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Histoire de la Gambie

À son apogĂ©e, au XIVe siĂšcle, l'empire du Mali s'Ă©tendait jusqu'en Gambie.

En 1455, les Portugais installent des comptoirs le long du fleuve Gambie Ă  partir duquel ils organisent la traite des Noirs. En 1723, la Compagnie britannique d'Afrique achĂšte de la terre en Gambie.

À partir du XVIIIe siĂšcle, les Britanniques occupent ce petit territoire enclavĂ© dans le SĂ©nĂ©gal (Ă  l'exception d'une enclave française Ă  Albreda, cĂ©dĂ©e aux Britanniques par un accord en 1857). À la suite d'un traitĂ© franco-britannique en 1889, le pays devient officiellement en 1894 un protectorat britannique.

La Gambie acquiert son indépendance en 1965 en qualité de royaume du Commonwealth. En 1970, la république est proclamée et Dawda Jawara en devient le premier président. La Gambie est unie au Sénégal de 1982 à 1989 dans une confédération : la Confédération de Sénégambie.

Le un groupe d’officiers, menĂ©s par le capitaine Yahya Jammeh, renverse le gouvernement. En 1996, pressĂ© par la communautĂ© internationale, les bailleurs de fonds ayant suspendu toute aide depuis le coup d'État de 1994, le prĂ©sident Jammeh accepte d'engager un processus de dĂ©mocratisation qui le reportera d'ailleurs au pouvoir lors des Ă©lections de 1996, du et du .

Le , Adama Barrow devient le nouveau prĂ©sident de Gambie en prĂȘtant serment Ă  l'ambassade de Gambie au SĂ©nĂ©gal.

Les premiers temps

MĂ©galithes de Wassu

Les anciens royaumes

L'empire du Mali

Carte de l'empire du Mali à son apogée

L'empire du SonghaĂŻ

La période précoloniale

Les explorateurs portugais

Au dĂ©but du XVe siĂšcle, les premiers explorateurs europĂ©ens s'aventurent vers l'extrĂ©mitĂ© occidentale du continent africain. IntriguĂ© par les rĂ©cits des gĂ©ographes et cartographes arabes sur l'immense richesse des royaumes d'Afrique de l'Ouest et sur le lĂ©gendaire royaume du prĂȘtre Jean, le prince portugais Henri le Navigateur lance plusieurs expĂ©ditions Ă  partir de 1418. En 1434, Gil Eanes double le cap Bojador. Nuno TristĂŁo et AntĂŁo Gonçalves atteignent le cap Blanc en 1441 et Dinis Dias accoste Ă  la Presqu'Ăźle du Cap-Vert, extrĂ©mitĂ© occidentale de l'Afrique, en 1444. En 1446, Álvaro Fernandes navigue le long des cĂŽtes de l'actuelle Sierra Leone.

C'est Nuno TristĂŁo qui fut le premier europĂ©en Ă  atteindre l'embouchure du fleuve Gambie en 1446. Lui et son Ă©quipage furent trĂšs mal accueillis par les autochtones qui les prirent pour des cannibales et il mourut lui-mĂȘme de ses blessures pendant le voyage de retour.

Henri le Navigateur Ă©tait cependant trop obstinĂ© par les rumeurs selon lesquelles le fleuve Gambie regorgeait d'or pour abandonner. En 1455, il y envoya le VĂ©nitien Alvise Cadamosto, accompagnĂ© du GĂ©nois Antoniotto Usodimare. Il se heurtĂšrent Ă©galement Ă  la rĂ©sistance des indigĂšnes. L'annĂ©e suivante, Cadamosto fut chargĂ© d'une deuxiĂšme expĂ©dition. Il dĂ©couvrit en chemin les Ăźles du Cap-Vert et s'y arrĂȘta briĂšvement avant de repartir en direction de la Gambie. Il parvint Ă  remonter le fleuve sur 100 km et Ă  lier des contacts avec ses habitants. Il se lia d'amitiĂ© avec plusieurs rois locaux, dont Batti Mansa, roi de Baddibu, qui Ă©tait sĂ©duit par le christianisme et demanda par Ă©crit au souverain portugais de lui envoyer un prĂȘtre. Cadamosto fut contraint d'Ă©courter son voyage, un tiers de son Ă©quipage ayant succombĂ© Ă  diverses maladies tropicales et il retourna au Portugal en 1456.

Deux ans plus tard, Diego GĂłmez remonta le fleuve sur 450 km jusqu’à l’actuelle Upper River Division. Il y entendit parler de l’or du plateau du Fouta Djallon et de l’empire du Mali. Il Ă©changea des marchandises contre quelques esclaves qu’il ramena en Europe.

Par la suite, des prĂȘtres portugais s’installĂšrent sur le bord du fleuve, Ă  Nuimi, et commencĂšrent Ă  y prĂȘcher le christianisme. Ils construisirent une chapelle prĂšs d'Albreda et baptisĂšrent l’endroit San Domingo. L'islam Ă©tait dĂ©jĂ  bien ancrĂ©, Mansa s'Ă©tait dĂ©sintĂ©ressĂ© d'eux et les missionnaires n'eurent que peu de succĂšs. Les portugais fondĂšrent d'autres bases d'exploration Ă  Bintang, Tankular, Niani Maru et Kassan sur la rive sud, Fattatenda et Kuntaur sur la rive nord.

D'autres expĂ©ditions suivirent et renforcĂšrent les liens d'amitiĂ©. Le Portugal soutint le Mali lorsque ce dernier fut attaquĂ© par l'empire songhaĂŻ. Un ambassadeur de l'empire Wolof visita quant Ă  lui le Portugal en 1488. Le commerce se dĂ©veloppa et quelques Portugais s'installĂšrent en Gambie oĂč ils importĂšrent de nombreuses espĂšces vĂ©gĂ©tales toujours cultivĂ©es aujourd'hui comme les oranges, les bananes, la papayes, le manioc, la goyave, le maĂŻs et l'arachide. Ils apportĂšrent Ă©galement des techniques de construction, de navigation et de pĂȘche et de nombreux emprunts au portugais subsistent dans la langue mandingue.

La bulle pontificale Aeterni regis, fulminée le , attribua la cÎte africaine au Portugal au détriment de l'Espagne.

Les marchands anglais

En 1588, le Portugal perdit ses droits commerciaux dans la vallĂ©e du fleuve Gambie et sur la CĂŽte de l'Or (actuel Ghana) au profit de l’Angleterre. Le Portugal Ă©tait alors uni sous la couronne espagnole et la dĂ©bĂącle de l’armada espagnole contre la marine anglaise permit Ă  Élisabeth Ire de mettre la main sur les privilĂšges commerciaux des Portugais. Elle les revendit Ă  la Company of Devon et aux London Merchants. La prĂ©sence anglaise en Gambie remontait cependant Ă  1562, lorsque Sir John Hawkins vola 300 esclaves aux Portugais pour les revendre Ă  Santo Domingo, en actuelle RĂ©publique dominicaine, fondant par lĂ -mĂȘme le commerce triangulaire.

En 1618, le roi Jacques Ier laissa entiĂšrement les droits commerciaux sur la Gambie et la CĂŽte de l’Or Ă  la Company of Adventures of London. La Guinea Company vit le jour afin de protĂ©ger la cĂŽte de GuinĂ©e contre les visĂ©es françaises et nĂ©erlandaises. La mĂȘme annĂ©e, les premiers esclaves dĂ©barquĂšrent dans la nouvelle colonie de Virginie. Les expĂ©ditions visant Ă  dĂ©couvrir de l’or Ă  l’intĂ©rieur des terres s’intensifiĂšrent. Une premiĂšre Ă©choua, la deuxiĂšme fut attaquĂ©e en mer par les Portugais et essuya de lourdes pertes. Deux ans plus tard, Richard Jobson atteignit les chutes de Barrakunda.

Les Anglais exportĂšrent de plus en plus d’esclaves Ă  partir de 1652. La demande de main d’Ɠuvre bon marchĂ© augmentait rapidement dans les CaraĂŻbes oĂč la culture de la canne Ă  sucre Ă©tait en pleine croissance.

La période germano-baltique

L'Ăźle James et Fort Gambia

Au XVIIe siĂšcle, le duc de Courlande Jacob Kettler cherchait Ă  dĂ©velopper le commerce des pays de la Baltique. Il tenta plusieurs fois de stimuler la colonisation courlandaise dans le sud des CaraĂŻbes en y dĂ©veloppant la culture du tabac et il avait besoin d’une base commerciale supplĂ©mentaire pour importer la main d’Ɠuvre nĂ©cessaire. Il envoya Heinrich Fock en Gambie avec deux bateaux. Le , le roi de Nuimi lui accorda l’üle James, alors nommĂ©e Isla de Andrea, idĂ©alement situĂ©e Ă  30 km de l’embouchure du fleuve. Il obtint Ă©galement une terre sur la rive nord du fleuve, prĂšs de Juffureh. Il loua l’üle Banjol, actuellement St. Mary’s Island au roi du Kombo, au sud de l’embouchure.

La cohabitation entre les Allemands et les locaux fut pacifique. Kettler considérait les rois avec qui commerçait comme des partenaires souverains. Ces derniers lui apportÚrent un soutien militaire contre les incartades néerlandaises. Cela ne suffit cependant pas toujours, et les comptoirs allemands furent occupés par deux fois par les Pays-Bas, du au et du 3 juillet au .

La prĂ©sence courlandaise prit fin Ă  l’issue de la PremiĂšre guerre du Nord, qui fit s’affronter la SuĂšde et la Pologne de 1655 Ă  1660, pendant laquelle Kettler fut fait prisonnier. James Island changea plusieurs fois de mains et fut occupĂ©e par diffĂ©rents États d’Europe, des commerçants privĂ©s et des pirates.

La rivalité franco-britannique

L’annĂ©e 1660 vit Ă©galement la naissance d’une nouvelle compagnie commerciale anglaise, la Company of Royal Adventurers Trading to Africa. Charles II lui dĂ©livra une patente portant sur tous les droits commerciaux et territoriaux de la couronne anglaise, indĂ©pendamment du souverain local ou des droits d’autres nations. L’amiral Robert Holmes fut envoyĂ©, Ă  la tĂȘte d’une flotte de cinq bateaux, surveiller la cĂŽte occidentale de l’Afrique pour y protĂ©ger les intĂ©rĂȘts de la compagnie et de l’Angleterre. Il fit Ă©riger un fort sur Dog Island, qu’il nomma alors Charles Island. Il occupa James Island, toujours officiellement courlande mais sous occupation nĂ©erlandaise, le , et lui donna son nom actuel en hommage au directeur de la compagnie, comte d’York et futur roi d’Angleterre Jacques II. Il y construisit de nouvelles fortifications, Fort James, et y stationna une garnison.

À la fin de la DeuxiĂšme guerre anglo-nĂ©erlandaise (1665 – 1667), la Company of Royal Adventurers pĂ©riclita mais la Compagnie royale d'Afrique fut fondĂ©e en lieu et place de la premiĂšre. Le , les postes courlandes furent officiellement cĂ©dĂ©s Ă  l’Angleterre. Robert Holmes prit de nombreux comptoirs appartenant Ă  la Compagnie nĂ©erlandaise des Indes occidentales pour le compte de la RAC.

Entretemps, Ă  partir de 1626, la France s’était installĂ©e sur le territoire de l’actuel SĂ©nĂ©gal, sur le cours infĂ©rieur du fleuve homonyme. La Compagnie du SĂ©nĂ©gal, fondĂ©e en 1673 conclut des traitĂ©s avec les Nuimi lui permettant d’ouvrir un comptoir Ă  Albreda, prĂšs de Juffureh et de l’üle James, en 1681. Trois ans plus tard, la Compagnie royale d'Afrique racheta la Gambia Adventurers et tout le SĂ©nĂ©gal fut occupĂ© par l’Angleterre entre janvier et juillet 1693. Tout au long du siĂšcle qui suivit, les diffĂ©rentes nations prĂ©sentes dans la rĂ©gion se disputĂšrent l’üle James, et par lĂ  la domination Ă©conomique et politique sur le fleuve. Le , elle fut prise par la France, sans toutefois ĂȘtre occupĂ©e, Ă  l’issue d’une bataille navale pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Elle fut rĂ©trocĂ©dĂ©e Ă  l’Angleterre en septembre 1697 dans le cadre de la paix de Rijswijk. La Compagnie royale d'Afrique s’employa Ă  reconstruire le fort Ă  partir d’avril 1699 mais Ă  la suite de la perte de son monopole commercial sur la Gambie l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, elle fut contrainte de compter avec des concurrents. En 1702, l'Ăźle James passa dĂ©finitivement sous contrĂŽle britannique. Fort James fut dĂ©saffectĂ© et inoccupĂ© du au . Les TraitĂ©s d'Utrecht confirmĂšrent cette situation et la Compagnie royale d'Afrique racheta Fort James en 1717.

Fort Albreda fut dĂ©truit en 1746, pendant la guerre de Succession d'Autriche, et ne fut reconstruit qu’à la faveur du traitĂ© d'Aix-la-Chapelle en 1748.

À partir de 1750, la Company of Merchant Adventurers assuma l'administration de la Gambie. De 1758 Ă  1779, la Gambie faisait partie d'un territoire alors appelĂ© SĂ©nĂ©gambie. En effet, durant cette pĂ©riode, les britanniques avaient Ă©galement conquis des positions françaises le long du fleuve SĂ©nĂ©gal. Ces positions repasseront finalement sous contrĂŽle français quelques annĂ©es plus tard.

La colonie britannique

Le traité de Versailles du 3 septembre 1783 confirme que le Sénégal appartient à la France tandis que le territoire de la future Gambie est accordé au Royaume-Uni.

Pendant la Révolution française, les comptoirs français sur la cÎte sont occupés par la Grande-Bretagne, entre 1793 et 1815, puis restitués à la France, aux suites du traité de Vienne, en 1815. Les Français reprennent possession des cÎtes du Sénégal, au début de 1816, et la Gambie est confirmée colonie britannique.

De 1821 Ă  1843, la Gambie est placĂ©e sous la juridiction du Sierra Leone, sous l’autoritĂ© d’un gouverneur britannique. Il s’agit d’une zone majeure pour le commerce de la gomme.

En 1843 la Gambie est une « Colonie de la Couronne ». Elle inclut Bathurst, environ 600 habitants, ses environs, AlbrĂ©da, le fort Barren et l’üle fortifiĂ©e de Mc Carthy. La France souhaite acquĂ©rir la Gambie pour des raisons commerciales, et offrir au Royaume-Uni en Ă©change des comptoirs du golfe de GuinĂ©e : pour Faidherbe, cela ferait « une belle SĂ©nĂ©gambie compacte ». Cela permettrait Ă  la France de contrĂŽler le commerce des arachides et de combattre les rebelles anti-expansionnisme français du SĂ©nĂ©gal qui se rĂ©fugiaient en Gambie. En 1857, le comptoir français d'Albreda est cĂ©dĂ© aprĂšs un commun accord aux Britanniques. En 1865, des nĂ©gociations franco-britanniques dĂ©butent mais le Royaume-Uni voit peu d’intĂ©rĂȘt dans les colonies proposĂ©es par la France. Il prĂ©fĂ©rerait des concessions territoriales autour des Ăźles de Loos et du fleuve MellacorĂ©e (territoires guinĂ©ens commerciaux). Les nĂ©gociations sont interrompues par la guerre de 1870.

De 1866 Ă  1888, la Gambie est Ă  nouveau avec le Sierra Leone puisque quatre colonies britanniques (Gambie, Sierra Leone, Lagos et CĂŽte de l’Or) sont regroupĂ©es dans « Les Ă©tablissements britanniques de l’Afrique Occidentale » (West African Settlements). Le gouvernement central se situe Ă  Freetown, au Sierra Leone. Des conflits ont lieu entre Peuls et MalinkĂ©s. La Gambie dispose de son propre gouverneur. Puis, des nĂ©gociations franco-britanniques territoriales reprennent : le Royaume-Uni propose cette-fois la Gambie en Ă©change de l’arrĂȘt de toute activitĂ© française autour du golfe de GuinĂ©e, ce que la France refuse. En 1876, une brochure britannique Ă©crit qu’il ne faut pas « abandonner la riche Gambie et ses populations » Ă  la « barbarie du gouvernement français ».

En 1888, la Gambie est une colonie Ă  nouveau Ă  part entiĂšre. C’est le dĂ©but du dĂ©veloppement de la culture de l’arachide pour ce pays qui sera surnommĂ© rapidement « colonie de l’Arachide ».

En 1889, un traité franco-britannique fait de la Gambie une possession britannique. Les frontiÚres, imposées par ces deux puissances coloniales, seront toutefois contestées en Gambie comme au Sénégal car elles dessinent un territoire en longueur et totalement enclavé dans le Sénégal français.

En 1894, une ordonnance fait officiellement de la Gambie un protectorat britannique Ă  l’exception de l’üle Sainte-Marie qui reste une colonie. Les colonisateurs appliquent alors leur « Indirect Rule » : la Gambie est divisĂ©e en diffĂ©rent districts mais le systĂšme traditionnel de chef et sous-chefs est maintenu.

Pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, les soldats de la Gambie combattent avec les AlliĂ©s. La capitale Banjul est un port et un arrĂȘt aĂ©rien pour les AlliĂ©s.

Timbre de 1922

La Gambie indépendante

Processus d'indépendance

Progressivement, des Gambiens sont intĂ©grĂ©s dans l’administration de leur pays. En 1954, la Grande-Bretagne donne son accord pour que la Constitution soit amendĂ©e pour augmenter la reprĂ©sentation au sein du Conseil LĂ©gislatif des Gambiens, les « membres non fonctionnaires » deviennent majoritaires. La Constitution est une nouvelle fois amendĂ©e en 1960 : le Conseil LĂ©gislatif devient la « Chambre des ReprĂ©sentants » , six ministres sont prĂ©vus avec un ministre principal instaurĂ© en 1961.

En 1961, une confĂ©rence constitutionnelle au sujet de la Gambie a lieu Ă  Londres oĂč l’autonomie interne est partiellement accordĂ©e. Le gouverneur britannique doit agir en accord avec les recommandations d’un Conseil ExĂ©cutif essentiellement composĂ© de Gambiens, le gouverneur garde toutefois le privilĂšge de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et de la dĂ©fense. Le , l’autonomie complĂšte est accordĂ©e Ă  la Gambie. Le ministre principal devient le premier ministre , le Conseil exĂ©cutif devient le Cabinet. C’est le dĂ©but de la carriĂšre politique du nouveau premier ministre, Dawda Jawara.

En 1964, une nouvelle confĂ©rence constitutionnelle a lieu Ă  Londres pour fixer les modalitĂ©s de l’indĂ©pendance.

La Gambie devient indĂ©pendante le . C’est la derniĂšre colonie britannique Ă  devenir indĂ©pendante : le manque de ressources Ă©conomiques et sa petite taille rendent son avenir incertain. Rapidement, un rĂ©fĂ©rendum est soumis au peuple pour un amendement de la constitution qui transformerait la Gambie en rĂ©publique. Il n’y aurait plus de monarque mais un prĂ©sident, Jawara. C’est un Ă©chec Ă  trĂšs peu de voix (758). Il est difficile d’interprĂ©ter ce vote qui peut ĂȘtre une position de principe mais aussi un simple « vote d’opposition » Ă  Jawara. De plus, une partie de la population craint le souhait d’une partie de la population du SĂ©nĂ©gal : l’annexion de la Gambie. Il y a donc derriĂšre ce vote aussi l’idĂ©e que la reine Élisabeth II empĂȘcherait l’invasion militaire par le SĂ©nĂ©gal et protĂ©gerait l’autonomie de la Gambie.

En 1967, Jawara rencontre LĂ©opold SĂ©dar Senghor, prĂ©sident du SĂ©nĂ©gal. Ils concluent un accord le qui prĂ©voit la crĂ©ation d’un comitĂ© ministĂ©riel interĂ©tatique et prĂ©voit une rencontre tous les ans en janvier.

La Gambie devient une république le pour des raisons économiques, budgétaire mais aussi une idée de fierté nationale. Dawda Jawara devient président de la république de Gambie.

La Gambie sous Dawda Jawara

En 1962, Grande-Bretagne et SĂ©nĂ©gal font la dĂ©marche conjointe auprĂšs des Nations unies pour la demande d’une crĂ©ation d’une commission internationale chargĂ©e d’examiner les problĂšmes d’une association SĂ©nĂ©gal-Gambie. En 1967, Jawara rencontre LĂ©opold SĂ©dar Senghor, prĂ©sident du SĂ©nĂ©gal. Ils concluent un accord le qui prĂ©voit la crĂ©ation d’un comitĂ© ministĂ©riel interĂ©tatique et prĂ©voit une rencontre tous les ans en janvier.

En 1970, des accords de coopĂ©ration entre SĂ©nĂ©gal et Gambie s’amorcent. La Gambie, sans armĂ©e, a tout intĂ©rĂȘt dans l’accord de dĂ©fense. L’autre partie de l’accord concerne la mise en valeur du bassin du fleuve Gambie.

En 1981, une tentative de Coup d’État fragilise le gouvernement de Jawara. Cette tentative est menĂ©e par Kukoi Samba Sanyang. SĂ©journant Ă  Londres, il appelle le SĂ©nĂ©gal Ă  l’aide pour vaincre les rebelles en vertu de l’accord de 1967.

En 1982, une confĂ©dĂ©ration SĂ©nĂ©gambie est signĂ©e[1]. Il s’agit d’une unification Ă©conomique, monĂ©taire et militaire. Le SĂ©nĂ©gal dĂ©cide de geler le projet d'unification en 1989, le prĂ©sident sĂ©nĂ©galais Abdou Diouf constatant qu'« aucun progrĂšs rĂ©el ne se fait [...] vers l'intĂ©gration des deux Etats »[2].

La Gambie sous Yahya Jammeh

L'Arche 22, commĂ©moration du coup d'État de 1994

.

En 1994, Yahya Jammeh effectue un coup d’État appuyĂ© par des troupes gambiennes ayant participĂ© Ă  la Force Ouest au LibĂ©ria, mĂ©contentes du retard de paiement de leur solde. Pendant deux ans, il est chef de l’AFPCR (Armed Forces Provisionnal Ruling Council) , un gouvernement transitoire de type dictatorial. Le gouvernement rĂ©tablit la peine de mort pour empĂȘcher les contestations.

À la suite du coup d’État, la communautĂ© internationale suspend les aides attribuĂ©es Ă  la Gambie et la Grande-Bretagne dĂ©conseille la Gambie comme destination touristique. Jammeh prĂ©voit alors des Ă©lections en 1996 (ce que le Commonwealth continue de condamner) oĂč il est Ă©lu.  C’est le dĂ©but de la Seconde RĂ©publique, mais dans un climat de rĂ©pression : les autres partis de Gambie sont interdits d’activitĂ©, les arrestations arbitraires se multiplient
 Les nombreuses tentatives pour renverser Jammeh ne font qu’empirer sa politique Ă  l’égard de ses opposants.

En 2001, Jammeh est rĂ©Ă©lu face Ă  Oussainou Darboe, un avocat des droits de l’homme du parti United Democrat Party (UDP). En 2006 Jammeh est rĂ©Ă©lu pour un troisiĂšme mandat Ă  66 %. Une tentative de coup d’État a eu lieu en 2006 : l’ancien chef de l’armĂ©e est accusĂ©. En 2011, Jammeh est rĂ©Ă©lu Ă  72 % des suffrages. Il dĂ©clare ĂȘtre « prĂȘt Ă  diriger le pays un milliard d’annĂ©es ». Son opposant Darboe qualifie le scrutin de « frauduleux et grotesque ». La CommunautĂ© Ă©conomique des États de l’Afrique de l’Ouest estime elle aussi que les Ă©lections n’ont pas Ă©tĂ© transparentes.

Le gouvernement de Jammeh devient de plus en plus policier, il ignore les ONG et la Commission Africaine des droits de l’homme. Sont dĂ©noncĂ©s par ces derniers le traitement discriminatoire des homosexuels, l’usage de la torture et la violence des services de renseignement, surnommĂ©s les « Jungelers ».

Le , Jammeh annonce que la Gambie quitte le Commonwealth, et qu’elle ne fera plus jamais partie d’une organisation de ce type[3]. En , l’arabe remplace l’anglais comme langue officielle.

Le , une autre tentative de coup d’État a lieu en Gambie pendant que Jammeh est Ă  DubaĂŻ. Il accuse fortement les puissances occidentales d’avoir aidĂ© des terroristes pour le renverser. La rĂ©pression et les accusations arbitraires s'accentuent.

En , sept partis d'opposition choisissent un candidat unique, Adama Barrow, pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle. Adama Barrow remporte l'Ă©lection Ă  l'unique tour de scrutin en recueillant 43,3 % des suffrages, contre le prĂ©sident sortant[4] qui arrive second avec 39,6 % des suffrages. Le , Yahya Jammeh instaure l'Ă©tat d'urgence[5] et le lendemain, le Parlement prolonge son mandat de trois mois, jusqu'au [6]. Le , Adama Barrow prĂȘte serment Ă  l'ambassade de Gambie Ă  Dakar[7]. Devant le refus de Yahya Jammeh de lui cĂ©der le pouvoir, malgrĂ© les injonctions de la CÉDÉAO, l'armĂ©e sĂ©nĂ©galaise pĂ©nĂštre en territoire gambien dans le courant de l'aprĂšs-midi. Le soir mĂȘme, le chef de l'armĂ©e gambienne, le gĂ©nĂ©ral Ousman Badjie, dĂ©clare Ă  des ressortissants occidentaux qu'il n'ordonnera pas Ă  ses hommes de rĂ©sister en cas d’intervention des troupes africaines[8].

La Gambie post-Yahya Jammeh

Le , Yahya Jammeh accepte de se retirer et de quitter le pays, aprÚs une médiation du dirigeant guinéen Alpha Condé et du dirigeant mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz[9] - [10]. Le pays tourne ensuite, progressivement la page de la dictature. Une commission est mise en place pour proposer des modifications de la constitution, avec notamment une limitation du nombre de mandats présidentiels[11]. une autre commission, Vérité, réconciliation et réparation, est lancée en . Elle est chargée de faire la lumiÚre sur les crimes durant la dictature de Jammeh. Ses auditions, retransmises à la radio et sur une télévision, sont un succÚs public[12].

Le , Dawda Jawara décÚde, il avait était premier Premier ministre de Gambie entre 1962 et 1970, puis le premier président de la République de Gambie de 1970 à 1994.

Notes et références

  1. « SĂ©nĂ©gambie », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. « AoĂ»t 1989 dans le monde », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. RĂ©daction du Monde et AFP, « La Gambie se retire du Commonwealth », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. « En Gambie, le prĂ©sident Yahya Jammeh reconnaĂźt sa dĂ©faite Ă  la prĂ©sidentielle », Le Temps,‎ (lire en ligne)
  5. « Gambie: Ă  la veille de la fin de son mandat, Jammeh dĂ©crĂšte l’état d’urgence », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  6. « Le mandat prolongĂ© du prĂ©sident Jammeh fait perdurer l'impasse politique en Gambie », ICI Radio-Canada PremiĂšre,‎ (lire en ligne)
  7. « Adama Barrow, le nouveau prĂ©sident de Gambie, a prĂȘtĂ© serment au SĂ©nĂ©gal », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. « Crise en Gambie sur la prise de pouvoir. Intervention des troupes sĂ©nĂ©galaises », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  9. AFP, AP et Reuters, « Gambie : le prĂ©sident sortant Yahya Jammeh accepte de quitter le pouvoir », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  10. Patricia Huon, « AcculĂ©, le dictateur Jammeh quitte le pouvoir et la Gambie », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne)
  11. « Gambie: le projet de reforme constitutionnelle d’Adama Barrow limite les mandats prĂ©sidentiels », BĂ©nin Web Tv,‎ (lire en ligne)
  12. Romain Chanson, « En Gambie, succĂšs populaire des auditions de la Commission vĂ©ritĂ© et rĂ©conciliation », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • (en) David P. Gamble, From the Gambian rebellion to the Senegambian confederation : a provisional bibliography, San Francisco, Gambians Studies no 16, 1983, 41 p.
  • (en) John Milner Gray (Sir), A history of the Gambia, Cass, Londres, 508 p.
  • (en) William Temple Hamlyn, A Short History of the Gambia, Gambia Education Department Publication no 2, Bathurst (Banjul), 1931, 53 p.
  • (en) Arnold Hughes et David Perfect, A political history of the Gambia, 1816-1994, University of Rochester Press, Rochester, N.Y., 2006, 530 p. (ISBN 1580462308)
  • (en) Arnold Hughes et Harry A. Gailey, Historical dictionary of the Gambia, Scarecrow Press, Lanham, Md., Londres, 1999, 231 p. (ISBN 0810836602)
  • (en) Bella Sidney Woolf Southorn, The Gambia : the story of the Groundnut Colony, Allen & Unwin, Londres, 1952, 283 p.
  • (fr) Alice Bellagamba, Ethnographie, histoire et colonialisme en Gambie, L'Harmattan, Paris, 2002, 277 p. (ISBN 2747532836)

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

Généralités

Les premiers temps

Les anciens royaumes

L'époque précoloniale

La colonie britannique

L'indépendance de la Gambie

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