Lac Ichkeul
Le lac Ichkeul (arabe : ŰšŰÙ۱۩ Ű„ŰŽÙÙ) est un lac du nord de la Tunisie. Il fait partie du parc national de l'Ichkeul. Le lac est reliĂ© par le canal de Tinja au lac de Bizerte, lui-mĂȘme reliĂ© Ă la mer MĂ©diterranĂ©e.
Lac Ichkeul | ||
Vue sur le lac Ichkeul. | ||
Administration | ||
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Pays | Tunisie | |
Gouvernorat | Bizerte | |
Fait partie de | Parc national de l'Ichkeul | |
Statut | Partie d'un site du patrimoine mondial UNESCO (d) | |
GĂ©ographie | ||
CoordonnĂ©es | 37° 10âČ 00âł N, 9° 39âČ 59âł E | |
Type | Lac | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Tunisie
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Le lac et les marĂ©cages servent chaque annĂ©e de lieu d'arrĂȘt pour des centaines de milliers d'oiseaux migrateurs en partance vers l'Afrique subsaharienne. En hiver, le lac est alimentĂ© par de l'eau douce, provenant des oueds Ă proximitĂ© tandis qu'en Ă©tĂ© il l'est par de l'eau de mer.
Les villes de Tinja, Mateur et Menzel Bourguiba sont les principales villes aux alentours du lac. Menzel Bourguiba et Tinja sont situées sur l'isthme séparant le lac Ichkeul du lac de Bizerte.
Le lac est aussi appelé lac de Mateur[1].
Environnement
Le lac fait partie du parc national qui est lui-mĂȘme classĂ© dans la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1980. En 1996, le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial en pĂ©ril Ă cause d'une augmentation de la salinitĂ© de ses eaux qui menace de centaines de milliers d'oiseaux migrateurs[2].
Des images prises par satellite montrent en effet l'évolution du niveau du lac et de la végétation aquatique entre le (partie supérieure) et le (partie inférieure), la végétation apparaissant en rouge[3]. Bien que le niveau du lac soit plus élevé en 2005 qu'en 2001, une large partie du lac apparaßt en rouge en raison de la présence de plantes aquatiques car les barrages construits en amont ont réduit de façon importante l'apport d'eau douce dans le lac et les marais, les plantes d'eau douce ayant été remplacées par des plantes adaptées au milieu salé[3]. Ces changements ont engendré une réduction significative des populations d'oiseaux migrateurs qui dépendent de la variété des plantes qui existaient auparavant. Les autorités tunisiennes mettent alors fin à l'utilisation agricole des eaux du lac, réduisant progressivement la salinité et permettant le retour de nombreuses espÚces d'oiseaux sur le site. En 2006, ce dernier est donc retiré de la liste du patrimoine mondial en péril[2].
- Paysage du lac.
- Vue du lac Ichkeul.
- Vue matinale de la montagne dominant le lac.
- Rive du lac.
Avifaune
Ichkeul est l'une des zones humides les plus importantes en MĂ©diterranĂ©e occidentale, avec le parc national de Doñana en Espagne, la Camargue en France et El Kala en AlgĂ©rie, pour l'hibernation des espĂšces du PalĂ©arctique nord et la reproduction des espĂšces du PalĂ©arctique sud. Jusque 300 Ă 400 000 oiseaux ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© prĂ©sents en mĂȘme temps sur ce lac. Parmi les espĂšces aux effectifs les plus abondants figurent le canard siffleur (Anas penelope), avec 10 Ă 50 000 individus, voire 112 000, le fuligule milouin (Aythya freina ; 10 000-90 000 ; 120 000 en 1971), la foulque macroule (Fulca atra ; 2 000-45 000 ; 188 000 en 1973).
Le lac Ichkeul constitue le site d'hibernation privilĂ©giĂ© de lâoie cendrĂ©e (Anser anser). Des espĂšces menacĂ©es, selon l'UICN, le frĂ©quentent : la vulnĂ©rable marmaronette marbrĂ©e (Marmaronetta angustirostris), lâĂ©rismature Ă tĂȘte blanche (Oxyura leucocephala), espĂšce en danger, et le courlis Ă bec grĂȘle (Numenius tenuirostris), en danger critique d'extinction[4].
Le fuligule nyroca (Aythya nyroca), le rĂąle des genĂȘts (Crex crex), la sarcelle d'hiver (Anas crecca), le canard souchet (Anas clypeata), le canard pilet (Anas acuta) et l'Ă©chasse blanche (Himantopus himantopus) hibernent Ă©galement ici, tandis que le flamant rose (Phoenicopterus roseus) y passe l'Ă©tĂ©. Le rougequeue de Moussier (Phoenicurus moussieri) est endĂ©mique de l'Atlas du nord-ouest de l'Afrique. La glarĂ©ole Ă collier (Glareola pratincola) est Ă©galement prĂ©sente sur les bords du lac[4].
Plusieurs rapaces frĂ©quentent le site : le percnoptĂšre (Neophron percnopterus), espĂšce en danger, l'aigle de Bonelli (Aquila fasciata) et l'aigle bottĂ© (Hieraaetus pennatus), les busards des roseaux (Circus aeruginosus), le pĂąle (Circus macrourus), le cendrĂ© (Circus pygargus) et le Saint-Martin (Circus cyaneus), la buse fĂ©roce (Buteo rufinus), les faucons lanier (Falco biarmicus), d'ĂlĂ©onore (Falco eleonorae) et pĂšlerin (Falco peregrinus)[4].
Mammalofaune
La loutre d'Europe (Lutra lutra), chassĂ©e pour sa chair, pourrait avoir disparu du site. Le sanglier (Sus scrofa), le buffle domestique (Bubalus bubalis) introduit, le porc-Ă©pic Ă crĂȘte (Hystrix cristata), le chacal dorĂ© (Canis aureus), la genette commune (Genetta genetta), le rat des pharaons (Herpestes ichneumon) et le chat sauvage dâAfrique ou chat gantĂ© (Felis silvestris lybica) sont prĂ©sents sur le site[4].
Herpétofaune
Le lac, les oueds et les marais environnants servent de milieux de reproduction Ă au moins cinq espĂšces d'amphibiens : la grenouille du Sahara (Pelophylax saharicus), le discoglosse peint (Discoglossus pictus), le crapaud de Mauritanie (Sclerophrys mauritanica), la rainette mĂ©ridionale (Hyla meridionalis), qui en Tunisie et dans l'ouest de l'AlgĂ©rie forme une unitĂ© Ă©volutive distincte qui mĂ©riterait un statut spĂ©cifique[5], et le pleurodĂšle de poiret (Pleurodeles nebulosus). Le crapaud commun (Bufo spinosus), signalĂ© comme prĂ©sent par lâĂ©comusĂ©e du parc, est limitĂ© Ă lâextrĂȘme nord-ouest de la Tunisie et n'est donc sans doute pas prĂ©sent dans le parc. La prĂ©sence du crapaud vert dâAfrique du Nord (Bufotes boulengeri), une espĂšce assez rĂ©sistante Ă la salinitĂ©, est possible. Tous les amphibiens de Tunisie dĂ©pendent de l'eau douce pour leur reproduction mĂȘme si certaines espĂšces peuvent tolĂ©rer un certain niveau de salinitĂ©.
Les reptiles liées aux milieux aquatiques sont l'émyde lépreuse (Mauremys leprosa), la cistude (Emys orbicularis)[2] et la couleuvre vipérine (Natrix maura). La présence de la couleuvre à collier (Natrix natrix), espÚce trÚs rare en Tunisie, est possible ; elle est comme la cistude d'affinité paléarctique et liée aux zones les plus humides et aux grands systÚmes hydrauliques. La cistude est également trÚs rare et menacée par l'augmentation de la salinité. L'émyde lépreuse et la couleuvre vipérine en revanche sont trÚs abondantes, notamment à l'embouchure des oueds.
Flore
L'espÚce dominante du lac est le potamot pectiné (Stuckenia pectinata) qui est l'alimentation principale des oies hivernantes ; sa reproduction nécessite une salinité inférieure à 10 grammes par litre durant plusieurs mois de l'année. Les autres espÚces caractéristiques sont Ruppia cirrhosa, Phragmites australis, Tamarix africana, etc.
Références
- LĂ©on de Bisson, La Tripolitaine et la Tunisie : avec les renseignements indispensables au voyageur, Paris, Ernest Leroux, , 147 p. (lire en ligne), p. 85.
- « Parc national de l'Ichkeul », sur whc.unesco.org.
- (en) « Earth Observatory », sur earthobservatory.nasa.gov.
- « World Heritage Information Sheets »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?), sur unep-wcmc.org.
- (en) Matthias Stöck, Sylvain Dubey, Cornelya KlĂŒtsch, Spartak N. Litvinchuk, Ulrich Scheidt et Nicolas Perrin, « Mitochondrial and nuclear phylogeny of circum-Mediterranean tree frogs from the Hyla arborea group », Molecular Phylogenetics and Evolution (en), vol. 49, no 3,â , p. 1019-1024 (ISSN 1055-7903).