Lion de l'Atlas
Panthera leo leo
EW : Éteint à l'état sauvage
Répartition géographique
Le lion de l'Atlas (Panthera leo leo), également appelé lion de Barbarie, est une sous-espèce de lions, aujourd'hui éteinte à l'état sauvage[1]. On le trouvait autrefois dans toute l'Afrique du Nord. Les derniers spécimens sauvages ont disparu vers le milieu du XXe siècle. Moins d'une centaine de lions de l'Atlas subsistent en captivité.
L'ours de l'Atlas et le léopard de Barbarie, les deux autres principaux prédateurs d'Afrique du Nord, sont désormais, respectivement, disparus et près de l'extinction.
Description
Il est caractérisé par une crinière beaucoup plus volumineuse que celle de ses cousins subsahariens, très sombre voire noire et allant jusqu'au milieu du ventre. Cette crinière serait due à son environnement plus tempéré de vie, et n'est donc pas un moyen d'identification fiable de la sous-espèce[2]. Le lion de l'Atlas adulte a une longueur de 2,35 à 2,80 m[3] (de longueur totale avec la queue), une hauteur de garrot de 1,20 m et pèse entre 190 et 240 kg. Les femelles mesurent jusqu'à 2,50 m (longueur totale de la tête à la queue), pour un poids de 115 à 180 kg.
Dans les récits historiques, le poids des mâles sauvages aurait été de 270 à 300 kg. Cependant, l'exactitude de ces données est discutable ; la taille de population des lions d'Atlas en captivité était trop petite pour pouvoir déterminer s'il s'agissait de la sous-espèce de lion la plus imposante[4].
Son crâne mesure entre 30,85 cm et 37,23 cm de long[5].
La durée de gestation des lionnes serait de 100 à 116 jours, avec 2 à 4 petits par portée. Les lions de l'Atlas auraient une longévité de 30 ans[6].
Le nom scientifique Panthera leo leo désigne à présent le Lion d'Afrique.
Le lion de l'Atlas est par ailleurs l’emblème du royaume du Maroc, il est sur les armoiries de ce pays et l'équipe du Maroc de football est surnommée ainsi bien qu'il ne subsiste plus de lion à l'état sauvage dans ce pays.
Histoire
Les Romains utilisaient des lions de Barbarie dans leurs amphithéâtres pour les combats de gladiateurs[8]. Au Moyen Âge, les lions conservés dans la ménagerie de la Tour de Londres étaient des lions de Barbarie, preuve apportée par des tests ADN sur les deux crânes bien conservés dans la tour en 1937[9]. La datation au carbone 14 a évalué les crânes aux environs de 1280 à 1385 pour l'un et 1420-1480 pour l'autre. Des fossiles appartenant au Lion de l'Atlas datant d'entre 100 000 à 110 000 ans ont été découverts dans la grotte de Bizmoune, près d'Essaouira[10]. Le Dr Nobuyuki Yamaguchi de l'Unité de conservation de la faune à l'Université d'Oxford, a indiqué que la croissance des civilisations le long du Nil et dans la péninsule du Sinaï au début du IIe millénaire av. J.-C., avait ainsi isolé les populations de lions. Jusqu’à il y a environ 100 ans, le lion a survécu à l'état sauvage au nord-ouest de l'Afrique, zone correspondant aux pays de l'Algérie, la Tunisie, et du Maroc[9]. Le dernier spécimen sauvage fut vraisemblablement abattu en 1942 à Taddert (versant nord du Tizi n'Tichka)[11] ou aurait disparu lors de la destruction des forêts au Nord de Sétif en 1958[7].
Lions en captivité et descendants
Cette sous-espèce est considérée comme éteinte à l'état sauvage. Quelques spécimens, environ 90 (principalement descendants des lions de la ménagerie royale de Rabat au Maroc), sont encore conservés dans certains parcs zoologiques, comme ceux de Rabat, du Port Lympne Wild Animal Park au Royaume-Uni, de Madrid, du Parc zoologique des Sables-d'Olonne, du Parc Zoologique de Paris... Tous ces derniers lions de l'Atlas pourraient être des « hybrides » comptant peut-être des lions d'Afrique (sub-saharienne) parmi leurs ascendants[12]. Le jardin zoologique de Rabat préserve une population d’environ 22 lions depuis plusieurs années[13]. Ces lions voient leur effectif augmenter (3 naissances en décembre 2011)[14].
Une éventuelle réintroduction ?
Le gouvernement marocain avait pour projet de réintroduire les derniers spécimens en captivité dans la nature mais ce projet difficilement réalisable sans une volonté politique forte fut abandonné[15]. Les principaux obstacles à cette réintroduction sont l'occupation humaine et la dégradation de leurs milieux d'origine, des difficultés auxquelles font face de nombreux parcs naturels sub-sahariens.
Toutefois, diverses pétitions, notamment en ligne sur Internet, sont mises en place afin de tenter de faire revivre ce projet[16] - [11] - [17].
Notes et références
- (en) Référence UICN : espèce Panthera leo (Linnaeus, 1758)
- Ross Barnett, Nobuyuki Yamaguchi, Ian Barnes et Alan Cooper, « Lost populations and preserving genetic diversity in the lion Panthera leo: Implications for its ex situ conservation », Conservation Genetics (en), no 7,‎ , p. 507-514 (DOI 10.1007/s10592-005-9062-0)
- Museum of Comparative Zoology Zoologische Staatssammlung Mchen, Verfentlichungen der Zoologischen Staatssammlung Mchen, Mchen : Die Staatssammlung, (lire en ligne)
- (en) Yamaguchi, N., Haddane, B, « The North African Barbary lion and the Atlas Lion Project », International Zoo News,‎ , p. 465-481 (lire en ligne)
- (en) J. H. Mazák, « Geographical variation and phylogenetics of modern lions based on craniometric data », Journal of Zoology, vol. 281, no 3,‎ , p. 194–209 (ISSN 1469-7998, DOI 10.1111/j.1469-7998.2010.00694.x, lire en ligne, consulté le )
- « Lion de l'Atlas », sur rabatzoo.ma (consulté le )
- Simon A. Black, Amina Fellous, Nobuyuki Yamaguchi et David L. Roberts, « Examining the Extinction of the Barbary Lion and Its Implications for Felid Conservation », PLOS ONE, vol. 8, no 4,‎ , e60174 (DOI 10.1371/journal.pone.0060174)
- (en) Bruce D. Patterson, The lions of Tsavo : exploring the legacy of Africa's notorious man-eaters, New York, McGraw-Hill Professional, , 231 p. (ISBN 978-0-07-136333-4, LCCN 2004272142), p. 110
- « Tower's royal lions 'from Africa' », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Découverte des restes d’un lion de l’Atlas à Essaouira », sur Le Site Info, (consulté le )
- Hanane Jazouani, « Maroc : Faut-il réintroduire le Lion de l’Atlas dans son habitat naturel ? », sur www.yabiladi.com,
- Simon Black, Nobuyuki Yamaguchi, Adrian Harland et Jim Groombridge, « Maintaining the genetic health of putative Barbary lions in captivity: an analysis of Moroccan Royal Lions », European Journal of Wildlife Research, Springer, no 56,‎ , p. 21 - 31 (DOI 10.1007/s10344-009-0280-5)
- « Programmes de conservation », sur rabatzoo.ma
- « Deuxième naissance de lionceaux de l’Atlas au Jardin Zoologique de Rabat » (consulté le )
- Stéphanie Jacob, « Le retour du lion de l’Atlas ? », L'Économiste, no 4087,‎ (lire en ligne)
- Leila Assam, « Appel à réintroduire les lions de l'Atlas dans leur milieu naturel », sur lemag.ma,
- « Libérez les lions de l’Atlas... Les vrais ! », sur lavieeco.com,
Voir aussi
Articles connexes
- Souk Ahras, en berbère marché des lions.
- Oran, en berber wahran, signifiant les deux lions.
- Aïn el Bia, en berbère Ain N'bia, signifiant la source de la lionne.
- La montagne des lions, Les derniers lions de cette côte méditerranéenne furent chassés dans cette montagne qui est voisine d'Oran. Également connue sous les termes « Djebel Kar », le massif des amas de pierres. Le nom français « montagne des lions » laisse penser que des lions y vivaient encore au début du XIXe siècle. Plusieurs épisodes de chasses ont été rapportés, tant par les Espagnols au XVIe siècle que par les Français jusque dans les années 1840. Les derniers évènements liés à des lions près d'Oran datent de 1939.
- Babar, Ă Khenchela, signifiant en Chaoui : porte du lion.
- Aïn Sebaâ signifiant la source au lion est un grand quartier de Casablanca faisant partie de la préfecture de Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi.
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
- (fr+en) Référence ITIS : Panthera leo leo (Linnaeus, 1758)