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Lola Montez

Lola Montez (ou Lola Montès), nom de scène de Marie Dolores Eliza Rosanna Gilbert, comtesse de Landsfeld, née à Grange (comté de Sligo en Irlande) le et morte à New York (États-Unis) le [1], est une danseuse exotique, actrice et courtisane d'origine irlandaise, célèbre pour avoir été la maîtresse du roi Louis Ier de Bavière.

Lola Montez
Titre de noblesse
Comtesse
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Marie Dolores Eliza Rosanna Gilbert
Surnom
Eliza
Nationalité
Irlandaise
Activités
Père
Edward Gilbert (d)
Mère
Eliza Gilbert (d)
Conjoints
Thomas James (d) (Ă  partir de )
George Trafford Heald (d) (Ă  partir de )
Patrick Purdy Hall (d) (Ă  partir de )
Blason
Vue de la sépulture.

Biographie

Enfance

Lola naît d'un père irlandais fils d’un baronnet anglais et de la fille d’un cabaretier irlandais. La famille Gilbert émigre aux Indes en 1823. Peu de temps après leur arrivée, le père meurt du choléra. Sa mère se remarie l'année suivante et envoie Eliza vivre chez des parents de son beau-père en Grande-Bretagne.

En 1837, âgée de 16 ans, Eliza s'enfuit avec un amant de sa mère, le lieutenant Thomas James, qu'elle épouse. Mais elle trompe son mari et le couple se sépare cinq ans après. C'est alors qu'elle devint danseuse exotique sous le nom de Lola Montez. Rapidement sa « tarentelle » et son expression : « Ce que Lola veut, Lola l'a » (Whatever Lola wants, Lola gets) la rendent célèbre. Ses débuts à Londres en tant que « Lola Montez, la danseuse espagnole » (Lola Montez, the Spanish dancer) en juin 1843 sont perturbés quand elle est reconnue comme la femme de Thomas James. Cette notoriété nuisant à sa carrière, elle prend le chemin du continent. Dès cette époque, elle prête ses faveurs à quelques hommes riches et beaucoup la considèrent comme une courtisane[2].

Vie de danseuse et courtisane

Portrait de Lola Montez par Jules Laure.

Paris

C'est durant ses dernières années d'adolescence que Lola prend conscience des gains financiers qu'elle peut engranger comme courtisane auprès d'hommes puissants et riches. Parmi ses amants et bienfaiteurs, on trouve Franz Liszt, qu'elle aurait fait rompre définitivement avec l'écrivaine Marie d'Agoult[3], Alexandre Dumas fils et le journaliste Alexandre Dujarrier. C'est Liszt qui l'introduit dans l'entourage de George Sand où elle côtoie les intellectuels marquants de son époque dont Victor Hugo.

Munich et le Lolaministerium

Avec la fortune que lui a léguée Alexandre Dujarrier, mort en duel, Lola Montez part en Allemagne[4]. C'est lors d'un voyage en 1846 à Munich, sur le chemin de Vienne, que Louis Ier de Bavière, alors âgé de plus de soixante ans, la remarque et qu'elle devient rapidement sa maîtresse. Il lui offre un petit palais où il écrit de la poésie, tandis qu'elle invite des opposants à son régime, libéraux et anticléricaux, ce qui déplaît au gouvernement[5].

Usant de son influence auprès du roi, elle devient impopulaire auprès des Bavarois, en particulier après que des documents rendus publics montrent qu'elle espérait devenir sujette bavaroise et être anoblie. En dépit de l'opposition, le , jour de son anniversaire, le roi la fait comtesse de Landsfeld « pour services artistiques rendus à la Couronne », titre accompagné d’une rente considérable[6] - [7], puis chanoinesse de l'ordre de Sainte-Thérèse, honneur réservé aux dames de très haute noblesse et de grande vertu[5]. Cela contribue à l'impopularité croissante du roi[8]. Une longue mise en demeure est alors rédigée par le gouvernement à l'adresse de ce dernier pour s'en insurger, évoquant « les torrents de larmes versés par l'archevêque d'Augsbourg » qui fut alors rebaptisé Niobé, en référence à la figure mythologique de la mère inconsolable à la suite du meurtre de ses enfants et métamorphosée en rocher d'où coule une source[5]. De rage, Louis Ier dissout son ministère et constitue un nouveau gouvernement, que l'on surnomme aussitôt le Lolaministerium.

En 1848, alors qu'à Munich des mouvements de contestation sociale grondent, Lola Montez prend pour amant un étudiant insurgé tandis que Louis Ier ferme l'université à la multiplication des barricades et signe à contre-cœur l'ordre de bannissement de sa maîtresse[9]. Sous la pression du mouvement révolutionnaire, le roi finit par abdiquer en faveur de son fils aîné et Lola Montez s'enfuit de Bavière pour la Suisse, mettant un point final à sa carrière de courtisane[2] - [10].

La liaison entre Lola Montez et le roi marqua si fort l'opinion munichoise que, des années après, quand Louis II, petit-fils de Louis Ier, sera sur le trône de Bavière et accueillera à Munich son idole, l'impécunieux Richard Wagner, le mettant à l'abri du besoin, réglant ses dettes et satisfaisant à tous ses caprices, les Munichois surnommeront alors non sans humour le compositeur romantique « Lolus », pendant masculin de la trublionne à l'influence ruineuse[11].

Les États-Unis

Lola Montez en 1851, daguerréotype de Southworth & Hawes.

En 1851, elle prend un nouveau départ aux États-Unis où elle a d'abord étonnamment réussi à réhabiliter son image[12]. Entre 1851 et 1853, elle se produit comme danseuse et actrice dans l'est des États-Unis, puis se rend à San Francisco en . En , elle épouse Patrick Hull et s'installe à Grass Valley, en Californie, en . Au milieu des années 1850, son mariage se brise. Elle fréquente alors un coureur de piste ; il commence à la battre avant de mourir rapidement[9].

L'Australie

Lola s'installe alors en Australie dans l'État de Victoria, faisant fortune en divertissant les mineurs de la ruée vers l'or. C'est en 1855, selon l'historien Michael Cannon, qu'elle met en scène sa danse érotique de l'araignée (Spider Dance) au Théâtre royal de Melbourne, levant ses jupons tellement haut que l'assistance pouvait constater qu'elle ne portait aucun sous-vêtement et faisant sortir de son corsage des araignées articulées[9]. Le lendemain, l'Argus stigmatise son exhibition « tout à fait subversive pour la moralité publique ». Les notables cessèrent de fréquenter le théâtre qui subit dès lors de lourdes pertes. Elle passe presque quatre ans dans l'État de Victoria. À Castlemaine, en avril 1856, elle est « bissée avec frénésie » après sa danse de l'araignée devant quatre cents mineurs (y compris des membres du conseil municipal qui avaient levé la séance plus tôt pour pouvoir assister à la représentation), mais elle soulève la colère des spectateurs en les insultant en raison d'un léger chahut. Elle gagne encore en notoriété lorsqu'à Ballarat, après une mauvaise critique dans The Ballarat Times (journal local), elle poursuit avec un fouet Henry Seekamp, le rédacteur en chef. La Lola Montes Polka, composée par Albert Denning, est inspirée de cet incident.

Fin de vie

Ayant emménagé à New York, le , elle est victime d'un accident vasculaire cérébral et se trouve partiellement paralysée. À la mi-décembre, elle peut de nouveau marcher malgré une légère claudication, mais sa vie de courtisane est alors terminée et elle se retrouve sans argent. Lola cherche alors à se rapprocher de Dieu. Elle passe ses derniers jours auprès d'un prêtre, s'étant préalablement assurée qu'il n'était pas jésuite car elle éprouvait de la rancune pour cet ordre religieux.

Atteinte de la syphilis, elle contracte une pneumonie et meurt peu avant son quarantième anniversaire, le . Elle est inhumée au cimetière de Green-Wood, dans le district de Brooklyn, à New York.

Publications

  • MĂ©moires de Lola Montès (Comtesse de Lansfeld), publiĂ©es en feuilleton dans le journal Le Pays Ă  partir du 8 janvier 1851.
  • (prĂ©face de Henri-Émile Chevalier) L’Art de la beautĂ© chez la femme : secrets de la toilette, J. Taride (Paris), 1879[13].

Portrait

Portrait Ă  l'huile de Lola Montez par Conrad Kiesel (de).

« Lola Montès était une charmeuse. Il y avait dans sa personne un je ne sais quoi de provocant et de voluptueux qui attirait. Elle avait la peau blanche, des cheveux noirs ondoyants comme des pousses de chèvrefeuille, des yeux indomptés et sauvages et une bouche qu'on aurait pu comparer alors à une grenade en bouton. Ajoutez à cela une taille lancinante, des pieds charmants et une grâce parfaite. Par malheur elle n'avait, comme danseuse, aucun talent. »

— Gustave Claudin[14]

Lola Montez dans la fiction

Dans la littérature

Au cinéma

Dans la chanson

  • Le roman de Douglass Wallop, The Year the Yankees Lost the Pennant, paru en 1954, a inspirĂ© la comĂ©die musicale Damn Yankees de 1955 et, plus tard, le film Cette satanĂ©e Lola en 1958. La chanson Whatever Lola Wants, interprĂ©tĂ©e par Sarah Vaughan et Dinah Shore en 1955, reprise plus tard par Petula Clark, Ella Fitzgerald et Eartha Kitt, est tirĂ©e de la comĂ©die musicale.
  • Dans la chanson Ă©ponyme de son album Rimes fĂ©minines (1996), la chanteuse française Juliette cite Lola Montez parmi la ribambelle de grandes figures fĂ©minines auxquelles elle rend hommage. MentionnĂ©e parmi « Le train du diable et ses diablesses / Les vĂ©nĂ©neuses et les tigresses », son nom sous sa forme francisĂ©e « Lola Montès » rime alors avec ceux de Gina Manès et « Borgia Lucrèce »[15].
  • La chanteuse Joanna Newsom Ă©voque Lola Montez, comtesse de Landsfeld, et sa « spider dance » (danse de l'araignĂ©e) dans son titre Have one on me de l’album homonyme de 2010. Le reste de l'album pourrait aussi ĂŞtre inspirĂ© de la vie de la danseuse, notamment son passage en Californie (In California) et l'achat de sa maison devenue musĂ©e.
  • Le groupe de metal danois, Volbeat, lui consacre une chanson de son album Outlaw Gentlemen and Shady Ladies en 2013.

Dans les séries

Elle est l'héroïne d'un épisode des Nouvelles aventures de Lucky Luke : elle y tombe amoureuse du héros mais est effrayée par la rudesse de sa vie.

Notes et références

  1. Comme beaucoup d'aspects de sa vie, des informations discordantes au sujet de sa naissance ont été publiées.
  2. (en) « Lola Montez » [archive du ], sur Ballarat History Central.
  3. Catherine Decours, Louis II de Bavière : Le trône et la folie, Paris, Fayard, , 448 p. (ISBN 978-2-213-68717-9 et 221368717X, OCLC 1082976500, lire en ligne), p. 15.
  4. Catherine Decours, Louis II de Bavière : Le trône et la folie, Paris, Fayard, , 448 p. (ISBN 978-2-213-68717-9 et 221368717X, OCLC 1082976500, lire en ligne), p. 15-16.
  5. Catherine Decours, Louis II de Bavière : Le trône et la folie, Paris, Fayard, , 448 p. (ISBN 978-2-213-68717-9 et 221368717X, OCLC 1082976500, lire en ligne), p. 16.
  6. (en)« Montez, Lola », dans Encyclopedia Americana, .
  7. (en) « Montez, Lola », Collier’s New Encyclopedia, Francis J. Reynolds, éd., New York, P. F. Collier & Son Company, 1921.
  8. (en) Robert Greene, The 48 Laws of Power, Penguin Books, (ISBN 0-14-028019-7), p. 78.
  9. Catherine Decours, Louis II de Bavière : Le trône et la folie, Paris, Fayard, , 448 p. (ISBN 978-2-213-68717-9 et 221368717X, OCLC 1082976500, lire en ligne), p. 17.
  10. (en) « Lola Montez ». The American Cyclopædia, George Ripley ; Charles A. Dana, éds., 1879.
  11. Catherine Decours, Louis II de Bavière : Le trône et la folie, Paris, Fayard, , 448 p. (ISBN 978-2-213-68717-9 et 221368717X, OCLC 1082976500, lire en ligne), p. 65.
  12. (en) Bruce Seymour, Lola Montez, a Life, Yale University Press, , 480 p. (ISBN 978-0-300-06347-9, lire en ligne).
  13. Lola (1818-1861) Auteur du texte Montez, L'art de la beauté chez la femme : secrets de la toilette / par Lola Montez, comtesse de Lansfeldt ; préface et notes, par H. Émile Chevalier, (lire en ligne)
  14. Mes Souvenirs. Les boulevards de 1840-1870, Paris, Calmann LĂ©vy, 1884, p. 36.
  15. « JULIETTE - Rimes féminines 1997 » (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • JoĂ«lle ChevĂ©, Les grandes courtisanes, Paris, First, , 313 p. (ISBN 978-2-7540-3966-6)
  • Catherine Decours, Louis II de Bavière : Le trĂ´ne et la folie, Fayard, 2019, 448 p. (ISBN 9782213687179), pp. 15-17, 65
  • (en) Bruce Seymour, Lola Montez : a life, New Haven, Yale University Press, , 468 p. (ISBN 978-0-300-07439-0, lire en ligne)
  • Gustave Claudin, Mes Souvenirs. Les boulevards de 1840-1870, Paris, Calmann LĂ©vy, 1884
  • Le Passe-Temps n°330 (12 juin 1861), pp. 375-376, article biographique "Lola Montès" (ornĂ© d'un portrait) signĂ© Le Diable Boiteux, dans la chronique Les Contemporains en pantoufles (CCXLX)

Liens externes

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