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Tarentelle

Les tarentelles (en italien : Tarantelle) sont un ensemble de danses traditionnelles, et de formes musicales associées, provenant du Sud de l'Italie. Elles sont typiques des régions de Calabre, Campanie et Pouilles. Il s'agit de ronde, ou plus récemment de danse de couple, éventuellement au sein d'une ronde, mais toujours sans contact corporel entre les danseurs. Il s’agit d’une danse qui, au fil du temps, a atteint une dimension iconique, passée probablement d’un usage thérapeutique initial à des formes ludiques, par la suite[1]. Les formes plus connues et pratiquées sont la pizzica et la tammurriata.

La Tarentelle, par LĂ©on Bazile Perrault.

« Le terme de Tarantelle, pour être générique, n’est jamais employé par les intéressés dans une définition régionaliste – parler de tarentelle calabraise par exemple, réduirait la grande diversité des danses, viddaneddha de l’Aspromonte, tarantella grecanica dans les villages hellénophones de la province de Reggio, zomparieddu de la Sila, tarantella albanese en province de Cosenza, et sur le versant nord, en Basilicate. La danse est identifiée à une aire culturelle et géographique homogène, non à une entité administrative[2].»

Origines

Remontant au XVIIIe siècle, la tarentelle avait une dimension de danse thérapeutique dans la région des Pouilles. Elle est populaire plus particulièrement en Calabre, ainsi qu'à Naples, toutes ces régions faisant partie des royaumes de Naples et de Sicile[3].

La tarentelle peut être accompagnée à la guitare, la cornemuse, la lyra ou l’accordéon diatonique, mais elle peut également être accompagnée au tambourin. De plus, elle peut être chantée.

Une thérapie traditionnelle contre la morsure de tarentule

La tarentelle, selon les croyances, était une danse permettant de guérir un malade souffrant d'une morsure de tarentule[4]. Les connaissances sur la tarentule (Lycosa tarantula) contredisent cette assertion : si la tarentule est impressionnante, sa morsure est à peine plus douloureuse qu'une piqûre de frelon. En revanche, une autre araignée peuple cette même région de Tarente, il s'agit de la Malmignatte, appelée également Veuve noire méditerranéenne. Bien plus petite et plus dangereuse, sa morsure peut provoquer des lésions et perturbations psychologiques et physiques assez importantes. La thérapie par tarentelle pourrait donc venir de la morsure de cette araignée.

Athanasius Kircher (1601-1680) fait état de plusieurs types de tarentelles, en rapport avec le « caractère de l'araignée »[5]. Il fallait que la danse plaise à l'araignée qui avait mordu le malade pour que la thérapie soit efficace.

Les derniers témoignages de « malades » souffrant d'une morsure ont été recueillis dans les années 1980 par des ethnographes italiens. Depuis, ils sont considérés comme une manifestation folklorique[6].

Une danse « à usages multiples »

Filippo Falciatore, « Tarantella a Mergellina », 1750.

La tarentelle est, aussi, une danse qui se pratique en couple, avec des aspects de parade amoureuse. Quelquefois, la tarentelle est menée comme un quadrille, dans lequel les couples se font face et exécutent des figures. Ils se voient alors éliminés successivement. À Montemarano, commune de Campanie, elle se danse pendant le carnaval, en procession le jour, mais également en couples, ou encore en cercle le soir[7]. Dans le Cilento (province de Salerne), en l’honneur de la Vierge, on danse la tarentelle pendant les pèlerinages, et fréquemment, la danse s’accompagne de l’exposition de la centa, un édicule votif composé de fleurs et de chandelles, posé en équilibre sur la tête et maintenu par les bras[8].

Les genres de musique de la tarentelle traditionnelle

On rencontre plusieurs formes de tarentelles[2] :

Le rythme de cette tarentelle originaire du Salento est effréné et endiablé. Elle est désormais connue pour avoir été le moyen employé dans la thérapie par la tarentelle. Certaines sont conçues pour être dansées par un homme et une femme, d'autres entre hommes et entre femmes.

Tarentelle de la région de Naples, son nom vient de l'instrument symbole du type, la tammorra, grand tambour sur cadre chargé de cymbales. La mélodie étant uniquement prise en charge par la voix (parfois accompagnée d'un accordéon et de percussions traditionnelles à l'époque actuelle), le rythme est irrégulier et frénétique, car suivant les variations de la voix, les chanteurs se relayant pour improviser autour de motifs de textes traditionnels. Les tammurriates sont notamment jouées durant la semaine de Pâques, dans les villages au pied du Vésuve, la musique et la danse dégagent alors un climat entre sacré et profane.

  • Montemaranese

Tarentelle au rythme très régulier, rapide.

Exemple de basse d'une Tarentella del Gargano
  • Del Gargano

Tarentelle basée sur la même basse, très circulaire bien que binaire, en ostinato.

Exemple de basse de Tarentella Napoletana
  • Napoletana

Tarentelle ternaire, la tarentella napoletana est, comme son nom l'indique, la tarentelle de la région de Naples. On en retrouve un exemple dans La danza de Gioachino Rossini, extrait de Soirées Musicales (1830–1835).

Ă€ ces exemples s'ajoutent de nombreux autres types de tarentelles[9].

Quelques musiques classiques de tarentelles

Plusieurs compositeurs de musique classique ont Ă©crit des tarentelles, notamment :

Au cinéma

Au théâtre

  • Dans La Fille du tambour-major de Jacques Offenbach, les personnages dansent une tarentelle pour dĂ©tourner l'attention des soldats autrichiens.
  • Dans Une maison de poupĂ©e de l'auteur norvĂ©gien Henrik Ibsen, Nora danse une tarentelle endiablĂ©e (crĂ©ation en 1879).
  • Dans Ce qui arriva quand Nora quitta son mari, de Elfriede Jelinek, Nora est Ă  nouveau amenĂ©e Ă  se produire en public avec sa fameuse tarentelle. (Titre original : Was geschah, nachdem Nora ihren Mann verlassen hatte oder StĂĽtzen der Gesellschaften, traduit de l’allemand par Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, Paris 1993).
  • Dans Un Tramway nommĂ© DĂ©sir de Tennessee Williams, Blanche commente la tarentelle.
  • Dans Viktor de Pina Bausch, on peut entendre Andrea Sacco chanter une tarentelle de Carpino.

Notes et références

  1. Tullia Conte, La dernière tarentule: danses et rituels dans le sud de l'Italie, Torrazza Piemonte - Turin, Sudanzare, , 171 p. (ISBN 9798763112887), p. 21
  2. Alèssi Dell'Umbria, Tarantella! : Possession et dépossession dans l'ex-royaume de Naples, L'Oeil d'Or, cop. 2015 (ISBN 978-2-913661-70-7 et 2-913661-70-X, OCLC 970660726, lire en ligne)
  3. Éditions Larousse, « tarentelle - LAROUSSE », sur www.larousse.fr (consulté le )
  4. Ernesto De Martino, La terra del rimorso : contributo a una storia religiosa del Sud, Il saggiatore, (ISBN 88-428-0143-7 et 978-88-428-0143-6, OCLC 797875676, lire en ligne)
  5. Étienne Bours, Dictionnaire thématique des musiques du monde, Fayard, 2002 (ISBN 2-213-61415-6)
  6. « Au début des années 2000, de jeunes palestiniennes ont accusé à tort Tsahal de les empoisonner : Entretien avec l'historien Yves-Marie Bercé », sur Causeur, (consulté le ).
  7. « Tarentelle », sur www.accrofolk.net (consulté le ).
  8. Tullia Conte, La dernière tarentule: danses et rituels dans le sud de l'Italie, Torrazza Piemonte - Turin, Sudanzare, , 171 p. (ISBN 9798763112887), p. 45
  9. Un aperçu est donné dans l'album : La Tarentella, Christina Pluhar, orchestre baroque L'Arpeggiata.

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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