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Louis Ier (roi de Bavière)

Louis Charles Auguste de Wittelsbach (en allemand : Ludwig Karl August von Wittelsbach), né le à Strasbourg et mort le à Nice, est de 1825 à 1848 le deuxième roi de Bavière sous le nom de Louis Ier. Il est le fils aîné de Maximilien Ier de Bavière et de son épouse Wilhelmine de Hesse-Darmstadt.

Louis Ier de Bavière
Illustration.
Louis Ier de Bavière par Joseph Karl Stieler (1826).
Titre
Roi de Bavière
–
(22 ans, 5 mois et 7 jours)
Prédécesseur Maximilien Ier
Successeur Maximilien II
Biographie
Dynastie Maison de Wittelsbach
Nom de naissance Ludwig Karl August von Wittelsbach
Date de naissance
Lieu de naissance Strasbourg (France)
Date de décès (à 81 ans)
Lieu de décès Nice (France)
Sépulture Abbaye Saint-Boniface de Munich
Père Maximilien Ier
Mère Wilhelmine de Hesse-Darmstadt
Conjoint Thérèse de Saxe-Hildburghausen
Enfants Maximilien II
Mathilde de Bavière
Othon Ier
Charlotte de Bavière
Luitpold de Bavière
Aldegonde de Bavière
Hildegarde de Bavière
Alexandra de Bavière
Adalbert Wilhem de Bavière
Religion Catholicisme

Louis Ier (roi de Bavière) Louis Ier (roi de Bavière)
Monarques de Bavière

Biographie

Fils de Maximilien de Palatinat-Deux-Ponts, alors officier au service de la France, et de Wilhelmine de Hesse-Darmstadt, Louis est le neveu de Charles II Auguste, duc de Deux-Ponts qui a été chassé de ses États par la France révolutionnaire. Le duc Charles-Auguste est lui-même l'héritier de l'électeur Charles-Théodore de Bavière.

Louis naît à Strasbourg le , jour de la Saint Louis. Il a pour parrain le roi de France Louis XVI dont il porte le prénom. Très jeune, il acquiert un goût pour les arts et effectue de nombreux voyages en Italie. En 1796, sa mère décède et son père se remarie avec la princesse Caroline de Bade, jeune femme d'une grande beauté et d'une grande dignité.

Le prince royal de Bavière (1807).

Peu auparavant, la mort de son oncle, Charles II Auguste de Palatinat-Deux-Ponts, avait fait de son père l'héritier de l'électeur de Bavière Charles-Théodore auquel il succède en 1799. Le nouvel électeur comprend que ses intérêts sont de s'allier à la France révolutionnaire puis impériale. Il reçoit des mains de Napoléon Ier la couronne royale en 1805. Le mariage de la princesse Augusta, sœur cadette de Louis, avec le prince impérial Eugène, fils adoptif de l'empereur des Français, est le gage de cette alliance.

Le prince Louis prend part aux guerres de l'Empire, d'abord dans les troupes de Napoléon, avant de se ranger en 1813 du côté de la coalition anti-française, à la suite du changement de politique de son père.

Conformément aux accords passés avec les alliés, le congrès de Vienne conserve au souverain bavarois son titre royal mais celui-ci doit rendre à l'Autriche le Tyrol et le Vorarlberg. En outre, afin de réconcilier les deux monarchies, il est convenu que l'archiduc François-Charles, héritier putatif de l'empire d'Autriche, épouse la duchesse Sophie de Bavière, sœur cadette de Louis. La Bavière intègre la nouvelle Confédération germanique.

Dans les années suivant le congrès, les princesses bavaroises épousent divers princes souverains allemands ou étrangers et accèdent aux trônes d'Autriche, de Prusse, de Saxe, de Hesse, de Hohenzollern-Hechingen, de Suède, du Portugal et du Brésil.

Le prince royal Louis et la princesse royale Thérèse (1818).

Le prince Louis épouse le Thérèse de Saxe-Hildburghausen, son père ne désirant pas le mésallier avec une « napoléonide » comme l'avait fait le prince héritier de Bade. Les festivités à l'occasion de ses noces sont à l'origine de la première Oktoberfest à Munich.

Neuf enfants sont issus de cette union :

Le règne

Louis Ier accède au pouvoir à la mort de son père en 1825 et poursuit la politique de mécénat commencée alors qu'il n'était que prince héritier. Ambitionnant de faire de sa capitale l’« Athènes du Nord », le règne de Louis Ier de Bavière s’inscrit dans le cadre d’un « néoclassicisme munichois »[1], politique de défense et d’illustration du sentiment patriotique bavarois, puisant ses racines dans deux périodes idéalisées, l’Antiquité grecque et latine, et le Moyen-Âge.

Admirateur de Goethe, il acquiert les œuvres que celui-ci a particulièrement appréciées au palais Bevilacqua de Vérone, ainsi que la Tête de Méduse du marquis Rondanini, décrite avec enthousiasme par Goethe dans Voyage en Italie. Il achète aussi les sculptures du temple d'Aphaïa à Égine, découvertes peu de temps auparavant. Il réussit également à acheter le Faune Barberini lors de la dispersion des collections Barberini.

Il constitue la Galerie des Beautés, demandant au peintre de cour Joseph Karl Stieler de portraiturer les plus jolies de ses contemporaines présentes ou de passage à Munich, sans distinction de classe sociale ou de rang : les portraits de sa sœur l'archiduchesse Sophie, mère de l'empereur François-Joseph Ier et de sa fille la duchesse Alexandra de Bavière côtoient ceux de Charlotte von Hagn, comédienne, d'Hélène Sedlmayer, fille de cordonnier, et de Lola Montez, danseuse et aventurière.

Pour abriter ses collections, notamment de sculptures antiques grecques et romaines, il fait bâtir à Munich la Glyptothèque, le Staatliche Antikensammlungen ainsi que l'Alte et la Neue Pinakothek. Il passe commande de l’église Saint Louis à Munich, qui abrite les fresques les plus grandes du monde et s’inscrivant dans un registre de peinture historique « catholico-romantique »[2].

Il transfère également à Munich l'université de Bavière, alors située à Landshut. Munich devient ainsi le plus brillant et le plus important centre artistique et universitaire allemand.

Il demande à Friedrich von Gärtner de bâtir (entre 1842 et 1849) le Pompeianum à Aschaffenbourg (une ville au nord-ouest de la Bavière), inspirée par la villa pompéienne des Dioscures (Castor et Pollux).

Avec le Moyen-Âge en tête, il entreprend d’initier la restauration de cathédrales, en l’occurrence celle de Bamberg (travaux entre 1828 et 1844) et de manière encore plus manifeste celle de Ratisbonne (entre 1835 et 1839), se concentrant plutôt sur les intérieurs et visant à retrouver un état d’origine empreint « de simplicité, de dignité et de majesté »[3] - [4].

Le premier train bavarois (reconstitution en 2008).

Sur le plan politique, il se sépare du francophile comte Maximilian de Montgelas, favori de son père hellénophile passionné, confie l'éducation de ses enfants au professeur Friedrich Thiersch et soutient l'indépendance de la Grèce. Son second fils, Othon, devient roi des Hellènes en 1832. Pour le soutenir, un conseil de régence, composé essentiellement de Bavarois, est constitué. Cependant, le jeune roi refusera d'abandonner le catholicisme pour l'orthodoxie. Il épousera en 1836 une princesse allemande mais son mariage restera stérile.

À la suite de la révolution de Juillet en France, il prend des mesures répressives.

Il a été un soutien enthousiaste du développement du chemin de fer[5]. En 1834, le chemin de fer bavarois Ludwig relie pour la première fois Nuremberg à Fürth. En 1844 est créée la Première Société Royale des chemins de fer royaux bavarois.

Louis Ier de Bavière a aussi réussi à faire aboutir un projet initialement attribué à Charlemagne[6], à savoir un canal reliant le Rhin au Danube : le Ludwigskanal, ou canal (du roi) Ludwig, mesurant 170 kilomètres, est ouvert à la navigation en 1846. De trop petit gabarit et en partie détruit après la seconde guerre mondiale, il est abandonné à l’exception de quelques parties à titre patrimonial.

Époux inconstant et souverain devenu impopulaire

La reine Thérèse de Bavière (1832).
La comtesse de Landsfeld en 1847.

Louis Ier est un époux étrange, accordant toute sa confiance à la reine Thérèse sur le plan politique mais la maintenant dans une étroite dépendance financière. La reine, bien qu'elle ait conservé la religion protestante, est appréciée pour sa charité et la dignité dont elle fait preuve face à ses déboires conjugaux.

En effet, le roi est un époux volage qui affiche ses maîtresses, comme la comtesse Marianna Bacinetti en 1831 ou en 1847, vieillissant, la danseuse hispano-irlandaise Lola Montez qu'il anoblit en lui conférant le titre de « comtesse de Landsfeld », provoquant un scandale retentissant.

Son impopularité s'accroît avec cette dernière et tapageuse liaison et il est contraint d'abdiquer le en faveur de son fils aîné, Maximilien.

Jean des Cars, dans la biographie de son célèbre petit-fils Louis II, indique que jusqu'à cette crise, Louis Ier était « le souverain un peu original mais très attachant que les Bavarois aimaient bien.»[7].

Tandis que l'aventureuse comtesse fuit aux États-Unis, le roi survit vingt ans à sa déchéance.

Le survivant

En 1854, la reine Thérèse meurt à Munich, pleurée par l'ex-roi qui ne tarit pas d'éloges sur la défunte, la décrivant comme l'exemple des épouses. La nièce des ex-souverains, Élisabeth dite "Sissi", épouse l'empereur d'Autriche François-Joseph (qui est aussi un de leurs neveux).

Cette union brillante est suivie par le mariage de la sœur de l'impératrice, Marie Sophie de Bavière, avec le roi François II des Deux-Siciles. Confrontée à l'invasion des Chemises rouges de Garibaldi, la souveraine de dix-neuf ans fera preuve d'une mâle énergie avant de trouver refuge dans les États du pape Pie IX.

En 1862, le roi Othon Ier de Grèce, moins hellénophile que son père, est déchu et remplacé par Georges Ier, un prince danois qui a le soutien de l'Empire britannique et de la Russie. Il se réfugie en Bavière. En 1864, le roi déchu perd son fils aîné et successeur, Maximilien II. Son petit-fils, le célèbre et tourmenté Louis II de Bavière, devient roi à dix-neuf ans et son neveu Maximilien d'Autriche est élu empereur du Mexique.

En 1866, Louis II prend le parti de l'Autriche contre la Prusse mais est vaincu. La Confédération germanique est dissoute ; la Prusse prend la tête d'une confédération d'Allemagne du Nord mais signe des traités de défense mutuelle avec les États du sud dont la Bavière. L'Autriche est exclue du monde germanique.

La photographie officielle des fiançailles royales de Louis II (1867).

1867 est une année maudite pour les Maisons de Wittelsbach et de Habsbourg-Lorraine, au regard de laquelle la mort avant son père de l'ex-roi des Hellènes apparaît comme un simple fait divers : commencée sous d'heureux auspices par les fiançailles du roi Louis II avec sa cousine Sophie-Charlotte en Bavière, l'année se termine lamentablement par la rupture de cette idylle de conte de fées. Entre-temps, les épreuves frapperont durement les deux Maisons souveraines catholiques : l'empereur du Mexique, vaincu par ses opposants, est exécuté sommairement. L'impératrice Charlotte devient folle. Le prince héritier de Tour et Taxis, neveu par alliance de l'ex-roi, meurt de maladie à trente-six ans, laissant la gestion de son immense fortune à la princesse née Hélène en Bavière, sa veuve éplorée qui vient de donner le jour à leur quatrième enfant. La princesse Sophie de Saxe, jeune épouse du duc Charles-Théodore en Bavière, meurt de maladie à vingt-et-un ans. Le jeune veuf renonce à sa carrière dans l'armée bavaroise et, au grand dam de sa famille, entame des études de médecine.

L'ex-roi Louis Ier mourut en France à quatre-vingt-un ans au début de l'année 1868, dans une villa de Nice sur la côte d'Azur. Il fut inhumé dans l'abbaye Saint-Boniface à Munich. Son cœur est prélevé du corps pour être inhumé dans une urne située dans un monument de la Chapelle de la Grâce à Altötting.

Notes et références

  1. Le Rider Jacques, Roksandic Drago, « L'Europe et le monde germanique. », École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologiques. Livret-Annuaire 19.,‎ , p. 344-352 (lire en ligne)
  2. Jurion – de Waha, Françoise., « L’école en beauté, un exemple d’architecture pour l’enfant », Cahiers Bruxellois – Brusselse Cahiers, vol. lvii, no. 1,‎ , p. 194-243 (lire en ligne)
  3. Fritsch Julia. Nicolas Borger-Keweloh, « Die mittelalterlichen Dome im 19. Jahrhundert », Bulletin Monumental, tome 149, n°1,‎ , p. 126-127 (lire en ligne)
  4. Ernest Förster, Monuments d'architecture, de sculpture et de peinture depuis l'établissement du Christianisme jusqu'aux temps modernes (Architecture, tome 2ème), Paris, Morel, (lire en ligne), p. 39-40
  5. "Politics and the Stages of Growth", par Walt Whitman Rostow, 1971 p. 86
  6. Baumont Maurice. Held-Brüschwien, « Rhein-Main-Donau. Die Geschichte einer Wassersirasse. Mr Hermann Freymark, Die Wasserwirschaft des Odergebiets, Ziele und Wege », Annales d'histoire économique et sociale. 2ᵉ année, N. 5,‎ , p. 147-148 (lire en ligne)
  7. Jean des Cars, Louis II de Bavière ou le Roi foudroyé, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-03205-0), p. 26

Voir aussi

Tombeau de Louis Ier de Bavière.

Bibliographie

  • Roger Dufraisse, « Louis Ier de Bavière », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 25, p. 2439
  • Pierre Gaxotte, Histoire de l'Allemagne, tome II, en particulier chapitre « L'unité », Paris, Flammarion, 1963, pages 205 à 212 (notamment)
  • Jean des Cars, Louis II de Bavière ou Le roi foudroyé, Paris, Perrin, 1975, pages 17-26 (notamment)

Articles connexes

Liens externes

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