AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

MĂ©decine traditionnelle africaine

La mĂ©decine africaine traditionnelle est une mĂ©decine alternative faisant appel Ă  l'herboristerie autochtone et Ă  la spiritualitĂ© africaine, impliquant gĂ©nĂ©ralement des devins, des sages-femmes, et des herboristes. Les praticiens de la mĂ©decine africaine traditionnelle affirment pouvoir soigner diverses maladies telles que les cancers, les troubles psychiatriques, l'hypertension artĂ©rielle, le cholĂ©ra, les maladies vĂ©nĂ©riennes, l'Ă©pilepsie, l'asthme, l'eczĂ©ma, la fiĂšvre, l'anxiĂ©tĂ©, la dĂ©pression, l'hyperplasie bĂ©nigne de la prostate, les infections, la goutte ; et susciter la guĂ©rison des plaies et des brĂ»lures, et mĂȘme de l'Ebola[1] - [2].

ABUBARKAR
Plantes utilisées en médecine traditionnelle africaine.

Le diagnostic est obtenu par des moyens spirituels puis un traitement est prescrit, consistant gĂ©nĂ©ralement en un remĂšde Ă  base de plantes qui est considĂ©rĂ© comme ayant non seulement des capacitĂ©s de guĂ©rison, mais Ă©galement une signification symbolique et spirituelle. La mĂ©decine africaine traditionnelle, convaincue que la maladie ne dĂ©coule pas d'Ă©vĂ©nements fortuits, mais d’un dĂ©sĂ©quilibre spirituel ou social, diffĂšre grandement de la mĂ©decine scientifique moderne, qui repose sur des bases techniques et analytiques. Au XXIe siĂšcle, les mĂ©dicaments et les procĂ©dures mĂ©dicales modernes restent inaccessibles Ă  une grande partie des populations africaines en raison de leur coĂ»t relativement Ă©levĂ© et de la concentration des Ă©tablissements de santĂ© dans les centres urbains.

Avant la crĂ©ation de la mĂ©decine scientifique, la mĂ©decine traditionnelle Ă©tait le systĂšme mĂ©dical dominant pour des millions de personnes en Afrique. L'arrivĂ©e des EuropĂ©ens a marquĂ© un tournant dans l'histoire de cette tradition et de cette culture anciennes[3]. Les mĂ©dicaments Ă  base de plantes en Afrique ne font gĂ©nĂ©ralement pas l'objet de recherches suffisantes, et sont peu rĂ©glementĂ©s[4]. La documentation dĂ©taillĂ©e des connaissances traditionnelles, gĂ©nĂ©ralement transmise oralement, fait dĂ©faut[5]. Des erreurs d’identification ou de mauvaise utilisation des plantes en vue de guĂ©rison peuvent entraĂźner des effets indĂ©sirables graves[1].

La portée géographique de cet article est l'Afrique subsaharienne. Des traditions médicales voisines ont influencé la médecine africaine traditionnelle[A 1].

Histoire

Époque coloniale

La science a, par le passĂ©, considĂ©rĂ© les savoir traditionnels et leurs mĂ©thodes comme primitifs et arriĂ©rĂ©s[6]. Sous le rĂ©gime colonial, les guĂ©risseurs-coutumiers africains traditionnels sont interdits car de nombreux pays les considĂšrent comme des pratiquants de sorcellerie et de magie, et les dĂ©clarent illĂ©gaux auprĂšs des autoritĂ©s coloniales, crĂ©ant ainsi une guerre contre des aspects de la culture autochtone considĂ©rĂ©s comme relevant de la sorcellerie. Au cours de cette pĂ©riode, des tentatives visent Ă©galement Ă  contrĂŽler la vente de mĂ©dicaments Ă  base de plantes[1]. AprĂšs l'indĂ©pendance du Mozambique en 1975, ces tentatives de contrĂŽle de la mĂ©decine traditionnelle vont jusqu'Ă  envoyer des devins-guĂ©risseurs dans des camps de rĂ©Ă©ducation. Alors que le colonialisme et le christianisme se propagent Ă  travers l'Afrique, les colonialistes construisent des hĂŽpitaux gĂ©nĂ©raux, les missionnaires chrĂ©tiens des hĂŽpitaux privĂ©s, dans l'espoir de lutter contre les maladies rĂ©pandues. Peu de choses sont faites pour Ă©tudier la lĂ©gitimitĂ© des pratiques traditionnelles, de nombreux Ă©trangers estimant que les pratiques mĂ©dicales indigĂšnes sont paĂŻennes et superstitieuses, et ne peuvent ĂȘtre convenablement pratiquĂ©es qu'en hĂ©ritant des mĂ©thodes occidentales selon Onwuanibe[7]. En pĂ©riode de conflit, l’opposition a Ă©tĂ© particuliĂšrement vive, car les gens ont davantage tendance Ă  faire appel au domaine surnaturel[1]. En consĂ©quence, les mĂ©decins et les praticiens de santĂ© ont, dans la plupart des cas, continuĂ© Ă  fuir les tradipraticiens malgrĂ© leur contribution Ă  la satisfaction des besoins sanitaires fondamentaux de la population[6].

PĂ©riode moderne

Nurse at Koidu Hospital Sierra Leone consulting with patients
Patients consultant une infirmiĂšre Ă  l'hĂŽpital Koidu en Sierra Leone.

Depuis le dĂ©but du xxie siĂšcle, les traitements et les remĂšdes utilisĂ©s dans la mĂ©decine africaine traditionnelle ont Ă©tĂ© mieux apprĂ©ciĂ©s par les chercheurs en sciences. Les pays en dĂ©veloppement ont commencĂ© Ă  prendre conscience des coĂ»ts Ă©levĂ©s des systĂšmes de soins de santĂ© modernes et des technologies nĂ©cessaires, prouvant ainsi la dĂ©pendance de l'Afrique Ă  cet Ă©gard[6]. Pour cette raison, un intĂ©rĂȘt a Ă©tĂ© exprimĂ© pour l'intĂ©gration de la mĂ©decine africaine traditionnelle dans les systĂšmes de soins de santĂ© nationaux du continent[1]. Un guĂ©risseur africain a adoptĂ© ce concept en construisant Ă  Kwa-Mhlanga, en Afrique du Sud, un hĂŽpital de 48 lits, le premier du genre, combinant des mĂ©thodes traditionnelles avec l'homĂ©opathie, l'iridologie, et d'autres mĂ©thodes de guĂ©rison occidentales, y compris mĂȘme des mĂ©decines traditionnelles asiatiques[1]. Cependant, la technologie trĂšs sophistiquĂ©e impliquĂ©e dans la mĂ©decine moderne, qui commence Ă  s'intĂ©grer dans le systĂšme de santĂ© africain, pourrait Ă©ventuellement dĂ©truire des valeurs culturelles profondĂ©ment ancrĂ©es en Afrique[7].

Diagnostics

Les diagnostics et les mĂ©thodes de traitement choisis en mĂ©decine africaine traditionnelle reposent essentiellement sur des aspects spirituels, souvent fondĂ©s sur la conviction que les aspects psycho-spirituels doivent ĂȘtre traitĂ©s avant les aspects mĂ©dicaux. Dans la culture africaine, on pense que « personne ne tombe malade sans raison suffisante »[8]. Les praticiens traditionnels considĂšrent le « qui » comme ultime, plutĂŽt que le « quoi », pour localiser la cause et le traitement d'une maladie, et les rĂ©ponses fournies dĂ©coulent des croyances cosmologiques du peuple[8]. PlutĂŽt que de rechercher les raisons mĂ©dicales ou physiques d'une maladie, les guĂ©risseurs traditionnels tentent de dĂ©terminer la cause fondamentale de la maladie, qui rĂ©sulterait d'un dĂ©sĂ©quilibre entre le patient et son environnement social ou le monde spirituel, et non de causes naturelles[1]. Les causes naturelles sont considĂ©rĂ©es comme dues Ă  l'intervention d’esprits ou de dieux. Par exemple, la maladie peut ĂȘtre attribuĂ©e Ă  la culpabilitĂ© de la personne, de la famille ou du village pour un pĂ©chĂ© ou une atteinte morale. La maladie proviendrait donc du mĂ©contentement des dieux ou de Dieu, Ă  cause d'une infraction Ă  la loi morale universelle[8]. Selon le type de dĂ©sĂ©quilibre que connaĂźt l'individu, une plante de guĂ©rison appropriĂ©e sera utilisĂ©e, selon sa signification symbolique et spirituelle ainsi que pour son effet mĂ©dicinal[1].

Quand une personne tombe malade, un praticien traditionnel utilise des incantations pour Ă©tablir un diagnostic. Ces incantations donnent un aspect de connexions mystiques et cosmiques. La divination est gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e si la maladie n'est pas facilement identifiable, sinon la maladie peut ĂȘtre rapidement diagnostiquĂ©e et traitĂ©e. Si la divination est nĂ©cessaire, le praticien conseillera au patient de consulter un devin qui pourra en outre diagnostiquer et « guĂ©rir ». Le contact avec le monde des esprits par la divination nĂ©cessite souvent non seulement des mĂ©dicaments, mais aussi des sacrifices[8].

Traitements

Les praticiens traditionnels utilisent une grande variĂ©tĂ© de traitements, allant de la « magie » aux mĂ©thodes biomĂ©dicales telles que le jeĂ»ne et les rĂ©gimes amaigrissants, la phytothĂ©rapie, le bain, les massages et les procĂ©dures chirurgicales[6]. Les migraines, la toux, les abcĂšs et la pleurĂ©sie sont souvent traitĂ©s en pratiquant des entailles dermiques, aprĂšs quoi une pommade Ă  base de plantes est appliquĂ©e avec des mĂ©dicaments eux aussi Ă  base de plantes. Les animaux sont Ă©galement parfois utilisĂ©s pour transfĂ©rer la maladie ultĂ©rieurement, ou pour la fabrication de mĂ©dicaments de zoothĂ©rapie. Certaines cultures frottent une pommade aux herbes chaudes sur les paupiĂšres du patient pour soigner les maux de tĂȘte. Le paludisme est traitĂ© en buvant et en utilisant la vapeur d'un mĂ©lange Ă  base de plantes. Les fiĂšvres sont souvent traitĂ©es Ă  l'aide d'un bain de vapeur. En outre, on provoque des vomissements ou des Ă©mĂ©tiques dans le but de guĂ©rir certaines maladies. Par exemple, le bƓuf cru est trempĂ© dans la boisson d'une personne alcoolique afin de provoquer des vomissements et des nausĂ©es, et de traiter l'alcoolisme. Dans la baie du BĂ©nin, les autochtones utilisent la graisse d'un boa constricteur pour guĂ©rir soi-disant de la goutte et des rhumatismes. On pense Ă©galement qu'elle soulage les douleurs Ă  la poitrine lorsqu'elle est frottĂ©e Ă  la peau[9]. En Afrique du Sud, des os de babouins sont utilisĂ©s comme traitement de l'arthrite, et le frottement des terpĂ©noĂŻdes du colĂ©optĂšre (Mylabris sp.) sur la peau pour le traitement de maladies de la peau[10].

Environ 60 % Ă  80 % des Africains ont recours aux remĂšdes traditionnels pour se soigner eux-mĂȘmes contre diverses maladies[11] - [12] Une revue systĂ©matique publiĂ©e en 2018 a estimĂ© que prĂšs de 60% (58,2%) [4,6% Ă  94%] de la population gĂ©nĂ©rale en Afrique subsaharienne utilisait des mĂ©dicaments traditionnels et des mĂ©dicaments complĂ©mentaires[13]. Un pourcentage important de la population sud-africaine a Ă©galement recours aux remĂšdes traditionnels pour traiter ses animaux contre diverses maladies[14].

Plantes médicinales

Préparation et séchage de plantes de médecine traditionnelle fraßchement déterrées (muti).

L'Afrique est dotĂ©e de nombreuses plantes pouvant ĂȘtre utilisĂ©es Ă  des fins mĂ©dicinales. Sur les quelque 4 600 espĂšces de plantes utilisĂ©es en Afrique tropicale, plus de 4 000 sont utilisĂ©es comme plantes mĂ©dicinales[15]. Les plantes mĂ©dicinales sont utilisĂ©es dans le traitement de nombreuses maladies ; leur utilisation et leurs effets prĂ©sentent un intĂ©rĂȘt croissant pour les sociĂ©tĂ©s occidentales. Ces plantes sont utilisĂ©es et choisies pour leurs capacitĂ©s de guĂ©rison et ont aussi souvent une signification symbolique et spirituelle. Par exemple, les feuilles, les graines et les brindilles blanches, noires et rouges sont considĂ©rĂ©es comme particuliĂšrement symboliques ou magiques, et possĂšdent des propriĂ©tĂ©s spĂ©ciales[1].

Prunus africana with stripped bark.
Prunus africana à l'écorce dénudée.

Pygeum (Prunus africana) : le pygeum n’est pas seulement utilisĂ© en mĂ©decine traditionnelle africaine, mais a une rĂ©putation mondiale dans le traitement de Hypertrophie bĂ©nigne de la prostate, lĂ©gĂšre Ă  modĂ©rĂ©e. Dans la pratique africaine traditionnelle, l'Ă©corce est transformĂ©e en thĂ©, alors qu'ailleurs dans le monde on la trouve dans les poudres, les teintures et les pilules. Le pygeum est vendu en Europe depuis les annĂ©es 1970, et est rĂ©coltĂ© en grande quantitĂ© au Cameroun et Ă  Madagascar chaque annĂ©e[1].

Securidaca longipedunculata : il s'agit d'une plante tropicale que l'on trouve presque partout sur le continent et dont les utilisations varient selon les rĂ©gions d'Afrique. En Tanzanie, l'Ă©corce et la racine sĂ©chĂ©es sont utilisĂ©es comme laxatif pour les troubles du systĂšme nerveux, une tasse du mĂ©lange Ă©tant prise quotidiennement pendant deux semaines. En Afrique de l'Est, les feuilles sĂ©chĂ©es de la plante sont utilisĂ©es dans le traitement des plaies, de la toux, des maladies vĂ©nĂ©riennes et des morsures de serpent. Au Malawi, les feuilles sont Ă©galement utilisĂ©es pour traiter les plaies, la toux, les maladies vĂ©nĂ©riennes et les morsures de serpent, ainsi que pour la bilharziose, et les feuilles sĂšches sont utilisĂ©es pour soigner les maux de tĂȘte. Dans d'autres parties du continent, des parties de la plante sont utilisĂ©es pour soigner les maladies de la peau, le paludisme, l'impuissance, l'Ă©pilepsie et sont Ă©galement utilisĂ©es comme aphrodisiaques.

Une Ă©tude, intitulĂ©e ActivitĂ© inhibitrice de l'ACE des plantes nutritives dans le KwaZulu-Natal a Ă©tĂ© menĂ©e par Irene Mackraj et S. Ramesar, du dĂ©partement de physiologie et de chimie physiologique ; et H. Baijnath, du dĂ©partement des sciences biologiques et de la conservation de l’universitĂ© du KwaZulu-Natal, Ă  Durban, en Afrique du Sud, examine l’efficacitĂ© de seize plantes poussant dans la rĂ©gion sud-africaine du KwaZulu-Natal. Elle conclut que huit extraits de plantes pourraient ĂȘtre utiles pour traiter l’hypertension[16]. Les plantes (appelĂ©es localement muti) utilisĂ©es par les guĂ©risseurs traditionnels examinĂ©s par l'Ă©quipe Ă©taient, entre autres, Amaranthus dubius, Amaranthus hybridus, Asystasia gangetica, Galinsoga parviflora, Justicia flava, Oxygonum sinuatum, Physalis viscosa et Tulbaghia violacea, qui se sont avĂ©rĂ©es avoir des effets positifs, ce dernier Ă©tant le plus prometteur pour abaisser la tension artĂ©rielle[16]. La diversitĂ© infragĂ©nĂ©rique unique de Aloe L. (Aloaceae / Asphodelaceae) et les vastes utilisations thĂ©rapeutiques en Afrique australe suggĂšrent sa signification culturelle dans le sous-continent[17]. Les palmiers sont trĂšs couramment utilisĂ©s comme Ă©lĂ©ments rituels, ainsi que comme ingrĂ©dient[18].

Certaines personnes Ă  Grahamstown, en Afrique du Sud, utilisent des plantes et des mauvaises herbes traditionnelles comme alternative[19].

Cannabis sativa.

Les feuilles fraĂźches de Cannabis sativa (intsango) sont transformĂ©es en dĂ©coction, prise trois fois par jour pour traiter l'asthme, elles sont Ă©galement utilisĂ©es en inhalation. En Afrique du Sud, l'intsango est utilisĂ© pour soigner la bronchite, les maux de tĂȘte, les douleurs de l'accouchement et l'hypertension[19].

Carduus tenuiflorus.

Carduus tenuiflorus (uMhlakavuthwa) est utilisée pour extraire le poison ou les maladies. La croyance veut que la plante aspire la cause de la maladie en soi.

Datura stramonium.

Datura stramonium (uQhwangu-qhwangu)est utilisĂ©e en feuilles fraĂźches comme pansement pour soulager la douleur et l’enflure. Il est Ă©galement utilisĂ© comme antiseptique aprĂšs la circoncision. Dans ce dernier cas, la plante n’est utilisĂ©e qu’une fois, elle ne doit pas ĂȘtre utilisĂ©e de maniĂšre rĂ©pĂ©titive, car elle peut ĂȘtre nocive en raison de sa puissance. Les feuilles fraĂźches sont Ă©galement appliquĂ©es bouillies deux fois par jour.

Emex australis.

Emex australis (inkunzane). Cette racine est utilisĂ©e chez les nourrissons souffrant d’agitation ou de constipation. Elle est utilisĂ©e en dĂ©coction. Les adultes utilisent Ă©galement la dĂ©coction pour traiter la constipation.

Galenia secunda est utilisé pour traiter les douleurs rénales chez les adultes. La racine est mélangée avec les racines d'emex australis (inkunzane). Deux cuillÚres à café de décoction sont prises deux fois par jour. Il est également administré aux bébés atteints de coliques en utilisant deux gouttes par jour.

Lantana camara.

Lantana camara (iqunule) est utilisé pour traiter les douleurs dorsales et abdominales. Les racines sont bouillies dans de l'eau et bues sous forme de thé deux fois par jour. En outre, il est utilisé pour traiter les infections gonococciques et les problÚmes urinaires causés par des rapports sexuels.

Opuntia ficus-indica (itolofiya) est utilisĂ© pour traiter les plaies entre les orteils et les doigts, ces plaies sont rĂ©putĂ©es ĂȘtre causĂ©es par igazi elimdaka (« sang sale Â»). Les orteils ont tendance Ă  devenir gonflĂ©s et suintent de pus. La feuille fraĂźche est cuite au feu, la gelĂ©e intĂ©rieure est ensuite appliquĂ©e sur les plaies.

Rumex sagittatus.

Rumex sagittatus (ibhathatha) : l'infusion de racine est mise dans de l'eau froide et utilisée comme produit de lavage corporel. Il est utilisé pour nettoyer le corps des malheurs et des maux.

Schinus molle.

Schinus molle (ipepile). La décoction de feuilles se prend par voie orale pour traiter la fiÚvre et la grippe. Les feuilles sont ajoutées à de l'eau bouillante et la vapeur est utilisée pour traiter la fiÚvre.

Feuilles d'Anredera cordifolia.

Anredera cordifolia (idlula) : les feuilles des plantes sont écrasées et appliquées sur des pieds enflés dont la cause est attribuée à une mauvaise circulation sanguine. Il est également utilisé pour traiter les problÚmes de reins ou de foie. La sÚve des feuilles est ensuite utilisée pour traiter les éruptions cutanées causées par le contact avec de l'eau sale[19].

Araucaria bidwillii (indiyandyiya). Elle est utilisée pour traiter l'aménorrhée causée par des problÚmes congénitaux, la tuberculose et la malnutrition. L'écorce est rùpée et une cuillÚre à soupe des restes est mélangée à 750 ml d'eau froide. Le mélange est pris oralement une fois par jour.

Araujia sericifera (iquwa) est utilisĂ© pour traiter l'amafufunyana[19], dĂ©crit par Ngubane comme une forme extrĂȘme de dĂ©pression associĂ©e Ă  des symptĂŽmes psychotiques tels que des idĂ©es dĂ©lirantes, l'hystĂ©rie, une explosion de violence et des idĂ©es de suicide. Les racines sont mĂ©langĂ©es avec d'autres mĂ©dicaments[20].

Argemone mexicana (ikhakhakhakha). Cette dĂ©coction de racine est mĂ©langĂ©e aux racines du rubus pinnatus (iqunube). Elle est administrĂ©e au moyen d'un lavement pour guĂ©rir les douleurs rĂ©nales. Le mĂ©lange doit ĂȘtre utilisĂ© immĂ©diatement, car s'il reste longtemps au repos, il devient nocif.

Bidens pilosa (umhlabangubo) est utilisé pour traiter l'infertilité chez les femmes. Les racines sont nettoyées, bouillies dans de l'eau puis prises par voie orale. En outre, il est utilisé pour se laver le corps aprÚs que les feuilles aient été trempées pendant la nuit dans l'eau de bain. Ainsi, on croit que l'eau de baignade protÚge des esprits diaboliques (imoya emdaka)[19].

Parmi les autres plantes étudiées scientifiquement en 2016, citons Erigeron floribundus, une plante médicinale utilisée au Cameroun, inhibée par le nicotinate mononucléotide adénylyltransférase de Staphylococcus aureus (NadD), mais sans effet sur l'analogue humain. Le spathulénol et le limonÚne font partie des composants d'huiles essentielles[21].

Un médicament traditionnel de l'arbre tropical Olon et une autre espÚce du genre Zanthoxylum se sont avérés avoir des composés synergiques qui tuent à la fois les moustiques et leurs parasites plasmodium[22].

Spiritualité

un homme assis au pied d'un arbre
Un devin Bédik à Iwol, au sud-est du Sénégal (Afrique de l'Ouest). Il prédit en examinant la couleur des organes des poulets sacrifiés.

Certains guĂ©risseurs peuvent utiliser des charmes, des incantations et des lancers de sorts dans leurs traitements. La nature dualiste de la mĂ©decine africaine traditionnelle entre le corps et l’esprit, la matiĂšre et l’esprit et leurs interactions les unes avec les autres sont Ă©galement considĂ©rĂ©es comme une forme de magie. Richard Onwuanibe donne Ă  l'une de ces formes de magie le nom de Extra-Sensory-Projection. Une conviction chez les Ibos du NigĂ©ria veut que les guĂ©risseurs puissent implanter quelque chose chez une personne Ă  distance pour leur infliger la maladie. C'est ce que les Ibos appellent egba ogwu. Pour retirer l'objet malin, l'intervention d'un deuxiĂšme homme de mĂ©decine est gĂ©nĂ©ralement requise, qui l'enlĂšve ensuite en pratiquant une incision chez le patient. Egba ogwu implique des processus psychokinĂ©tiques. Une autre forme de magie utilisĂ©e par ces pratiquants, qui est plus largement connue, est la magie sympathique, dans laquelle un modĂšle est fait de la victime. Les actions effectuĂ©es sur le modĂšle sont transfĂ©rĂ©es Ă  la victime, de la mĂȘme maniĂšre que la poupĂ©e vaudou. Dans les cas oĂč les esprits des parents dĂ©cĂ©dĂ©s troublent les vivants et causent des maladies, les mĂ©decins prescrivent des remĂšdes, souvent sous la forme de sacrifices propitiatoires, afin de les mettre au repos afin qu'ils ne gĂȘnent plus les vivants, surtout les enfants[9]. Utiliser des charmes et des amulettes pour soigner des maladies est une pratique incertaine qui nĂ©cessite des recherches scientifiques plus poussĂ©es.

Le désert du Kalahari (en rouge) et le bassin du Kalahari (en orange).

Dans les cultures africaines, l'acte de guĂ©rir est considĂ©rĂ© comme un acte religieux. Par consĂ©quent, le processus de guĂ©rison tente souvent de faire appel Ă  Dieu, car c’est lui qui peut non seulement infliger une maladie, mais aussi guĂ©rir. Les Africains ont une vision du monde religieuse qui les rend conscients de la faisabilitĂ© d'une intervention divine ou spirituelle dans la guĂ©rison, de nombreux guĂ©risseurs se rĂ©fĂ©rant au dieu suprĂȘme comme source de leur pouvoir mĂ©dical. Par exemple, le !Kung du dĂ©sert du Kalahari croient que le grand Dieu Hishe a tout crĂ©Ă© et, par consĂ©quent, contrĂŽle toutes les maladies et la mort. Hishe, cependant, confĂšre Ă  certains hommes des pouvoirs mystiques pour soigner la maladie. Hishe se prĂ©sente Ă  ces guĂ©risseurs en rĂȘves et en hallucinations en leur donnant un pouvoir curatif. Parce que ce dieu est assez gĂ©nĂ©reux pour donner ce pouvoir aux guĂ©risseurs, ils sont censĂ©s pratiquer la guĂ©rison librement. Le guĂ©risseur !Kung effectue une guĂ©rison Ă  travers une danse tribale[9]. Loma Marshall, qui a effectuĂ© des expĂ©ditions dans le sud-ouest de l'Afrique avec sa famille pour Ă©tudier les !Kung, dĂ©crit la danse de guĂ©rison comme suit :

« Aux danses, non seulement les malades peuvent ĂȘtre guĂ©ris, mais le mal et le malheur peuvent ĂȘtre Ă©vitĂ©s. Les !Kung croient que le grand dieu peut envoyer Gauwa ou les Gawwas Ă  tout moment avec une maladie pour quelqu'un, et que ces ĂȘtres peuvent ĂȘtre leurrĂ©s dans l'attente de leur chance de l'infliger. Les guĂ©risseurs des danses les combattent, les chassent et protĂšgent les gens. Habituellement, plusieurs guĂ©risseurs entrent en action en mĂȘme temps. Pour les guĂ©rir, ils entrent en transe, dont la profondeur varie au fur et Ă  mesure que la cĂ©rĂ©monie avance... Quand un homme commence, il quitte la file des hommes qui dansent et, tout en chantant, se penche sur la personne qu’il va guĂ©rir, s’adressant Ă  toutes les personnes prĂ©sentes, mĂȘme les enfants. Il pose une main sur la poitrine de la personne, une autre sur le dos et agite les mains. Les !Kung croient que de cette maniĂšre, ils attirent la maladie rĂ©elle ou potentielle hors de la personne par leurs propres bras... Finalement, le guĂ©risseur lĂšve les bras au ciel pour chasser la maladie et la jette dans l’obscuritĂ© vers Gauwa ou le gauwasi, qui sont au-delĂ  de la lumiĂšre du feu, avec une harpe et aux cris de "Kai Kai Kai"[23]. »

Loma Marshall ne donne aucune information quant à savoir si la danse réussit ou non à guérir le patient, mais dit que cela épure les émotions des gens pour leur « soutien, réconfort et espoir »[7].

Praticiens traditionnels

Inyanga / Sangoma de Johannesburg, Afrique du Sud.

Beaucoup de tradipraticiens sont des personnes sans Ă©ducation, qui ont plutĂŽt reçu des connaissances sur les plantes mĂ©dicinales et leurs effets sur le corps humain par leurs ancĂȘtres[1]. Ils s'impliquent profondĂ©ment et personnellement dans le processus de guĂ©rison, et protĂšgent les connaissances thĂ©rapeutiques en les gardant secrĂštes[6].

Successful Cesarean section performed by indigenous healers in Kahura, Uganda. As observed by R. W. Felkin in 1879.
Césarienne réussie réalisée par des guérisseurs indigÚnes à Kahura, en Ouganda. Comme observé par RW Felkin en 1879.

D'une maniĂšre similaire Ă  la pratique mĂ©dicinale orthodoxe, les praticiens de la mĂ©decine traditionnelle se spĂ©cialisent dans des domaines particuliers de leur profession. Certains, tels que les Inyanga du Swaziland, sont des spĂ©cialistes de l'herboristerie, tandis que d'autres, tels que les sangomas d'Afrique du Sud, sont des experts de la guĂ©rison spirituelle en tant que devins, tandis que d'autres se spĂ©cialisent dans une combinaison des deux formes de pratique. Il y a aussi les scalulomenteurs traditionnels et des accoucheurs[6]. Les herboristes sont de plus en plus populaires en Afrique avec le marchĂ© Ă©mergent du commerce des herbes Ă  Durban qui attirerait entre 700 000 et 900 000 commerçants par an en provenance d’Afrique du Sud, du Zimbabwe et du Mozambique. Des marchĂ©s commerciaux plus petits existent dans presque toutes les communautĂ©s[1]. Leur connaissance des herbes a Ă©tĂ© inestimable dans les communautĂ©s africaines et ils ont Ă©tĂ© les seuls Ă  pouvoir les rassembler dans la plupart des sociĂ©tĂ©s. Les sages-femmes utilisent aussi beaucoup les plantes indigĂšnes pour faciliter l'accouchement. Les guĂ©risseurs africains « dĂ©crivent et expliquent la maladie en termes d'interaction sociale et agissent avec la conviction que la religion imprĂšgne tous les aspects de l'existence humaine »[6].

Paiements

Les guérisseurs traditionnels, comme toute autre profession, sont récompensés pour leurs services. Dans les sociétés africaines, le paiement d'un traitement dépend de son efficacité. Ils ne demandent le paiement qu'aprÚs le traitement. Ceci est une autre raison pour laquelle beaucoup préfÚrent les guérisseurs traditionnels aux médecins occidentaux qui exigent un paiement avant que le patient ait évalué l'efficacité du traitement[24]. Les méthodes de paiement ont évolué au fil du temps, de nombreux praticiens demandant un paiement en argent, en particulier en milieu urbain, plutÎt que de recevoir un bien en échange, comme c'était le cas auparavant[6].

Il y a Ă©galement un nombre croissant de praticiens frauduleux qui ne cherchent qu'Ă  gagner de l'argent, en particulier dans les zones urbaines[25] - [26].

Apprentissage du métier

Certains guérisseurs apprennent le métier par expérience personnelle, en étant traités comme patients, puis décident de devenir guérisseurs aprÚs leur guérison. D'autres deviennent des praticiens traditionnels par le biais d'un « appel spirituel » et, par conséquent, leurs diagnostics et leurs traitements sont décidés par le biais du surnaturel[6]. Dans certaines cultures, un signe d'appel peut provenir d'un dérangement mental qui serait causé par Agwu Nshi, l'esprit de divination, dont le guérisseur s'inspire. Grùce à un entraßnement, la stabilité psychologique est finalement atteinte[8]. Une autre voie consiste à recevoir les connaissances et les compétences transmises de maniÚre informelle par un membre de la famille proche tel qu'un pÚre ou un oncle, voire une mÚre ou une tante dans le cas des sages-femmes. L'apprentissage auprÚs d'un praticien établi, qui enseigne formellement le métier et est rémunéré pour son tutorat, est un autre moyen de devenir un guérisseur[6]. La formation est complexe, en fonction du type de pratique médicale à laquelle aspire le praticien en devenir. Une fois que l'apprenti est officiellement initié en tant que guérisseur, il est, dans certaines sociétés, considéré à moitié homme et à moitié esprit, possédant le pouvoir de médiation entre le monde humain et le monde surnaturel pour invoquer le pouvoir spirituel dans leurs processus de guérison[7].

Importance

En Afrique, l’importance des guĂ©risseurs traditionnels et des remĂšdes Ă  base de plantes indigĂšnes jouent un rĂŽle crucial dans la santĂ© de millions de personnes. Selon le Centre de recherches pour le dĂ©veloppement international (CRDI), environ 85% d’Africains utilisent rĂ©guliĂšrement ces services pour les soins de santĂ© primaires en Afrique subsaharienne[15]. Les ratios relatifs de tradipraticiens et de mĂ©decins formĂ©s Ă  l'universitĂ© par rapport Ă  l'ensemble de la population des pays africains tĂ©moignent de cette importance. Par exemple, au Ghana, dans le district de Kwahu, chaque pratiquant traditionnel compte 224 personnes, contre un mĂ©decin formĂ© Ă  l’universitĂ© pour prĂšs de 21 000. La situation est la mĂȘme au Swaziland : 110 personnes pour chaque guĂ©risseur, alors qu’il y a 10 000 personnes pour chaque mĂ©decin formĂ© Ă  l’universitĂ©[6]. Selon le spĂ©cialiste de la biodiversitĂ© et de la mĂ©decine traditionnelle du CRDI basĂ© Ă  Nairobi, François Gasengayire, il existe un guĂ©risseur pour 200 habitants dans la rĂ©gion de l'Afrique australe, ce qui reprĂ©sente un ratio mĂ©decin / patient beaucoup plus Ă©levĂ© qu'en AmĂ©rique du Nord[15].

Ratios entre médecins (pratiquant la médecine moderne) et tradipraticiens / patients d'Afrique orientale et australe[6] :

Pays Médecin / Patient Tradipraticien / Patient Références
Botswana Estimés à 2 000 en 1990 Moitsidi, 1993
ErythrĂ©e MĂ©decins estimĂ©s Ă  120 en 1995 Gouvernement d'ÉrythrĂ©e, 1995
Ethiopie 1: 33 000 Banque mondiale, 1993
Kenya 1: 7 142 (total) 1: 987 (Urban-Mathare) Banque mondiale, 1993
1: 833 (Urban-Mathare) 1: 378 (Rural-Kilungu) Good 1987
Lesotho PGT autorisés estimés à 8.579 en 1991 Scott et al. 1996
Madagascar 1: 8 333 Banque mondiale, 1993
Malawi 1: 50 000 1: 138 Msonthi et Seyani, 1986
Mozambique 1: 50 000 1: 200 Green et al. 1994
Namibie 1: 1 000 (Katutura)

1: 500 (Cuvelai) 1: 300 (Caprivi)

Lumpkin, 1994
Somalie 1: 14 285 (total)

1: 2 149 (Mogadiscio)

1: 54 213 (région centrale)

1: 216 539 (Sanag)

Banque mondiale, 1993; Elmi et al. 1983
Afrique du Sud 1: 1 639 (total)

1: 17 400 (zones de la patrie)

1: 700-1,200 (Venda) Banque mondiale, 1993 (Venda et Overall), Savage, 1985 * Arnold et Gulumian, 1987 *
Soudan 1: 11 000 Banque mondiale, 1993
Swaziland 1: 10 000 !: 100 Green, 1985; Hoff et Maseko, 1986
Tanzanie 1: 33 000 1: 350-450 dans DSM Banque mondiale, 1993; Swantz, 1984
Ouganda 1: 25 000 1: 708 Banque mondiale, 1993; Amai, 1997
Zambie 1: 11 000 Banque mondiale, 1993
Zimbabwe 1: 6 250 1: 234 (urbain)

1: 956 (rural)

Banque mondiale, 1993; Gelfand et al. 1985

Ce tableau montrant le ratio de praticien de mĂ©decine traditionnelle par patient et de praticien occidental par patient montre que, dans de nombreuses rĂ©gions d’Afrique, les praticiens formĂ©s Ă  la mĂ©decine moderne sont rares. Pour cette raison, les guĂ©risseurs se rĂ©vĂšlent ĂȘtre un groupe important et influent dans le domaine des soins de santĂ© primaires, une partie intĂ©grante de la culture africaine, et ils sont indispensables Ă  la santĂ© de ses habitants. Sans eux, beaucoup de gens resteraient non soignĂ©s.

Les mĂ©dicaments et traitements fabriquĂ©s par les sociĂ©tĂ©s pharmaceutiques occidentales sont beaucoup trop coĂ»teux et insuffisamment disponibles pour la plupart des Africains. De nombreuses communautĂ©s rurales africaines ne peuvent pas payer le prix Ă©levĂ© des produits pharmaceutiques, et ne peuvent pas les obtenir facilement, mĂȘme si elles Ă©taient abordables. les guĂ©risseurs restant leur seul moyen d'assistance mĂ©dicale. Selon Sekagya Yahaya Hills, dentiste et guĂ©risseur traditionnel diplĂŽmĂ© d'universitĂ© en Ouganda, certains des remĂšdes Ă  base de plantes proposĂ©s par les guĂ©risseurs sont non seulement abordables, mais Ă©galement efficaces, mĂȘme pour le traitement du SIDA[15]. Hills a lu sa DĂ©claration des guĂ©risseurs traditionnels Ă  la 13e ConfĂ©rence internationale sur le SIDA et les infections sexuellement transmissibles (IST) en Afrique, qui rĂ©sumait le rĂŽle important de la mĂ©decine traditionnelle en dĂ©clarant: « En tant que guĂ©risseurs traditionnels, nous sommes les prestataires de soins de santĂ© les plus fiables et les plus accessibles dans nos communautĂ©s. Nous avons une expĂ©rience variĂ©e et prĂ©cieuse dans le traitement des maladies liĂ©es au SIDA et acceptons la grande responsabilitĂ© de continuer Ă  le faire »[15]. Cette forme de mĂ©decine Ă©tant « le systĂšme de soins de santĂ© le plus abordable et le plus accessible pour la majoritĂ© de la population rurale africaine », l'Union africaine a dĂ©clarĂ© que 2001 Ă  2010 serait la dĂ©cennie de la mĂ©decine traditionnelle africaine dans le but d'obtenir « des soins traditionnels de qualitĂ©, abordables et accessibles Ă  la grande majoritĂ© de la population »[15].

L'utilisation excessive de plantes est un risque Ă©cologique, car cela peut entraĂźner leur extinction[27] - [28].

Relation avec la médecine moderne

Avant la crĂ©ation de la mĂ©decine scientifique, la mĂ©decine traditionnelle Ă©tait le systĂšme mĂ©dical dominant pour des millions de personnes en Afrique, mais l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens a marquĂ© un tournant dans l'histoire de cette tradition et de cette culture ancestrales[3]. Bien que la mĂ©decine scientifique moderne soit un succĂšs dans les pays dĂ©veloppĂ©s, elle n’a pas le mĂȘme impact dans de nombreux pays africains sous-dĂ©veloppĂ©s[6]. Dans certains domaines, tels que la propagation de diverses maladies, elles ne peuvent pas s'intĂ©grer totalement Ă  la culture et Ă  la sociĂ©tĂ©[6]. Le systĂšme de santĂ© occidental n’a pas Ă©tĂ© aussi efficace en Afrique que dans les rĂ©gions dĂ©veloppĂ©es du monde pour de nombreuses raisons. Les hĂŽpitaux et les installations mĂ©dicales sont difficiles d'accĂšs pour de nombreux Africains. Avec de vastes Ă©tendues de terres et des systĂšmes routiers et de transport mĂ©diocres, de nombreux Africains autochtones doivent parcourir d’immenses distances Ă  pied pour obtenir de l’aide. Une fois arrivĂ©s, ils doivent souvent faire la queue jusqu'Ă  huit heures, en particulier dans les zones urbaines, car le manque de cliniques et de ressources entraĂźne une surpopulation. Les patients sont rarement informĂ©s de la cause de leur maladie, et n'ont aucun moyen de les prĂ©venir ou de s'y prĂ©parer. La technologie utilisĂ©e est gĂ©nĂ©ralement de mauvaise qualitĂ©, ce qui nuit Ă  la qualitĂ© du traitement. La mĂ©decine moderne peut Ă©galement ĂȘtre trop chĂšre pour que l’Africain moyen puisse se le permettre, ce qui rend difficile pour eux l'accĂšs Ă  des soins adĂ©quats. Enfin, la mĂ©decine moderne Ă©loigne les Africains autochtones de leur culture et leurs traditions, qui sont de la plus haute importance pour eux. Ils n'obtiennent pas la guĂ©rison spirituelle que leur culture recherche et que l'idĂ©ologie traditionnelle exige[6].

Les effets de certaines plantes mĂ©dicinales africaines ont suscitĂ© un intĂ©rĂȘt accru. L'industrie pharmaceutique en est venue Ă  considĂ©rer la mĂ©decine traditionnelle comme une source d'identification d'agents bioactifs pouvant ĂȘtre utilisĂ©s dans la prĂ©paration de mĂ©dicaments de synthĂšse[6]. Les industries pharmaceutiques Ă©tudient les effets mĂ©dicinaux des plantes les plus communĂ©ment utilisĂ©es pour la fabrication de mĂ©dicaments. Certaines pratiques peuvent ĂȘtre apprises de la pratique africaine traditionnelle. En comparant les techniques des guĂ©risseurs africains et les techniques occidentales, le psychiatre nigĂ©rian T. Adeoze Lambo a dĂ©clarĂ© en 1979: "Il y a environ trois ans, nous avons procĂ©dĂ© Ă  une Ă©valuation, nous avons dĂ©couvert qu'en rĂ©alitĂ©, ils obtenaient prĂšs de soixante pour cent de succĂšs dans le traitement de la nĂ©vrose. Et nous atteignions quarante pour cent, en fait, moins de quarante pour cent[7].

Efficacité

Les mĂ©dicaments Ă  base de plantes en Afrique ne font gĂ©nĂ©ralement pas l'objet de recherches suffisantes et sont peu rĂ©glementĂ©s[4]. La documentation dĂ©taillĂ©e des connaissances traditionnelles, gĂ©nĂ©ralement transmise oralement, fait dĂ©faut[5]. Plusieurs plantes mĂ©dicinales africaines ont montrĂ© des effets anti-trypanosomiens encourageants, mais la recherche n’en est qu’au stade de la conception[29]. Une faible proportion d'usines de mĂ©decine ethnovĂ©tĂ©rinaire en Afrique du Sud ont fait l'objet de recherches sur leur activitĂ© biologique[14]. Ces recherches ont identifiĂ© l'utilisation future possible et favorable de l'espĂšce Hypoxis (connue localement sous le nom de inkomfe ou pomme de terre africaine) Ă  la fois en mĂ©decine traditionnelle et en mĂ©decine moderne[30]. Les sangomas sud-africains sont depuis longtemps les dĂ©fenseurs d'une plante traditionnelle locale appelĂ©e undele ou kankerbos (Sutherlandia frutescens), affirmant qu'elle aide au traitement du VIH / sida, du cancer et de la tuberculose[31]. Des donnĂ©es prĂ©cliniques suffisantes sur Sutherlandia frutescens fournissent des hypothĂšses plausibles pouvant expliquer l'efficacitĂ© allĂ©guĂ©e[32].

Sécurité

Une faible proportion des plantes utilisĂ©es en mĂ©decine ethnovĂ©tĂ©rinaire en Afrique du Sud ont fait l'objet de recherches sur leurs effets toxiques[14]. Les effets indĂ©sirables potentiels des mĂ©dicaments traditionnels sud-africains ne sont pas bien documentĂ©s ; peu de recherches ont Ă©tĂ© menĂ©es sur les propriĂ©tĂ©s mutagĂšnes et la contamination par des mĂ©taux lourds[33]. Des effets indĂ©sirables graves, voire mortels, peuvent rĂ©sulter d'une mauvaise identification ou de la mauvaise utilisation des plantes[1]. Par exemple, diverses plantes d’aloĂšs sont largement utilisĂ©es en mĂ©decine traditionnelle, mais certaines variĂ©tĂ©s, telles que Aloe globuligemma, sont toxiques et peuvent entraĂźner la mort[1]. Le potentiel d'interactions des plantes et des pharmacocinĂ©tiques est inconnu, en particulier les interactions entre les traitements traditionnels et les antirĂ©troviraux pharmaceutiques pour le VIH / sida[34]. Les traitements Ă  base de plantes sont frĂ©quemment utilisĂ©s en Afrique comme traitement primaire du VIH / sida et des problĂšmes liĂ©s au VIH[4]. La collaboration avec les guĂ©risseurs traditionnels a Ă©tĂ© recommandĂ©e pour dĂ©terminer quels remĂšdes Ă  base de plantes sont utilisĂ©s pour le VIH et pour Ă©duquer les personnes fournissant des traitements alternatifs contre les pratiques dangereuses[4]. Compte tenu des demandes de la population locale en matiĂšre d'utilisation de remĂšdes traditionnels, il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que les Ă©coles de mĂ©decine sud-africaines revoient leur programme en matiĂšre de mĂ©dicaments traditionnels, complĂ©mentaires et alternatifs[35].

L'utilisation de la MT, en utilisant leur efficacité antivirale au lieu d'utiliser des antirétroviraux spécifiques, est particuliÚrement risquée avec le VIH. L'espoir de trouver un traitement curatif pour les infections à virus Ebola ou Marburg a été infructueux jusqu'à présent[36] - [37].

Cependant, ce problÚme est également vrai pour la médecine moderne[38].

Notes et références

Notes

  1. Par exemple, par l'intermĂ©diaire des marchands itinĂ©rants, et rĂ©ciproquement, par exemple la mĂ©decine dans l'Égypte antique.

Références

  1. Helwig 2005.
  2. « A folk remedy for killer Ebola »,
  3. Abdullahi, « Trends and Challenges of Traditional Medicine in Africa », African Journal of Traditional, Complementary and Alternative Medicines, vol. 8, no 5S,‎ , p. 115–23 (ISSN 0189-6016, PMID 22754064, PMCID 3252714, DOI 10.4314/ajtcam.v8i5S.5)
  4. Mills, Cooper, Seely et Kanfer, « African herbal medicines in the treatment of HIV: Hypoxis and Sutherlandia. An overview of evidence and pharmacology », Nutrition Journal, vol. 4,‎ , p. 19 (PMID 15927053, PMCID 1156943, DOI 10.1186/1475-2891-4-19)
  5. Ben-Erik van Wyk, Bosch van Oudtshoorn et Nigel Gericke, Medicinal Plants of South Africa, Pretoria, Briza Publications, , 336 p. (ISBN 978-1-875093-37-3), p. 7
  6. Conserve Africa, « Africa: Overview on Medicinal Plants and Traditional Medicine », Conserve Africa, Pambazuka News, (consulté le )
  7. Onwuanibe 1979, p. 27.
  8. Onwuanibe 1979, p. 25.
  9. Onwuanibe 1979, p. 26.
  10. Williams et Whiting, « A picture of health? Animal use and the Faraday traditional medicine market, South Africa », Journal of Ethnopharmacology, vol. 179,‎ , p. 265–273 (ISSN 0378-8741, DOI 10.1016/j.jep.2015.12.024).
  11. Ben-Erik van Wyk, Bosch van Oudtshoorn et Nigel Gericke, Medicinal Plants of South Africa, Pretoria, Briza Publications, , 336 p. (ISBN 978-1-875093-37-3), p. 10
  12. « WHO Traditional Medicine Strategy », WHO, (consulté le ), p. 1
  13. James, « Traditional, complementary and alternative medicine use in Sub-Saharan Africa: a systematic review », BMJ Global Health, vol. 3, no 5,‎ , e000895 (PMID 30483405, PMCID 6231111, DOI 10.1136/bmjgh-2018-000895)
  14. McGaw et Eloff, « Ethnoveterinary use of southern African plants and scientific evaluation of their medicinal properties », Journal of Ethnopharmacology, vol. 119, no 3,‎ , p. 559–574 (ISSN 0378-8741, PMID 18620038, DOI 10.1016/j.jep.2008.06.013)
  15. Stanley 2004.
  16. « Traditional African Medicines May Hold Potential for Treating High Blood Pressure », The Medical News, AZoM.com Limited, (consulté le )
  17. Grace, Simmonds, Smith et van Wyk, « Therapeutic uses of Aloe L. (Asphodelaceae) in southern Africa », Journal of Ethnopharmacology, vol. 119, no 3,‎ , p. 604–614 (ISSN 0378-8741, PMID 18682283, DOI 10.1016/j.jep.2008.07.002)
  18. Gruca, van Andel et Balslev, « Ritual uses of palms in traditional medicine in sub-Saharan Africa: a review », Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, vol. 10, no 1,‎ , p. 60 (ISSN 1746-4269, PMID 25056559, PMCID 4222890, DOI 10.1186/1746-4269-10-60)
  19. Dold et Cocks 2000.
  20. Mzimkulu et Simbayi, « Perspectives and Practices of Xhosa‐speaking African Traditional Healers when Managing Psychosis », International Journal of Disability, Development and Education, vol. 53, no 4,‎ , p. 417–431 (ISSN 1034-912X, DOI 10.1080/10349120601008563)
  21. Petrelli, Orsomando, Sorci et Maggi, « Biological Activities of the Essential Oil from Erigeron floribundus », Molecules, vol. 21, no 8,‎ , p. 1065 (PMID 27529211, PMCID 6274054, DOI 10.3390/molecules21081065).
  22. « African trees kill both malaria mosquitoes and the parasite ».
  23. Onwuanibe 1979, p. 26-27.
  24. Mokaila, Aone, « Traditional Vs. Western Medicine-African Context » [archive du ], Drury University, Springfield, Missouri, (consulté le )
  25. WHO http://www.who.int/mental_health/resources/en/MNH%20of%20refugees_unit6_7pdf.pdf
  26. « Inside the Fake healers shrine », Africa Witness, (consulté le )
  27. « Medicinal Plants and Traditional Medicine in Africa: Constraints and Challenges »
  28. African Perspectives on Genetic Resources: A Handbook on Laws, Policies, and Institutions Governing Access and Benefit-sharing, K Nnadozie - 2003
  29. Ibrahim, Mohammed, Isah et Aliyu, « Anti-trypanosomal activity of African medicinal plants: A review update », Journal of Ethnopharmacology, vol. 154, no 1,‎ , p. 26–54 (ISSN 0378-8741, PMID 24742753, DOI 10.1016/j.jep.2014.04.012)
  30. Ncube, Ndhlala, Okem et Van Staden, « Hypoxis (Hypoxidaceae) in African traditional medicine », Journal of Ethnopharmacology, vol. 150, no 3,‎ , p. 818–827 (ISSN 0378-8741, PMID 24184189, DOI 10.1016/j.jep.2013.10.032)
  31. « Medicinal plant fights Aids », BBC News, (consulté le )
  32. van Wyk et Albrecht, « A review of the taxonomy, ethnobotany, chemistry and pharmacology of Sutherlandia frutescens (Fabaceae) », Journal of Ethnopharmacology, vol. 119, no 3,‎ , p. 620–629 (ISSN 0378-8741, PMID 18761068, DOI 10.1016/j.jep.2008.08.003)
  33. Street, Stirk et Van Staden, « South African traditional medicinal plant trade—Challenges in regulating quality, safety and efficacy », Journal of Ethnopharmacology, vol. 119, no 3,‎ , p. 705–710 (ISSN 0378-8741, PMID 18638533, DOI 10.1016/j.jep.2008.06.019)
  34. MĂŒller et Kanfer, « Potential pharmacokinetic interactions between antiretrovirals and medicinal plants used as complementary and African traditional medicines », Biopharmaceutics & Drug Disposition, vol. 32, no 8,‎ , p. 458–470 (ISSN 0142-2782, PMID 22024968, DOI 10.1002/bdd.775)
  35. Chitindingu, George et Gow, « A review of the integration of traditional, complementary and alternative medicine into the curriculum of South African medical schools », BMC Medical Education, vol. 14, no 1,‎ , p. 40 (ISSN 1472-6920, PMID 24575843, PMCID 3939811, DOI 10.1186/1472-6920-14-40)
  36. Malangu, « Self-Reported Use Of Traditional, Complementary And Over-The-Counter Medicines By Hiv-Infected Patients On Antiretroviral Therapy In Pretoria, South Africa », African Journal of Traditional, Complementary and Alternative Medicines, vol. 4, no 3,‎ , p. 273–278 (DOI 10.4314/ajtcam.v4i3.31219)
  37. Bye et Dutton, « The inappropriate use of traditional medicines in South Africa », Journal of Ethnopharmacology, vol. 34, nos 2–3,‎ , p. 253–259 (ISSN 0378-8741, DOI 10.1016/0378-8741(91)90044-E)
  38. (en) Caroline H. Bledsoe et Monica F. Goubaud, « The reinterpretation of Western pharmaceuticals among the Mende of Sierra Leone », Social Science & Medicine, vol. 21, no 3,‎ , p. 275–282 (ISSN 0277-9536, DOI 10.1016/0277-9536(85)90101-7).

Bibliographie

  • [Bruchhausen 2018] (en) Walter Bruchhausen, « Medicalized Healing in East Africa: The Separation of Medicine and Religion by Politics and Science », dans Medicine - religion - spirituality : Global perspectives on traditional, complementary, and alternative healing, Bielefeld: transcription Verlag, (ISBN 978-3-8376-4582-8, lire en ligne), p. 23-56
  • [Helwig 2005] David Helwig, « Traditional African medicine », dans Gale Encyclopedia of Alternative Medicine, (lire en ligne)
  • [Onwuanibe 1979] (en) Richard C. Onwuanibe, « The Philosophy of African Medical Practice », A Journal of Opinion, vol. 9, no 3,‎ , p. 25–28 (DOI 10.2307/1166259, JSTOR 1166259)

Article

  • [Dold et Cocks 2000] A. P. Dold et M. L. Cocks, « The medicinal use of some weeds, problem and alien plants in the Grahamstown and Peddie districts of the Eastern Cape, South Africa », South African Journal of Science, vol. 96,‎ (lire en ligne)

Lien externe

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.