Bataille de San Juan de UlĂșa
La bataille de San Juan de UlĂșa se dĂ©roule le pendant lâintervention française au Mexique de 1837-1839, souvent appelĂ©e en espagnol « guerre des PĂątisseries » (Guerra de los Pasteles) ou encore « premiĂšre intervention française au Mexique » (Primera IntervenciĂłn Francesa en Mexico).
Date | 27 novembre - |
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Lieu | San Juan de UlĂșa et Veracruz |
Issue | Victoire française |
Royaume de France | RĂ©publique mexicaine |
Charles Baudin | Antonio LĂłpez de Santa Anna Mariano Arista |
à terre : ~3 000 hommes en mer : 4 frégates 2 corvettes 8 bricks 2 navires à bombarde | 3 229 hommes 1 fort |
Pendant le bombardement : 4 morts 29 blessés Raid sur Veracruz : 8 morts 56 blessés FiÚvre jaune : 24 morts Total : 36 morts 85 blessés | Pendant le bombardement : 220 morts nombre de blessés inconnu Raid sur Veracruz : 31 morts 26 blessés Total : 251 morts nombre de blessés > 26 |
CoordonnĂ©es | 19° 12âČ 33âł nord, 96° 07âČ 53âł ouest |
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Cette opĂ©ration militaire a pour but, au dĂ©part, de rĂ©gler le diffĂ©rend commercial opposant les deux pays Ă la suite des troubles qui secouent le Mexique aprĂšs son indĂ©pendance. Le combat, menĂ© par une petite escadre française aux ordres du contre-amiral Charles Baudin contraint le fort de Saint-Jean dâUlloa Ă la capitulation le 28 novembre 1838. Devant la rĂ©sistance du gouvernement mexicain, l'opĂ©ration se prolonge jusqu'au 5 dĂ©cembre avec un raid sur Veracruz pour dĂ©sarmer la ville et tenter de capturer les chefs mexicains Antonio LĂłpez de Santa Anna et Mariano Arista.
La chute du fort, qui passe pour imprenable, fait dĂ©couvrir aux observateurs militaires l'efficacitĂ© des nouveaux canons Paixhans tirant des obus explosifs Ă la place des traditionnels boulets. Sur le plan politique, cette bataille contribue Ă lâinstabilitĂ© politique du Mexique, et sur le plan militaire Ă la modernisation des grandes marines de guerre. L'affrontement provoque sur le moment un Ă©moi considĂ©rable puis tombe ensuite dans lâoubli Ă cause des conflits de plus grande envergure auxquels participent le Mexique et la France lors des dĂ©cennies suivantes.
Le contexte : les troubles au Mexique aprĂšs lâindĂ©pendance du pays
Dans les annĂ©es qui suivent son indĂ©pendance en 1821, le Mexique connait des troubles politiques graves. Les diffĂ©rents gĂ©nĂ©raux qui se disputent le pouvoir par les armes font de lâancienne colonie espagnole un pays extrĂȘmement instable : pas moins de vingt PrĂ©sidents se succĂšdent en 20 ans[1]. Ces violences portent atteintes aux populations civiles et aux rĂ©sidents Ă©trangers qui voient leurs entreprises constamment menacĂ©es ou saccagĂ©es, alors que le Mexique accueille dâimportants investissements, notamment dans le secteur minier[2]. Les 6 000 Français installĂ©s dans le pays comme commerçants, artisans ou restaurateurs[3], demandent rĂ©guliĂšrement Ă leurs gouvernements dâintervenir[4]. Pendant prĂšs de 10 ans, ceux-ci prĂ©sentent des rĂ©clamations de plus en plus nombreuses et de plus en plus pressantes. Le gouvernement français multiplie les tentatives dâaccords commerciaux, les demandes amiables dâindemnisations et les menaces dâinterventions armĂ©es, sans succĂšs[4].
La patience des autoritĂ©s françaises prend fin en 1837 : le gouvernement de Louis-Philippe dĂ©cide dâen finir en lançant une expĂ©dition militaire. Elle intervient alors quâun pĂątissier français, M. Remontel, dont la boutique a Ă©tĂ© saccagĂ©e par des soldats ivres, demande une forte indemnitĂ©[5]. Le gouvernement mexicain refuse, ce qui va donner Ă lâintervention française qui suit le surnom de « guerre des PĂątisseries »[5] - [6]. Intervention motivĂ©e aussi par les dettes que lâĂtat mexicain a contractĂ©es auprĂšs de la France et dont on redoute quâelles ne soient jamais remboursĂ©es[7].
Une premiĂšre division navale, aux ordres du capitaine de vaisseau Bazoche, quitte la mĂ©tropole Ă la fin de lâannĂ©e 1837 pour faire une dĂ©monstration de force sur les cĂŽtes mexicaines[4]. Elle dispose de deux frĂ©gates et deux bricks qui mouillent devant Veracruz, lâun des principaux ports mexicains. La marine mexicaine Ă©tant inexistante, les Français saisissent de nombreux navires de commerce, mais le prĂ©sident Anastasio Bustamante ne cĂšde pas. Le 16 avril 1838, aprĂšs plusieurs mois de blocus, les relations diplomatiques sont rompues ce qui laisse place, en thĂ©orie, Ă lâaction armĂ©e. Mais le fort de Saint-Jean dâUlloa, qui dĂ©fend Veracruz, passe pour inexpugnable. Les moyens dont disposent Bazoche sont beaucoup trop limitĂ©s pour prĂ©tendre lâattaquer et les Ă©quipages français sont minĂ©s par la fiĂšvre jaune[8].
Une seconde intervention, plus importante, est montĂ©e lâannĂ©e suivante. Elle est placĂ©e sous la responsabilitĂ© de Charles Baudin, un vĂ©tĂ©ran expĂ©rimentĂ© des guerres napolĂ©oniennes qui avait soutenu de nombreux combats contre les Anglais et perdu un bras en 1808[9]. Le gros de lâescadre quitte Toulon pendant lâĂ©tĂ© 1838, fait une escale Ă Cadix pour attendre les navires qui arrivent de Brest, puis file vers les Antilles. Une tempĂȘte disperse partiellement l'escadre pendant la traversĂ©e, mais le 29 octobre on mouille devant Veracruz. Au loin on aperçoit la cime neigeuse du pic dâOrizaba. La force navale met quelques jours Ă se concentrer car une partie des navires se trouvent Ă La Havane et certains, plus lents ou endommagĂ©s par la tempĂȘte nâarrivent que pendant la deuxiĂšme semaine de novembre[10].
Baudin dispose en additionnant ses forces Ă celles de son prĂ©dĂ©cesseur quâil relĂšve, de quatre frĂ©gates : lâIphigĂ©nie (60 canons), la NĂ©rĂ©ide (50), la Gloire (50) et la MĂ©dĂ©e (50) contre amiral ThĂ©odore Leray. Une cinquiĂšme frĂ©gate, lâHerminie (60) qui faisait partie des forces de Bazoche, manque Ă lâappel car elle sâest Ă©chouĂ©e aux Bermudes[10]. Suivent deux corvettes, la CrĂ©ole (24) et la NaĂźade (24), puis les bricks, au nombre de huit : lâAlcibiade (20), le LapĂ©rouse (20), le Voltigeur (20), le Cuirassier (18), lâEclipse (10), le Dupetit-Thouars (10), le Dunois (10) et le ZĂšbre (10). Un neuviĂšme brick, le Laurier (10), nâest pas prĂ©sent car trop endommagĂ© par la tempĂȘte, il a dĂ» ĂȘtre dĂ©routĂ© sur La Havane[10]. Deux navires Ă bombardes, porteurs chacun de deux mortiers, complĂštent la puissance de feu de lâescadre : le Cyclope et le Vulcain. Le MĂ©tĂ©ore et le PhaĂ©ton, deux vapeurs Ă aubes doivent faciliter les manĆuvres dans les eaux portuaires, et deux corvettes de charge non armĂ©es, la Fortune et la Caravane complĂštent la logistique. Baudin, qui a mis son pavillon sur la NĂ©rĂ©ide, dispose donc de 20 navires et 380 bouches Ă feu (tout type de canons confondus)[11]. Câest, sur le papier, une force respectable, mais on remarque lâabsence de vaisseaux de ligne. Un choix qui ne doit rien au hasard, mais quâil faut interprĂ©ter comme un signal envoyĂ© Ă lâAngleterre que cette expĂ©dition, destinĂ©e Ă faire pression sur le Mexique, ne menace en rien sa suprĂ©matie navale[12].
Baudin dispose aussi de trois compagnies dâartillerie de marine et dâun dĂ©tachement du GĂ©nie[4]. Câest somme toute fort peu, dâautant quâil nây a pas de troupes dâinfanterie de marine : on ne voit donc rien qui puisse permettre un dĂ©barquement en masse sur un pays grand comme quatre fois la France[13], mĂȘme si les instructions sont dâutiliser la force en cas de besoin, c'est-Ă -dire en cas de nouvel Ă©chec des nĂ©gociations[4].
Les deux bases françaises de la Martinique et de la Guadeloupe, situĂ©es Ă lâautre extrĂ©mitĂ© de lâarc antillais, sont Ă plusieurs milliers de kilomĂštres du golfe du Mexique, ce qui oblige lâescadre Ă utiliser La Havane comme port de relĂąche et la rend plus ou moins dĂ©pendante du bon vouloir espagnol[14].
Le bombardement et la prise de Saint-Jean dâUlloa (27-28 novembre)
Baudin, comme son prĂ©dĂ©cesseur, reprend les pourparlers avec le gouvernement dâAnastasio Bustamante, mais sans succĂšs. Le blocus français perturbe lâĂ©conomie mexicaine, mais pas au point de ruiner celle-ci. Le pays, essentiellement agricole, se suffit Ă lui-mĂȘme et les Mexicains font passer leurs marchandises depuis le port de Corpus Christi au Texas, indĂ©pendant depuis peu, puis Ă travers le RĂo Bravo[15].
Les Mexicains, qui nâont pas de marine de guerre, jouent de leur seule carte possible : gagner du temps dans dâinterminables nĂ©gociations, jusquâau moment oĂč lâescadre française ayant Ă©puisĂ© ses vivres et devant faire reposer ses Ă©quipages, sera forcĂ©e de lever le blocus, Ă moins dâĂȘtre relevĂ©e par une nouvelle force venue dâEurope, ce que nâa pas prĂ©vu le gouvernement de Louis-Philippe. Les derniĂšres propositions françaises ayant Ă©tĂ© rejetĂ©es, Baudin fixe un ultimatum au 27 novembre Ă midi et commence Ă prendre ses dispositions pour le combat[16].
Les semaines de nĂ©gociations qui ont prĂ©cĂ©dĂ© nâont cependant pas Ă©tĂ© perdues car elles ont permis aux Français de reconnaĂźtre les eaux devant Veracruz. Les plages ont Ă©tĂ© examinĂ©es, les fonds sondĂ©s. Les officiers qui ont fait les allers-retours avec les dĂ©pĂȘches ont collectĂ© le maximum dâinformations sur les troupes dont dispose le gĂ©nĂ©ral RincĂłn, commandant supĂ©rieur de la province de la ville de Veracruz et de son point de dĂ©fense principal, le fort de Saint-Jean dâUlloa. Ce dernier, situĂ© sur une Ăźle Ă 900-1 000 mĂštres devant la ville, passe pour imprenable, au point dâĂȘtre surnommĂ© le « Gibraltar des Indes » occidentales[17]. Les renseignements donnent la place dĂ©fendue par 186 bouches Ă feu (103 piĂšces de bronze et 83 piĂšces de fer) servies par une garnison de 800 hommes. Cependant, nombre de ces piĂšces sont obsolĂštes et beaucoup de soldats sont mal armĂ©s, nourris et Ă©quipĂ©s[18]. LâĂźle est entourĂ©e dâun vaste rĂ©cif qui dĂ©couvre Ă marĂ©e basse, mais une exploration plus poussĂ©e, menĂ©e de nuit par le prince de Joinville, qui commande la CrĂ©ole, montre quâun dĂ©barquement y est impossible[19]. Baudin dĂ©cide donc dâun bombardement en rĂšgle pour rĂ©duire la place[20].
Dans lâaprĂšs-midi du 26, trois des quatre frĂ©gates se positionnent les unes derriĂšre les autres devant le fort, deux dâentre elles Ă©tant remorquĂ©es prĂšs du rĂ©cif par les petits vapeurs[19]. Le 27 au matin, câest au tour des deux bombardes dâĂȘtre tractĂ©es sur leurs emplacements de tir, toujours prĂšs du rĂ©cif. Le temps, trĂšs calme, favorise les opĂ©rations. La corvette la CrĂ©ole reste sous voile en position dâobservation alors que les autres navires se placent en retrait, un peu plus au sud, prĂšs de lâĂźle Blanquila ou de lâĂźle Verte (voir plan ci-contre).
De nombreux navires neutres, venus depuis plusieurs semaines observer la situation, se massent prĂšs de la cĂŽte[21]. Ces manĆuvres provoquent une ultime tentative mexicaine : deux officiers viennent parlementer Ă bord de la frĂ©gate amirale, mais sans succĂšs. Ă 14 h 0, Baudin les congĂ©die avec un message de rupture destinĂ© au gĂ©nĂ©ral RincĂłn : « Jâai perdu tout espoir dâobtenir par des voies pacifiques lâhonorable accommodement que jâavais Ă©tĂ© chargĂ© de proposer au cabinet mexicain : je me trouve dans la nĂ©cessitĂ© de commencer les hostilitĂ©s[22]. »
Ă 14 h 30, les frĂ©gates la Gloire (50), la NĂ©rĂ©ide (50) et lâIphigĂ©nie (60) ouvrent le feu, suivies par les bombardes Gloire et Vulcains[4]. Baudin commente lâopĂ©ration en ces termes : « Jamais le feu ne fut plus vif et mieux dirigĂ©. Je nâeus dâautre soin que dâen modĂ©rer lâardeur. De temps Ă autre je faisais le signal de cesser le feu pour laisser se dissiper le nuage de fumĂ©e qui nous dĂ©robait la vue de la forteresse : on rectifiait alors les pointages et le feu recommençait avec une vivacitĂ© nouvelle[23]. » Vers 15 h 30, la corvette la CrĂ©ole, qui vient de contourner le fort le long des rĂ©cifs nord, demande lâautorisation de se joindre au combat et se place en avant des frĂ©gates. Le navire se fait remarquer par la prĂ©cision de son tir, dirigĂ© par Joinville depuis sa dunette. Deux magasins de poudre sautent, puis câest la tour des signaux qui explose dans un gigantesque panache de fumĂ©e et de dĂ©bris. Une quatriĂšme explosion se produit vers 17 h 0. Le tir des batteries mexicaines ralentit alors considĂ©rablement. Baudin ordonne le dĂ©part de la Gloire et de lâIphigĂ©nie, Ă la remorque des vapeurs, et reste seul avec la NĂ©rĂ©ide et les bombardes[4]. Au coucher du soleil, seules quelques piĂšces rĂ©pondent encore au tir français. Ă 20 h 0, Baudin fait cesser le feu pour ne pas gaspiller inutilement les munitions[4].
Ă 20 h 30, un canot mexicain vient aborder les navires français : ce sont des parlementaires envoyĂ©s par le commandant du fort pour demander un dĂ©lai lui permettant dâen rĂ©fĂ©rer au gĂ©nĂ©ral RincĂłn Ă Veracruz[4]. Baudin lui accorde jusquâĂ 2 h 0 du matin et Ă©crit lui-mĂȘme au gĂ©nĂ©ral en le menaçant dâanĂ©antir la forteresse et en lui offrant une « capitulation honorable »[24]. Les dĂ©fenseurs, trĂšs Ă©prouvĂ©s, ont perdu plus de 220 hommes[25]. Outre lâexplosion des magasins Ă poudre, les munitions sont presque Ă©puisĂ©es, une batterie haute est entiĂšrement dĂ©truite et presque toute la ligne des dĂ©fenses extĂ©rieures est hors dâusage[25]. Les assiĂ©gĂ©s sont dĂ©moralisĂ©s, mais Ă 3 h 0 du matin le gouverneur nâa toujours pas rĂ©pondu. Baudin durcit sa position en menaçant dâouvrir le feu sur la ville si le fort ne capitule pas immĂ©diatement[20] - [26]. Aux premiĂšres heures du jour, RincĂłn cĂšde et signe la capitulation du fort et de la ville. Le fort est remis le jour mĂȘme (28 novembre) aux Français qui y dĂ©barquent les trois compagnies dâartillerie. Baudin accepte que 1 000 soldats mexicains restent dans Veracruz pour le maintien de lâordre, la ville nâĂ©tant pas investie par les Français dont les effectifs ne sont de toute façon pas suffisant pour une occupation en rĂšgle[20] - [26]. LâopĂ©ration se termine alors quâil faut quitter lâancrage prĂšs des rĂ©cifs car la mer se durcit. Les pertes sur les navires sont faibles : 4 tuĂ©s et 29 blessĂ©s seulement, ce qui prouve que dĂšs le dĂ©but du combat, lâartillerie du fort a Ă©tĂ© surclassĂ©e par le feu des canons de marine[27].
Le capitaine de vaisseau Bazoche, quitte la mĂ©tropole Ă la fin de lâannĂ©e 1837 pour faire une dĂ©monstration de force sur les cĂŽtes mexicaines. Charles Baudin, dispose dâune vingtaine de navires pour forcer les Mexicains Ă accepter les demandes dâindemnisations françaises. Navires français lors du blocus de 1837-1838. MalgrĂ© la pression militaire, le gouvernement mexicain rejette les demandes françaises. Les longues semaines de nĂ©gociations permettent aux Français de reconnaitre les lieux pour prĂ©parer le combat. Le 27 novembre 1838, l'escadre de Baudin bombarde et dĂ©truit le fort Saint-Jean dâUlloa qui est contraint de capituler. - La prise du fort Saint-Jean dâUlloa et de Veracruz, vues par une gravure populaire naĂŻve du XIXe siĂšcle (Images d'Ăpinal).
L'escadre française bombarde le fort.
Le raid sur Veracruz (5 décembre)
La reddition du fort et de la ville provoque la stupeur puis la colĂšre du gouvernement mexicain. Le prĂ©sident Bustamante dĂ©clare aussitĂŽt la guerre Ă la France, ordonne lâexpulsion de tous les Français vivant au Mexique, dĂ©met de son commandement le gĂ©nĂ©ral RincĂłn et dĂ©cide lâenvoi dâune armĂ©e de secours[20] - [28]. Cette derniĂšre, qui compte sans doute 3 200 hommes, est confiĂ©e aux gĂ©nĂ©raux Santa Anna et Arista[29]. Elle fait rapidement son entrĂ©e dans Veracruz. De nombreux rĂ©sidents français, par peur des reprĂ©sailles, se rĂ©fugient dans le fort occupĂ©[30]. Alors que cĂŽtĂ© français on sâattendait Ă une reprise des nĂ©gociations, il faut maintenant envisager dâautres opĂ©rations militaires[30].
Baudin dĂ©cide de rĂ©agir en attaquant Veracruz. Outre la garnison maintenant renforcĂ©e, la ville est aussi ceinturĂ©e de murailles alors que les Français nâont que de petits effectifs Ă engager compte tenu des forces qui occupent le fort dâUlloa. La ville, Ă cette Ă©poque, nâest cependant pas trĂšs Ă©tendue puisque les remparts, sur le front de mer ne font guĂšre plus de 1 000 mĂštres de long et sa profondeur maximum vers lâintĂ©rieur des terres est infĂ©rieure Ă 600 mĂštres (voir plan ci-contre)[31]. On dispose aussi de bons renseignements sur le plan des quartiers et la localisation des casernes. Une attaque est donc possible si l'on joue de lâeffet de surprise. C'est l'option que retient Baudin : un dĂ©barquement Ă lâaube avec le double objectif de « dĂ©sarmer les forts [de la ville] et pour enlever le gĂ©nĂ©ral Santa Anna[30]. » Pour disposer dâun effectif suffisant, on puise dans les Ă©quipages : des matelots armĂ©s sont amalgamĂ©s aux artilleurs et Ă la compagnie du GĂ©nie[32]
Le 5 dĂ©cembre, Ă 5 h 0 du matin, les embarcations de lâescadre dĂ©barquent sur les plages 1 500 hommes qui se partagent en trois colonnes. Les deux colonnes des ailes escaladent les remparts, au niveau des fortins Santiago et de la Conception (voir carte ci-contre). La surprise des Mexicains est totale : aucun coup de feu nâest tirĂ©, ce qui semble indiquer, chose Ă peine croyable, que les murailles nâĂ©taient pas gardĂ©es. Les deux colonnes renversent les canons, brisent les affĂ»ts et continuent leur marche au pas de charge sur les murailles pour se rejoindre de lâautre cĂŽtĂ© de la ville[33].
La colonne du centre est confiĂ©e au commandant de la CrĂ©ole, le prince de Joinville, qui sâest illustrĂ© lors du siĂšge du fort. Elle est chargĂ©e de lâeffort principal : faire sauter la porte qui donne sur le mĂŽle portuaire, pĂ©nĂ©trer dans la ville et foncer vers les bĂątiments oĂč lâon pense trouver les gĂ©nĂ©raux mexicains. Câest une pleine rĂ©ussite : la porte est pulvĂ©risĂ©e par un sac de poudre posĂ© par le GĂ©nie. La colonne sâĂ©lance et arrive rapidement au quartier gĂ©nĂ©ral mexicain alors que les gardes, enfin alertĂ©s, commencent Ă rĂ©agir et que les frĂ©gates ouvrent le feu sur les casernes de la ville[34]. Le combat rĂ©veille Santa Anna qui nâa que le temps de sâenfuir par les terrasses des maisons voisines mais Arista est capturĂ©[35]. On se replie avec le prisonnier, mais on doit entamer un bref combat avec les troupes qui stationnent dans un monastĂšre transformĂ© en caserne[35].
Baudin, qui a aussi mis pied Ă terre, juge que la place est neutralisĂ©e et ordonne le rembarquement gĂ©nĂ©ral. Celui-ci se passe sans encombre pour les deux colonnes placĂ©es sur les ailes, mais Santa Anna, qui a regroupĂ© ses forces, dĂ©cide de contre-attaquer alors que la colonne centrale nâest pas encore totalement montĂ©e dans les canots. Le gĂ©nĂ©ral mexicain, Ă cheval, traverse la ville Ă la tĂȘte de ses hommes et se prĂ©cipite sur le mĂŽle oĂč se trouve encore Baudin. Mais les Français, qui ont pris la prĂ©caution de retourner un canon mexicain pour se couvrir, ouvrent le feu Ă mitraille, suivis par les petites caronades dont sont Ă©quipĂ©es les chaloupes. Les assaillants sont balayĂ©s, dont Santa Anna qui est trĂšs sĂ©vĂšrement blessĂ© alors que son cheval est tuĂ© sous lui[36]. Les Français ont perdu 8 hommes et ont eu 56 blessĂ©s, touchĂ©s essentiellement au moment du rembarquement. Sur la chaloupe de Baudin, on relĂšve mĂȘme cinq impacts de balle[36]. Les Mexicains, aux dires de Santa Anna, ont eu 31 morts et 26 blessĂ©s[37].
Le prince de Joinville, qui sâest illustrĂ© lors du bombardement du fort, est chargĂ© de lâattaque principale sur Veracruz. Les 1 500 hommes, formĂ©s en trois colonnes, dĂ©barquent Ă lâaube du 5 dĂ©cembre pour bĂ©nĂ©ficier de lâeffet de surprise. Deux colonnes françaises escaladent sans encombre les murailles non gardĂ©es et investissent la ville qui dort encore. La colonne centrale, menĂ©e par Joinville, fait sauter la porte du fort donnant sur le mĂŽle. Les forces de Joinville investissent par surprise lâĂ©tat-major mexicain alors que les gardes tentent de rĂ©agir. (Pharamond Blanchard, 1843) Le gĂ©nĂ©ral Arista est capturĂ© par les Français alors que Santa Anna sâĂ©chappe de justesse et tente de contre-attaquer.
Les suites politico-militaires de la défaite mexicaine
Le traité de paix
La double dĂ©faite sur Saint-Jean dâUlloa et Veracruz pousse le gouvernement mexicain Ă reprendre les nĂ©gociations, dâautant que les demandes des Français nâont pas changĂ©, ces derniers ayant toujours pour objectif limitĂ© dâobtenir lâindemnitĂ© pour leurs concitoyens lĂ©sĂ©s dans leurs affaires et assurer leur sĂ©curitĂ© sur le territoire mexicain. Paris nâa pas lâintention de faire des conquĂȘtes territoriales : Veracruz reste entre les mains du gouvernement de Bustamante, mĂȘme si lâarmĂ©e mexicaine, Ă©chaudĂ©e, a prĂ©fĂ©rĂ© Ă©vacuer aussi la ville qui se trouve de facto dĂ©militarisĂ©e. Le fort, toujours conservĂ© par les Français ne sert que de gage pour nĂ©gocier[37].
De laborieuses discussions sâengagent alors que le Royaume-Uni offre sa mĂ©diation. Une mĂ©diation appuyĂ©e par une importante escadre aux ordres de lâambassadeur Richard Pakenham et qui a des airs de menace invitant les Français Ă ne pas aller trop loin. La paix est finalement signĂ©e le 9 mars 1839 Ă Veracruz. Le gouvernement mexicain accepte de payer les 600 000 pesos demandĂ©s et les rĂ©sidents français ne sont plus inquiĂ©tĂ©s. Le succĂšs de lâexpĂ©dition vaut Ă Baudin le grade de vice-amiral. Lâescadre rentre sur Brest le 15 aoĂ»t 1839, pas fĂąchĂ©e dâavoir rendu les ruines du fort aux Mexicains, son occupation ayant encore coutĂ© la vie Ă 24 artilleurs emportĂ©s par la fiĂšvre jaune[38].
Les premiers canons Ă obus sous le regard des observateurs Ă©trangers
Lâimpact de ces combats dĂ©passe cependant le cadre de la guerre franco-mexicaine, tout particuliĂšrement pour ce qui est du bombardement du fort de Saint-Jean dâUlloa. La chute de cette place considĂ©rĂ©e comme inexpugnable est une surprise complĂšte Ă Mexico on lâa vu, mais aussi Ă Londres et Washington oĂč lâĂ©moi est considĂ©rable[39]. Comme dans tout conflit, les observateurs militaires rendent leur rapport et mettent en garde leurs gouvernements respectifs sâils lâestiment nĂ©cessaire. Câest ainsi que parmi les navires « neutres » observant les hostilitĂ©s au large de Veracruz se trouvait une corvette britannique â le HMS Satellite â, une corvette amĂ©ricaine â l'USS Levant â avec un brick, et mĂȘme un brick belge[40].
Le rapport remis par lâofficier britannique provoque lâintervention du vieux Lord Wellington (le vainqueur de Waterloo) qui sâexclame au Parlement que « la prise de la forteresse de Saint-Jean dâUlloa par une division de frĂ©gates françaises est le seul exemple que je connaisse dâune place rĂ©guliĂšrement fortifiĂ©e qui ait Ă©tĂ© rĂ©duite par une force purement navale[41]. » Affirmation qui nâest que partiellement vraie car au XVIIIe siĂšcle, lors des guerres navales franco-anglaises, on avait vu des forts rĂ©duits au silence par le feu des vaisseaux[42], mais qui tĂ©moigne de lâinquiĂ©tude anglaise devant cette victoire aussi rapide quâinattendue.
Une victoire acquise grĂące Ă un nouveau modĂšle de canon tirant des obus explosifs, le « canon Ă la Paixhans », du nom de son concepteur, le gĂ©nĂ©ral Paixhans. Lâinnovation, avait Ă©tĂ© testĂ©e avec succĂšs en 1824 sur un vaisseau de 80 canons dĂ©classĂ© qui Ă©tait sorti ravagĂ© de lâexpĂ©rience[43]. Lâarme, une fois rĂ©glĂ©e le dĂ©licat problĂšme de la sĂ©curitĂ© de la fusĂ©e de mise Ă feu et du stockage des obus dans les cales, est progressivement entrĂ© en service Ă partir de 1827[43]. Les amiraux, trĂšs prudents et conservateurs, nâont dotĂ© les navires que dâun nombre rĂ©duit de ces nouveaux Ă©quipements â quatre par vaisseaux, deux par frĂ©gates â conservant en majoritĂ© les canons Ă boulets plein et les caronades dont ils ont lâhabitude. Une discrĂ©tion qui explique que la Royal Navy, pourtant vigilante vis-Ă -vis de la France â rĂ©flexe hĂ©ritĂ© de la pĂ©riode napolĂ©onienne â nâa rien vu venir. Un aveuglement qui sâexplique aussi par les fait que les munitions explosives existent dĂ©jĂ depuis la fin du XVIIe siĂšcle avec la galiote Ă bombes, appelĂ©e aussi « bombarde » et dont deux unitĂ©s, le Vulcain et le Cyclope sont prĂ©sents dans lâescadre française. Mais la bombarde, qui tire des bombes Ă lâaide dâun mortier de gros calibre, dispose dâune portĂ©e trĂšs limitĂ©e Ă cause du tir courbe. Elle doit donc sâapprocher assez prĂšs de sa cible ce qui la rend vulnĂ©rable, alors que le canon de Paixhans qui « permet le tir horizontal des bombes » sur une plus longue portĂ©e rĂ©sout avantageusement le problĂšme et se montre autrement menaçant que la bombarde[44].
Lâobservateur amĂ©ricain prĂ©sent sur les lieux se nomme David Farragut. Cet officier alors inconnu commandera plus tard la marine de guerre amĂ©ricaine et sera lâartisan, pendant la guerre de SĂ©cession de la victoire navale du Nord sur le Sud[44]. Lui aussi constate, admiratif, lâeffet foudroyant des obus français et en signale lâimportance capitale Ă son gouvernement[45]. Les trĂšs faibles pertes sur les navires de Baudin, alors quâils sont eux aussi Ă portĂ©e de tir des canons mexicains, tĂ©moignent de cette puissance de feu nouvelle qui a rapidement surclassĂ© les dĂ©fenses du fort. Pourtant, lâexamen des rapports remis aprĂšs le bombardement montrent que se sont essentiellement des munitions traditionnelles qui ont Ă©tĂ© utilisĂ©es puisque les trois frĂ©gates et la corvette ont tirĂ© 7 771 boulets contre 177 obus seulement[46]. On remarque mĂȘme que les traditionnelles bombardes ont tirĂ© 302 bombes, soit presque le double des obus. Bombes qui ont dâailleurs jouĂ© un rĂŽle important puisque ce sont elles qui ont crevĂ© les voĂ»tes des magasins de poudre et provoquĂ© les immenses explosions[46]. Les premiers pas de lâobus sont donc timides, mais assez spectaculaires pour impressionner tous les observateurs qui sentent que les « murailles en bois » des gros vaisseaux de ligne sont clairement menacĂ©es[47].
Ainsi sâexplique lâarrivĂ©e tardive et inquiĂšte de lâescadre anglaise de Packenham venue proposer sa « mĂ©diation ». Quoi quâil en soit, toutes les grandes marines vont s'Ă©quiper de « canons Ă la Paixhans » aprĂšs 1838. Lors de la bataille de Sinope en 1853, Ă sa premiĂšre utilisation dans un combat purement navale, la Marine ottomane, qui n'utilise encore que le boulet de canon, est totalement pulvĂ©risĂ©e par les obus russes[48].
Les combats dâUlloa et de Veracruz ont confirmĂ© aussi lâutilitĂ© de la vapeur. Les navires de guerre sont encore tous Ă voiles, mais les petits navires Ă vapeur, malgrĂ© leurs faibles moteurs (100 cv) et leurs fragiles roues Ă aubes (lâhĂ©lice nâen est quâau stade expĂ©rimental), ont jouĂ© un rĂŽle essentiel dans la victoire française en positionnement idĂ©alement frĂ©gates et bombardes puis en assurant leur repli. Un rĂŽle dâavenir qui ne surprend cependant personne, la France ayant dĂ©jĂ utilisĂ© un navire Ă vapeur en 1830 pour manĆuvrer la flotte lors du dĂ©barquement devant Alger[49].
Les conséquences pour le Mexique et la France
CĂŽtĂ© mexicain, cette courte guerre a des effets politiques importants. Le gĂ©nĂ©ral Santa Anna, sorti discrĂ©ditĂ© de la rĂ©volution texane oĂč il a Ă©tĂ© battu et capturĂ© en 1836, est remis en selle par le combat de Veracruz. Lâhomme nâa pourtant guĂšre brillĂ© dans la mise en dĂ©fense de la ville et a failli ĂȘtre capturĂ© au pied du lit comme son collĂšgue Arista. Mais la tentative de contre-attaque sur le port fait de lui un hĂ©ros national, malgrĂ© son Ă©chec total. GriĂšvement blessĂ©, Santa Anna est amputĂ© le 6 dĂ©cembre dâune jambe et reste plusieurs jours entre la vie et la mort. Le combat, quâil raconte Ă sa façon dans son rapport comme une victoire contre les Français, lui vaut la plus grande popularitĂ©[50]. Sa jambe est enterrĂ©e avec les honneurs militaires Ă Mexico, et Santa Anna, grĂące au contrĂŽle de lâarmĂ©e, va sâemparer du pouvoir le 20 mars 1839 (peu aprĂšs la paix) en renversant le prĂ©sident Anastasio Bustamante qui va se rĂ©fugier plusieurs annĂ©es en Europe[51]. Cette courte guerre a donc pour effet de renforcer lâinstabilitĂ© politique du Mexique.
CĂŽtĂ© français, cette expĂ©dition met en valeur lâexpĂ©rience, au travers de Baudin, dâun vieil officier qui reprĂ©sente la marine Ă voile alors Ă son apogĂ©e[52] et celle dâune trĂšs jeune combattant qui reprĂ©sente la marine du futur, le prince de Joinville. Celui-ci, fils du roi Louis-Philippe, est entrĂ© dans la marine Ă 13 ans, puis a accĂ©dĂ© au grade de capitaine de corvette en mai 1838 et reçu le commandement de la CrĂ©ole Ă lâĂąge de 20 ans[53]. Une rapiditĂ© de promotion qui Ă©tonne et peut laisser penser que sa naissance a primĂ© sur ses qualitĂ©s, mais il nâen est rien. Joinville sâest rĂ©vĂ©lĂ© un bon marin doublĂ© dâun officier habile et courageux comme lâa montrĂ© son action sur la CrĂ©ole devant le fort dâUlloa et lors de lâattaque de Veracruz. Joinville, passionnĂ© dâĂ©volution technique, va ensuite se faire le thurifĂ©raire de la marine Ă vapeur aprĂšs son entrĂ©e au Conseil d'AmirautĂ© (1843) et son accession au grade de vice-amiral (1844)[53].
Ce conflit apparait donc comme Ă©tant Ă la charniĂšre de deux Ă©poques dans lâhistoire de la marine de guerre. Pourtant, malgrĂ© lâĂ©moi quâil provoque sur lâinstant, il ne va guĂšre laisser de trace dans les mĂ©moires. Le Mexique, dont lâhistoire au XIXe siĂšcle est trĂšs mouvementĂ©e, va connaitre bientĂŽt face aux Ătats-Unis une guerre malheureuse (1846-1848) lui causant de lourdes pertes territoriales, puis une deuxiĂšme intervention française massive et sanglante (1861-1867) ; Ă©vĂšnements qui vont relĂ©guer le bombardement du fort dâUlloa et la prise Ă©phĂ©mĂšre de Veracruz au rang de petite expĂ©dition cĂŽtiĂšre. Pour ce qui est de la France, outre la deuxiĂšme intervention de 1861, les lourds conflits auxquels elle va participer en Europe avec la guerre de CrimĂ©e (1853-1856) et la campagne en Italie contre lâAutriche (1859) ainsi qu'en Asie (guerre de l'Opium), vont avoir pour effet de lui faire rapidement oublier cette affaire qui ne laisse guĂšre aujourdâhui comme souvenir que les tableaux commandĂ©s par Louis-Philippe pour dĂ©corer Versailles dans les annĂ©es 1840[54]. Quant Ă la communautĂ© française du Mexique, elle ne va pas souffrir de ce conflit : renforcĂ©e par une immigration rĂ©guliĂšre, elle va continuer Ă prospĂ©rer, au point de reprĂ©senter Ă la fin du XIXe siĂšcle un lobby Ă©conomique et culturel non nĂ©gligeable sous la prĂ©sidence de Porfirio DĂaz[55].
Notes et références
- Article sur cette bataille de Christopher Minster, « The Pastry War (Mexico vs. France, 1838-1839) », sur about.com (consultĂ© le ) (en). Voir aussi la Liste des chefs d'Ătat du Mexique.
- Des investisseurs anglais et allemands surtout, qui s'intéressent aux mines d'or et d'argent. Béatrice Roman-Amat, « 4 septembre 1838 - La guerre de la pùtisserie », revue Hérodote (consulté le ).
- Cette immigration, au départ, a été sollicitée par le gouvernement mexicain qui souhaitait mettre en valeur le pays resté en partie en friche sous la colonisation espagnole. AprÚs quelques tentatives de développement agricole dans les années 1820, les Français se sont presque tous installés en ville. Jacques Paire, « Les Français au Mexique, aperçu historique », sur www.webfrancia.com (consulté le ).
- Le Moing 2011, p. 462.
- Voir l'article de Béatrice Roman-Amat, « 4 septembre 1838 - La guerre de la pùtisserie », revue Hérodote (consulté le ) et l'article à propos de cette bataille de Christopher Minster, « The Pastry War (Mexico vs. France, 1838-1839) », sur about.com (consulté le ) (en).
- Cette appellation nâest reprise par aucun auteur français consultĂ© dans la bibliographie ci-dessous. Elle nâest utilisĂ©e que par les auteurs anglo-saxons ou espagnols et n'est reprise sur l'internet francophone que par de rapides synthĂšses ou de mĂ©diocres traductions.
- Les Allemands et les Anglais ont aussi beaucoup investi dans le pays. Voir l'article de Béatrice Roman-Amat, « 4 septembre 1838 - La guerre de la pùtisserie », revue Hérodote (consulté le ).
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 114.
- Taillemite 2002, p. 32.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 130.
- Composition donnĂ©e par Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 130. La compositions donnĂ©e par le site ancestramil.fr donne quatre navires de plus, mais il ne tient pas compte de la frĂ©gate qui s'est Ă©chouĂ©e aux Bermudes ni de la petite unitĂ© abimĂ©e par la tempĂȘte et laissĂ©e Ă La Havane. Tout indique que les autres navires, deux bombardes, n'Ă©taient pas prĂ©sente au large de Veracruz au moment des faits.
- MalgrĂ© cela, une flotte britannique est envoyĂ©e dans la zone. La nouvelle de lâarrivĂ©e de la flotte britannique Ă Sacrificios se rĂ©pand au sein des Ă©quipages français et, Ă fin de mettre un terme Ă cette situation gĂȘnante, Baudin prend lâinitiative dâĂ©crire une lettre au commandant anglais dans laquelle il Ă©crit â non sans fermetĂ© â quâĂ©tant donnĂ© le diffĂ©rend opposant la France et le Mexique, la prĂ©sence de bĂątiments britanniques Ă©tait inopportune et qu'il Ă©tait impĂ©ratif que ces bĂątiments sâĂ©loignent afin de leur prĂ©sence ne soit pas mesinterprĂ©tĂ©e par les Français ou par les Mexicains. Une entrevue est organisĂ©e entre les deux officiers supĂ©rieurs, Ă l'issue de laquelle les Britanniques acceptent de renvoyer leurs deux vaisseaux de 74 canons et leurs trois frĂ©gates en direction de La Havane, alors que le reste de lâescadre est autorisĂ©e Ă rester, en observation. Quereau Force 1839, p. 159
- Le territoire mexicain mesure alors 2 346 621 km2, ce qui correspond Ă 1â5e du territoire europĂ©en. (Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 108).
- La Havane se trouve à Cuba. Pendant le premier quart du XIXe siÚcle, l'Espagne a perdu son empire colonial en Amérique du Sud mais a réussi à conserver cette ßle.
- Ă lâissue de la RĂ©volution texane de 1835-1836, le Texas sâest dĂ©tachĂ© de lâautoritĂ© mexicaine, mais nâa pas encore demandĂ© son rattachement aux Ătats-Unis. Craignant que la France ne bloque aussi les ports du Texas, une milice texane commence mĂȘme Ă patrouiller dans la baie de Corpus Christi pour empĂȘcher le commerce mexicain.
- Le Moing 2011, p. 462. Voir aussi le récit détaillé de Jurien de la GraviÚre 1888, p. 139.
- Expression citée par Michelle Battesti, in Vergé-Franceschi 2002, p. 1292.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 113-114.
- Meyer et Acerra 1994, p. 217.
- Le Moing 2011, p. 464.
- Voir le plan proposĂ© par Meyer et Acerra 1994, p. 217, ou celui de lâarticle, dressĂ© par Jurien de la GraviĂšre en 1888 dâaprĂšs les archives de 1838.
- Extrait cité par Jurien de la GraviÚre 1888, p. 145-146.
- Extrait de la lettre au ministre de la Marine citée par Jurien de la GraviÚre 1888, p. 146.
- Cité par Le Moing 2011, p. 462 et Jurien de la GraviÚre 1888, p. 146-147.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 149-150.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 147.
- Chiffres donnés par Jurien de la GraviÚre 1888, p. 151.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 147-155.
- Les effectifs de lâarmĂ©e mexicaine dans cette guerre sont trĂšs difficiles Ă Ă©tablir avec prĂ©cision. Le chiffre de 3 200 hommes est donnĂ© par le rĂ©dacteur de l'article en anglais alors que celui de la version espagnole ne parle que de 800 soldats. Ce chiffre correspond sans doute Ă celui de la garnison du fort au dĂ©but des hostilitĂ©s, chiffre qui est en accord avec celui dĂ©jĂ citĂ© plus haut, sur la foi de l'ouvrage de Jurien de la GraviĂšre. Cet effectif de 3 200 hommes, donnĂ© hĂ©las sans rĂ©fĂ©rence par le rĂ©dacteur anglais, correspond donc certainement Ă ce dont disposent les Mexicains aprĂšs l'arrivĂ©e des renforts.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 155.
- Plan dĂ©taillĂ© donnĂ© par Edmond Jurien de la GraviĂšre, op. cit., dans lâAnnexe finale de son ouvrage.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 157-158.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 156.
- Ătienne Taillemite, in VergĂ©-Franceschi 2002, p. 1466.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 158.
- Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 160.
- Lettre citée par Jurien de la GraviÚre 1888, p. 161-162.
- La garnison française dâoccupation comptait 360 hommes. Pertes donnĂ©es par Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 164. Certains auteurs signalent cependant que le fort serait restĂ© entre les mains de la France jusquâen 1843 Ă titre de garantie. Artes de MĂ©xico, no 116 quinziĂšme annĂ©e - Ă©dition spĂ©ciale du 450e anniversaire de la ville de Veracruz, pages en français (pp. 80 et 81) MĂ©xico DF 1969.
- Michelle Battesti, dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1292.
- PrĂšs de l'Ăźle des Sacrifices. Voir plan du bombardement dans la deuxiĂšme partie de l'article.
- Cité par Michelle Battesti, dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1292, ou par Meyer et Acerra 1994, p. 217.
- CâĂ©tait le cas de la Guadeloupe en 1759 lors de la grande attaque de lâescadre de John Moore. Lâartillerie des vaisseaux â notamment du HMS Saint-George de 90 canons â avait rĂ©duit les bastions français dĂ©fendus par des garnisons trop faible, mĂȘme si lâĂźle ne sâĂ©tait redue que le 1er mai suivant (Christian Buchet, dans VergĂ©-Franceschi 2002, p. 700).
- Meyer et Acerra 1994, p. 216-218 et 228.
- Cité par Meyer et Acerra 1994, p. 216-218 et 228.
- La carte fournie par Jean Meyer et Martine Acerra signale mĂȘme avec un « F » lâemplacement exact de lâobservateur militaire amĂ©ricain⊠Meyer et Acerra 1994, p. 216, 218, 228.
- Les deux tiers des munitions ont été consommées. Chiffres donnés par Jurien de la GraviÚre 1888, p. 149.
- Expression du XIXe siÚcle citée par Michelle Battesti, in Vergé-Franceschi 2002, p. 1292.
- Robertson 1921, p. 249
- Meyer et Acerra 1994, p. 216-218.
- Voici la lettre quâil envoie le 13 dĂ©cembre Ă son gouvernement. La derniĂšre phrase, qui oublie la capture dâArista et transforme la retraite française en dĂ©faite est savoureuse : « La providence conserve encore mes jours. Le 6, jâai subi lâamputation de la jambe gauche que la mitraille ennemie mâavait mise en piĂšces. Si jâen dois croire lâopinion des mĂ©decins, je suis aujourdâhui hors de danger. Ma main droite, atteinte Ă©galement par la mitraille, est en bonne voie. Lâennemi sâest retirĂ© au mouillage dâAnton-Lizardo, ne laissant devant Veracruz que la CrĂ©ole et les deux bombardes. La place de Veracruz sera dans quelques jours complĂštement Ă©vacuĂ©e : mieux valait se rĂ©soudre Ă cet abandon que se rĂ©signer Ă lâignominie de recevoir chaque jour la loi des usurpateurs du chĂąteau dâUlloa. (âŠ) Depuis la glorieuse journĂ©e du 5, oĂč il a Ă©prouvĂ© une si cruelle dĂ©ception, lâennemi nâa pas renouvelĂ© les hostilitĂ©s. » Lettre citĂ©e par Jurien de la GraviĂšre 1888, p. 161-162.
- Sa prothĂšse, « capturĂ©e » lors de la guerre amĂ©ricano-mexicaine de 1846-1848, se trouve maintenant dans un musĂ©e de l'Illinois oĂč elle est fiĂšrement exposĂ©e. Voir aussi l'article de Christopher Minster, « The Pastry War (Mexico vs. France, 1838-1839) », sur about.com (consultĂ© le ) (en) sur la conclusion de cette guerre.
- Voir Ă ce sujet les pages Ă©clairantes de Jean Meyer et Martine Acerra, avec le chapitre « LâapogĂ©e de la Marine Ă voile, 1815-1843 », Meyer et Acerra 1994, p. 187-226.
- Taillemite 2002, p. 261 ; Michelle Battesti in Vergé-Franceschi 2002, p. 802-803.
- Ces tableaux sont tous reproduits pour illustrer l'article.
- Voir par exemple (fr) webfrancia.com.
Voir aussi
Sources et bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- En français
- Adrien Dauzats et Pharamond Blanchard, San Juan de Uluà , ou Relation de l'expédition française au Mexique, sous les ordres de M. le contre-amiral Baudin, chez Gide, éditeur, , 591 p. (lire en ligne)
- Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850,
- Edmond Jurien de la GraviĂšre, Lâamiral Baudin, Ă©ditions Plon, , 198 p. (lire en ligne), p. 107 et suiv.
- Jacques Penot, « L'expansion commerciale française au Mexique et les causes du conflit franco-mexicain de 1838-1839 », Bulletin Hispanique, vol. 75, nos 1-2,â , p. 169-201 (lire en ligne)
- Henry B. Parkes (préf. de Jacques Soustelle), Histoire du Mexique, Paris, Payot, (ISBN 2-228-12790-6)
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de lâĂ©dition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
- Ătienne Taillemite et Maurice Dupont, Les Guerres navales françaises du Moyen Ăge Ă la guerre du Golfe, Paris, SPM, coll. « Kronos », , 392 p. (ISBN 2-901952-21-6)
- Ătienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, coll. « Dictionnaires », , 537 p. [dĂ©tail de lâĂ©dition] (ISBN 978-2847340082)
- Michel Vergé-Franceschi, Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 978-2-221-09744-1)
- Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Ăditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
- Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
- En anglais
- (en) William Quereau Force, Army and navy chronicle, and Scientific repository, , 421 p. (lire en ligne), p. 159
- (en) Frederick Leslie Robertson, The evolution of naval armament, Londres, Constable & Company, , 416 p. (lire en ligne)
- En espagnol
- (es) Vicente Riva Palacio (dir.) et Enrique OlavarrĂa y Ferrari, MĂ©xico a travĂ©s de los siglos, vol. IV : MĂ©xico independiente (1821-1855), Mexico D.F. (Mexique), , 920 p. (lire en ligne), p. 409 et suiv.
Articles connexes
Liens externes
- (en) Christopher Minster, « The Pastry War (Mexico vs. France, 1838-1839) », sur about.com (consulté le )
- (es) Roberto Jorge RodrĂguez Lozano, « La Guerra de los Pasteles », sur elporvenir.com, (consultĂ© le )
- Béatrice Roman-Amat, « 4 septembre 1838 - La guerre de la pùtisserie », revue Hérodote (consulté le )
- FrĂ©dĂ©rique Sultana, « LâexpĂ©dition française au Mexique sous les ordres de l'amiral Baudin 1838 », sur ancestramil.fr, (consultĂ© le )
- Jacques Paire, « Les Français au Mexique, aperçu historique », sur www.webfrancia.com (consulté le ).