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Jacques Gaillot

Jacques Gaillot, né le à Saint-Dizier et mort le à Paris, est un prélat catholique français, évêque d'Évreux de 1982 jusqu'à la décharge de ses fonctions en 1995, en raison de ses prises de position contraires au magistère de l'Église catholique et considérées comme allant au-delà de la réserve demandée aux membres du clergé.

Jacques Gaillot
Image illustrative de l’article Jacques Gaillot
Jacques Gaillot en 2007.
Biographie
Naissance
Saint-Dizier
Ordination sacerdotale
Décès
Paris
Évêque de l'Église catholique
Ordination Ă©piscopale par
LĂ©on Taverdet
Dernier titre ou fonction Évêque titulaire de Parténia
Évêque in partibus de Parténia
–
Évêque d'Évreux
–
Autres fonctions
Fonction religieuse

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Il est ainsi nommé évêque in partibus de Parténia et reste engagé dans maintes luttes sociales, morales ou politiques.

Biographie

Enfance et Ă©tudes

Fils d'un négociant en vin[1], Jacques Gaillot naît le à Saint-Dizier. Il effectue son service militaire en Algérie, de 1957 à 1959. Ordonné prêtre en 1961[2], il est professeur au séminaire régional de Reims de 1965 à 1972, puis devient curé de Saint-Dizier en 1973, tout en suivant les cours de l'Institut de formation des éducateurs du clergé (IFEC) de Paris.

En 1977, il est nommé vicaire général du diocèse de Langres puis devient évêque d'Évreux en . Jacques Gaillot place son épiscopat sous la protection du bienheureux Jacques-Désiré Laval, béatifié trois ans plus tôt par le pape Jean-Paul II : « J’avais été séduit par le parcours si évangélique de cet homme. Prêtre à Évreux, il partit à l’île Maurice et se consacra aux délaissés de la société : les Noirs. Aujourd’hui encore, j’admire les actes qu’il a eu le courage de poser à son époque au XIXe siècle ».

Le terrain politique et social

Jacques Gaillot a été membre du Comité de parrainage du Centre de documentation et de recherche sur la paix et les conflits, rebaptisé Observatoire des armements.

En 1983, il soutient l'objecteur de conscience Michel Fache[3] - [4] devant le tribunal d'Évreux. Durant l'assemblée annuelle épiscopale, il fait partie de la dizaine d'évêques à voter contre le texte épiscopal soutenant la dissuasion nucléaire[5] - [6]. Il lui est reproché d'avoir annoncé immédiatement sa position dans les médias, à l'opposition du principe de collégialité[7].

En janvier 1989, il est interviewé par le magazine Lui[8].

Il participe en juillet 1995 à un voyage en Polynésie française sur le navire Rainbow Warrior II du mouvement pacifiste Greenpeace pour s'opposer sur place aux essais nucléaires français. La marine française intercepte le navire dans les eaux territoriales autour du site nucléaire[9].

Il assiste également à la cérémonie de transfert au Panthéon des cendres d'Henri Grégoire, qui accepta la constitution civile du clergé, qu'il avait d'ailleurs contribué à rédiger. Jacques Gaillot est le seul évêque français à participer à cette cérémonie[10].

Il signe un appel demandant qu'une délégation du Comité des droits de l'enfant de l'ONU rende visite à un enfant tibétain en résidence surveillée depuis 1995 en Chine, Gedhun Choekyi Nyima, reconnu comme 11e panchen-lama par le dalaï-lama[11].

Il prend des positions qui tranchent avec la doctrine usuelle de l'Église, en faveur des divorcés remariés, du mariage des prêtres ou de l'ordination de femmes[7].

En 1994, il est l'un des fondateurs et coprésident de l'association Droits devant !![12].

En 1995, il est relevé de ses fonctions d'évêque d'Évreux officiellement pour ses manquements à l'unité. Cependant, la consécration épiscopale étant indélébile, et Jacques Gaillot n'ayant pas commis d'actes appelant la peine canonique de la suspense, il est simplement nommé évêque in partibus de Parténia. Parténia est un siège épiscopal situé en Algérie, dans la région de Sétif, qui a « disparu sous les sables »[13] à la fin du Ve siècle. Restant évêque de l'Église catholique, il peut donc toujours administrer les sacrements[14] - [15].

La décision de la révocation de Jacques Gaillot choque en France et ravive les divisions entre catholiques « traditionalistes » ou « progressistes »[14].

Jacques Gaillot a ensuite utilisé sa prélature pour communiquer en faveur de ses orientations, créant notamment le site internet Partenia.

Lors de la parution de son livre Dernière tentation du diable en 1998, il est accusé de plagiat, notamment d'avoir quasiment recopié « près de cinquante pages » de l'ouvrage Le Retour du diable de l'essayiste Paul Ariès[16]. En réponse, il se dit « piégé » et tente de se justifier en rejetant la faute sur le « documentaliste » ayant rédigé l'ouvrage. Il affirme que « l'important, pour moi, ce n'était pas la rédaction mais le fait d'assumer des idées qui reflètent mon point de vue »[17].

En 2010, il cesse d'écrire pour le site Partenia, qu’il avait ouvert avec un réseau de contributeurs du monde entier[18].

À partir de 2013, il publie régulièrement des tribunes dans le Huffington post dans lesquelles il se déclare notamment pour le droit à l'euthanasie[19] et pour le mariage homosexuel[20].

Le , Jacques Gaillot est reçu en audience privée à Rome par le pape François à la résidence Sainte-Marthe[21].

Le , il est parmi les signataires de l'Appel des 58 : « Nous manifesterons pendant l'état d'urgence »[22] - [23].

Mort et obsèques

Hospitalisé à l’hôpital Georges-Pompidou, Jacques Gaillot meurt le à Paris des suites d'un cancer du pancréas[24] - [25].

Ses obsèques sont célébrées le 19 avril en l'église Saint-Médard par l'archevêque de Paris, Laurent Ulrich[26], accompagné de cinq évêques dont l’évêque d’Évreux, Christian Nourrichard, et d'une trentaine de prêtres dont Guy Gilbert[27]. Un mot du pape François est lu[27]. Plusieurs centaines de personnes assistent à la messe de funérailles, dont l'ancienne ministre du Logement Cécile Duflot[26] - [27].

Les obsèques de Jacques Gaillot se déroulent sans cercueil[27], celui-ci ayant fait don de son corps à la science[26] - [27].

L'affaire Vadeboncœur

En 1988, Jacques Gaillot accueille dans son diocèse le prêtre québécois Denis Vadeboncœur, condamné à 20 mois de prison au Québec en 1985 pour de multiples faits de pédophilie. Jacques Gaillot le nomme curé de Lieurey, le mettant ainsi à nouveau en contact avec des enfants. Après une nouvelle plainte, Vadeboncœur est condamné en 2005 à 12 ans de prison ferme pour les viols d’un mineur. Jacques Gaillot, après avoir prétendu qu’il ignorait le passé de Vadeboncœur en 1988, finit par avouer qu’il en était au contraire informé : « On rendait service. On vous demandait d’accueillir un prêtre indésirable et vous l'acceptiez. Ce que j’ai fait il y a plus de vingt ans, c’était une erreur »[28].

Ĺ’uvres

  • Ils m'ont donnĂ© tant de bonheur, DesclĂ©e de Brouwer, 1987 (ISBN 978-2220026077)
  • Foi sans frontières, DesclĂ©e de Brouwer, 1988 (ISBN 978-2220026886)
  • Ma libertĂ© dans l'Église, Albin Michel, 1989 (ISBN 978-2226038265)
  • Monseigneur des autres, Le Seuil, 1989 (ISBN 978-2020107174)
  • Le monde crie, l'Église murmure, Syros Alternatives, 1991 (ISBN 978-2867386091)
  • Chemin de croix, DesclĂ©e de Brouwer, 1991 (ISBN 978-2220031903)
  • Lettre ouverte Ă  ceux qui prĂŞchent la guerre et la font faire aux autres, Albin Michel, 1991
  • Paroles sans frontières, DesclĂ©e de Brouwer, 1993
  • L'annĂ©e de tous les dangers : coup de gueule contre l'exclusion, Ramsay, 1994
  • Les cris du chĹ“ur, Albin Michel, 1994
  • Je prends la libertĂ©, Flammarion, 1995
  • Chers amis de Partenia, Albin Michel, 1995
  • Coup de gueule contre les essais nuclĂ©aires, Ramsay, 1995
  • Paroles d'un homme d'Église, Ramsay, 1995
  • Dialogue et libertĂ© dans l'Église (avec Gabriel Ringlet), Ramsay, 1995
  • Dialogue sur le parvis entre un Ă©vĂŞque et un thĂ©ologien, DesclĂ©e de Brouwer, 1996
  • Ce que je crois, Grasset/DesclĂ©e de Brouwer, 1996
  • La dernière tentation du diable, 1998.
  • Église virtuelle, Église de l'an 2000 : un Ă©vĂŞque au royaume d'Internet, Albin Michel, 1999
  • Pour un catĂ©chisme de la libertĂ© (avec Alice Gombault et Pierre de Locht), Ramsay, 2003
  • Carnet de route, 10 ans après, Éditeur J.C. Gawsewitch, 2004
  • Carnets de vie, Éditeur J.C. Gawsewitch, 2010
  • Avance et tu seras libre, Payot, 2010
  • Un catĂ©chisme au goĂ»t de libertĂ©, L'Harmattan, 2010

Notes et références

  1. Daniel Licht, « Repentir à zéro », sur Libération, (consulté le ).
  2. Henri Tincq, « Jacques Gaillot, ancien évêque et figure contestataire de l’épiscopat, est mort », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  3. « Ma liberté dans l'Église - Google Book ».
  4. « Objecteurs de conscience », sur INA.
  5. GAILLOT, Mgr Jacques, « pourquoi j'ai voté contre », Le Monde, 12 nov. 1983, lire en ligne.
  6. « Gagner la paix : un simple mot », La Croix, 19 nov. 1983 ; « Les raisons d’un refus », Témoignage Chrétien, 21-28 nov. 1983, p. 15.
  7. Isabelle de Gaulmyn, « Dix ans après. L’affaire Gaillot fait encore mal », sur la-croix.com, .
  8. « Mgr Gaillot dans " Lui " », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  9. « Le « Rainbow-Warrior II » a été intercepté près de la passe de Mururoa », Le Monde,‎ .
  10. Le cardinal Lustiger boudera l'abbé Grégoire au Panthéon, 12 décembre 1989.
  11. « Panchen Appel » (version du 23 novembre 2006 sur Internet Archive).
  12. Huffpost - Blog de Jacques Gaillot, Ă©vĂŞque de Partenia.
  13. L'expression "disparue sous les sables", qu'on retrouve sur le site de Mgr Gaillot, est à prendre pour sa valeur poétique ou symbolique : la région de Sétif est constituée de plateaux arides mais largement exploités par l'agriculture et l'élevage, elle n'est nullement située au milieu des sables sahariens.
  14. Bernard Lecomte, « Le combat de Mgr Gaillot », sur lexpress.fr, .
  15. Nicolas Ballet, « CĂ©lĂ©britĂ© Ă©phĂ©mère / Mgr Gaillot, Ă©vĂŞque de Partenia, loin des micros et des camĂ©ras », Le Progrès,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  16. Mgr Gaillot succombe au démon du plagiat. Son livre rappelle beaucoup celui d'un chercheur, Daniel Licht, Libération, 23 février 1998.
  17. Mgr Gaillot explique qu'il a été « piégé » par un documentaliste plagiaire. «Le diable? La séduction de la réussite»., Daniel Licht, Libération, 23 mars 1998.
  18. Mgr Gaillot, évêque de Partenia, loin des micros et des caméras En ligne Le progrès, .
  19. Jacques Gaillot, évêque de Partenia, « Mourir dans la dignité », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
  20. Jacques Gaillot, évêque de Partenia, « Un évènement majeur », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
  21. Jérôme Cordelier, « Le pape François à Mgr Gaillot : "Nous sommes frères" », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. Collectif, « L'appel des 58 : « Nous manifesterons pendant l'état d'urgence » », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne).
  23. AFP, « État d'urgence : 58 personnalités revendiquent la liberté de manifester », Le Point,‎ (lire en ligne).
  24. « L’ancien évêque d’Évreux, Jacques Gaillot, hospitalisé à Paris », sur Paris-Normandie, (consulté le ).
  25. « Décès de l'évêque contestataire Jacques Gaillot à 87 ans », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. « Une messe à Paris en mémoire de Mgr Gaillot, « soutien de tous les exclus », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  27. Arnaud Alibert, « Obsèques de Mgr Gaillot : un adieu sobre et atypique », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  28. « Mgr Gaillot connaissait le passé pédophile d'un prêtre québécois avant son arrivée dans son diocèse », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

Liens externes

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