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Jean Cousin l'Ancien

Jean Cousin l'Ancien (Soucy, près de Sens, vers 1503 - Paris, après 1560), dit aussi le Père, ou le Vieux pour le distinguer de son fils également appelé Jean Cousin, est un peintre, dessinateur, décorateur et graveur français de la Renaissance.
Il est, avec Jean Clouet, le principal artiste français du XVIe siècle, notamment célèbre pour le tableau Eva prima Pandora conservé au Louvre.

Jean Cousin l'ancien
Henri Chapu, statue de Jean Cousin l'Ancien, Sens
Ĺ’uvres principales
Eva prima Pandora
La Charité
La DĂ©ploration du Christ

Sa vie est assez peu connue, et de nombreuses œuvres ne lui sont qu'attribuées, parfois exécutées plus probablement par son fils Jean Cousin le Jeune avec qui il est souvent confondu. Un autre sculpteur, non apparenté, porte également le même nom

Biographie

Jeunesse

Né vers 1500 de parents pauvres à Soucy[Note 1], il commence une carrière modeste à Sens où il travaille comme géomètre arpenteur, puis est cité à partir de 1530 pour des travaux de peintures à l'abbaye de Vauluisant[1] et comme auteur de cartons de vitraux à la cathédrale Saint-Étienne de Sens (dont La légende de Saint-Eutrope, vers 1530, à l'église Saint-Pierre-le-Rond de Sens[2], et La Sybille interrogée par Auguste dans la chapelle Notre-Dame-de-Lorette, vers 1545), à l'église Saint-Romain aujourd'hui détruite (dont un Jugement universel aujourd'hui disparu), à l'église des Cordeliers de Sens, elle aussi détruite (dont Jésus en Croix, Miracle arrivé par l'intercession de la Sainte Vierge et Serpent d'airain[Note 2]) à l'église Saint-Florentin de Saint-Florentin (Yonne), et de Notre-Dame de Villeneuve-sur-Yonne (ayant notamment réalisé un vitrail illustrant Le Jugement dernier, même si cette œuvre pourrait en réalité dater du XVe siècle[3]). On lui attribue également d'autres vitraux : un vitrail de la chapelle du château de Fleurigny (représentant La prédication de saint Paul aux athéniens, ou Auguste interrogeant la Sybille).

Il épouse en premières noces Marie Richer, fille de Christophe Richer, valet de chambre, conseiller et secrétaire de François 1er et ambassadeur au Danemark[1].
Devenu veuf, il épouse en 1537 en secondes noces Christine Nicole Rousseau, fille de Lubin Rousseau, procureur du roi puis lieutenant général au bailliage de Sens, dont il a une fille, Marie[4], qui épousera Etienne Bouvyer II[1].
On peut noter que déjà à son premier mariage il avait atteint une célébrité suffisante pour passer outre l'absence de rang social dans ses alliances, à une époque marquée par la toute-puissance des préjugés sur les titres et rangs de naissance[1].

Eva prima Pandora, 1549, bois, 97,5 × 150cm, Paris, Musée du Louvre.

Carrière à Paris

Il quitte sa ville natale vers 1538 et se rend à Paris où il travaille auprès de lissiers (il exécute notamment les tapisseries de La vie de Sainte Geneviève pour Sainte-Geneviève-du-Mont en 1541, aujourd'hui disparues, et les tapisseries de Saint Mammès en 1543 pour le cardinal de Givry, dont trois éléments parvenus, conservés à la cathédrale de Langres et au musée du Louvre). Il travaille également pour des verriers, et exécute les cartons des vitraux de la chapelle de l'hôpital des Orfèvres, un Calvaire pour l'église des Jacobins de Paris, divers vitraux pour l'église Saint-Gervais (Le martyre de Saint Laurent, La samaritaine conversant avec le Christ, et La guérison du paralytique), l'église de Moret, celles de Saint-Patrice et de Saint-Godard à Rouen[5], ainsi que pour le château de Vincennes (L'Approche du Jugement dernier, D'après l'Apocalypse, L'Annonciation de la Sainte Vierge) où il exécute également les portraits en pied de François 1er et Henri II. On attribue également à Jean Cousin des vitraux en grisaille exécutés pour le château d'Anet (dont Abraham rendant à Agar son fils Ismaël, Les Israélites vainqueurs des Amalécites sous la conduite de Moïse et Jésus-Christ prêchant dans le désert).

Il épouse en 1537 en troisièmes noces Marie Bouvyer, fille de Henri Bowyer (dont le nom est rapidement "francisé" en Bouvyer), avec qui il n'aura pas d'enfant[1]. Il exécute les portraits de sa famille (son beau-frère Jean II Bouvyer, son neveu Estienne, sa fille Marie Cousin, Jean III Bouvyer et Savinienne de Bornes, épouse de ce dernier).

Saint Mammès venant se livrer au tribunal du gouverneur de la Cappadoce, vers 1541, tapisserie, 440 × 450cm, Paris, Musée du Louvre.

Jean Cousin est aussi connu pour ses patrons pour armures[6] et pour ses estampes (comme La Mise au tombeau, Sainte-Famille en 1542, aujourd'hui perdue), dont un grand nombre ne lui sont qu'attribuées, à lui ou à son fils (Conversion de Saint-Paul, Moïse montrant au peuple le serpent d'airain, Homme nu à cheval, Mausolée, Jupiter et Antiope...). Lié à de nombreux imprimeurs libraires parisiens, Jean Cousin réalise de nombreux dessins d'illustrations pour des publications[7]. Si l'attribution des planches d'Orus Apollo (1543) a été remise en question[8], on doit à Jean Cousin des planches de plusieurs livres d'heures publiés par Michel Fezandat ou Jérome de Marnef[7]. Entre 1548 et 1550, Cousin est très impliqué dans l'illustration des livres d'Amadis de Gaule. On lui doit par ailleurs de nombreux matériels décoratifs : marques d'imprimeurs (pour Mathieu David, Charlotte Guillard, Jacques Du Puys...), bandeaux et lettrines. A la fin des années 1540, il collabore fréquemment avec le peintre Baptiste Pellerin, qui semble avoir été associé à un certain nombre de ses chantiers d'illustration[7]. En 1549, Cousin travaille avec Jean Goujon à la réalisation de décor pour l'arrivée de Henri II à Paris, et orne l'un des arcs de triomphe d'une Pandora qu'il reprendra dans son célèbre tableau Eva prima Pandora exécutée la même année.

Il réalise en collaboration avec les trois orfèvres Hans Yonques, Thibaut Laurens et Macé Begault, Le verger d'or aux trois rois, cadeau de la ville de Paris au roi. Il aurait aussi été connu comme sculpteur (même si ses œuvres sont attribuées parfois à un autre Jean Cousin, uniquement sculpteur, sans lien de parenté avec lui). Il serait ainsi l'auteur du tombeau en albâtre de Philippe de Chabot, un groupe représentant Vénus et l'Amour, des statues en pierre peinte représentant Philippe de Commynes et Hélène de Chambes, un buste en marbre et un médaillon en bronze de Charles Quint, les bas-reliefs du tombeau de François de La Rochefoucault, le tombeau de Louis de Brézé, celui de Jacques de Brézé, le mausolée de Diane de Poitiers, ainsi que des productions comme une statuette en ivoire représentant Saint Sebastien[9].

Influences

Cousin a alors acquis une renommée internationale, et Vasari le cite dans la première édition des Vies, en 1550. Il achève en 1558, son ouvrage intitulé Livre de perspectives, paru en 1560, peu avant sa mort. Son style, inspiré de la peinture italienne (Titien notamment) et des graveurs du Nord, doit aussi beaucoup aux peintres de l'école de Fontainebleau (Rosso Fiorentino et Le Primatice) à laquelle son œuvre est parfois associée.

Il s'est aussi beaucoup inspiré de Léonard de Vinci et Albrecht Dürer dans la composition, la physionomie et les lumières. Notamment dans Eva prima Pandora on peut voir l'influence de Benvenuto Cellini qui a sculpté la Nymphe de Fontainebleau. On retrouve beaucoup de points communs entre ces deux œuvres : la posture de la femme est presque symétrique, allongée et nue. On remarque que le ventre est dessiné de la même façon. Elles regardent toutes les deux par terre et un univers de nature les entoure.

Jean Cousin Ă  Sens

Vue du square Jean-Cousin avec la statue de Jean Cousin.

La ville de Sens (Yonne) inaugure en 1883 le seul exemple de square sénonais au XIXe siècle, le square Jean Cousin et son jardin, qui comblent les anciens fossés de la ville. On peut y trouver une statue du peintre réalisée par Chapu. Quelques années plus tard, on ouvre la Maison Jean Cousin qui ne fut jamais sa demeure[10].

Liste des Ĺ“uvres

Notes et références

Notes
  1. Il naît à Soucy et non pas au château de Monthard, comme l'ont cru certains biographes ; confusion induite par ses futures alliances avec la famille Bouvyer.
  2. Cette œuvre a été gravée en 1581 par Étienne Delaulne ou Léonard Gaulthier
Références
  1. [DELIGAND 1872]
  2. Abbé Brullée, Note sur des restes de vitraux de Saint-Pierre-le-Rond à Sens du XVe au XVIe siècle.
  3. Congrès archéologique de France, 14e session, p.116.
  4. Louis-Gabriel Michaud dir., Biographie universelle, ancienne et moderne, t.9, Paris, 1855, p.389.
  5. Louis-Gabriel Michaud dir., Biographie universelle, ancienne ou moderne, t.9, Paris, 1855, p.391.
  6. Exposition Sous l’égide de Mars. Armures des Princes d’Europe au musée de l’Armée, ECPAD, 2011;
  7. Anna Baydova, Illustrer le livre : peintres et enlumineurs dans l'édition parisienne de la Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, , 346 p. (ISBN 978-2-86906-893-3 et 2-86906-893-X, OCLC 1363828700, lire en ligne)
  8. Anna Baydova, « L'illustration des Hiéroglyphica d'Horapollon au XVIe siècle », Les Hieroglyphica d’Horapollon de l’Égypte antique à l’Europe moderne, Paris, Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance,‎ , p. 255-269
  9. Louis-Gabriel Michaud dir., Biographie universelle, ancienne ou moderne, t.9, Paris, 1855, p.392.
  10. Le square Jean Cousin, Office de tourisme de la ville de Sens. Consulté le 16 mars 2010;
  11. Arlette Jouanna dir., La France de la Renaissance, Histoire et Dictionnaire, "article Jean Cousin", collection bouquins, Robert Laffont, Paris, 2001.

Annexes

Bibliographie

Par ordre chronologique de parution :

  • [DELIGAND 1872] Édouard Deligand, « Notice historique sur Jean Cousin », Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de Sens, Sens, Impr. Ch. Duchemin,‎ , p. 103-128 (lire en ligne)
  • [FIRMIN-DIDOT 1872] Ambroise Firmin-Didot, Étude sur Jean Cousin, suivie de notices sur Jean Leclerc et Pierre WoĂ©iriot, Paris, Impr. A. Firmin-Didot,
  • [FIRMIN-DIDOT 1873] Ambroise Firmin-Didot, « Jean Cousin peintre-verrier », Bulletin monumental,‎ , p. 75-93;111-126 (lire en ligne)
  • [CHARLES 1873] Charles, « Verriers et vitraux au XVIe siècle. Ă€ propos du peintre Jean Cousin », Bulletin monumental,‎ , p. 502-512 (lire en ligne)
  • [GUIFFREY 1880] Jules Guiffrey, « La famille de Jean Cousin, peintre et verrier du seizième siècle », MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© nationale des Antiquaires de France, t. 1,‎ , p. 141-162
  • [LOBET 1881] J. Lobet, Quelques preuves sur Jean Cousin, peintre, sculpteur, gĂ©omètre et graveur, Paris, Loones,
  • [ROY 1909] Maurice Roy, « Les deux Jehan Cousin (1490-1560 - 1522-1594) », Compte-rendu des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des inscriptions et Belles Lettres, Paris,‎ , p. 102-107 (lire en ligne)
  • [ZERNER 1996] Henri Zerner, L'Art de la Renaissance en France : l'invention du classicisme, Paris, Flammarion,
    Notamment aux chapitres VII (Jean Cousin et la peinture) et VIII (Jean Cousin et les métiers d'art)
  • [LEPROUX 1997] Guy-Michel Leproux, « Jean Cousin et le vitrail », dans Vitrail et arts graphiques, actes de la table ronde organisĂ©e par l'École du Patrimoine, les 29 et 30 mai 1997, p. 184-193
  • [SCAILLIEREZ 2013] CĂ©cile ScailliĂ©rez (dir.), Jean Cousin, père et fils : cat. exp. Paris, musĂ©e du Louvre, - , Paris, Somogy, , 304 p. (ISBN 978-2-75720-715-4)
  • [SCAILLIEREZ 2015] CĂ©cile ScailliĂ©rez, « Retour sur la dĂ©licate question des dĂ©buts de Jean Cousin en Champagne », dans FrĂ©dĂ©ric Elsig (dir.), Peindre Ă  Troyes au XVIe siècle, Milan, Silvana Editoriale (coll. Biblioteca d'arte), , p. 177-183
  • [BAYDOVA 2023] Anna Baydova, « Jean Cousin père », dans Illustrer le livre. Peintres et enlumineurs dans l'Ă©dition parisienne de la Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, (ISBN 978-2-86906-893-3), p. 141-172

Articles connexes

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