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Lac Pavin

Le lac Pavin est un lac d'origine volcanique situĂ© dans les monts Dore, en Auvergne (Massif central), sur le territoire de la commune de Besse-et-Saint-Anastaise (Puy-de-DĂ´me). FormĂ© par phrĂ©atomagmatisme il y a 6 900 ans, ce lac de cratère est le plus jeune volcan de France mĂ©tropolitaine[1].

Lac Pavin
Image illustrative de l’article Lac Pavin
Image illustrative de l’article Lac Pavin
Carte topographique
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes
Commune Besse-et-Saint-Anastaise Besse-et-Saint-Anastaise
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 45° 29′ 45″ N, 2° 53′ 17″ E
Type Naturel
Origine Volcanique
Montagne Massif central
Superficie 0,44 km2
Altitude 1 197 m
Profondeur
· Maximale

92 m
Hydrographie
Émissaire(s) affluent (sans nom) de la Couze Pavin
GĂ©olocalisation sur la carte : Puy-de-DĂ´me
(Voir situation sur carte : Puy-de-DĂ´me)
Lac Pavin
GĂ©olocalisation sur la carte : Auvergne-RhĂ´ne-Alpes
(Voir situation sur carte : Auvergne-RhĂ´ne-Alpes)
Lac Pavin
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Lac Pavin

Description

SituĂ© Ă  une altitude de 1 197 m[alpha 1], le lac s’est formĂ© par phrĂ©atomagmatisme, autrement dit il s'agit d'un maar. De forme globalement circulaire avec un diamètre de 700 Ă  800 m et une superficie de 44 ha, il a une profondeur moyenne de 29,5 m et une profondeur maximale de 92 m, ce qui en fait le plus profond d'Auvergne[2] (soit un volume d'environ 13 millions de m3 d'eau).

Il est visitĂ© par environ 200 000 personnes par an[3]. La rivière Couze Pavin qui passe Ă  300 m du lac n'est que partiellement alimentĂ©e par ce dernier.

Il est d'origine très rĂ©cente contrairement au massif des monts Dore. Il semble qu'il se soit formĂ© après la pĂ©riode d'activitĂ© volcanique qui a crĂ©Ă© la chaĂ®ne des Puys, soit il y a environ 6 900 ans, ce qui en fait un des plus jeunes Ă©difices volcaniques de France mĂ©tropolitaine[4]. Il n'est pas liĂ© Ă  la chaĂ®ne des Puys. L'explosion qui l'a formĂ© fut très violente : des traces de cet Ă©vĂ©nement ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es jusque dans les sĂ©diments du lac LĂ©man et dans d'autres lacs suisses, et le volume de l'Ă©ruption est estimĂ© Ă  75 millions de m3[5].

Par temps clair, le ciel bleu se reflétant dans l'eau, il apparaît très coloré, presque bleu-nuit. En revanche, par temps d’orage, ses eaux profondes apparaissent très sombres, ce qui lui a sans doute valu son nom de Pavin (du latin pavens, épouvantable)[3].

Les eaux oxygĂ©nĂ©es du lac Pavin abritent du zooplancton et des poissons notamment l'omble chevalier Ă©voluant en eau profonde (30 Ă  70 m)[6]. Les eaux profondes ont une densitĂ© de plus de 10 millions de bactĂ©ries par millilitre d’eau (densitĂ© dix fois supĂ©rieure Ă  celle des lacs standard), notamment des archĂ©es mĂ©thanogènes (c'est-Ă -dire productrices de mĂ©thane), ainsi que d'autres espèces consommatrices de ce mĂŞme gaz, certaines archĂ©es parviendraient Ă  oxyder une partie du mĂ©thane qu'elles produisent pour le consommer[7].

Toponymie

« Pavin » est une francisation de son nom occitan local : Lac Pavent qui signifie « lac effroyable »[8].

Ce même mot vient du latin pavens (participe adjectivé de pavere qui signifie « être frappé d'épouvante »). Le nom du « lac Pavin » signifierait donc, mot pour mot tant en occitan qu'en son ancêtre le latin, « lac épouvantable »[9].

Lac méromictique

Le lac Pavin présente une caractéristique unique en France[alpha 2] : c'est un lac méromictique, classé officiellement comme tel en 1951[4]. Le mélange des eaux, annuel ou bisannuel, ne s'effectue que sur les 60 premiers mètres : cette propriété s'explique par la forme presque conique du volume d'eau, sa situation encaissée et protégée des vents et l'existence de sources souterraines qui minéralisent les eaux profondes et les rendent plus denses[10].

Les eaux anoxiques du fond lacustre, entre 60 et 92 mètres, sont ainsi confinĂ©es et sont chargĂ©es en gaz tels que le dioxyde de carbone, l'azote, le mĂ©thane et le sulfure d'hydrogène, liĂ©s Ă  la dĂ©composition de la matière organique et qui leur confère une odeur nausĂ©abonde ; la teneur en gaz fait l'objet d'une surveillance car une augmentation pourrait entraĂ®ner des risques de dĂ©gazage catastrophique, phĂ©nomène appelĂ© « Ă©ruption limnique » par certains chercheurs, mais selon les travaux d'Haroun Tazieff, il pourrait s'agir d'Ă©ruption phrĂ©ato-gazeuse. Selon les scientifiques, le lac Pavin n'est pas arrivĂ© Ă  saturation et prĂ©sente un Ă©tat d'Ă©quilibre peu dangereux actuellement[4]. Cependant, des mouvements de terrain (chutes importantes de rochers) ou sismiques pourraient rompre cet Ă©quilibre et entraĂ®ner un dĂ©gazage soudain.

Nouvelles hypothèses concernant l'activité du lac Pavin

Vue sur le lac partiellement gelé.

Le lac a été étudié par des savants dès le XVIIIe siècle : le comte de Montlosier dans son Étude sur les volcans d'Auvergne[11] de 1789 a l'intuition que le lac est issu d'une « explosion pulvérulente ». Ses caractéristiques originales (lac méromictique et pristine[alpha 3]) font qu'il est depuis très étudié, notamment pour ce qui concerne l'hydrobiologie. Des équipes scientifiques rattachées au CNRS de Lyon, Paris, Clermont-Ferrand et Orléans ont mis à l'eau en 2013 une plateforme permettant d'effectuer des prélèvements au milieu du lac[12].

L'activité volcanique du secteur du lac Pavin fait l'objet d'un débat au sein de la communauté scientifique[13] :

  • ActivitĂ© volcanique
Alors qu'il est communĂ©ment admis que le système Montchal-Pavin (le puy de Montchal situĂ© près du lac Ă  1 400 m d'altitude ayant formĂ© un cĂ´ne volcanique de trachy-basalte) est entrĂ© en Ă©ruption il y a environ 6 900 ans pour le lac Pavin et 7 000 ans pour le puy de Montchal, une deuxième phase pĂ©ri-volcanique se serait produite il y a seulement 3 500 Ă  2 000 ans, puis il y 750 ans et des Ă©manations gazeuses persistent encore de nos jours.
  • MontĂ©e des eaux et dĂ©bordements
Le lac aurait dĂ©bordĂ© plusieurs fois au cours de son histoire, l'Ă©vĂ©nement le plus rĂ©cent aurait dĂ©posĂ© des coulĂ©es de boue dans la vallĂ©e de la Couze il y a environ 750 ans ; ces coulĂ©es de boue ont Ă©tĂ© cartographiĂ©es, datĂ©es et analysĂ©es par les deux chercheurs prĂ©cĂ©dents.
  • ActivitĂ©s sismiques
Des mouvements de terrain (glissements de terrain ou séisme) auraient eu lieu au sein du lac ou à proximité, ce qui a provoqué l'apparition de turbidités au sein du lac et ce qui a pu libérer des gaz toxiques, à l'instar du lac Nyos[14]. Un manuscrit de 1650, intitulé Le Pavin et le creux de Soucy, décrit un lac aux eaux tourbillonnantes et recouvertes de brouillards, à l'origine possible des légendes qui entourent ce lac[15].

Il est possible que les légendes concernant le Pavin soient liées partiellement, voire totalement à ces risques naturels.

Ces travaux furent présentés par les deux chercheurs lors d'un colloque scientifique international organisé à Besse en 2009[16], durant lequel deux faits furent mis en évidence

  1. la mise en évidence de ces coulées de boue a été actée par l'ensemble de la communauté scientifique, et a donné lieu à de nouvelles recherches toujours en cours.
  2. les Ă©quipes du laboratoire Magmas et Volcans rejettent l'hypothèse d'un Ă©pisode volcanique du cratère Pavin postĂ©rieur Ă  6 900 BP (ce qui n'a jamais Ă©tĂ© affirmĂ© par les deux inventeurs, qui Ă©voquent des phĂ©nomènes pĂ©ri-volcaniques et non purement volcaniques pour le cratère Pavin depuis 6 900 ans).

LĂ©gendes

Lac Pavin, le dolmen, allée sous bois (rive ouest).

Ce lac sombre, qui semble sans fond, est à l'origine de plusieurs légendes : « lac du diable », lac dans lequel s'est jeté le seigneur Roupoutou (ou le diable qui selon une autre version sortait du lac en créant des tourbillons) : ses cadeaux à une jeune femme de Besse dont il était amoureux étant refusés, il s'assit sur la « chaise du diable » (deux pierres planes qui semblent former un siège), ses pleurs inondèrent le village de Besse, aussi il pensa qu’il avait noyé la femme qu’il aimait et se suicida. Une version proche veut que ce soit Dieu qui noya la cité sous des eaux diluviennes afin de punir ses habitantes aux mœurs légères[3].

D'autres légendes racontent que, si on jette une pierre en plein milieu du lac, il se réveille et qu'un jet de pierres le à minuit permet d'entendre les cloches de l’ancienne église de Besse sonner[4].

Représentation dans la culture

Télévision

Le site est le lieu principal du téléfilm Meurtres en Auvergne (2016) de la collection de téléfilms policiers franco-belge dénommée Meurtres à....

Escalade

Le site d'escalade, situĂ© sur le bord ouest du lac Pavin, est une falaise issue d'une coulĂ©e basaltique Ă©chappĂ©e du puy de Montchal distant d'Ă  peine plus d'km. Bien que situĂ©e Ă  1 200 mètres d'altitude, cette falaise est orientĂ©e sud-ouest et l'escalade peut donc se pratiquer d'avril Ă  dĂ©cembre. Les voies parcourent des orgues basaltiques oĂą alternent des dièdres (Ă  larges fissures au fond) et des piliers rectilignes. Initialement Ă©quipĂ© par le peloton de gendarmerie de montagne de Super-Besse, le site offre 24 voies de 20 Ă  25 m de haut, cotĂ©es de 4 Ă  6c, avec prĂ©dominance des niveaux 6a et 6b[17].

Galeries de cartes postales anciennes du Lac

  • Photos du lac en 1929

Notes et références

Notes

  1. Le Quid, Quid, inaccessible depuis mars 2010
  2. Le seul autre Ă©tait le lac de la Girotte, un lac naturel (dissolution dans le gypse) de 99 mètres de profondeur pour 57 hectares en Haute-Savoie. Devenu un lac de barrage, il a perdu cette caractĂ©ristique. Le lac du Bourget et le LĂ©man se rapprochent de cette catĂ©gorie mais leur monimolimnion n'est pas totalement anoxique.
  3. Lac primitif peu anthropisé.

Références

  1. Henry Gaudru, Évelyne Pradal, À la découverte des volcans extrêmes, Vuibert, , p. 125.
  2. Colloque de 2009 sur le lac Pavin
  3. Sylvain Kahn, « Les mystères du lac Pavin », émission Planète terre sur France Culture, , [lire en ligne]
  4. « Le lac Pavin : un lac méromictique » (invité Michel Meybeck) dans l'émission Planète terre de France Culture du 22 septembre 2010.
  5. Site du BRGM [lire en ligne]
  6. http://annuaire.toques-auvergne.com/detail.php?id=747
  7. A. C. Lehours, J. F. Carrias, C. Amblard, T. Sime-Ngando, G. Fonty, « Les bactéries du lac Pavin », Pour la science, janvier 2010, p. 30-35.
  8. (fr + oc) Jean Roux, L'auvergnat de poche, Chennevières-sur-Marne, Assimil, coll. « Assimil Ă©vasion », , 246 p. (ISBN 2-7005-0319-8, ISSN 1281-7554, BNF 38860579)
  9. Site de France Culture, page sur Les mystères du lac Pavin
  10. Philipe Olive, Jacques Boulègue, « Étude biogéochimique d’un lac méromictique : le lac Pavin, France », Géomorphologie, vol. 10, no 4,‎ , p. 305-316
  11. Travaux du Comité français d'histoire de la géologie
  12. Cette plateforme est enlevée pour l'hiver. Cf « La plateforme scientifique du lac Pavin enlevée pour l'hiver », sur lamontagne.fr, .
  13. Site de France-Culture, page sur les mystères du lac Pavin
  14. Didier Jézéquel, Gérard Sarazin et Gérard Fonty, Le lac pavin : le volcan, l'eau et la vie, Pour la science, .
  15. Lac Pavin, United fashion for peace.
  16. Didier Jézéquel et Christian Amblard, « Lac Pavin 2009 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Pour la science, (consulté le ).
  17. Denis Collangettes, G. Monneron et M. Chalier, Escalade dans le Puy-de-Dôme : Le Massif du Sancy, t. III, Fédération française de la montagne et de l'escalade

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles Bruyant, « Les seiches du lac Pavin », Revue d'Auvergne, t. 20,‎ , p. 81-97 (lire en ligne)
  • T. Sime-Ngando, P. Boivin, E. Chapron, D. Jezequel et M. Meybeck, Lake Pavin : History, geology, biogeochemistry, and sedimentology of a deep meromictic maar lake, Springer, , 406 p. (ISBN 978-3-319-39961-4, lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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