Lysichiton americanus
Le Lysichiton américain (Lysichiton americanus) est une espÚce de plante herbacée vivace de la famille des Araceae.
Elle est aussi appelée « Faux Arum », « Arum d'Amérique » ou « Lysichite jaune ».
Originaire de la façade Ouest du nord de l'AmĂ©rique (Canada et Ătats-Unis d'AmĂ©rique, de l'Alaska Ă la Californie), elle est signalĂ©e en France comme Ă©chappĂ©e de jardins depuis 1995, oĂč elle est devenue localement invasive[1].
Ă ne pas confondre avec :
- Lysichiton X hortensis (L americanus X camtschatcensis), hybride (stérile) plus grand, peu odorant et à spathe jaune plus pùle[1].
- Lysichiton camtschatcensis (Ă spathe blanche)[1]
Nomenclature et Ă©tymologie
LâespĂšce a Ă©tĂ© dĂ©crite et nommĂ©e par deux botanistes, un SuĂ©dois Eric HultĂ©n et un AmĂ©ricain Harold St. John, sous le nom Lysichitum americanum (qui deviendra Lysichiton americanus), dans Svensk Botanisk Tidskrift 25(4): 455â457, en 1931.
Le nom de genre Lysichiton est formĂ© de deux Ă©tymons grecs 1) lysis (λÏÏÎčÏ) signifiant « action de dĂ©lier, relĂącher » 2) chiton (ÏÎčÏÏÎœ) « tunique » dorienne en laine, courte et sans manche, portĂ©e par les anciens Grecs (Bailly[2]), par allusion Ă la spathe de la plante qui sâouvre comme une tunique que lâon dĂ©tache Ă mesure que la plante fleurit puis qui se flĂ©trit peu aprĂšs lâanthĂšse.
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique americanus est un adjectif de latin scientifique signifiant « amĂ©ricain ».
Description
- Rhizome de 30 cm de long ou plus et de 2,5 Ă 5 cm de diamĂštre[3].
- Feuilles : entiÚres, ovales, larges et pouvant dépasser le mÚtre, elles évoquent celles du tabac, portées par un pétiole robuste de 5 à 40 cm de long. Elles ont des nervures épaisses qui ne se développent qu'aprÚs la floraison. Les feuilles dépérissent en hiver mais via son rhizome, la plante peut vivre 80 ans ou plus[1].
- Fleurs : les inflorescences Ă©voquent celles des Arum, mais sont grandes (30 cm) et jaunes vif. Le spadice de 6-15 cm est composĂ© de plusieurs centaines de fleurs et entourĂ© dâune bractĂ©e (ou spathe) jaune vif, de 12 Ă 25 cm.
Un pied porte 2 Ă 4 inflorescences par saison.
On a dâabord cru que cette plante Ă©tait monoĂŻque et/ou dioĂŻque, mais elle est en rĂ©alitĂ© caractĂ©risĂ©e par un hermaphroditisme successif (dichogamie protogyne, câest-Ă -dire que les fleurs femelles sont matures avant les fleurs mĂąles. La fleur possĂšde gĂ©nĂ©ralement 4 tĂ©pales verts et dâun ovaire quadrilobĂ© composĂ© de 1 Ă 2 ovules au sein de 2 carpelles prolongĂ©es par un style et un stigmate. Lorsque la plante devient mĂąle, 4 Ă©tamines se forment dans la fleur (par paires). Les spadices dĂ©gagent (tout comme les parties froissĂ©es de la plante) une odeur musquĂ©e de moufette[1] qui attire les insectes.
Le Lysichiton americanus est pollinisĂ© par des adultes dâun colĂ©optĂšre Peelecomalius testaceum (Coleoptera: Staphylinidae), qui se nourrissent du pollen et utilisent les inflorescences comme site dâaccouplement. Lâodeur distinctive produite par les inflorescences agit comme un attractif initial pour les colĂ©optĂšres, qui rĂ©agissent en initiant un comportement de recherche pour les spathes jaunes[3]. - Fruits : apparaissant de la mi-juin Ă juillet en France. L'infrutescence est constituĂ©e de 150 Ă 350 baies vertes disposĂ©es en Ă©pi le long du spadice. Chacune abrite 1 Ă 2 graines brun-rouge. Les fruits tombent au sol et libĂšrent leurs graines qui peuvent notamment ĂȘtre dissĂ©minĂ©es par l'eau (la reproduction peut aussi se faire par fragmentation/dispersion de rhizomes)[1].
Distribution et habitats
Le Lysichiton americanus est originaire de la façade ouest de lâAmĂ©rique du Nord : Alaska, Ăźles AlĂ©outiennes, Colombie-Britannique, Californie, Idaho, Montana, Oregon, Washington[4].
Elle a été introduite en Belgique, au Danemark, Finlande, Allemagne, Grande-Bretagne, Irlande, Pays-Bas, SuÚde, Suisse[4].
Elle croĂźt dans les zones riches en matiĂšre organique, plutĂŽt acides, humides Ă gorgĂ©es d'eau (tourbiĂšres, mĂ©gaphorbiaies, berges de ruisseaux de forĂȘt alluviale, queues d'Ă©tangs[1]âŠ
Situation en Europe
Spectaculaire, cette plante doit aussi ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme envahissante, son apparition en Europe semble ĂȘtre due Ă des plantations sauvages et illĂ©gales, dans les zones humides ou Ă des Ă©chappĂ©es de jardin. Introduite en 1901 au Royaume-Uni sous le nom erronĂ© de L. camtschatcense, aprĂšs la seconde guerre mondiale, elle a peu Ă peu Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans la nature en Angleterre et en Irlande, puis dans divers pays dâEurope de l'Ouest Ă partir des annĂ©es 1980. On la trouve actuellement Ă l'Ă©tat « sauvage » en SuĂšde (depuis 1981), Danemark (1981), NorvĂšge (1994), Suisse(2003), Pays-Bas(2004), Finlande(2005), Belgique (2006), Pologne (rĂ©glementĂ©e depuis 2011)[1].
Résistante, elle se répand localement trÚs bien, au point de menacer la végétation d'origine.
Elle a Ă©tĂ© placĂ©e sur la liste noire Ă©tablie par l'universitĂ© de GenĂšve et doit ĂȘtre Ă©radiquĂ©e hors de ses habitats originels.
En Europe, le Lysichiton amĂ©ricain est inscrit depuis 2016 dans la liste des espĂšces exotiques envahissantes prĂ©occupantes pour lâUnion europĂ©enne[5]. Cela signifie que cette espĂšce ne peut pas ĂȘtre importĂ©e, cultivĂ©e, commercialisĂ©e, plantĂ©e, ou libĂ©rĂ©e intentionnellement dans la nature, et ce nulle part dans lâUnion europĂ©enne[6].
En France, cette espĂšce est lĂ©galement inscrite sur la liste annexe de l'arrĂȘtĂ© du relatif aux espĂšces vĂ©gĂ©tales exotiques envahissantes sur le territoire mĂ©tropolitain[7]. AprĂšs avoir Ă©tĂ© d'abord signalĂ©e en Haute-VallĂ©e du Furan en 1995 Ă Le Bessat, en mars 2015 cette Ă©tait aussi prĂ©sente Ă Tarentaise (Loire) puis Ă Saint-LĂ©onard-de-Noblat (Haute-Vienne), puis dans le RhĂŽne, les Vosges[1].
Utilisations
Le lysichiton amĂ©ricain a Ă©tĂ© utilisĂ© comme nourriture, comme mĂ©dicament et aussi dans la culture matĂ©rielle des AmĂ©rindiens du nord-ouest de lâAmĂ©rique du Nord (S. A. Thompson 1995). Bien que considĂ©rĂ© comme un aliment de famine et faisant rarement partie de lâalimentation dans des conditions normales, presque toutes les parties ont Ă©tĂ© consommĂ©es. Les parties les plus importantes et les plus largement utilisĂ©es du Lysichiton americanus Ă©taient peut-ĂȘtre les grandes feuilles cireuses, qui remplissaient les mĂȘmes fonctions que le papier cirĂ© aujourdâhui. Lâutilisation mĂ©dicinale des feuilles, en particulier comme cataplasme pour les brĂ»lures et les blessures, Ă©tait rĂ©pandue chez les AmĂ©rindiens du nord-ouest. Comme le Symplocarpus foetidus, cette espĂšce est largement plantĂ©e dans les jardins europĂ©ens[3].
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Référence Flora of North America : Lysichiton americanus
- (en) Référence Catalogue of Life : Lysichiton americanus Hultén & H.St.John (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Lysichiton americanus Hultén et St. John
- (en) Référence NCBI : Lysichiton americanus (taxons inclus)
- (en) Référence GRIN : espÚce Lysichiton americanus Hulten & H. St. John
Notes et références
- ONEMA (coordonné par Florent Lament), Recueil de fiches d'identification ; espÚces exotiques envahissantes des milieux aquatiques et associés en France métropolitaine, mars 2015
- Bailly, « ÏÎčÏÏÎœ » (consultĂ© le )
- (en) Référence Flora of North America : Lysichiton americanus Hulten & H. St. John
- (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Lysichiton americanus Hultén & H.St.John
- « List of Invasive Alien Species of Union concern - Environment - European Commission », sur ec.europa.eu (consulté le )
- « RĂGLEMENT (UE) No 1143/2014 du parlement europĂ©en et du conseil du 22 octobre 2014 relatif Ă la prĂ©vention et Ă la gestion de l'introduction et de la propagation des espĂšces exotiques envahissantes »
- F. Mitteault, C. Geslain-LanĂ©elle et P. Dehaumont, « ArrĂȘtĂ© du 14 fĂ©vrier 2018 relatif Ă la prĂ©vention de l'introduction et de la propagation des espĂšces vĂ©gĂ©tales exotiques envahissantes sur le territoire mĂ©tropolitain », JORF, vol. texte n° 11, no 0044,â (lire en ligne, consultĂ© le )