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SĂ©minaire (catholicisme)

Ă©tablissement d'enseignement supĂ©rieur catholique destinĂ© Ă  former des prĂȘtres

Pour les articles homonymes, voir SĂ©minaire.

Un sĂ©minaire (du latin seminarium, « pĂ©piniĂšre », de la racine semin-, « graine, principe vital ») est un Ă©tablissement d'enseignement supĂ©rieur catholique destinĂ© Ă  former des prĂȘtres. Il dispense une formation liturgique, biblique, thĂ©ologique, philosophique et pastorale. Les Ă©tudiants du sĂ©minaire sont appelĂ©s sĂ©minaristes. Certains sĂ©minaires sont Ă©galement des FacultĂ©s acadĂ©miques de philosophie et thĂ©ologie. Leurs diplĂŽmes sont alors reconnus par l'universitĂ© pontificale (romaine), Ă  laquelle elles sont affiliĂ©es. Certains pays, tel l'Allemagne, reconnaissent la valeur universitaire de ces diplĂŽmes.

Le séminaire épiscopal de Vicence date de la premiÚre moitié du XVIIIe siÚcle.

Avertissement : la partie qui suit traite uniquement des sĂ©minaires de prĂȘtres catholiques. Pour les autres religions, voir l'article SĂ©minaire (religion).

Origine des séminaires catholiques

L'institution des sĂ©minaires est un des rĂ©sultats de la RĂ©forme catholique suscitĂ©e par le Concile de Trente (1545-1563), qui a gĂ©nĂ©ralisĂ© l'expĂ©rience rĂ©ussie des premiers instituts sĂ©culiers de formation des prĂȘtres. Le concile a donc prescrit d'amĂ©liorer la formation et l'Ă©ducation de tout le clergĂ© en crĂ©ant les sĂ©minaires, oĂč les Ă©tudiants vivraient en communautĂ© sous le contrĂŽle direct d'Ă©ducateurs prĂȘtres. Comme l'apprentissage de la lecture n'Ă©tait pas encore universel, il fallut fonder des petits sĂ©minaires pour prĂ©parer les jeunes garçons Ă  suivre l'enseignement du sĂ©minaire. Le modĂšle tridentin du sĂ©minaire en internat Ă©tait presque monacal, avec un contrĂŽle du mode de vie, de l'activitĂ© intellectuelle, et de la priĂšre propre Ă  faire oublier les abus d'avant la RĂ©forme. C'Ă©tait un fort contraste avec l'atmosphĂšre de libertĂ© intellectuelle des UniversitĂ©s. La discipline personnelle et l'apprentissage de la philosophie prĂ©paraient Ă  l'Ă©tude de la thĂ©ologie.

Le modĂšle du Concile de Trente a Ă©tĂ© adoptĂ© par les autres Églises chrĂ©tiennes, et par le judaĂŻsme moderne, avec une plus grande souplesse concernant l'Ă©tude de la philosophie et l'obligation de vivre Ă  l'intĂ©rieur de la communautĂ© du sĂ©minaire.

En France

« Le 19 juillet 1633, Vincent de Paul inaugure la premiĂšre des journĂ©es de retraites pour les prĂȘtres, connues comme ConfĂ©rences des mardis. Olier y participe fidĂšlement. De tels efforts pour rĂ©pondre aux besoins des prĂȘtres de cette Ă©poque constituent les premiers pas du mouvement qui, Ă  la longue, mĂšnent Vincent de Paul, Jean-Jacques Olier et d'autres Ă  crĂ©er des sĂ©minaires en France »[1].

Petit séminaire et grand séminaire

En France, le sĂ©minaire proprement dit est appelĂ© grand sĂ©minaire. Par opposition, le petit sĂ©minaire est une Ă©cole de niveau secondaire (collĂšge, lycĂ©e) qui forme aussi bien des futurs sĂ©minaristes du grand sĂ©minaire que des Ă©lĂšves qui resteront laĂŻcs. Le terme et l'institution sont dĂ©suets en Europe, mais le petit sĂ©minaire a eu une grande importance sociale jusqu'au milieu du XXe siĂšcle. C'Ă©tait souvent l'un des seuls moyens de s'instruire pour les enfants intellectuellement douĂ©s vivant Ă  la campagne, que les curĂ©s de paroisse repĂ©raient et dont l'Église prenait en charge les annĂ©es d'Ă©tudes secondaires, en proposant aux meilleurs d'accĂ©der au grand sĂ©minaire. C'est aussi au petit sĂ©minaire que la petite bourgeoisie catholique envoyait de prĂ©fĂ©rence ses garçons pour qu'ils reçoivent une Ă©ducation classique de qualitĂ© dans un milieu moralement exigeant. L'internat Ă©tait la rĂšgle et la discipline rigoureuse.

Statistiques mondiales du Vatican

Selon les statistiques mondiales publiées par le Vatican (Annuarium statisticum ecclesiae de 2004), le nombre de séminaristes catholiques dans le monde a augmenté de 77 % entre 1978 et 2004. Cette augmentation est essentiellement due aux continents africain, asiatique et américain. Ce chiffre est à comparer à l'augmentation de 45 % du nombre de catholiques dans le monde, parallÚle à l'augmentation de la population mondiale.

Pendant la mĂȘme pĂ©riode, le nombre de diacres permanents est passĂ© de 5500 Ă  32000. En Europe, le nombre de diacres a dĂ©cuplĂ©.

En revanche en France le nombre de séminaristes ne cesse de diminuer depuis les années 1960.

Les statistiques sont les suivantes[2],[3] :

Effectifs Pourcentage
d'augmentation ou de baisse
1978 2004
Population mondiale 4 200 000 000 6 400 000 000 52,0
Baptisés catholiques 757 000 000 1 098 000 000 45,0
-- Afrique 55 000 000 149 000 000 171,0
-- Amériques 366 000 000 549 000 000 79,6
-- Asie 63 000 000 113 000 000 49,7
-- Europe 268 000 000 280 000 000 4,6
PrĂȘtres 420 971 405 891 -3,7
-- Afrique 16 900 31 200 84,7
-- Amériques 120 200 121 600 1,0
-- Asie 27 700 48 200 74,0
-- Europe 250 500 200 000 -20,0
SĂ©minaristes 63 800 113 000 77,0
-- Afrique 5.636 22 791 304,0
-- Amériques 22 000 36 600 66,6
-- Asie 11 500 29 200 254,0
--Europe 23 900 23 400 -2,1
-- Océanie 1 000

En moyenne, un sĂ©minariste sur deux deviendra effectivement prĂȘtre catholique.

À la lecture de ces chiffres, on constate que, s'il est vrai que le nombre global de prĂȘtres a plafonnĂ© entre ces deux dates, le nombre de sĂ©minaristes a par contre beaucoup augmentĂ©, nettement plus que le nombre de baptisĂ©s. Cette augmentation est cependant trĂšs inĂ©gale. Leur nombre reste stationnaire en Europe, alors qu'on observe une baisse notable du nombre de prĂȘtres dans cette partie du monde.

En AmĂ©rique, le nombre de sĂ©minaristes est en forte hausse, Ă  l'inverse du nombre de prĂȘtres qui plafonne depuis 25 ans.

Mais ce sont les jeunes chrétientés d'Asie et d'Afrique qui se distinguent particuliÚrement. Le nombre de séminaristes augmente de plus de deux fois et demi en Asie et de plus de 300 % en Afrique.

Bien qu’en Europe en gĂ©nĂ©ral et en France en particulier, on constate une forte baisse dans le nombre de prĂȘtres, ce n'est pas le cas dans le reste du monde. Cette baisse existe par rapport aux dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes, mais pour ce qui est du nombre de fidĂšles par prĂȘtre, la France est bien mieux placĂ©e que des pays considĂ©rĂ©s comme profondĂ©ment catholiques (l'Argentine ou la Colombie par exemple). Le tableau suivant reprend quelques chiffres qui montrent que la France reste dans la moyenne mondiale (1 prĂȘtre pour 2 714 fidĂšles).

Proportion de prĂȘtres par rapport aux fidĂšles
-- Monde 1/2714
-- Europe 1/1415
-- Afrique 1/4741
-- Amérique du Sud 1/7129
-- Asie 1/2329
-- Océanie 1/1845
-- Italie 1/1100
-- France 1/1215
-- Belgique 1/1108
-- Espagne 1/1569
-- Argentine 1/6058
-- Colombie 1/4872

Ces quelques derniĂšres annĂ©es, le nombre de prĂȘtres catholiques remonte ; il est actuellement de plus de 407 500 contre 405 891 en 2005. En France, le nombre d'ordinations de prĂȘtres diocĂ©sains oscille depuis de nombreuses annĂ©es entre 80 et 110 environ (94 en 2005, 101 en 2007, environ 90 en 2009, 83 en 2010, 110 en 2011, 97 en 2012, 92 en 2013, 82 en 2014). En 2017, il y a eu 87 ordinations de prĂȘtres diocĂ©sains sur les 117 prĂȘtres ordonnĂ©s au total avec en plus 33 prĂȘtres issus des communautĂ©s religieuses[4]. Rien ne suggĂšre une remontĂ©e du nombre d'ordinations de prĂȘtres diocĂ©sains pour les prochaines annĂ©es.

Quelques grands séminaires dans le monde

En France

Par ailleurs d'autres séminaires existant avant ont fermé leurs portes faute d'effectifs suffisants. Ainsi le séminaire Saint Jean-Eudes à Caen a fermé en 2015[5], ceux de Lille et Bordeaux ont fermé en 2018.

Le « Séminaire des barbelés »

À l'issue de la DeuxiĂšme Guerre mondiale, la fondation d’un sĂ©minaire pour des thĂ©ologiens allemands prisonniers est aussitĂŽt envisagĂ©e, en particulier par les abbĂ©s Rodhain et Le Meur de l'AumĂŽnerie gĂ©nĂ©rale de Paris, qui contactent l'abbĂ© Franz Stock, alors retenu dans le grand camp de prisonniers de guerre de Cherbourg.

Le , l’abbĂ© Le Meur accompagne l’abbĂ© Stock au camp DĂ©pĂŽt 51 Ă  OrlĂ©ans oĂč ils trouvent dĂ©jĂ  vingt-huit thĂ©ologiens. Le , le « sĂ©minaire des BarbelĂ©s » est transfĂ©rĂ© d’OrlĂ©ans vers le camp 501 au Coudray prĂšs de Chartres. Le Colonel Gourut « confie » alors les 160 sĂ©minaristes Ă  Notre-Dame de Chartres.

Le , le nonce apostolique Roncalli, futur Pape Jean XXIII, rend une assez longue visite au camp. Il la renouvelle l'annĂ©e suivante, le . Le premier dimanche aprĂšs NoĂ«l 1946, il visite de nouveau le camp pour transmettre les vƓux du pape.

De 1945 à 1947, l'abbé Stock est le supérieur du séminaire des prisonniers de Chartres.

950 sĂ©minaristes y sont passĂ©s, et 630 d’entre eux deviendront prĂȘtres, mĂȘme si seulement une dizaine d'entre eux seront ordonnĂ©s sur place.

Formation actuelle dans un grand séminaire

La formation des prĂȘtres s'organise en trois grandes Ă©tapes de formation appelĂ©es cycles.

  • Le premier cycle effectuĂ© en deux annĂ©es comprend principalement une formation philosophique et biblique fondamentale. Les sĂ©minaristes demeurent toute la semaine dans l'enceinte du sĂ©minaire et rejoignent leur famille ou une paroisse d'insertion le week-end.
  • Le deuxiĂšme cycle effectuĂ© en trois ans associe une formation en thĂ©ologie fondamentale, thĂ©ologie pastorale, thĂ©ologie morale, et en Bible avec une insertion pastorale obligatoire en fin de semaine.
  • Le troisiĂšme cycle est presque uniquement consacrĂ© Ă  l'insertion pastorale. Les candidats au presbytĂ©rat continuent de recevoir une formation en dĂ©but de semaine ou au cours d'une formation continue.

Le code de droit canonique consacre les canons 232 à 264 aux séminaires[6]. Le canon 237 prévoit l'existence d'un grand séminaire par diocÚse, si c'est possible.

Notes et références

Voir aussi