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Harry Peulevé

Harry PeulevĂ© (1916-1963) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret britannique du Special Operations Executive qui aida la rĂ©sistance française. En tant que chef du rĂ©seau AUTHOR, il fut Ă  la tĂŞte de plus de 4 000 rĂ©sistants dans la Corrèze Ă  partir de . ArrĂŞtĂ© en , son rĂ©seau continua sous la direction de Jacques Poirier, sous le nom de DIGGER. Il fut dĂ©portĂ© au camp de Buchenwald. Des 27 agents du SOE envoyĂ©s dans ce camp, PeulevĂ© fut l’un des sept Ă  avoir survĂ©cu.

Harry Peulevé
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  47 ans)
Séville
Nationalité
Formation
Rye College (en)
Activités
Militaire, agent du SOE
Autres informations
Conflit
Lieu de détention
Distinctions

Biographie

Jeunesse

1916. Harry Peulevé naît à Worthing, Sussex, le .

Éducation en Angleterre, King Edward VI School (Stratford-upon-Avon), Rye Grammar School.

Il étudie l’ingénierie électrique à Londres. Il obtient sa licence.

Entre 1936 et 1939 il est employé à la BBC comme cadreur à Alexandra Palace.

Quand la guerre est dĂ©clarĂ©e, il n’y a que 7 000 personnes qui possèdent un poste de tĂ©lĂ©vision en Grande-Bretagne, il perd son emploi. Il rejoint l’armĂ©e britannique, qui l'envoie dans les Royal Army Ordnance Corps (RAOC).

Agent du SOE

1942.

Première mission en France. Sous le nom de guerre « Hilaire », il doit être l'opérateur radio du réseau SCIENTIST de Claude de Baissac dans le sud-ouest.

  • . Claude de Baissac « David » et Harry PeulevĂ© « Hilaire », qu’il a choisi pour ĂŞtre son opĂ©rateur radio, embarquent sur un bombardier Halifax et sont parachutĂ©s en France, Ă  Caissargues, près de NĂ®mes. Malheureusement ils sont lâchĂ©s trop bas et les deux hommes sont sĂ©rieusement blessĂ©s. PeulevĂ© s’est cassĂ© la jambe.
  • AoĂ»t. Il est traitĂ© dans un couvent de NĂ®mes, puis en septembre il se dĂ©place Ă  Cannes pour prendre contact avec Peter Churchill, chef du rĂ©seau SPINDLE.
  • Novembre. Il y rencontre Jacques Poirier, un jeune rĂ©sistant qui va le suivre Ă  Londres. PeulevĂ© se cache dans la maison de la famille Poirier, Ă  Beaulieu-sur-Mer.
  • . PeulevĂ© et Poirier quittent le CĂ´te d'Azur. Ils vont Ă  Marseille, puis Perpignan.
  • . Après leur arrivĂ©e Ă  la ville frontalière de CĂ©ret, ils traversent les PyrĂ©nĂ©es, et arrivent en Espagne oĂą ils sont emprisonnĂ©s au camp de Figueras, puis Jaraba.

1943.

  • . Il parvient Ă  s'Ă©chapper de Jaraba et Ă  rentrer Ă  Londres.
  • Il suit un entraĂ®nement complĂ©mentaire.
  • Juin. Il rencontre Violette Szabo, avec qui il se lie d’amitiĂ©.
  • AoĂ»t. Claude de Baissac s'est mis en rapport avec un groupe de FTP autour de Tulle dans le dĂ©partement de la Corrèze, qui reconnaissent le romancier AndrĂ© Malraux comme leur chef et veulent se procurer des armes. Quand de Baissac est arrivĂ© Ă  Londres en aoĂ»t, il a proposĂ© d'ajouter ces nouvelles recrues Ă  SCIENTIST. Mais la section F a objectĂ© Ă  juste titre que son rĂ©seau Ă©tait dĂ©jĂ  assez Ă©tendu comme ça et lui a demandĂ© de transmettre Ă  Harry PeulevĂ© les adresses de ses contacts en Corrèze, ce qu'il fait bien volontiers car il a confiance en lui.

Deuxième mission en France : il vient organiser le réseau AUTHOR en Corrèze. Son nom de guerre est « Jean ». Il doit assurer lui-même la fonction d'opérateur radio. Au début, il sera le seul agent du réseau entraîné outre-Manche. La tâche de Peulevé est assez difficile, vu l'hostilité habituelle de la plupart des communistes envers les Britanniques, qu'ils méprisent et qu'ils accusent même d'être des bellicistes capitalistes.

  • 17/. Dans la nuit, un Lysander le dĂ©pose près d'Angers[2].
  • . ConformĂ©ment aux consignes, il prend contact avec Marc O'Neill (alias Marc Blatin) installĂ© 2, avenue Champaubert, Ă  Paris, qui doit le mettre en rapport avec AndrĂ© GrandclĂ©ment. Il apprend l'arrestation de GrandclĂ©ment le jour mĂŞme.
  • Ses difficultĂ©s se multiplient quand il arrive Ă  Bordeaux dans les moments initiaux et les plus agitĂ©s de l'affaire GrandclĂ©ment. Avec une sĂ»retĂ© et une maĂ®trise de ses nerfs peu communes, il est passĂ© sur la pointe des pieds Ă  travers les fragments de SCIENTIST, qui venait de s'Ă©crouler, n'Ă©tant remarquĂ© par personne. Il disparaĂ®t vers l'est, de façon aussi discrète qu'il Ă©tait arrivĂ© dans la vallĂ©e de la Loire.
  • Il est mis en relation successivement avec Roger Landes (agent responsable de SCIENTIST), Jean Charlin, Maurice Arnouil (ingĂ©nieur et rĂ©sistant basĂ©e Ă  Brive-la-Gaillarde), Gontrand Royer et RenĂ© Vaujour (alias HervĂ©, responsable pour la Corrèze de l'AS), et quelques semaines plus tard avec AndrĂ© Malraux.
  • Arrivant dans la zone choisie en Corrèze, il trouve un groupe de guĂ©rilla actif.
  • Mi-septembre-mi-novembre. Les forces locales de rĂ©sistance (FTP et ArmĂ©e Secrète), sont engagĂ©es dans des combats furtifs presque continuels avec l'ennemi, qui essaie dĂ©jĂ , sans succès, de pacifier une partie turbulente de la France, comme il a essayĂ© de pacifier les parties turbulentes des Balkans et de la Russie de l'ouest.
  • Fin octobre. Il commence Ă  communiquer par radio : il annonce qu'il est dĂ©jĂ  installĂ©.
  • Novembre. PeulevĂ© recrute un opĂ©rateur radio, Louis Bertheau, et Louis Delsanti, ancien commissaire de police d'Ussel. Bertheau s'installe dans le Moulin du Breuil Ă  Meymac, oĂą il commence Ă  transmettre des messages Ă  Londres[3].

1944.

  • Hiver. Les survivants de la guĂ©rilla se sont retirĂ©s dans la clandestinitĂ©. AUTHOR reste compact et sĂ»r malgrĂ© son effectif important, parce que c'est un rĂ©seau de campagne, oĂą donc tout le monde connaĂ®t tout le monde.

Bilan de sa mission. En Corrèze et en Dordogne, pendant six mois, il a armé et entraîné les forces séparées d'environ 1500 FTP, et environ 2500 sous la direction de l'Armée Secrète. Il a aussi formé un garde du corps personnel, « le groupe Raymond » dirigé par Raymond Maréchal, un ami de André Malraux.

Aux mains de l'ennemi

  • Mars. Le 21, il est arrĂŞtĂ© Ă  Brive-la-Gaillarde. Il a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© pour marchĂ© noir par un voisin.
  • Mars (suite). Son assistant Jacques Poirier « Nestor » peut reprendre le travail lĂ  oĂą il l'a laissĂ©, avec un nouveau nom de rĂ©seau, DIGGER.
  • Tentative d’évasion. De retour Ă  Fresnes d’un interrogatoire infructueux avenue Foch, il parvient Ă  se fondre dans un groupe de visiteurs français qui quittent la prison. Avec eux, il file droit sur l’entrĂ©e principale, montre Ă  la sentinelle un papier blanc en guise de laissez-passer et se met Ă  courir. Mais la sentinelle donne l’alarme. Il est blessĂ©, puis repris dans un jardin des environs. LaissĂ© sans soins, il parvient Ă  extraire avec une cuillère la balle qui l’a atteint.
  • Il s’entend dire par les Allemands : « Bien sĂ»r, vous rĂ©alisez que nous avons un agent Ă  nous qui travaille Ă  Orchard Court, et que nous connaissons l’identitĂ© de tous vos agents ». PeulevĂ© comprend qu’il s’agit d’un bluff et continue Ă  ne livrer aucune information. Il parvient Ă  faire croire qu’il est un simple opĂ©rateur radio qui a vĂ©cu dans un isolement strict. Les Allemands ne se douteront jamais qu’il Ă©tait chef d'un rĂ©seau qui avait plus de 3 000 hommes sous ses ordres.
  • . Il est conduit Ă  la prison de Fresnes.
  • Pendant ses interrogatoires, il croise Violette Szabo un court moment. Mais ils sont sĂ©parĂ©s.
  • . PeulevĂ© est dĂ©portĂ© de Paris au camp de concentration de Buchenwald avec 36 agents britanniques français et belges. Il est brièvement rĂ©uni avec Violette Szabo, mais ils sont sĂ©parĂ©s (Violette est dĂ©portĂ©e Ă  RavensbrĂĽck). Les hommes arrivent Ă  Buchenwald le .
  • . Seize agents sont exĂ©cutĂ©s par pendaison. Eugen Kogon et Alfred Balachowsky, qui travaillent dans le bloc des expĂ©riences mĂ©dicales, persuadent Erwin Ding-Schuler, le docteur SS responsable, de permettre Ă  trois agents prisonniers d’échanger leurs identitĂ©s avec trois Français en train de mourir du typhus et dont le corps doit ĂŞtre incinĂ©rĂ© dès leur dĂ©cès[5]. Il est convenu que cela serait mis Ă  crĂ©dit de Erwin Ding-Schuler auprès des alliĂ©s. Forest Yeo-Thomas choisit PeulevĂ© et un agent du BCRA, StĂ©phane Hessel. Avec leurs nouvelles identitĂ©s, ils peuvent aller dans les blocs de prisonniers français et sortir du camp en tant que commandos de travail.
  • . Onze du groupe des agents sont exĂ©cutĂ©s par les SS.
  • 1er novembre. PeulevĂ© et Hessel sont transfĂ©rĂ©s Ă  Schönebeck, un camp de concentration près de Magdeburg. Quelques jours plus tard, Hessel est transfĂ©rĂ© une fois de plus, Ă  Rottleberode.
  • . Yeo-Thomas est transfĂ©rĂ© de Buchenwald Ă  Gleina[6].

1945.

  • . Harry PeulevĂ© s'Ă©chappe du Schönebeck.
  • PeulevĂ© est repris par deux SS Belges, presque Ă  portĂ©e de fusil des AmĂ©ricains. Il les persuade qu'il vaudrait mieux pour eux ne pas tomber entre les mains des AlliĂ©s dans cet uniforme. Les Belges le forcent Ă  se dĂ©shabiller pour pouvoir se partager ses vĂŞtements. PeulevĂ© attrape un pistolet que l'un d'eux a posĂ© pour se changer, et les fait prisonniers. Quelques heures après, il remet ses deux prisonniers aux AmĂ©ricains qui avancent.
  • . Erwin Ding-Schuler se suicide Ă  la prison de Freising, avant qu’aucun argument pour ou contre lui ait pu ĂŞtre exprimĂ©.

Après la guerre

Entre 1946 et 1956, Peulevé travaille à la Shell Oil Company au Venezuela, en Colombie, à Tunis et en Suez. Il est nommé directeur Amérique latine de Handy Angle en 1960, et directeur Europe occidentale en 1963[7].

1963. Le , Harry Peulevé meurt d’une crise cardiaque à l'Hotel Alfonso XIII, Séville, en Espagne.

Reconnaissance

Identités

  • État civil : Henri Leonard Thomas PeulevĂ©[8]
  • PrĂ©nom familier pour la famille : Henri
  • PrĂ©nom familier pour les camarades et amis : Harry
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Nom de guerre (field name) : « Hilaire » (première mission, 1942), puis « Jean » (seconde mission, 1943-44)
    • Nom de code opĂ©rationnel : AUTHOR (en français AUTEUR)
    • Nom de code du Plan, pour la centrale radio : MACKINTOSH
    • Fausse identitĂ© : Henri Chevalier
  • Ă€ Buchenwald :
    • Poole
    • Marcel Seigneur (identitĂ© empruntĂ©e Ă  un prisonnier dĂ©cĂ©dĂ©), no 76 635[9]

Famille

  • Son grand-père : Auguste LĂ©onard PeulevĂ©, Français (famille d’origine normande).
  • Son père : LĂ©onard Otho PeulevĂ©, Français.
  • Sa mère : Eva Juliet, nĂ©e Dallison, Britannique.
  • Sa sĹ“ur aĂ®nĂ©e : Annette, nĂ©e le (jour de dĂ©claration de guerre de l’Allemagne Ă  la France).

Notes et références

  1. Spirit of Resistance, p.17
  2. Opération MILLINER organisée par Henri Déricourt ; terrain : INDIGESTION, au N/NE d'Angers. C'est un doublé de Lysanders ; pilotes : wg cdr Hodges, flg off Bathgate ; personnes amenées (4) : Harry Peulevé, Yolande Beekman « Mariette » (courrier SOE affectée au réseau MUSICIAN de Gustave Biéler « Guy » vers Saint-Quentin), Harry Despaigne « Richard » (radio SOE affecté au réseau DETECTIVE d’Henri Sevenet près de Carcassonne) et Henri Derringer ou d'Érainger « Toinot » (agent gaulliste, de la section RF - voir le résumé de son dossier) ; personnes remmenées (6) : Benjamin Cowburn, John Goldsmith, Rémy Clément, 2 agents polonais, y compris André Renan, Lecointre (?) [Source : Verity, p. 280.]
  3. Spirit of Resistance, pp. 99-100
  4. Source : Poirier, p. 79-83.
  5. Bruce Marshall, ch. XIV.
  6. Bruce Marshall, p. 296.
  7. Spirit of Resistance, chapitre 13
  8. Certaines sources, telles que le site SFRoH, mentionnent - par erreur - un quatrième prénom : André. Voir le certificat de naissance
  9. Ruby, p. 230.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Fiche Peuleve, Henri Leonard Thomas Andre (Harry), avec photographies, surr le Special Forces Roll of Honour.
  • Michael R. D. Foot
    • Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
      Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
    • (en) Six Faces Of Courage. Secret agents against Nazi tyranny, Eyre Methuen Ltd, 1978 ; revised and updated edition, Leo Copper, 2003, (ISBN 0 85052 965 4). Le chapitre 4 est consacrĂ© Ă  Harry PeulevĂ©.
  • Bruce Marshall, Le Lapin blanc (The White rabbit), prĂ©face de Gilberte Pierre-Brossolette, Gallimard, 1953.
  • Guy Penaud :
    • Histoire de la RĂ©sistance en PĂ©rigord, Éditions Fanlac, 1985
    • AndrĂ© Malraux et la RĂ©sistance, Éditions Fanlac, 1987
    • Histoire secrète dans le Sud-Ouest, Éditions Sud Ouest, 1993.
  • Nigel Perrin, Spirit of Resistance: The Life of SOE Agent Harry PeulevĂ©, foreword by Professor M.R.D. Foot CBE, Pen & Sword, 2008. Voir le site de l'auteur.
  • Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit, 5e Ă©dition revue et augmentĂ©e, Éditions Vario, 2004, (ISBN 2-913663-10-9)
  • Jacques R.E. Poirier, La Girafe a un long cou…, Fanlac, 1992.
  • Pierre Durand, Les Armes de l'Espoir. Les Français Ă  Buchenwald et Ă  Dora, Éditions sociales, 1977, p. 154-164.

Liens externes

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