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Jules Ducatel

Jules-Auguste Ducatel, nĂ© Ă  Paris (ancien 4e arrondissement) le et mort Ă  Saint-Maurice le [1], est un militaire puis fonctionnaire français du XIXe siècle. Il est connu pour avoir aidĂ© l'armĂ©e versaillaise Ă  investir la capitale le afin de rĂ©primer la Commune lors de la « Semaine sanglante Â».

Jules Ducatel
Description de cette image, également commentée ci-après
Gravure de Bocourt (1871).
Nom de naissance Jules-Auguste Ducatel
Naissance
Ancien 4e arrondissement de Paris
DĂ©cès (Ă  65 ans)
Saint-Maurice
Nationalité Française
Profession
Distinctions
Famille
Pierre Jules Baroche (cousin germain éloigné au 1er degré)

Biographie

Jules-Auguste Ducatel est le fils de Jules-Séraphin Ducatel, un mercier de la rue Saint-Denis, et de Marie-Louise Buisson. Jules-Séraphin Ducatel est le cousin de Pierre Jules Baroche[2], futur ministre de Napoléon III.

Élève au Lycée Charlemagne[3], le jeune Ducatel doit interrompre ses études après la révolution de 1848, son père ayant subi de graves revers de fortune[4]. En 1849, il s'engage pour deux ans dans l'infanterie de ligne, qu'il quitte en 1851 avec le grade de caporal. Réengagé dès l'année suivante dans l'infanterie de marine à Toulon, il prend part en 1853 à une expédition dans l'archipel des Bissagos destinée à défendre les intérêts français dans cette colonie portugaise proche du Sénégal. Après la guerre de Crimée, il rejoint l'infanterie de ligne avec le grade de sergent. Il sert en Italie entre 1862 et 1864 puis passe dans la réserve en 1865 avant de retourner à la vie civile dès l'année suivante. Après s'être marié, Ducatel entre au service municipal des ponts et chaussées de la ville de Paris à partir du mois d'. Piqueur affecté à la surveillance de l'éclairage public du 16e arrondissement, il s'installe à Auteuil, rue Poussin[5].

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, il s'engage dans la garde nationale mobile dont il intègre, avec le grade de sergent-major, le 7e bataillon de la Seine. Or, tombé malade lors de son service au camp de Châlons, il est contraint de se faire réformer. Après quinze jours de repos, il reprend ses fonctions municipales[6] puis sert dans le génie auxiliaire pendant le siège de la capitale[4].

Ducatel, agitant son drapeau blanc sur le bastion 64, est repéré par le capitaine Trève (gravure assez fantaisiste publiée en 1881).

Au printemps 1871, la guerre civile fait rage entre les communards et les assaillants versaillais. Partisan de ces derniers, Ducatel entre en contact au début de mois de mai avec le corps d'armée du général Douay, dont l'artillerie pilonne les bastions près des portes de Saint-Cloud et du Point-du-Jour en vue de créer une brèche dans les fortifications de la capitale. Devenu indicateur de l'armée versaillaise, Ducatel effectue ainsi plusieurs missions de reconnaissance, sous couvert de ses activités au service de la sous-commission des barricades de Passy[7]. Le dimanche , entre 14 et 15 heures, il découvre que la porte de Saint-Cloud et ses environs ne sont plus gardés. Après avoir improvisé un drapeau blanc à l'aide d'un mouchoir fixé sur un râteau[4], il monte, malgré les obus tirés depuis Montretout, sur le bastion 64 (dont l'emplacement correspond à l'actuelle rue de l'Arioste) pour alerter les lignes versaillaises positionnées dans des tranchées creusées en contrebas du bastion 65, du côté du parc des Princes. Informé par le capitaine de frégate Auguste Trève[8], Douay en réfère à Thiers, qui ordonne à l'armée régulière de pénétrer dans Paris avec près de 48 heures d'avance par rapport au plan initial. Libéré sur ordre de Douay après avoir été brièvement arrêté par les soldats qui craignaient une ruse des fédérés, Ducatel guide ensuite la division Vergé, alors commandée par le colonel Piquemal, vers le Trocadéro. Lors du passage d'une barricade qui bloquait le quai de Passy au niveau de la rue Guillou, il est capturé par les communards. Emmené à l’École militaire pour y être jugé et - probablement - fusillé, il saisit l'occasion de s'échapper quand les insurgés doivent quitter les lieux face à l'avancée des soldats versaillais[9], qui se rendent maîtres de l'Ouest de la ville le .

ConsidĂ©rĂ© comme un hĂ©ros parmi les opposants Ă  la Commune, Ducatel est mĂŞme envisagĂ© un temps comme candidat par des Ă©lecteurs du 8e arrondissement en vue des Ă©lections lĂ©gislatives complĂ©mentaires du [10]. En rĂ©compense de son acte du , il se voit dĂ©cerner la croix de chevalier de la LĂ©gion d'honneur (qui lui sera remise par le marquis de PlĹ“uc) dès le 1er juillet et obtient, l'annĂ©e suivante, un poste de percepteur-receveur municipal Ă  Melun. Après avoir reçu 30 000 francs de la part du gouvernement[4], il est Ă©galement bĂ©nĂ©ficiaire d'une somme de 129 213 francs[11] recueillie Ă  l'issue d'une souscription organisĂ©e en sa faveur Ă  l'initiative d’Émile de Girardin[12] par le directeur du Figaro, Hippolyte de Villemessant.

PoussĂ© Ă  la dĂ©mission Ă  la fin de l'annĂ©e 1876, selon lui « pour incompatibilitĂ© d'humeur » avec son receveur gĂ©nĂ©ral, mais peut-ĂŞtre davantage Ă  cause de malversations commises Ă  son insu par son fondĂ© de pouvoir[13], il est remplacĂ© en 1877[11]. Il connaĂ®t ensuite de graves difficultĂ©s financières après s'ĂŞtre lourdement endettĂ© auprès du CrĂ©dit foncier. Ă€ la suite de ces dĂ©convenues mais aussi en raison de prĂ©dispositions familiales (son père ayant Ă©tĂ© internĂ© Ă  l'asile de Charenton Ă  la fin des annĂ©es 1860)[2], il commence Ă  perdre la raison. Demandant en vain Ă  ĂŞtre promu officier de la LĂ©gion d'honneur depuis 1882, il sollicite Ă©galement une pension en rĂ©compense de ses services « contre l'infâme Commune Â». Éconduit par la chancellerie de l'ordre, il ne rencontre pas un meilleur accueil Ă  la rĂ©daction du Gaulois quand il vient y proposer d'organiser une nouvelle levĂ©e de fonds en sa faveur[14]. Ses facultĂ©s mentales s'Ă©tant brusquement dĂ©gradĂ©es, il est soignĂ© du 10 au Ă  Sainte-Anne, dans le service du docteur Magnan, avant d'ĂŞtre internĂ© Ă  l'asile de Ville-Evrard[11].

Survenue le à l'asile de Charenton, sa mort est annoncée au soir du [15].

Notes et références

  1. Archives départementales du Val-de-Marne, acte de décès n°53 dressé le 21/03/1895, cote MI2486, vue 197 / 434
  2. Senépart, Documents ayant trait aux maisons d'aliénés, Paris, 1867, p. 6.
  3. Le Gaulois, 20 janvier 1880, p. 1.
  4. Alfred d'Aunay, « Ducatel Â», Le Figaro, 4 aoĂ»t 1871, p. 1.
  5. L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, vol. LXIV, no 1300, 10 août 1911, col. 155-156.
  6. Le Gaulois, 27 mai 1871, p. 2.
  7. Gustave Lefrançais, Étude sur le mouvement communaliste à Paris en 1871, Neuchâtel, 1871, p. 313.
  8. Le capitaine de vaisseau Auguste-Hubert-Stanislas Trève (1829-1885), commandeur de la Légion d'honneur en 1881, commandant du cuirassé L'Atalante pendant l'expédition du Tonkin, s'était illustré lors de la Seconde guerre de l'opium et s'était fait connaître par de nombreux articles scientifiques. En 1871, il est commandant en second du fort de Noisy-le-Sec sous les ordres de l'amiral Saisset avant d'intégrer, sans commandement, l'infanterie versaillaise. Cf. article nécrologique dans Le Figaro du 29 novembre 1885, p. 1.
  9. Le Monde illustré, 15 juillet 1871, p. 37-38.
  10. Le Figaro, 7 août 1871, p. 1.
  11. Le Temps, 24 août 1888, p. 3.
  12. Le Figaro, 5 août 1871, p. 1.
  13. Cet employĂ©, nommĂ© Giral, reconnu coupable de faux et de dĂ©tournements s'Ă©levant Ă  13 507 francs, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  sept ans de rĂ©clusion par la cour d'assises de Seine-et-Marne (Le Figaro, 29 juillet 1875, p. 2).
  14. Le Gaulois, 24 août 1888, p. 3-4.
  15. Journal des débats, 3 avril 1895, p. 3.

Sources bibliographiques

  • Pierre Milza, « L'AnnĂ©e terrible Â», t. II (La Commune), Paris, Perrin, 2009, p. 379-384.
  • MĂ©moires de Monsieur Claude, chef de la police de sĂ»retĂ© sous le Second Empire, t. 6, Paris, Jules Rouff, 1882, p. 312-322.
  • Maxime Du Camp, Les Convulsions de Paris, t. II (Épisodes de la Commune), 5e Ă©dition, Paris, Hachette, 1881, p. 263-272, 355-358.

Liens externes

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