AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Isaac Abravanel

Itshak ben Yehouda Abravanel (Ś™ŚŠŚ—Ś§ ŚŚ‘ŚšŚ‘Ś ŚŚœ) (ou Abarbanel, Abrabanel, Avravanel) est nĂ© en 1437 Ă  Lisbonne (Portugal) et mort en 1508 Ă  Venise (Italie), membre de la cĂ©lĂšbre famille Abravanel, fut un homme d’État, ministre des finances des royaumes du Portugal, de Castille, d'Aragon et de Naples. Philosophe, commentateur biblique et financier juif, il est aussi l'un des leaders des Juifs dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique.

Isaac Abravanel
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Nom dans la langue maternelle
ŚšŚ‘Ś™ Ś™ŚŠŚ—Ś§ Ś‘ŚŸ Ś™Ś”Ś•Ś“Ś” ŚŚ‘ŚšŚ‘Ś ŚŚœ
Activités
Enfants
LeĂłn Hebreo
Samuele Abarbanel (d)
ƒuvres principales
Ś€Ś™ŚšŚ•Ś© ŚŚ‘ŚšŚ‘Ś ŚŚœ (d)

On l'Ă©voque souvent par son seul nom de famille, dont la prononciation devient selon qu’on se rĂ©fĂšre Ă  l’opinion d’érudits ou de lettrĂ©s, Abravanel, Abrabanel, ou, dans les livres d’étude juive, Abarbanel.

Les Juifs ayant Ă©tĂ© bannis de l’Espagne en 1492, il se rĂ©fugia Ă  Naples, puis Ă  Venise. On a de lui des Commentaires sur l’Ancien Testament, des Commentaires sur la Michna, un TraitĂ© des prophĂ©ties qui regardent le Messie et un TraitĂ© des Ɠuvres de Dieu[1].

Son prestige fut tel que les rois catholiques usĂšrent de tous les stratagĂšmes pour tenter d’empĂȘcher don Isaac de suivre ses frĂšres hors d’Espagne en 1492. La prĂ©sence de Don Judah Abravanel est attestĂ©e Ă  SĂ©ville, bien qu’on parle dĂ©jĂ  d’un grand Sage Abravanel sous Alphonse X dit le Sage.

Il est enterré à Padoue.

Biographie

Famille et jeunesse

Isaac Abravanel est né en 1437 à Lisbonne[2]. Son pÚre est Juda Abrabanel, trésorier, et son grand-pÚre Samuel Abrabanel[3] - [4].

La famille Abravanel, rĂ©putĂ©e ĂȘtre d’ascendance davidique, est l’une des plus anciennes et distinguĂ©es familles juives d’Espagne[4]. Selon Isaac Abravanel, ils se seraient Ă©tablis en Espagne avant l’arrivĂ©e des SĂ©pharades, soit avant la destruction du Temple de JĂ©rusalem en l'an 70[5]. Isaac Abravanel est issu de la branche de la famille qui avait Ă©chappĂ© aux persĂ©cutions anti-juives de 1391 et qui s'Ă©tait alors Ă©tablie au Portugal[6].

Il fut l’élĂšve de Joseph Hayim ben Shem Tov, rabbin de Lisbonne[4]. VersĂ© tant dans la littĂ©rature rabbinique que dans les sciences profanes de son temps, il consacra ses jeunes annĂ©es Ă  l’étude de la philosophie juive[4]. À 20 ans, il Ă©crivit divers traitĂ©s sur la forme originelle des Ă©lĂ©ments primordiaux (feu, air, etc.), la religion, la prophĂ©tie, etc.[4] Mentionnons tout particuliĂšrement son affinitĂ© pour le prophĂšte IsaĂŻe, Ă©galement de lignĂ©e davidique.

Au service de la maison de Bragance

Il entre en tant que trĂ©sorier et collecteur d’impĂŽts au service du roi de Portugal Alphonse V (1432-1481)[4]. Les choses se gĂątent Ă  la mort de ce dernier. Le fils d’Alphonse V, Jean II du Portugal, accuse Abravanel de complicitĂ© et de haute trahison avec le duc de Bragance[7]. Abravanel, averti Ă  temps, s’enfuit prĂ©cipitamment en Castille en 1483[7]. Sa fortune est confisquĂ©e par dĂ©cret royal[4], et il fut condamnĂ© Ă  mort par contumace[8]. Il parvint nĂ©anmoins Ă  faire venir sa famille.

Pendant qu'il est au Portugal, il se préoccupe également de la communauté juive d'Assilah, au Maroc[4]. Dans une lettre adressée à son ami Yehiel de Pise, banquier italien, il raconte comment, lors de la prise de la ville, lorsque les Juifs y habitant sont réduits en esclavage, il emploie une grande partie de sa fortune à les faire libérer et reloger ces Juifs exclusivement arabophones au Portugal.

Au service de la Castille

Armes de la famille Abravanel (Abarbanel ou Abrabanel).

À TolĂšde, oĂč il a son domicile, il Ă©crit en six mois un commentaire sur le Livre de JosuĂ©, le Livre des Juges, et Samuel[4]. Il entre ensuite rapidement au service des rois catholiques[4], au moment oĂč l’armĂ©e espagnole mĂšne une guerre Ă©puisante contre le royaume sarrasin de Grenade. Abravanel entreprend rapidement, avec son ami Don Abraham Senior, de collecter les impĂŽts et d’approvisionner l’armĂ©e espagnole[4]. Il prĂȘte Ă©galement une importante somme d'argent pour financer la campagne de Grenade[4].

Cependant, en 1492, Ferdinand II d'Aragon et la Reine Isabelle ordonnent l’expulsion des Juifs d’Espagne trois mois Ă  peine aprĂšs la chute de Grenade, par le dĂ©cret de l'Alhambra[9]. Abravanel tente de faire annuler l’édit, offrant des sommes considĂ©rables[4] qui servent Ă  financer l'expĂ©dition de Christophe Colomb. On raconte qu’il y parvient presque, mais que l’Inquisition espagnole, par le biais de Torquemada s’en mĂȘla.

Le prestige d'Abravanel est si grand que les Rois catholiques usent de tous leurs stratagÚmes pour le retenir en Espagne. Ils lui offrent de rester, en tant que Juif, ainsi que neuf hommes, de façon à pouvoir réunir un minyan (quorum de priÚre). Ils tentent d'enlever son petit-fils, mais celui-ci est déjà envoyé au Portugal.

Représentation d'Abravanel, XVIe.

Exil en Italie

Finalement, il prĂ©fĂ©re l’exil, tandis qu’Abraham Senior et son gendre Melamed choisissent la conversion et sont contraints Ă  un baptĂȘme en grande pompe, parrainĂ©s par les Rois catholiques[10]. Abravanel peut en revanche aider financiĂšrement quelques Juifs Ă  demeurer en Espagne.

L'exil d'Abravanel est contĂ© dans son introduction au livre de JosuĂ©. On lui attribue une rĂ©ponse au dĂ©cret de l’Alhambra, qui est perçue comme une malĂ©diction juive contre l’Espagne, et a pour effet d’interdire aux Juifs fĂ»t-ce de fouler le sol espagnol, jusqu’à ce que le gĂ©nĂ©ral Franco abolisse le dĂ©cret de l’Alhambra en 1967. Toutefois, Abravanel n'en fait aucune mention dans sa propre relation des faits (introduction aux Premiers ProphĂštes), et il s'agit probablement d'une fiction littĂ©raire rĂ©digĂ©e dans son style.

Abravanel se rend à Naples et entre rapidement au service du roi[4] - [7]. Il y connait une brÚve période de calme, avant l'invasion de Naples par les troupes françaises pendant la PremiÚre guerre d'Italie[7]. Abravanel accompagne alors son maßtre à Messine, avant de partir pour Corfou en 1495, puis Monopoli en 1496[4] - [7]. Il se fixe finalement à Venise en 1503 et est alors l'un des seuls Juifs à avoir le droit d'y habiter[2]. Il tente de négocier un traité commercial entre la République vénitienne et le Portugal[4]. Le traité n'est finalement pas conclu, faute d'accord de la part du Portugal.

Étant juif, Abravanel ne puet ĂȘtre enterrĂ© Ă  Venise, et repose Ă  Padoue[4].


Un hÎpital à Bat Yam en Israël porte son nom, ainsi que d'autres lieux.

  • HĂŽpital Abarbanel Ă  Bat Yam, IsraĂ«l
    HÎpital Abarbanel à Bat Yam, Israël
  • Synagogue Don Isaac Abravanel, Paris
    Synagogue Don Isaac Abravanel, Paris
  • Abravanel Hall, Salt Lake City (Utah), Etats-Unis
    Abravanel Hall, Salt Lake City (Utah), Etats-Unis
  • IntĂ©rieur de l'Abravanel Hall house, Etats-Unis
    Intérieur de l'Abravanel Hall house, Etats-Unis
  • Rue Abarbanel Ă  Tel Aviv, IsraĂ«l
    Rue Abarbanel à Tel Aviv, Israël

Abravanel philosophe

Perush al Nevi Ahron d'Ishak Abarbanel : Commentaires sur Isaïe, Jérémie, Iehazkelem et les petits ProphÚtes, édition de 1642

Il peut paraĂźtre paradoxal qu’un homme, prĂ©sentĂ© comme le dernier Juif aristotĂ©licien, dont le commentaire sur le Guide des Ă©garĂ©s est si rĂ©putĂ© que certaines Ă©ditions du Guide n’hĂ©sitent pas Ă  prĂ©senter Abravanel et MaĂŻmonide cĂŽte Ă  cĂŽte, ait Ă©tĂ© l’un des plus grands adversaires de la philosophie.

Pourtant, il ne manqua pas de mots acerbes pour ses prĂ©dĂ©cesseurs, philosophes Juifs Ă©minents, comme Isaac Albalag, ibn Caspi, Shem Tov ben Falaquera, Gersonide, MoĂŻse Narboni, etc. Leurs opinions, qu’il jugeait par trop rationalisantes et laissant une trop grande libertĂ© d’interprĂ©tation quant Ă  des points philosophico-religieux dĂ©licats, Ă©garĂšrent selon lui de nombreux Juifs dont des pieux authentiquement fidĂšles, et les entraĂźnĂšrent parfois aux pires infidĂ©litĂ©s ou corruptions de leurs croyances.

Quant Ă  Abraham ibn Ezra, le nĂ©o-platonicien par excellence, Abravanel ne fut d’accord avec lui que sur un point : au pied du SinaĂŻ, les IsraĂ©lites entendirent et comprirent les Dix Commandements. Pour le reste, il ne manqua pas d’invectives Ă  son Ă©gard, traitant ses commentaires de « futiles », « contraires aux principes Ă©lĂ©mentaires de la Torah », abscons sans rien apporter Ă  l’étudiant. Abravanel n’hĂ©site pas Ă  dire, afin d’affirmer l’inanitĂ© d’une opinion, que le Abraham ibn Ezra lui-mĂȘme la trouve critiquable.

Son attitude envers Maïmonide est nettement plus nuancée. AprÚs avoir exposé les thÚses du Maßtre, il dit souvent : « ceci est la pensée de notre Maßtre Moïse, non de Moïse notre Maßtre ».

Sefer Zebach Pesacង (Le Sacrifice pascal) d'Abravanel, publié à Venise par Marco Antonio Giustiniani, en 1545. Le rabbin Isaac Abravanel écrit ce commentaire sur la Haggadah de Pùque en Italie. Il a été publié pour la premiÚre fois à Constantinople en 1506. La loi vénitienne interdisant aux Juifs de posséder ou de faire fonctionner des imprimeurs presses, il a fallu que les financiers de cette deuxiÚme édition emploient un imprimeur chrétien. Le texte de la copie de la bibliothÚque Bridwell fut expurgé et signé par deux censeurs actifs à Mantoue au XVIIe siÚcle, Clemente Renatto et Giovanni Domenico Carretto.

Contrairement au maĂźtre et son Ă©cole de pensĂ©e, la conception d’Abravanel sur le judaĂŻsme, trĂšs proche de celle de Juda Halevi, s’appuie sur la conviction que Dieu S’est rĂ©vĂ©lĂ© dans l’histoire, et a fait des IsraĂ©lites Son peuple d’élection. Abravanel attaque franchement les conceptions rationalistes du maĂźtre sur les visions prophĂ©tiques, celui-ci les relĂ©guant au rang de crĂ©ations de leur imagination. Pour Abravanel, mĂȘme la « bat kol » (Ă©cho de voix, littĂ©ralement « fille de voix ») dont on trouve de nombreux exemples dans le Talmud, est une vĂ©ritable voix, rendue audible par Dieu, un phĂ©nomĂšne en vĂ©ritĂ© miraculeux (commentaire sur la GenĂšse, chap. 16). De mĂȘme, Abravanel dĂ©passa tous ses prĂ©dĂ©cesseurs lorsqu’il s’agissait de critiquer les thĂ©ories de MaĂŻmonide sur le « Char cĂ©leste » du livre d’EzĂ©chiel (commentaire du Guide des Ă©garĂ©s, IIIe partie, 71-74).

En revanche, s’il nuance fortement la position de Maïmonide, il la valide souvent dans son Commentaire biblique.

Ainsi, sur le dĂ©bat quant Ă  savoir si MaĂŻmonide adhĂ©rait ou non Ă  l’idĂ©e de l’éternitĂ© du monde, aprĂšs avoir contestĂ©, en le priant de l’excuser, l’explication que donne MaĂŻmonide du mot Bereshit (Guide des Ă©garĂ©s II, chap. 30), Abravanel ajoute : « Et expliquer le premier mot du premier verset dans le sens d’une antĂ©rioritĂ© temporelle ne conduit pas nĂ©cessairement Ă  poser que la crĂ©ation a eu lieu dans le temps, ni ne remet en cause le principe de la crĂ©ation ex nihilo, comme le craint MaĂŻmonide, car il n’est pas impossible de dire que le commencement dont il est question dans ce verset fait lui-mĂȘme partie du temps qu’il inaugure et que la crĂ©ation du ciel et de la terre ne vient pas s’inscrire dans un temps antĂ©rieur, mais qu’elle est l’instant fondateur du temps lui-mĂȘme. »

Abravanel prĂ©sente donc un MaĂŻmonide impuissant Ă  triompher du raisonnement aristotĂ©licien, sans remettre en cause les fondements de son propre systĂšme de croyance, mais convaincu pour lui-mĂȘme des enseignements rĂ©vĂ©lĂ©s.

De fait, les arguments d’Abravanel lui-mĂȘme, pour justes qu’ils sont, ne sont pas des preuves et ne s’adressent qu'Ă  celui qui lit son commentaire, donc gĂ©nĂ©ralement un croyant.

Pour ce qui est de la communautĂ© scientifique, ce dogme de l’éternitĂ© du monde ne sera sĂ©rieusement remis en cause qu’au XXe siĂšcle, avec les thĂ©ories de Georges Gamow[11]

Par ailleurs, son « Rosh Amanah » (« principes de la foi ») est une dĂ©fense engagĂ©e des treize articles maĂŻmonidiens de la foi contre les attaques de HasdaĂŻ Crescas et Joseph Albo, qui discutent du nombre et de la validitĂ© de ces principes. Abravanel conclut en expliquant que MaĂŻmonide, en compilant ces articles, n’a jamais fait que reproduire les coutumes des nations d’énoncer des axiomes, c'est-Ă -dire des principes fondamentaux de leurs sciences. NĂ©anmoins, le judaĂŻsme n’a rien en commun avec la science des hommes, les enseignements de la Torah sont des rĂ©vĂ©lations divines, et non le fruit de spĂ©culations humaines, et sont donc tous Ă©quivalents. Aucun d’eux ne peut donc ĂȘtre considĂ©rĂ© comme principe ou corollaire d’un principe.

Écrits apologĂ©tiques : la trilogie messianique

Page-titre de l'ouvrage Ma'yanei ha-Yeshu'ah (commentaire sur le livre de Daniel) d'Abrabanel, 1647

Bien aprĂšs la destruction des deux Temples de JĂ©rusalem, la communautĂ© juive sĂ©pharade est expulsĂ©e, le 9 Av 5252 (), du sol oĂč la plupart Ă©taient Ă©tablis depuis l’Exil. L’Espagne, oĂč l’on appelle encore le jour situĂ© entre vendredi et dimanche du nom de SĂĄbado, ne se remettra jamais de ce prĂ©judice. Quant Ă  la communautĂ© juive, seule la Seconde Guerre mondiale crĂ©era un traumatisme plus profond.

Abravanel s’embarque Ă  Valence avec sa famille en , mais cette fois, il n’est plus un fugitif isolĂ©, toute une communautĂ© est arrachĂ©e Ă  son sol en mĂȘme temps.

Abravanel, chef de la communautĂ© juive, et son Ă©ternel dĂ©fenseur, a fait tout ce qui Ă©tait en son pouvoir pour annuler le dĂ©cret d’Alhambra. À son Ă©chec personnel, sa souffrance d’individu (bien qu’il ait Ă©tĂ© relativement plus fortunĂ© dans son destin), s’ajoute la perception de la souffrance de tous ses frĂšres, subitement dĂ©pouillĂ©s de tout et sans abri. Beaucoup mourront au cours de leur exil, dĂ©pourvus de toute splendeur. Quant aux survivants, mĂȘme les plus Ă©rudits se dĂ©tacheront des choses saintes pour ne plus se prĂ©occuper que de contingences immĂ©diates et matĂ©rielles.

Or, depuis l’Ateret Zqenim, rĂ©digĂ© Ă  Lisbonne, la question messianique n’a cessĂ© de se poser Ă  Abravanel. Il est donc naturel qu’il s’attelle Ă  ce qui sera le troisiĂšme aspect majeur de son Ɠuvre, et qui vise Ă  renforcer la foi chez ses frĂšres d’exil. Ces malheurs n’annoncent-ils pas les douleurs de l’enfantement du Messie ?

C’est dans ce contexte qu’il Ă©crit le Migdol Yeshu’ot :

  • Ma’aynei haYeshua (les « Sources du Salut ») est achevĂ© le ;
  • Yeshou’ot Meshi’ho (les « Annonces Salvatrices de Son Messie »), le ;
  • Mashmi’a Yeshou’ah (le « HĂ©raut du Salut »), le .

Abravanel commence par rĂ©futer l’opinion des commentateurs chrĂ©tiens, selon lesquels les prophĂ©ties se sont rĂ©alisĂ©es en la personne de JĂ©sus.

Dans Mashmi’a Yeshu’ah, il s’attaque aussi Ă  ceux des commentateurs juifs, parmi lesquels Juda ibn Balaam de TolĂšde, MoĂŻse Giqatilla et Abraham ibn Ezra, qui situent la rĂ©alisation de la prophĂ©tie Ă  l’époque du Second Temple : pour Abravanel, le Second Temple ne fut qu’un ersatz du premier, et ne s’inscrivait pas dans la rĂ©demption, mais dans les suites de l’exil dĂ©butĂ© lors de la destruction du Premier Temple.

Les Sources du Salut sont un commentaire du Livre de Daniel, contredisant toutes les interprĂ©tations chrĂ©tiennes de ce livre, particuliĂšrement sur les quatre empires de l’histoire universelle.

NĂ©anmoins, il est d’accord avec eux sur un et un seul point : pour Abravanel, Daniel doit effectivement ĂȘtre comptĂ© parmi les prophĂštes, contre l’opinion des Sages du Talmud, puisque c’est sur lui que se base Abravanel, et Nahmanide avant lui pour calculer l’arrivĂ©e du Messie.

Pour le reste, il fait remarquer que le royaume chrĂ©tien n’est pas indestructible, et que les musulmans les ont fait reculer Ă  plusieurs reprises.

Il voit en la quatriĂšme bĂȘte Rome, et en sa « petite corne » (Daniel, 7:8) la papautĂ©, qui a des « yeux d’homme » et dit « des choses monstrueuses », tels que les doctrines de la TrinitĂ© ou de l’Incarnation.

Dans les Annonces Salvatrices de Son Messie, Abravanel dĂ©fend les sources rabbiniques du messianisme, parmi lesquelles la Aggada. En effet, lors de la dispute de Barcelone, Nahmanide a comparĂ© la Aggada aux sermons des Ă©vĂȘques, rĂ©duisant involontairement par lĂ  son importance, conduisant Ă  une remise en question du Talmud mĂȘme.

Abravanel commente dans la premiÚre partie le chapitre 28 des Pirke de Rabbi Eliezer, ayant trait aux quatre empires du songe de Daniel, et dans sa seconde les passages du traité Sanhédrin, traitant du Messie, par exemple :

  • le Messie aurait dĂ©jĂ  dĂ» venir au Ve siĂšcle. En rĂ©alitĂ©, le temps de l’exil devant ĂȘtre de 400 ans minimum, les Sages voulaient indiquer que le Messie ne pouvait pas venir avant le Ve siĂšcle ;
  • le Messie, selon Rabbi Hillel (Heylel, Ă  ne pas confondre avec Hillel HaZaqen), serait venu au temps d’ÉzĂ©chias. C’est donc, explique Abravanel, que le Sauveur ne sera pas Ă  proprement parler oint (ce que signifie « mashia’h » en hĂ©breu) mais seulement un « prince ». David n’est-il pas appelĂ© « prince » par le prophĂšte ÉzĂ©chiel (37:25 : « Et Mon serviteur David sera leur prince Ă  jamais ») ?

Le HĂ©raut du Salut fait de mĂȘme avec les passages bibliques.

ƒuvres

Édition italienne du Dialoghi d'amore, 1929.
  • Tsurot haYessodot (« la Forme des (quatre) Ă©lĂ©ments »), Ɠuvre philosophique qui ne figure pas dans la liste des Ɠuvres qu’il a Ă©tablie vers la fin de sa vie.
  • Ateret Zqenim (« le diadĂšme des Anciens ») (d’aprĂšs Proverbes, 17:6)
  • Mahzeh ShaddaĂŻ (« la Vision du Tout-Puissant ») (d’aprĂšs Nombres 24:4), Ɠuvre disparue, mais qu’il Ă©voquait souvent dans ses Ă©crits.
  • Rosh Amana (« Principes de la foi ») (d’aprĂšs le Cantique des Cantiques 4:8) oĂč il Ă©numĂšre et dĂ©fend les treize principes de MaĂŻmonide.
  • Zeba’h Pessa’h (« le Sacrifice pascal »), commentaire sur la Haggadah de la PĂąque.
  • Nahalat Avot (« l’hĂ©ritage des PĂšres »), commentaire du traitĂ© Avot.
  • Migdol Yeshu’ot (« la forteresse du Salut ») (d’aprĂšs II Samuel 22:51), dĂ©signĂ©e plus gĂ©nĂ©ralement comme la « trilogie messianique ».
  1. Ma’aynei haYeshua (« les Sources du Salut ») (d’aprĂšs IsaĂŻe 12:3), qui est un commentaire sur le Livre de Daniel.
  2. Yeshu’ot Meshi’ho (« les annonces salvatrices de Son Messie ») (d’aprĂšs Psaumes 28:8), qui est un commentaire sur les passages de la littĂ©rature rabbinique oĂč il est question du Messie.
  3. Mashmi’a Yeshu’ah (« le HĂ©raut du Salut ») (d’aprĂšs IsaĂŻe 53:7), qui commente l’ensemble des passages messianiques dissĂ©minĂ©s dans la Bible.
  • Mif’alot Elohim (« les ƒuvres du Tout-Puissant ») (d’aprĂšs Psaumes 66 :5), ouvrage philosophique sur la CrĂ©ation.
  • Commentaires bibliques (3 volumes sur la Torah, un sur les Premiers ProphĂštes, un sur les Derniers ProphĂštes, un sur les Écrits).
  • Responsa Ă  SaĂŒl haCohen Ashkenazi, sur 12 questions philosophiques attenant Ă  MaĂŻmonide. Il s’agit de son dernier ouvrage.

Notes et références

  1. Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang, « Abrabanel », dans Dictionnaire universel d’histoire et de gĂ©ographie Bouillet Chassang, t. 1, Librairie Hachette, (lire sur Wikisource), p. 8.
  2. CĂ©dric Cohen Skalli, « Don Isaac Abravanel et la question du corps du leader », PardĂšs, vol. 47-48, no 1,‎ , p. 111 (ISSN 0295-5652 et 2271-1880, DOI 10.3917/parde.047.0111, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. Dans l'introduction de son commentaire au Livre de Josué, il retrace une généalogie succincte de sa famille : « Moi, Isaac fils de Juda (que son nom soit glorifié, homme vaillant et plein de mérites en Israël), fils de Samuel, fils de Juda, fils de Joseph, fils de Juda d'entre les descendants d'Abravanel, du rameau de Jessé de Bethléem, de la famille de David, chef et autorité pour ma cité. »
  4. (en) Meyer Kayserling et Louis Ginzberg, « ABRAVANEL, ABARBANEL - JewishEncyclopedia.com », sur www.jewishencyclopedia.com (consulté le )
  5. (en) Kirstin Downey, Isabella : the warrior queen, Anchor, , 560 p. (ISBN 978-0-385-53411-6, 0-385-53411-6 et 978-0-385-53412-3, OCLC 869881346, lire en ligne), p. 209
  6. (en) Kirstin Downey, Isabella : the warrior queen, Anchor, , 560 p. (ISBN 978-0-385-53411-6, 0-385-53411-6 et 978-0-385-53412-3, OCLC 869881346, lire en ligne), p. 211
  7. (en) Abraham Melamed et Menachem Kellner, « Introduction to the Special Issue of Jewish History marking the 500th Anniversary of Isaac Abravanel’s death », Jewish History, vol. 23, no 3,‎ , p. 219–221 (ISSN 0334-701X et 1572-8579, DOI 10.1007/s10835-009-9090-2, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. Alain Erlande-Brandenburg, « Le polyptyque de Saint-Vincent », Bulletin Monumental, vol. 127, no 2,‎ , p. 162–163 (lire en ligne, consultĂ© le )
  9. Esther Benbassa, « L'expulsion des Juifs d'Espagne », L'Histoire, no 154,‎
  10. (en) Kirstin Downey, Isabella : the warrior queen, Anchor, , 560 p. (ISBN 978-0-385-53411-6, 0-385-53411-6 et 978-0-385-53412-3, OCLC 869881346, lire en ligne), p. 230
  11. Isaac Abravanel, Commentaire du récit de la création, GenÚse 1 :1 à 6 :8, traduit par Yehouda Schiffers, collection Les Dix Paroles, éditions Verdier.

Annexes

ƒuvres traduites

  • Commentaire du rĂ©cit de la CrĂ©ation, GenĂšse chap. 1:1 Ă  6:8, trad. Yehouda Schiffers, Verdier, 544 p.
  • Du SinaĂŻ Ă  la Mishna (Introduction au TraitĂ© Avot) prĂ©sentĂ©, traduit et annotĂ© par Yohanan Lederman, JĂ©rusalem: Institut Bne Issakhar, 1992.

Études sur Abravanel

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.