Opération Charly
L'Opération Charly désigne un programme d'assistance de l'armée argentine, alors dirigée par la junte militaire qui livrait une « sale guerre » contre ses opposants, aux forces armées d'Amérique centrale.
Histoire
Avec l'Ă©lection du dĂ©mocrate Jimmy Carter en 1977 Ă la prĂ©sidence des États-Unis, un coup d'arrĂŞt fut mis aux opĂ©rations spĂ©ciales de la CIA. Ce sont alors les services secrets argentins, qui avaient dĂ©jĂ participĂ© au plan Condor, qui prirent le relais, en se posant en dĂ©fenseurs du « monde libre » contre le communisme. De 1977 Ă 1984, l'armĂ©e argentine exporta ainsi les mĂ©thodes de contre-insurrection (torture, disparitions forcĂ©es, etc.) dans toute l'AmĂ©rique latine. Ainsi, des forces d'unitĂ© spĂ©ciales, telles que le Bataillon d'Intelligence 601, dirigĂ© en 1979 par le colonel Jorge Alberto Muzzio, ont entraĂ®nĂ© la contre-guĂ©rilla des Contras au Nicaragua dans les annĂ©es 1980, en particulier dans la base de Lepaterique[1]. L'OpĂ©ration Charly Ă©tait dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral |Carlos Alberto MartĂnez, Ă la tĂŞte du SIDE (es) et l'homme de Videla dans les services secrets, avec les gĂ©nĂ©raux Viola et Alberto Alfredo ValĂn|ValĂn[2].
Avec les secteurs les plus réactionnaires américains, les généraux argentins ont prétendu que Washington avait abandonné la lutte anti-communiste avec la mise en œuvre par Carter d'une politique plus respectueuse des droits de l'homme. Ils participèrent alors activement aux « sales guerres » au Guatemala, au Honduras (avec l'appui au Bataillon 3-16)[3], au Salvador, et au Nicaragua[2]. Les services argentins ont alors créé des services secrets à l'intérieur des services secrets alliés (la même structure a été mise en place par l'OTAN dans le cadre de l'Opération Gladio en Europe), afin de transférer les 19 millions de dollars fournis par la CIA[2].
Les Argentins participèrent ainsi au coup d'État en Bolivie de 1980 de Luis GarcĂa Meza, avec l'aide de mercenaires tels que le terroriste nĂ©o-fasciste italien Stefano Delle Chiaie et Klaus Barbie, le « boucher de Lyon » pendant l'Occupation[4] - [2]. Le trafic de drogues Ă grande Ă©chelle mis en place par Luis GarcĂa Meza permettait de financer les opĂ©rations spĂ©ciales des Argentins[2].
Jimmy Carter autorisa ensuite, fin , la création d'un programme secret de la CIA de soutien à l'opposition des Contras au gouvernement sandiniste, envoyant un million de dollars. La CIA collabora alors avec le Bataillon d'Intelligence 601, qui avait une base en Floride[2]. Au milieu des années 1980, l'ex-vice directeur de la CIA Vernon Walters et le chef des Contras Francisco Aguirre ont rencontré les généraux argentins Viola, Davico et Valin afin de coordonner les actions en Amérique centrale[2].
L'arrivée au pouvoir de Reagan et la révolution de palais de Galtieri
Après l'accession de Ronald Reagan à la présidence en , qui nomma Alexander Haig, ex-chef de SACEUR (service européen de l'OTAN) comme secrétaire d'État, Harry Shlaudeman comme ambassadeur à Buenos Aires et John Negroponte au Honduras, l'armée argentine se mit aux ordres de Washington[2], qui intensifia les actions, notamment au Nicaragua.
En , le général Galtieri écarta ses rivaux Videla et Viola, qui maintenaient des relations correctes avec l'URSS. Quelques jours avant d'assumer le pouvoir, le général Galtieri exposa dans un discours à Miami la volonté inconditionnelle de Buenos Aires de s'aligner sur Washington, en affirmant que « l'Argentine et les États-Unis [allaient] maintenant marcher ensemble dans la guerre idéologique qui commence dans le monde »[5]. Croyant au soutien de Washington[2], le général Galtieri décida ensuite d'envahir les îles Malouine, possessions britanniques, afin d'unifier le pays déchiré autour du nationalisme. Mais Reagan ne fit rien pour empêcher son allié Margaret Thatcher d'écraser les militaires argentins, aboutissant ainsi à la chute de la junte de Buenos Aires et au début d'une longue transition démocratique.
Références
- (es) « CapĂtulos desconocidos de los mercenarios chilenos en Honduras camino de Iraq », La NaciĂłn,
- (es) « Los secretos de la guerra sucia continental de la dictadura », El Clarin,
- (en + es) Noam Chomsky, « War on Terrorism », Conférence annuelle'Amnesty International, Trinity College, Dublin, ZNet,
- (it) « Audition de Stefano Delle Chiaie le 22 juillet 1997 devant la Commission italienne parlementaire sur le terrorisme, dirigé par le sénateur Giovanni Pellegrino » .
- Miami Herald, .
Bibliographie
- Armony, Ariel C. (1999), La Argentina, los Estados Unidos y la Cruzada Anti-Comunista en América Central, 1977–1984, Quilmes: Universidad Nacional de Quilmes. ISBN.
- Bardini, Roberto: "Los militares de EEUU y Argentina en AmĂ©rica Central y las Malvinas", in Argenpress. La polĂtica en la semana (1 de febrero de 2003): 2003.
- Bardini, Roberto (1988), Monjes, mercenarios y mercaderes, libro del autor de este trabajo, MĂ©xico : Alpa Corral. ISBN.
- Butazzoni, Fernando: "La historia secreta de un doble asesinato", in Marcha. Montevideo (1 de junio de 2005): 2005.
- Honey, Martha: "The Argentines: the first cut-outs in Washington's dirty war", in Hostile Acts: U.S. policy in Costa Rica in the 1980s. Gainesville, Fl: University Press of Florida, 1994. (ISBN 0-8130-1250-3).
- Maechling, Charles: "The Argentine pariah", in Foreign Policy. Hiver 1981–1982(45): 1981. p. 69–83.
- Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions]
- Seoane, MarĂa: "Los secretos de la guerra sucia continental de la dictadura", in ClarĂn. Especiales: A 30 años de la noche más larga (24 de marzo de 2006): 2006.