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Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer

Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer (GOCE) est un satellite scientifique de l'Agence spatiale europĂ©enne lancĂ© le , destinĂ© Ă  mesurer avec une rĂ©solution de cm, le champ gravitationnel (gĂ©oĂŻde) de la Terre. Pour remplir cet objectif, le satellite est placĂ© sur une orbite particulièrement basse Ă  260 kilomètres d'altitude et dotĂ© d'accĂ©lĂ©romètres d'une très grande prĂ©cision. La mission s'achève le en ayant rempli tous ses objectifs.

Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer
GOCE
Description de cette image, également commentée ci-après
Maquette du satellite GOCE (DLR).
Données générales
Organisation Drapeau de l’Union européenne Agence spatiale européenne
Constructeur Alenia Spazio, puis Thales Alenia Space
Programme Living Planet (Earth Explorer)
Domaine Mesure du champ gravitationnel de la Terre
Statut Mission achevée
Lancement 17 mars 2009
Lanceur Rokot
Fin de mission 10 novembre 2013
DurĂ©e 2 ans (mission primaire)
DĂ©sorbitage 11 novembre 2013
Identifiant COSPAR 2009-013A
Site ESA
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 1 100 kg
Propulsion Moteur ionique
ContrĂ´le d'attitude StabilisĂ© sur 3 axes
Puissance Ă©lectrique 1 300 watts
Principaux instruments
EGG Gradiomètre
GPS RĂ©cepteur GPS
LRR Rétroréflecteur laser

Contexte

GOCE (Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer) est la première mission scientifique Earth Explorer du programme Living Planet de l'Agence spatiale européenne. Ce programme est consacré à l'étude de la Terre depuis l'espace et est composé de missions scientifiques et de missions destinées à collecter des données pour un usage opérationnel regroupées sous la dénomination Earth Watch. GOCE est retenu en 1999 et après une phase d'étude de faisabilité son développement industriel est confié en à la société italienne Alenia Spazio avec comme objectif un lancement en 2005[1].

Objectifs

Le champ gravitationnel de la Terre n'est pas homogène : d'une valeur moyenne de 9,800 m/s2, il n'est que de 9,788 m/s2 au niveau de l'Ă©quateur et de 9,838 m/s2 aux pĂ´les. Cet Ă©cart est dĂ» Ă  la forme lĂ©gèrement aplatie de la Terre gĂ©nĂ©rĂ©e par la rotation de la planète. L'intensitĂ© de la gravitĂ© est Ă©galement influencĂ©e par le relief au-dessus et en dessous des mers. Enfin la gravitĂ© est affectĂ©e par la distribution des matĂ©riaux Ă  l'intĂ©rieur de la Terre qui n'est pas uniforme : non seulement l'Ă©paisseur de la croĂ»te terrestre et du manteau varie mais ces couches elles-mĂŞmes ne sont pas homogènes. La prĂ©sence d'eau ou de pĂ©trole dans le sous-sol tout comme l'Ă©lĂ©vation du niveau de la mer due aux courants marins ou Ă  la marĂ©e, les changements affectant la banquise ou les Ă©ruptions volcaniques peuvent Ă©galement modifier Ă  une moindre Ă©chelle le champ gravitationnel[2].

GOCE est une mission de gĂ©odĂ©sie qui a pour objectif d'effectuer une cartographier prĂ©cise du champ gravitationnel terrestre et ainsi mesurer tous les facteurs qui contribuent Ă  sa valeur. Le satellite doit permettre de modĂ©liser un gĂ©oĂŻde (forme gĂ©omĂ©trique de la Terre reflĂ©tant l'intensitĂ© du champ gravitationnel) de la Terre avec une prĂ©cision de 2–3 cm pour une rĂ©solution de 100 km soit une amĂ©lioration d'un ordre de grandeur par rapport aux modĂ©lisations existantes. Le satellite doit mesurer les anomalies locales du champ gravitationnel avec une prĂ©cision de milligal (10–5 m/s2). Les mesures effectuĂ©es par GOCE doivent permettre d'amĂ©liorer nos connaissances sur la structure interne de la Terre et les mĂ©canismes sismiques. Ces donnĂ©es doivent permettre d'Ă©valuer des phĂ©nomènes globaux comme les grands courants marins, la topographie et l'Ă©volution des calottes glaciaires qui sont autant de facteurs qui contribuent au changement du niveau des ocĂ©ans.

Conception de la mission

Pour atteindre l'objectif fixĂ© Ă  la mission les responsables du projet conçoivent un satellite circulant sur une altitude particulièrement basse amĂ©liorant ainsi sa sensibilitĂ© aux variations du champ gravitationnel : GOCE circule sur une orbite hĂ©liosynchrone de 250 km avec une inclinaison de 96,5°. Mais Ă  cette altitude, le satellite est soumis Ă  une rĂ©sistance sensible de l'atmosphère rĂ©siduelle qui doit ĂŞtre compensĂ©e par la propulsion avec une grande prĂ©cision pour ne pas fausser les mesures. La sensibilitĂ© des accĂ©lĂ©romètres utilisĂ©s constitue le deuxième facteur permettant d'atteindre les objectifs fixĂ©s Ă  la mission.

DĂ©veloppement

La maîtrise d'œuvre du développement de GOCE est confiée à la société italienne Alenia Spazio (intégrée dans le groupe Thales Alenia Space). EADS Astrium fournit la plate-forme tandis que Alcatel Space est responsable de la réalisation de l'instrument principal, le gradiomètre, qui incorpore les accéléromètres développés par l'Office national d'études et de recherches aérospatiales (ONERA).

Caractéristiques techniques

Ă€ l'altitude très basse retenue pour la mission, la rĂ©sistance de l'atmosphère rĂ©siduelle est importante. Pour limiter son incidence sur le dĂ©placement du satellite d'une masse de 1 100 kg, celui-ci a une forme allongĂ©e (5,3 mètres) symĂ©trique avec une section avant octogonale d'une superficie limitĂ©e Ă  m2. Deux ailerons verticaux greffĂ©s sur le corps central viennent apporter un supplĂ©ment de stabilitĂ© aĂ©rodynamique[3]. Le satellite est stabilisĂ© sur 3 axes. Les panneaux solaires avec des cellules photovoltaĂŻques Ă  l'arsĂ©niure de gallium fournissent 1 300 watts et un accumulateur lithium-ion d'une capacitĂ© de 78 A-h est utilisĂ©e pour stocker l'Ă©nergie Ă©lectrique durant les pĂ©riodes d'Ă©clipse. Un ensemble de moteurs ioniques alimentĂ© avec du xĂ©non dont la poussĂ©e peut ĂŞtre modulĂ©e entre 1 et 20 millinewtons compense en permanence la traĂ®nĂ©e atmosphĂ©rique de manière que le dĂ©placement du satellite soit uniquement soumis au champ gravitationnel terrestre. Les tĂ©lĂ©communications sont rĂ©alisĂ©es en bande S avec un dĂ©bit montant de kilobits et un dĂ©bit descendant de 850 kilobits. Les liaisons dans les deux sens sont rĂ©alisĂ©es avec la station de Kiruna, en Suède[4] - [5].

Charge utile

La charge utile comprend trois instruments[6] :

  • le gradiomètre Ă  trois axes EGG (Electrostatic Gravity Gradiometer), constituĂ© par trois paires d'accĂ©lĂ©romètres, mesure les variations de l'accĂ©lĂ©ration du satellite qui permettent d'en dĂ©duire les variations du champ gravitationnel terrestre. Chaque accĂ©lĂ©romètre est constituĂ© d'une masse d'Ă©preuve qui est maintenu au centre d'une cage par des forces Ă©lectrostatiques. Les accĂ©lĂ©rations subies sont compensĂ©es par une modulation du voltage entre la cage et les diffĂ©rents cĂ´tĂ©s de la masse d'Ă©preuve de forme parallĂ©lĂ©pipĂ©dique. La mesure de ces changements de voltage permettent de dĂ©duire Ă  la suite d'une longue sĂ©rie de calculs l'accĂ©lĂ©ration subie. Les accĂ©lĂ©romètres sont montĂ©s par paire selon trois axes orthogonaux (dont celui de progression du satellite) sur une structure d'une grande stabilitĂ© gĂ©omĂ©trique en fibre de carbone. L'accĂ©lĂ©ration est calculĂ©e Ă  partir de la diffĂ©rence entre les accĂ©lĂ©rations de chaque paire dont les Ă©lĂ©ments sont sĂ©parĂ©s de 50 cm. La moyenne des accĂ©lĂ©rations mesurĂ©es par une paire est par contre proportionnelle Ă  la traĂ®nĂ©e non compensĂ©e subie par le satellite. La prĂ©cision de cet instrument, cruciale pour remplir les objectifs de la mission, est de millieotvos dans la bande passante de 0,005 Ă  0,001 Hertz[7]. Pour pouvoir atteindre cette prĂ©cision l'instrument doit ĂŞtre maintenu Ă  une tempĂ©rature très stable (les variations de tempĂ©rature du cĹ“ur du gradiomètre doivent ĂŞtre de l'ordre du millikelvin). Ă€ cet effet, il dispose de son propre système de contrĂ´le thermique. Une première couche d'isolant sĂ©pare le reste du satellite Ă  l'intĂ©rieur de laquelle des Ă©lĂ©ments chauffants maintiennent une tempĂ©rature constante. Une deuxième couche isolante encapsulĂ©e dans la première contient l'instrument proprement dit. L'instrument est dĂ©veloppĂ© par l'ONERA ;
  • le rĂ©cepteur GPS Ă  12 canaux pour dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment l'orbite ;
  • le rĂ©trorĂ©flecteur laser LRR (Laser Range Reflector) Ă©galement pour dĂ©terminer avec prĂ©cision l'orbite suivi par GOCE.

DĂ©roulement de la mission

Le satellite observé dans le ciel des Pays-Bas, le 3 janvier 2010.

Le lancement doit avoir lieu le , mais il est reportĂ© Ă  plusieurs reprises Ă  la suite de la dĂ©couverte d'une panne sur le boĂ®tier d'alimentation de la centrale gyroscopique de l'Ă©tage supĂ©rieur Briz-K du lanceur Rokot puis il est prĂ©vu pour le . Le satellite est finalement mis en orbite le depuis le cosmodrome de Plessetsk en Russie. Douze mois après son lancement, le satellite collecte les donnĂ©es lui permettant d'atteindre ses objectifs. Le , GOCE ne parvient pas Ă  transmettre les donnĂ©es scientifiques collectĂ©es. Les experts de l'ESA et les industriels concernĂ©s parviennent Ă  dĂ©terminer que le problème se situe au niveau de la liaison entre les modules chargĂ©s de la tĂ©lĂ©mesure et celui du processeur. En tĂ©lĂ©chargeant de nouvelles versions du logiciel système et en augmentant de 7 °C la tempĂ©rature de la cloison sur laquelle sont fixĂ©s les ordinateurs les contrĂ´leurs au sol parviennent Ă  rĂ©tablir un fonctionnement normal dĂ©but [8]. La mission doit s'achever en mais elle est prolongĂ©e de 18 mois[9]. La consommation de xĂ©non est plus faible que prĂ©vu et alors que l'extension de la mission de GOCE est sur le point de s'achever le conseil scientifique du programme, après avoir consultĂ© la communautĂ© des utilisateurs, dĂ©cide de tenter d'obtenir des donnĂ©es d'une meilleure prĂ©cision en abaissant l'orbite. Celle-ci est progressivement rĂ©duite entre et de 255 km Ă  235 km[10]. Après avoir rĂ©alisĂ© des mesures sur sa nouvelle orbite, le , le satellite arrive au bout des 40 kg de xĂ©non qui permet Ă  son moteur ionique de fonctionner. PrivĂ© de propulsion, le satellite perd rapidement de l'altitude. Le , il entame sa rentrĂ©e atmosphĂ©rique en passant au-dessus de la SibĂ©rie, de l'ouest de l'ocĂ©an Pacifique, de l'est de l'ocĂ©an Indien et de l'Antarctique. Le satellite se dĂ©sintègre Ă  haute altitude et environ 25 % de ses 1 100 kg atteignent sans doute la surface de la Terre le long de son orbite sans toutefois provoquer de dĂ©gâts[11]. La mission coĂ»te 350 millions d'euros en incluant le coĂ»t du lanceur et la phase opĂ©rationnelle[12].

RĂ©sultats scientifiques

Les premiers rĂ©sultats Ă©laborĂ©s Ă  partir des donnĂ©es de GOCE sont prĂ©sentĂ©s au cours du symposium Living Planet de l'ESA qui se dĂ©roule du au Ă  Bergen, en Norvège. Un premier gĂ©oĂŻde global est rĂ©alisĂ© avec seulement deux mois de donnĂ©es. La prĂ©cision est amĂ©liorĂ©e par la suite Ă  chaque cycle de 2 mois. Les donnĂ©es recueillies mettent en Ă©vidence que le transport de chaleur autour de la Terre se fait Ă  hauteur de 70-80 % par le biais de l'atmosphère et 20 Ă  30 % dans les ocĂ©ans, alors que les scientifiques estiment jusque-lĂ  que le ratio doit ĂŞtre de 50-50 %[13]. Le , au cours d'un congrès scientifique rĂ©unissant les utilisateurs de GOCE se dĂ©roulant Ă  Munich, en Allemagne, une version aboutie du gĂ©oĂŻde est prĂ©sentĂ©e. Le nouveau gĂ©oĂŻde qui fait abstraction des courants marins et des marĂ©es et constitue une rĂ©fĂ©rence cruciale pour la mesure de la circulation des ocĂ©ans, la dĂ©termination des changements de niveau des ocĂ©ans et la dynamique des glaces qui tous ont un impact sur les processus de changement climatique[14] - [15].

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en) « First Earth explorer core mission moves into gear », ESA (consulté le ).
    2. Présentation de la mission GOCE 2010, p. 6.
    3. (en) « GOCE : satellite », ESA (consulté le ).
    4. Présentation de la mission GOCE 2010, p. 18.
    5. (en) « GOCE : a technological achievement », ESA (consulté le ).
    6. « GOCE give in to gravity », CNES Missions scientifiques (consulté le ).
    7. Présentation de la mission GOCE 2010, p. 12-13.
    8. (en) « GOCE gravity mission back in action », ESA, .
    9. (en) « ESA's Gravity mission granted 18-month extension », ESA, .
    10. (en) « GOCE's seconde mission improving gravity map », ESA, .
    11. (en) « GOCE give in to gravity », ESA, .
    12. (en) « GOCE facts », ESA (consulté le ).
    13. Christian Lardier, « Planète vivante : la Terre en observation », dans Air et Cosmos, no 2226, .
    14. Cécile Dumas, « La Terre dans toute sa gravité », Sciences et Avenir, .
    15. (en) « Earth's gravity revealed in unprecedented detail », ESA, .

    Sources

    • [PrĂ©sentation de la mission GOCE] (en) ESA, GOCE : ESA's Gravity Mission (BR-285), ESA, , 20 p. (ISBN 978-92-9221-028-1, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
    • [Cahier des charges GOCE] (en) ESA, GOCE : Mission requirements document, ESA, , 20 p. (lire en ligne)

    Annexes

    Articles connexes

    Liens externes

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