan Ă©tait devenue la langue utilisĂ©e lors des transactions avec les Hidatsas et les Crows depuis de nombreuses annĂ©es, la relation exacte entre le mandan et d'autres langues sioux (y compris le hidatsa et le crow) s’est obscurcie et elle n’est pas actuellement bien dĂ©terminĂ©e. Pour cette raison, le mandan est le plus souvent considĂ©rĂ© comme une branche sĂ©parĂ©e de la famille des langues sioux.

Le mandan comprend deux dialectes principaux : le nuptare et le nuetare. Seule la variante nuptare a Ă©tĂ© parlĂ©e jusqu’au XXe siĂšcle, et tous les locuteurs Ă©taient bilingues et connaissaient le hidatsa. Le linguiste Mauricio Mixco de l’UniversitĂ© d'Utah travaille sur le terrain avec d’autres intervenants depuis 1993. En 1999, il n’existait plus que six locuteurs encore en vie parlant couramment le mandan, mais il existe actuellement des programmes dans les Ă©coles locales afin d'encourager l'usage de la langue[5].

Les Mandans et leur langue ont fait l’objet de beaucoup d'attention de la part des AmĂ©ricains d’origine europĂ©enne, en raison de la couleur claire de leur peau, ayant suscitĂ© certaines spĂ©culations sur leur origine europĂ©enne supposĂ©e. Dans les annĂ©es 1830, le prince Maximilian zu Wied-Neuwied a passĂ© plus de temps Ă  enregistrer le mandan qu’à Ă©tudier toutes les autres langues siouanes et a en outre Ă©tabli une liste de correspondance de mots entre le mandan et le gallois (il pensait que le mandan pouvait dĂ©river du gallois)[6]. La thĂ©orie de la filiation mandan / gallois, dĂ©sormais Ă©cartĂ©e, a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©fendue par George Catlin.

Le mandan possĂšde diffĂ©rentes formes grammaticales qui dĂ©pendent du genre de l’interlocuteur. Les questions posĂ©es Ă  des hommes doivent utiliser le suffixe -oÊ”ĆĄa alors que le suffixe -oʔrą est utilisĂ© lorsqu'on s’adresse Ă  des femmes. De mĂȘme, le suffixe du mode indicatif est -oʔs lorsqu’on s’adresse Ă  un homme et -oʔre lorsqu’il s’agit de femmes, et aussi pour le mode impĂ©ratif : -ta- (masculin), |- rą (fĂ©minin)[7] - [8]. Le Mandan, comme beaucoup d'autres langues d'AmĂ©rique du Nord, possĂšde des sons symboliques, dans son vocabulaire. Un son « s » indique souvent la petitesse ou la faible intensitĂ©, le son « ʃ » indique la modĂ©ration, le son « x » indique la grandeur ou une plus grande intensitĂ©[9] :

  • sĂ­re "jaune"
  • ĆĄĂ­re "fauve"
  • xĂ­re "brun"
  • srĂł "tinter"
  • xrĂł "cliqueter"

Culture

Habitations et villages

Habitation Mandan, vers 1908. Photographie d’Edward S. Curtis.

Une des caractĂ©ristiques les plus remarquables des Mandans Ă©tait leurs villages permanents composĂ©s de maisons en terre. Chaque hutte est circulaire avec un toit en forme de dĂŽme et un trou carrĂ© au sommet de la coupole par laquelle la fumĂ©e peut s'Ă©chapper. L'extĂ©rieur est recouvert d'une natte faite de roseaux et de brindilles, le tout recouvert de foin et de terre. Ce pavillon prĂ©sentait Ă©galement une structure de type portique Ă  l'entrĂ©e. L'intĂ©rieur se composait de quatre grands piliers sur lesquels reposaient des traverses soutenant le toit. Ces habitations Ă©taient conçues et construites par les femmes de la tribu qui en avaient la propriĂ©tĂ© et qu’elles transmettaient aux femmes de leur lignage. Elles pouvaient abriter jusqu'Ă  30 ou 40 personnes et les villages comprenaient gĂ©nĂ©ralement environ 120 maisons[10]. On peut voir des reconstitutions de ces habitations Ă  Fort Abraham Lincoln State Park prĂšs de Mandan et au site historique national de Knife River Indian Villages. Les maisons d’origine Ă©taient rectangulaires, mais vers 1500 aprĂšs l'Ăšre commune, les huttes ont commencĂ© Ă  ĂȘtre construites sous une forme circulaire. Vers la fin du XIXe siĂšcle, les Mandans ont commencĂ© Ă  construire de petites cabanes, le plus souvent avec deux chambres. En voyage ou Ă  la chasse, les Mandans utilisaient des tipis de peau[11]. Aujourd'hui, les Mandans vivent dans des habitations modernes.

Intérieur d'une habitation mandan, dessin de George Catlin montrant les quatre piliers qui supportent le toit et le trou pour la fumée.
Un village mandan représenté par Karl Bodmer.

Les villages sont gĂ©nĂ©ralement construits autour d’une place utilisĂ©e pour les jeux (chunkey) et les cĂ©rĂ©monies rituelles. Au centre de la place Ă©tait plantĂ© un arbre entourĂ© d'une enceinte en bois reprĂ©sentant Lone Man, l'un des principaux personnage de la mythologie mandan qui avait construit le mur de bois qui avait permis de sauver le monde du dĂ©luge. Les villages sont souvent situĂ©s en haut des falaises au-dessus de la riviĂšre et ils ont frĂ©quemment Ă©tĂ© construits au confluent de plusieurs affluents, l'eau servant alors de barriĂšre naturelle. LĂ  oĂč il n'existe pas ou peu de barriĂšres naturelles, les villages sont entourĂ©s de fortifications, comprenant des fossĂ©s et des palissades.

Vie familiale

La nation mandan Ă©tait divisĂ©e en treize clans[12] organisĂ©s autour des meilleurs chasseurs et de leurs parents. Chaque clan devait prendre soin de tous ses membres, y compris les orphelins et les personnes ĂągĂ©es, de la naissance Ă  la mort. Les clans avaient en garde des faisceaux sacrĂ©s, qui se composaient de quelques objets rassemblĂ©s pour les pouvoirs qu’on leur attribuait. Ceux qui Ă©taient en possession de ces faisceaux Ă©taient considĂ©rĂ©s comme dĂ©tenteurs de pouvoirs sacrĂ©s qui leur avaient Ă©tĂ© confiĂ©s par les esprits et, par consĂ©quent, Ă©taient considĂ©rĂ©s comme les chefs du clan et de la tribu.

Les enfants recevaient un nom dix jours aprĂšs leur naissance au cours d’une cĂ©rĂ©monie d’accueil, qui officialisait Ă©galement les liens de l'enfant avec sa famille et son clan. Les filles apprenaient Ă  accomplir les tĂąches domestiques, Ă  cultiver les champs et Ă  tenir une maison, tandis que les garçons Ă©taient entraĂźnĂ©s Ă  la chasse et Ă  la pĂȘche.

Le rite d'initiation à l'ùge adulte commençait par un jeûne, de plusieurs jours, effectué à partir l'ùge de dix ou onze ans. Le peintre George Catlin, qui observa ce rite au XIXe siÚcle, décrit les pratiques particuliÚrement douloureuses et insupportables qui ont alors lieu, s'assimilant, aux yeux d'un observateur extérieur, à de la torture[13].

Les mariages chez les Mandans Ă©taient gĂ©nĂ©ralement arrangĂ©s par les membres du clan, mĂȘme si de temps en temps, ils convolaient sans que l’union du couple soit approuvĂ©e par les parents. Le divorce pouvait ĂȘtre facilement obtenu.

Lors du dĂ©cĂšs d'un membre de la famille, une plateforme est Ă©rigĂ©e Ă  proximitĂ© du village pour recevoir le corps qui sera allongĂ© avec la tĂȘte dirigĂ©e vers le nord-ouest et les pieds vers le sud-est. (Le sud-est est la direction de la vallĂ©e de l’Ohio, d'oĂč sont venus les Mandans. Pendant son sommeil un Mandan ne choisirait pas cette orientation, car elle appellerait la mort sur lui.) AprĂšs une cĂ©rĂ©monie pour chasser l'esprit, la famille veillera le dĂ©funt sur la plateforme pendant quatre jours. Lorsque le corps aura pourri et que la plateforme se sera effondrĂ©e, les os seront rassemblĂ©s et enterrĂ©s, Ă  l’exception du crĂąne, qui sera placĂ© dans un cercle situĂ© prĂšs du village. Les membres de la famille rendront visite aux crĂąnes pour leur parler, leur racontant parfois leurs problĂšmes ou Ă©gayant les morts avec des plaisanteries. AprĂšs la dĂ©portation des Mandans Ă  la rĂ©serve de Fort Berthold, les familles ont dĂ» avoir recours Ă  d’autres mĂ©thodes et ranger les corps dans des caisses ou des troncs ou encore les envelopper dans des robes de fourrure et les dĂ©poser dans des fissures du rocher.

Alimentation

Jeunes filles mandans cueillant des baies, vers 1908. Photographie d’Edward S. Curtis.

Les Mandans vivaient de la chasse, de l'agriculture et de la cueillette des plantes sauvages, mĂȘme si certains produits alimentaires provenaient du commerce. Les jardins mandans Ă©taient souvent situĂ©s prĂšs des riviĂšres, sur des rivages oĂč des crues annuelles les enrichissaient d’un limon fertile, parfois jusqu’à plusieurs milles des villages. Les jardins Ă©taient la propriĂ©tĂ© des femmes et elles les cultivaient elles-mĂȘmes, plantant du maĂŻs, des haricots et des courges, en quantitĂ© gĂ©nĂ©ralement suffisante pour une seule annĂ©e.

La chasse au bison jouait un rĂŽle important dans les rites mandans, dont la cĂ©rĂ©monie Okipa avait pour principal objectif d’appeler les bisons pour qu’ils viennent Ă  proximitĂ© du village au dĂ©but de chaque Ă©tĂ©. En plus de consommer leur chair, les Mandans utilisaient toutes les autres parties du bison, afin que rien ne se perde. Leur peau Ă©tait utilisĂ©e pour sa fourrure, elles Ă©taient tannĂ©es et le cuir Ă©tait utilisĂ© pour fabriquer des vĂȘtements et d’autres objets utilitaires. Les Mandans Ă©taient rĂ©putĂ©s pour leurs peaux de bison peintes qui servaient souvent de parchemin pour raconter des Ă©vĂ©nements historiques. Les os Ă©taient taillĂ©s pour fabriquer des articles tels que des aiguilles et des hameçons. Les os avaient Ă©galement leur utilitĂ© en agriculture, comme l’omoplate, qui servait de houe en guise d’outil pour travailler la terre. Outre le bison, les Mandans piĂ©geaient de petits mammifĂšres pour se nourrir et chassaient le cerf. Les bois de cerfs servaient Ă  fabriquer des rĂąteaux utilisĂ©s comme instruments agricoles. Les oiseaux Ă©taient chassĂ©s pour leurs plumes, qui servaient de parures.

Habillement

Ma-to-toh-pe (en) (Four Bears), chef mandan représenté par Karl Bodmer.

Jusqu'Ă  la fin du XIXe siĂšcle, quand ils ont commencĂ© Ă  adopter les vĂȘtements de style occidental, les Mandans portaient gĂ©nĂ©ralement des vĂȘtements de peaux de bisons ou de cerfs ainsi que de moutons. À partir des peaux, ils fabriquaient des tuniques, des robes, des couvertures de fourrure, des mocassins, des gants, des pagnes et des leggings. Ces articles Ă©taient souvent ornĂ©s de plumes d'oiseaux et parfois mĂȘme des scalps de leurs ennemis.

Les femmes mandans portaient des robes descendant jusqu’à la cheville, en peau de daim ou de mouton, souvent serrĂ©es Ă  la taille par une large ceinture. Parfois l'ourlet de la robe Ă©tait ornĂ© de morceaux de sabots de bisons. Sous la robe, elles portaient des jambiĂšres de cuir et des mocassins montant sur la cheville. Les cheveux des femmes formaient de longues tresses.

Pendant les mois d'hiver, les hommes portaient couramment des tuniques et des jambiĂšres en peau de daim avec des mocassins. Ils conservaient Ă©galement la chaleur de leur corps en portant un manteau de fourrure de bison. Pendant les mois d'Ă©tĂ©, cependant, un pagne en peau de daim ou de mouton Ă©tait souvent suffisant. À la diffĂ©rence des femmes, les hommes portaient divers ornements dans les cheveux. Les cheveux Ă©taient sĂ©parĂ©s Ă  partir du sommet du crĂąne en trois mĂšches pendant vers l'avant. Parfois, les cheveux tombaient sur le nez et Ă©taient enroulĂ©s vers le haut avec un bĂąton courbĂ©. Les cheveux tombaient de chaque cĂŽtĂ© sur les Ă©paules et le dos, atteignant parfois la taille. Les longs cheveux dans le dos formaient une queue de cheval, les cheveux Ă©tant rassemblĂ©s en tresses puis enduits d’argile et de rĂ©sine de pin puis attachĂ©s avec des cordes en peau de cerf. Ils portaient Ă©galement souvent des coiffures de plumes[14].

Religion

Parmi les tribus des Grandes Plaines, les Mandans sont ceux qui possĂšdent l’une des religions les plus complexes. Une grande partie de leur mythologie est centrĂ©e sur une figure connue sous le nom de Lone Man. Lone Man joue un rĂŽle dans de nombreux mythes de la crĂ©ation ainsi que dans un mythe du dĂ©luge. Dans leur mythe de la crĂ©ation, le monde a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par deux divinitĂ©s rivales, le premier crĂ©ateur et Lone Man. La riviĂšre Missouri divise les deux mondes que ces deux ĂȘtres ont crĂ©Ă©s. Le premier crĂ©ateur a crĂ©Ă© les terres au sud de la riviĂšre avec des collines, des vallĂ©es, des arbres, le bison, l’antilope d'AmĂ©rique et les serpents. Au nord de la riviĂšre, Lone Man crĂ©Ă© les Grandes Plaines, les animaux domestiques, les oiseaux, les poissons et les humains. Les premiers hommes vivaient sous terre prĂšs d'un grand lac. Certains hommes parmi les plus aventureux ont grimpĂ© Ă  la surface par un pied de vigne et ont dĂ©couvert les deux mondes. AprĂšs leur retour sous terre, ils ont fait connaĂźtre leur dĂ©couverte et ont dĂ©cidĂ© de revenir avec d'autres hommes. Alors qu’ils escaladaient la vigne, celle-ci s’est rompue et la moitiĂ© des Mandans sont restĂ©s sous terre[15].

Selon les croyances des Mandans avant la christianisation, chaque personne possĂšde quatre Ăąmes immortelles. La premiĂšre est l'Ăąme blanche souvent assimilĂ©e Ă  une Ă©toile filante. La deuxiĂšme Ăąme est colorĂ©e par une lumiĂšre brune et se prĂ©sente sous la forme d’un passereau la sturnelle de l'Ouest. La troisiĂšme Ăąme, appelĂ©e l'esprit du foyer, reste sur le site de l’habitation aprĂšs la mort et y demeurera pour toujours. L’ñme finale est noire et aprĂšs la mort voyage loin du village. Ces Ăąmes finales ont une existence rĂ©elle comme les personnes vivantes, et rĂ©sident dans leurs propres villages, pratiquant l'agriculture et la chasse[11].

Danse du bison mandan comme observée par Karl Bodmer.
La cérémonie okipa selon le témoignage de George Catlin, vers 1835.

Un des rituels les plus caractĂ©ristiques de la pratique religieuse des Mandans Ă©tait l’Okipa, qui a Ă©tĂ© observĂ©e pour la premiĂšre fois par George Catlin. La cĂ©rĂ©monie s'ouvrait sur une danse du bison, et se poursuivait par la mise en Ɠuvre de nombreuses tortures, des Ă©preuves Ă  travers lesquelles les guerriers devaient prouver leur courage et obtenir l'approbation des esprits. Lorsque l’Okipa commençait, les jeunes guerriers ne devaient pas manger, ni boire, ni dormir pendant quatre jours. Ensuite, ils Ă©taient conduits Ă  une hutte, oĂč ils devaient rester assis, le sourire aux lĂšvres pendant qu’on leur lacĂ©rait la peau de la poitrine et des Ă©paules et qu’on transperçait leur chair avec des Ă©pieux de bois pĂ©nĂ©trant sous la peau, derriĂšre les muscles pectoraux. En utilisant ces harpons de bois pour supporter le poids de leur corps, les guerriers Ă©taient ensuite suspendus au toit de la hutte et demeuraient accrochĂ©s Ă  ces crocs de boucher jusqu'Ă  Ă©vanouissement. Pour augmenter leurs souffrances, des poids lourds Ă©taient suspendus aux jambes de l’initiĂ© qui se balançaient dans le vide. AprĂšs sa perte de connaissance, le guerrier Ă©tait ramenĂ© au sol et les hommes (les femmes n'Ă©taient pas autorisĂ©es Ă  assister Ă  cette cĂ©rĂ©monie) observaient le guerrier jusqu'Ă  ce qu'il se rĂ©veille, ce qui apportait la preuve de l’approbation des esprits. AprĂšs son rĂ©veil, le guerrier devait sacrifier le petit doigt de ses deux mains, chaque doigt devant ĂȘtre sectionnĂ© par l’initiĂ© avec une hachette. Enfin, le guerrier devait sortir de la hutte et courir autour de la place centrale du village, un certain nombre de fois. Ainsi prenait fin la cĂ©rĂ©monie, alors considĂ©rĂ©e comme honorĂ©e par les esprits. Ceux qui parvenaient deux fois au terme de l’épreuve Ă©taient Ă©ternellement glorifiĂ©s par toutes les tribus. Le chef Ma-to-toh-pe (en) a accompli par deux fois ce rituel[16]. La derniĂšre cĂ©rĂ©monie Okipa a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©e en 1889, mais elle Ă©tĂ© ressuscitĂ©e sous une forme quelque peu diffĂ©rente en 1983[15]. La version de l’Okipa telle qu’elle est pratiquĂ©e par les Lakotas a Ă©tĂ© reconstituĂ©e en 1970 dans le film Un homme nommĂ© cheval avec Richard Harris.

Le rituel de l’okipa est apparentĂ© Ă  la danse du soleil une cĂ©rĂ©monie pratiquĂ©e par de nombreuses tribus d’Indiens des Plaines au moment du solstice d’étĂ© pour cĂ©lĂ©brer le renouveau du monde terrestre ainsi que la continuitĂ© entre la vie et la mort, en adorant le bison, l’animal sacrĂ© dont dĂ©pendait leur vie au quotidien.

Histoire

Origines et histoire ancienne

Comme tous les peuples AmĂ©rindiens, l'origine prĂ©cise et l'histoire des premiers Mandans est inconnue. Les premiĂšres Ă©tudes des linguistes ont apportĂ© la preuve que la langue mandan Ă©tait Ă©troitement liĂ©e Ă  la langue parlĂ©e par les Winnebagos de l'actuel Wisconsin, ce qui a donnĂ© lieu Ă  la thĂ©orie selon laquelle ils pourraient s’ĂȘtre installĂ©s dans cette rĂ©gion Ă  un moment donnĂ©. Cette idĂ©e est peut-ĂȘtre confirmĂ©e par leur mythologie, oĂč il est mentionnĂ© qu’ils sont venus de l'est en provenance d’un emplacement situĂ© Ă  proximitĂ© d'un lac.

Les ethnologues et les universitaires Ă©tudiant le mandan souscrivent Ă  la thĂ©orie selon laquelle, comme les autres peuples sioux (y compris Ă©ventuellement les Hidatsas), ils seraient originaires de la rĂ©gion de la partie supĂ©rieure du fleuve Mississippi et de la riviĂšre Ohio correspondant aujourd'hui Ă  l’État de l’Ohio. Si tel est bien le cas, les Mandans auraient migrĂ© au nord vers la vallĂ©e du Missouri et de son affluent, la Heart River dans l'actuel Dakota du Nord, oĂč les premiers EuropĂ©ens les ont rencontrĂ©s. Cette migration aurait peut-ĂȘtre eu lieu dĂšs le VIIe siĂšcle, mais probablement entre l’an 1000 et le XIIIe siĂšcle[17].

AprĂšs leur arrivĂ©e sur les bords de la Heart River, les Mandans construisirent neuf villages, deux sur la rive est de la riviĂšre et sept sur la rive ouest. À un certain moment, durant cette pĂ©riode, le peuple Hidatsa migra aussi dans la rĂ©gion. La tradition mandan indique que les Hidatsas Ă©taient une tribu nomade, jusqu'Ă  leur rencontre avec les Mandans qui leur ont appris Ă  construire des villages fixes et Ă  cultiver la terre. Les Hidatsas ont gardĂ© des relations amicales avec les Mandans et construit des villages au nord de leur territoire sur la Knife River.

Rencontre avec les Européens

Peinture d'un village Mandan par George Catlin. Vers 1833.

La premiĂšre rencontre avec les Français a eu lieu avec la visite d’un explorateur français de la Nouvelle-France, le Sieur de la Verendrye en 1738. Il a Ă©tĂ© estimĂ© qu’au moment de cette visite, 15 000 Mandans environ rĂ©sidaient dans les neuf villages de la Heart River (nom actuel)[18]. Des chevaux ont Ă©tĂ© acquis par les Mandans au milieu du XVIIIe siĂšcle et ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour se dĂ©placer et pour chasser. Le cheval a contribuĂ© Ă  l'expansion du territoire de chasse des Mandans. La rencontre avec les Français au XVIIIe siĂšcle a crĂ©Ă© un courant d’échange entre les Français et les AmĂ©rindiens de la rĂ©gion, les Mandans jouant le rĂŽle d’intermĂ©diaires dans le commerce des fourrures, des chevaux, des armes, des produits de l’agriculture et de la chasse au bison.

En 1796, les Mandans ont reçu la visite de l'explorateur gallois John Evans qui espĂ©rait trouver la preuve que leur langue contenait des mots gallois. Evans a passĂ© l'hiver 1796-97 avec les Mandans, mais n'a trouvĂ© aucune preuve d'une quelconque influence galloise. En , il Ă©crit Ă  M. Samuel Jones « Ainsi, aprĂšs avoir Ă©tudiĂ© et cartographiĂ© le Missouri sur 1 800 milles et rencontrĂ© tous les Indiens de ce cĂŽtĂ©-ci de l'ocĂ©an Pacifique, de 35 Ă  49 degrĂ©s de latitude, je suis en mesure de vous informer qu'il n'existe aucun peuple qui soient des Indiens gallois »[19].

En 1804, quand Lewis et Clark ont rencontrĂ© la tribu, le nombre des Mandans avait Ă©tĂ© fortement rĂ©duit par les Ă©pidĂ©mies de variole et les attaques de bande d’Assiniboines, de Lakotas et d’Arikaras (avec qui ils s’allieront plus tard, pour lutter contre les Lakotas). À ce stade, les neuf villages, s’étaient regroupĂ©s en deux villages. L'expĂ©dition Lewis et Clark a trouvĂ© hospitalitĂ© dans les villages du Haut-Missouri ou l'expĂ©dition s'est arrĂȘtĂ©e pour l'hiver. En l'honneur de leurs hĂŽtes, l'expĂ©dition a baptisĂ© le camp qui a alors Ă©tĂ© construit, Fort Mandan. C'est lĂ  que Lewis et Clark ont rencontrĂ© pour la premiĂšre fois Sacagawea, une Shoshone qui avait Ă©tĂ© la captive des Hidatsas et de son mari, le trappeur Toussaint Charbonneau. Ceux-ci se joignirent Ă  l'expĂ©dition et Sacagawea guida l'expĂ©dition Ă  l'ouest vers l’ocĂ©an Pacifique. AprĂšs leur retour dans les villages Mandans, Lewis et Clark ont ramenĂ© le chef mandan Sheheke (en) (Coyote ou Big White) Ă  Washington pour rencontrer le prĂ©sident Thomas Jefferson. Par la suite, le chef Sheheke a Ă©tĂ© tuĂ© dans un combat avec les Hidatsas en 1812[20].

En 1833, l'artiste George Catlin a rencontrĂ© les Mandans prĂšs de Fort Clark. Catlin a peint et dessinĂ© des scĂšnes de la vie des Mandans, ainsi que des portraits de chefs, notamment Ma-to-toh-pe (en). Son habiletĂ© de portraitiste a tellement impressionnĂ© Ma-to-toh-pe que Catlin a Ă©tĂ© le premier europĂ©en autorisĂ© Ă  assister Ă  la cĂ©rĂ©monie de l’Okipa. Pendant les mois d'hiver de l’annĂ©e 1833 et 1834 le prince Maximilian zu Wied-Neuwied et l’artiste suisse Karl Bodmer ont sĂ©journĂ© chez les Mandans.

Spéculations à propos de contacts pré-colombiens avec les Européens

Au XVIIIe siÚcle des rapports sur les caractéristiques des habitations des Mandans, leur religion et, accessoirement, les caractéristiques physiques des membres de la tribu, telles que la couleur de leurs yeux bleu et gris ainsi que la teinte claire de leurs cheveux, a suscité des spéculations sur la possibilité de contacts avec les européens pendant la période pré-colombienne. Catlin croyait que les Mandans étaient les « Indiens gallois » de la légende populaire, les descendants du prince Madoc et de ses compagnons qui auraient émigré en Amérique en provenance du pays de Galles aux environs de 1170. Cette opinion a eu beaucoup de succÚs à l'époque, mais a depuis été contestée par la majorité des universitaires[21].

Une spĂ©culation plus tardive a suggĂ©rĂ© que les Mandans auraient pu avoir des contacts Ă  l’époque prĂ©-colombienne avec les explorateurs vikings. Des interprĂ©tations controversĂ©es de la pierre runique de Kensington, trouvĂ©e en 1898 dans la commune rurale de Solem, dans le comtĂ© de Douglas situĂ© au Minnesota, ont prĂ©sentĂ© la pierre runique comme une preuve du passage des Vikings. Toutefois, il n'existe aucune preuve d’un hypothĂ©tique contact entre les Mandans et les Vikings et cette interprĂ©tation a trĂšs peu de partisans parmi les anthropologues et les historiens[22].

ÉpidĂ©mie de variole de 1837–38

Les Mandans ont d'abord Ă©tĂ© frappĂ©s par la variole au XVIe siĂšcle et leurs rangs ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©s par des Ă©pidĂ©mies similaires pendant plusieurs dĂ©cennies. Entre 1837 et 1838, une autre Ă©pidĂ©mie de variole a balayĂ© la rĂ©gion. En , un bateau Ă  vapeur de l’American Fur Company a remontĂ© le fleuve Missouri vers l'ouest Ă  partir de Saint-Louis. Les passagers et les nĂ©gociants qu’il transportait ont infectĂ© les tribus Mandan, Hidatsa et Arikara. À l’époque, 1 600 Mandans environ vivaient dans les deux villages. La maladie dĂ©truisit les colonies de Mandans. Presque tous les membres de la tribu, y compris le chef Ma-to-toh-pe, sont morts. Les estimations du nombre de survivants vont de 27 personnes Ă  un maximum de 150 et la plupart des sources s’accordent gĂ©nĂ©ralement sur le nombre de 125. Les survivants se sont regroupĂ©s avec leurs voisins Hidatsas en 1845 et ont crĂ©Ă© le Like-a-Fishhook Village (en).

Le chef Mandan Ma-to-toh-pe aurait dĂ©clarĂ© « comme une meute de chiens noirs, ils m’ont trompĂ©, moi qui les ai toujours considĂ©rĂ©s comme mes frĂšres, et ils se sont avĂ©rĂ©s ĂȘtre mes pires ennemis »[23]. Francis Chardon, dans son Journal de Fort Clark 1834-1839, a Ă©crit que les Gros Ventres (ie. Hidatsa), « avaient criĂ© vengeance contre tous les Blancs, car la petite vĂ©role avait Ă©tĂ© apportĂ©e par le bateau Ă  vapeur. »[24]. Dans la premiĂšre Ă©tude dĂ©taillĂ©e de l'Ă©vĂ©nement, dans The American Fur Trade of the Far West (Le commerce des fourrures dans le Far West AmĂ©ricain en 1902), Hiram M. Chittenden a mis en cause l'American Fur Company dans la propagation de l'Ă©pidĂ©mie. La tradition orale des tribus concernĂ©es continue Ă  affirmer que les Blancs Ă©taient responsables de la maladie[25]. R. G. Robertson dans son livre Rotting Face : smallpox and the American Indian pointe la responsabilitĂ© du capitaine Pratte de St. Peter pour ne pas avoir ordonnĂ© une quarantaine, aprĂšs le dĂ©clenchement de l'Ă©pidĂ©mie, tout en affirmant qu’il n’était pas « coupable de gĂ©nocide prĂ©mĂ©ditĂ©, mais responsable d’avoir contribuĂ© Ă  la mort de milliers d’innocents. La loi qualifie cette infraction de nĂ©gligence criminelle. Pourtant, Ă  la lumiĂšre du nombre de dĂ©cĂšs, de l’anĂ©antissement quasi complet des Mandans, et des terribles souffrances endurĂ©es par toute la rĂ©gion, la qualification de nĂ©gligence criminelle est dĂ©risoire, face Ă  une action qui a eu des consĂ©quences aussi horribles »[26].

Ward Churchill (en), avait affirmĂ© qu’en 1837, l'armĂ©e amĂ©ricaine aurait sciemment distribuĂ© aux Mandans des couvertures infectĂ©es par le virus de la variole, dans le cadre d'un complot gĂ©nocidaire. Aucun historien spĂ©cialisĂ© dans ce domaine, n’a confirmĂ© les accusations de Churchill contre l'ArmĂ©e. À l'UniversitĂ© du Colorado, des enquĂȘtes sur les recherches menĂ©es par Churchill ont conclu que, dans ce cas, il avait dĂ©formĂ© ses sources et « crĂ©Ă© des mythes sous couvert d'Ă©tudes universitaires »[27] - [28].

Fin du XIXe et XXe siĂšcle

Hutte de danse de la rĂ©gion d’Elbowoods dans la rĂ©serve de Fort Berthold. Il s'agit d'une construction en bois rĂ©alisĂ© dans le style classique des habitations Mandan bĂątie en 1923. Cette rĂ©gion a Ă©tĂ© inondĂ©e en 1951. Collection de l’Historic American Engineering Record, Ă  la BibliothĂšque du CongrĂšs.

Les Mandans se sont joints aux Arikaras en 1862. À ce moment-lĂ , Fishhook Village est devenu un important centre commercial de la rĂ©gion. Dans les annĂ©es 1880 cependant, le village a Ă©tĂ© abandonnĂ©. Pendant la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, on a observĂ© une diminution progressive de la population des trois tribus du groupe (les Mandans, Hidatsas et Arikaras). Le traitĂ© de Fort Laramie de 1851 a attribuĂ© 12 millions d'acres (49 000 km2) de terres au territoire dĂ©tenu conjointement par ces trois tribus. Avec la crĂ©ation de la rĂ©serve de Fort Berthold par dĂ©cret exĂ©cutif du , le gouvernement fĂ©dĂ©ral a reconnu que le territoire concĂ©dĂ© n’était que de 8 millions d'acres (32 000 km2). Le , un autre dĂ©cret exĂ©cutif a privĂ© les tribus de 7 millions d'acres (28 000 km2) situĂ©s Ă  l'extĂ©rieur des limites de la rĂ©serve.

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, le gouvernement a saisi d’autres terres, et en 1910, la rĂ©serve Ă©tait rĂ©duite Ă  la superficie dĂ©risoire de 360 000 hectares (3 600 km2)[29]. Ce territoire se situent dans les comtĂ©s de Dunn, McKenzie, McLean, Mercer, Mountrail et Ward du Dakota du Nord. En 1951, le Corps du gĂ©nie de l'armĂ©e des États-Unis a commencĂ© la construction du barrage Garrison sur le fleuve Missouri. Ce barrage a crĂ©Ă© le lac Sakakawea qui a inondĂ© une partie de la rĂ©serve de Fort Berthold notamment les villages de Fort Berthold et d’Elbowoods ainsi qu’un certain nombre d'autres villages. Les habitants de ces villages ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s et New Town a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e pour eux.

Si une nouvelle ville a Ă©tĂ© construite pour les personnes dĂ©placĂ©es appartenant Ă  ces tribus, des dommages irrĂ©mĂ©diables ont Ă©tĂ© infligĂ©s aux fondements sociaux et Ă©conomiques de la rĂ©serve. Les eaux du barrage ont recouvert prĂšs d'un quart des terres de la rĂ©serve. Ce pays possĂšde des terrains qui figurent parmi les terres agricoles les plus fertiles sur lesquelles reposait toute l'Ă©conomie agricole. En outre, les retenues d’eau ont englouti les sites des villages historiques ainsi que des sites archĂ©ologiques.

Époque actuelle

Les Mandans et les deux tribus apparentĂ©es, tout en Ă©tant associĂ©es, ont conservĂ© dans l’ensemble les traditions de leurs ancĂȘtres. Le dernier Mandan de race pure est mort en 1971[15]. Les membres de la tribu se sont relevĂ©s du traumatisme de leur dĂ©placement dans les annĂ©es 1950 et une partie de leur rĂ©tablissement a Ă©tĂ© favorisĂ© par deux extensions rĂ©centes de la Nouvelle-Ville. Le Casino et la Lodge de Four Bears ont Ă©tĂ© construits en 1993, attirant les touristes et apportant de l'argent aux pauvres de la rĂ©serve[30]. Le plus rĂ©cent ajout Ă  la nouvelle ville a Ă©tĂ© la zone nouvelle de Four Bears Bridge, qui a Ă©tĂ© construite avec l’effort conjoint des trois tribus et du ministĂšre des Transports du Dakota du Nord. Le pont enjambant le fleuve Missouri, remplace un ancien pont de Four Bears qui a Ă©tĂ© construit en 1955. Le nouveau pont, — le plus grand pont de l'État du Dakota du Nord — est dĂ©corĂ© de mĂ©daillons cĂ©lĂ©brant les cultures des trois tribus. Le pont a Ă©tĂ© ouvert Ă  la circulation le et a Ă©tĂ© officiellement inaugurĂ© lors d'une cĂ©rĂ©monie le [31].

Notes et références

  1. Ce chiffre est donné par la plupart des sources bien qu'il existe une controverse à ce sujet.
  2. Synonymy section written by D. R. Parks in Wood & Irwin p. 362–364.
  3. Jahoda 1975, p. 174.
  4. George Catlin, Les indiens d’AmĂ©rique du Nord, Paris, Albin Michel, , 551 p. (ISBN 2-226-06123-1), p. 100
  5. Personal communication from Mauricio Mixco in 1999, reported in Parks & Rankin p. 112.
  6. Chafe 1976, p. 37–38
  7. Hollow 1970, p. 457
  8. Mithun 1999, p. 280
  9. Hollow & Parks 1980, p. 82.
  10. Pritzker 2000, p. 336
  11. Zimmerman 1998, p. 298–299.
  12. Mandan Social and Ceremonial Organization by Alfred W. Bowers and Gerard Baker 1950 republished 2004
  13. Pierre Clastres, « De la Torture dans les sociĂ©tĂ©s primitives », L'Homme, t. 13, no 3,‎ , p. 114-120 (DOI 10.3406/hom.1973.367366, lire en ligne).
  14. Zimmerman 1998, p. 299–300.
  15. Dying Tongues
  16. Jahoda 1975, p. 177–182.
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  26. Robertson 2001, p. 299–303
  27. (en) Thomas Brown, « Did the U.S. Army Distribute Smallpox Blankets to Indians? Fabrication and Falsification in Ward Churchill’s Genocide Rhetoric » [PDF], sur Plagiary.org : Cross-Disciplinary Studies in Plagiarism, Fabrication, and Falsification,
  28. (en) Marianne Wesson, Robert Clinton, José Limón, Marjorie McIntosh et Michael Radelet, Report of the Investigative Committee of the Standing Committee on Research Misconduct at the University of Colorado at Boulder concerning Allegations of Academic Misconduct against Professor Ward Churchill, University of Colorado at Boulder, , PDF (lire en ligne)
  29. Pritzker 2000, p. 335
  30. Indian Gaming Association press release For casino opening date.
  31. (en) Thomas A. Kvamme, « New Four Bears Bridge is open for traffic », Williston Herald,‎ (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

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Liens externes

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