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Helix pomatia

Helix pomatia, de ses noms vernaculaires français escargot de Bourgogne, gros blanc, ou escargot de Champagne, est une espÚce d'escargots de la famille des Helicidae, et du genre Helix. Il est le plus consommé en France, préparé en coquille et au beurre persillé.

EspĂšce protĂ©gĂ©e en France par arrĂȘtĂ© ministĂ©riel du qui interdit son ramassage du 1er avril au 30 juin (pĂ©riode de reproduction) en raison d'une importante menace de disparition progressive, son ramassage et sa vente ne sont autorisĂ©s que du 1er juillet au 31 mars et seulement pour des escargots dont la coquille a au moins cm de diamĂštre. D'Ă©levage Ă©conomiquement non rentable, il provient du ramassage naturel des pays de l’Est.

Histoire gastronomique

On trouve dans le Dictionnaire universel de Cuisine Pratique (1905) de Joseph Favre une explication de l'expression « escargots de Bourgogne Â»[1], qu'il appelle au vrai « escargots Ă  la bourguignonne Â».

Historique et dénomination

L'espÚce Helix pomatia a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758[2].

Noms vernaculaires

Son nom vernaculaire le plus courant en France est escargot de Bourgogne. Il est aussi appelé « gros blanc » et plus rarement escargot de Champagne. Ses noms viennent du fait que ces régions françaises font partie de l'aire de répartition naturelle de cette espÚce qui apprécie les sols calcaires, mais surtout que leurs gastronomies respectives offrent une place importante à cet escargot.

Description

Coquille d'Helix pomatia - Muséum de Toulouse

Sa coquille mesure 30 Ă  45 mm par 30 Ă  50 mm pour un poids adulte de 25 Ă  45 g. Elle est blanche Ă  lĂ©gĂšrement brune souvent avec une bande brune indistincte. Le pĂ©ristome est blanc. Au fur et Ă  mesure qu'il grandit, l'escargot fabrique lui-mĂȘme sa coquille

La tĂȘte porte le mufle et quatre tentacules : deux petits, dirigĂ©s vers le bas, explorent le sol alors que les deux autres, terminĂ©s par les « yeux », sont dressĂ©s.

La bouche est arquĂ©e ; la lĂšvre supĂ©rieure festonnĂ©e recouvre une mĂąchoire en forme de petite lame dure et fixe. À l'intĂ©rieur se trouve la langue rĂąpeuse. Trois orifices sont visibles :

  • l'orifice de reproduction et de ponte situĂ© Ă  droite de la tĂȘte ;
  • l'orifice respiratoire et l'anus, tous deux situĂ©s Ă  la jointure de la coquille et du pied.

Biotope

ForĂȘts et habitats ouverts, jardins, vignobles. Il est le plus souvent sur substrat calcaire sinon probablement introduit. Il prĂ©fĂšre l'humiditĂ© forte et des tempĂ©ratures pas trop Ă©levĂ©es. Il a besoin d'un sol meuble pour s'y enfoncer lors de l'hibernation.

Il a un pouvoir de dispersion trĂšs faible avec des migrations n'excĂ©dant pas de 3,5 Ă  6 m.

Il est vulnérable aux travaux de drainage et à la destruction du couvert pour la culture, mais surtout par le ramassage qui en est fait à des fins de consommation.

RĂ©partition

Helix pomatia sur le Vennbahn

Europe Centrale et Sud-est, nord et centre des Balkans, nord de l'Italie, centre de la France, SuĂšde, NorvĂšge, Finlande, ouest de l'Angleterre (probablement non natif). Introduit localement en Russie.

Alimentation & métabolisme

L'escargot est herbivore et parfois détritivore. Il se nourrit plus particuliÚrement dans les zones herbacées.

Il se nourrit de plantes fraßches mais aussi de déchets. Il a besoin d'un sol calcaire pour fabriquer sa coquille (ou d'un sol riche en minéraux).

Hesse a montrĂ© en 1910 qu'un H. pomatia adulte excrĂšte 3,85 mg d'azote par kg et par heure, sous forme d'acide urique (dont une faible part sous forme d'urate). Cet acide est la molĂ©cule finale du processus mĂ©tabolique de l'azote, il est synthĂ©tisĂ© dans les nĂ©phridies, lesquelles en fin d'hibernation peuvent en contenir jusqu'Ă  32 mg. (les 3/4 du poids du rĂ©sidu sec)[3].

Le suc digestif d'escargot contenu ÎČ-(I,3)-glucanase [4], une enzyme qui facilite la digestion des ÎČ-glucanes [5].

Reproduction

Il pond en mai ou juin, 2 Ă  8 semaines aprĂšs l'accouplement dans des trous creusĂ©s dans le sol. Il arrive Ă©galement que l'escargot ponde une douzaine d'Ɠufs supplĂ©mentaires en aoĂ»t ou septembre selon les rĂ©gions. En Europe Centrale la ponte a lieu de mai Ă  septembre.

Il a besoin d'une litiĂšre de 7 Ă  8 cm de profondeur pour pondre 40 Ă  80 Ć“ufs de mm. Le sol ne doit ĂȘtre ni trop sec ni trop humide. Dans les sols argileux durs, le taux de reproduction diminue car l'escargot ne peut pas enterrer ses Ɠufs et les nouveau-nĂ©s ont du mal Ă  en sortir. Un sol composĂ© de 30 % de matiĂšres organiques ainsi qu'une tempĂ©rature de 21 °C et un taux d'humiditĂ© de 80 % constituent les conditions idĂ©ales.

Les escargots perdent un poids substantiel aprĂšs la ponte. Environ un tiers ne s'en remettent pas.

Les Ɠufs sont recouverts d'un mĂ©lange de bave et de terre qui permet de les conserver humides.

Les petits Ă©closent 3 Ă  4 semaines aprĂšs la ponte, selon les conditions de tempĂ©rature et d'humiditĂ©.

Il est actif du printemps jusqu'au premier froid puis il creuse un trou profond (jusqu'Ă  30 cm) et ferme sa coquille pour hiberner tout l'hiver.

Il atteint la maturitĂ© sexuelle entre 2 et 5 ans.

Dans la nature, il vit 7 Ă  8 ans en moyenne et peut atteindre l'Ăąge de 10 ans en captivitĂ©.

Accouplement, couleur plus claire du « gros blanc »

Gestion des populations

Depuis 1979 en France, certaines espÚces d'escargots, en particulier Helix pomatia, font l'objet d'une protection spéciale prévoyant l'interdiction du ramassage pendant la période de reproduction, du 1er avril au inclus. Durant les autres mois de l'année, le ramassage de l'escargot de Bourgogne est autorisé, à l'exception des sujets dont le diamÚtre est inférieur à trois centimÚtres.

Utilisations

Pharmaceutique

L'extrait prĂ©parĂ© Ă  partir de cet escargot (l'hĂ©licidine, une mucoglycoprotĂ©ine) est utilisĂ© pour ses propriĂ©tĂ©s broncho-relaxantes[6]. Cette substance est utilisĂ©e dans des sirops contre la toux sĂšche[7]. Toutefois, l’hĂ©licidine orale a Ă©tĂ© incriminĂ©e dans des cas d'allergies et de troubles respiratoires, en particulier chez les nourrissons, et depuis , son usage est contre-indiquĂ© chez les nourrissons de moins de 2 ans en raison du risque d’aggravation des troubles respiratoires (encombrements, bronchiolites, etc.)[8].

Un extrait d'Helix pomatia était utilisé en immuno-hématologie comme sérum test anti-A, car il se lie spécifiquement à la N-Acétylgalactosamine[9].

Gastronomique

Escargot Ă  la coquille brune
Escargot de Bourgogne, vu de face

L'escargot de Bourgogne est généralement considéré par les amateurs comme d'un goût plus marqué et à la chair plus ferme que le petit-gris.

L'escargot de Bourgogne est un mets traditionnel de la gastronomie française, en particulier dans les cuisines bourguignonne et champenoise. La cuisine allemande l'utilise aussi, comme dans le soupe aux escargots du Pays de Bade. Comme pour tous les escargots sauvages voués à l'alimentation humaine, il est nécessaire de le faire jeûner pour lui permettre d'évacuer les végétaux potentiellement toxiques pour l'Homme. Sa collecte dans le milieu naturel est simple si ce n'est qu'il est préférable de l'effectuer dans des milieux exempts de pollutions agrochimiques, pétrochimiques, etc.

Son élevage est difficile, la majorité des escargots de Bourgogne du commerce est importée de Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchéquie, Bosnie-Herzégovine à partir de ramassage dans la nature. Contrairement à une idée répandue, son ramassage ne s'effectue pas en GrÚce mais il existe des transformateurs agroalimentaires qui importent le produit brut.

Les importations se basant sur le prĂ©lĂšvement naturel en font un aliment Ă  risque par la capacitĂ© des escargots Ă  fixer les contaminants et les plantes toxiques pour l'Homme. Il est donc prĂ©fĂ©rable de les collecter soi-mĂȘme ou de se fournir auprĂšs d'une personne de confiance.

Notes et références

  1. reproduite sur le site Paris-Bistro.com.
  2. Linnaeus, C. 1758: Systema Naturae per regna tria naturé, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. Holmié: impensis direct. Laurentii Salvii. i–ii, 1–824 pp : page 159
  3. Bricteux-Grégoire, S., & Florkin, M. (1962). Les excreta azotés de l'escargot « helix pomatia » et leur origine métabolique. Archives Of Physiology And Biochemistry, 70(4), 496-506.
  4. Khoufache K., Benallaoua S., Idres N., Kecha M., Bellal M.m. Extraction Et Purfication De L'exo-p-(i-3)- Glucanase Du Suc Digestif D'escargot (helix Pomatia ). Etude De La Protoplastisation Sur Saccharomyces Cerevisiae Algerian Annals of Agronomy Volume 22, NumĂ©ro 1, Pages 61-77; 2001-06-01 ← Andreev, Nadejda https://link.springer.com/article/10.1007/s10531-005-3433-1
  5. Tharuka Gunathilake, Taiwo O.Akanbi, QuanVan Vuong, Christopher J.Scarlett, Colin J.Barrow https://www.sciencedirect.com/topics/agricultural-and-biological-sciences/beta-glucanase, https://www.sciencedirect.com/
  6. « L'effet broncho-relaxant de l'hĂ©licidine, un extrait d’Helix pomatia, fait intervenir une libĂ©ration de prostaglandine E[2] », sur le site de l’Institut de l'information scientifique et technique (consultĂ© le )
  7. La Base BIAM a enregistré cette molécule sans plus de précision http://www.biam2.org/www/Sub3519.html
  8. « “Mucolytiques” et hĂ©licidine : contre-indication chez les moins de 2 ans justifiĂ©e » (consultĂ© le )
  9. WTJ Morgan et al., Observations on the blood group Sda activity of Tamm & Horsfall urinary glycoprotein, 1981 DOI 10.1016/S0338-4535(81)80026-8

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

Bibliographie

  • Jean Cadart, Les Escargots : (Helix pomatia L. et Helix aspersa M.) : biologie, Ă©levage, parcage, histoire, gastronomie, commerce, prĂ©face de Gilbert Ranson, Paris : chez Paul Lechevalier, 1955, 240 p.
  • Bricteux-GrĂ©goire, S., & Florkin, M. (1962). Les excreta azotĂ©s de l'escargot « helix pomatia » et leur origine mĂ©tabolique, Archives Of Physiology And Biochemistry, 70(4), 496-506.
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