Luis GarcĂa Meza Tejada
Luis GarcĂa Meza Tejada, nĂ© le Ă La Paz et mort dans la mĂŞme ville le [1], est un militaire et homme politique bolivien.
Luis GarcĂa Meza Tejada | ||
Luis GarcĂa Meza Tejada en 1980. | ||
Fonctions | ||
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Président de la République de Bolivie (de facto) | ||
– (1 an et 18 jours) |
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Prédécesseur | Lidia Gueiler Tejada (intérim) Alberto Natusch Busch |
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Successeur | Celso Torrelio Villa (de facto) | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Luis GarcĂa Meza Tejada | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | La Paz (Bolivie) | |
Date de décès | (à 88 ans) | |
Lieu de décès | La Paz (Bolivie) | |
Nature du décès | Infarctus du myocarde | |
Nationalité | Bolivienne | |
Parti politique | Indépendant | |
Conjoint | Olma Cabrera | |
Enfants | 3 | |
Diplômé de | Collège militaire de l'Armée de Bolivie | |
Profession | Militaire | |
Religion | Catholicisme | |
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Liste des présidents de Bolivie | ||
Il est président de facto et dictateur du pays après le coup d'État du et démissionne en . Sa présidence est reconnue comme étant particulièrement répressive[2] - [3].
Biographie
Carrière militaire
EntrĂ© au Collège militaire (es) en 1948, Luis GarcĂa Meza Tejada en sort quatre ans plus tard avec le grade de lieutenant dans la cavalerie, oĂą il est instructeur de 1956 Ă 1957. Il suit ensuite une formation Ă l'École militaire des AmĂ©riques, crĂ©Ă©e par les États-Unis pour former des officiers Ă l'anticommunisme et Ă la contre-insurrection. Devenu commandant de compagnie au Collège militaire en 1963, il participe Ă la chute du palais du gouvernement lors du coup d'État du qui renverse le prĂ©sident VĂctor Paz Estenssoro. Il est nommĂ© commandant en chef de l'armĂ©e en 1979 après le coup d'État du colonel Natusch Busch[4].
Coup d'État
Devenu gĂ©nĂ©ral de division et commandant en chef de l'armĂ©e, Luis GarcĂa Meza mène le coup d'État du qui renverse sa cousine, Lidia Gueiler Tejada et empĂŞche ainsi Hernán Siles Zuazo d'ĂŞtre investi prĂ©sident par le Congrès national[5]. Ce dernier avait remportĂ© dix-huit jours auparavant l'Ă©lection prĂ©sidentielle avec 38,74 % des votes.
Le criminel de guerre et ancien chef de la Gestapo lyonnaise Klaus Barbie (sous le pseudonyme d'Altman) ainsi que le membre de Gladio, Stefano Delle Chiaie, qui participe Ă la stratĂ©gie de la tension pendant les annĂ©es de plomb italiennes, prennent part au Coup de la cocaĂŻne (en) permettant Ă GarcĂa Meza Tejada de prendre le pouvoir. Ce coup est par ailleurs soutenu Ă Buenos Aires par la junte de Jorge Rafael Videla (voir OpĂ©ration Charly) ainsi que par le parrain de la drogue Roberto Suárez GomĂ©z. Une partie de la bourgeoisie bolivienne soutient le putsch, en particulier dans le dĂ©partement oriental de Santa Cruz, fief des trafiquants, des paramilitaires et des phalangistes. La Centrale ouvrière bolivienne, qui tente d'opposer une rĂ©sistance, est violemment rĂ©primĂ©e. Des rafles massives se succèdent et plus d'un millier de personnes sont tuĂ©es en moins d'un an[2] - [6].
Narco-dictature
Fidèle aux pratiques qu'il a utilisĂ©es pour se hisser au pouvoir, le gouvernement de Luis GarcĂa Meza Tejada constitue dès ses dĂ©buts un pouvoir rĂ©pressif et autoritaire marquĂ© notamment par la corruption et le trafic de drogue[4]. Conservateur et anticommuniste, il se positionne d'ailleurs Ă droite sur l'Ă©chiquier politique[5] - [7]. Les actions contre les opposants politiques du rĂ©gime sont courantes, comme l'assassinat Ă la suite du coup d'État de 1980 du dĂ©putĂ© socialiste et candidat Ă la prĂ©sidence du pays, Marcelo Quiroga Santa Cruz, qui Ă©tait l'un des promoteurs les plus actifs d'une poursuite en justice de l'ancien dictateur Hugo Banzer Suárez[8]. Un autre exemple est l'attaque de dirigeants du Mouvement de la gauche rĂ©volutionnaire en , oĂą huit d'entre eux sont assassinĂ©s et oĂą la seule femme du groupe en ressort survivante[5].
Officiellement président, Meza Tejada est rapidement isolé sur la scène internationale : son régime se finance par le trafic de stupéfiants, en particulier de cocaïne[5]. Le régime est néanmoins soutenu par le Brésil, l'Uruguay et surtout par l'Argentine qui dispose sur place de plusieurs centaines de conseillers militaires qui aident à éliminer l'opposition. L'Argentine obtient en échange des contrats commerciaux très favorables : le contrat de fourniture de gaz de la Bolivie à l'Argentine est renégocié à 2,5 dollars le mètre cube au lieu des 5 dollars pratiqués au cours international.
Faisant face aux oppositions toujours de plus en plus grandissantes de la population et d'acteurs Ă©trangers, Luis GarcĂa Meza Tejada quitte le pouvoir le , après un cinquième coup d’État dĂ©clenchĂ© contre lui. Avec l'appui des États-Unis, le gĂ©nĂ©ral Celso Torrelio devient prĂ©sident de la rĂ©publique.
Après la chute, accusations et mort
Ă€ partir de , GarcĂa Meza Tejada est accusĂ© entre autres de meurtre, de persĂ©cution, de trafic de drogue, de violation de la Constitution et de violation des droits de l'Homme. Fugitif, il est intensivement recherchĂ© par les autoritĂ©s boliviennes[4].
Sous le gouvernement de Jaime Paz Zamora (1989-1993), son ministre de l'Intérieur, Luis Arce Gomez (en) est d'ailleurs extradé aux États-Unis pour ses responsabilités dans le trafic de drogue[6]. Il y est d'ailleurs condamné plus tard, à Miami en Floride[2].
En 1993, le gĂ©nĂ©ral GarcĂa Meza Tejada est condamnĂ© par contumace d'une peine de 30 ans notamment pour gĂ©nocide, sĂ©dition et corruption. Après s'ĂŞtre cachĂ© pendant des annĂ©es, il est retrouvĂ© sous une fausse identitĂ© Ă SĂŁo Paulo et extradĂ© du BrĂ©sil vers la Bolivie en mars 1995 pour y purger sa peine de 30 ans, qu'il dĂ©bute au pĂ©nitencier Ă sĂ©curitĂ© maximale de Chonchocoro dans l'Altiplano[2] - [4] - [7] - [9].
Le gouvernement de gauche d'Evo Morales met en place, en 2010, une commission civile chargée d'élucider les crimes politiques commis par les forces de sécurité de la dictature. Présidée par le procureur Milton Mendoza, elle est notamment saisie de l'assassinat de Marcelo Quiroga Santa Cruz, candidat socialiste à la présidentielle et ex-ministre. Le ministre de la Défense Rubén Saavedra (es) annonce le la déclassification des archives de la dictature afin de permettre à la commission civile d'instruire ces enquêtes[10].
Le , à l'âge de 88 ans, il meurt à l'hôpital militaire Cossmil de La Paz d'une crise cardiaque. Il lui restait sept années d'incarcération avant sa libération. Dans une lettre lue par son avocat après sa mort, il blâme le dictateur Hugo Banzer Suárez pour le coup d'État et écrit : « Je n'ai ni tué ni volé »[7].
Notes et références
- (en) « Former military dictator of Bolivia dies », sur CTV News, (consulté le )
- (en) Encyclopedia Britannica, « Bolivia - Bolivia from c. 1980 to 2000 », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
- (en) Younghyun Kim, Popular Politics of Social Emancipation in Bolivia from the 1930s to the Present: Indigeneity, Revolution and the State, San Diego, University of California San Diego, , 290 p. (présentation en ligne, lire en ligne), p. 168
- (es) M. Ruiza, T. Fernández et E. Tamaro, « Biografia de Luis GarcĂa Meza », sur www.biografiasyvidas.com, (consultĂ© le )
- (es) Espacio de la Memoria Histórica y de Lucha del Pueblo Boliviano por la Libertad y la Democracia, « Contexto boliviano », sur lapaz.bo/memoria (consulté le )
- Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’État modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , p. 122-127
- (en-US) Sam Roberts, « Luis GarcĂa Meza, Bolivian Dictator Jailed for Genocide, Dies at 88 (Published 2018) », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Council of Hemispheric Affairs, Guatemala and El Salvador: Latin America's Worst Human Rights Violators in 1980, New York, , 6 p. (lire en ligne), p. 2-3
- (es) OpiniĂłn Bolivia, « GarcĂa Meza fue sentenciado a 30 años de cárcel y extraditado a Bolivia en 1995 », sur OpiniĂłn Bolivia, (consultĂ© le )
- RSF, « L’armée déclassifiera les archives de la dictature : un progrès pour l’accès à l’information », 1er juin 2010
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :