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Violette Leduc

Violette Leduc est une romancière française, née le à Arras (Pas-de-Calais) et morte le à Faucon (Vaucluse)[2].

Violette Leduc
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Cimetière de Faucon (d)
Nationalité
Activité
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Genre artistique
Autobiographie, autofiction
Archives conservées par
Prononciation
Ĺ’uvres principales
signature de Violette Leduc
Signature de Violette Leduc dans l'exemplaire de La Folie en tête (1970) dédicacé à Pierre Dumayet.

Elle est l'auteur d'une œuvre audacieuse, essentiellement autobiographique, qui transgresse les codes culturels pour mettre en avant différents types de marginalité tant sexuelle qu'affective, si bien que ses ouvrages ont souvent choqué et heurté le public.

Quoique n'appartenant pas, de par ses origines et sa formation, au sérail littéraire, elle est cependant reconnue par plusieurs des meilleurs auteurs de son temps, tels Camus, Genet, Jouhandeau, Sartre et elle a bénéficié du soutien marqué de Simone de Beauvoir. Dans une préface à La Bâtarde, celle-ci écrit « Une femme descend au plus secret de soi, et elle raconte avec une sincérité intrépide, comme s'il n'y avait personne pour l'écouter ».

Biographie

Enfance et formation

Violette Leduc est née à Arras le (déclarée le 8), fille illégitime de Berthe Leduc et d'André Debaralle, un « fils de famille » de la haute bourgeoisie de Valenciennes, mais qui refuse de reconnaître l'enfant. Dès son enfance, elle est marquée par la honte de sa naissance[3].

Violette est interne au collège de Valenciennes, puis dans celui de Douai où elle fait la connaissance d'Isabelle P. avec qui elle a une relation d'amour passionnée. Violette Leduc connaît également, à cette époque, ses premières passions littéraires : les classiques russes, puis Cocteau, Duhamel, Gide, Proust et Rimbaud. En 1925, Denise Hertgès (Cécile dans Ravages et Hermine dans La Bâtarde), surveillante au collège de Douai et fine musicienne, devient son amante. Leur relation est découverte. Le scandale éclate et les deux jeunes femmes sont renvoyées de l'établissement[4].

En 1926, Violette Leduc accompagne sa mère et son beau-père à Paris et poursuit ses études secondaires au lycée Racine. Elle rate son baccalauréat et décide d'abandonner ses études et de gagner sa vie. Elle et Denise vivent ensemble pendant neuf ans dans des hôtels meublés de la banlieue parisienne. Elle devient échotière chez Plon, où elle rencontre de nombreux écrivains. Après avoir été quittée par Denise, elle entre en 1936 chez Synops comme scénariste, où elle rencontre en Maurice Sachs, écrivain aventurier homosexuel, futur auteur du Sabbat, dont elle tombe éperdument amoureuse[5]. En 1939, elle est secrétaire pour la Nouvelle Revue Critique, maison d'édition dirigée par les frères Keller, où elle restera moins d'un an, jusqu'à la déclaration de la guerre.

Une Ă©crivaine pour Ă©crivains

Elle épouse en 1939 Jacques Mercier, un ancien ami, photographe de mariages et peintre à ses heures, mais le couple, installé au 20, rue Paul-Bert (11e arrondissement de Paris), se sépare au bout d'un an. Violette Leduc se fait avorter à cinq mois et demi de grossesse et frôle la mort. Cette expérience dramatique est longuement décrite dans Ravages. En 1940, recommandée par Sachs, elle collabore à la revue Pour Elle et au quotidien Paris-Soir[n 1]. En 1942 elle s'installe pendant trois mois dans un village de Normandie, Anceins, près de L'Aigle, et sur l'injonction de Maurice Sachs, qu'elle aime d'un amour impossible, commence à écrire ses souvenirs d'enfance, L'Asphyxie, avec son célèbre incipit — « Ma mère ne m'a jamais donné la main » — qui déclenchera tout le reste. Elle survit grâce à ses petits trafics de marché noir. En 1944, elle découvre L'Invitée de Simone de Beauvoir. La tendance lesbienne de son autrice fait écho à ses préoccupations, et en , par l'entremise de deux amies, elle lui est présentée. Beauvoir accepte de lire le manuscrit de L'Asphyxie, et d'emblée reconnaît son talent. Dès lors, elle suivra son travail et la soutiendra jusqu'à la fin. C'est ainsi que des extraits du manuscrit paraitront dans Les Temps modernes, avant que L'Asphyxie ne sorte, en , chez Gallimard dans la collection « Espoir » dirigée par Camus. Le livre ne connaît aucun succès, mais son autrice gagne l'estime de Jean Cocteau, Jean Genet, Marcel Jouhandeau, Nathalie Sarraute et Jean-Paul Sartre[n 2].

Éprise de Simone de Beauvoir, elle entame la rĂ©daction de L'AffamĂ©e, poème en prose, journal onirique d'une amoureuse, consacrĂ© Ă  sa passion pour le « Castor » (le surnom de Beauvoir), nommĂ©e « Elle Â» tout au long des pages. Violette Leduc se lie Ă©galement d'amitiĂ© avec Colette Audry et surtout Nathalie Sarraute[7]. En , grâce Ă  Genet qu'elle admire, elle rencontre Jacques GuĂ©rin, bâtard comme elle, riche industriel (il dirige les parfums d'Orsay), collectionneur de livres rares, de manuscrits, d'Ĺ“uvres d'art, ami d'artistes et d'Ă©crivains. Elle s'Ă©prend de cet homme qui ne peut rĂ©pondre Ă  ses Ă©lans : comme Sachs, GuĂ©rin est homosexuel. Il admire l'Ĺ“uvre de Violette Leduc et lui apportera son fidèle soutien pendant les dix-sept annĂ©es de leur amitiĂ©. En 1948, il fait publier Ă  ses frais, chez Jean-Jacques Pauvert (Éditions du Palimugre), une Ă©dition de luxe de L'AffamĂ©e qui sort la mĂŞme annĂ©e chez Gallimard. Elle commence la rĂ©daction de Ravages, son premier roman. En 1949, Sartre et Beauvoir lui versent une petite pension par l'intermĂ©diaire des Éditions Gallimard afin de mĂ©nager la sensibilitĂ© de leur obligĂ©e. En 1954, Beauvoir assumera seule cette charge, grâce au prix Goncourt obtenu pour Les Mandarins.

Cette mĂŞme annĂ©e, Violette Leduc est victime de la censure Ă©ditoriale : Gallimard supprime les cent cinquante premières pages de son roman Ravages. L'autrice y dĂ©crivait dans un style imagĂ©, mais aussi avec une exactitude d'entomologiste, les Ă©bats passionnĂ©s de deux collĂ©giennes, ThĂ©rèse et Isabelle. En 1955, Ravages paraĂ®t, amputĂ© donc de son dĂ©but. Mais Jacques GuĂ©rin publie un tirage très restreint (28 exemplaires) de cette partie censurĂ©e par l'Ă©diteur[8]. Ce texte paraĂ®tra finalement en 1966 chez Gallimard sous le titre de ThĂ©rèse et Isabelle, mais toujours dans une version incomplète, et il faudra attendre 2000 pour que Gallimard le publie dans son intĂ©gralitĂ©[8].

Le succès

En 1956, elle sĂ©journe six mois dans une clinique de Versailles pour soigner ses tendances paranoĂŻaques puis, en 1957 six mois dans une maison de repos, « La VallĂ©e-aux-Loups Â» Ă  Châtenay-Malabry[9].

En 1961, grâce Ă  une amie Ă©crivaine, ThĂ©rèse Plantier, elle dĂ©couvre le village de Faucon et s'y rĂ©fugie pour continuer la rĂ©daction de La Bâtarde, une autobiographie romanesque commencĂ©e en 1958, et qui paraĂ®t en 1964, accompagnĂ©e d'une longue et dithyrambique prĂ©face de Simone de Beauvoir. Le succès est immĂ©diat, le livre est vendu Ă  170 000 exemplaires[10]. Il est pressenti pour le prix Goncourt. Violette Leduc a 57 ans au moment de son succès littĂ©raire. Pour lui donner une totale indĂ©pendance, Beauvoir exige le remboursement des sommes qu'elle lui versait depuis 1949. Cette dĂ©cision a pour but de mettre Violette sur un pied d'Ă©galitĂ© et de lui permettre de se libĂ©rer ainsi de ses complexes d'infĂ©rioritĂ©.

Elle continue à publier et rencontre chaque fois un grand succès d'estime, parfois aussi commercial (Thérèse et Isabelle), et mène, avec parcimonie, une vie quelque peu mondaine. De nombreux journaux lui demandent des articles. Elle s'installe de longs mois dans la maison qu'elle a achetée et fait restaurer à Faucon.

Les dernières années

En 1970, elle publie La Folie en tête que Simone de Beauvoir a auparavant fortement censuré, tant certains passages lui semblaient emphatiques et impudiques. À l’occasion de la sortie du livre, Violette Leduc est interviewée dans l’émission Vie littéraire de la RTS. Elle évoque ceux qui ont marqué sa vie : Maurice Sachs et Simone de Beauvoir. Elle revient sur les circonstances de la querelle qui l'a brouillée avec Jean Genet[11].

Violette Leduc a un cancer du sein et décide de s'installer définitivement à Faucon dans sa maison rénovée. Elle continue à écrire malgré l'aggravation de la maladie, et meurt chez elle le en présence d'un ami[12].

Elle est inhumée au cimetière de Faucon, dans le Vaucluse[13].

Simone de Beauvoir est nommée héritière de ses droits littéraires et publie La Chasse à l'amour en 1973.

Leduc, l'une des pionnières de l'autofiction[14], a fait de sa vie la matière principale de ses livres. L'apparente simplicité de son style, sa musique particulière leur donnent un ton vrai, personnel et très attachant.

En , Gallimard publie le texte intégral de Thérèse et Isabelle[10].

Hommages

Ĺ’uvres

  • L'Asphyxie, Gallimard, 1946, 196 p.
  • L'AffamĂ©e, Gallimard, 1948, 196 p.
  • Ravages, Gallimard, 1955, 477 p.
  • La Vieille Fille et le Mort suivi de Les Boutons dorĂ©s, Gallimard, 1958, 227 p.
  • TrĂ©sors Ă  prendre, Gallimard, 1960, 320 p.
  • La Bâtarde, avec une prĂ©face de Simone de Beauvoir, Gallimard, 1964, 462 p.[n 3]
  • La Femme au petit renard, Gallimard, 1965, 144 p.
  • ThĂ©rèse et Isabelle, Gallimard 1966 (première parution en Ă©dition de luxe hors commerce, 1955)
  • La Folie en tĂŞte, Gallimard, 1970, 602 p.
  • Le Taxi, Gallimard, 1971, 92 p.

Publications posthumes

  • La Chasse Ă  l'amour, Gallimard 1973, 407 p.
  • ThĂ©rèse et Isabelle, texte intĂ©gral de 1954, notes et postface de Carlo Jansiti, Gallimard, 2000, 138 p.
  • Je hais les dormeurs, illustrĂ© par BĂ©atrice Cussol, Éditions du Chemin de fer, 2006, 57 p.
  • Correspondance 1945-1972, lettres choisies, Ă©tablies, annotĂ©es et prĂ©facĂ©es par Carlo Jansiti, Gallimard, 2007, 512 p.
  • La Main dans le sac, Ă©dition Ă©tablie par Catherine Viollet, Éditions du Chemin de fer, 2014, 73 p.

Bibliographie

Études

  • Alexandre Antolin, "La sociĂ©tĂ© se dresse avant que mon livre paraisse". Étude d'un cas de censure Ă©ditoriale dans les annĂ©es 1950 : Ravages de Violette Leduc, thèse de doctorat sous la direction de Florence de Chalonge et Florence Tamagne, UniversitĂ© de Lille, soutenue en 2019.
  • Alexandre Antolin, Une censure Ă©ditoriale : Ravages de Violette Leduc, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 490 p. (ISBN 978-2-7297-1391-1)
  • Mireille Brioude, Violette Leduc : la mise en scène du Je, Amsterdam, Éditions Rodopi, 2000.
  • Mireille Brioude, AnaĂŻs Frantz, Alison PĂ©ron (dir.), Lire Violette Leduc aujourd'hui, Presses universitaires de Lyon, coll. « Des deux sexes et autres », 2017, 249 p. (ISBN 978-2-729-70920-4)
  • RenĂ© de Ceccatty, Violette Leduc. Éloge de la bâtarde, Stock, 1994, rĂ©Ă©dition 2013, 264 p. (ISBN 978-2-234-04359-6)
  • RenĂ© de Ceccatty, La Sentinelle du rĂŞve, Éditions Michel de Maule, 1988, rĂ©Ă©dition Points 1997, 304 p. (ISBN 978-2-020-32682-7)
  • (en) Isabelle de Courtivron, Violette Leduc, Twayne Publishers, 1985.
  • AnaĂŻs Frantz (dir.), Violette Leduc : genèse d'une Ĺ“uvre censurĂ©e, Presses Sorbonne Nouvelle, 2019. (ISBN 978-2379060236)
  • Pierre Girard, Ĺ’dipe masquĂ©. Une lecture psychanalytique de L'AffamĂ©e de Violette Leduc, Éditions des femmes, 1986, 251 p. (ISBN 978-2-721-00306-5)
  • Colette Trout Hall, Violette Leduc la mal-aimĂ©e, Amsterdam, Éditions Rodopi, 2004 (ISBN 978-9-042-00422-1).
  • (en) Alex Hughes, Violette Leduc. Mothers, Lovers and Language, Londres, W. S. Maney & Sons, 1994.
  • Carlo Jansiti, Violette Leduc, biographie, Grasset, 1999, rĂ©Ă©d. 2013, 496 p. (ISBN 978-2-246-81107-7).
  • (en) Elizabeth Locey, The Pleasures of the Text. Violette Leduc and Reader Seduction, Rowman & Littlefield, 2002.
  • Susan Marson, Le Temps de l'autobiographie. Violette Leduc, Presses universitaires de Vincennes, 1998, 264 p. (ISBN 978-2-842-92033-3) .
  • Paul Renard et Michèle Hecquet (dir.), Violette Leduc, UniversitĂ© Lille III, 1998, 172 p. (ISBN 978-2-844-67000-7). [lire en ligne (page consultĂ©e le 5 mai 2021)]
  • Kiev Renaud (dir.), « Violette Leduc, l'affamĂ©e », dossier de Contre-jour. Cahiers littĂ©raires, MontrĂ©al, 2017.

Articles et chapitres d'ouvrage

  • Alexandre Antolin, « Écrire pour sĂ©duire : Les dĂ©buts de Violette Leduc », Sens public, 2021, (http://sens-public.org/articles/1545/)
  • Isabelle Courtivron, « Violette Leduc : L'enfermĂ©e pèlerine », Les Cahiers du GRIF « Recluses vagabondes », no 39,‎ , p. 49-53 (lire en ligne)
  • AnaĂŻs Frantz, « Pourquoi lire ThĂ©rèse et Isabelle aujourd'hui? », Revue critique de Fixxion contemporaine, 2016. [lire en ligne (page consultĂ©e le 5 mai 2021)]
  • Carlo Jansiti, « Violette Leduc et Jacques GuĂ©rin, la tentation de l'impossible Â», in ValĂ©rie Marin La MeslĂ©e, L'Amour fou : 17 Passions extraordinaires, Paris, Éditions Maren Sell , 2006 (ISBN 978-2-350-04020-2).
  • Franziska Kutzick, « Pour une Ă©criture de la douleur Ă  l’ère du soupçon. L’AffamĂ©e de Violette Leduc », in: Daniel Bengsch, Silke Segler-MeĂźner, (Ă©ds.). Depuis les marges. Les annĂ©es 1940-1960. Une Ă©poque charnière, Berlin, Erich Schmidt Verlag, 2016, p. 241-262.
  • Alison PĂ©ron, «ThĂ©rèse et Isabelle de Violette Leduc et le sujet dĂ©centrĂ© de Wittig Â», in Frantz AnaĂŻs (dir.), Dossier « Spectres et rejetons des Ă©tudes fĂ©minines et de genres Â», Sens public, 2011 [lire en ligne (page consultĂ©e le 5 mai 2021)].
  • Alison PĂ©ron, « PoĂ©tique du genre et des genres littĂ©raires dans les manuscrits de La Chasse Ă  l’amour Â» in Constantin Danielle, Viollet Catherine (Ă©ds.), Genre, sexes, sexualitĂ©s. Que disent les manuscrits autobiographiques ?, Mont-Saint-Aignan, Presses Universitaires de Rouen et du Havre, coll. « Genre Ă  lire…et Ă  penser Â», 2017.
  • Alison PĂ©ron, « Du thĂ©orique au poĂ©tique : portraits croisĂ©s de Violette Leduc et Monique Wittig Â» in Natacha Chetcuti-Osorovitz et Nelly Quemener (dir.), Miroir/Miroirs Revue des corps contemporains, No 4, .
  • Alison PĂ©ron, « Travail des genres, littĂ©raires et sexuels chez Violette Leduc Â», Dossier « Lectures de La Chasse Ă  l'amour (Violette Leduc) Â» in Philippe Lejeune (dir.), La Faute Ă  Rousseau, Masculin/FĂ©minin, No 64, .
  • Alison PĂ©ron, « Au-delĂ  de l’évĂ©nement, un amour infra-ordinaire dans L’AffamĂ©e et TrĂ©sors Ă  prendre de Violette Leduc Â» in AnaĂŻs Frantz, Sarah-AnaĂŻs Crevier Goulet, Mireille Calle-Gruber (dir.), Fictions des genres, Dijon, Presses Universitaires de Dijon, coll. « Ă‰critures Â», 2013, 174 p. (ISBN 978-2-364-41064-0) .

Filmographie

Notes et références

Notes

  1. En avril 1965, vingt-trois ans après ses débuts comme chroniqueuse, elle écrit un article pour Vogue Paris sur Cristóbal Balenciaga[6].
  2. Dans son récit autobiographique la Force des choses (1963), Simone de Beauvoir brosse de Violette Leduc le portrait suivant :
    « Au cours de l’automne [1945], je rencontrai [...], en compagnie d’une relation commune, une grande dame blonde, élégante, au visage brutalement laid mais éclatant de vie : Violette Leduc. Quelques jours plus tard, au Flore, elle me remit un manuscrit. [...] J’ouvris le cahier : « Ma mère ne m’a jamais donné la main. » Je lis d’une traite une moitié du récit ; il tournait court, soudain, la fin n’était qu’un remplissage. Je le dis à Violette Leduc : elle supprima les derniers chapitres et en écrivit d’autres qui valaient les premiers ; non seulement elle avait le don, mais elle savait travailler. Je proposai l’ouvrage à Camus ; il l’accepta tout de suite. [...] Violette Leduc n’avait, en fait, rien d’une femme du monde ; quand je la connus, elle gagnait sa vie en allant chercher dans les fermes de Normandie des kilos de viande et de beurre qu’elle ramenait à Paris à la force de ses poignets ; elle m’invita plusieurs fois dans des restaurants de marché noir qu’elle ravitaillait ; elle était gaie et souvent drôle, avec, sous une apparence de rondeur, quelque chose de violent et de méfiant ; elle me parlait avec fierté de ses trafics, de ses dures marches à travers la campagne, des bistrots de village, des camions, des trains noirs ; elle se sentait naturellement de plain-pied avec les paysans, les rouliers, les forains. [...] Elle vivait dans une grande solitude. Je lui fis connaître Colette Audry [...] et aussi Nathalie Sarraute ; une amitié naquit entre elles, assez vite brisée par le heurt des tempéraments. »
    Simone de Beauvoir, la Force des choses, Gallimard 1963, Ă©d. Folio, tome I, p. 35-36.
  3. Les titres précédés d'un astérisque constituent la « trilogie autobiographique »[17].

Références

  1. « https://portail-collections.imec-archives.com/ark:/29414/a01148093365175OEYL »
  2. Éliane Lecarme-Tabone, « VIOLETTE LEDUC », sur universalis.fr (consulté le ).
  3. (en) Alex Hughes, Violette Leduc : Mothers, Lovers, and Language, Londres, WS Maney, , 169 p. (ISBN 978-0-901-28641-3, lire en ligne)
  4. (en) « Leduc, Violette (1907-1972) », sur glbtq: An Encyclopedia of Gay, Lesbian, Bisexual, Transgender, and Queer Culture, (version du 14 août 2007 sur Internet Archive)
  5. Marine Landrot, « Violette Leduc, une écriture née du manque », sur Télérama.fr, (consulté le )
  6. Olivier Saillard, Palais Galliera, musée de la Mode de la ville de Paris et al. (préf. Bertrand Delanoë, photogr. Scheltens & Abbenes), Cristóbal Balenciaga : collectionneur de modes, Paris, Paris Musées, coll. « Catalogue d'exposition », , 96 p. (ISBN 978-2-7596-0198-1, présentation en ligne), « Balenciaga, un couturier à l'étude », p. 8
  7. « Violette Leduc », émission de 59 min. / rediffusion du 20 février 2000, sur France Culture (consulté le )
  8. (en-GB) Nicholas Lezard, « Thérèse and Isabelle by Violette Leduc – review », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  9. Gisèle Caumont, Vallée-aux-Loups, De Sofia Plekanov à Lydie Le Savoureux, Vallée de la culture V.02, hiver 2010-2011, p. 79.
  10. (en-GB) Stuart Jeffries, « Lesbian story ban is lifted », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  11. « Violette Leduc raconte Genet - Notre Histoire », Reportage TV de 8'34, sur www.notrehistoire.ch, (consulté le )
  12. (en-US) « Violette Leduc, French Novelist », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  13. La tombe de Violette
  14. Hervé Aubron, « Bouquet de Violette », Magazine littéraire, no 537,‎
  15. « Médiathèque Violette Leduc ex Bibliothèque Faidherbe », sur www.paris.fr (consulté le )
  16. « Violette and Co votre librairie en ligne », sur www.violetteandco.com (consulté le )
  17. Catherine Viollet, « Violette Leduc, de Ravages à La Bâtarde », sur item.ens.fr, s.d. (consulté le )
  18. Nathalie Simon, « Violette Leduc, l'amie scandaleuse de Simone de Beauvoir », sur lefigaro.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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