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Jean Sully-Dumas

Jean-Sully-Dumas est un grand couturier et costumier de théâtre et d'opéra français né le à Apt et mort le à Avignon[1]. Pour Pierre-Jean Remy, il est, à la fin des années 1940, « l'un des plus grands couturiers de France, c'est-à-dire du monde ».

Jean Sully-Dumas
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Biographie
Naissance
Décès
(à 98 ans)
Avignon
Nom de naissance
Jean-Pierre-Sully Dumas
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinction

Biographie

Jean Sully-Dumas naît à Apt en 1915 dans une famille de la haute société provençale[2]. Son père est sous-préfet[3]. Fasciné par l'élégance de sa mère, il couvre ses cahiers d'écolier de dessins de chaussures à talons. Bien que ses parents envisagent pour lui une carrière dans l'administration, il s'oriente vers la couture et fait son apprentissage[4] puis ses premiers pas dans le milieu de la mode à Paris. La guerre et le décès de son père en 1941 le ramènent à Avignon[5].

Il s'installe au 83 de la rue Joseph-Vernet, dans l'hôtel particulier du XVIIIe siècle[6] qu'occupe sa famille[3] après qu'il a abrité le Collège d'Annecy[7]. Il puise cependant son inspiration dans l'atmosphère des rues de Paris, dessine des robes élégantes ou plus excentriques, invente les dos très dénudés[5], les « mini qui ne montrent rien »[8]. Il avoue ne pas savoir planter une aiguille et rend hommage à Josette Vernay, sa première d'atelier. Sa maison compte, dans sa période la plus faste, jusqu'à dix-sept ouvrières[5]. Il présente sa première collection de haute couture à l'automne 1947, quelques mois après la collection New Look de son ami Christian Dior qui révolutionna la mode. Il entre, depuis Avignon, dans le monde très fermé de la haute couture : « Je crois avoir été une des rares, peut-être même l'unique maison de haute couture installée en province »[4]. Sa muse[9] et mannequin vedette est Eliette Mouret (de). Elle présente ses robes de mariée au musée Calvet. Elle deviendra Madame Karajan[10].

Pendant près de quarante ans, il organise, deux fois par an, ses défilés avec trente-cinq modèles[4], habille les femmes les plus belles et les plus riches comme la bégum Aga Khan[10], Jacqueline Kennedy-Onassis[11], Florence Gould ou Marie-Laure de Noailles : « Des femmes érudites et extravagantes [qui] mettaient leur fortune et leur intelligence au service de l'art ». Elles lui ouvrent les portes d'une vie de fêtes et de réceptions où se rencontrent André Gide, François Mauriac, Albert Camus, Jean Paulhan, Jean Giraudoux, Paul Léautaud ou Jean Cocteau[5]. Jean Hugo évoque ses dîners chez Sully-Dumas dans ses Carnets[12]. Dans sa biographie fictive de Violette Leduc, Michele Zackheim (de) présente Jean Sully-Dumas comme l'ami qui veille la romancière dans ses derniers instants[13].

Installé à Avignon l'année où Jean Vilar crée le festival, il participe à l'événement en créant des costumes pour Gérard Philipe et Germaine Montero[4]. Il est « l'autre Prince en Avignon »[2] - [14]. Il crée en 1977 les costumes pour La Voix humaine de Francis Poulenc et Jean Cocteau montée au Théâtre-Opéra d'Avignon par le baryton et metteur en scène belge José Beckmans (ru)[15]. Il fait partie du petit cercle d'artistes et d'intellectuels accueillis par Elsa Koeberlé et son ame Génia Lioubow[16] à l'abbaye Saint-André où il réalise les photographies de son premier défilé de mode[17].

« L'homme aux doigts d'or qui, loin des sunlights parisiens, faisait des miracles », « l'un des plus grands couturiers de France, c'est-à-dire du monde »[10], ferme sa boutique d'Avignon à la fin des années 1980[5] et se retire dans sa villa de Villeneuve-lès-Avignon[4] où il meurt le à l'âge de 98 ans. Il est le père de deux filles et le grand-père de plusieurs petits-enfants[18]. Ses obsèques sont célébrées en la collégiale Notre-Dame[19]. Une rétrospective de ses créations est présentée par Roseline Bacou à l'abbaye Saint-André en 1994. Ses modèles des années 1960 aux années 1980 sont présentés au palais Galliera, musée de la Mode de la ville de Paris[4] - [20]. Sa robe en taffetas de soie orné de broderies au lacet[21] formant marguerite est exposée lors des journées européennes du patrimoine organisées en 2018 aux musée du Septennat et musée du Costume de Château-Chinon[22].

Distinction

Jean Sully-Dumas est membre de l'Académie de Vaucluse[19]. Marie-Josée Roig lui remet les insignes de chevalier des Arts et des Lettres le , à 97 ans[4].

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee et Notice de la BnF
  2. Armelle Héliot, « Jean Sully-Dumas : l'autre Prince, en Avignon », sur lefigaro.fr,
  3. « Fondation Calvet. Statuts et archives. Séance du 28 janvier 1933 », sur fondation-calvet.org
  4. Kathy Hanin, « Le couturier Jean Sully-Dumas épinglé », Midi libre, (lire en ligne)
  5. Kathy Hanin, « En 1947, Jean Sully-Dumas lança la haute couture à Avignon », Midi libre, (lire en ligne)
  6. « Fondation Calvet. Patrimoine. Le Collège d'Annecy », sur fondation-calvet.org
  7. À la dissolution du Collège d'Annecy, l'immeuble est acquis par Auguste Lajard, ancien adjoint au Maire et ancien président du tribunal de commerce d'Avignon, qui le lègue à la fondation Calvet en 1901 : « Fondation Calvet. Extrait du testament d'Auguste Lajard », sur fondation-calvet.org. L'hôtel particulier est aujourd'hui occupé par un restaurant.
  8. Florent Bonnefoi, « Le grand couturier Jean Sully-Dumas n'est plus », La Provence, (lire en ligne)
  9. (en) John Richardson (historien de l'art) (en), The Sorcerer's Apprentice : Picasso, Provence, and Douglas Cooper, Chicago, University of Chicago Press, , 318 p. (ISBN 978-0-226-71245-1, lire en ligne), p. 114
  10. Pierre-Jean Remy, Karajan : La biographie, Paris, Odile Jacob, , 473 p. (ISBN 978-2-7381-2034-2, BNF 41190920, lire en ligne), p. 27-28
  11. Claire Gebeyli, « L'ascension d'un grand de la haute Christian Lacroix : le couturier du soleil », L'Orient-Le Jour, (lire en ligne)
  12. Jean Hugo, Carnets : 1946-1984, Arles, Actes Sud, , 564 p. (ISBN 2-7427-0328-4, BNF 35737807, lire en ligne), p. 465
  13. (en) Michele Zackheim (de), Violette's Embrace : A Novel, New York, Riverhead Books, , 213 pages (ISBN 978-1-57322-036-1, lire en ligne), p. 204
  14. Le premier était Gérard Philipe jouant Le Prince de Hombourg dans la cour d'honneur du palais des papes en 1952, célébré par la chanson créée par Esther Ofarim : « (écouter en ligne) », sur youtube.com, Fabienne Thibeault et tant d'autres d'interprètes en hommage au comédien disparu « (écouter en ligne) », sur youtube.com
  15. La Voix humaine.
  16. Nelcya Delanoë, D'une petite rafle provençale..., Paris, Éditions du Seuil, , 219 p. (ISBN 978-2-02-111383-9, BNF 43586818, lire en ligne), p. 56
  17. Gisèle Loth, « Elsa Koeberlé. Une vie comme un poème », sur gisele-loth.com
  18. « Jean-Sully-Dumas : décès », sur carnet.midilibre.fr
  19. Philippe Chauché et Aurélie Lagain, « Obsèques aujourd'hui du pionnier de la Haute couture à Avignon », sur francebleu.fr,
  20. « Robe et jupon », sur parismuseescollections.paris.fr
  21. La dentelle de Luxeuil est un exemple de broderie au lacet
  22. « Exposition Mariage. Musée du Septennat et musée du Costume. Journées du Patrimoine 2018 », sur etudiant.aujourdhui.fr

Bibliographie

Liens externes

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