Accueil🇫🇷Chercher

Louis de Bussy

Louis de Bussy (nom complet : Marie Anne Louis de Bussy) né le à Nantes et mort le à Paris, est un ingénieur militaire du génie maritime, attaché notamment au service des constructions navales à Lorient.

Louis de Bussy
Louis de Bussy
Portrait de Louis de Bussy

Nom de naissance Marie Anne Louis de Bussy
Naissance
Nantes
Décès
4e arrondissement de Paris
Allégeance Drapeau de la France France
Arme GĂ©nie maritime militaire
Grade Inspecteur général du génie maritime
Années de service 1846 – 1885
Commandement
  • Dir. d'un chantier - Lorient (1862)
  • Dir. des constructions navales - Lorient (1875)
Distinctions

Biographie

Famille et formation

Marie Anne Louis de Bussy est nĂ© le Ă  Nantes[1]. Son père, Marie Stanislas François de Bussy est inspecteur sĂ©dentaire des Douanes, et sa mère Flore, nĂ©e Brouard, sont domiciliĂ©s rue de l'Arche-Sèche[2]. C'est une famille catholique pratiquante aux origines picardes et bretonnes. Il a 13 ans lorsque ses parents meurent en l'espace de quelques mois, en 1834 et 1835. La fratrie comporte alors quatre enfants, une fille ainĂ©e, qui a 22 ans, et trois garçons plus jeunes, Louis est le second des garçons[3].

Pour sa scolaritĂ© le jeune Louis de Bussy rentre au collège de la rue de Vaugirard, Ă  Paris, dans le nouvel Ă©tablissement de l’institution de l’abbĂ© Poiloup. Il commence par des Ă©tudes littĂ©raires, puis Ă  18 ans il s’oriente en mathĂ©matiques. Tout en consacrant du temps Ă  faire des rĂ©pĂ©titions, pour subvenir Ă  ses besoins financiers, il prĂ©pare des concours. En 1841, il rĂ©ussit celui d’admission Ă  l’École spĂ©ciale militaire de Saint-Cyr nĂ©anmoins il prĂ©fère poursuivre ses Ă©tudes au Collège Saint-Louis pour prĂ©parer le concours d'entrĂ©e Ă  l’École Polytechnique[3]. Ayant toujours des finances exsangues, il accepte un travail proposĂ© par la librairie Lecoffre, il doit prĂ©parer une rĂ©Ă©dition d'un texte de DĂ©mosthène, le Discours sur la Couronne, tout en travaillant activement ses cours[4].

En 1842, Louis de Bussy est admis à l'École polytechnique. Cette année est un moment important pour la fratrie : son frère plus âgé sort du Séminaire Saint-Sulpice et devient prêtre à Paris ; son frère plus jeune est admis à l'École des Mines de Paris ; et sa sœur aînée, qui s'est occupé des garçons depuis le décès des parents, entre dans les ordres à la congrégation des Fidèles compagnes de Jésus[4].

À la sortie de Polytechnique, le rang de Louis de Bussy ne lui permet pas d'obtenir son premier choix : le Génie maritime, il choisit Commissaire des poudres et salpètres qu'il intègre le . Mais son ami Gustave Maurouard, dont le rang de sortie lui a permis d'entrer au Génie maritime, « perd deux ou trois rangs à la suite d'une histoire de duel »[5]. Les deux jeunes gens se mettent d'accord pour permuter leur affectation, ce qui fait que huit jours plus tard, le , Louis de Bussy est admis élève de l'École nationale supérieure du génie maritime et Gustave Maurouard est admis élève commissaire des poudres et salpètres[4].

Premières affectations et navigations

Après ses quatre années de formation, Louis de Bussy commence sa carrière, à l'arsenal de Lorient, comme sous-ingénieur de 3e classe le [1]. C'est lors de cette première période à Lorient qu'il épouse, le , Clémence Cartault de la Verrière qu'il a connu lors d'une mission à Rochefort lorsqu'il était élève à l'École du Génie maritime. À cette époque, son père est en poste à Rochefort comme colonel directeur de l'artillerie du port[6].

Frégate mixte à hélice Pomone.

Le , Louis de Bussy quitte Lorient pour rejoindre une nouvelle affectation au port militaire de Toulon. Devenu sous-ingénieur de 2e classe, il embarque sur la frégate Pomone, « premier bâtiment de guerre pourvu d'une hélice » de la Marine nationale. Sa mission, comme ingénieur est d'observer, pendant la première campagne de ce navire, le comportement du nouveau propulseur. Le navire, attaché à l'escadre d'évolutions, débute par des périodes de station au Maroc et à Tunis, puis l'ordre est donné de rejoindre Montevideo en Amérique du Sud. La Pomone est déjà en route depuis un bon moment, pour cette nouvelle mission, lorsque l'arbre tubulaire porte-hélice se rompt. Pour ne pas perdre de temps, le commandant décide de continuer à la voile mais de faire relâche au port de la baie de Cadix pour que son jeune ingénieur puisse récupérer à l'« arsenal de la Caraque » les fournitures nécessaires pour réparer. La frégate reprend la mer rapidement et Louis de Bussy prend la direction de la réparation qu'il réussit à terminer avant la fin de la traversée ce qui permet au navire d'emboucher le Río de la Plata avec son moteur à vapeur. Cette réparation en mer, qui est une première de ce type sur un navire de la Marine nationale, vaut à l'ingénieur « un témoignage de satisfaction du ministre de la marine »[7].

Son second embarquement consécutif a lieu sur l'Alcibiade[8] du au [9].

Après ces deux années de navigation une nouvelle affectation le renvoie à Lorient où il prend la direction de la construction de divers petits navires. On lui confie notamment la construction de bombardes. Ne disposant que de plans incomplets, Louis de Bussy utilise différentes techniques de son invention pour réussir à rendre rigide ces « affûts flottants » afin qu'elles puissent permettre dans de bonnes conditions d'effectuer des tirs avec les gros mortiers dont elles sont équipés. Ces bombardes sont utilisés, avec succès, lors du bombardement de Sweaborg[7], en 1855[10].

Il est ensuite affecté à Orléans en « sous-ordre dans le grand bassin forestier de la Loire »[11], au « service des bois de la Marine »[12]. Durant cette période, il est promu sous-ingénieur de 1re classe le [9]. En 1858, il rejoint pour quatre ans l'établissement des forges de la Chaussade à Guérigny[11], dont il prend la direction.

Il est nommé, le , chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur[9].

Directeur de chantier

En 1862, Louis de Bussy est rappelé à Lorient pour prendre la direction de l'un des chantiers de l'Arsenal[11], il est « attaché au service des machines et des constructions neuves »[13]. Cette même année, le , il est promu au grade d'ingénieur de 2e classe[9].

À ce poste, il se fait notamment remarquer : en dessinant tous les plans et en dirigeant la construction du Port-Louis, un petit bâtiment[13] ; et lorsqu'il dirige la construction de la Surveillante (en)[14], frégate cuirassée de la classe Gauloise, sur un plan dû à l'ingénieur Henri Dupuy de Lôme, en proposant un « nouveau système de manœuvres des ancres ». Outre l'approbation de son supérieur hiérarchique, il reçut un deuxième « témoignage de satisfaction du ministre »[15]. Par ailleurs, il demande et obtient l'installation d'un four à gaz du système Siemens pour l'atelier des bâtiments en fer. Cet investissement lui permet d'expérimenter les diverses possibilités d'emploi de l'acier dans la construction des navires[15]. En 1869, Louis de Bussy est promu ingénieur de 1re classe[9].

En 1871, Louis de Bussy travaille sur des plans de navires pour rĂ©pondre au concours ouvert par le Ministre de la Marine de la rĂ©cente Troisième RĂ©publique pour un renouvellement de la flotte. Le cahier des charges comprend la crĂ©ation de trois nouvelles classes de bâtiments construits en fer : cuirassĂ© de premier rang, avec notamment un tirant d'eau d'un maximum de 9 mètres et des plaques de blindage d'une Ă©paisseur de 22 centimètres Ă  la ceinture et de 12 et 16 cm au fort central ; garde-cĂ´te offensif ; et garde-cĂ´te dĂ©fensif. Les plans de sa rĂ©ponse offrent la particularitĂ© de s'Ă©carter de la demande en substituant l'acier au fer ce qui permet une importante diminution du poids des coques et d'augmenter l'Ă©paisseur des blindages tout en assurant une plus grande mobilitĂ© du fait d'un tirant d'eau plus faible. Cette proposition innovante lui doit de remporter ce concours[16].

Directeur des constructions navales

Il est nommé directeur des constructions navales de Lorient le .

Paris : ministère de la marine

En 1880, Louis de Bussy quitte Lorient pour rejoindre le ministère de la marine à Paris. En 1885, il devient inspecteur-général de la construction navale. Il conçoit le croiseur cuirassé Dupuy-de-Lôme, dont la construction commence en 1885, ainsi que le cuirassé Masséna, dont la construction est lancée en 1892[17].

La difficulté d'innover

« Quand on a en tête des innovations aussi considérables, il faut attendre l'occasion favorable de les faire réussir; autrement on se brise, sans profit pour personne, contre l'étonnement des gens que rien n'a préparés à vous entendre ». Henri Dupuy de Lôme.

Or le rôle de Bussy est important dans l'établissement des modèles de la flotte de guerre[15] : il est le premier à introduire l'acier dans la construction des coques de navires. Il perfectionne la forme des cuirasses et travaille à l'utilisation d'acier au nickel pour la protection des bâtiments. Auteur des cuirassés Le Redoutable (premier navire au monde à être construit en acier) et la Dévastation[18], des avisos des types Forbin et Condor. Son œuvre maîtresse est le croiseur cuirassé Dupuy-de-Lôme.

Publications

  • Notice sur les travaux et titres scientifiques de M. L. De Bussy, directeur des constructions navales, Paris, Gauthier-Villars, , 22 p.[19].

Études et carrière militaire

Portrait de Louis de Bussy membre de l'Institut, Inspecteur général du génie maritime (vers 1888).

Distinctions et reconnaissances

Membre d'institutions

Notes et références

  1. Étienne Tréfeu, 1888, p. 667.
  2. « Extrait du registre des naissances de la ville de Nantes pour l'année 1822 », sur Leonore (consulté le ).
  3. Albert de Lapparent, 1904, p. 354.
  4. Albert de Lapparent, 1904, p. 355.
  5. Étienne Tréfeu, 1888, p. 672-673.
  6. Albert de Lapparent, 1904, p. 355-356.
  7. Étienne Tréfeu, 1888, p. 668-669.
  8. L'Alcibiade est un brick de 20 canons qui a pris part Ă  la bataille de San Juan de UlĂşa en 1838.
  9. « Détail des services », sur Leonore (consulté le ).
  10. Jean Leduc, « Bombardement de Sweaborg », dans D'un empire à l'autre, les Pellion: cavaliers et marins au service de la France, 1809-1868, Le gerfaut, (ISBN 9782914622233, lire en ligne), p. 361.
  11. Étienne Tréfeu, 1888, p. 669.
  12. « Funérailles de M. de Bussy », Journal des savants,‎ , p. 302 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Albert de Lapparent, 1904, p. 356.
  14. La Surveillante - site jose.chapelain.free.fr
  15. Étienne Tréfeu, 1888, p. 669-670.
  16. Étienne Tréfeu, 1888, p. 670-671.
  17. (en) John Jordan et Philippe Caresse, French Battleships of World War One, Barnsley, Seaforth Publishing, , 328 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-1-84832-254-7), p. 32
  18. « Le lancement du vaisseau cuirassé La Dévastation : à Lorient », L'Univers illustré,‎ , p. 551 (lire en ligne, consulté le ).
  19. Alexandre Wauthier, « BUSSY Louis de, Marie Anne Louis », sur Comité des travaux historiques et scientifiques, (consulté le ).
  20. « Notice LH de l'ingénieur général Bussy », base Léonore, ministère français de la Culture.

Voir aussi

Bibliographie

  • T., « Notice sur un laĂŻque de haute piĂ©tĂ© : Marie-Stanislas-François Debussi », L'ami de la religion : journal ecclĂ©siastique, politique et littĂ©raire, vol. 85, no 2505,‎ 22 et 23 juin 1835, (705)-(708) (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Étienne TrĂ©feu, « M. de Bussy (Marie-Anne-Louis) », dans Nos marins : vice-amiraux, contre-amiraux, officiers gĂ©nĂ©raux des troupes de la marine et des corps entretenus, Paris, Éditions Berger-Levrault, (lire en ligne), p. 667-674,
  • Henri de Parville, « Louis de Bussy », La Nature, no 1563,‎ , p. 368 (lire en ligne, consultĂ© le ),
  • Albert de Lapparent, « La vie et les travaux de M. Louis de Bussy membre de l'Institut de France, Inspecteur gĂ©nĂ©ral du gĂ©nie maritime », Revue des questions scientifiques, Louvain, SociĂ©tĂ© scientifique de Bruxelles, 3e sĂ©rie, vol. VI,‎ , p. 352-370 (ISSN 0035-2160, SUDOC 163771057, lire en ligne, consultĂ© le ),
  • J. Labayle-Couhat, « Le Redoutable 1876-1910 », Cols bleus : hebdomadaire de la Marine française, no 1722,‎ , p. 24-25 (lire en ligne, consultĂ© le ),
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Éditions Tallandier, , 573 p. (ISBN 978-2-847-34008-2, OCLC 50268241), p. 80.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.