Pour les articles homonymes, voir Révolte arabe.
Date |
- (2 ans et 4 mois) |
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Lieu | Levant, péninsule Arabique |
Issue | Armistice de Moudros en 1918, conférence de San Remo et traité de Sèvres en 1920 |
Changements territoriaux | Partition de l'Empire ottoman |
env. 23 000 hommes | env. 30 000 hommes |
inconnues | inconnues |
Batailles
- Afrique du Nord
- Caucase
- Perse
- Dardanelles
- Mésopotamie
- Sinaï et Palestine
- Ctésiphon (11-1915)
- Kut-el-Amara (12-1915)
- Romani (8-1916)
- Magdhaba (12-1916)
- Révolte arabe
- Rafa (1-1917)
- Bagdad (3-1917)
- 1re Gaza (3-1917)
- 2e Gaza (4-1917)
- Aqaba (7-1917)
- Beer-Sheva (10-1917)
- 3e Gaza (11-1917)
- Jérusalem (12-1917)
- Megiddo (9-1918)
- Damas (9-1918)
- Alep (10-1918)
La révolte arabe de 1916-1918[1] (ou grande révolte arabe[2],[3]) est une rébellion menée entre 1916 et 1918 à l'initiative du chérif de La Mecque, Hussein ben Ali, dans le but de participer à la libération de la péninsule Arabique, alors en grande partie occupée par l'Empire ottoman, et de créer un État arabe unifié, d’Alep en Syrie à Aden au Yémen, inspiré du nationalisme arabe.
Prémices
Au début du XXe siècle, le Proche-Orient était presque entièrement sous la domination de l'Empire ottoman, dont le sultan était aussi le calife, commandeur des croyants. Un mouvement nationaliste arabe (nahda = réveil, renaissance) existait à l'état embryonnaire, en réponse au nationalisme turc alors en plein essor, mais sans structure centralisée. Il s'exprimait moins en revendications politiques qu'en aspirations à faire revivre l'héritage culturel – et notamment littéraire – arabe. Jusqu'à la Première Guerre mondiale, les nationalistes arabes de la première heure recherchaient avant tout une reconnaissance de leur culture, qu'ils voulaient voir traitée d'égale à égale avec les autres civilisations, sans prétendre à une souveraineté étatique pour les pays de langue arabe.
La situation changea lorsque la Première Guerre mondiale commença à toucher le Proche-Orient. La confrontation entre l'Entente (Royaume-Uni, France, Russie) et les Empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman) vint politiser ce mouvement nationaliste, qui vit se préciser la possibilité de faire appuyer ses visées émancipatrices par la France et le Royaume-Uni. L'Entente ne commença à se montrer sensible aux intérêts des nationalistes arabes que lorsque le sultan, en sa qualité de calife, appela en 1914 au djihad contre les ennemis mécréants de l'Entente. Londres trouva en la personne du chérif de La Mecque Hussein ben Ali une personnalité arabe suffisamment renommée et influente pour empêcher les populations arabes d’adhérer à cet appel au djihad[4].
Chronologie
Au cours de la Première Guerre mondiale, les Britanniques cherchent le soutien arabe pour ouvrir un nouveau front au sud de l'Empire ottoman.
Le traité de Darin, signé le par Percy Cox, au nom du Bureau de l'Inde[5], avec Ibn Saoud, alors émir de Riyad et controlant seulement une partie du Nejd, ils leur accordent protection en échange d'une non-agression contre leurs protectorats de Koweït, du Qatar et des États de la Trève, mais Ibn Saoud ne prendra pas part à leur guerre contre les Ottomans, plus occupé à combattre ses rivaux Al Rachid.
Le , le chérif se soulève contre les Turcs et, à partir de La Mecque, assiège Médine. Il trouve des appuis dans les autres régions arabes de l'Empire ottoman car Djemal Pacha, gouverneur militaire de la Syrie ottomane, a fait pendre en 1915 plusieurs dizaines de nationalistes arabes à Beyrouth et Damas[6].
Les Alliés poussent le chérif Hussein à se révolter. En échange, il reçoit de Henry McMahon, Haut commissaire du protectorat britannique sur l'Égypte, la promesse de l'indépendance arabe sur les territoires ainsi libérés. Les Britanniques envoient des officiers de liaison au chérif de La Mecque Hussein ben Ali, dont T.E. Lawrence. La France envoie pour sa part une mission[7] dirigée par le lieutenant-colonel Brémond. Débarquée en , elle se compose principalement de soldats et sous-officiers musulmans de l'empire colonial français, tirailleurs et sapeurs ; les officiers non musulmans, pour éviter une violation des lieux saints de l'islam, restent cantonnés à Djeddah. En , elle comprend 42 officiers et 983 sous-officiers et hommes de rang ; elle atteindra 1 200 hommes à son maximum. Destiné d'abord à un rôle de formation et conseil technique, ce contingent est progressivement affecté à des missions de combat où certains de ses membres se distinguent[8].
Les tribus druzes du sud du Hauran, traditionnellement en dissidence du pouvoir ottoman, fournissent de la nourriture à la guérilla arabe et hébergent des militants poursuivis, puis des réfugiés chassés par la famine au Levant. Le chef druze Sultan el-Atrache contribue à cette aide, d'ailleurs bien rétribuée par les Britanniques, et, à partir de 1917, ses guerriers viennent se joindre aux forces arabo-britanniques[6]{.
En juin 1917, Fayçal ben Hussein, fils du chérif Hussein, remporte la bataille d'Aqaba, prenant du coup cette ville portuaire située sur la mer Rouge, ce qui permet à la révolte d'être ravitaillée par les Britanniques.
Son flanc étant protégé, le général britannique Allenby qui a remplacé Archibald Murray à la tête des armées positionnées en Égypte peut alors passer à l'offensive et lance la campagne de Palestine : le , la ville de Jaffa est prise, suivie de Jérusalem le 9 décembre de la même année.
En 1918, l'offensive reprend dans le Levant. Les Britanniques remportent la bataille de Megiddo les 19- et font leur jonction à Deraa, en Syrie, avec l'armée du Nord commandée par Nouri Saïd et le chérif Nassir. La prise de Damas ( - 1er octobre) leur ouvre la capitale syrienne mais donne lieu aux premières contestations entre les Britanniques et les Hachémites qui n'acceptent pas le régime de tutelle franco-britannique prévu par les accords Sykes-Picot. Cependant, les forces britanniques et arabes continuent leur avance vers le nord et, les 25-, remportent la bataille d'Alep, obligeant les Ottomans à évacuer la Syrie.
Au sud, en Afrique orientale allemande, les victoires belges et anglaises de 1915 et 1916 avaient déjà anéanti les espoirs du Kaiser Guillaume de prendre les Anglais à revers par le Soudan. Les combats en Arabie du Sud aboutissent aussi à une impasse, les Ottomans n'étant plus en mesure de ravitailler leurs garnisons au Yémen.
Le , l'Empire ottoman signe l'armistice de Moudros qui prévoit l'évacuation de toutes les garnisons subsistantes en Syrie et en Arabie. La garnison ottomane de Médine, commandée par Fahreddin Pacha (en), ne capitulera que le .
Conséquences
À l'issue de la guerre, les Britanniques ne peuvent tenir tous leurs engagements. En effet, ils ont également signé avec les Français les accords Sykes-Picot qui donnent le contrôle de la Syrie et du Liban à ces derniers. Mais Damas a été libérée par Fayçal, qui s'est de plus fait proclamer roi de Syrie. Ils ont également promis au mouvement sioniste l'établissement d'un « foyer national juif » en Palestine, sans en définir précisément les limites géographiques. Les Sionistes revendiquent également une partie du Liban et des territoires libérés par les Arabes à l'est du Jourdain.
La conférence de San Remo d'avril 1920 officialise le mandat français de Syrie : l'armée française chasse de Damas les troupes de Fayçal lors de la guerre franco-syrienne en juillet. Dans le même temps, Londres obtient un mandat britannique en Palestine en mettant en avant le principe du projet sioniste. Le traité de Sèvres, qui prolonge la conférence de San Remo, établit également le mandat britannique de Mésopotamie.
Soucieux de conserver des soutiens dans la région, les Britanniques créent, dans la partie de leur mandat à l'est du Jourdain, un émirat de Transjordanie confié à l'émir Abdallah, un des fils d'Hussein[9]. Ils mettent également Fayçal sur le trône du royaume d'Irak, qui succède au mandat de Mésopotamie. La dynastie hachémite conserve ainsi deux trônes, même quand elle est chassée du Hedjaz par Ibn Saoud en 1925.
Ces dispositions sont officialisées dans le Livre blanc de 1922, également connu sous le nom de « Livre blanc de Churchill »[9],[10].
Notes et références
- Noureddine Séoudi, La formation de l'Orient Arabe contemporain 1916-1939 : Au miroir de la Revue des deux Mondes, L'Harmattan, 2005, page 69
- Ali Moussa Iye, Albert Ollé-Martin, Violaine Decang, Histoire de l'humanité : 1789-1914, Unesco, 2008, p. 1199
- Bichara Khader, Le monde arabe expliqué à l'Europe : histoire, imaginaire, culture, politique, économie, géopolitique, Paris Louvain-la-Neuve, Harmattan Academia-Bruylant, , 530 p. (ISBN 978-2-296-07421-7 et 978-2-872-09935-1, OCLC , lire en ligne), p. 66
- (de) Henner Fürtig, « Naher Osten – Zwischen Kolonialismus und Nationenbildung », Informationen zur politischen Bildung, no 331, , p. 20
- David Rigoulet-Roze, Géopolitique de l'Arabie saoudite, Armand Colin, , 312 p. (ISBN 978-2-200-35676-7, lire en ligne)
- (en) Michael Provence, The great Syrian revolt and the rise of Arab nationalism, Austin, University of Texas Press, , 209 p. (ISBN 978-0-292-70635-4 et 978-0-292-79710-9, OCLC ), p. 42 à 45 .
- http://www.eliecilicie.net/mission_hedjaz_1916.htm
- Hayat Touhadi, « Les soldats formant le contingent français au Hedjaz : origines et parcours (1916–1920) », Chroniques yéménites, (DOI , lire en ligne) .
- Dominique Perrin, Palestine : une terre, deux peuples, Villeneuve d'Ascq, France, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire », , 346 p. (ISBN 978-2-85939-603-9, OCLC , lire en ligne), p. 151-153
- Winston Churchill Secrétaire d'État britannique aux colonies, Livre blanc britannique de juin 1922, publié sur le site de la Yale Law School (consulté le 21 juillet 2010.).